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La patience et la hâte

Dominique Simonney
Dans Essaim 2013/1 (n° 30), pages 47 à 58
Éditions Érès
ISSN 1287-258X
ISBN 9782749237350
DOI 10.3917/ess.030.0047
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La patience et la hâte

Dominique Simonney

Dans les premières années de mon activité psychanalytique,


je rencontrais la plus grande difficulté à amener les malades à rester ;
ces difficultés se sont depuis longtemps déplacées,
à présent je dois m’efforcer avec angoisse de les obliger aussi à s’arrêter 1.

La patience est-elle un élément indispensable au savoir-faire de l’ana-


lyste ? Le patient, lui, se doit… de l’être, et l’analyste ne saurait répondre
à ses demandes d’accélération du processus de guérison. Le plus souvent,
la cure analytique permet que se tarisse ce type de demande. Il arrive alors
que ce soit du côté de l’analyste que se manifeste quelque impatience.
Celle-ci se trouve alors, comme la résistance, du côté où on ne l’atten-
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dait pas : celui de l’analyste. Résiste-t-il alors à ce qu’implique sa pratique ?
Certes il peut trouver le temps long, celui même qui a fait évoquer à Freud
l’interminable d’une analyse.
Un mieux-être dont peut témoigner le patient, la levée de certains de
ses symptômes ne signe pas la terminaison d’une analyse, sauf à la réduire
à une psychothérapie. Cette terminaison a connu, de Freud à Lacan, en
passant par bien d’autres, dont Ferenczi, de multiples définitions, qui
toutes dénotent une certaine position, qui implique non seulement l’idée
que se fait l’analyste de l’inconscient, mais aussi celle qu’il se fait de sa
place dans le transfert de son analysant.
La patience se tient au cœur même du déroulement de la séance. Elle a
pour corollaire la hâte, qui n’est pas impatience, mais pertinent usage de la

1. S. Freud, Sur l’engagement du traitement (1913), Œuvres complètes, t. XII, Paris, Puf, 2006, p. 170 –
GW VIII, Zur Einleitung der Behandlung, p. 462.

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temporalité. Une interprétation ou une scansion « n’attend pas », ou alors,


il faudra « patienter » jusqu’à ce que l’occasion d’intervenir se représente.
Lacan fait cette remarque dans le séminaire Le Sinthome : « Il arrive que
je me paye le luxe de contrôler, comme on appelle ça, un certain nombre de
gens qui se sont autorisés d’eux-mêmes à être analystes, selon ma formule.
Il y a deux étapes. Il y a celle où ils sont comme le rhinocéros. Ils font à peu
près n’importe quoi, et je les approuve toujours. Ils ont en effet toujours
raison. La deuxième étape consiste à jouer de cette équivoque qui pourrait
libérer du sinthome 2. » On remarque l’humour ambigu du « ils ont en effet
toujours raison », rapporté au « ils font à peu près n’importe quoi ». Lacan,
en bon analyste, a toujours laissé ceux qui venaient le voir, patients ou
contrôlants, errer jusqu’au point où ils prenaient la mesure de cette erre.
Nombre de jeunes analystes, je fus de ceux-là, fascinés par l’intelli-
gence de l’inconscient de leurs patients, sont pressés de « dialoguer » avec
lui, d’où une tendance à l’interprétation prématurée, voire au bavardage.
C’est la pratique qui leur apprendra la vanité d’une telle approche et, dans
le meilleur des cas, leur enseignera la patience et l’usage « millimétré » de
l’équivoque interprétative.
Nous soutiendrons donc que la patience, avec son corrélat, la hâte,
font partie du savoir-faire de l’analyste. Elles se trouvent, comme éléments
du savoir-faire, à l’articulation de la technique, de la théorie et du style de
chacun.
Concluons cette introduction par une question, qui s’impose forcé-
ment à qui traite de la patience de l’analyste : qu’est-ce qui, à l’inverse,
le rend impatient ? Ne serait-ce pas ce que Freud et Lacan disent chacun
à leur façon, le premier en écrivant que la psychanalyse est un « métier
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impossible », le second en disant que « le psychanalyste à horreur de son
acte » ? N’arrive-t-il pas que ce soit le psychanalyste qui se trouve « prison-
nier du transfert », objet certes promis au rebut mais en attendant soumis
à la jouissance d’un Autre, qui peut parfois prendre la figure de la mante
religieuse dont Lacan fait parabole dans son séminaire sur l’angoisse ? Il
se peut que le psychanalyste en arrive à s’impatienter et se demande, à
propos de son patient : « Mais qu’est-ce qu’il me veut encore ? »

Patience et impatiences de Freud

Au début, publiées en 1895, il y a les Études sur l’hystérie. Là où Breuer


prend la fuite, face au transfert amoureux d’Anna O., Freud écoute et
supporte (aux deux sens du mot, s’en faire le support et en accepter les

2. J. Lacan, Le sinthome, Paris, Le Seuil, 2005, p. 17.

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conséquences) les manifestations transférentielles des séduisantes (et


séductrices) hystériques.
Reste que la méthode, hypnose et catharsis, ne procure que des résul-
tats inégaux et labiles. Freud écrit, en 1921, dans Psychologie des masses
et analyse du moi, que l’hypnose n’est rien d’autre qu’une « formation de
masse à deux », et regrette de s’être laissé aller à la pratiquer.
Reste que Feud supporte, dans l’équivocité que j’ai signalée de ce mot,
le transfert. À ce titre, il acquiert les premiers rudiments de la technique qui
deviendra celle de la psychanalyse, à travers la patience et aussi le courage,
celui d’un sujet qui, confronté aux exigences pulsionnelles de l’Autre et en
même temps tenu à la retenue, ne se dérobe pas. Sa Contribution à l’histoire
du mouvement psychanalytique (1913) a en exergue la devise de la ville de
Paris, Fluctuat nec mergitur.
Dans ce texte, il raconte comment un certain nombre de ses maîtres
(Breuer, Charcot, le gynécologue Chroback) avaient une intuition du
caractère sexuel des symptômes de leurs patientes, mais ne possédaient
pas l’« intelligence des choses qu’ils transmettaient à leur insu » à Freud. Il
sait trop, écrit-il, « qu’émettre une idée une ou plusieurs fois sous la forme
d’un aperçu fugitif, c’est autre chose que la traiter avec sérieux, la prendre
à la lettre, la suivre en long en large dans tous ses détails contradictoires et
lui conquérir sa place parmi les vérités reconnues 3 ».
L’allemand sie wörtlich zu nehmen est ici traduit par « la prendre à la
lettre ». Il peut se traduire aussi par « la prendre mot à mot ». La patience
de Freud est ici synonyme de sérieux (de sériel, dirait Lacan : Freud suit la
série signifiante qui se déroule). Patience, sérieux et courage sont indisso-
ciables de l’invention par Freud de la psychanalyse.
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Après quelques années de pratique de la psychanalyse, Freud, dans les
conseils et mises en garde qu’il adresse à ses jeunes collègues, à travers ces
articles que l’on regroupe en français sous l’intitulé La technique psychanaly-
tique, insiste à de nombreuses reprises sur la nécessaire patience dont doit
s’armer le praticien de l’analyse. Ces mises en garde sont nécessitées par
le développement, aux confins de la psychanalyse officielle, d’une autre
psychanalyse, sauvage et incontrôlée, dont lui reviennent aux oreilles des
échos qui le terrifient. Il en pressent le danger, celui de disqualifier cette
discipline naissante dont il s’efforce d’établir les règles.
Tout au long de cette Technique psychanalytique, dont les textes vont de
1904 à 1919, il précise la nature des résistances, au premier rang desquelles
se trouve l’amour (et éventuellement la haine) de transfert auquel se trouve
confronté l’analyste. Il insiste sur l’importance du tact : celui-ci implique
une certaine retenue, le choix des mots employés pour s’adresser à un

3. S. Freud, Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique, Œuvres complètes, t. XII, op. cit.,
p. 257 – GW XX, p. 52.

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patient (et encore plus à une patiente) quand il faut évoquer sa sexualité.
De même, il conseille à ses collègues de ne pas tout fonder sur des inter-
prétations dont le « trop-plein » peut finir par nuire au développement des
associations libres. Ses conseils (pour ne pas dire injonctions) de « maîtriser
le contre-transfert » vont dans le même sens : l’analyste doit laisser la
parole au patient, ne pas l’embrouiller avec des remarques sur son propre
ressenti.
Le grand travail sera donc de vaincre les résistances. Freud constate,
dans son article célèbre de 1914, « Remémoration, répétition et perlabora-
tion », qu’à travers la répétition, la névrose du sujet a muté en névrose de
transfert et que communiquer sa résistance au patient ne suffit pas à lever
celle-ci. Là encore, Freud met en garde les jeunes analystes contre leur
impatience : « […] le médecin avait seulement oublié le fait que nommer la
résistance peut ne pas avoir pour conséquences la cessation immédiate de
celle-ci. On doit laisser au malade le temps de se plonger dans la résistance
qui lui est inconnue, de la perlaborer, tandis que, défiant la résistance,
il poursuit le travail selon la règle fondamentale de l’analyse. […] Le
médecin n’a alors rien d’autre à faire que d’attendre un déroulement qui ne
peut être évité et qui ne peut pas toujours non plus être accéléré 4. » Freud
conseille la patience (« laisser au malade le temps »), mais ne se demande
pas moins si le processus analytique peut être accéléré.
Dans son dernier écrit technique, « Les voies de la thérapeutique
analytique » (1919), il avance : « Notre thérapie empruntera donc sans
aucun doute d’autres voies, avant tout celle que Ferenczi a récemment
caractérisée […] comme étant l’“activité” de l’analyste 5. »
Quelques lignes auparavant, Freud avait appelé à une psychosynthèse
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(dans le texte original, Psychosynthese). Il vaut de citer le contexte dans
lequel ce terme (jungien) apparaît : « Le malade névrosé nous apporte
une vie d’âme déchirée, disloquée par des résistances, et tandis que nous
appliquons sur elle l’analyse, éliminant les résistances, cette vie d’âme se
regroupe, la grande unité que nous appelons son moi s’agrège toutes les
motions pulsionnelles qui étaient séparées d’elle par clivage et liées d’autre
part. C’est ainsi que chez celui qui est traité par l’analyse la psychosynthèse
s’effectue sans notre intervention, automatiquement et inéluctablement 6. »
Plus tard, Freud prendra ses distances avec cette technique active, qui lui
semblera alors, telle que pratiquée par son inventeur, vraiment trop…
active.

4. S. Freud, « Remémoration, répétition et perlaboration », dans Œuvres complètes, t. XII, op. cit.,
p. 195.
5. S. Freud, « Les voies de la thérapie psychanalytique », dans Œuvres complètes, t. XV, Paris, Puf,
1996, p. 102.
6. Ibid., p. 101-102.

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Mais qu’en est-il de ses rêves de psychosynthèse ? À ma connaissance


ce terme ne sera pas repris par lui, mais fera son chemin chez nombre
d’analystes des générations suivantes qui vont donner au moi ce rôle de
« grand synthétiseur ».
Nous sommes insensiblement passés de la grande patience de Freud à
une certaine impatience de sa part, dont ce terme de psychosynthèse nous
semble le révélateur. Il est aisé, beaucoup trop, dans cet après-coup d’une
centaine d’années, de pointer les manifestations d’impatience de la part
de l’inventeur de la psychanalyse dans le maniement de certaines de ses
cures. Mais voyons cependant ce que ses impatiences nous enseignent.
En fixant une limite à la durée de la cure de l’Homme aux loups, Freud
précipita certes ses associations, mais le laissa en plan : sa cure n’était pas
terminée. Quand celui-ci, après la guerre, revint le trouver, Freud ne lui
offrit rien de moins que « son cas », écrit par lui. Après quelque temps de
reprise d’analyse, il l’adressa à Ruth Mack Brunswick.
Ferenczi signale qu’une des occurrences des manifestations d’impa-
tience chez un psychanalyste peut être sa hâte de publier un « beau cas ».
Si ce terme désigne l’infatuation narcissique du psychanalyste qui veut
rendre publics ses « exploits » cliniques (infatuation qui se devine même
dans l’exposé d’un ratage qui met en avant le « franc-jeu » de celui qui le
rapporte), il ne nous semble pas viser Freud. Par contre, l’empressement
de celui-ci à « boucler », puis à publier un cas utile au progrès de la science
est probable. Le savoir vient alors, dans la cure, déloger le supposé savoir
et imposer sa version.
D’autres cures relatées par Freud témoignent d’un certain empres-
sement à clore l’expérience sur un « dernier mot » lui revenant. Nous ne
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saurions trop insister sur ce point : le dernier mot, dans une cure, doit
revenir à l’analysant. C’est lui qui conclut de la terminaison de la cure.
On ne fait pas la leçon à Freud, on constate ce que l’expérience a
enseigné, depuis les premiers pas de la psychanalyse, aux analystes !
Dans l’analyse de la « jeune homosexuelle », la crainte que celle-ci le
trompe, en produisant des rêves de normalité sexuelle alors qu’il sent bien
que son désir est tout autre, conduit Freud à mettre un terme à la cure, sans
mettre au travail cette duplicité de sa patiente.
Même avec Dora, l’impatience de Freud est palpable. Celle-ci, quinze
mois après la fin de son traitement, revient lui demander son aide. Mais,
dit Freud, « sa physionomie révélait au premier coup d’œil que cette
demande ne pouvait être prise au sérieux » et, un peu plus loin, il ajoute :
« J’ignore quelle sorte d’aide elle avait voulu me demander, mais je promis
de lui pardonner de m’avoir privé de la satisfaction de la débarrasser plus

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radicalement de son mal 7. » Il faut dire que Dora, selon les propres termes
de Freud, en mettant un terme à la cure, l’avait « abandonné », et « qu’elle
se vengea de [moi], comme elle voulait se venger de lui (M. K) […]. Ainsi,
elle mit en action une importante partie de ses souvenirs et de ses fantasmes,
au lieu de la reproduire dans la cure 8 ».
Nous pouvons certes mettre au compte du contre-transfert, que Freud
demande aux analystes de maîtriser, cette « non-maîtrise », justement, des
sentiments de Freud d’être joué, floué par ces si charmantes et intelligentes
jeunes filles, comme il ne manque pas de le remarquer, que sont Dora et la
« jeune homosexuelle ».
Mais le plus important n’est peut-être pas là, mais plutôt dans cette
remarque incroyable à propos de Dora : « Lui pardonner de m’avoir privé
de la satisfaction de la débarrasser plus radicalement de son mal »… Il
est ici clairement question de la jouissance de l’analyste, ici identifiée à sa
puissance thérapeutique. Furor sanandi, dira-t-on, pourtant dénoncée par
ce même Freud dans ses écrits portant sur la technique psychanalytique.
Peut-être convient-il de nuancer. Nous pouvons entendre ce que Freud
reproche à ces deux jeunes femmes : le fait que, chacune à sa manière, n’ait
pas joué le jeu, l’une en interrompant prématurément sa cure, l’autre en
s’efforçant, à travers ses « rêves trompeurs », de saborder celle-ci.
Cependant, force est de constater que c’est Freud qui ne joue pas le jeu,
celui de permettre pour l’une des jeunes femmes la reprise, pour l’autre la
poursuite du travail analytique, c’est-à-dire la poursuite d’un travail basé
sur l’association libre. On pourrait ici s’attarder, comme je l’ai signalé, sur
le contre-transfert de Freud, sa crainte d’être « trompé par une femme »,
mais là n’est pas notre propos, puisque c’est le savoir-faire qui essentielle-
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ment nous occupe.
Freud, dans l’article de 1913 plus haut évoqué, conseille de suivre ses
propres idées, de les prendre à la lettre. Il semble bien que concernant ces
deux jeunes femmes, il ne leur ait pas appliqué, à un moment clé, celle
d’une manifestation aiguë de répétition dans le transfert, le précepte qu’il
se prescrivait pour lui-même. Pour la jeune homosexuelle, qu’il bute sur
le fait qu’elle veut, comme elle le fait avec son propre père, le défier est
plus surprenant que pour Dora. Nous sommes en 1919, la publication du
cas aura lieu en 1920, cette même année où, dans l’« Au-delà du principe
de plaisir », il montre comment un patient trouve dans le transfert un lieu
« idéal » pour y rejouer son histoire et y asseoir une répétition dont il lui
est fort difficile de se départir.
Lacan remarque dans le séminaire La relation d’objet : « Freud, loin
de prendre le texte du rêve au pied de la lettre, n’y voit qu’une ruse de

7. S. Freud, Cinq psychanalyses, Paris, Puf, 1970, p. 90-91.


8. Ibid., p. 89.

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la patiente, destinée expressément à le décevoir, plus exactement à l’illu-


sionner et le désillusionner à la fois 9 […]. » Si le transfert a un sens, dit-il,
c’est celui de la Wiederholungszwang de Freud : « C’est pour autant qu’il
y a insistance propre à la chaîne symbolique, qu’il y a transfert 10. » Et il
poursuit en expliquant que cette attention portée à la chaîne symbolique
(nous sommes toujours dans le champ du « prendre à la lettre ») aurait
évité à Freud de ne considérer que l’élément imaginaire que contenait le
rêve trompeur.
Remarquons que l’accent mis par Freud sur l’analyse des résistances,
qui va être repris très largement et durablement par les analystes, donne
au versant imaginaire en jeu dans une cure un rôle qui dépasse largement
celui qui devrait être le sien. L’analyse des résistances, même si elle est
versée au compte de l’interprétation analytique, va durablement infléchir
le savoir-faire des analystes vers un « combat » qui s’infléchira encore plus,
avec l’ego-psychology, dans les années 1940 et 1950, vers une lutte pour faire
« reconnaître » au patient ses résistances.
Lacan, toujours dans son séminaire La relation d’objet, suggère une
explication d’un autre ordre aux difficultés auxquelles se trouve confronté
Freud avec sa patiente. Il s’agirait alors d’une mise à l’écart de la dimen-
sion symbolique non plus au profit de celle de l’imaginaire, mais cette
fois-ci au profit de celle du réel.
Lacan remarque à propos des amours de Dora avec M. K. : « Freud a
voulu introduire dans cette métaphore, ou a voulu forcer, l’élément réel
qui tend à se réintroduire dans toute métaphore en disant à Dora – ce que
vous aimez, c’est ceci précisément. Bien entendu, quelque chose a tendu à se
normaliser dans la situation par l’entrée en jeu de M. K., mais ce quelque
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chose est resté à l’état métaphorique 11. »
Imaginaire prenant le pas sur le symbolique dans un cas, réel sur ce
même symbolique dans l’autre, ces remarques de Lacan nous mettent sur
une piste : le savoir-faire de l’analyste aurait à faire avec RSI, et donc avec
le nouage des trois consistances 12.
Nous verrons, à la fin de ce texte, une autre occurrence d’un nouage
où la corde d’une des dimensions tend à se tendre, dans la pratique d’un
analyste, aux dépens d’une autre, ce sera celle de l’imaginaire aux dépens
du réel.

9. J. Lacan, La relation d’objet, Paris, Le Seuil, 1994, p. 134.


10. Ibid., p. 135.
11. Ibid., p. 146.
12. Remarque émise, à la lecture de ce texte, par E. Porge.

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Ferenczi et Lacan : le jeu de l’élastique

Nous allons passer, en quelque sorte sans transition, à propos du sujet


qui est nôtre, « patience et hâte », du fondateur de la psychanalyse à deux
de ses plus illustres successeurs, l’un incontournable, l’autre indispensable
pour que la psychanalyse vive, que sont Ferenczi et Lacan.
Deux des élèves les plus chéris par Freud publient un livre commun
en 1924, Perspectives de la psychanalyse 13.
On peut y lire, sous la plume de Rank, dans le chapitre II, intitulé « La
situation analytique » : « L’une des résistances les plus fréquentes, au début
de l’analyse, est l’identification au Père avec le désir de le défier […]. » On
ne saurait confondre de manière plus flagrante le matériel inconscient et
la résistance.
Autre est la position de Ferenczi qui dans le chapitre III, dont le titre est
« Rétrospective historique critique », écrit : « Ce n’est pas parce que Freud
a dit un jour : “Tout ce qui perturbe le travail est une résistance”, qu’on
peut affirmer dès que l’on rencontre un obstacle dans l’analyse : “C’est
une résistance.” Cette conception créait, surtout avec les patients atteints
d’un sentiment de culpabilité très virulent, une atmosphère analytique où
le malade craignait de commettre le faux pas d’une “résistance”, tandis que
l’analyste était sans recours devant cette situation 14. »
Ferenczi met en garde l’analyste contre cette façon de traquer la
résistance. Dans la phrase suivante, que nous résumons, il rappelle que
Freud lui-même a constaté que les forces en jeu dans les résistances étaient
les mêmes que celles qui, en leur temps, ont produit le refoulement. On
peut en déduire que, pour Ferenczi, la tentative de levée du refoulement
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est une tâche qui permet d’éviter cette lutte quelque peu stérile contre la
résistance.
Freud n’apprécia pas ce livre collectif et le fit savoir aux intéressés 15.
Ferenczi resta, non sans remous, dans le sillage freudien, Rank pris une
autre voie.
Le traumatisme de la naissance, publié en 1924, confirme et amplifie la
dérive que le passage plus haut cité annonce. Rank propose d’abréger la
durée des cures en s’évitant d’analyser toute la problématique œdipienne
considérée alors comme simple résistance à l’angoisse fondamentale, la seule
« digne » d’être revécue et abréagie pour repartir sur de plus saines bases,
celle de la naissance. Ce raccourci imaginaire et guidé par un fantasme de

13. S. Ferenczi et O. Rank, Perspectives de la psychanalyse, Paris, Bibliothèque scientifique Payot, 2011,
p. 34
14. Ibid., p. 58.
15. Y. Lugrin, Impardonnable Ferenczi, Paris, Campagne Première, 2012. Ce livre comporte une très
pertinente et exhaustive analyse des malentendus entre Freud et certains de ses compagnons de
route, Ferenczi, Rank, d’autres encore, dont celui fondateur et traumatique avec Fliess.

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retour régressif et salvateur au corps maternel faisant l’impasse sur tout fait
tiers laisse supposer que l’absence de cure analytique de Rank n’est pas pour
rien dans cette dérive. Cure dont précisément Ferenczi, au même moment,
fait une condition sine qua non à la pratique de l’analyse.
Ferenczi reste dans le champ de la psychanalyse, tout en cherchant
à inventer un savoir-faire qui sorte celle-ci d’un conformisme dont il
pressent qu’il peut lui faire perdre sa dimension subversive 16. Ainsi, au
moment même où l’institut de Berlin, avec la bénédiction de Freud, établit
la différence entre analyse personnelle et analyse didactique, il affirme
dans Le problème de la fin de l’analyse (1927) : « J’ai souvent signalé, dans le
passé, que je ne pouvais voir aucune différence de principe entre analyse
thérapeutique et analyse didactique 17. » Ce que Lacan dit à sa manière : « Il
n’y a d’analyse que didactique. »
De même, les remarques suivantes de Ferenczi à propos de la fin de
l’analyse valent d’être rapportées, car elles y montrent l’aspect éthique
d’un savoir-faire qui ne recule pas devant une vraie ténacité : « L’analyse
est vraiment terminée lorsqu’il n’y a congé ni de la part du médecin, ni
de la part du patient ; l’analyse doit pour ainsi dire mourir d’épuisement,
le médecin devant toujours être le plus méfiant des deux et soupçonner
que le patient veut sauver quelque chose de sa névrose, en exprimant la
volonté de partir. Un patient vraiment guéri se détache de l’analyse, lente-
ment, mais sûrement ; donc, tant que le patient veut venir, il a encore une
place dans l’analyse 18. »
Revenons sur deux innovations de Ferenczi, l’activité et l’élasticité de
la technique analytique.
Ces innovations sont déjà en germe en 1918, dans une communica-
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tion faite à Budapest à propos de la technique psychanalytique. Il évoque
« l’abus de la liberté d’association ». Le patient, explique-t-il, associe sur
le mode superficiel. Et que propose-t-il : « Quand il nous importe plus de
hâter certaines explications que d’exercer les forces psychiques du patient,
nous devons exprimer simplement devant lui certaines idées que nous lui
supposons mais qu’il ne sait pas communiquer et l’amener ainsi à en faire
l’aveu. La situation du médecin dans la cure analytique rappelle à maints
égards l’accoucheur qui lui aussi doit autant que possible se comporter
passivement, se borner au rôle de spectateur d’un processus naturel,
mais qui aux moments critiques aura le forceps à portée de la main pour
terminer une naissance qui ne progresse pas spontanément 19. »

16. Beaucoup de ses errances, de ses tentatives quelquefois maladroites furent le prix à payer pour
sortir de ce conformisme qui menaçait (et menace toujours, conformisme lacanien inclus) l’exis-
tence même de la psychanalyse.
17. S. Ferenczi, Psychanalyse IV, Œuvres complètes, Paris, Payot, 1982.
18. Ibid., p. 50-51.
19. S. Ferenczi, Psychanalyse II, Œuvres complètes, Paris, Payot, p. 331-332.

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Comment ne pas penser, en lisant ces lignes, à un autre accouchement ?


Dans « Fonction et champ de la parole et du langage » (1953), Lacan dit
qu’au moyen de « ce qu’on a appelé nos séances courtes, nous avons pu
faire venir au jour chez tel sujet mâle, des fantasmes de grossesse anale avec
le rêve de sa résolution par césarienne, dans un délai où autrement nous en
aurions encore été à écouter ses spéculations sur l’art de Dostoïevski 20 ».
De l’usage du forceps chez Ferenczi et Lacan 21 ! Les moyens ne sont
pas les mêmes, on sait les tâtonnements de Ferenczi, Lacan, lui, a dès
1953 l’usage déjà théorisé par lui-même de la fonction de la parole (avec jeu
de la patience et de la hâte repéré dès 1953 dans son « Temps logique »)
et du champ du langage, à travers sa théorie du signifiant. Mais tous deux
montrent, chacun dans le style qui leur est propre et à leur manière, la
différence entre l’usage de la fonction de la hâte et l’usante pression de
l’impatience, qui est souvent un autre nom de l’angoisse.
Cependant, les choses se compliquent si on fait intervenir le problème
de la suggestion. Dans les techniques active ou élastique, quelle est la part
de la suggestion ? La question se prolonge en celle-ci : jusqu’à quel point
l’usage de la hâte au cours de la séance peut-il être « contaminé » par la
suggestion, qui elle-même renvoie à l’empressement ?
Prenons cet exemple de technique active, pour nous poser, sans y
répondre, la question de la part de suggestion qu’elle comporte.
Un patient de Lacan, Pierre Rey, qui avait l’habitude de se lever tard,
rapporte l’échange suivant avec son psychanalyste :
« À demain six heures.
– D’accord
– Six heures du matin
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– Écoutez 22… »
Cela ferait une excellente séance de thérapie comportementale, mais le
jeu sur l’équivoque du « six heures » en fait une réplique d’analyste.
Ferenczi dit de sa méthode active qu’elle est le fait du patient.
Citons-le, en 1926, dans l’article « Contre-indications de la technique
active » : « Freud, ainsi que moi-même, nous avons toujours utilisé le terme
“actif” pour signifier que le patient doit parfois accomplir d’autres tâches
que la communication de ce qui lui vient à l’esprit 23. »
En fait, il arrive plus souvent que cette activité soit celle que l’analyste
suggère au patient, et dans ce cas, ladite activité est d’abord le fait de l’ana-
lyste. Ainsi, Ferenczi, dans l’article intitulé « Prolongements de la technique

20. J. Lacan, Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 315.


21. À noter que – clin d’œil ou omission, p. 293 – Lacan évoque « l’élasticité de la maïeutique de
Socrate », sans évoquer cet accoucheur de l’élasticité en analyse que fut Ferenczi.
22. P. Rey, Une saison chez Lacan, Paris, Robert Laffont, 1989, p. 68.
23. S. Ferenczi, Psychanalyse III, Œuvres complètes, Paris, Payot, 1974, p. 367.

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La patience et la hâte • 57

active » (1920), donne l’exemple suivant : « C’était désormais ce procédé


que j’entendais par le terme de “technique active” qui ne signifiait donc pas
tant une intervention active de la part du médecin que de la part du patient,
auquel on imposait à présent, outre l’observance de la règle fondamentale,
une tâche particulière 24. » On voit bien que dans l’esprit de Ferenczi l’activité
devient une part de la règle fondamentale. Ce qui permet la pirouette de dire
qu’elle est due à l’initiative du patient auquel on l’a… prescrite.
Il n’est pas question ici de parcourir toutes les considérations, souvent
contradictoires, et les contre-indications à cette technique qui s’accumulent
sous la plume de son inventeur, qui font que ses indications se réduisent
comme peau de chagrin.
Force est de constater que nos réflexions sur patience, hâte et impa-
tience sont limitées par au moins un élément, difficile à apprécier, celui de
la part de la suggestion dans l’interprétation ou de ses équivalents que sont
la scansion ou la ponctuation signifiante. Encore que cette dernière, par sa
discrétion même, puisse échapper à la critique.
Les analystes gagneraient à se poser la question de la suggestion.
Freud lui-même, notamment dans son texte tardif (1937) « Constructions
dans l’analyse », reconnaît qu’une construction proposée par l’analyste
peut s’avérer fausse. Ferenczi se pose aussi la question, avec son habituelle
honnêteté.
Lacan, dans L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre, lors de la séance
du 17 mai 1977, se demande : « Est-ce que la psychanalyse opère, puisque
de temps en temps elle opère par ce qu’on appelle un effet de suggestion ?
Pour que l’effet de suggestion tienne, ça suppose le langage – là, je me
répète – que le langage tienne à ce qu’on appelle l’homme. » Un peu plus
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loin, il ajoute : « Mais d’un autre côté il y a une béance ; que ça tienne à
l’homme, ça suppose que nous aurions bien, que nous saurions suffisam-
ment ce que c’est l’homme. »
Quadrature du cercle ou terres à explorer ?

Pour conclure

Notre parcours, soupesant patience et hâte, dans leurs rapports au


savoir-faire de l’analyste, est centré sur des expériences passées et laisse
de côté (excepté pour ce qui concerne l’angoisse de l’analyste, et aussi à
l’occasion sa jouissance, questions intemporelles, en quelque sorte) ce qu’il
en est du présent.
Où en est-on aujourd’hui ? Ce pourrait être si le débat s’engageait, ce
que je souhaite de tout cœur, l’occasion de très fructueuses controverses.

24. Ibid., p. 118.

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Pour l’heure, contentons-nous d’une remarque qui va compléter


notre parcours giratoire de RSI appliqué au savoir-faire de l’analyste, à
propos d’un certain usage de la précipitation (à différencier de la hâte)
dans la conduite d’une cure. Cet usage est le fait d’une interprétation de
la pratique et de certaines considérations théoriques de Lacan datant des
toutes dernières années de sa vie. Pratiques de séances ultracourtes, théorie
visant à privilégier, voire à faire comme seul mode d’accès au « réel » de
l’inconscient, l’homophonie signifiante.
Outre que la théorie de quelqu’un qui a enseigné pendant plus
de vingt-cinq ans ne saurait se résumer à ses dernières considérations,
pointons la source de confusion dont est porteuse, pour qui interprète
idéologiquement, c’est-à-dire sur un mode idéaliste, une pratique dont
il est important de souligner qu’elle n’est le fait que des toutes dernières
années de la vie de Lacan 25. Il convient aussi d’éviter la confusion entre
séance à durée variable, dont nous avons souligné la fonction, et séance
très courte. D’autant que cette extrême brièveté n’a jamais été théorisée par
Lacan lui-même.
Tout un courant de pensée qui se réclame de l’enseignement de Lacan
voit dans les séances très courtes et dans la chasse à l’homophonie le nec
plus ultra de la traque du réel, au risque de considérer (un peu comme
Rank, même si la comparaison est hardie) toute la dimension du fantasme
comme simplement encombrante, vil plomb dont il faut dégager l’or de
l’homophonie ?
N’y a-t-il pas confusion alors entre l’imaginaire – celui du patient qui
vient livrer quelques bouts de phrases à chaque séance et auquel on laisse
accroire qu’il s’agit des si galvaudés « bouts de réel » – et le réel lui-même,
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le symbolique étant quelque peu oublié au passage (la patience et le
« temps qu’il faut » pour que s’effectuent les nombreux tours de la chaîne
signifiante, sa répétition certes parfois excédante mais indispensable),
confusion qui laisse face à face imaginaire et réel, dans une tension que ne
vient pas nouer le symbolique 26.
Débat insuffisamment ouvert, où l’on ne serait pas étonné de retrouver,
au coin de tel ou tel argument, la trace d’une idéologie qui vient si souvent
masquer l’angoisse, chez l’analyste aussi.

25. Cf. D. Simonney, Essaim, n° 28, note de lecture sur C. Soler, Les affects lacaniens, p. 238-241, et
aussi, « Lalangue en questions », Essaim n° 29, p. 14-16.
26. Nous laissons à réel, symbolique et imaginaire leurs minuscules, telles qu’employées dans les
premiers textes de Lacan, dont celui du séminaire La relation d’objet, auquel nous nous sommes
référé.

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