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Linguistique générale
Théorie et description
De Bernard POTTIER
Préparé par :
Dans le cadre du séminaire dirigé par le
Hamid NADI prof :
Khalil REBBALI
Mme. Amal OUSSIKOUM
Fatima zahra AZIZI
4. les formulations……………………………………………………..25
4.1 la formulation modale…………………………………………...25
4.1.1 la modalité…………………………………………………..26
4.1.1.1 considérations générales………………………………...26
4.1.1.2 les axes modaux………………………………………....26
4.2 vision perspective………………………………………………..27
4.2.1 impulsion……………………………………………………27
4.2.2 éventualité…………………………………………………..28
4.3 vision constative…………………………………………………29
4.3.1 sensation……………………………………………………29
4.3.2 déclaration………………………………………………….29
4.3.3 appréciation………………………………………………...30
4.4 vision factitive…………………………………………………..30
4.4.1 permissif……………………………………………………30
4.4.2 causatif……………………………………………………...31
4.4.3 déclaratif……………………………………………………31
4.5 Les modes……………………………………………………….32
4.6 Les liens modaux………………………………………………..33
4.7 L’assertion………………………………………………………33
4.7.1. l’interrogation……………………………………………...34
4.7.2. La négation………………………………………………...34
4.7.3. L’emphase…………………………………………………36
4.8 Le déroulement…………………………………………………36
4.8.1 Considérations générales………………………….………..36
4.8.2 Les stades……………………………………….………….37
4.8.3 Les relations………………………………………………..37
5 . La forme de signifié……………………………………………….39
5.1. l’énoncé………………………………………………………...39
5.1.1 Structure générale de l’énoncé fondamental………………..39
5.2. Les fonctèmes, constituants de l’énoncé……………………….43
5.2.1 les fonctèmes………………………………………………..43
5.2.2 Les divers syntactème ……………………………………...45
5.2.3 Les transferts au niveau du fonctème……………………….50
5.3 Aux cas NOM, ERG, ACC …………………………………….50
5.4 les structures internes…………………………………………...51
5.4.1 structures : des fonctème aux catégories…………………....51
5.4.2 Les lexis…………………………………………………….54
5.4.3 les types de lexis……………………………………………55
4-4 les propriétés des lexis…………………………………………..56
Conclusion……………………………………………………………59
Bibliographie…………………………………………………………61
INTRODUCTION
Comme dans la plupart des domaines de la recherche, la linguistique a connu,
et connaît, de nombreuses écoles, dont la partialité mène à des développements,
en profondeur, d'aspects non-négligeables des mécanismes des langues naturelles,
mais qui, en contrepartie, isolent les phénomènes et excluent les interactions
constantes entre les différentes composantes du fonctionnement du langage à
travers ces langues.
Cet ouvrage tente de préserver un équilibre entre les domaines qui en réalité
coexistent à tout moment de l'acte de langage, et dont il convient de tenir compte
dans une perspective historique.
1
Dans notre exposé nous étudierons le concept de signe linguistique de Bernard
Pottier et sa théorie énonciative et son positionnement sur et autour de la question
du signe linguistique et sa fonction dans sa théorie énonciative. Il va sans dire que
des points de vue théoriques, pratiques et concurrents du sien seront, au besoin,
convoqués pour éclairer et dynamiser notre travail.
2
1.La communication linguistique
1.1 Schémas de la communication
B. POTTIER déclare dans son premier chapitre de cet ouvrage que la
communication linguistique est essentiellement l’échange de messages de nature
linguistique (m) entre deux interlocuteurs tout en supposant que l’émetteur E a
une connaissance linguistique comparable à celle du récepteur R .
Pour effectuer cette communication l’émetteur doit faire une saisie mentale
pour sélectionner un certain nombre d’éléments de la perception ou réduction
sélective de la référence, c’est ce qu’il appelle le phénomène de la
conceptualisation , qui va dès lors jouer un rôle primordial. Une première
définition de la conceptualisation est donnée en 1972 : « c'est l'étape qui permet
de passer de l'infini pensable au fini pensé ; c'est un processus de réduction, de
choix (au niveau de la pensée a-verbale) subissant une influence culturelle
(individu/groupe) »1.
1
B.POTTIER, Cours
de sémantique, Mons, Université de l'Etat, 1972, 40.
2
B.POTTIER, Théorie et analyse en linguistique, Paris, Hachette, 1987,p66 .
3
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p21
3
Selon Pottier, en conceptualisant la vision du monde, l’énonciateur est obligé
de faire des choix pour transmettre du sens dans les limites de ressources que lui
offre sa langue. Il encode ce stimulus conceptualisé dans la langue naturelle (LN)
pour pouvoir être exprimé sous forme de message qui a son tour sera le stimulus
du récepteur qui va le rapporter à son code en LN, afin de l’identifier ,puis le
comprendre et l’interpréter dans une structure d’entendement qui dans le cas
d’une bonne communication sera proche et voisine de celle du départ . Pottier
propose ce premier schéma de base de la communication :
1 1 2 2
R Co LN m LN Co R
E
Parcours de l’émetteur ( énonciation )
4
partie commune n’est plus le message mais la structure d’entendement ( la
conceptualisation ).
m1 LN1 CO LN2 m2
Pottier affirme que s’il y a une bonne intercommunication, c’est que l’émetteur
et le récepteur ont en commun une certaine connaissance du code en LN, et des
mêmes habitudes de mise en signes des conceptualisations. Cet ensemble de
correspondances peut être appelé leur compétence. la production d’un message
particulier ,ou performance, est toujours la manifestation de la compétence, et ne
lui ajoute rien, par définition.
Cela dit que toutes les possibilités de réalisation en performance sont inscrites
dans la compétence. c’est-à-dire que la performance ne crée pas mais manifeste
une utilisation spécifique des capacités de compétence.
5
1.2 La complexité du message
contexte
Communication = + message
situation
Cela dit que l’acte de communication dépend des circonstances du contexte et
de la situation de cet acte avec bien évidemment un message qui en fait n’exprime
qu’une petite partie de l’intention de la communication car Il trouve que dans les
études linguistiques, à côté de l’explicite, on doit considérer l’implicite, il s’agit
ici des savoirs culturels, des contextes, des situations et des intentions des inter
locuteurs, puisque il y a toujours une part de l’implicite qui varie naturellement
selon ces facteurs déjà mentionnés.
6
2 . Le signe linguistique
Dans son CLG, Saussure n’est pas d’accord avec ceux qui voient la langue
comme « une nomenclature, c’est-à-dire une liste de termes correspondant à
autant de choses.»4 Il trouve que cette conception mérite une critique parce que,
selon elle, des idées préexistent aux mots, et elle ne nous dit rien si la nature du
nom est vocale ou psychique. En outre, cette conception « laisse supposer que le
lien qui unit un nom à une chose, comme une opération toute simple, ce qui est
bien loin d’être vrai.»5
Selon Saussure, le signe linguistique unit « non une chose et un nom, mais un
concept et une image acoustique»6. Ces deux termes ont la nature psychique et
sont unis dans notre cerveau par le lien de l’association.
Dorothé affirme à cet égard que : « Le concept de « signe » est donc, bien sûr,
essentiel à la linguistique en général et à la sémantique, en particulier. Mais il
est aussi nécessaire à l’anthropologie, à la psychanalyse ou encore à la
4
SAUSSURE, F. d. Cours de linguistique générale. Paris , éditions Payot&Rivages. (2005 )
5
SAUSSURE, F. d. Cours de linguistique générale. Paris , éditions Payot&Rivages. (2005)
6
SAUSSURE, F. d. Cours de linguistique générale. Paris , éditions Payot&Rivages. (2005)
7
philosophie, laquelle s’est toujours interrogée sur les relations que l’on pouvait
établir entre les signes et la réalité.»7
7
Dorothée, S. À l’origine du signe : le latin signum, Paris: Association KUBABA, l’Hartmattan (2006) p 13
8
E. BENVENISTE, problèmes de linguistique générale ,1974 P 50
9
E. BENVENISTE, problèmes de linguistique générale ,1974 p 51
10
E. BENVENISTE, problèmes de linguistique générale ,1974 p 54
8
Il constate que d’une part le signe est l’unité sémiotique, mais en référant à la
doctrine saussurienne du signe, il nous rappelle que le signe est « la notion de sens
donc aussi la notion de forme.»11
Alors que Louis Hjelmslev, propose une approche influencée par la logique
formelle et essaie de donner une description abstraite des systèmes sémiotiques,
ce qu'il appelle la glossématique. Dans la glossématique, qui est une variante du
structuralisme linguistique, le système se fonde sur les relations et non sur des
entités.12
« […] qu’un « signe » est d’abord et avant tout un signe de quelque chose
d’autre, particularité qui nous intéresse dès l’abord, car elle semble indiquer qu’un
11
E. BENVENISTE, problèmes de linguistique générale ,1974 p 217
12
Encyclopædia Universalis France (2016), http://www.universalis.fr/encyclopedie/louis-trolle-hjelmslev/
13
Encyclopædia Universalis France (2016), http://www.universalis.fr/encyclopedie/louis-trolle-hjelmslev/
14
Hjelmslev, L. Prolégomènes à une théorie de langage. Paris : Les éditions de minuit. (1968) P71
15
Hjelmslev, L. Prolégomènes à une théorie de langage. Paris : Les éditions de minuit. (1968)P71
9
« signe » se définit par une fonction. Un « signe » fonctionne, désigne, signifie.
S’opposant à un non-signe, un signe est porteur de signification.»16
Tout d’abord, pour Pottier, un signe doit avoir un signifiant. Il dit qu’un signe
ne sera pas un signe, si un signifié n’a pas de signifiant dans une langue
naturelle.
« [...]un signifié naissant dans une LN ne deviendra signe que s’il est relié à un
signifiant [...]. »17
16
Hjelmslev, L. Prolégomènes à une théorie de langage. Paris : Les éditions de minuit. (1968) P65
17
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p(26]
10
Dans la structure du signifié, il distingue la substance du signifié (les structures
sémantiques) et la forme du signifié (les structures syntaxiques).
Plus tard, Pottier remplace ces termes par signifiant et deux signifiés, l’un de
fonction et l’autre de signification.
D’où les composants du signe linguistique (quel que soit son niveau) :
18
POTTIER .B, Cours de sémantique, Mons, Université de l'Etat, 1972 ,p11
11
2.1 Les constituants du signe
signifié signifiant
Le signifié à son tour est composé d’une substance (spécifique) et d’une forme
(générique), également interdépendantes.
Bernard Pottier propose ainsi une conception du signe linguistique qui est
encore la sienne aujourd’hui.
19
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p 26
12
Pottier écrit : « Ce tableau n’est pas tout à fait exact. Un élément linguistique a,
en outre, une fonction. …] »20.
20
POTTIER.B, Systématique des éléments de relation. Paris : Librairie Klincksieck. 1962 p10
21
ibid ,11
22
ibid ,12
23
ibid ,13
24
ibid ,14
13
ne joue pas un rôle pertinent dans l’analyse. Il est anti-scientifique de vouloir
l’ignorer.»25
Éléments Combinatoire
Dans chaque plan, Pottier inclut aussi une taxonomie (classes d’éléments) et
une combinatoire. Selon lui, toutes les deux se situent dans la compétence du
locuteur.
En décrivant les relations entre les composants du signe sur ces trois plans,
Pottier explique que chacun des éléments entre dans une relation paradigmatique
et dans une relation syntagmatique. Ces deux contraintes sont interdépendantes et
tous nos choix linguistiques dépendent d’elles :
chat
chien
« je voudrais photographier un éléphant »
perroquet
25
POTTIER.B, Systématique des éléments de relation. Paris : Librairie Klincksieck. 1962 14
14
Et dans une relation syntagmatique: le choix de chien entraine des
conséquences sur le plan de la forme du signifié des éléments voisins ( un chien ,
un chien méchant ,*chien un , *méchant un chien ) et sur le plan de la substance
du signifié.
Sé Sy
Pottier donnera cette symbolisation de signe linguistique : signe = Sa
Où Sé symbolise le contenu sémantique,Sy la forme syntaxique et Sa le signifiant.
< Co >
R Signe
Dénomination
Sé1 Sy Sé2 Sy
Sa Sa
26
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p28
15
2.3 La substance du signifié
Cela signifie qu’un sème est un trait considéré comme distinctif relativement
à un ensemble de sèmes. L’ensemble des sèmes caractérisant un morphème est le
sémème, et Pottier présente sa formule ainsi:
Ex :
Chaise = {surface plane au-dessus du sol, pour s’asseoir, avec dossier, sur pieds,
pour une seule personne, avec des bras }
Selon Pottier, les sèmes ne sont pas tous de même nature et distingue les sèmes
dénotatifs et les sèmes connotatifs.
27
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p 29
16
Dans la Linguistique générale, Pottier présente la structure d’un morphème ou
nous pouvons voir la structure du sémème qui est composée d’un sémantème,
d’un classème et d’un virtuème. Le sémantème est l’ensemble des sèmes
spécifiques tandis que le classème est constitué par l’ensemble des sèmes
génériques dans un ensemble donné. Un grand nombre de ces sèmes génériques
ont été explicitement grammaticalisés par les langues.
« Est virtuel tout élément qui est latent dans la mémoire associative du sujet
parlant, et dont l’actualisation est liée aux facteurs variables des circonstances
de communication.» 28
Il présente aussi cette variante du tableau qui montre les éléments qui
composent des constituants du sémème et leur caractère :
Sémème =
Ou tout simplement :
Sémème =
28
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p 74
17
2.4 La forme du signifié
Selon Pottier, quand on dit « forme du signifié », on indique bien qu’il s’agit d’un
choix de signifié. Dans ce cas, nous conservons la substance sémantique, donc
l’idée de notre message, mais modifions la forme, par exemple, nous avons choix
de dire :29
Les traits de signifié qui semblent distinguer ces formes sont : vision
d’indépendance sémantique Sb et vision de dépendance sémantique Adj, Vb.
« Les lexèmes (L) et les grammèmes (G) sont deux catégorèmes (ou classe
formelles de « morphèmes) ».
29
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p( 284-289]
18
Dans le cas où une même substance prend des formes différentes, l’entier du
signifié sera aussi différent121 :
Subst.1 + Forme 1 /v/ Subst.1 + Forme 2
signifié A signifié A’
un train infernal /v/ un train d’enfer
Pottier ajoute que dans cette perspective, la synonymie totale ne peut pas exister.
Il fait un simple test distributionnel qui montre qu’il n’y a pas d’identité :
un enfant infernal /v/ *un enfant d’enfer
Pottier distingue plusieurs niveaux dans la sémantique :
• La forme du signifié (éléments et combinatoire) est au niveau de la
macrosémantique.
• Un autre niveau des sèmes spécifiques et virtuels, très particuliers, qui
constituent la microsémantique. Les sèmes génériques constituent la
mésosémantique.
30
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p 31
19
2.6 Les caractéristiques du signifiant
« On entend par signifiant (Sa) l’ensemble des moyens d’expression d’une langue.
Ces moyens sont audibles, visibles et combinables.
Pottier décrit les traits du signifiant et distingue les traits audibles et les traits
visibles. Les traits graphiques sont exprimés par l’ensemble des graphèmes qui
supportent la communication visible, par exemple, ch est un graphème pour /ʃ/.
Ex : « sous-chef »
un prosodème d’accent qui fait que chef est plus accentué que sous ;
Traits du signifiant
Audibles visibles
phonémiques ( PH) graphiques (GR)
20
En résumé :
Substance du signifié Forme du signifié
SÉMÈME CATÉGOREME
Sémantème Classème Gramème / v / lexème
Virtuème
Un
morphème =
signifiant
GLOSSÈME
Phonémique ~ prosodique ~ graphique
~ mimique ~ tactique
31
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p 33
21
Pottier va plus loin dans son analyse et situe les différents niveaux de
complexité du signe, morphème, syntagme, énoncé et textes, sur les différents
niveaux sémantiques. Il les combine dans un tableau où il décrit aussi les
processus qui se produisent sur ces niveaux.
22
Ce tableau d’ensemble32 décrit à la fois le parcours onomasiologique et le
parcours sémasiologique, mais à la différence d’autres schémas, il nous montre
aussi la structure du signe et la participation de celui-ci dans les parcours
communicationnels.
32
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p 37
23
3.2 La contrainte de linéarisation
Pottier reconnaît la linéarité des signes linguistiques, mais il souligne qu’il existe
la contrainte de la linéarité :
Quant à la compréhension, Pottier souligne qu’elle n’est pas linéaire. Selon lui, le
locuteur ne conceptualise pas linéairement, et c’est prouvé par le phénomène du
lapsus le prouve : si B apparaît avant A, A va prendre la place de B.
Compréhension
A
Compréhension
B …………………..
Compréhension
Finale
33
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p 79
34
Pottier, B. (1974) Linguistique générale théorie et description. Paris : Klincksieck p 36
24
4. Les formulations
Présentation :
Un message est la formulation de relation entre désignations.
Dans tout message, le je formule un propos à l'adresse d'un tu :
je [Formulation -> propos] tu
Parmi les formulations, certaines relèvent de ce qu'il est convenu d'appeler les
modalités. Le français a peut-être une centaine d'expressions usuelles pour les
exprimer, sous forme de verbe, d'adjectif, de substantif, ou d'éléments
grammaticaux divers.
Les formulations peuvent être communicatives ou descriptives. Les premières
sont soit modales soit locutives, alors que les secondes sont quantitatives ou
qualitatives.
Les formulations sont des classes sémantiques générales qui varient selon les
langues, mais qu’on peut grouper en quatre séries universelles.
F1 et F2 sont liées au procès de communication
F3 et F4 sont des indications qualitatives et quantitatives applicables à toute
désignation, ou relation, ou formulation.
Si le Je se manifeste dans le propos, il le formule en le modalisant. ( formulation
modale F1). S’il tient compte du destinataire, du Tu, il a recours à des
formulations locutives (F2)
- exemple de F1 : volonté, doute.
- exemple de F2 : vocatif ‘), tutoiement.
- exemple de F3 qualitative et F4 quantitative : duratif, numéral.
4.1La formulation modale :
25
L’Assertion est une formulation à incidence variable. Elle comprend
l’interrogation, la négation, l’emphase.
- « Je crois que Pierre n’est pas un être insupportable ».
- « Je ne crois pas que Pierre soit un être insupportable ».
Le Déroulement est une formulation également à incidence variable. Elle
exprime le point de vue du JE parlant sur l’événement :
- « Je crois que Pierre devient un être insupportable ».
- « Je commence à croire que Pierre est un être insupportable ».
La Détermination résulte d’une chronologie appliquée par le locuteur au
degré d’actualisation des éléments du message.
- « Je crois que Pierre est un être insupportable ».
4.1.1- La modalité :
26
- On remarquera que ces verbes « auxiliaires » peuvent subir les transferts
dus à la vision :
Je désir partir
Mon désir est de partir
- Celle-ci pouvant entraîner des mises en subordination/
On dit qu’il est arrivé
Il est arrivé, dit-on
Il est arrivé, à ce qu’on dit
On constate que les axes modaux contiennent des sous-classes : vision
perspective, vision factitive et vision constative.
La combinatoire formelle de ces éléments permet des groupements, dont il
faut tirer ensuite des enseignants sémantiques. Par exemple :
Je veux partir je veux que tu partes
Je peux partir *je peux que tu partes
On doit passer par « faire en sorte que » et dire :
« je peux faire en sorte que tu partes ».
Je veux que tu partes Je me vois décliner
Je vois que tu pars * Je me pense décliner
4.2 Vision perspective
4.2.1-Impulsion
a- Trois verbes dominent cette classe: devoir, pouvoir, vouloir
La distribution fait rapprocher devoir et pouvoir.
Il veut avoir la clé
Il veut la clé *il peut la clé
Il peut avoir la clé
Il doit avoir la clé *il doit la clé
Ce livre doit être vendu / peut être vendu. *vouloir
b- devoir a une forte polysémie :
je dois partir (je agit sur je): obligation morale.
27
je dois partir (quelqu'un agit sur je): obligation dépendant d'autrui.
je dois réussir ; il doit être midi: probabilité.
je devais ne plus jamais le revoir : finalité vue du passé.
D'où des ambiguïtés telles que :
tu dois être réchauffé.
je pense que tu es réchauffé. (cas iii)
il faut que quelqu'un te réchauffe. (cas ii)
La tournure impersonnelle est tirée de falloir :
il faut partir / que nous partirions.
il nous faut partir.
c- pouvoir est également polysémique :
(i) je peux partir. (je me le dis)
(ii) je peux partir. (on me le dit)
(iii) je pouvais ne pas l'avoir vu; il pouvait être midi. Probabilité
On notera la présence du sème / potentiel / dans les aspects en -able, -ible :
Il est traduisible/ il est mangeable.
d- Le verbe vouloir est moins polysémique :
Je veux partir (un actant)
Je veux que tu partes. (deux actants).
4.2.2- Eventualité:
On peut poser un axe allant du – au + dans le degré de certitude accordé
par le locuteur.
Zone du possible : Il se peut que / Peut être (que) / Il peut se faire que / Il est
possible que
Zone du probable : Il est probable que / Probablement
Zone du certain : Il est certain que / Certes / Assurément / Il est évident que /
C’est évident / Il est visible que / Le fait est que
Les substantifs comme; la possibilité, la certitude rentrent dans ces modalités.
28
Il est évident qu’il a peur.
Il a peur, c’est évident
Il a peur, c’est l’évidence même
Il a peur, évidemment
4.3.2 Déclaration
Parmi les verbes de « dire » on a plusieurs séries : - dire que. – crier,
hurler, balbutier que – accepter, refuser que, se refuser à (ce que) – conseiller ;
suggérer que – annoncer que – promettre, jurer, parier que (engagement moral
ou juridique)
29
La construction en « de » est possible (conseiller de sortir) ou non
(*annoncer de sortir)
Les substantifs, en lexie verbale ou non, ont les mêmes propriétés :
Faire la promesse que, faire le pari que, la promesse selon laquelle, l’annonce
que (le match serait rejoué…)
4.3.3- Appréciation
L'appréciation subjective est exprimée avec la connotation - ou +
Exemple de connotation négative :
Il est dommage que Je trouve dommage que
Il est triste que Je trouve triste que
Il est regrettable que Je trouve regrettable que
Je regrette que
Il est étonnant que Je trouve étonnant que
Je m'étonne que
Exemple de connotation positive :
Il est heureux que Je trouve heureux que
Je suis heureux que
Il est avantageux que je trouve avantageux que
Il est passionnant que Je trouve passionnant que
heureusement qu’il est parti / dommage qu’il soit parti
30
Je permets que Jean parte
Je permets de partir à Jean
Je lui permets de partir
On peut avoir Je en rapport avec Je
Je me laisse vivre
Je me permets de fumer
4.4.2 causatif :
a- Bien des langues ont un morphème causatif qui se lie à la forme verbale
b- Le François emploie des verbes « auxiliaire »:
Je fais que Jean parte
Je fais partir Jean
Je fais que Jean mange le poulet
Je fais manger le poulet à Jean
« Fais manger » se comporte syntaxiquement comme un complexe verbal,
Pierre fait que Jean a des ennuis
Pierre fait avoir des ennuis à Jean
Pierre cause des ennuis à Jean
d- on serait tenté d'écrire :
faire mourir : tuer
faire voir : montrer
faire savoir : annoncer
faire avoir : procurer
Au lieu d'une formulation factitive explicite, on a un sème de factitivité dans les
termes de droite. Il n'y a pas identité mais para-synonymie.
4.4.4- Délibératif
C'est le cas de :
Je fais que Pierre soit président
31
Je nomme Pierre président
Je désigne Pierre président
Cette tournure est liée à l'équatif, comme schème de base (Pierre être président)
32
On sentira cette distinction dans :
il y est allé pour voir si tu avais fini / que tu avais fini
je ne me souvenais pas si je te l’avais dit / que je te l’avais dit
b- En français les liens modaux sont compensés par les modes:
« si tu as le temps et qu’il ne pleuve pas … »
- S’il prend le train , je le lui paierai
- Qu’il prenne le train, je lui paierai
c- Le si peut tirer ses effets du sens du contexte:
« Si tu viens, tu le verras »
« Si tu viens, c’est que cela te plait (ou plaisait). »
Dans le second cas, on interprète « si tu se venu » , hypothèse dans l’intention,
mais se trouvant dans un contexte d’accompli.
d- Si et Que se combinent avec les relateurs (pour si, avant que), et que est
intégré dans Quand, Comme Où selon les trois domaines T, N, E.
- avant que tu partes
- * à que tu pars quand tu pars.
e- On remarquera qu’il existe en français deux séries de morphèmes en qu- :
1- le « relatif » qui aussi l’interrogatif, et forme avec celui-ci un système
cohérent, variant en cas (qui, que, dont …)
2- le « modal » où s’opposent si et que, et dont le rôle est double : nuancer
la modalité, et transférer un énoncé en séquence nominale.
je me demande s’il aura fini demain /V/ je demande qu’il ait fini demain
4.7 L’assertion
L’assertion est une proposition, de forme affirmative ou négative, qu'on
avance et qu'on donne comme vraie.
Dictionnaire Larousse
I think
Do you think? Oui/ i do think non / i do not think
33
Ce qui donne : Interrogation + emphase - négation
Chaque langue a sa propre façon de manifester ces distinctions.
4.7.1 L’interrogation:
L’interrogation est à incidence variable. Elle peut porter sur tout un
énoncé, ou seulement sur une partie. Partons de
« Pierre croque des noix »
(i) « Est-ce que Pierre croque des noix? »
L’incidence porte sur tout l’énoncé.
« Est-ce que Paris est la capitale de la Suisse? »
« Est-ce que Pierre croque des noix? » . La réponse « non » laisse une
ambiguité.
- Pierre : C’est Jean qui …
- Croquer : il les suce.
- les noix : Ce sont des amandes qu’il …
(ii) « Qui croque des noix? »
Elle présuppose que « quelqu’un » croque des noix. Plus précis on peut dire
« Est-ce bien Pierre qui croque des noix? »
(iii) « Que croque Pierre? », ou plus précis, « Est-ce des noix que croque
Pierre? » (ou « sont-ce des noix … ».
(vi) « Est-ce que Pierre croque des noix? », avec intensité (audible ou visible)
sur croque. C’est le procédé courant de l’anglais.
(v) « Que fait Pierre? », interroge sur tout le prédicat.
4.7.2 la négation
le français, comme d’autres langues, expriment cette double
caractéristique; ne … pas/ ne … plus,…
Mais d’autres langues ne le font pas.
Espagnol : « no como » (je ne mange pas)
34
Arabe : « la akoulo »
le terme positif réapparait quand il y a spéfication:
Esp: « no como nada »
(je ne mange rien)
Ara: « la akoulo chayane »
Quand il y a opposition, le terme positif peut apparaître:
Esp: « Entre ellos no figura Iribar y si Mora »
(Iribar n'apparaît pas parmi eux et Mora oui)
Il y a redondance en français:
« tu n’as pas fini, non! » « tu as fini, oui! »
(i) La négation partielle s’exprime par ex, par:
: ce n’est pas Pierre qui a tué le serpent.
: ce n’est pas le serpent qu’a tué Pierre.
: ce qu’a fait Pierre, ce n’est pas tuer le serpent.
(ii) Avec un verbe de modalité, on peut avoir:
Jean vouloir Pierre partir
1: ce n’est pas Jean qui veut que Pierre parte
2: Jean ne veut pas que Pierre parte
3: Jean veut que ce ne soit pas Pierre qui parte
4: Jean veut que Pierre ne parte pas
(iii) Pour répondre oui ou non, les langues ont des habitudes:
Ang: Do you travel tomorrow?
Yes i do.
Fra : as-tu le temps? Oui / non
n’as-tu pas le temps? Si / non
Ara : hal tadhabo maana? Naam / la
alan tadhaba maana? Naam / bala
(iv) La négation peut être intégrée:
n’est pas possible / impossible
35
n’est pas contrôlé / non-contrôlé / incontrôlé
(v) Certains lexème incluent le sème / négation /
ne pas fumer / défense de fumer
je n’accepte pas / je refuse
4.7.3 l’emphase:
a- L’anaphore peut être marquée par des morphèmes, à incidence variable:
le chat a mangé la souris
- C’est le chat qui a mangé la souris.
qui a été mangée par le chat
- C’est la souris
qu’a mangé le chat
b- En français, un grammème comme « surtout » marque l’emphase sélective:
« toi surtout, tu es grand »
c- la prosodie: « mon frère, s’est blessé »
d- les procédés tactiques:
« des ruines que c’est »
« il y a trop de choses, que vous y avez mises »
« des livres, j’en ai beaucoup »
4.8 Le déroulement
a- le déroulement exprime le point de vue du locuteur sur l'événement, en
fonction de repères décidés par lui. On peut distinguer :
le stade - le changement d'état - la relativité
le stade marque un moment du déroulement. Ex:
je vais manger / Je suis en train de manger / Je viens de manger
(ii) le changement d'état exprime le passage d'un stade à un autre. Ex:
je me mets à écrire J'arrête de pleurer
(iii) la relativité met en relation deux stades, ou deux moments d'un stade. Ex:
36
il dort encore Il continue à dormir
b- Ces formulations peuvent se combiner :
Il commence à s'endormir Je viens de finir de manger Il est déjà en train
d'écrire
c- le déroulement étant une formulation interne au propos, il y a lieu de le
distinguer de la modalité :
Jean veut partir / v / Jean va partir
Jean veut Jean partir Jean ( DER ) part
d- certains verbes de déroulement permettent, en français, de ne pas exprimer le
verbe impliqué par l'objet :
Il commence à manger sa soupe / Il commence sa soupe
Il commence à faire son travail / Il commence son travail
37
il est déjà tard / *il est encore tard
(iv) « toujours » indique une continuité:
il a toujours le même chapeau
il dort toujours
b- des séries lexicales recouvrent les mêmes distinctions:
il n’y a pas encore (il manque) - il y a - il y a encore (il reste)
c- le « non-encore » accompli et le « déjà accompli:
Avant / Après
le futur champion (il n’est pas encore champion)
l’ex-champion l’ancien champion (il n’est plus champion)
38
5. La forme du signifié
5.1. L’énoncé
L’analyse syntaxique suppose l’introduction de nouveaux concepts :
Sur le plan sémantique, ou plan de la substance du signifié, l’unité
fonctionnelle de signification, est le schème linguistique.
Sur le plan syntaxique, ou plan de la forme du signifié, l’unité fonctionnelle
est constituée par l’énoncé.
5.1.1 Structure générale de l’énoncé fondamental
Bernard Pottier distingue :
L’énoncé simple qui est l’unité fonctionnelle minimale d’énonciation dont
la structure est l’objet de l’analyse syntaxique
« L’énoncé complexe est l’unité d’énonciation construite d’énoncés simples
par coordination ».35
Structure de base :
L’énoncé simple est formé d’un nucléus et, facultativement d’éléments
marginaux.
EN = +NU, +_ MA
Le nucléus est formé d’une base (B) déterminée par un choix sémantique,
et d’un prédicat (PR).36
NU= +B, + PR
NU
_+B +PR
35
Pottier 1974, p.223 et 323
36
Pottier 1974, p.225
39
Le prédicat (PR), but de communication, est toujours présent dans un discours
achevé ; la base peut être réduite à zéro.
La formule générale, indépendamment de la relation pouvant introduire
l’énoncé, sera : 37
EN
+NU
_
+B +PR _+MA
Pierre viendra si tu le veux
A +B, +_ C
Ou encore :
+ _+
B C
En français la base doit être exprimée sous une double forme : un élément libre
et un élément lié sauf dans les lexies ou syntaxies telles que : reste, à savoir,
faut faire vite, pleuvra pas.
La structure normale est donc :
NU
B PR
nous -ions étudi- (nous étudions)38
37 Pottier, 1974 , p.225
38
Pottier, 1974, 249 p.226
40
Sauf que d’autres langues, n’ont pas les mêmes contraintes : en espagnol la
structure normale est :
NU
-mos estudi-
(estudiamos) 39
En langue arabe la base est exprimée sous une double forme :
NU
B PR
nahnou na- -drosso
( nahnou nadrosso )
NU MA
B PR
(sens de « peu après »)40
Etre intégrée au prédicat (adjectivation d’énoncé ou de prédicat) : les nuages
se sont dissipés rapidement.
39
Pottier 1974, 249 p.226
40
Pottier 1974 250 p. 226
41
EN
NU
(Sens de « la dissipation rapide
B PR des nuages »)
LOGT
LOCT
nuages dissipés nuages dissipés
rapidement
rapidement
(« à un moment proche du (« le dissiper est rapide »)
début de l’événement ») ( § 278)
41
Pottier 1974, 251 p. 227
42
+ -
MA NU
B PR
à la tombé a été blessé
de la nuit la biche par le chasseur (modèle casuel du « passif »)
(§ 159)
5.2 Les fonctèmes, constituants de l’énoncé.
5.2.1 les fonctèmes
Les éléments constitutifs de l’énoncé, base et prédicat, prennent un certain
nombre de formes, ou fonctèmes.
En français, la base a toujours la forme nominale. Son élément obligatoire est
un fonctème nominal (fN).Le prédicat peut être soit :
Un fonctème nominal : fN’
Un fonctème adjectival : fA
Un fonctème verbal : fV
42
Pottier 1974, 251 p.228
43
Le fonctème nominal de la base doit être différencié du fonctème nominal ou
prédicat, d’où une représentation différente. fN se caractérise par la présence d’un
verbe auxiliaire W. fN peut se rencontrer également dans le prédicat.
La combinaison des fonctèmes formant l’énoncé est un syntactème.
Le français présente donc trois types de syntactème (combinaison de fonctèmes
formant énoncé).
fN × fN’(I)
fN × fA(II)
fN × fV(III)
Ex : « l’éducation est la première priorité nationale »
EN1
+ NU
+B +PR
fN fN’
Les trois types de fonctèmes ont chacun une structure interne type.
Les formules qui suivent doivent être lues en tenant compte de deux
observations.
Chaque composant est décomposable en plusieurs composantes de même
nature juxtaposés, coordonnés ou subordonnés.
Nous conviendrons de représenter la juxtaposition et la coordination et par la
virgules, la coordination ou par / et la subordination par /.
et fN fN, fN
ou fN fN / fN
Subordination
fN fN \ fN
44
5.2.2 Les divers syntactème « Fonctème nominal »
Le syntactème fN fN’
Le fN est composé d’un relateur et d’un syntagme nominal(SN) il est le seul
apparaître en français comme base, il peut être utilisé également dans les trois
types de prédicats. 43
fN Rel + SN
Le SN est composé
SN d’un groupe substantival obligatoire et d’un (ou plusieurs)
fonctème(s) adjectival (aux) facultatifs (s) :
n
_
SN g.Sb _+ fA
Ex : la première priorité nationale
Le groupe substantival est formé d’un substantif et d’un groupe déterminatif :
g.Sb +Sb, _
+ g.Dét
La priorité
Le groupe déterminatif est formé d’une base (l’article en français) et de
quantificateurs facultatifs :
fN’
43
(Opus cit.p.272).
45
On a deux SE :
SE1 : / Jean être prudent /
SE2 : / Jean rester à la maison /
Une relation « SE2 parce que SE1 » avec un SI de la forme : SE2 (SE1).
Dans ce cas SE1 devient marginal (MA) : parce qu’il est prudent
Etant prudent
Par prudence…
Ce qui va donner lieu à la représentation suivante :44
EN
MA NU
B PR
fN fN fN
B PR
fN fN’
w + fN
(il°) y a du brouillard
44
Pottier 1974, 255 p.232
46
EN
B PR
fN fN
il°
g.W +Fn
WD W
Commence à y avoir du brouillard
(cf. § 283)
W = auxiliaire
g.W = groupe auxiliaire
B PR
fN fV1
du brouillard se forme
Le schème sous-jacent à ces deux derniers exemples est :
Form. (Dès1 < Rel > Dès2 )
« inchoatif » ∃ brouillard
1 2
En vision 1, les exemples (1), (2)
En vision 2, l’exemple (3)
Il se forme du brouillard est l’inchoatif de « il y a du brouillard ».
47
Le fonctème adjectival :
Le syntactème fN fA
Le fonctème adjectival peut être intégré au fonctème nominal, comme on
vient de le voir :
Ex « la première priorité nationale » : fN = Fa1 + g.Sub + fA2
Il peut aussi être incident à l’ensemble du prédicat.
Il peut être accompagné d’un fN.
Il peut être précédé d’un auxiliaire.
D’où la formule générale :
fA _+ W + Adj _+ g.Quant _+ fN
B PR
W + fA
Pierre est très heureux
D’autres langues n’ont pas recours à l’auxiliaire, en particulier lorsqu’il n’y a pas
des formulations spécifiques :
Turc : at / güzel le cheval / est beau
Russe : dom / nov la maison est neuve
Le français a besoin d’une situation phatique :
« Heureux / les pauvres d’esprit »
45
Pottier 1974 256 p. 234
48
Si la base est ø, on a :
Il fait chaux
Dans le type à deux actants (fA2), les composantes essentielles sont
EN
B PR
W + fA +fNAGE
Pierre est interrogé par la police
Le fonctème verbal
Le syntactème fN fv2
Le fonctème verbal est constitué d’un syntagme verbal accompagné
éventuellement (verbes transitifs) d’un ou plusieurs fN et éventuellement d’un
ou plusieurs fonctèmes adjectivaux.
fV +SV +_ fN _
+ fA
SV +g .Vb _
+ g.Wm _
+ WD
49
5.2.3 Les transferts au niveau du fonctème
Le transfert (TR) est un procédé par lequel la fonction d’une séquence est
modifiée selon les choix sémantiques et les besoins combinatoires. 46
Ex : Il y a équivalence fonctionnelle entre
Cette rencontre
Et me fait plaisir
Que tu aies pu venir
Cette rencontre est un fN par nature, alors que : que tu aies pu venir est un fN
par transfert
De même :
que son départ eu ait lieu
Je lui appellerai avant son départ
qu’il parte
Dans ce dernier cas, il est évident qu’il y a option de signifié (dans la forme),
puisqu’il n’y a pas de contrainte combinatoire
46
Pottier 1974, 260 p.236
50
EN
B PR
fN(TR) fA1
W + Fa
B PR
fN fV
maman arrive
47
Pottier 1974, 270 p.269
51
Bilan : 48
fN
_
+Rel +SN
+g.Sb _+ fA
+Sb _+g.Dét
+Dét _+ g.Quant
Fonctème verbal
Bilan :49
48
Pottier 1974 275 p.257
49
Pottier 1974, 285 p.263
52
fV
+SV _+ fA
+g.Vb _+ g.W M
+Vb +_ WD +WM _+ W D
Fonctème adjectival
syntagme
Intermédiaire formels
groupe
Bilan : 50
fA
+Adj _+ g. Quant
50
Pottier 1974, 280 p. 259
53
5.4.2 Les lexis
Le terme de lexie, ou unité lexicale de langue, a été créée par Pottier en
1962. Pottier définit la lexie comme suit:
Une autre définition de Pottier précise que la lexie est une « unité
fonctionnelle mémorisée en compétence, constituée naturellement à
partir du mot, et aussi par des transferts variés.»52
Pottier définit aussi les composantes d’une lexie et les illustre avec la lexie
« parvis » en utilisant la terminologie suivante54
PHONE GRAPHIE
/parvi/ parvis
Lexie : parvis
TAXIE SÉMIE
nom { place devant
l’église}
51 Pottier 1963:10
52 Pottier Navarro 1988:644
53
Pottier [1992:38]
54 Pottier 2012:41
54
Il emploie la phonie pour un signifiant phonique/oral, et la graphie pour un
signifiant graphique/écrit.
Pottier remarque que chaque lexie est naturellement Polyréférentielle,
comme c’est le cas du « nom commun », mais la lexie est aussi
naturellement polysémique. Dans ce cas, Pottier distingue, une polysémie
légère par exemple, branche: arbre ou généalogie et plus lourde par
exemple, cavalerie : armée ou finances. Au-delà, il existe aussi
l’homonymie : perche - poisson ou bâton.55
5.4.3 les types de lexis
La lexie peut appartenir à une catégorie (forme du signifié) ou à des classes
supérieures : à cause de (relateur); prendre garde (verbe) ; mise en facteurs
(substantif) ; c’est le bouquet (énoncé) ; en vérité (fNLOC (N)).56
Pottier distingue trois types de lexie qui sont théoriquement possibles.57
Parmi eux, il y a des lexies qui n’ont que les éléments des lexèmes {L} et qui
n’ont que les éléments des grammèmes {G} : le, pour, encore, très, hier. Et
le troisième type, c’est la lexie qui a les éléments des lexèmes et des
grammèmes {L, G}. Ce type correspond aux substantifs, aux adjectives et
aux verbes : maisonnettes, récentes, couperions.58
Pottier dit qu’une lexie naît d’une habitude associative. En général, il s’agit
d’un lent processus de lexicalisation d’une séquence.
Dans son analyse de la lexie, Pottier découvre trois types de lexie par
rapport à sa forme.59
La lexie simple correspond au « mot » traditionnel dans de nombreux cas :
chaise, pour, mangeait, la. La lexie complexe est une séquence en voie de
lexicalisation, à des degrés divers : la guerre froide, un complexe industriel,
prendre des mesures, feu rouge, bel et bien, hot dogs. Pottier décrit aussi
55 Pottier [2012:42]
56 Pottier [1974:266]
57
Pottier [1992:38]
58 Pottier [1992:38]
59 Pottier [1974:267]
55
un cas particulier de lexie complexe, les sigles. Ce sont les mots qui sont
composés par les initiales : S.N.C.F. (Société Nationale des Chemins de fer
Français). Le sigle peut devenir un nouveau lexème de la langue : «
Confédération générale du travail »- C.G.T. – CGT – cégétiste60
Un autre type de lexie présenté par Pottier, est la lexie textuelle. C’est une
lexie complexe qui atteint le niveau d’un énoncé ou d’un texte : hymne
national, prière, tirade, devinette, proverbe.
5.4.4 les propriétés des lexis
Les lexies peuvent avoir une structure stable, Pottier appelle ce type de
lexie - la lexie figée61 : Elle forme une séquence mémorisée invariable : faire
flèche de tout bois, mettre la main à la pâte, point d’honneur, eau lourde, à
vol d’oiseau.
La lexie variable se compose d’un cadre stable et d’une zone instable, par
exemple :62
premier
« le dernier né »
nouveau
penser
penser
« il y a tout lieu de croire que »63
supposer
60 Pottier [1974:267]
61 Pottier [1974:267]
62 Pottier [1974:267]
63 Pottier 1974, 291, p.267 et 268
56
vert
« le feu rouge »
orange
clignotant
64 Pottier [1974:267]
65 Pottier [1974:267]
57
télé- commande
magnéto- objectif
électro- phone télé- enseignement
gramo- siège
BIGO-
20
Fr. : « Je le lui ai dit 50 fois. »
100
58
Conclusion
59
et détaillée. Il invente et mène les notions, ainsi que donne les
élucidations théoriques qu’il enlumine avec les spécimens des
langues naturelles ce qui apporte la plausibilité de à sa théorie.
60
Bibliographie
61