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CHAPITRE III

TRANSFERT DE CHALEUR PAR CONVECTION

1. INTRODUCTION

Dans le chapitre 1, nous avons introduit 3 modes de transfert de chaleur.


Transfert de chaleur par conduction, par convection et par rayonnement.

La conduction a été analysée en détail dans le chapitre 2 et nous avons considéré les échanges
convectifs seulement comme une condition aux limites pour traiter les problèmes de conduction
de la chaleur.

Nous avons décrit brièvement la convection dans le chapitre 1 comme le transfert d'énergie entre
une surface et un fluide se déplaçant sur cette surface.
Nous avons également vu que la conduction dépend du gradient de température et de la
conductivité thermique qui est une propriété physique du matériau.

D'autre part, la convection est fonction de la différence de température entre la surface et le


fluide et du coefficient de transfert de chaleur. Le coefficient de transfert de chaleur n'est pas une
propriété physique du matériau, mais dépend plutôt d'un certain nombre de paramètres, y
compris les propriétés du fluide ainsi que la nature du mouvement du fluide. Ainsi, pour obtenir
une mesure précise du coefficient de transfert de chaleur convectif, il faut analyser la nature
d'écoulement au voisinage de la surface concernée.

Par conséquent, dans ce chapitre, nous développerons des méthodes de base utilisées pour
caractériser le flux conduisant au calcul du coefficient de transfert de chaleur par convection. Le
concept de couche limite sera introduit et une distinction sera faite entre les couches limites
laminaires et turbulentes et le concept de transition de la couche limite laminaire à la couche
turbulente sera discuté.

Nous distinguerons deux types de mouvements d'écoulement conduisant à deux mécanismes


distincts de transfert de chaleur par convection. Convection forcée, où le flux est poussé contre
une surface par des moyens externes (pompe, ventilateur, soufflerie), et convection naturelle (ou
libre) où le mouvement du flux est provoqué par les forces massiques dans le fluide dues aux
différences de température.

- Exemple de convection forcée: un sèche-cheveux dans lequel l’air ambiant est soufflé par
un ventilateur au travers d’une résistance chauffante électrique.

- Exemple de convection naturelle: le chauffage d’une pièce par un convecteur électrique se


fait par une ascension d’air chaud, tandis que l’air plus frais descend.

Il ressort que la convection est un phénomène physique complexe régi par un grand nombre de
paramètres. Une façon de permettre une analyse est l'utilisation du concept d'analyse
dimensionnelle, cette analyse permettra de déterminer de manière simple le coefficient d’échange
convectif pour la plupart des problèmes rencontrés dans la pratique.

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2. EQUATION DE LA CONVECTION
Dans la plupart des cas, la chaleur fournie à un solide provient généralement de son
environnement. Par exemple, la chaleur transférée de l'air d'une pièce aux murs de la pièce, puis
à travers les murs et, éventuellement, dans l'air ambiant conduit à l'introduction de l'équation de
Newton :
Ф = h S (Ts − T∞)

Ts, T∞ et S sont des quantités mesurables, elles représentent respectivement la température à la


surface du mur, la température du fluide loin du mur et la surface du mur.

Le coefficient de convection (ou d’échange convectif) h est évalué dans certains cas par des
méthodes analytiques et dans la plupart des cas par des expériences.
Considérons un fluide possédant une vitesse v∞ et une température T∞ s’écoulant sur la surface
d’un solide de surface S (voir figure 1).
v∞ et T∞ sont la vitesse et la température du fluide loin de la surface, ce ne sont pas des valeurs
infinies.
La surface du solide est à une température uniforme TS (TS ≠T∞). La différence des températures
provoque le transfert de la chaleur entre le solide et le fluide.
T∞, v∞
ϕ
Fluide
TS, S

Figure 1 : Ecoulement d’un fluide sur une surface plane


La densité de flux local échangée s’exprime sous la forme: ϕ = h (TS− T∞)

Les conditions d’écoulement peuvent varier d’un point à l’autre, le coefficient et le flux échangés
peuvent aussi varier.
Le flux total échangé sera alors obtenu par intégration du flux local sur toute la surface entre le fluide
et le solide:
Ф= 𝜙 𝑑𝑆 = (𝑇 − T ) ℎ 𝑑𝑆 = (𝑇 − T )ℎ 𝑆

Où ℎ représente le coefficient d’échange convectif moyen pour toute la surface, donné par :
1
ℎ= ℎ 𝑑𝑆
𝑆
Pour une plaque plane, il est donné par :
1
ℎ= ℎ 𝑑𝑥
𝐿
A noter que le coefficient d’échange dépend de la masse volumique, de la chaleur spécifique, de
la viscosité et de la conductivité thermique du fluide, ainsi que de la géométrie et de la dynamique
de l’écoulement. Cette dépendance vient du fait que le phénomène de convection thermique se
développe à la surface solide dans une couche fluide d’épaisseur très petite, appelée la couche
limite.

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3. COUCHES LIMITES

Les solutions théoriques des problèmes d’échange de chaleur par convection sont basées sur la
théorie de la couche limite.

3.1. C OUCHE LIMITE HYDRODYNAMIQUE ( OU DE VITESSE )

On considère l’écoulement d’un fluide sur une plaque plane (voir figure 2). La vitesse des
particules de fluide en contact avec la surface solide est nulle. Ces particules ont alors tendance à
retarder le mouvement des particules dans la couche de fluide au-dessus d'elles, ce qui à terme
retarde le mouvement des particules au-dessus d'elles et ainsi de suite jusqu'à ce qu'à une épaisseur
 de la plaque cet effet devienne négligeable et la vitesse des particules de fluide soit à nouveau
presque égale à la vitesse d'origine v∞ du fluide.
Le retard du mouvement du fluide qui se traduit par la couche limite à l'interface fluide-solide est le
résultat de contraintes de cisaillement () agissant dans des plans parallèles à la vitesse du fluide. La
contrainte de cisaillement est proportionnelle au gradient de vitesse et est donnée par :
𝜕𝑣
𝜏=𝜇
𝜕𝑦
Où est la propriété du fluide appelée viscosité dynamique.

La quantité  est appelée l’épaisseur de la couche limite hydrodynamique. Elle est définie comme la
distance à la surface (la valeur de y) correspondante à la vitesse v=0,99 v∞.
y

v∞
v =0,99 v∞
Fluide

x
TS

Figure 2 : Couche limite hydrodynamique sur une surface plane

3.1.1. COUCHE LIMITE LAMINAIRE ET TURBULENTE

Dans les problèmes de convection, il est essentiel de déterminer si la couche limite est laminaire
ou turbulente. Le coefficient de convection h dépendra fortement du régime d’écoulement.

Il existe de fortes différences entre les conditions d'écoulement laminaire et turbulent.


Dans les couches limites laminaires, le mouvement du fluide est très ordonné. Les particules
fluides se déplacent le long des lignes de courant. En revanche, le mouvement des fluides dans la
couche limite turbulente est très irrégulier. Les fluctuations de vitesse qui existent dans cette
forme régulière d'écoulement de fluide entraînent un mélange de l'écoulement et, par conséquent,
augmentent considérablement le coefficient de convection.

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La figure 3 montre l'écoulement sur une plaque plane où la couche limite est initialement
laminaire. A une certaine distance du bord d'attaque, les fluctuations des fluides commencent à se
développer. C’est la région de transition. Avec une distance croissante du bord d'attaque, une
transition vers la turbulence se produit. Ceci est suivi d'une augmentation significative de
l'épaisseur de la couche limite et du coefficient de convection.

Trois régions différentes peuvent être vues dans la couche limite turbulente. La sous-couche
laminaire, la sous-couche de transition et la sous-couche de turbulence où le mélange domine.
La transition vers la turbulence est déterminée par la valeur du nombre de Reynolds (nombre
sans dimension) donné par :
𝜌𝑣 𝐿 𝑣 𝐿
𝑅 = =
𝜇 𝜈
masse volumique du fluide
 : viscosité dynamique du fluide
 : viscosité cinématique du fluide

Dans le cas de la plaque plane, la longueur L est la distance x du bord d'attaque de la plaque.
Pour Re < 5105 le régime est laminaire et pour Re > 5105 il est turbulent.

Pour un écoulement dans un tube cylindrique (L=Diamètre), le régime laminaire existe pour
Re<2000. Le régime turbulent est établi pour Re>4000. Entre les deux valeurs critiques on a le
régime de transition.
y

v∞ Sous-couche
turbulente

Sous-couche de transition
Sous-couche laminaire
x

Laminaire
Turbulent
Transitoire

Figure 3 : Couche limite laminaire et turbulente sur une plaque plane.

3.2. COUCHE LIMITE THERMIQUE

La figure 4 montre le développement d'une couche limite thermique. Une couche limite
thermique se développe de manière similaire à la couche limite de vitesse s'il y a une différence
de température entre le fluide et la plaque. Les particules fluides qui entrent en contact avec la
plaque atteignent un équilibre thermique avec la surface et échangent de l'énergie avec les
particules au-dessus. Un gradient de température est donc établi dans le fluide.

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T∞
T∞
T-T∞=0,99(TS-T∞)
Fluide t
x
TS

Figure 4 : Couche limite thermique sur une surface plane

La quantité t est l'épaisseur (à n'importe quelle position x) de la couche limite thermique et est
formellement définie comme la valeur de y pour

𝑇−𝑇
= 0,99
𝑇 −𝑇

A la surface de la plaque et à n'importe quelle distance x le flux de chaleur est donné par la loi de
Fourier:
𝑑𝑇
𝜑 = −𝜆
𝑑𝑦

Où est évalué à l'interface paroi-fluide et  est la conductivité du fluide à la température de la


paroi. La loi de Fourier ci-dessus peut être appliquée car à l'interface le fluide est au repos et la
conduction se produit.
Cette chaleur est ensuite transportée par convection dans le fluide, on peut alors écrire :
𝑑𝑇
−𝜆 = ℎ𝑥 (𝑇𝑆 − 𝑇∞ )
𝑑𝑦
Donc,
1 𝑑𝑇
ℎ =− 𝜆
(𝑇 − 𝑇 ) 𝑑𝑦

Du fait que t augmente avec x, le gradient de température diminue avec la distance x (puisque
l'épaisseur de la couche limite thermique augmente) et donc hx diminue avec la distance.

Donc pour pouvoir calculer le coefficient de transfert de chaleur, nous devons connaître le
gradient de température dans la couche limite.

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