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1STMG – DROIT 2021-2022

SPAB - CHAPITRE 3 – LE LITIGE ET LA PREUVE

Indiquer la ou les solutions juridiques possibles et


rédiger la réponse
Pour cette application, vous pouvez vous aider de la fiche méthode 5.

Un agent de surveillance a été filmé, sur le site d’un client de son


employeur, en train de fracturer la porte d’un casier au sous-sol réservé au stationnement. Le
client de la société en a informé son prestataire après visionnage des caméras de surveillance.
Le salarié a été mis à pied à titre conservatoire puis licencié pour faute grave par son
employeur. Le salarié a toutefois contesté son licenciement, faisant notamment valoir que dès
lors qu’il n’avait pas été informé de la présence de caméras de surveillance, l’enregistrement
vidéo ne lui était pas opposable.
Caroline Froger-Michon, avocat associé, et Madeleine Bénistan, avocat,
CMS Francis Lefèbvre Avocats, 24/02/2020.
Consultez le document 1, le document 2 et le document 3 puis répondez aux questions.
document 1

Article 9 du Code de procédure civile


Il incombe à chaque partie de prouver conformément à la loi les faits nécessaires au succès
de sa prétention.

document 2

Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale,


20 septembre 2018 (extrait)
Mais attendu qu’ayant constaté que l’employeur avait déposé plainte pour des faits de vols
en se fondant sur les images de la vidéosurveillance et que l’audition de la salariée par les
services de gendarmerie était consécutive à cette exploitation des images de
vidéosurveillance, illicite en raison de l’absence d’information de la salariée de l’existence
du système de surveillance, la cour d’appel, qui a fait ressortir le lien existant entre ces
deux éléments de preuve, a légalement justifié sa décision […].

document 3
2

Licencier un salarié pour faute


Un enregistrement de l’activité des salariés réalisé au moyen d’un dispositif de
vidéosurveillance installé dans les locaux de travail constitue un moyen de preuve licite,
dès lors que les représentants du personnel ont été préalablement consultés et que les
salariés ont été préalablement informés […].
Et ce, quand bien même les caméras auraient initialement été mises en place pour
répondre à un impératif de sécurité (prévention des risques d’intrusion de personnes
étrangères à l’entreprise, des risques de vol, etc.) et que le contrôle de l’activité du
personnel ne soit pas leur fonction première. […]
Inversement, toute preuve obtenue au moyen d’un dispositif de surveillance ne remplissant
pas les conditions cumulatives précitées est considérée comme illicite, privant ainsi le
licenciement de toute cause réelle et sérieuse, quand bien même les informations
recueillies par la vidéosurveillance seraient accablantes.
P. Forzinetti, « Une vidéosurveillance illicite ne peut servir de preuve à la faute grave ! »,
www.juritravail.com, 31/10/2018 © juritravail tous droits réservés

1. Qualifiez juridiquement les faits à l’origine de cette affaire.

Un employeur licencie un salarié agent de surveillance, après avoir visionné l’enregistrement d’une
caméra de surveillance le montrant en train de fracturer la porte d’un casier chez un client de son
entreprise.

2. Quel est l’objet de la preuve rapportée par l’employeur ? Quel mode de preuve peut-
on utiliser, en principe, dans cette situation ?

L’employeur a rapporté la preuve d’un délit (le vol). En principe, comme il s’agit d’un fait
juridique, la preuve peut être apportée par tous moyens.

3. Les faits reprochés au salarié ont-ils été établis ? Quelle sanction logique l’employeur
pensait-il pouvoir appliquer ?

L’employeur a exploité des images qui montrent le salarié en train de fracturer un casier.
L’employeur pensait pouvoir licencier son salarié pour faute grave.

4. Pour quelles raisons le salarié peut-il contester son licenciement ?

L’employeur a pu prouver le vol par le visionnage des enregistrements d’une caméra de


surveillance. Or, cette caméra a été installée sur le site du client sans que le salarié n'en soit
informé. Ainsi, la preuve apportée par l’employeur est illicite et le licenciement est considéré
comme sans cause réelle et sérieuse.
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5. En quoi cette affaire montre-t-elle que les moyens de preuve admis en justice doivent
être des moyens licites ?

Devant les juridictions françaises, les moyens de preuve doivent être licites en vertu du principe de
loyauté des parties. Afin d’utiliser la vidéosurveillance à des fins de preuve, les représentants du
personnel doivent être consultés et les salariés préalablement informés. Rien ne doit porter une
atteinte injustifiée et disproportionnée à la vie privée et aux libertés des salariés. Si les moyens de
preuves ne sont pas licites, comme en l’espèce, ils ne sont pas admis en justice.

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