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FICHE DE RÉVISION DU BAC

LE COURS

[Série – Matière – (Option)]


[Titre de la fiche]
Philosophie – Séries L et ES
Autrui

Plan de la fiche
1. Autrui, un besoin pour être soi ?
2. L’autre et son regard sur nous
3. Connaître l’autre plutôt que le combattre

Introduction
La notion Autrui c'est celui qui est différent de moi soit parce qu'il n'a pas la même couleur de peau que moi, soit
parce qu'il n'a pas le même sexe, soit parce qu'il n'a pas le même âge soit parce qu'il n'est tout simplement pas moi.
Il est marqué par la mystérieuse altérité qui est cette expression de l'autre.

Termes proches L'étranger, le différent, l'autre renvoie à l'idée d'autrui. De même la question du tiers. Devons-nous
distinguer le tiers du prochain ? Le tiers serait plus éloigné que le prochain qui me renvoie à une proximité que
n'aurait pas le tiers ? Devons-nous et pouvons-nous faire des différences entre les différents autres ?

Problèmes que peut poser la notion : Aime ton prochain comme toi-même nous dit la Bible. Cette phrase est
considérée par de nombreux penseurs comme la phrase centrale de l'éthique. Mais qui est ce prochain ? Est ce tout
le monde , peut-on aimer tout le monde comme on s'aime ? Comment approcher autrui s'il est si différent de moi ?

Films. M Antonioni, Identification d'une femme. Ce film s'interroge sur cette autre qu'est la femme pour l'homme, ce
continent inconnu comme l'écrivait Freud.

Roman de fictions. M. Proust, la Prisonnière. Ce roman est une tentative de Proust pour percer le mystère de
personnes qu'il a pu croiser, Albertine, son amante qu'il a l'impression de tenir en otage, le Baron Charlus, Bergotte
qui meurt en prononçant une phrase mystérieuse à propos d'un tableau de Ver Meer.

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I. Autrui, un besoin pour être soi ?

Derrière la question d'autrui c'est celle de la solitude qui est également posée. L'homme est-il fait pour vivre seul ?
Itard nous raconte l'existence d'un enfant qui avait vécu loin des autres hommes. Il était sale, ne portant attention à
rien. C'est l'enfant sauvage.Il était devenu incapable de communiquer avec les autres. L'homme est un animal
social,écrivait Aristote. Cependant, avec Machiavel les Modernes découvre qu'il peut aussi être un loup pour les
autres hommes. L'enfer c'est les autres écrira Sartre dans Huis Clos. Alors ou est la vérité en ce domaine ? Pour Kant,
dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolite écrit :

Extrait : J'entends ici par insociable sociabilité des hommes leur penchant à entrer en société, penchant lié
toutefois à une répulsion à le faire qui menace constamment de dissoudre cette société...L'homme
possède une grande inclination à s'associer mais il a aussi un grand penchant à s'isoler.

Entre ceux qui soutiennent que l'homme ne peut vivre seul et ceux qui soutiennent qu'il serait plus heureux loin de
ses semblables, Kant opte pour une voie intermédiaire. Il décrit un homme ambivalent, c'est-à-dire partagé entre
des aspirations contradictoires à l'égard de l'autre. Pourtant ne sommes nous pas dépendants des autres au
moins ? Ne vivons-nous pas, que nous le voulions ou non dans la dépendance de son regard ? N'attendons-nous pas
de lui reconnaissance et soutien ?

II. L’autre et son regard sur nous


Si certains sont si malheureux lorsqu'ils sont seuls, coupés des autres,cela ne s'explique-t-il pas par le fait que nous
avons besoin d'un regard étranger pour nous constituer ou pour sentir que l'on existe. Lorsque l'autre nous
regarde,nous écoute et nous soutient n'avons-nous pas le sentiment d'exister ? La réussite des réseaux sociaux
n'est-elle pas la preuve de ce besoin de reconnaissance ? La souffrance de celui qui n'a pas d'emploi, pas de
statut social n'est-elle pas l'effet d'une telle situation ? Pascal, dans ses Pensées, écrit ainsi

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Extrait : Ou est donc ce moi s'il n'est ni dans le corps ni dans l'âme et comment aimer le corps ou l'âme
sinon pour ces qualités qui ne sont point ce qui fait le moi puisqu'elles sont périssables car aimerait-on la
substance de l'âme d'une autre personne abstraitement et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se
peut et serait injuste. On n'aime donc jamais personne mais seulement des qualités.

L'homme a donc besoin de se faire apprécier par l'autre pour que l'autre le reconnaisse et nous sommes tous ainsi.
Si nous voulons qu'autrui m'apprécie, il ne sert à rien de lui chercher querelle. Au contraire, la résistance la plus forte
parfois se brise à coups de douceur et de compréhension. La victoire de Gandhi contre l'Empire anglais est la marque
de cette situation. Gandhi a réussi à libérer son pays sans jamais user de violence. L'autre a souvent simplement
besoin d'être écouté et compris et pris pour ce qu'il est, pris pour la différence qu'il représente et qui souhaite
reconnaissance comme pour s'échapper de la prison de soi. Ce faisant n'avons-nous pas ainsi commis des erreurs
en cultivant une culture du conflit, une culture du combat contre l'autre ?

III. Connaître l’autre plutôt que le combattre


Dans Race et histoire, l'ethnologue C. Lévi Strauss nous montre que souvent l'humanité cesse à la frontière de la
tribu, l'étranger est souvent mal aimé,réduit à l'état de danger. D'ailleurs l'étranger n'est ce pas l'étrange ? Cette
conception n'est-elle pas la marque de la barbarie la plus extrême ? Dans l'Odyssée, Ulysse raconte à quel point les
cyclopes – qui avaient l'oeil sur le front et traitaient ainsi tous les problèmes et tous leurs hôtes frontalement –
étaient barbares car ils mangeaient l'étranger venu sur leur terre parce que son navire s'était brisé plutôt que de lui
offrir l'hospitalité. Mais qui est cet autre et comment l'accueillir ? Comment lui laisser la place qui est sienne sans
que pour autant nous puissions nier notre spécificité ? Critiquant une philosophie tournée uniquement vers la
connaissance d'un être intelligible qui écarte ainsi de l'essentiel, Lévinas propose une philosophie dominée par une
éthique soucieuse du prochain. Ce prochain n'est pas le tiers et il suppose une approche. Dans Autrement qu'être-
au-delà de l'essence, il écrit :

Extrait : Etre et connaissance ensemble, spirituellement dans la proximité de l'autre et dans une certaine
modalité de ma responsabilité pour l'autre, de cette réponse précédent toute question, de ce dire d'avant
le dit...

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Si je dois et je veux rencontrer l'autre, je ne dois donc pas l'enfermer dans une masse de connaissances, dans un
dit, un déja-dit un tu-as-dis-que qui enferme. Je dois accepter cette différence en acceptant ce dire qui se déploie et
qui se modifie sans cesse. L'autre comme moi se cherche et cherche à exister à travers les mots qu'il prononce et qui
lui échappent parfois. Il se manifeste par des actions dont il ne saisit pas toujours la portée.

Si je veux le reconnaître, je dois donc accepter de le laisser être sans l'enfermer dans une vision métaphysique de
l'être, sans ontologie. Lévinas est bien celui qui cherche un en-dehors de l'absolu comme il l'écrit et qui ainsi peut
nous permettre la rencontre.

L'autre est donc celui qui appelle la rencontre. Il y a cependant de belles et de mauvaises rencontres. Le bonheur
passe sans doute par ces belles rencontres et le malheur par des rencontres plus négatives. Il n'y a donc peut-être
pas un type d'autre mais une infinité. Certains me sont plus proches. Ils appellent une approche, c'est à dire une vie
à proximité, une écoute et un regard autre.

Ces proches ce sont ceux avec qui je me sens bien, ceux qui sont à mes côtés, ceux qui m'accompagnent et font un
bout de chemin avec moi parce qu'ils en ressentent le besoin intime et pour des raisons qui sont difficiles à
expliquer.

Ce qu'ils ont à me dire ne m'est pas étranger, ce que ce prochain me dit est tout ce que je n'ose souvent m'avouer à
moi-même. L'accueillir c'est donc faire effort pour me reconnaître.

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