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L'arbitrage des pratiques sportives : jugement et décision

Fabrice Dosseville, Catherine Garncarzyk


Dans Bulletin de psychologie 2007/3 (Numéro 489), pages 225 à 237
Éditions Groupe d'études de psychologie
ISSN 0007-4403
DOI 10.3917/bupsy.489.0225
© Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/12/2023 sur www.cairn.info (IP: 83.198.156.185)

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bulletin de psychologie / tome 60 (3) / 489 / mai-juin 2007 225

L’arbitrage des pratiques sportives :


jugement et décision
DOSSEVILLE Fabrice*
GARNCARZYK Catherine*

Lors des jeux olympiques antiques, une dizaine jugements humains. Si le nombre d’appellations
de Hellanodikai supervisaient les épreuves (Swad- des officiels des pratiques sportives est grand, entre
dling, 2000). Ils se préparaient, reclus, pendant près le juge de valeur, le juge-arbitre, l’arbitre-assistant,
de dix mois précédant les jeux ; leurs décisions le juge de touche ou l’aide-arbitre, on peut, cepen-
étaient sans appel et les athlètes, ainsi que les dant, rassembler ces officiels sous les termes
entraîneurs, étaient menacés de graves sanctions d’arbitre et de juge. L’arbitre est en charge de la
s’ils ne suivaient pas les règles établies. Ces Hella- direction de la rencontre ; il doit faire respecter les
nodikai, à la fois juges et arbitres, étaient consi- règles et dispose de pouvoirs discrétionnaires. Le
dérés comme les Grecs les plus justes. Aujourd’hui, juge, quant à lui, évalue la valeur d’un acte, selon
des milliers d’arbitres et de juges sont nécessaires certains critères, afin de les classer et/ou de prendre
à chaque discipline sportive à visée compétitive. une décision. Les modalités d’exercice de l’activité
Parfois critiqués et souvent au centre de débats, ils d’arbitrage et de jugement sont très diverses. Sur
sont, de par leur fonction, nécessaires au déroule- le plan topographique, par exemple, l’arbitre peut
ment d’une compétition sportive. En tant que sujet se situer au cœur de la situation sportive (en foot-
de discussion ou objet de conflit, l’activité d’arbi- ball ou en judo par exemple) avec la possibilité de
trage est souvent réduite à un seul de ses aspects : suivre l’action en se déplaçant librement, ou être
la sanction, qu’elle soit évaluative, technique ou totalement extérieur à l’activité sportive et dans
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disciplinaire. Or, la sanction n’est que la manifes- l’impossibilité de se déplacer (les juges en gymnas-
tation concrète d’un processus de décision arrivé à tique). Diverses organisations intermédiaires
son terme. Depuis quelques années, les regards peuvent être observées – position élevée (en tennis
scientifiques se multiplient sur la question de l’arbi- ou volley-ball), mobilité réduite (les arbitres-assis-
trage sportif, aujourd’hui devenu un objet de tants au football) –, etc. La composition du corps
recherche à part entière. Nous proposons, ici, de arbitral, pour une compétition donnée, varie égale-
faire un point sur ces travaux, à la fois sur le plan ment d’un sport à l’autre, tant sur le plan du nombre
théorique et le plan thématique. Nous examinerons, de juges et/ou d’arbitres, que sur celui de la répar-
dans un premier temps, les logiques du jugement tition de leurs rôles respectifs (y compris au sein
et d’arbitrage, en fonction de la diversité des prati- de la famille « sports collectifs », avec des rôles
ques sportives et de leur logique interne, ce qui équivalents, au handball, au sein de la paire d’arbi-
nous permettra de définir les différentes orienta- tres et des rôles spécifiques, au football, au sein
tions théoriques, susceptibles d’être mobilisées d’un trio arbitral), ainsi que sur celui des modalités
pour progresser dans la compréhension des de communication et de consultation, dont ils
processus de décision, dans le cadre de l’arbitrage disposent. Un dernier axe nous paraît important à
sportif. Dans un second temps, nous dresserons un souligner : selon le sport pratiqué, l’arbitre inter-
panorama des thématiques les plus souvent rencon- vient ou non sur l’action sportive en elle-même
trées dans la littérature scientifique sur l’arbitrage (interruption du cours du jeu en sport collectif,
sportif. d’une part, évaluation a posteriori en gymnastique
ou en patinage artistique d’autre part, pour ne citer
que deux exemples contrastés). La multiplicité des
JUGER ET/OU ARBITRER : dimensions, selon lesquelles se différencient les
QUELLE THÉORIE DE LA DÉCISION ? pratiques d’arbitrage, révèle que, sous cette
Le rôle des arbitres varie selon les disciplines
sportives, allant de simples jugements de confor- * Université de Caen Basse-Normandie, UFR STAPS
mité à des processus de décision beaucoup plus de Caen, CRAPS UPRES EA2131, 2 boulevard du Maré-
complexes. Dans certaines disciplines, l’évaluation chal-Juin, 14032, Caen cedex. <fabrice.dosseville@
même de la performance dépend exclusivement de unicaen.fr>.
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appellation, se rangent de nombreuses activités, de l’arbitrage, où les termes récurrents sont :


certes apparentées, mais aussi originales et spéci- évaluer, estimer, juger, diriger, régler, contrôler,
fiques à chacune des activités sportives considé- attester de la conformité à la règle, autant d’expres-
rées. L’établissement d’une typologie peut, alors, sions, qui laissent peu de place à la fantaisie et à
se révéler riche d’enseignements. Ainsi, une l’interprétation personnelle (Garncarzyk, 1994).
récente étude néo-zélandaise (Van Aalst, Daly, Or, dans son activité, l’arbitre décide, opère des
2003) a établi une classification des officiels impli- choix et, s’il est question de choix, c’est bien qu’il
qués dans une trentaine de disciplines sportives. existe différents choix possibles, entre lesquels il
Quatre catégories y sont proposées : va devoir trancher. Les attentes des différents
– les officiels ayant une activité de mesure de acteurs se trouvent, ainsi, parfois déçues et l’arbitre
temps ou de distance ; mis au rang de responsable de cette déception, sans
avoir nécessairement commis une quelconque
– les officiels ayant une faible activité, comme erreur.
en tennis de table ou en squash ;
L’arbitrage des pratiques sportives est souvent
– les officiels ayant un rôle actif, comme en effectué dans un environnement d’une grande
sports collectifs ; complexité, où les incertitudes majeures sont inévi-
– les officiels ayant une activité de jugement, tables et où le rythme est essoufflant, tant au niveau
comme pour les sports de combat ou la physique que cognitif (Helsen, Bultynck, 2004 ;
gymnastique. Kay, Gill, 2003, 2004 ; Krustrup, Mohr, Bangsbo,
Cependant, certaines disciplines combinent arbi- 2002 ; Weston, Helsen, MacMahon, Kirkendall,
trage et jugement. En sports de combat, comme le 2004). Si l’on considère que toute situation sportive
judo ou la lutte, l’arbitre dirige le combat, mais doit être évaluée comme conforme ou non au règle-
évalue également les projections. Duret (2001) a, ment du sport pratiqué et que chaque infraction doit
quant à lui, proposé d’ordonner les différentes être sanctionnée selon la peine prévue par ce règle-
compétitions sportives sur un continuum et, ainsi, ment, alors la question de l’arbitrage paraît, en fait,
de classer les pratiques sportives selon leur sensi- assez simple. Elle peut être vue comme une
bilité aux diverses formes d’injustice. À un pôle, conduite de décision, suivant la théorie de la déci-
se trouvent les épreuves ayant une réglementation sion, largement inspirée de la théorie des jeux, qui
minimale, comme les activités mesurées ou chro- se propose de trouver la solution optimale d’un
problème de décision, à partir d’une formalisation
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nométrées. « La simplicité du règlement limite les
occasions qu’ont les concurrents d’abuser l’arbitre de ce problème, reposant sur une connaissance
ou de pâtir de ses erreurs » (Duret, 2001, p. 148). complète de la situation jugée et des conséquences
À l’autre pôle, on peut retrouver les épreuves, où des différents choix possibles pour le décideur, en
la part d’interprétation est importante et donne fonction des différents évènements susceptibles de
l’occasion d’être décriée, en raison des erreurs ou survenir. Un critère de décision permet de sélec-
injustices des décisions arbitrales. On retrouve, tionner la décision optimale. Un tel critère est « une
ainsi, des activités, comme le patinage artistique et fonction qui associe un nombre à chaque décision
la gymnastique artistique, qui donnent un poids et qui croît avec les préférences du décideur »
essentiel, voire déterminant, à l’appréciation des (Kast, 1993). Le critère de décision, généralement
juges. Enfin, au centre de ce continuum, on trouve appliqué, est celui de l’utilité espérée.
la plupart des sports collectifs, sensibles à certaines Bien que pertinent dans certaines situations et
formes d’injustice, pouvant provenir de décisions utilisé pour analyser certaines pratiques sportives
arbitrales, mais, également, causées par l’argent ou (Collard, 1998), ce modèle théorique semble peu
le dopage. Ainsi, plus les épreuves sont soumises adapté aux décisions arbitrales. En voici quelques
à une réglementation complexe, plus les observa- raisons.
tions sont subjectives jusqu’à être des critères – Aubert (1981) souligne qu’en handball
exclusivement esthétiques. certaines règles sont difficiles à appliquer et parle
À cette complexité s’ajoute une dimension de seuil de tolérance (vis-à-vis des infractions) ; il
propre à toute forme d’arbitrage ou de jugement souligne l’ambiguïté qu’il y a à appliquer les règles,
sportif : l’arbitre est une tierce partie, neutre, non tout en respectant l’esprit du jeu, notion, qui n’est,
directement concernée par le résultat (victoire, d’ailleurs, pas explicitement définie dans le code
défaite, score, performance, record...) de la compé- d’arbitrage et est, par conséquent, laissée... à
tition sportive qu’il a la charge de diriger. En consé- l’appréciation de l’arbitre ; il montre, enfin,
quence, les athlètes, les joueurs, les entraîneurs, les l’importance de l’interprétation personnelle de
médias, le public, nourrissent, à l’égard du corps l’arbitre dans l’application de certains points du
arbitral et de ses représentants, des attentes extrê- règlement, en particulier la loi de l’avantage. La
mement exigeantes et normatives, comme en attes- dimension normative de l’arbitrage se trouve bous-
tent, par ailleurs, les définitions de sens commun culée par ces constats.
bulletin de psychologie 227

– Aubert (1983) relève qu’au cours d’un match les chercheurs accumulent des résultats sur des
national de handball, 70 % des infractions objec- relations de cause à effet partielles ;
tives au règlement ne sont pas sanctionnées : – l’autre adopte une position épistémologique
certaines sont, sans doute, non détectées, d’autres, différente. Ainsi ont émergé des théories intuitives
détectées, mais non sanctionnées. L’arbitrage ne de la prise de décision, qui proposent une autre
semble, donc, pas être une application stricte du modélisation des processus de décision. Ces théo-
règlement qui, d’ailleurs, ici, produirait un arrêt de ries, dites « intuitives » ou « de la prise de décision
jeu en moyenne toutes les dix secondes et dénatu- naturelle », reposent sur des modèles descriptifs,
rerait l’activité sportive. plutôt que normatifs, des stratégies utilisées par des
– L’arbitrage n’est pas une activité pouvant être décideurs experts. Au lieu de ne considérer (comme
étudiée en dehors de la pratique sportive qui lui précédemment) que le choix effectué, ces théories
sert de support (sans arbitre pas de rencontre, mais conçoivent la prise de décision comme un
sans rencontre il n’y a pas d’arbitrage nécessaire). processus cognitif dynamique. En fait, ces théories
Des travaux, comme ceux d’Avanzini et Pfister postulent que les décideurs utilisent des stratégies
(Avanzini, 1993 ; Avanzini, Pfister, 1994) mettent beaucoup moins formalisées et moins systémati-
en évidence les interactions complexes entre déci- ques, mais beaucoup plus rapides, leur permettant
sions arbitrales et comportements des joueurs. ainsi de faire face aux diverses contraintes de
– Les contraintes temporelles, inhérentes aux l’environnement. Elles sont fondées sur une
activités sportives, ne semblent pas permettre la conception systémique des processus de décision.
recherche d’une solution optimale, si tant est Dans le cadre de l’orientation cognitive analy-
qu’elle existe. Alain (1990) précise qu’en squash, tique, Plessner (2005) propose un modèle qui
le défenseur opte pour une décision conforme à la considère les décisions arbitrales comme des juge-
maximisation de la valeur attendue dans moins de ments sociaux : l’hypothèse de base est que les
25 % des cas. Alain propose des explications théo- décisions des arbitres et des juges peuvent être
riques relevant du modèle de la rationalité limitée admises comme un produit de traitement de l’infor-
de Simon (1982). mation sociale. Cela sous-tend qu’il est utile de
– Le rôle des contextes et les effets de cadres différencier les étapes de traitement de l’informa-
sont, de plus en plus, mis en évidence par la tion : perception, catégorisation, processus de
psychologie cognitive, en particulier dans les acti- mémoire et jugement (Fiedler, Bless, 2001). Ainsi,
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vités de jugement et de décision (Cadet, 1998 ; chaque étape de traitement est importante et une
Tversky, Kahneman, 1981). décision erronée ou inappropriée peut, dès lors,
provenir d’une erreur, lors d’une étape ou d’une
Il paraît, donc, nécessaire de proposer une autre. Selon Plessner (2005), les règles et les lois
conception plus globale de l’activité d’arbitrage, explicites (les règles écrites) et implicites (les
qui rende compte de la complexité des situations règles normatives), le contexte physique, le
rencontrées par le décideur et des facteurs qui inter- contexte social et les caractéristiques de l’arbitre
viennent dans les processus de décision. Suivant ou du juge (la personnalité, le niveau d’habileté, la
certains chercheurs en psychologie cognitive, la motivation, les représentations...) sont des facteurs
théorie classique de la décision ne peut s’appliquer, qui influencent les décisions arbitrales. Ceci
en l’état, à des situations réelles, où les objectifs constitue une incitation à concevoir la décision
peuvent être mal définis, où l’incertitude est consi- arbitrale dans une perspective multidimensionnelle.
dérable, où la situation est complexe et dynamique,
et où les décideurs sont généralement expéri- Dans le cadre de l’orientation systémique, les
mentés, mais très pressés par le temps (Cannon- travaux de Klein (1989, 1993, 1997, 1999)
Bowers, Salas, 1998 ; Klein, 1997, 1999). Cette montrent que la reconnaissance de certaines
complexité se retrouve, d’ailleurs, dans des situa- tendances est ce qui permet au décideur, l’arbitre,
tions extrêmement variées, comme, par exemple, par exemple, de prendre des décisions efficaces
dans le domaine de l’administration et de l’organi- sans procéder à une analyse détaillée. Klein a, donc,
sation (Le Moigne, 1974, 1990 ; March, 1981 ; élaboré un modèle : le recognition-primed deci-
Simon, 1982). sion-making (RPD), selon lequel, si une tendance
reconnue active un scénario d’action, le décideur
Les travaux sur l’arbitrage sportif ont, donc, évalue ce scénario en effectuant une simulation
nécessité des évolutions théoriques pour tenir mentale, à l’aide d’un modèle construit par l’expé-
compte des dimensions spécifiques à ce type de rience et l’apprentissage. Des études de cas, réali-
décision. On remarque deux orientations : sées auprès de pompiers et de militaires américains,
– l’une reste analytique, au sens où les travaux ont montré que les décideurs imaginent, par simu-
qui en relèvent cherchent à isoler expérimentale- lation mentale, ce qui devrait se passer en suite
ment, des facteurs qui influencent, voire expli- d’une action particulière, puis adaptent, si besoin
quent, le processus de décision. Dans cette optique, est, le scénario d’action afin de créer une situation
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favorable. Si leur simulation mentale ne parvient contexte de production et les projets et finalités
pas à adapter convenablement le premier scénario qu’il poursuit. Ainsi, le problème de la décision
d’action, ils l’écartent simplement et passent à un n’est pas donné a priori, mais construit par
deuxième, afin de tenter de l’adapter de la même l’arbitre, en fonction de ses stratégies de prise
façon. Les études menées par Klein et ses collabo- d’information, des éléments de contexte, qu’il
rateurs démontrent que, même dans des situations prend en compte, de la représentation qu’il possède
difficiles, les décideurs expérimentés comptent, de ses rôles et fonctions : il établit, ainsi, un
surtout, sur le RPD et non sur les méthodes de diagnostic (phase d’intelligence), pour lequel il
raisonnement analytiques fondées sur les théories propose, ensuite, des solutions adaptées (phase de
classiques de prise de décision. Il ne faut, cepen- conception), plus ou moins nombreuses, en fonc-
dant, pas en conclure que l’intuition est l’opposé tion des contraintes temporelles, très fortes en
du raisonnement logique. D’après ce modèle, la sports collectifs, et aboutit à un choix (phase de
prise de décision arbitrale ne serait pas un simple sélection). Ce modèle souligne la dimension dyna-
choix parmi un certain nombre d’options ou de mique des processus de décision : quelle que soit
routines, comme des stratégies analytiques, mais, la décision prise, elle possède un impact sur le
plutôt, comme une reconnaissance de la situation déroulement de la rencontre sportive (en interrom-
et une réponse, par des moyens appropriés, sur la pant ou non le cours du jeu), constitue un élément
base de représentations, de connaissances préala- du contexte des futures décisions (de l’arbitre
bles et de l’expérience de l’arbitre ou du juge. Le comme des joueurs) en tant qu’élément d’informa-
terme d’intuition est à interpréter selon son sens tion pertinent.
premier de connaissance immédiate, qui ne recourt Dans la pratique, si chaque épreuve sportive
pas au raisonnement, incluant des dimensions ne se trouve pas confrontée aux mêmes diffi-
empiriques et rationnelles ; c’est, en définitive, une cultés d’appréciation et d’évaluation de la perfor-
forme d’expertise, fondée sur les heuristiques, mance (Duret, 2001), un grand nombre de disci-
construites au cours de l’expérience vécue du déci- plines est exposé aux jugements des arbitres. La
deur. Les décisions sont, alors, fondées sur les mission d’évaluation, par rapport à des normes
caractéristiques de la situation ou de la phase de réglementaires, n’est qu’un des aspects de la
jeu considérée, l’expérience, les connaissances et pratique de l’arbitrage sportif. L’arbitrage ne
représentations de l’arbitre ou du juge. L’arbitre ou saurait se réduire à une application stricte du
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le juge doit évaluer l’impact de sa décision, tant règlement. La complexité de l’arbitrage s’étend
sur la continuité du jeu que sur le comportement bien au-delà d’une comparaison à une « règle
d’un joueur fautif, de ses coéquipiers et de ses établie » d’une application de règlement.
adversaires. Il se fonde, alors, sur les connaissances L’intérêt des différents modèles (Garncarzyk,
qu’il a du match, du combat ou du jeu, mais égale- 1994, 1995 ; Klein, 1989, 1993, 1997 ; Plessner,
ment sur ses propres représentations et expériences. 2005) réside dans le fait qu’ils insistent sur un
Dans une perspective systémique de même certain nombre de facteurs impliqués dans les
nature, Garncarzyk (1994) propose d’adapter la prises de décisions des arbitres et des juges en
modélisation des processus décisionnels, conçue sport de compétition et permettent, ainsi,
par Simon (1982) dans un cadre économique et d’appréhender l’arbitrage dans sa complexité.
organisationnel, à l’activité d’arbitrage en sport Ces facteurs constituent des thématiques de
collectif. Cette conception théorique de la décision, recherche actives, sur lesquelles nous tenterons
dite de la rationalité limitée, possède l’avantage de de faire le point. Ainsi, le niveau d’expertise et
prendre en compte les aspects personnels et subjec- l’expérience de l’arbitre semblent être des
tifs de la décision, les projets que le décideur facteurs essentiels, tant pour la connaissance des
élabore quant à son activité, ainsi que le contexte règlements de la discipline, que pour le traite-
de production des décisions, dans une perspective ment des informations et, vraisemblablement, sur
dynamique. « Pour l’essentiel, au lieu de considérer le positionnement de l’arbitre sur le terrain. Les
la décision comme un résultat analysable et disjoi- représentations des arbitres et ses décisions anté-
gnable, la modélisation systémique propose de la rieures, la réputation des athlètes ou des équipes
considérer comme un processus de traitement peuvent également influer, de manière impor-
d’information séquentiel et projectif, se dévelop- tante, sur les décisions. Enfin, il existe, dans
pant au sein de l’organisation complexe dont il certaines disciplines, des règles implicites, non
n’est pas séparable » (Simon, 1991). Un aspect écrites dans les règlements des compétitions, qui
intéressant de ce modèle tient au fait que le ont, parfois, un effet notable sur les décisions et
processus cognitif de décision n’est pas enclenché jugements arbitraux. Nous dressons, ici, un pano-
chez l’arbitre par un événement, en tant que tel, rama des facteurs impliqués dans la prise de déci-
mais par l’évaluation d’un décalage entre ce que sion des juges et des arbitres et qui ont déjà fait
l’arbitre perçoit de l’action sportive dans son l’objet de travaux scientifiques.
bulletin de psychologie 229

LES DIFFÉRENTS FACTEURS montré que ce groupe améliorait significativement


INFLUENÇANT LA DÉCISION ses jugements, comparativement à un groupe
témoin. L’auteur explique que ces arbitres ont
De nombreux facteurs semblent influencer la appris à utiliser des indices perceptifs dans
décision dans les pratiques sportives. Ainsi, l’évaluation du point d’impact, améliorant ainsi
l’expertise, acquise au cours de la pratique, est leurs capacités à juger les balles difficiles. Dans le
souvent considérée comme une condition essen- cadre d’une enquête sur la diversité des représen-
tielle à la qualité de l’arbitrage et des jugements. tations de l’arbitrage, au sein du corps arbitral de
Ce niveau d’expertise est également étroitement lié la Fédération française de handball, Garncarzyk
à la qualité du positionnement. Toutefois, d’autres (1995) constate que le nombre d’années de pratique
connaissances, comme les représentations sociales, est de loin la première des caractéristiques de
les stéréotypes, croyances et attentes des officiels, l’arbitre, que citent les arbitres eux-mêmes, comme
sont autant de facteurs, qui peuvent entraîner des ayant un fort impact sur la pratique de l’arbitrage ;
prises de décision inappropriées. elle est, vraisemblablement, un facteur important
de confiance et de résistance aux diverses
L’expertise des arbitres et juges contraintes et pressions. À une question plus
La connaissance des règles et des lois constitue précise sur la gestion de la marge d’interprétation
la principale différence entre les jugements des laissée aux arbitres par le règlement, les facteurs
pratiques sportives et les jugements généralement les plus souvent avancés sont : l’expérience en tant
étudiés en cognition sociale. Dans de nombreux qu’arbitre, puis l’expérience en tant que joueur ou
contextes, les années de pratique et le niveau ancien joueur. L’accumulation d’expériences est,
d’expertise sont souvent considérées comme un donc, bien perçue comme un apport de connais-
indicateur de qualité de la prise de décision sance et un affinement de la maîtrise de l’arbi-
(Omodei, McLennan, Wearing, 2005 ; Shanteau, trage ; il n’en reste pas moins que c’est un terme
1999 ; Shanteau, Friel et coll., 2005 ; Shanteau, assez général, qui recouvre potentiellement des
Weiss et coll., 2002). Dans le domaine du sport, il réalités diverses. Les critères de l’expertise sont
existe, ainsi, différents niveaux d’arbitrage dans éminemment complexes ; à titre d’illustration, lors
chaque discipline sportive, le nombre d’échelons d’un entretien, un arbitre de haut niveau en hand-
variant largement. Selon les disciplines sportives, ball a retracé, ainsi, son évolution au cours de sa
la promotion s’effectue par des tests écrits et/ou carrière d’arbitre : « (...) voir de plus en plus de
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pratiques, parfois sur proposition d’une commis- choses pour en sanctionner de moins en moins et
sion d’arbitrage, mais toujours après un certain de manière de plus en plus pertinente » ; l’exper-
temps de pratique et de stages. Certaines disciplines tise, ici, consiste en la recherche pertinente d’infor-
recommandent même l’arbitrage à un très jeune âge mations, la sélection et le choix de ce qui doit être
avec des groupes de jeunes arbitres dans quelques sanctionné et la manière de le faire.
sports duels (judo, escrime, tennis).
Si les juges et arbitres expérimentés semblent
Les arbitres et les juges attestent volontiers que porter des jugements plus précis, il se peut qu’ils
l’expérience contribue à développer leur expertise ne rencontrent pas les mêmes limitations de trai-
et, dans de nombreuses situations de décision, cette tement que des débutants (Sainte-Marie, 2001).
expérience semble être un indicateur de la qualité Les arbitres expérimentés ont des connaissances
de la prise de décision, parfois même présentée spécifiques, qui les aident à économiser des capa-
comme un déterminant crucial de la précision des cités de traitement. Ils savent quelle information
décisions (Garncarzyk, 1994 ; Mascarenhas, est appropriée et quelles sont les interrelations
Collins et coll., 2002). Les arbitres expérimentés, typiques parmi les variables les plus pertinentes.
souvent qualifiés d’experts, auraient besoin de Pourtant, Plessner et Betsch (2002) soulignent
moins de réactions de l’environnement pour que, contrairement aux expertises d’autres
prendre leurs décisions ou pour juger dans des domaines, l’expertise sportive arbitrale est, la
délais de temps courts (Jendrusch, 2002 ; Masca- plupart du temps, acquise dans un environnement
renhas, Collins et coll., 2002 ; Plessner, Betsch, qui ne fournit que peu de rétroaction. Ainsi,
2002 ; Plessner, Schallies, 2005). L’environnement l’entraînement à la prise de décision à l’aide de
connu pourrait donc aider à améliorer la prise de rétroactions appropriées devrait faciliter l’atteinte
décision des arbitres. Par exemple, pour un arbitre d’un niveau d’habileté élevé (Jendrusch, 2002 ;
de chaise, en tennis, le jugement est, parfois, objec- Mascarenhas, Collins et coll., 2005). Masca-
tivement impossible, la vitesse de la balle étant trop renhas, Collins et coll. (2005) ont ainsi montré
rapide pour le système visuel humain. Pourtant, en qu’un programme d’entraînement fondé sur un
proposant, à un groupe expérimental d’arbitres de travail vidéo, dans la perspective de l’arbitre,
tennis, une rétroaction indiquant précisément le pouvait aider les arbitres de rugby à améliorer et
point d’impact de la balle, Jendrusch (2002) a à développer leur expertise.
230 bulletin de psychologie

Néanmoins, des arbitres ou des juges experts, les arbitres assistants se déplaçaient plus rapidement,
ayant une connaissance parfaite des règles et des montrant que, en plus de leur position, la vitesse de
lois, peuvent éprouver des difficultés et, même, déplacement affectait la qualité des jugements du
prendre une mauvaise décision. Par exemple, la hors jeu (Oudejans, Bakker et coll., 2005). En sport
situation de l’arbitre, parfois évoquée dans les individuel, comme en gymnastique, Plessner et
textes officiels, est un facteur qui peut largement Schallies (2005) ont également montré un effet
influencer une décision. Ce facteur joue générale- important du niveau d’expertise des juges. En effet,
ment un rôle mineur en psychologie sociale, mais la position de ces juges n’est pas clairement décrite
peut être déterminant dans les prises de décision dans le règlement officiel gymnique. Dans cette
arbitrales. Ainsi, des erreurs de jugements survien- étude, des juges expérimentés et des juges novices
nent, même avec des arbitres ou des juges expéri- devaient juger de la position des bras de gymnastes
mentés, dans des conditions naturelles (Ford, masculins tenant une « croix » sur des anneaux, par
Gallagher et coll., 1997 ; Oudejans, Bakker et coll., rapport à un axe horizontal. Les auteurs ont montré
2005 ; Oudejans, Verheijen et coll., 2000). Cela que les juges expérimentés obtenaient de meilleures
signifie-t-il qu’un grand nombre d’années de estimations que les novices. Toutefois, les jugements
pratique ne mène pas systématiquement à une plus des experts étaient encore influencés par leur posi-
grande précision des décisions ? tion ; le taux d’erreur augmentant avec la déviation
Soulignons, ici, la difficulté d’appréhender la de leur vue frontale.
« variable expérience » dans une perspective par Centrées sur le niveau d’expertise des arbitres et
trop analytique, parfois, un bien, parfois, un mal : juges, les recherches ont montré que la connais-
les résultats semblent paradoxaux, voire contradic- sance des règles et une position correcte pouvaient
toires. En revanche, dans une perspective systé- aider les officiels dans leurs prises de décision et,
mique, l’expérience joue un rôle essentiel dans ainsi, avoir un effet positif sur la performance. On
l’élaboration d’heuristiques de plus en plus perfor- invoque, pourtant, parfois, le problème de l’expé-
mantes. L’expérience n’est pas un réducteur rience en tant que pratiquant. Si certains sports
d’erreur au coup par coup, mais un facteur amélio- duels, comme le judo ou l’escrime, proposent des
rant l’activité d’arbitrage dans sa globalité (cohé- formations arbitrales aux plus jeunes, les critiques
rence, communication, adaptation aux incidents à l’égard d’arbitres n’ayant pas un vécu de compé-
critiques et situations exceptionnelles...), ce qui ne titeur se multiplient. Ces arbitres jugent-ils d’une
signifie pas nécessairement qu’elle permet
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manière différente ? N’offrent-ils pas la même
d’atteindre l’objectif « zéro défaut ». importance à certaines phases de jeu ou de
combat ? Nous sommes, là, au cœur de questions,
La position de l’arbitre qui relèvent de conflits de rôles, particulièrement
La vivacité et la vitesse des joueurs, les enjeux des aiguës, quand les enjeux sportifs, voire financiers,
rencontres, sont tels que les arbitres peuvent éprouver sont importants (l’arbitre en effet ni ne gagne, ni
des difficultés à prendre une décision. L’angle visuel ne perd la rencontre sportive...).
duquel les juges et arbitres perçoivent la situation Il existe encore d’autres formes de connais-
sportive est, donc, très important. On comprend aisé- sances ou de représentations, accumulées égale-
ment l’importance de l’emplacement des arbitres, ment par l’expérience, qui ont un impact sur les
lors de la prise de décisions du hors-jeu en sports processus décisionnels. Elles regroupent toutes les
collectifs. Oudejans, Verheijen et coll. (2000) ont, informations susceptibles d’être mobilisées dans
ainsi, constaté que le pourcentage élevé d’erreurs, le traitement cognitif des arbitres et, ainsi, d’avoir
dans les décisions de position de hors-jeu en football, un poids sur leurs décisions. Certaines sont consti-
était principalement imputable à un mauvais empla- tutives de l’expertise (au sens positif du terme),
cement de l’arbitre-assistant et, plus spécifiquement, car elles constituent une économie cognitive :
à sa perception visuelle ou, plutôt, à la projection c’est une culture approfondie de la pratique spor-
optique sur la rétine. Cet arbitre-assistant doit se tive arbitrée, l’automatisation de certaines
trouver sur la ligne du dernier défenseur, mais les routines d’évaluation, la familiarisation avec les
résultats montrent qu’il se place en moyenne à 1,18 incidents techniques ou humains, l’habitude de
m en arrière de cette position idéale, c’est-à-dire entre résister aux tentatives de pression, etc. D’autres
le dernier défenseur et le gardien de but. Les auteurs peuvent éventuellement altérer les jugements : des
ont, ainsi, montré quels types d’erreurs (signaler un attentes trop personnalisées envers certains
hors-jeu, alors qu’il n’a pas eu lieu ou ne pas signaler acteurs de la rencontre sportive (soit de prestige
un hors-jeu) pouvaient intervenir lors de la décision sportif, soit d’agressivité ou de performance
du hors-jeu selon l’aire d’attaque (proche ou éloignée attendue), des connaissances préalables, qui
de l’arbitre assistant) et selon la position de l’atta- conduisent à négliger des informations perti-
quant (à droite ou à gauche de l’attaquant). En outre, nentes, etc. Ces connaissances pourraient, ainsi,
un plus grand nombre d’erreurs était observé lorsque avoir une influence négative sur les décisions.
bulletin de psychologie 231

L’expérience : des connaissances qui peuvent perception de l’agressivité chez les arbitres. Ce
se révéler inappropriées type de croyance sur les caractéristiques physiques,
les compétences, les traits de personnalité et les
On ne compte plus les critiques des médias ou dispositions émotionnelles (Deaux, Lafrance,
du public à l’égard de décisions prises eu égard au 1998) pourraient, ainsi, influencer la prise de déci-
classement ou au statut de vedette d’un athlète. sion, d’une manière pouvant sembler paradoxale,
L’arbitre peut surestimer la projection d’un judoka puisque les règlements sportifs diffèrent rarement
titré, ne pas sanctionner les comportements agres- entre les femmes et les hommes.
sifs d’une vedette du tennis ou classer un couple
de danseurs a priori ou en fonction de sa nationa- D’autres études, menées en gymnastique spor-
lité. La réputation ou le statut des participants pour- tive, ont montré l’influence de représentations préa-
rait, donc, influencer les décisions arbitrales (Jones, lables que des juges peuvent avoir et, ainsi, le fait
Paull, Erskine, 2002 ; Lehman, Reifman, 1987 ; que la mémoire peut être impliquée dans le juge-
Rainey, Larsen et coll., 1989). ment de certaines pratiques sportives (Sainte-
Marie, 2003 ; Sainte-Marie, Lee, 1991 ; Sainte-
Plus encore, Frank et Gilovich (1988) estimaient Marie, Valiquette, 1996). Dans un premier temps,
qu’il existait une association culturelle entre la des juges visionnaient une série d’éléments gymni-
couleur noire et l’agressivité. Dans l’une de leurs ques simples et décidaient si la performance était
expériences, les résultats montraient que les arbi- parfaite ou imparfaite. Dans la seconde partie de
tres en football américain et en hockey sur glace l’expérimentation, les gymnastes effectuaient des
pénalisaient plus souvent les joueurs évoluant en éléments plus complexes, mais partageant tout ou
maillot noir que les joueurs habillés de blanc, partie du premier élément gymnique. Certains
suggérant que les arbitres percevaient plus d’agres- gymnastes manifestaient, alors, le même niveau de
sivité ou d’intention d’agression chez les joueurs performance que dans la première partie, alors que
habillés de noir. Plus récemment, Jones, Paull et d’autres manifestaient une performance contraire.
coll. (2002) ont proposé, à deux groupes d’arbitres Les résultats ont montré que les jugements, lors de
de football, une cinquantaine de scénarios vidéo, cette seconde phase, étaient influencés par la mani-
consistant en des phases de jeu, montrant des fautes pulation expérimentale : lorsque les performances
classées, par des experts, en trois catégories : fautes entre la première et la seconde phase différaient,
certaines, fautes incertaines et fautes inexistantes. les jugements étaient moins justes (Sainte-Marie,
Préalablement, il était indiqué, au groupe expéri-
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Lee, 1991). Les juges semblaient surestimer une
mental, qu’une des deux équipes, en maillot bleu, performance manquée dans la seconde phase,
avait une réputation d’équipe agressive, faisant lorsque le gymnaste avait présenté, dans un premier
régulièrement de nombreuses fautes. Bien qu’il temps, une performance parfaite. Ce jugement se
n’existât pas de différence dans le nombre de déci- répétait si les deux phases expérimentales étaient
sions prises par les deux groupes d’arbitres, le séparées d’une semaine (Sainte-Marie, Valiquette,
groupe expérimental a, cependant, accordé un plus 1996) et même lorsque la performance, jugée lors
grand nombre de cartons jaunes et rouges que le de la première phase, était indépendante et diffé-
groupe témoin. On peut toutefois préciser que la rente de celle jugée par la suite (Sainte-Marie,
réputation d’une équipe agressive est susceptible 2003). Ces travaux de Sainte-Marie et coll.
d’influencer les décisions arbitrales dans le cas plus montrent encore l’influence de représentations ou
précis d’actions ambiguës, et non lors d’incidents d’expériences préalables sur les jugements. Pour-
clairs. Cependant, il semble nécessaire d’évaluer et tant, il arrive parfois, à certains arbitres, de juger
de préciser l’influence de la réputation d’une des athlètes qu’ils ont maintes fois rencontrés dans
équipe, de joueurs et même d’athlètes en sport indi- une même saison, sans compter les arbitres, arbi-
viduel sur le comportement et les décisions des trant ou jugeant leurs propres élèves ; ou, encore,
arbitres et juges en situation plus naturelle. lors de compétitions dans lesquelles un même
Quelques études se sont également intéressées arbitre est amené à intervenir plusieurs fois dans
aux croyances liées au sexe des athlètes. La une même journée. Un arbitre en sports de combat
tendance des hommes à manifester plus d’agressi- peut arbitrer, ainsi, un même combattant plusieurs
vité que les femmes a souvent été montrée (Conroy, fois en l’espace de quelques heures. Les juges en
Silva et coll., 2001 ; Coulomb-Cabagno, Rascle et gymnastique artistique doivent assister aux entraî-
coll., 2005 ; Souchon, Coulomb-Cabagno et coll., nements sur podium, quelques jours avant la
2005). Il a également été montré que les arbitres compétition, afin d’assimiler les liaisons difficiles
de football et de handball pénalisaient plus souvent pour donner rapidement les notes de départ.
les actes transgressifs des joueuses que ceux des On voit que beaucoup de travaux se sont attachés
joueurs (Coulomb-Cabagno, Rascle, Souchon, à relever l’influence négative, du point de vue de
2005 ; Souchon, Coulomb-Cabagno et coll., 2004). l’équité, des connaissances, des croyances et des
Les stéréotypes de sexe pourraient influencer la attentes de l’arbitre. Ces attentes ont, sans doute,
232 bulletin de psychologie

par ailleurs, des dimensions positives (vigilance autre exemple est le fait que les entraîneurs de
accrue, prévention de la violence...). C’est dans gymnastique sportive placent les gymnastes
l’équilibre de ces influences et de leurs consé- concourant par équipe dans un ordre de passage
quences que peut s’évaluer la « neutralité » de allant du plus faible au meilleur, sans qu’aucune
l’arbitrage, car il n’est humainement ni possible ni règle explicite ne le précise. Il a été montré que
souhaitable d’éliminer le facteur « attentes cette règle implicite peut largement influencer
construites par l’expérience ». l’évaluation des performances, par exemple,
Dans une perspective plus globale, Garncarzyk lorsqu’un gymnaste se présente en première ou en
(1994, 1995) tente de mesurer l’impact de la repré- dernière position dans son équipe (Ansorge, Scheer
sentation de l’arbitrage (rôle, missions, fonctions, et coll., 1978 ; Plessner, 1999 ; Scheer, 1973).
etc.) sur l’ensemble du processus de décision des Plessner (1999) a ainsi manipulé l’ordre d’appari-
arbitres et, en définitive, sur les décisions et les tion d’un même gymnaste sur du matériel vidéo,
sanctions qu’ils prennent. De ses travaux se déga- présentant, à la moitié des juges, la performance en
gent six représentations assez contrastées de l’arbi- première position de l’équipe et, à l’autre moitié,
trage (« dilettante », « non-interventionniste », en dernière position. L’auteur a, ainsi, montré que
« autoritaire », « pragmatique », « stressé » et le niveau de difficulté attribué à l’élément
« théoricien »), sans qu’elles puissent être hiérar- gymnique présenté était influencé par les attentes
chisées de la meilleure à la moins bonne, ni même des juges. Néanmoins, depuis les jeux olympiques
mises en correspondance terme à terme avec un d’Athènes, en 2004, cette distorsion pourrait dispa-
niveau de pratique donné. Ces représentations raître. En effet, si les équipes de gymnastique artis-
correspondent, en fait, à des conceptions différentes tique restent constituées de six athlètes, seuls,
de l’arbitrage (des attentes différentes, des priorités quatre (en qualification) ou trois d’entre eux (en
différentes...) et attestent de ce que les objectifs et finale), se présentent pour chaque agrès, limitant
les finalités, poursuivis dans le cadre de leur acti- les différences entre les gymnastes de haut-niveau
vité d’arbitrage, sont différents selon les arbitres, d’une même équipe.
contrairement à ce que peuvent laisser supposer les Il existe, par ailleurs, d’autres règles non écrites,
définitions normatives de l’arbitrage. Garncarzyk qui peuvent être adoptées par les arbitres ou juges
(1994) constate que les décisions prises sont, sur eux-mêmes (Plessner, Betsch, 2001 ; Rainey,
certains aspects, comme la propension à sanc- Larsen et coll., 1993). Ainsi, il est souvent inféré
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tionner l’équipe attaquante (en handball) ou le laps que les arbitres tendent à faire certaines conces-
de temps entre l’infraction et l’intervention, d’une sions dans leurs prises de décisions. Plessner et
part, différentes selon le type de représentation (et, Betsch (2001) ont, par exemple, demandé, à des
donc, les attentes qu’elles génèrent), d’autre part, arbitres de football, de prendre des décisions sur
en cohérence avec lesdites représentations, ce qui vingt phases de jeu enregistrées d’un match de
semble confirmer que ces dernières sont bien mobi- première division espagnole, dont trois montraient
lisées, de manière globale, dans les processus de des fautes potentielles dans la surface de répara-
décisions. Pour autant, les résultats ne montrent pas tion. Les deux premières phases impliquaient la
une supériorité de tel ou tel mode de représentation même surface de réparation, alors que la troisième
et de décision dans la pratique de l’arbitrage : ils survenait dans la surface de réparation adverse. Les
mettent des différences en relief. Une fois encore, résultats ont montré une corrélation négative entre
la qualité globale de l’arbitrage ne semble pas les décisions de coups de pied de réparation succes-
réductible à la juxtaposition de décisions considé- sifs, concernant la même équipe et une corrélation
rées isolément. positive entre les décisions la première phase de
jeu et celle survenant dans le camp opposé,
Fonction normative de régulation et marge montrant que les décisions des arbitres étaient
d’interprétation : un paradoxe ? influencées par leurs décisions préalables.
S’il semble exister des connaissances utiles et
L’influence des autres
d’autres inappropriées, qui influencent les déci-
sions arbitrales, d’autres facteurs peuvent encore La réponse des autres participants impliqués dans
peser sur les jugements des arbitres. Il existe, dans les compétitions sportives, comme les décisions des
quelques disciplines sportives, des règles non autres officiels (Scheer, Ansorge, Howard, 1983 ;
écrites, des normes sociales implicites, partagées Wanderer, 1987), les réactions des entraîneurs, du
par l’ensemble des athlètes, entraîneurs et arbitres. public ou des médias, peuvent également influencer
La gymnastique sportive est, ainsi, une discipline les décisions arbitrales. De nombreuses études ont
compétitive, dans laquelle il y a de nombreuses pu montrer qu’il existait un avantage à jouer à
règles non-écrites. Comme nous l’avons souligné domicile pour les équipes de sports collectifs (pour
auparavant, il n’existe aucune indication concer- une revue, Nevill, Holder, 1999) et cet avantage
nant la position des juges pour certains agrès. Un augmenterait avec le nombre et la densité des
bulletin de psychologie 233

spectateurs dans le stade (Agnew, Carron, 1994 ; facteurs conjointement, sans que l’on sache ici
Jones, Bray et coll., 2001 ; Nevill, Newell, Gale, lequel est prépondérant : l’intention explicite de ne
1996). Des études ont, ainsi, montré que les équipes pas intervenir prématurément et l’allongement du
« visiteuses » étaient plus souvent pénalisées par processus de décision en contexte difficile.
les arbitres de football (Avanzini, Pfister, 1991 ;
Nevill, Newell, Gale, 1996 ; Sutter, Kocher, 2004)
CONCLUSION
et de basket-ball (Varca, 1980 ; Lehman, Reifman,
1987). Une explication pourrait être l’influence de Un certain nombre de facteurs (connaissances
ce public sur les décisions arbitrales. Les specta- préalables, attentes, normes sociales, croyances),
teurs provoqueraient des fautes plus nombreuses dont on pourrait penser qu’ils constituent des
chez les « visiteurs » ou influenceraient la percep- distorsions, sont, en fait, constitutifs de l’activité
tion des arbitres et arbitres-assistants (Nevill, d’arbitrage. Il paraît nécessaire de mener une
Holder, 1999 ; Nevill, Balmer, Williams, 2002). discussion sur les notions de bonne et mauvaise
Nevill, Balmer et Williams (2002) ont présenté, à décision arbitrale. La théorie de la rationalité
des arbitres de football, des phases de jeu tirées limitée de Simon (1982) permet d’aller au-delà des
d’un match anglais de Premier League. La moitié premières impressions et des idées préconçues, en
des arbitres observaient la vidéo avec les réactions affirmant que les situations complexes de décision
originales du public et les autres sans aucune (et l’arbitrage en est une) ne possèdent, d’une part,
rétroaction. Le premier groupe d’arbitres ne sifflait pas toujours une solution optimale, et n’offrent,
que très peu de fautes de la part de l’équipe qui d’autre part, pas nécessairement au décideur les
jouait à domicile, ce qui démontre l’avantage qu’il conditions (les informations, le temps...)
y a à jouer à domicile. Les auteurs suggéraient que d’atteindre cet optimum quand il existe. Simon
les réactions du public pouvaient servir d’indice explique que de nombreux problèmes de décision
pour les prises de décision arbitrale en football. La sont surmontés grâce à des heuristiques de raison-
question peut, alors, se poser pour toute discipline nement, qui permettent d’élaborer des décisions
sportive réunissant un grand nombre de spectateurs, satisfaisantes, au regard de la multitude des critères
en sports collectifs, mais également en sports indi- à satisfaire. Cette orientation permet d’appréhender
viduels : comment les réactions du public peuvent- les registres de l’activité sportive qui offrent, de
elles influencer les décisions arbitrales ? Le spec- fait, une place importante à l’interprétation de
l’arbitre. Cela concerne toutes les pratiques spor-
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taculaire incident autour de la performance du
gymnaste Alexei Nemov lors des Jeux olympiques tives incluant dans leur règlement une loi de l’avan-
de 2004, à Athènes, illustre bien que ce n’est pas tage, les situations nécessitant d’évaluer l’inten-
une question futile. La multitude des travaux tionnalité d’un geste ou d’une action, la
atteste, cependant, que ce phénomène ne peut se progressivité des sanctions disciplinaires et autres
réduire à une relation simpliste de cause à effet. conditions similaires. Dans ces contextes, des
Enfin, un autre facteur, qui peut être pris en compte expressions telles que « mauvaise décision » ou
dans la prise de décisions arbitrales, a été observé « erreur d’arbitrage » n’ont pas véritablement de
chez des arbitres de basket-ball américains. Une légitimité intrinsèque : les décisions prises ou à
étude a montré que, lorsque des matchs de basket- prendre sont à comprendre (voire juger) relative-
ment à l’ensemble des situations sportives enchaî-
ball, de collège, étaient retransmis par des chaînes
nées, donc, de manière dynamique, afin d’évaluer
de télévision nationale, les arbitres sanctionnaient,
la cohérence de la globalité de l’activité décision-
de manière disproportionnée et inappropriées
nelle. L’arbitrage sportif n’est, bien sûr, qu’un
l’équipe qui menait (Thu, Hattman et coll., 2002).
exemple parmi d’autres : en effet, le rôle des
Les auteurs suggèrent que ce comportement, de la
contextes et les effets de cadres sont de plus en
part des arbitres, favoriserait le suspense, permet-
plus soulignés par la psychologie cognitive, en
tant ainsi d’attirer et de maintenir les téléspecta-
particulier dans les activités de jugement et de déci-
teurs en haleine. La question de l’enjeu de la
sion (Cadet, 1998 ; Tversky, Kahneman, 1981).
rencontre et de chaque action de jeu semble, alors,
primordiale. D’ailleurs, Garncarzyk (1994) montre L’arbitrage sportif est, ainsi, une activité
que, dans les situations de jeu à fort enjeu en hand- éminemment complexe, qui joue un rôle essentiel
ball (fin de rencontre, score serré par exemple), le dans la pratique sportive de compétition. Cette
délai de latence entre l’infraction et l’intervention complexité peut être mise en évidence selon
s’allonge : plus la décision de l’arbitre risque d’être plusieurs dimensions, spécialement :
lourde de conséquences, plus le délai d’interven- – la diversité des configurations de jugement et
tion est long, permettant aux joueurs de garder d’arbitrage suivant la pratique sportive concernée
l’initiative plus longtemps et de faire la différence (logique interne de l’activité) et les modalités d’exer-
sur le plan du jeu et non sur celui du règlement. cice de cette pratique (professionnelle par rapport à
La cause de cet allongement est explicable par deux amateur, haut-niveau par rapport à loisir...) ;
234 bulletin de psychologie

– la variété des enjeux rencontrés, engendrée par appréhender et comprendre les processus de déci-
les rôles et statuts respectifs des différents acteurs sion en situation complexe et, d’autre part, des
de la rencontre sportive, l’évolution du rapport à la perspectives d’application dans le soutien et l’aide
règle, tant dans une perspective éducative, au à la décision, pour les arbitres et les techniciens, la
niveau des individus, que dans une orientation réflexion argumentée sur les modalités d’arbitrage
socioculturelle, l’apparition, dans le « débat (binômes, usage de la vidéo en temps réel...), ainsi
public », de la question de l’arbitrage, comme sujet que dans la formation initiale et continue des arbi-
de société ou, à tout le moins, comme objet de tres. Les avancées dans ce domaine reposent sur la
médiatisation ; nécessaire articulation pluridisciplinaire de regards
scientifiques (psychologie cognitive, psychologie
– les processus de décision de l’arbitre, à propos
sociale, anthropologie cognitive, sociologie...),
desquels, nous soulignons : la subtile articulation
permettant de mettre au point des protocoles
entre expérience et expertise, qui devra, nécessai-
d’étude innovants. En tout état de cause, la pour-
rement, être objectivée par de nouvelles recher-
suite de la compréhension de l’activité de décision
ches, le rôle essentiel des représentations, connais-
dans l’arbitrage sportif nécessite la mise en œuvre
sances antérieures et heuristiques de jugement,
de travaux pluridisciplinaires, appuyés sur des
oscillant entre économie cognitive, recherche de
méthodologies originales, comme celle de Rix, par
cohérence, rationalisation et distorsions conduisant
exemple (Rix, 2003, 2005 ; Rix, Biache, 2004). Rix
à des erreurs de jugement, la multitude des
expose, ainsi, une méthode reliant dialectiquement
éléments de contexte, constitutifs du système de la
une qualité d’image, nommée perspective subjec-
rencontre sportive (le public, les différents enjeux
tive située et une nature particulière d’entretien,
sportifs...), la complémentarité entre la dimension
centré sur la phénoménologie du vécu de l’acteur,
explicite de la règle et la dimension implicite de
appelée « entretien en re-situ subjectif ». Le texte
ses modalités d’application, qui constitue, vraisem-
analyse les conditions épistémologiques et métho-
blablement, un des moteurs de l’évolution des
dologiques de cette procédure, en la comparant à
règlements et des techniques sportives.
d’autres, qui adoptent des objectifs de même ordre.
Les questions qui restent à explorer sont L’entretien en re-situ subjectif s’affirmerait comme
nombreuses. Elles offrent, d’une part, un intérêt une méthode scientifique de validation d’une
scientifique certain pour qui cherche à mieux phénoménologie de l’expérience.
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