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CHAPITRE 18 LA GLOBALISATION FINANCIERE SYNTHESE

La globalisation financière résulte d’un long processus vers la libéralisation du marché international des capitaux aboutis-
sant à un marché mondial intégré.

I. LE PROCESSUS DE GLOBALISATION FINANCIERE

A. La notion de globalisation financière

1. Définition
La globalisation financière est le nom donné à des transformations qui ont affecté les principes de fonctionnement de la
finance.
Elle caractérise un processus d’intégration des marchés de capitaux internationaux sous le double impact de la
libéralisation financière internationale des capitaux et de l’ouverture des économies nationales aux transactions
internationales, aboutissant à la formation d’un unique marché mondial de capitaux.
Aujourd’hui, le système financier international est devenu un méga marché unifié de l’argent, qui se caractérise par une
double unité :

 Une unité de lieu : les places financières sont interconnectées par les réseaux modernes de communication ;
 Une unité de temps : le système financier international fonctionne en continu, 24 heures sur 24, successivement sur
les places financières d’Extrême-Orient, d’Europe et d’Amérique du Nord.

2. Conséquences
La globalisation financière se manifeste par plusieurs types d’évolution :

 Une très forte croissance des transactions financières internationales depuis le début des années 1980
(Exemple : le volume journalier de transactions internationales sur le marché des changes a été multiplié par 4 entre 1992 et 2007 pour atteindre plus de
3 200 milliards de dollars en 2007, soit plusieurs centaines de fois celui des échanges commerciaux) ;
 Une diversification des instruments financiers utilisables sur les marchés ;
 Un découplage entre finance et économie réelle : les échanges financiers entre pays de l’OCDE ont augmenté
plus de quatre fois plus vite que leur production (PIB) lors des vingt dernières années.

B. Les déterminants de la globalisation financière

1. La suppression des obstacles à la libre circulation des capitaux


La libéralisation et l’ouverture des marchés de capitaux sont devenues quasi totales dans les années 1980-1990 grâce à
une triple évolution, communément appelée « les 3 D » :

 La déréglementation des marchés, grâce à l’abolition du contrôle des changes et des restrictions internationales
aux mouvements de capitaux ;
 La désintermédiation, qui se traduit par le développement de la finance directe, c’est-à-dire le recours de plus en
plus important aux marchés financiers (par émission de titres), sans passer par les intermédiaires financiers et ban-
caires ;
 Le décloisonnement des marchés, qui correspond à la suppression des frontières nationales entre les marchés
et, à l’intérieur de ceux-ci, à l’éclatement des compartiments existants (marché monétaire, marché financier, marché des changes,
etc.), permettant de passer facilement d’un marché à l’autre.

2. Le déterminisme technologique
De nombreux auteurs considèrent que le déterminisme technologique permet d’expliquer la globalisation financière. En
effet, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont permis l’accélération de la circulation de
l’information au niveau mondial (information qui est diffusée en temps réel) ainsi que l’interconnexion des entreprises et des places
financières mondiales. Les transactions financières sont facilitées, sans délai ni coût importants, grâce aux réseaux infor-
matiques,

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C. La répartition des flux financiers internationaux
La répartition de l’épargne est désormais réalisée au niveau mondial : les capitaux sont toujours plus mobiles et il est im-
portant que ceux qui dégagent des capacités de financement les mettent à la disposition de ceux qui en ont le plus besoin.
Depuis le début des années 2000, les mouvements internationaux de capitaux ont pris une importance considérable dans
les échanges mondiaux. Une épargne de plus en plus abondante, en provenance principalement des pays émergents (Chine
en tête), mais aussi, dans une moindre mesure, de l’Allemagne et du Japon, cherche à se placer à l’étranger (aux États-Unis ainsi
que dans divers pays d’Europe occidentale, mais dans une plus faible proportion). Les États-Unis drainent presque la moitié de l’épargne mon-
diale.

II. LES EFFETS ATTENDUS DE LA GLOBALISATION FINANCIERE


A. Une allocation optimale des ressources favorisant la croissance mondiale

1. Un meilleur fonctionnement des marchés


Les défenseurs de la globalisation financière postulent que celle-ci améliore les capacités du système financier à allouer les
ressources au niveau mondial : elle devrait aboutir à des gains d’efficience grâce à la mobilité des capitaux. En effet,
l’ouverture des frontières permet une orientation plus profitable de l’épargne mondiale, tant du point de vue des emprun-
teurs que de celui des prêteurs.
Ainsi, les capitaux disponibles s’orientent vers les placements les plus rentables. Parallèlement, les emprunteurs peuvent
trouver des sources de financement moins onéreuses sur ce marché mondial que dans les étroites limites de leur marché
national. Cette allocation optimale des ressources financières au niveau mondial permet alors de stimuler les sec-
teurs d’activité et les pays les plus dynamiques, comme les pays émergents. Elle favorise donc la croissance de la pro-
duction dans ces secteurs d’activité et dans ces pays, augmentant ainsi la richesse mondiale.

2. Le rattrapage des pays en développement


Le développement des échanges est source de croissance au niveau mondial et doit théoriquement permettre aux pays
les moins avancés de rattraper leur retard.
Dans les faits, même si la majorité des échanges financiers sont effectués entre pays développés, on constate que les flux
de capitaux privés à destination des pays émergents ont fortement augmenté, ce qui a largement contribué à financer
leur croissance. Cette catégorie de « marchés émergents » regroupe des pays dont la caractéristique commune est d’avoir
un potentiel de croissance et de développement financier important. Une cinquantaine de pays appartiennent à cette caté-
gorie (Afrique du Sud, Argentine, Brésil, Bulgarie, Chili, Chine, Corée du Sud, Égypte, Estonie, Hong Kong, Hongrie, Inde, Indonésie, Israël, Jordanie, etc.).
Les pays les moins avancés (les pays d’Afrique subsaharienne, essentiellement) ont beaucoup moins profité des financements exté-
rieurs.

B. Une protection accrue contre les risques grâce aux innovations financières
Des gains d’efficience sont également attendus au niveau du fonctionnement même des marchés de capitaux, grâce à
deux séries de facteurs :

 L’existence des marchés larges et liquides permet aux agents économiques de diversifier leurs placements et
donc les risques associés ;
 La multiplication des innovations financières, notamment depuis la fin des années 1980, permet aux acteurs
économiques de gérer et de couvrir les risques de leurs activités économiques et financières (risque de change, risque de
taux suite à un crédit, risque de variation du prix des matières premières, etc.) ;
 Le développement du marché des produits dérivés (regroupant des marchés à terme et des marchés d’options négociables) a
permis d’améliorer la protection contre ces différents risques. Un produit dérivé est un titre dont la valeur est fonc-
tion de celle d’un autre actif, appelé « sous-jacent ». Ce dernier peut être un actif physique (du blé, du pétrole, de l’or, etc.),
une devise ou un titre (des actions, des obligations). Ces titres sont utilisés comme des « assurances » par les entreprises
de manière à ne réaliser ni gains ni pertes sur leurs opérations économiques (achat ou vente à l’étranger, achat de matières
premières dont le cours fluctue, crédit, etc.).

Ces avantages attendus de la globalisation financière supposent plus ou moins implicitement que les marchés fonctionnent
correctement. Certains phénomènes conduisent à s’interroger sur le degré d’efficience des marchés.

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