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L'ALIÉNATION PARENTALE : LES PRINCIPALES CONTROVERSES

Hubert Van Gijseghem

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Association jeunesse et droit | « Journal du droit des jeunes »

2004/7 N° 237 | pages 11 à 17


ISSN 2114-2068
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Rejet de l'aliénation injustifié ?

L'aliénation parentale :
les principales controverses
par Hubert Van Gijseghem, Ph.D.*
Le concept de l'aliénation parentale provoque la fureur des groupes de pression ou d'intérêt et la controverse
chez certains professionnels. En font foi les polémiques qui circulent sur l'Internet, lesquelles représentent
la plupart du temps des positions idéologiques ou émanent de quelque histoire de vie. En tout cas, deux
écoles se font face : les «pour» et les «contre». Parmi les premiers, on compte apparemment des partisans
de Gardner aussi bien que des opposants (c'est en effet à Gardner qu'on doit l'expression syndrome de

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l'aliénation parentale bien que le phénomène ait été décrit bien avant qu'il écrive). Quoi qu'il en soit,
l'examen de la littérature scientifique et des manifestes sur la question permet de dégager grosso modo la
problématique suivante si l'on va du général au spécifique.
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Pas question ici d'ajouter à la polémique mais, tout au plus, de commenter chaque question à la lumière
de la littérature disponible, de notre propre échantillon d'expertises psycho-légales et en prenant pour
appui nos intuitions cliniques si peu fiables soient-elles dans le paradigme scientifique.

1. Le phénomène n'est pas sans jouer en faveur de la con- Plusieurs professionnels et/ou para-pro-
fusion : les détracteurs du concept avan- fessionnels tendent à rejeter le concept
existe-il ? cent souvent l'idée que l'aliénation se lui-même uniquement sur la foi de l'hy-
justifie du simple fait qu'un enfant la pothèse étiologique. On dira, par exem-
Il est difficile de nier l'existence de l'alié- déploie. ple : si l'aliénation ne tient qu'à l'in-
nation parentale dans l'acception la plus Une deuxième catégorie vise l'aliénation fluence d'un présumé parent aliénant,
simple de l'expression : des enfants se injustifiée : l'aversion, le dénigrement et alors le concept est irrecevable.
détournent résolument d'un parent, le dé- le rejet de la part de l'enfant ne trouvent Pour l'instant, proposons que l'aliénation
nigrent et refusent de le voir. Il s'agit pas d'appui sur des comportements ina- injustifiée existe bel et bien mais qu'elle
dans ce cas, en effet, d'une aliénation au déquats du parent en cause ou, encore, émane d'étiologiques diverses. En
sens large et le phénomène trouve des se révèlent hautement disproportionnés d'autres termes : on ne saurait soutenir
témoignages dans les plus anciennes ci- vu la légèreté des heurts courants qui ca- qu'elle s'explique toujours par une seule
vilisations. ractérisent le lien parent-enfant. L'alié- et même hypothèse pathogénique.
On peut considérer diverses catégories nation injustifiée existe-t-elle ? Peu de
d'aliénation en fonction notamment de cliniciens ou d'experts psycho-légaux en
son étiologie. Elle peut s'expliquer par doutent, alors qu'il en va autrement du
2. Un phénomène
des incidents entre l'enfant et le parent public et de certains groupes de pression hors norme à voir
en cause (négligence, abus physique, ou d'intérêt.
sexuel ou psychologique), ou encore par Là où le bât blesse, c'est quand on tente
comme un désordre ?
l'absence du parent ou la pauvreté de la d'établir les raisons d'une aliénation in-
relation enfant/parent. Le phénomène est-il hors norme ou,
justifiée. Même les défenseurs du con- autrement dit, faut-il le voir comme un
Bien sûr, cette catégorie de l'aliénation cept se montrent en désaccord quant à désordre ?
échappe à la controverse. D'ailleurs, elle une étiologie unique et, de surcroît, cer-
ne figure pas dans les définitions con- taines hypothèses étiologiques soulèvent
ceptuelles les plus récentes. Pourtant, beaucoup plus de controverses que * Psychologue, expert psycho-juridique, professeur
cette version de l'aliénation parentale d'autres. titulaire, Université de Montréal.

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Symptôme
du parent aliénant

Se peut-il qu'un enfant normal rejette Pour approfondir davantage la question, s'apparente au syndrome de Medea (de
un parent et, à plus forte raison, lors- précisons que le cœur de la controverse Wallerstein), au syndrome de Stoc-
que ce rejet est injustifié ? Dans des porte sur le terme «syndrome» (Paren- kholm ou, encore à la Münchausen by
conditions familiales harmonieuses, tal Alienation Syndrome) proposé par proxy, aucun de ces concepts ne rend
on répondrait généralement par la né- Gardner, lequel renvoie théorique- compte du noyau dur de l'aliénation pa-
gative. Sachant que l'aliénation paren- ment à un ensemble de signes ou de rentale dont voici la description géné-
tale se développe dans la grande ma- symptômes fréquemment manifestés. ralement admise.
jorité des cas après la séparation du Une telle co-occurrence symptomati-
couple en cause, il y a lieu de se réfé-
rer à la norme pour ce qui est des réac-
que suggère à son tour une 4. De quoi s'agit-il ?
pathogenèse spécifique. Acceptable
tions potentielles des enfants. Or, la
sur le plan heuristique, le terme n'est La littérature présente plusieurs défi-
littérature empirique sur les effets de
cependant pas sans faire problème nitions. Voici quelques commentaires
la séparation ou du divorce et ce bien
dans le cas qui nous occupe. Premiè- à propos de quatre d'entre elles. Celle
avant l'apparition du concept de l'alié-
rement, sa coloration médicale laisse de Gardner d'abord, pour qui le syn-
nation parentale, ne rapporte jamais
drome a pour première manifestation

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un tel phénomène parmi les réactions entendre aux tenants du système ju-
diciaire que le phénomène en cause une campagne de dénigrement de la
habituelles. Bien au contraire, on parle
fait d'emblée partie de la taxonomie part de l'enfant contre l'un de ses pa-
plutôt d'une affliction qui mérite une
diagnostique, ce qui confine à la rents. Cette campagne est injustifiée
sérieuse attention. Depuis les études
fausse représentation. et est le résultat d'une combinaison du
empiriques de Wallerstein et ses col-
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lavage de cerveau opéré par un parent


lègues, on continue d'observer que les Deuxièmement, le syndrome proposé d'une part et des contributions person-
enfants du divorce souhaitent garder par Gardner inclut des signes et des nelles de l'enfant d'autre part. (Gard-
leurs deux parents, entendent passer symptômes propres au parent présumé ner, 1992, 1998).
le plus de temps possible avec cha-
aliénant, de même que des signes et La définition de Warshak n'est pas loin
cun d'eux et, même, rêvent de leur réu-
des symptômes propres à l'enfant; or, de celle de Gardner. Warshak insiste
nification (Wallerstein et Kelly,
une nosographie officielle ne saurait toutefois sur trois conditions afféren-
1988). Une étude précise à cet égard
situe à 84 % le pourcentage des en- comporter un tel diagnostic dans la tes : le dénigrement fait l'objet de me-
fants qui formulent clairement le dé- mesure où il concerne un désordre nées persistantes; le rejet du parent en
sir de voir leurs parents réunis chez l'un et l'autre des protagonistes. cause n'est pas justifié; il résulte par-
(Warshak, 1983). La norme semble Aussi, tel que formulé, le syndrome tiellement de l'influence du parent
donc établir qu'il est naturel pour un en question ne décrit pas seulement aliénant (Warshak, 2003). Comme
enfant de vouloir conserver ses deux le désordre de quiconque le manifeste Gardner, Warshak intègre donc dans
parents, du moins quand ceux-ci sont mais en fixe pour ainsi dire la cause. sa définition un lien causal indispen-
adéquats. sable.
Pour contourner ces difficultés, des
Par conséquent, rejeter son parent se- auteurs (dont Kelly et Johnston, 2001) La définition de Kelly ignore tout lien
rait un phénomène hors norme, c'est-à- préfèrent une appellation uniquement de cause à effet et vise exclusivement
dire un désordre auquel il faudrait tôt relative au désordre que présente l'en- le comportement de l'enfant. Selon son
ou tard donner un nom dans la mesure fant et ce, indépendamment des cau- avis, on parle d'aliénation parentale (elle
où il n'en trouve pas dans les études ses. Les tenants de cette position pro- évite le mot syndrome) lorsqu'un enfant
antérieures. posent des appellations telles que alié- exprime librement et de façon persis-
nation parentale, enfant aliéné ou tante des sentiments (rage, haine, rejet,
3. Quel nom donner encore aliénation pathologique. En crainte) et des croyances déraisonnables
pointant exclusivement le désordre envers un parent et qui sont dispropor-
au désordre ? chez l'enfant, on peut, croit-on, l'in- tionnées par rapport à l'expérience réelle
Quel nom donner au désordre si tant est tégrer plus facilement aux classifica- de l'enfant avec ce parent (Kelly et
que la nomenclature nosologique l'ait tions officielles. Johnston, 2001). Comparativement aux
ignoré ? deux auteurs précédents, il n'est pas
Pour revenir à la question : le phéno-
question dans celle-ci de l'influence
De fait, les nosographies officielles mène est-il déjà inscrit quelque part
éventuelle d'un parent aliénant.
font-elles état du phénomène ? Plusieurs dans une nosographie existante? Il pour-
opposants allèguent que des concepts rait l'être en effet implicitement dans des
tels que les troubles d'adaptation con- terminologies beaucoup plus génériques (1) Gardner identifiait dans la terminologie
sécutifs à la rupture parentale, l'anxiété telles que trouble de l'adaptation ou nosologique du DSM IV apparentée au syndrome
de l'aliénation parentale : le trouble des condui-
de séparation, ou autres dysfonctionne- même abus psychologique (1) , mais tes; le trouble dissociatif; le trouble de la première
ments inclus dans le D.S.M. IV com- aucune entrée dans le DSM ne le cou- enfance, de la deuxième enfance, de l'adolescence;
portent implicitement le phénomène de vre dans sa spécificité. On peut souli- le trouble de l'adaptation; l'anxiété de séparation.
l'aliénation parentale. gner enfin que même si le phénomène (Gardner, 2002).

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L'enfant interprète
du parent aimé

Darnall prend la position inverse. Dans · l'enfant dénigre un parent; · l'enfant emprunte des propos et des
sa description du syndrome, l'enfant n'a · sous des prétextes absurdes et frivo- scénarios d'adultes.
pas de part active mais joue exclusive- les; Pourtant, ces deux critères pourraient à
ment le rôle que lui suggère le parent · il le fait sans aucune ambivalence; la limite se concevoir en dehors de toute
qui cherche l'aliénation de l'ex- conjoint. influence de la part de l'autre parent.
· il prétend que personne ne l'influence
Cet auteur définit le phénomène de l'alié- en ce sens (penseur indépendant); Aussi même parmi les auteurs qui s'écar-
nation parentale comme un comporte- tent significativement de la définition de
· aucun sentiment de culpabilité ne
ment chez le parent hargneux qui peut Gardner, un consensus raisonnable se
transpire de cette mise à mort psycho-
produire une perturbation relationnelle dégage à l'égard des huit critères énon-
logique du parent rejeté;
entre l'enfant et l'autre parent (Darnall, cés. Ce qui fait toujours problème, c'est
1997). Darnall appuie sa position sur son · l'animosité vise tout l'environnement le nombre de critères requis pour établir
observation des influences parentales de ce parent : famille élargie, natio- un diagnostic d'aliénation parentale.
nalité, etc. Quant à la spécificité et au caractère ob-
déjà à l'œuvre avant que l'enfant n'en soit
lui-même touché. De là sa centration sur Pour nous en tenir à la définition citée, servable de ces critères chez un enfant
deux critères gardneriens manquent à donné, on doit reconnaître qu'ils se com-

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le rôle du parent aliénant.
l'appel qui porteraient sur l'influence pré- parent avantageusement à ceux du DSM
La disparité des différentes défini- sumée d'un tiers aliénant, soient : IV servant à déceler la plupart des dé-
tions joue évidemment contre le · l'enfant se présente comme l'interprète sordres psychologiques ou les patholo-
consensus conceptuel visant le phé- ou le champion du parent aimé;. gies.
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nomène de l'aliénation parentale et,


à défaut d'unanimité, comment éta-
blir les critères décisionnels affé-
rents au diagnostic ou recommander Lorsque l'enfant choisit son camp !
des moyens curatifs pertinents ?
Jean Yves Hayez exprime un point rectement, même s'il désire se confor-
Pourrait-on déceler jusqu'à maintenant
de vue assez différent de celui d'Hu- mer à l'un ou l'autre, les idées qu'il
un consensus minimal, un noyau dur, qui
bert Van Gijseghem quant à l'expli- émet résultent toujours de l'intégration
puisse profiter au travail clinique, à la
cation des phénomènes de «refus pa- qu'en fait sa personne à lui. Il faut donc
recherche et aux décisions judiciaires ?
rentale important». Pour lui, dans la le considérer comme un interlocuteur
S'il en est un, le voici : un enfant déni-
majorité des cas où un parent est re- valable et s'expliquer avec lui comme
gre l'un de ses parents de façon persis-
fusé, il y a de grosses bagarres entre avec ses parents».
tante, alors qu'une telle attitude ne trouve
père et mère : l'enfant choisit prudem- «Par contre, si l'on n'obtient l'obéis-
pas de justification dans les faits.
ment un camp, et le parent avec qui sance du parent gardien que sous con-
il vit apparaît comme l'influençant né- trainte (judiciaire) et si la situation
gativement contre l'autre. Ce n'est
5. La définition sans doute pas faux, mais si on dé-
reste tendue entre les parents, je ne
pense pas qu'une garde alternée im-
atteint-elle un seuil plaçait l'enfant et si on l'obligeait à posée dans ces conditions soit une
vivre avec l'autre, l'inverse se produi- bonne solution de vie pour l'enfant.
scientifique rait : dans ces conditions – les plus Même les fois où le parent rejeté la de-
satisfaisant ? fréquentes – il lui paraît injuste et mande à corps et à cri comme une ma-
malheureux de parler «d'aliénation nière de lui rendre justice (1). Quand on
parentale», ce qui insinue que la faute regarde les choses de plus près, quel
L'atteinte d'un seuil scientifique satisfai-
principale est du côté du premier pa- purgatoire, voire quel enfer pour l'en-
sant repose d'abord sur le principe de la
fidélité inter-juges (reliability) : diffé- rent. fant que de devoir voyager en perma-
rents observateurs d'un même enfant, Par ailleurs, Jean Yves Hayez note nence entre ses parents, chacun très
utilisant les mêmes critères décisionnels, que la décision de déplacement forcé mécontent sur l'autre : un énorme
parviennent au même diagnostic. Appa- de l'enfant vers le parent «aliéné» ne orage l'attend à chaque transition et à
raît alors de nouveau le problème de la peut être qu'une mesure (très) rare, chaque arrivée !»(2)
variabilité des critères décisionnels se- justifiée par le côté hautement et ir-
lon la définition adoptée. rémédiablement toxique du parent (1) Si l'on y procède quand-même, c'est plus souvent
Cependant, si l'on s'en tient à la défini- gardien qui mérite alors – et alors seu- une manière pour les intervenants de se venger
lement – l'appellation «aliénant». Il du parent gardien, en lui montrant que ce sont
tion retenue (un enfant dénigre inconsi- eux les plus forts.
dérément l'un de ses parents), plusieurs explique : «Il faut arrêter de penser
(2) Se référer à l'article complémentaire : La garde
critères décisionnels parmi les huit pro- que l'enfant ne pense pas. Même s'il alternée, une application possible de l'autorité pa-
posés par Gardner peuvent contribuer à a été influencé directement ou indi- rentale conjointe.
l'établissement d'un diagnostic relative-
ment fidèle.

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6,5 % d'aliénation
parentale

Cela dit, les recherches empiriques n'ont De prime abord, ces chiffres inquiétants Une importante controverse tourne
pas encore réussi à démontrer dans semblent contredire l'affirmation selon autour de la fiabilité scientifique du con-
quelle mesure la définition retenue ré- laquelle les enfants de parents séparés cept de l'aliénation parentale du fait que
pond à la propriété métrique de la fidé- tendent à vouloir garder leurs deux pa- Gardner est un clinicien et que la plu-
lité. rents; cependant, la plupart des cher- part de ses écrits sont édités par sa pro-
La deuxième question est celle de la va- cheurs cités attribuent l'arrêt des contacts pre maison d'édition, échappant ainsi au
lidité : la description du concept corres- avec le parent non-gardien non pas à la jugement des pairs ou à l'arbitrage. Le
pond-elle à ce qui est effectivement vécu volonté propre des enfants mais plutôt statut scientifique d'un concept ou d'une
par l'enfant ? Le problème ici est que aux influences d'un parent présumé alié- technique dépend en effet du consensus
l'aliénation parentale non seulement sur- nant. Cela dit, il reste difficile d'inter- qu'il obtient par le biais de publications
vient à titre de nouveau concept mais le préter ces chiffres en raison d'autres va- dans des revues savantes utilisant la
phénomène, mis en évidence dans le riables en jeu. méthode du jugement des pairs. Or, les
champ clinique, ne peut par conséquent Un cycle d'études empiriques auquel opposants au concept arguent qu'il n'a
faire l'objet d'une quelconque validation nous participions (Joyal, Quéniart, Van pas franchi cette étape, ce qui n'est pas
croisée (aucun outil ou aucun test ne peut

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Gijseghem et Cloutier, 1999) indique si sûr puisque, jusqu'à maintenant, en-
produire un diagnostic indépendant). que, dans un échantillon représentatif viron cent-cinquante articles sur le phé-
Jusqu'à maintenant, une seule chose est de dossiers de divorce et de séparation nomène ont été publiés dans des revues
sûre : un peu partout dans le monde oc- (N : 300) impliquant des enfants de zéro scientifiques. Si l'argument n'est évidem-
cidental, les professionnels croient ob- à douze ans, on compte 68 % de règle- ment pas absolu, il n'en demeure pas
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server des phénomènes étrangement ments consentis à propos de la garde et moins qu'il constitue le seul critère dis-
analogues. des droits d'accès. Pour 14,5 %, un ju- ponible pour déterminer le statut scien-
La recherche empirique doit donc re- gement avait été porté par défaut, tan- tifique d'un concept (d'une théorie, d'une
layer la seule observation clinique. dis que les autres (17,5 %) ont néces- méthode ou d'une technique).
sité un arbitrage comportant dans la plu-
part des cas une expertise psycho-lé-
6. Quelle est gale. 8. Pourquoi ne pas
la prévalence Dans une autre recherche inédite sur nos prêter foi aux
propres dossiers d'expertise, des signes
du phénomène ? d'aliénation parentale moyenne ou sé- sentiments exprimés
vère apparaissent dans la moitié des cas.
Gardner croyait voir une forme plus
Loin d'être représentatif, ce dernier
par les enfants ?
ou moins démarquée d'aliénation pa-
échantillon permet tout de même cer-
rentale dans 90 % des divorces liti- Pourquoi l'aliénation parentale ne serait-
taines extrapolations, si on le confronte
gieux quant à la garde des enfants ou elle pas fondée dans la majorité des cas ?
aux résultats de la recherche de Joyal
aux droits d'accès (Gardner, 1992). En En d'autres termes, pourquoi ne pas prê-
et al. En effet, compte tenu de la pro-
1980 déjà, Wallerstein et ses collègues ter foi aux sentiments exprimés par les
portion d'aliénation moyenne ou sévère
observaient que 19 % des enfants du enfants et en tenir compte ?
trouvée parmi les cas litigieux (17,5 %
divorce se montraient réticents aux vi-
dont 13 % sur la foi d'expertise psycho- Dans la pratique des sciences humaines,
sites du parent non-gardien
légales), on peut inférer une prévalence on tend généralement à se mettre à
(Wallerstein et Kelly, 1980). Johnston
maximale de 6,% d'aliénation parentale l'écoute des sentiments de l'enfant. Si un
et Campbell, en 1988, observaient
moyenne ou sévère dans tous les cas de enfant manifeste un déplaisir, ou tente
que, à la suite d'un divorce, de 35 à
divorce impliquant des enfants de zéro d'éviter telle situation ou telle personne,
40 % des enfants manifestaient une al- à douze ans. Notons qu'il s'agit ici d'une on en déduit que quelque chose ne va
liance privilégiée avec l'un des parents approximation basée sur deux ensem- pas même s'il ne peut pas formuler
(Johnston et Campbell 1988). Lampel, bles de données de qualité différente. adéquatement le problème. Or, nous en
en 1996, parlait même d'une alliance Les chiffres retenus appellent par con- tenant à cette position pour le cas qui
unique selon les mêmes proportions séquent la prudence et ils n'impliquent nous occupe, ce ne serait pas parce qu'il
(Lampel, 1996). Des études européen- par ailleurs que les recherches menées donne des raisons irrationnelles ou fri-
nes, comme celle de Griffiths et dans la région métropolitaine de Mon- voles pour justifier l'évitement d'un pa-
Hekmen (1985) révèlent que, au Pays- tréal. rent qu'il faut estimer celui-ci non fondé.
Bas, 40 % des enfants ne voient plus
Cette position plaît d'office du fait qu'elle
l'autre parent dès la deuxième année
suivant le divorce, un pourcentage qui
7. Le jugement respecte intégralement l'enfant.
s'élève à 50 quand les parents ne sont des pairs Cependant, la recherche empirique nous
pas mariés. Une étude allemande a beaucoup appris depuis cent ans sur la
(Napp-Peters, 1995 présente des ré- Le concept passe-t-il le jugement des propension enfantine à la suggestibilité.
sultats comparables. pairs ? Notamment, depuis qu'on a été saisi du

14 RAJS - JDJ n°237 - septembre 2004


La suggestibilité
infantile

nombre important de fausses allégations


de maltraitance après séparation paren- Sur l'étape diagnostique
tale, on révise sérieusement l'idyllique
par Jean-Yves Hayez
crédit accordé sans réserve à ce que di-
sent les enfants. Non pas que l'enfant Chaque situation référée doit être examinée sans a priori par une petite équipe
mente, il serait plutôt victime d'un con- constituée de professionnels expérimentés (psys, travailleurs sociaux, média-
texte, d'une atmosphère, d'influences, de teurs, etc.) (Viaux, 2001). Voici quelques «guidelines» souvent utiles dans
suggestions. Ces effets suggestifs exer- cette étape diagnostique :
cées volontairement ou non altèrent gra- A. Si l'on fonctionne en position d'expert à la demande d'une instance offi-
duellement chez l'enfant sa perception cielle, il n'y a pas de problème pour recevoir les trois protagonistes du drame
d'une situation ou d'une personne; ils qui se joue. Une petite équipe sereine composée idéalement de trois person-
peuvent même créer de toute pièce une nes, permet de les recevoir chacun séparément. Si ce n'est pas possible, qu'il
vision tout à fait erronée. En tout cas, le y ait au moins deux professionnels au travail : une qui écoute parent gardien
nombre et la rigueur des recherches et une qui écoute séparément parent rejeté et l'enfant. En effet, je ne pense

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scientifiques des vingt dernières années pas qu'il soit souhaitable de recevoir ensemble l'enfant et le parent gardien,
ne permettent plus d'ignorer ce phéno- celui-ci étant susceptible d'influencer négativement celui-là en présence de
mène. l'intervenant embarrassé et passif (et donc confirmant involontairement le
Or, quand un enfant prétend que l'un de discours du parent gardien, ou se montrant rapidement dubitatif et hostile (et
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ses parents est mauvais, il se peut que donc, entravant l'alliance entre l'enfant et lui) (Hayez, de Becker, 1997).
cela soit tout à fait vrai. Tout le monde Si l'enfant est censé être trop anxieux ou trop jeune pour venir seul à un
sait que des parents maltraitent, abusent entretien, on peut le faire accompagner par une personne de confiance qui
ou négligent leurs enfants. Dans ces cas- n'est pas le parent gardien; prendre beaucoup de temps pour l'apprivoiser en
là, la perception de l'enfant doit être te- parlant de choses générales; après, essayer quand même de le recevoir seul.
nue pour juste et mérite qu'on en tienne B. Il est souvent inutile de recevoir les alliés de chaque parent; il est souvent
rigoureusement compte; dès lors, l'évi- superflu et très insécurisant pour l'enfant d'interroger des personnes tierces
tement du parent en cause peut être la (son école, son médecin traitant, son thérapeute). Par contre, on lira très at-
solution, sinon, quelquefois, une néces- tentivement tous les documents liés à l'affaire et que chaque parent a en sa
sité. Dans d'autres cas, si une évaluation possession (rapports médicaux et psychologiques; documents judiciaires préa-
sérieuse en vient à la conclusion que le lables, etc.).
parent évité est malgré tout adéquat et
C. Si l'on a accepté de travailler à la seule demande du parent gardien, la
l'a toujours été, il faut mettre en place
décision de convoquer également et à un moment judicieux le parent rejeté
des conditions favorables au change-
est de la responsabilité de l'intervenant et se prend au cas par cas. Par contre,
ment des perceptions.
dans ce contexte particulier, on gagne à faire signer tout de suite un document
On objectera ici que tenir compte du par le parent gardien, le demandeur, où :
phénomène de la suggestibilité enfantine
- il s'engage à fournir en lecture tous les documents en sa possession, sans la
laisse entendre un lien de cause à effet
moindre restriction. Si l'on constate qu'il ne respecte pas cette règle, il doit
entre l'aliénation parentale et l'occur- savoir que l'on mettra fin sur le champ aux investigations entamées. L'expé-
rence d'un parent qui la provoque (ce rience m'a montré que cette précaution était des plus utiles, pour éviter oublis
qu'on essaie d'éviter dans la définition ou manipulations volontaires;
généralement admise). Là-dessus, notre
opinion est que, même dans l'hypothéti- - il marque son accord pour que le rapport écrit qui clôture le travail soit
envoyé par l'intervenant à tout qui celui-ci trouve judicieux, donc éventuelle-
que absence d'un parent aliénant, la sug-
ment au parent rejeté ou à l'avocat de celui-ci si cela peut aider l'enfant positi-
gestibilité est toujours à l'œuvre dans la
vement.
construction d'une rumeur ou d'une illu-
sion. Prenons pour exemple l'enfant qui, D. Si l'on accepte de travailler à la seule demande du parent rejeté, tout ce qui
dans son désarroi à la suite de la sépara- vient d'être dit en C demeure d'application. Entre autres, s'il persiste quand
tion parentale, perçoit que le parent non- même de rares visites de l'enfant au domicile du parent rejeté, la décision de
gardien est beaucoup plus absent que le le recevoir à cette occasion se prend au cas par cas.
parent gardien. Si juste soit-elle, cette
perception peut suggérer à l'enfant que
le parent non-gardien l'abandonne ou ne
l'aime plus, bref qu'il est méchant.
Respecter les sentiments et les déclara-
tions d'un enfant n'équivaut pas à les va-
lider aveuglément. Il s'agit plutôt d'en

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Fonction aliénante
de la mère dans 95 % des cas

faire une analyse adéquate en vue d'éta- 10. Appliquer des 11. Quel parent
blir les stratégies pertinentes dans le
meilleur intérêt de cet enfant. mesures cliniques ou se trouve le plus
juridiques ? fréquemment
9. Forcer un enfant à
impliqué?
voir un parent ? Pour remédier à une aliénation, faut-
il appliquer des mesures cliniques, ju- Nous sommes en présence ici du nerf
Peut-on réellement forcer un enfant à ridiques ou les deux ? de la guerre. Selon l'optique féministe,
voir un parent qu'il déteste ? Tout dépend évidemment de la sévé- le concept de l'aliénation parentale
Beaucoup de cliniciens, de parents et de rité de l'aliénation pour laquelle s'ajoutait aux astuces visant à désavouer
représentants du système judiciaire ré- d'ailleurs Gardner a proposé une ty- les mères tout en protégeant les pères
prouvent l'idée d'obliger un enfant à fré- pologie répartie sur trois catégories : abuseurs. Que la littérature sur le sujet
quenter un parent qu'il déteste, le terri- légère, moyenne, sévère. Pour faire ait souvent identifié la mère comme
fie ou le révolte. Une telle contrainte principal parent aliénant n'a rien fait

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bref, il attribuait les mesures cliniques
semble en effet aller à l'encontre de toute à des aliénations légères et à certai- pour calmer les esprits. En introduisant
rectitude politique et humaniste. nes aliénations moyennes. Les aliéna- le concept du syndrome d'aliénation pa-
Les adeptes de la ligne dure ont une ré- tions sévères encouraient l'interven- rentale, Gardner essuya une telle levée
ponse toute prête : pour son bien, tion judiciaire en vue d'appuyer des de boucliers que lui-même s'est mis à
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n'oblige t-on pas les enfants à visiter le mesures cliniques. Vu d'aujourd'hui, reculer : vers la fin de ses jours, il ad-
dentiste quand une dent commande l'ob- il serait difficile de ne pas lui donner mettait une toute diplomatique égalité
turation ou l'extraction ? Ou, encore, raison. proportionnelle entre les mères et les
garde-t-on à la maison un enfant qui pères aliénants (Gardner, 2002). Hélas,
En effet, dans beaucoup de cas d'alié-
déteste l'école ou répugne à s'éloigner peu de recherches statistiques appuient
de maman ? nation moyenne ou sévère, l'enfant
les observations cliniques à cet égard.
impose sa volonté que l'adulte tend à
Personne ne nie le besoin des enfants Une estimation hollandaise attribue la
respecter dans la mesure du possible.
d'avoir et un père et une mère du moins fonction aliénante à la mère dans 95 %
Ce phénomène insidieux procure à
quand les deux parents sont adéquats et des cas (Zander, communication per-
l'enfant un sentiment de pouvoir sur
constituent des sources identitaires va- sonnelle). Notre propre échantillon
l'adulte - aussi bien sur le parent aimé
lables. Une fois cela admis, on ne de- d'expertises en cette matière donne une
que sur le parent rejeté. Or, eu égard
vrait pas tolérer le rejet d'un bon parent. proportion d'à peu près 75 %.
Les cliniciens ont certes tenté d'utiliser aux connaissances acquises sur le dé-
veloppement psychosocial de l'enfant, Plusieurs remarques s'imposent ici.
la méthode douce en investissant dans D'emblée, la question laisse entendre
la psychothérapie traditionnelle des en- une telle prise de pouvoir ne va pas
dans le sens de son propre intérêt. Elle que l'aliénation parentale, dans la ma-
fants aux prises avec un sentiment inco- jorité des cas, résulte de l'influence d'un
hérent et nuisible pour eux-mêmes. Ces le retire ni plus ni moins de l'enfance
ou, dit autrement, du trajet normatif parent aliénant. Il est utile de souligner
efforts se sont néanmoins révélés vains
qui veut qu'un enfant paie tribut à que, même si l'évidence clinique va dans
dans la majorité des cas même quand la
l'adulte. Comme l'aliénation abolit ce sens, la chose n'est pas prouvée de
méthode utilisée visait une «déprogram-
l'autorité dont dispose normalement façon absolue et que, dans certains cas,
mation».
chaque parent, une instance tutélaire certaines caractéristiques de l'enfant lui-
Des observations ont permis de consta- même permettent davantage de com-
ter que mis en présence du parent soi- doit alors suppléer pour rapatrier chez
le sujet son statut d'enfant. Ce rôle de prendre les causes de l'aliénation que
disant haï, la glace qui figeait la relation les éventuelles influences parentales.
se brisait souvent tout de suite (Van tiers restructurant peut difficilement
Gijseghem, 2002) au grand étonnement être tenu par un clinicien traditionnel- D'autre part, rien d'étonnant à ce que
des thérapeutes qui ont alors accepté de lement allié de l'enfant, mais il con- la mère incarne dans bien des cas le
plus en plus volontiers de tenter cette ex- vient tout à fait au représentant de la parent aimé. En effet, les décisions ju-
périence ou de la recommander. Les loi, soit le juge. C'est à ce dernier que diciaires penchent toujours
objections n'ont pas manqué de fuser revient la responsabilité de rappeler à majoritairement en faveur de la garde
aussi bien de la part du parent aimé que l'enfant que la loi ordonne d'écouter maternelle. C'est donc la mère qui, au
de la part de certains groupes de pres- ses (deux) parents. C'est à la condi- départ, détient les meilleures chances
sion en matière des droits des enfants tion de se voir imposer une telle loi de devenir le parent privilégié par l'en-
(ou des présumées victimes). Les théo- que l'enfant récupère son statut et réin- fant puisque c'est chez le parent gar-
riciens de l'aliénation parentale ont donc tègre la voie normale du développe- dien qu'il puise son sentiment de sé-
reculé quelque peu et opté pour des re- ment psychosocial. curité. L'enfant choisit naturellement
mèdes «mixtes» susceptibles de ména- le nid sécuritaire et, pour régler un
ger la sensibilité des uns et des autres. éventuel conflit de loyauté, il peut

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La normalité
Oppoortunité d'une injonction de soins

basculer dans le mécanisme facile de enfant et cherche à le protéger à tout samment nombreuses pour contrer les
clivage bon parent / mauvais parent. prix ? positions de nature idéologique ni éclai-
La tradition judiciaire en faveur des rer objectivement le débat. Que le phé-
mères peut donc contribuer à la dis- Conclusion nomène existe ne fait cependant plus de
proportion quant au sexe du parent doute, mais on devra attendre une autre
auquel sont attribuées des influences Concernant l'aliénation parentale, la décennie pour résoudre plusieurs as-
aliénantes. controverse fait rage et les choses ne pects de la controverse.
sont pas près de se calmer. Il en va ainsi
12. Un parent aliénant de tout concept qui suscite des émo-
tions. Malheureusement, les recherches
est-il nécessairement longitudinales ne sont pas encore suffi-
dérangé ?
Plusieurs auteurs, dont jusqu'à un cer-

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tain point Gardner, prétendent qu'un Références
parent aliénant est nécessairement aux Darnall, D. (1997). Another perspective of parental alienation.
prises avec une pathologie psychique. www.parentalalienation.com/
Certains (dont Hayez,
www.observatoirecitoyen.be/article, Gardner, R. (1992). The parental alienation syndrome. Creskill : Creative
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therapeutics.
2004) croient également qu'une in-
fluence aliénante reste très exception- Gardner, R. (1998). The parental alienation syndrome (Second Edition). Creskill
nelle et renvoie à des adultes : Creative therapeutics.
psychiquement atteints. Encore ici, les Gardner, R. (2002, october). The parental alienation syndrome : Past, present
recherches empiriques font cruelle- and future. Paper presented at the International Conferences PAS, an
ment défaut. D'après notre propre interdisciplinary challenge for professionals involved in divorce. Frankfurt,
échantillon d'expertises, l'hypothèse Germany.
de maladie mentale ou même de trou- Gardner, R. (2002). Does DSM IV have equivalents for the Parental Alienation
ble de la personnalité généralisés Syndrome (PAS) diagnosis?
parmi les parents aliénants ne tient pas
la route. Au contraire, la grande ma- Griffiths, J. & Hekman, E. (1985). De totstandkoming van een bezoekregeling
na echtscheiding. Groningen : Coordinatiecomissie wetenschappelijk onderzoek
jorité des parents aliénants apparais-
kinderbescherming en fakulteit der rechtsgeleerdheid van de rijksuniversiteit.
sent tout à fait normaux et déploient
une sollicitude parentale de qualité. Ils Hayez, J-Y. (2004). L'«aliénation parentale», un concept à haut risque.
sont de bonne foi et croient sincère- Johnston, J. & Campbell, L. (1988). Impasses of divorce: The dynamics and
ment que leur enfant ne peut rien gla- resolution of family. New York : Free Press.
ner de positif chez l'autre parent. Ou
Joyal , R. Quéniart, A. Van Gijseghem, H. et Cloutier , R. (1999). La protection
encore, si l'enfant se montre réticent des droits et de l'intérêt de l'enfant dont la garde est contestée. Analyse des dis-
à visiter l'autre parent, c'est qu'il a de positifs juridiques concernés. Montréal : Premier rapport de recherche.
bonnes raisons. Les parents gardiens
tendent alors à respecter les senti- Kelly, J. & Johnston, J. (2001) A reformulation of parental alienation syndrome.
Family Court Review, 39, 249-266.
ments de l'enfant ou bien ils veulent
tout simplement protéger l'enfant des Lampel, A. (1996). Children's alignments with parents in highly conflicted custody
influences néfastes du parent adverse. cases. Family and conciliation Courts Review , 34, 229-239.
Bref, ce sont d'authentiques «bons Napp-Peters, A. (1995). Familien nach der Scheidung. München : Verlag Antje
parents». Soit qu'ils sont influencés Kunstmann.
par leurs propres malheurs de couple,
Van Gijseghem, H. (2002). Le Syndrome d'Aliénation Parentale. La Revue d'Ac-
soit qu'ils manquent de connaissance tion Juridique et Sociale, no 222, 31-35.
en matière de psychologie de l'enfant,
ce qui est loin d'être exceptionnel. Wallerstein J. & Kelly, K. (1980). Surviving the break-up : How children and
parents cope with divorce. New York : Basic Books.
Il semble même que la normalité du
parent aimé (éventuellement aliénant) Warshak, R. (1983). The impact of divorce in father-custody and mother-custody
soit un facteur qui retarde la recon- homes : the child's perspective. In : L. Kurdek (Ed). Children and divorce. San
naissance du concept de l'aliénation Francisco : Jossey-Bass.
de la part des tribunaux. Comment un Warshak, R. (2003). Bringing sense to parental alienation : A look at the disputes
juge peut-il en effet désavouer un pa- and the evidence. Family Law Quarterly, 37, 273-301.
rent qui aime authentiquement son

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