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Des cannibales

Introduction :
Montaigne fait partie du mouvement littéraire de l’humanisme qui envisage de revaloriser la
littérature de l’Antiquité, et de considérer des valeurs tel que l’intelligence ou le savoir. Les auteurs
humanistes puisent leur inspiration des textes antiques, ces derniers deviennent un modèle de vie. Les
écrivains cherchent l’épanouissement de l’homme par la culture sans distinction.
Analyse : Des cannibales : Essais Chapitre 1
L’extrait auquel nous sommes confrontés met scène Montaigne qui critique explicitement la société
française par a parole des Indiens, en effet lors d‘un voyage à Rouen, l'humaniste a eu l’occasion de
questionner l’un d’entre eux, sur la notion de supériorité envers son peuple.
Ainsi, nous nous demanderons par quel moyens Montaigne dénonce les inégalités sociétales du
régime français à travers la parole des Indiens.
Lecture du texte

Nous pouvons diviser le texte en différents mouvements, dans une première partie de “trois d’entre
eux” à “leur maison ”Montaigne compare deux civilisations, il propose un entretien avec des Indiens,
et nous fait part de leurs réponses sans détour, de leur incompréhension sur l’hérédité du pouvoir, ce
qui lui permet d’établir une critique de la société. Ensuite, dans une seconde partie de “je parlais à
l’un d’eux” à la fin, l’auteur transmet une vision parallèle du pouvoir par la parole des Indiens.
Annonce du premier 1er mouvement : Montaigne commence par instaurer le décor du chapitre, et nous fait
part de sa rencontre avec trois Indiens.

• Montaigne évoque le voyage de trois cannibales d’emblée “Trois d’entre eux […] furent à
Rouen” il instaure l’intrigue, il se place comme un observateur.
• l.1 “Trois d’entre eux” permet de généralisé les cannibales
• Montaigne n'hésite pas à dire explicitement que la France même si elle se juge tel étant une
bonne civilisation n’est qu’un modèle de corruption
→ Champ lexical de la corruption, de la chute “nuire”, “corruption”, “ruine”, “misérable”

• l.1 “ignorant combien coûtera un jour à leur repos et à leur bonheur […] et que […] naîtra
leur ruine” Montaigne vient prédire le déclin, la chute des peuples Indiens, en raison du
modèle corrompue de la France qu’ils veulent suivre.
• “bien misérables de s’être laissés piper au désir de la nouvelleté” Montaigne montre la
naïveté des Amérindiens, qui se sont fait “piper” (tromper) par le semblant de volonté
des occidentaux. Ainsi Montaigne montre que les civilisations ne doivent pas s’imiter
entre elle, elles doivent garder les spécificités de leurs civilisations, selon lui chaque
peuple doit conserver ses mœurs.

• “on leur fit voir notre façon, notre pompe, la forme d’une belle ville” cette gradation
témoigne de la volonté de prouver la supériorité de la culture française.

 Ainsi, Montaigne nous rapporte son entretien avec trois indiens.


• Montaigne doit initialement nous faire part de trois de leurs réponses, mais il énonce qu’il en
à oublier une, et que cela le contrarie, “j’ai oublié la troisième et j’en suis bien contrariée”, en
lisant cela, nous comprenons que Montaigne veut transmettre cet échange de façon véridique.

• Montaigne retranscrit avec précision les deux remarques des Amérindiens dont il se souvient.
Il utilise pour cela le discours indirect (“Ils dirent qu’ils trouvaient en premier lieu […]
secondement qu’ils avaient aperçu”).

• Au contraire de ce que l’on aurait pu penser, les Indiens ne disent pas ce qu’ils trouvent de
“plus admirables” mais ce qu’il trouve “fort étrange”, ainsi ils transmettent leur réponse sans
détour, quant à la façon de gouverner de la civilisation française. “très étrange que des grands
hommes barbus, forts et armées qui entouraient le roi […] acceptent d’obéir à un enfant” cette
réponse témoigne de leur incompréhension à l’égard du système hiérarchisé du système
français, selon eux, il est impensable d'obtempérer avec un individu inférieur physiquement et
mentalement. La périphrase ironique “enfant” permet à Montaigne la critique du caractère
héréditaire de la monarchie, l’enfant désigne Charles IX, âgé de 12 à l’instant où il écrit.

• Le terme “enfant” crée un contraste avec la garde désigné par le champ lexical de la force
militaire “barbe”, “grands”, “forts”, “armée”. Montaigne, à travers la parole des Indiens
souligne le paradoxe du pouvoir français.

• “et qu’on ne choisisse plutôt quelqu’un d’entre eux” montre le manque de liberté du régime.
Désormais Montaigne vient critiqués les inégalités de classe, qui témoigne que la société française est
fracturée.

• L’anaphore “moitié” est souvent utiliser par les Indiens pour qualifier les deux parties de la
société, ainsi grâce aux paroles des Indiens Montaigne démontre les aspect inégales de la
société.
→ En effet, il émet un contraste entre les riches et les pauvres, on l’observe en raison de deux
champs lexicaux, celui de la richesse “commodités”, “repus”, “nantis” et celui de la pauvreté
“mendiaient”, “faim” “décharnés”, cela montre les inégalités entre les Hommes de la société
française. Les deux champs lexicaux s’opposent comme les deux parties de la société
française.

• “ […] ces moitiés miséreuses pouvaient supporter une telle injustice, sans prendre les autres à
la gorge, ou mettre leurs maisons à feu” les Indiens viennent une nouvelle fois montrer leurs
incompréhensions.
→ Champ lexical de la violence, “ mettre leur maison à feu”, “prendre les autres à la gorge”, ici
les Indiens dénonce leur mécontentement, et leur étonnement suite à l’indifférence des
miséreux au sujet de ces inégalités.
Transition : Après avoir critiqué les inégalités sociales de la société française et le caractère héréditaire du pouvoir,
Montaigne transmet une vision parallèle de celui-ci, en effet il parle du régime des Amérindiens.

• “Quand je lui demandais quel bénéfice il tirait de la supériorité qu'il avait sur les siens […] il
me dit que c’était de marcher le premier à la guerre” cela nous fait revenir sur la vision qu’on
les Indiens sur le pouvoir, un individu pas capable d’aller au front, dans ce cas un enfant,
n’est pas légitime de gouverner, ainsi selon eux faudrait-il déléguer ce rôle à quelqu'un
d’assez puissant pour aller combattre. Ainsi, Montaigne, tente d’entrevoir le régime idéal à
travers les explications des Cannibales.
→ Les Indiens proposent une autorité basée sur le courage, l’honneur et la bravoure et non sur
l’hérédité.

• Montaigne intervient pour demander, si son autorité résistait encore, même en temps de paix,
le chef répondit qu’il lui restait la reconnaissance des siens lorsqu’il passait dans leurs
villages, “on lui traçait des sentiers à travers les fourrés”. Ainsi, le récit des cannibales évoque
que si le roi est aussi un chef de guerre, la population lui sera dévoué, et il sera respecté.

• “Tout cela n’est pas si mal” cet euphémisme (=en dire moins pour faire entendre plus)
montre que cette conception est validée, valorisée par Montaigne.

• “Mais quoi, ils ne portent pas de haut de chausses” Montaigne conclue par cette phrase à la
tournure ironique, le “mais quoi”, symbolise le début de l’ironie de la phrase, il termine par
parler des haut de chausses que portent les rois de France, pour critiquer leurs apparences,
qu’il ne suffit pas d’en porter pour être respecté, nous rappelons que les Indiens ne portent pas
de haut de chausses.
→ Permet une nouvelle satire de la société française basé sur l’apparence.
Conclusion :
Nous nous sommes demandés, par quel moyens Montaigne dénonce les inégalités sociétales du
régime français à travers la parole des Indiens. En somme, dans son extrait Montaigne critique les
inégalités de la monarchie française grâce aux paroles des Indiens, c’est une manière satirique
d’aborder le sujet. Nous comprenons que Montaigne n’idolâtre absolument pas la société dans lequel
il vit, ainsi sa rencontre avec les Indiens nous permet d’en apprendre sur le fonctionnement d’une
société nouvelle.

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