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Enzymologie fondamentale
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CHAPITRE IV
CINETIQUE ENZYMATIQUE A UN SUBSTRAT (CINETIQUE MICHAELIENNE)
De façon expérimentale, des courbes peuvent être établies montrant l’apparition du produit formé ou la disparition
du substrat utilisé en fonction du temps, c’est ce qui est représenté sur la figure 01. Les conditions expérimentales
(température, pH, salinité, concentration en enzyme...) doivent être optimales.
• Une première partie pour les temps courts qui peut être assimilée à une droite. La quantité de produit formé est
proportionnelle au temps.
• Un plateau correspondant à l’arrêt de la production de produit car l’ensemble du substrat aura été transformé en
produit.
I.1-Vitesse d’une réaction enzymatique : L’activité enzymatique est l’expression de la quantité d’enzyme
nécessaire à la transformation d’un substrat en produit. La vitesse de la réaction est mesurée par la quantité de
substrat transformée en produit par unité de temps (micromole de substrat en une minute par exemple)
(V= - dS / dt) ou par la quantité de molécules de produits formées par unités de temps (V= dP / dt) dans les
conditions optimales.
I.2. Notion de vitesse initiale : La cinétique réactionnelle est définie par la vitesse réactionnelle v telle que :
v = (d[P] /dt).
Vitesse initiale : On définit également, à un temps très proche de 0, la vitesse initiale v0 : v0 = (d[P] /dt) t=0
La vitesse initiale correspond à la vitesse au tout début de la réaction (t ≈ t0), constante tant que les conditions
initiales sont maintenues (c’est-à-dire tant que Δ[S] et [P] sont négligeables, en pratique, consommation de moins
d'1 % du substrat). C'est la vitesse d'intérêt mesurée lors de l'étude de la cinétique des enzymes.
La vitesse initiale est calculée en prenant la tangente à l’origine qui est une droite et dont la pente donne la
vitesse initiale. (Pour rappel : pente = (YB – YA)/(XB – XA).
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Figure 04 : Notion et calcul de la vitesse initiale
II.1. Description de V = f ([S]) : Cette courbe de la vitesse initiale en fonction de la concentration en substrat
(V = f([S])) est la courbe de Michaelis-Menten. On observe que les vitesses mesurées augmentent en fonction
des concentrations du substrat mais cette relation n’est pas linéaire, le graphe est une hyperbole. Lorsque la
concentration en substrat est nulle, la vitesse est de 0, l’hyperbole passe donc par l’origine. Lorsque la
concentration en substrat tend vers l’infini, l’hyperbole se rapproche de son asymptote qui correspond à la vitesse
maximale, notée Vmax.
• Aux faibles concentrations de substrat, la vitesse de la réaction est proportionnelle à celle du substrat.
• Lorsque la concentration en substrat augmente, la vitesse n’accroît plus dans les même proportions.
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• Aux fortes concentrations en substrat, la vitesse devient constante, indépendante de cette même concentration :
l’enzyme est saturée par son substrat.
Autrement dit, quand la concentration en substrat est faible dans le milieu, les complexes enzyme-substrat auront
plus de mal à se former. La vitesse initiale de la catalyse est plus faible. Elle augmente avec la concentration en
substrat jusqu’à un palier (vitesse maximale) où toutes les molécules d’enzymes sont liées à des molécules de
substrat. L’enzyme est saturée: c’est le facteur limitant de la réaction.
II.3. Détermination de l’équation de Michaelis-Menten V=f([S]) : Cette équation est l’expression de la vitesse
initiale en fonction de la concentration du substrat et des deux constantes caractéristiques d’une réaction
enzymatique, la vitesse maximum et la constante de Michaelis
A l’état stationnaire, la concentration du complexe enzyme-substrat est constante, donc la vitesse de formation
de ES est égale à la vitesse de dissociation de ES :
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V1= V-1 k1[E] [S]= (k-1 + k2) [ES]
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Cette constante indique également l’affinité de l’enzyme pour le substrat. En effet, plus le KM augmente,
plus l’affinité diminue. Autrement dit, le KM représente l’inverse de l’affinité de l’enzyme pour le
substrat.
Km est fonction des constantes de vitesse de chacune des étapes de la catalyse:
c. Rapport Kcat/Km mesure l'efficacité catalytique, car il correspond à une constante de vitesse pour de basses
concentrations de substrat (S) << Km
V = (Vmax / Km).[S]
L’efficacité sera d’autant plus élevé que Km est élevé. Si 1/Km est élevé (c’est à dire si Km est faible ➞
affinité forte) alors Kcat / Km est élevé.
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On obtient une droite dont l’extrapolation coupe l’axe des1/V en un point d’ordonnée 1/Vmax et l’axe des 1/[S]
en un point d’abscisse -1 / Km. Cette équation représente une droite de pente Km/ Vmax (Figure 08).
Il existe plusieurs autres représentations: Eadie-Hofstee (Figure 09) qui utilise une autre transformation et
Hanes-woolf (Figure 10).
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Figure 10 : Représentation linéaire de Hanes-woolf
Toute molécule qui modifie la vitesse d'une réaction enzymatique est appelée un effecteur :
La modulation (inhibition ou activation) de l'activité enzymatique est un mode de régulation primordial des voies
métaboliques dans la cellule
Par définition, un inhibiteur enzymatique est tout effecteur, qui par sa liaison avec l’enzyme ralentit la vitesse
de la réaction enzymatique. L'étude de l'effet d'inhibiteurs permet :
En effet, certains inhibiteurs s'associent de manière réversible à l'enzyme en interagissant de manière non
covalente. D'autres se fixent de manière Irréversible et sont souvent utilisés pour déterminer les groupes actifs du
site catalytique.
III.1. Inhibiteurs irréversibles: Se lient de façon irréversible avec l’enzyme et agissent brutalement en
dénaturant l’enzyme.
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III.2. Inhibiteurs réversibles: ils Perturbent la cinétique et peuvent stopper la réaction. Ils ont un grand intérêt
puisqu’ils permettent une étude très fine des mécanismes moléculaire de la catalyse. On distingue :
III.2.1. Inhibition compétitive (fixation exclusive) : C'est un mécanisme où la fixation de l'inhibiteur empêche
celle du substrat (et réciproquement) : la fixation du substrat et celle de l'inhibiteur sont donc mutuellement
exclusives. Les inhibiteurs compétitifs:
Le mécanisme réactionnel :
La constante de dissociation du complexe EI est Ki. Elle est définie par rapport aux concentrations de l’enzyme
libre, de l’inhibiteur et du complexe EI.
L’équation de la vitesse, qui ne dépend que du complexe ES puisque le complexe EI est inactif, reste inchangée.
Les calculs conduisent à une équation de Michaelis dans laquelle le facteur Km est affecté d’un coefficient qui
dépend de la concentration de l’inhibiteur et de l’inverse de la constante Ki c’est à dire l’affinité de l’enzyme
pour l’inhibiteur.
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Figure 11: Représentation de la cinétique enzymatique en présence d’un inhibiteur compétitif
D’après le graphe (Figure 11), en présence d'un d'inhibiteur compétitif, KM est augmentée donc l’affinité
diminue et Vmax n'est pas modifiée.
Cela signifie que l'inhibition compétitive peut-être "levée" à concentration saturante en substrat. En effet, puisque
la fixation du substrat et celle de l'inhibiteur sont mutuellement exclusives, l'addition d'une très forte concentration
de substrat déplace l'équilibre E + S <=> ES en faveur de ES et donc déplace l'équilibre EI <=> E + I en faveur
de E.
III.2.2. Inhibition non compétitive (fixation non exclusive) : Un inhibiteur non compétitif classique n'a aucune
influence sur la fixation du substrat (et réciproquement) : les sites de fixation du substrat et de l'inhibiteur
sont distincts. En conséquence, l'inhibiteur se fixe à l'enzyme libre E et au complexe ES ; de même, le substrat se
fixe à l'enzyme libre E et au complexe EI.
Les inhibiteurs non compétitifs n'ont pas d'homologie structurale avec le substrat.
Lorsque la liaison d’un inhibiteur sur l’enzyme se fait sur un site indépendant du site actif, il n’y a évidemment
aucune compétition entre le substrat et l’inhibiteur. L’inhibiteur en se liant rend la molécule d’enzyme incapable
de catalyser la réaction on parle alors d’inhibition non compétitive.
Le mécanisme réactionnel :
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La constante Km de l’enzyme vis à vis du substrat représente toujours la constante de dissociation du complexe
ES mais aussi celle du complexe ESI en EI et substrat libre.
La constante Ki de l’enzyme vis à vis de l’inhibiteur représente toujours la constante de dissociation du complexe
EI mais aussi celle du complexe ESI en ES et inhibiteur libre.
Les calculs conduisent à une équation de Michaelis dans laquelle la vitesse maximum est affectée d’un coefficient
qui dépend de la concentration de l’inhibiteur et de l’inverse de la constante Ki. (Figure 12).
Figure 12: Représentation de la cinétique enzymatique en présence d’un inhibiteur non compétitif
Vmax est diminuée : une partie des molécules d'enzyme se trouvant sous la forme EI et ESI,
conjointement au complexe ES, il y a donc moins de molécules d'enzyme productives.
KM n'est pas modifié : les sites de fixation étant distincts, la saturation par le substrat des molécules
d'enzyme libre E n'est pas modifiée.
III.2.3. Inhibition incompétitive (fixation non exclusive) : Dans ce type d'inhibition l'enzyme et le substrat
forment d'abord le complexe enzyme-substrat (le complexe intermédiaire), puis l'inhibiteur se fixe à ce complexe.
Donc L’inhibiteur ne se lie pas à l’enzyme libre, mais uniquement au complexe ES.
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Le mécanisme réactionnel :
La constante de dissociation de ce complexe ESI, soit Ki est définie par rapport aux concentrations de ES, de
l’inhibiteur et du complexe ESI.
Les deux paramètres (Vmax et KM) sont modifiés par le même facteur. En effet, ce type d'inhibiteur
favorise la formation du complexe [enzyme-substrat] qui lui-même est consommé pour former le
complexe ESI.
L'équilibre : E+S <=> ES est donc déplacé en faveur de ES. Celà signifie que, pour un même degré de
saturation de l'enzyme il faut une concentration plus faible en substrat (KM diminue).
La concentration du complexe [ES] est moindre (une partie se trouve sous forme ESI), donc VM diminue.
Cette inhibition ne peut être "levée" par un excès de substrat puisque plus il y a de substrat, plus il y a
formation de complexe ES et plus l'équilibre de fixation de l'inhibiteur est déplacé en faveur du complexe
ternaire ESI.
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Les tableaux ci-dessous regroupent les différents paramètres cinétiques dans les différents cas d’inhibitions:
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