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NOTE JURIDIQUE
- INDEMNISATION -
Base juridique
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 1
L’indemnisation des victimes d’accident de la route est régie par la loi n° 85-677 du 5 juillet
1985 dite loi Badinter.
L’intention du législateur est contenue dans le titre de la loi. Elle tend, en effet, « à
l'amélioration de la situation des victimes d'accidents de la circulation et à l'accélération des
procédures d'indemnisation ».
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I. LES CONDITIONS DE L’ACTION
EN INDEMNISATION DES VICTIMES
Pour qu'une victime puisse victorieusement fonder une action en indemnisation sur les
dispositions de la loi du 5 juillet 1985, il faut que le préjudice dont elle réclame réparation soit
le résultat d'un accident de la circulation dans lequel est impliqué un véhicule terrestre à
moteur.
La Cour de Cassation considère que même en cas de faute volontaire qualifiée d'infraction, la
loi de 1985 est exclue, même si ce fait volontaire émane d'un tiers. Cette exclusion concerne
également l'action exercée contre le conducteur d'un véhicule impliqué dans l'accident qui
n'était pourtant pas l'auteur des violences volontaires (par exemple, jet de pierre par des
piétons, utilisation de la voiture comme arme pour blesser volontairement quelqu’un).
Il faut remarquer que cette solution est la seule qui permette aux victimes de ces préjudices
d'obtenir réparation. En effet, si la qualification d'accident était retenue dans les cas de
violences volontaires, son indemnisation serait extrêmement aléatoire :
1
Cass. 2ème civ., 30 nov. 1994, n° 93-13.399 et 93-13.485, Cass. Crim. 29 mars 2006, n° 05-82.515
2
Commission d'indemnisation des victimes d'infractions, qui fera l’objet d’une prochaine note juridique
3
Articles 706-3 et s. du code de procédure pénale
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1.1.2. La notion de circulation
Encore faut-il, pour que la loi s'applique et que l'action soit possible, démontrer que c'est d'un
accident de la circulation dont la victime demande réparation. La circulation est, en ce
domaine une notion générale qui s'interprète largement et ne prend pas en compte le
mouvement ou l'arrêt du véhicule. Un arrêt l'affirme clairement : « la loi du 5 juillet 1985 est
applicable à tout accident de la circulation dans la survenance duquel un véhicule terrestre à
moteur est intervenu, à quelque titre que ce soit »4.
Certes, lorsque le véhicule est en mouvement, il est toujours considéré comme en circulation
et l'accident entre dans le champ d'application de la loi.
Désormais, la jurisprudence a modifié ses solutions par trois arrêts rendus par la deuxième
chambre civile de la Cour de Cassation, le 22 novembre 19955. Elle a abandonné toute
distinction entre le véhicule à l'arrêt et le véhicule en stationnement. Dans ces trois
espèces concernant des véhicules en stationnement régulier sur la voie publique, la deuxième
chambre civile a, en effet, considéré que les préjudices découlant de l'incendie, qui avait pris
naissance dans ces véhicules et s'était propagé à des biens appartenant au demandeur à
l'action, étaient régis par la loi de 1985 et non par l'article 1384, alinéa 2, du Code civil :
« l'incendie provoqué par un véhicule terrestre à moteur, ce dernier fût-il en stationnement,
est régi par les dispositions de la loi du 5 juillet 1985 ». « Le stationnement d'une automobile
sur la voie publique est un fait de circulation au sens de l'article 1er de la loi du 5 juillet
1985 ».
Par conséquent, la jurisprudence n'opère plus aucune distinction entre le véhicule à l'arrêt et le
véhicule en stationnement (sur une voie ouverte à la circulation publique), ni entre le véhicule
immobile et le véhicule en mouvement. Tous ces véhicules sont considérés comme étant en
circulation.
Finalement, ces arrêts conduisent à intégrer dans le champ d'application de la loi de 1985
tous les accidents dans lesquels est impliqué un véhicule terrestre à moteur pris en sa
qualité d'instrument de la circulation. C'est le propre des véhicules terrestres à moteur de
stationner sur la voie publique, créant ainsi des risques spécifiques. Seul le véhicule en
stationnement sur un lieu fermé à la circulation publique n'est pas en circulation.
4
Cass. 2ème civ., 24 juin 1998, n° 96-20.284
5
Cass. 2ème civ., 22 nov. 1995, n° 94-10.046, n° 93-21.221 et n° 94-10.054.
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b. Il ne faut pas restreindre la circulation à la seule circulation routière
Un véhicule circulant sur une voie publique ou privée, même autre qu'une route, entre dans le
champ d'application de la loi. Est considéré ainsi en circulation, le véhicule en mouvement ou
à l'arrêt sur un champ, un parking, une plage, une piste de ski, etc.
Précision : lorsqu'une personne assistant à une compétition automobile est victime d'un
préjudice, la jurisprudence opère une distinction : la loi du 5 juillet 1985 s'applique aux
accidents survenus au cours d'une compétition sportive en circuit fermé dont sont victimes les
spectateurs6, mais ne s'applique pas entre concurrents de la compétition sportive7. Cette
solution conduit à distinguer l'accident de la circulation et l'accident entre sportifs.
c. Le rôle joué par le véhicule au moment de l'accident est pris en compte pour décider
s'il était ou non en circulation
Ainsi ne sera point considéré comme en circulation, le véhicule qui intervient dans la
réalisation d'un accident alors qu'il n'était pas utilisé en vue d'une quelconque circulation,
alors qu'il n'était pas destiné à être déplacé.
Lorsque le véhicule est utilisé comme un instrument de travail « véhicule-outil », qu'il est, en
outre, utilisé pour une tâche spécifique qui n'a aucun rapport avec sa fonction de déplacement
(ex : accidents de chargement et de déchargement) et qu'enfin, il est immobile, il n'est pas
considéré comme étant en circulation, la loi du 5 juillet 1985 n'ayant donc pas vocation à
s'appliquer.
Il en va ainsi pour l'accident dont est victime une personne dans le cas d'un chariot élévateur
équipé d'une pelle si ce chariot est immobilisé et que seule une manœuvre de la pelle est à
l'origine de l'accident8.
Lorsqu'au contraire, même utilisé comme instrument de travail, le véhicule est en mouvement,
la loi s'applique (ex : un tracteur en mouvement dans un champ), et cela même si c'est la
fonction outil du véhicule qui est en cause.
L'article 1er de la loi du 5 juillet 1985 dispose que celle-ci s'applique « aux victimes d'un
accident de la circulation dans lequel est impliqué un véhicule terrestre à moteur ainsi que
ses remorques ou semi-remorques, à l'exception des chemins de fer et des tramways circulant
sur des voies qui leur sont propres ».
6
Cass. 2ème civ., 10 mars 1988, n° 87-11.087
7
Cass. 2ème civ., 4 janv. 2006, n° 04-14.841
8
Cass. 2ème civ., 13 janv. 1988
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Exemples d’engins considérés comme des véhicules terrestres à moteur par la Cour de
cassation : une balayeuse, un tracteur agricole, une motocyclette, un chasse-neige, un tracteur
tondeuse, une tondeuse autoportée (à moteur dotée de quatre roues extra-larges lui permettant
de circuler, équipée d'un siège pour le conducteur et d'un tableau de bord complet)9, une pelle
mécanique, ou encore un trolleybus qui circule grâce à des câbles aériens dans un couloir de
circulation propre.
En effet, selon la vitesse à laquelle le fauteuil roulant peut aller, il sera considéré
comme piéton ou comme véhicule terrestre à moteur (type quadricycle léger). Dès lors,
on pourra déterminer quels sont les dispositions qui leurs sont applicables.
Il doit disposer d’une assurance obligatoire en vertu de l'article L. 211-1 du code des
assurances. Ce texte oblige à assurer « tout véhicule automoteur destiné à circuler sur
le sol et qui peut être actionné par une force mécanique, sans être lié à une voie ferrée,
ainsi que les remorques, même non attelées ».
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Concernant les accidents n’impliquant que le fauteuil roulant électrique et son
utilisateur, l’assurance du véhicule ne jouera pas, il faut souscrire un contrat dit
« Corporel Conducteur » ou « Individuelle Accident ».
La loi assimile aux véhicules terrestres à moteur, leur remorque et semi-remorque, mais
exclut expressément les chemins de fer et tramways à condition qu'ils circulent sur des voies
qui leur sont propres, c'est-à-dire qui ne sont point empruntées par d'autres usagers12.
Dans cette mesure, lorsque l'accident intervient entre une automobile et un tramway qui
circule sur des rails implantés sur des chaussées ordinaires ouvertes à la circulation d'autres
véhicules, celui-ci est considéré comme un véhicule terrestre à moteur et la loi de 1985
s'applique13.
Lorsque l'accident survient à un passage à niveau, la Cour de cassation fait une amusante
distinction. L'action exercée contre le conducteur, le gardien ou l'assureur de l'automobile est
régie par la loi de 1985, tandis que celle intentée contre la compagnie de chemin de fer obéit
au droit commun14.
À l'implication du véhicule terrestre à moteur peut être assimilée celle de ses accessoires.
Ainsi, est un accessoire du véhicule le tendeur élastique permettant de fixer une plaque de
contreplaqué sur le toit. Cela ressort d’une décision de la 2ème Chambre Civile de la Cour de
Cassation du 20 octobre 2005 : « les blessures avaient été provoquées par la projection d'un
objet transporté et d'un tendeur élastique, accessoire nécessaire au transport autorisé sur le
toit d'un véhicule terrestre à moteur, fût-il en stationnement sur la voie publique, moteur
arrêté, ce dont il résultait qu'il s'agissait d'un accident de la circulation et que la garantie de
l'assureur du véhicule était due, la cour d'appel a violé l'article 1er de la loi du 5 juillet
1985, ensemble l'article R. 211-5 du Code des assurances. »
Trois cas de figure doivent être envisagés pour savoir si un véhicule est impliqué dans
l’accident au sens de la loi.
Dans ce cas, l'implication est nécessairement établie. Il suffit à la victime de prouver qu'elle a
heurté le véhicule pour que l'implication soit retenue.
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terrestre à moteur soit en stationnement sans perturber la circulation n'exclut pas son
implication dans un accident »15. Puis, elle a précisé qu'« est nécessairement impliqué dans
l'accident (...) tout véhicule terrestre à moteur qui a été heurté, qu'il soit à l'arrêt ou en
mouvement »16. Dès lors, le critère de l'implication est aujourd'hui le même que le véhicule
soit mobile ou immobile lors de l'accident. Il suffit à la victime de démontrer qu'elle a heurté
le véhicule pour qu'il soit établi que celui-ci est impliqué.
Pour que la victime établisse l'implication, il faut et il suffit qu'elle apporte la preuve que le
véhicule a joué un rôle quelconque dans l'accident, qu'il est intervenu dans l'accident à
quelque titre que ce soit. Elle doit démontrer que l'accident ne serait pas survenu ou ne se
serait pas déroulé de la même façon si le véhicule n'avait pas été présent.
Dans ce cas, faute de heurt ou de contact, l'implication n'est pas présumée : la victime doit
apporter la preuve du rôle causal du véhicule dans l'accident.
La deuxième chambre civile a admis l'implication, sans contact, d'un véhicule que la victime
dépassait lorsqu'elle est entrée en collision avec un véhicule survenant en face17. De la même
manière, est impliqué dans l’accident, le tracteur qui, mis en marche, effraie un cheval, qui
jette sa cavalière à terre18.
La seule implication du véhicule dans l'accident est insuffisante : il faut, en outre, que le
véhicule soit impliqué dans le dommage. Par conséquent, la réparation suppose que le
dommage soit imputable à l'accident dans lequel le véhicule était intervenu.
En d'autres termes, il ne suffit pas que le véhicule soit impliqué dans l'accident, il faut, pour
que la victime puisse agir sur le fondement de la loi du 5 juillet 1985, que le véhicule du
défendeur, impliqué dans l'accident, ait été la cause du dommage.
Cette position est affirmée par la Chambre criminelle de la Cour de Cassation : « l'implication
d'un véhicule terrestre à moteur dans un accident de la circulation ne dispense pas la partie
civile d'apporter la preuve d'un lien de causalité entre ledit accident et le dommage dont elle
entend obtenir la réparation »19.
15
Cass. 2ème civ., 23 mars 1994, n°92-14.296
16
Cass. 2ème civ., 25 janv. 1995, n° 92-17.164
17
Cass. 2ème civ., 18 mars 1998, n° 96-13.726
18
CA Reims ch. civ. 22 mai 2006 n° 06-323481
19
Cass. crim., 13 juin 1991, n°90-83.491
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L'hypothèse est la suivante : une voiture en percute une autre et il est démontré que c'est lors
de ce premier choc que la victime a subi une blessure. Puis quelques secondes après, deux
autres voitures viennent percuter les véhicules déjà accidentés sans pour autant qu'il soit avéré
qu'elles aient causé un nouveau dommage à la victime (accident multiple). La question qui se
pose alors est la suivante : pour que le conducteur d'un véhicule ayant participé à la réalisation
d'un accident de la circulation puisse être condamné à indemniser la victime, suffit-il que son
véhicule soit impliqué dans l'accident qui a provoqué le dommage, ou est-il nécessaire, en
outre, que son véhicule soit impliqué dans la production du dommage résultant de cet
accident ?
En cas d'accident multiple, c'est-à-dire impliquant tour à tour, mais dans un bref laps de
temps, plusieurs véhicules, chaque conducteur est tenu à réparation sur le fondement de la loi
du 5 juillet 1985, si et seulement si son véhicule est impliqué dans l'accident : « est impliqué,
au sens de l'article 1er de la loi du 5 juillet 1985, tout véhicule qui est intervenu, à quelque
titre que ce soit, dans la survenance de l'accident »20.
20
Cass. 2ème civ., 24 juin 1998, n° 96-20.284
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II. L’EXERCICE DE L’ACTION
EN INDEMNISATION DES VICTIMES
L'exercice de l'action en indemnisation fondée sur la loi du 5 juillet 1985 suppose, que soient
d'abord identifiés, d'une part, son titulaire et, d'autre part, le défendeur. Il convient de
distinguer deux hypothèses, l'une simple (un auteur et une victime), l'autre plus complexe
(plusieurs coauteurs et/ou victimes).
Le titulaire de l'action en indemnisation fondée sur la loi de 1985 est la victime de l'accident
de la circulation, ou ses héritiers et ayants droit si celle-ci est décédée.
La loi désigne comme responsables, les conducteurs ou gardiens dont les véhicules terrestres
à moteur sont impliqués dans l'accident.
Le gardien est celui qui a l'usage, la direction et le contrôle du véhicule21, à moins qu'il ne
démontre qu'il avait transféré la garde à une autre personne. A cet égard, il est intéressant de
noter que le propriétaire qui confie son véhicule à son passager et dort à ses côtés reste
gardien22.
Quant au conducteur, il s'agit de la personne qui a la maîtrise effective du véhicule au
moment de l'accident.
21
Cass. 2ème civ., 13 janv. 1988, n° 86-16.908
22
Cass. 2ème civ., 2 juill. 1997, n° 96-10.298
23
Articles 12 à 27 de la loi du 5 juillet 1985 codifiés au code des assurances, articles L 221-9 à L 211-24
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Lorsque le gardien ou le conducteur du véhicule impliqué est inconnu ou non assuré, la
victime sera alors indemnisée par le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires de
Dommage (FGAO : anciennement Fonds de Garantie Automobile)24.
L'action en indemnisation fondée sur la loi du 5 juillet 1985 est exclusivement recevable
contre les conducteurs et gardiens dont les véhicules sont impliqués dans cet accident.
Autrement dit, une victime ne peut agir sur le fondement de cette loi qu'à l'encontre des
personnes qui sont soumises à l'assurance obligatoire des véhicules terrestres à moteur.
Le champ d'application de la loi est donc déterminé à partir du lien existant, au moins dans
l'esprit de la loi, entre la charge de l'indemnité et l'assurance de responsabilité.
Au fond, la notion d'implication détermine la recevabilité de l'action fondée sur la loi de 1985
et détermine son champ d'application. En vertu de cette règle de principe, le conducteur ou le
gardien d'un véhicule terrestre à moteur, victime d'un accident de la circulation, ne peut pas
invoquer la loi de 1985, lorsque son véhicule est le seul impliqué dans l'accident. Ainsi,
lorsqu'un conducteur victime agit en réparation de son dommage contre un non-conducteur, il
ne peut agir sur le fondement de la loi de 1985, son action devant être fondée sur le droit
commun25.
« La loi de 1985 ne peut être invoquée lorsque le véhicule terrestre à moteur, dont la victime
était le conducteur, est seul impliqué dans l'accident »26. En effet, si un seul véhicule est
impliqué et que la victime est le conducteur-gardien, celui-ci ne peut pas être indemnisé sur le
fondement de la loi car il n'y a pas d'autre "responsable" qu'il puisse mettre en cause pour
avoir accès à l'assurance.
De plus, lorsqu'il n'existe aucun autre débiteur d'indemnisation, les proches (victimes par
ricochet) du conducteur-victime, dont le véhicule est seul impliqué dans l'accident, ne peuvent
pas se prévaloir de la loi de 1985.
Ensuite, puisque l'action fondée sur la loi de 1985 ne peut être exercée exclusivement que
contre des défendeurs, conducteurs ou gardiens d'un véhicule terrestre à moteur impliqué dans
un accident de la circulation, elle est irrecevable contre les autres coauteurs de cet accident
non-conducteurs ou non-gardiens.
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réparation des dommages subis par les auteurs, coauteurs ou complices du
vol ».
Certes, le conducteur reste tenu d'indemniser la victime mais l'assurance du
véhicule n'intervient pas. Ni le Fonds de garantie contre les accidents, dans la
réglementation duquel il existe une cause d'exclusion, ni le Fonds d'indemnisation
des victimes d'infractions ne pourront jouer.
En revanche, en cas de collision, le conducteur ou gardien de l'autre véhicule et
son assureur indemniseront le complice du vol29.
Le piéton pourra agir sur le fondement de la loi du 5 juillet 1985 contre le conducteur.
En revanche, pour obtenir réparation de ses dommages, le conducteur devra agir sur le
fondement des articles 1382 et suivants du Code civil. Pourquoi ?
Parce que dans l'esprit du législateur, il existe un lien entre l'action en indemnisation instituée
en 1985 et l'assurance de responsabilité. Dès lors, à l'occasion d'un accident de la circulation,
la victime, conductrice du véhicule impliqué (ou autre), ne peut pas agir sur le
fondement de la loi de 1985 contre un piéton. Le véhicule impliqué dans l'accident n'est, en
effet et par hypothèse, pas celui du piéton, lequel n'est donc pas, pour le dommage qu'il cause
en l'espèce, couvert par une assurance obligatoire.
Cela ne signifie évidemment pas que le conducteur-victime ne puisse pas obtenir
l'indemnisation de son préjudice par le piéton. Seulement, il devra, dans cette perspective, agir
sur le fondement des articles 1382 ou 1383 du Code civil, en un mot sur le fondement des
textes du droit commun de la responsabilité civile30. Le piéton n'est pas irresponsable sur le
plan du droit commun de la responsabilité, simplement il ne peut pas être poursuivi sur le
fondement de la loi de 198531.
Le même raisonnement peut se tenir pour le cycliste contre lequel l'article 1384 alinéa 1er du
Code civil pourra en outre être invoqué.
Le piéton, pour obtenir l'indemnisation de ses préjudices, peut agir, soit contre le conducteur
du véhicule impliqué en fondant son action sur la loi du 5 juillet 1985, soit contre le cycliste
en fondant son action sur les articles 1382 et suivants du Code civil.
Enfin, une question s'est posée à propos du fondement de l'action du conducteur contre le
gardien et du gardien contre le conducteur.
L'exemple est le suivant : une personne conduit un véhicule dans lequel se trouve le gardien
du véhicule. Un accident survient à la suite d'une manœuvre du conducteur, qui se trouve
blessé comme le gardien. Les blessés subissent un préjudice dont ils sont coauteurs.
La jurisprudence a décidé que le gardien peut agir contre le conducteur sur le fondement
de la loi de 1985, puisqu'il est un passager transporté32.
29
Cass. 2ème civ., 21 décembre 2006, n° 05-17.650
30
Cass. 2ème civ., 28 janv. 1987, n° 85-18.115
31
Cass. 2ème Civ. 15 mars 2007, n° 06-12.680
32
Cass. 2ème civ., 3 oct. 1990, n° 89-16.113
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Dans un premier temps, la jurisprudence a affirmé que le conducteur ne pouvait pas agir
contre le gardien sur le fondement de la loi de 1985 : il ne pouvait demander réparation de son
préjudice au gardien qu'en application du droit commun de la responsabilité civile.
Cette distinction se justifiait par le rôle différent joué par l'un et l'autre dans la réalisation des
risques de la circulation. En effet, le conducteur est l'auteur direct de l'accident, son action
provoquant directement l'accident. Il n'en est pas de même du gardien qui, par hypothèse non
fautif, n'a qu'un rôle passif dans la réalisation de l'accident (il n'empêche que c'est tout de
même lui le créateur du risque). En outre et surtout, les dommages subis par le conducteur
sont exclus de l'assurance obligatoire.
Dans un second temps, la Cour de cassation a affirmé « que lorsqu'un véhicule terrestre à
moteur est seul impliqué dans un accident de la circulation, le conducteur, s'il n'en est
pas le gardien, a droit, de la part de celui-ci, à l'indemnisation des dommages qu'il a
subis, directement ou par ricochet, sauf s'il a commis une faute ayant contribué à la
réalisation de son préjudice »33.
33
Cass. 2ème civ., 2 juill. 1997, n° 96-10.298
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III. L’ETENDUE DU DROIT A INDEMNISATION
Lorsque la victime d'un accident de la circulation remplit toutes les conditions de recevabilité
et de bien-fondé édictées par la loi et la jurisprudence, elle peut obtenir une indemnisation
dont il importe de décrire l'importance et l'étendue.
La loi prévoit que le Tribunal de Grande Instance est compétent en matière d'accident
de la circulation et qu'il statue à juge unique34. En matière de réparation du dommage
causé par un délit, la demande pourra être portée, soit devant la juridiction où
demeure le défendeur35 (domicile du responsable de l’accident ou siège social de
l’assurance), soit devant le tribunal du lieu où le fait dommageable s’est produit36 (lieu
de l’accident).
Une seule règle est commune à toutes les victimes : on ne peut leur opposer la force majeure
ou le fait d'un tiers.
Pour le reste, la loi du 5 juillet 1985 a instauré un système de discrimination entre les
victimes : le responsable de l’accident et son assureur peuvent demander au juge de prononcer
une diminution, voire une suppression, de l'indemnisation réclamée par la victime, en
invoquant la faute de la victime.
L'article 2 de la loi du 5 juillet 1985 dispose que « les victimes, y compris les conducteurs, ne
peuvent se voir opposer la force majeure ou le fait d'un tiers par le conducteur ou le gardien
d'un véhicule (terrestre à moteur) ».
Ce texte concerne, par conséquent, toutes les victimes sans distinction et tous les dommages,
qu'ils soient corporels ou matériels. Ainsi, il déclare inopposables à la victime la force
majeure et le fait d'un tiers, même s'ils présentent les trois caractères de la cause étrangère,
c'est-à-dire s'ils sont imprévisibles, irrésistibles et extérieurs.
Par exemple, une personne, passagère d’un véhicule, est blessée à la suite d’un accident
causé par un animal qui a fait irruption sur la route : elle ne peut se voir opposer par le
conducteur, le fait d’un tiers (en l’occurrence, la responsabilité du gardien de l’animal).
L’assurance du véhicule devra l’indemniser, charge à lui d’exercer ensuite un recours contre
le gardien de l’animal.
34
Art. L. 311-10-1 du code de l’organisation judiciaire
35
Article 42 du nouveau code de procédure civile
36
Article 46 du nouveau code de procédure civile
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De même, le gardien ou le conducteur d'un véhicule impliqué peuvent être condamnés à
indemniser un dommage alors qu'ils ne l'ont pas causé.
Cette règle à s'applique, quelle que soit la situation de la victime au moment de l'accident.
En clair, elle s'applique aussi bien au profit des victimes conductrices que des victimes non-
conductrices.
En revanche, elle ne joue pas de la même manière, selon la personne contre qui la victime
agit :
ª en effet, lorsque le défendeur poursuivi par la victime, est conducteur ou gardien d'un
véhicule impliqué dans l'accident, la force majeure ou le fait d’un tiers lui son
inopposables (article 2 de la loi du 5 juillet 1985),
La loi établit une discrimination entre les victimes conductrices et les victimes non-
conductrices. Alors que pour les victimes conductrices, la loi dispose que leur faute diminue
ou supprime le montant de leur indemnisation37, pour les victimes non-conductrices, la loi
énonce qu'en principe, elles doivent recevoir une indemnisation intégrale de leur préjudice
corporel, en dépit de la faute qu'elles ont commise38.
On peut regretter et dénoncer cette discrimination dans la mesure où l'on sait que les
conducteurs sont les victimes les plus nombreuses d'accidents de la circulation et que ce sont
elles qui subissent les préjudices corporels les plus importants. Par ailleurs, ce sont les seuls
qui ne bénéficient pas de l'assurance obligatoire.
Peu de personnes savent qu'un contrat d'assurance automobile, même tous risques, ne
protège pas intégralement le conducteur lors d'un accident dont il est responsable.
En effet, la législation ne prévoit pas d'indemnité pour les préjudices corporels subis
par le conducteur (incapacité temporaire de travail, invalidité, décès...). De plus, les
frais non remboursés par les organismes sociaux restent à la charge du conducteur. On
est donc parfois dans la situation paradoxale où le véhicule, fruit de toutes les
attentions, est mieux assuré que le conducteur.
Bien évidemment, dans l'hypothèse où le conducteur du véhicule n’est pas responsable
de l'accident, c'est l'assurance Responsabilité Civile du responsable qui interviendra
pour les dommages corporels (application de la loi Badinter). En revanche, si le
conducteur est seul responsable, son assureur ne couvrira pas les dommages corporels,
s’il n’a pas souscrit une garantie personnelle du conducteur.
Afin de palier à cette carence des contrats d'assurances automobile, il est possible de
souscrire une garantie personnelle du conducteur qui peut soit, être intégrée en option
au contrat auto, soit, se souscrire sur un contrat spécifique (généralement plus
complet).
37
L. n° 85-677, 5 juill. 1985, art. 4
38
L. n° 85-677, 5 juill. 1985, art. 3, al. 1er
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La garantie personnelle du conducteur offre au conducteur responsable d'un accident
la même protection que celle dont bénéficient légalement les victimes non conductrices.
Le conducteur est indemnisé pour ses frais médicaux (pharmacie, chirurgie,
hospitalisation, rééducation...) ainsi que des conséquences financières liées à une
incapacité temporaire ou permanente.
La Garantie du Conducteur est également une garantie familiale : en effet, elle s'étend
généralement à tous les membres de la famille (conjoint, ascendants, descendants et
leur conjoint) dès qu'ils prennent le volant du véhicule assuré.
Cette protection des conducteurs s'applique également à toute voiture provisoirement
louée ou empruntée. Enfin, en cas de prêt occasionnel de la voiture à un ami, celui-ci
bénéficiera de ce contrat.
En réalité, la seule explication de cette discrimination est d'ordre financier. Le sacrifice des
victimes conductrices a été le prix à payer pour que la réforme reçoive l'assentiment des
assureurs qui avaient menacé d'augmenter les primes d'assurance de 30 %, si le législateur
faisait profiter les victimes conductrices de ces dispositions favorables quant à l'influence de
la faute de la victime sur l'indemnisation des dommages corporels.
a. Victime conductrice
Lorsque la victime est conductrice, sa faute simple diminue son droit à indemnisation.
Pire, l'indemnisation du conducteur-victime peut être exclue39.
Attention !
La notion de conducteur
Est considéré comme conducteur celui qui, au moment de l'accident, avait la maîtrise du
véhicule40, « celui qui était aux commandes de ce véhicule ». Mais que décider lorsqu'au
39
L. n° 85-677, 5 juill. 1985, art. 4
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 16
moment de l'accident, une personne pousse une motocyclette à la main, subit un accident alors
qu'il se trouve à proximité de son véhicule ou qu'il est en train d'en descendre, d'y entrer ou
qu'il est heurté par un véhicule alors qu'il a été éjecté de son propre véhicule ? En d'autres
termes, à partir de quand devient-on conducteur et jusqu'à quand le reste-t-on ?
La règle de principe suivie par la jurisprudence est la suivante : on est, et on reste conducteur,
lorsqu'on est sur le véhicule ou à l'intérieur et aux commandes, que le moteur de celui-ci
soit en marche ou non, qu'il soit en mouvement ou non41.
ª si un motocycliste projeté de son engin après le choc avec une première voiture,
gisait par terre lorsqu'il a été ensuite heurté par un second véhicule, il perd la qualité
de conducteur lors du second choc47.
ª mais : un motocycliste percute un piéton et perd le contrôle de son véhicule ; il
tombe de son engin, glisse latéralement sous un camion circulant en sens inverse et
est écrasé. Vu la concomitance de la chute de la motocyclette et du choc avec le
camion, les juges en déduisent que le motocycliste n'avait pas perdu la qualité de
conducteur48.
Dans le même esprit, la qualité de non-conducteur étant présumée, il appartient à celui qui
invoque la qualité de conducteur de la prouver. En cas de doute, le propriétaire est présumé
conducteur.
40
Cass. 2ème civ., 14 janv. 1987, n° 85-14.655
41
Cass. 2ème civ., 15 avr. 1999, n° 97-11.748
42
Cass. 2ème civ., 18 oct. 1995, n° 93-16.640
43
Cass. 2ème civ., 16 avr. 1996, n° 94-11.904
44
Cass. 2ème civ., 15 juin 1988, n° 87-14.684
45
Cass. 2ème civ., 20 avr. 1988, n° 86-16.354
46
Cass. 2ème civ., 31 mai 1995, n° 93-17.100
47
Cass. 2ème civ., 29 avr. 1998, n° 96-18.421
48
Cass. 2ème civ., 25 juin 1998, n° 96-21.400
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 17
La Cour de cassation avait d'abord décidé que la faute du conducteur-victime excluait son
droit à indemnisation lorsqu'elle était la cause exclusive (imprévisible et irrésistible) de
l'accident49. Il fallait distinguer l'influence de la faute de la victime conductrice sur son propre
droit à indemnisation et l'exigence d'une faute de l’autre conducteur.
Un arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de cassation du 22 mai 1996 a mis fin à tout
débat : elle décida que la faute de l'article 4 de la loi de 1985, « qui ne s'apprécie qu'en la
personne du conducteur auquel on l'oppose, ne revêt un caractère exclusif que lorsqu'elle est
seule à l'origine de son dommage ». Ce qui n'est pas le cas lorsque l’autre conducteur « a joué
un rôle dans la survenance de l'accident ».
L’Assemblée plénière de la Cour de cassation, par deux arrêts rendus le 6 avril 200751, vient
de mettre un terme à la jurisprudence de la 2ème Chambre civile. Il s’agit d’un important
revirement de jurisprudence.
Pour la 2ème Chambre civile de la Cour de cassation52, peu importait le caractère indéterminé
des circonstances de la collision, la conduite d’un véhicule terrestre à moteur sous l’empire
d’un état alcoolique constituait, en soi, une faute en relation avec le dommage, de nature à
limiter ou exclure tout droit à indemnisation. Récemment, la Chambre Criminelle s’était
rapprochée de la position de la deuxième chambre civile en retenant la notion de « faute
d’inattention, favorisée par l’imprégnation alcoolique »53.
Ces décisions appartiennent au passé. Le juge sera désormais tenu d’apprécier in concreto le
lien de causalité entre l’état d’alcoolémie du conducteur victime et la réalisation de son
préjudice avant de limiter ou d’exclure son droit à indemnisation. La simple constatation de
l’imprégnation alcoolique ne suffit plus.
Lorsque la victime est une victime non-conductrice, la loi énonce qu'en principe, la faute
qu'elle a commise est sans influence sur son droit à indemnisation des dommages
résultant d'une atteinte à la personne54.
Ainsi, une victime non-conductrice recevra une indemnisation intégrale de son préjudice
corporel en dépit de la faute commise, à condition bien sûr qu'elle agisse contre le conducteur
ou le gardien d'un véhicule impliqué dans l'accident.
49
Cass. 2ème civ., 29 janv. 1986, n° 84-15.095
50
Cass. 2ème civ., 16 nov. 1994, n° 93-10.156
51
Cass. Ass. Plen., 6 avril 2007, n° 05-81350 et n°05-15950
52
Cass. 2ème civ., 4 juill. 2002, n° 00-12529
53
Cass. Crim., 7 nov. 2006, n° 06-81063
54
L. n° 85-677, 5 juill. 1985, art. 3, al. 1er
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Ce principe d'indemnisation intégrale des victimes fautives non-conductrices connaît
cependant quelques exceptions qui supposent que l'on distingue entre deux catégories de
victimes, les victimes protégées et les victimes super-protégées (ou encore victimes
privilégiées et super-privilégiées).
Certaines fautes qualifiées privent totalement, en effet, ces victimes de leur droit à
indemnisation. C'est la règle du tout ou rien. Contrairement à la victime conductrice qui peut
voir son droit limité, les autres victimes voient leurs préjudices intégralement réparés ou sont
privées de toute indemnisation. Il va de soi que ces dernières hypothèses sont très rares et que
la jurisprudence les utilise très restrictivement.
La faute intentionnelle réside, comme l'énonce la loi, dans le fait pour la victime d'avoir
« volontairement recherché le dommage qu'elle a subi »55. L'exemple type est celui du
suicide de la victime56.
Les victimes protégées sont les victimes non-conductrices âgées de plus de 16 ans et de
moins de 70 ans57.
Seule une faute intentionnelle ou une faute inexcusable, cause exclusive de l'accident, prive la
victime non-conductrice protégée de son droit à réparation.
Pour que la victime ne reçoive pas l'indemnisation du dommage résultant d'une atteinte à la
personne, elle doit avoir commis une faute inexcusable. La Cour de cassation a donné, dans
plusieurs arrêts, la définition de la faute inexcusable en matière d'accidents de la circulation. Il
s'agit d'une « faute volontaire d'une exceptionnelle gravité exposant sans raison valable son
auteur à un danger dont il aurait dû avoir conscience »58.
• d'abord, quant à l'intensité de cette faute, elle doit être d'une exceptionnelle gravité.
De ce fait, une simple imprudence ou négligence, fût-elle grave, ne suffit pas à exclure
l'indemnisation59. L'ivresse n'est pas, à elle seule, une faute inexcusable60.
• ensuite, la faute doit être volontaire. La victime doit donc avoir voulu commettre la
faute qu'elle a accomplie sans pour autant avoir voulu les conséquences
dommageables de celle-ci. Dans cette mesure, les personnes privées de discernement,
les victimes inconscientes, ne devraient pas se voir reprocher, d'avoir commis une
faute inexcusable.
• enfin, la faute n'est considérée comme inexcusable que lorsque la victime aurait dû
avoir conscience du danger. En raison de cet élément, la faute inexcusable doit
s'apprécier in abstracto. La preuve de la conscience objective du danger, de l'existence
d'un danger objectif auquel la victime s'est exposée sans raison valable, suffit à
démontrer l'existence d'une faute inexcusable. Peu importe que la victime n'ait pas eu
effectivement conscience du danger.
55
L. n° 85-677, 5 juill. 1985, art. 3, al. 3
56
Cass. 2ème civ., 24 févr. 1988, n° 86-19.076
57
L. n° 85-677, 5 juill. 1985, art. 3, al. 2
58
Cass. 2ème civ., 20 juill. 1987, n° 86-16.287
59
Cass. ass. plén., 10 nov. 1995, n° 94-13.912
60
Cass. 2èmeciv., 11 juill. 1988, n° 87-13.764
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 19
A titre d'exemple, la jurisprudence a décidé que ne constituait pas une faute inexcusable,
cause exclusive de l'accident :
o le comportement d'un cycliste qui s'était engagé sur une voie prioritaire sans avoir
respecté un stop ;
o le comportement du passager d'une automobile qui n'a pas bouclé sa ceinture de
sécurité ;
o le comportement d'un piéton qui a traversé hors des passages protégés en se
faufilant entre les voitures.
o le comportement d’un piéton, en état d'ivresse (3,60 g pour mille) qui, la nuit, par
temps de brouillard et en agglomération, s'était allongé sur la chaussée en face de
son domicile pour se reposer. Survient une automobile qui l'écrase et le tue. Les
ayants droit ont obtenu réparation devant les juges du fond61.
Pour priver une victime de son droit à indemnisation, il faut démontrer que la faute,
inexcusable, a été en outre, la cause exclusive de l'accident.
La faute de la victime constitue la cause exclusive de l'accident quand elle est l'unique cause
fautive du dommage. Il n'est pas nécessaire qu'elle ait été, en outre, imprévisible et
irrésistible. Un nombre considérable d'arrêts s'attachent au fait que la faute était imprévisible
ou que l'accident était inévitable62.
Les victimes super-protégées sont, d'une part, les victimes non-conductrices âgées de moins
de 16 ans ou de plus de 70 ans et, d'autre part, les victimes non-conductrices, quel que soit
leur âge, qui sont « titulaires, au moment de l'accident, d'un titre leur reconnaissant un
taux d'incapacité permanente ou d'invalidité au moins égal à 80 % »63.
Ces victimes reçoivent une indemnisation intégrale de leur dommage, sauf si elles ont commis
une faute intentionnelle64. Même si elles ont commis une faute inexcusable, cause exclusive
de l'accident, elles recevront une indemnisation intégrale de leur préjudice corporel.
Le sort des victimes par ricochet est réglé par l'article 6 de la loi du 5 juillet 1985 : « le
préjudice subi par un tiers du fait des dommages causés à la victime directe d'un accident de
la circulation est réparé en tenant compte des limitations ou exclusions applicables à
l'indemnisation des dommages ».
La notion de tiers équivaut dans ce texte à celle de victimes par ricochet au sens du droit
commun (parents, mais aussi amis, relations d'affaires, employeur, etc.).
61
Cass. 2ème civ., 1er avr. 1998, n° 96-17.402
62
Par exemple : Cass. 2ème civ., 27 mai 1999, n° 97-21.309
63
L. n° 85-677, 5 juill. 1985, art. 3, al. 2
64
L. n° 85-677, 5 juill. 1985, art. 3, al. 3
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Le préjudice matériel ou corporel subi par une victime par ricochet est indemnisé « en tenant
compte des limitations ou exclusions applicables à l'indemnisation du préjudice subi par la
victime directe ». Par conséquent, ce qui est opposable aux victimes par ricochet est, ni plus ni
moins, ce qui l'est, ou l'a été, à la victime directe. Aussi conviendra-t-il de prêter attention non
seulement à la nature du préjudice, mais encore à la qualité de la victime directe (âge,
conductrice ou non).
Par conséquent :
Æ les ayants droit d'une victime super-protégée ne peuvent se voir opposer que la
faute intentionnelle de cette dernière
Æ les ayants droit d'une victime protégée ne peuvent se voir opposer que la faute
inexcusable, cause exclusive du dommage de cette dernière
Æ et les ayants droit d'une victime conductrice, la faute de celle-ci
En ce qui concerne la faute commise par la victime par ricochet elle-même, lors de la
réalisation de l'accident à l'occasion duquel la victime directe a subi un préjudice, la
jurisprudence distingue entre les victimes par ricochet conductrices ou non.
Elle décide ainsi « qu'il résulte de la combinaison des articles 4 et 6 de la loi du 5 juillet 1985
que, si le préjudice subi par un tiers du fait des dommages causés à la victime directe d'un
accident de la circulation doit être, en principe, intégralement réparé lorsqu'aucune
limitation ou exclusion n'est applicable à l'indemnisation de ces dommages, il en est
autrement lorsque ce tiers, lui-même conducteur d'un véhicule terrestre à moteur impliqué
dans l'accident, est convaincu d'une faute en relation avec celui-ci »65.
Cela vient de ce que l'article 4 de la loi du 5 juillet 1985 vise tous les dommages, y compris
les dommages par ricochet.
Exemple : une jeune fille est blessée dans un accident alors qu’elle était passagère du
véhicule conduit par son père : elle sera intégralement indemnisée de son préjudice corporel.
Mais pour savoir si son père pourra être indemnisé de son préjudice moral (subi par ricochet,
du fait des blessures de sa fille), on appréciera s’il a commis une faute de conduite.
65
Cass. crim., 15 mars 1995, n° 93-80.695
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IV. LA PROCEDURE D’INDEMNISATION
DES VICTIMES D’ACCIDENTS
L’un des objectifs affichés de la loi du 5 juillet 1985 était de favoriser le règlement de la
créance d'indemnité dans les meilleurs délais.
Cependant, bien que l'offre émise par la compagnie d'assurance forme la clef de voûte du
dispositif initié par la loi Badinter, il fallait maintenir, dans les cas où le recours contre un
assureur était impossible, une prise en charge collective de l'indemnisation à titre subsidiaire,
celle du Fonds de garantie contre les accidents de la circulation, dorénavant dénommé Fonds
de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO)66.
La procédure amiable, légale et obligatoire, instaurée par la loi de 1985, doit être
distinguée des conventions spontanément conclues de longue date entre les compagnies
d'assurances, qui poursuivent des objectifs comparables d'accélération du règlement
des sinistres par la promotion d'accords d'indemnisation entre les victimes et les
assureurs. De telles conventions professionnelles s'appliquent aussi bien au règlement
des sinistres matériels67, qu'à celui des sinistres corporels68.
Ces accords inter-sociétés complètent utilement le dispositif de la loi du 5 juillet 1985.
Dès lors, s'agissant des sinistres matériels qui relèvent de la Convention IRSA, les
barèmes d'estimation du coût des dommages subis par le véhicule accidenté ne valent
qu'en tant que support de la proposition formulée par l'assureur direct. De même, pour
les sinistres corporels, la procédure d'offre d'indemnisation de la victime par son
assureur direct, prévue selon la Convention d'Indemnisation et de Recours Automobile
pour les blessés sans IPP ou avec une IPP inférieure à 5 %, ne saurait évincer les
contraintes de la procédure légale d'indemnisation, en principe à la charge de
l'assureur du responsable.
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 22
n'est pas contestée et où le dommage a été quantifié, l'assureur qui garantit la responsabilité
civile du fait d'un véhicule terrestre à moteur est tenu de présenter à la victime une offre
d'indemnité motivée, dans le délai de trois mois à compter de la demande d'indemnisation qui
lui est présentée. Lorsque la responsabilité est rejetée ou n'est pas clairement établie, ou
lorsque le dommage n'a pas été entièrement quantifié, l'assureur doit, dans le même délai,
donner une réponse motivée aux éléments invoqués dans la demande ».
Un seul assureur
La loi désigne au premier chef « l'assureur qui garantit la responsabilité civile du fait d'un
véhicule terrestre à moteur »69, démontrant par là même que le dispositif légal demeure fondé
sur la recherche d'une responsabilité de l'assureur qui garantit la dette du responsable,
assureur adverse.
Plusieurs assureurs
L'organisation d'un tel mandat relève de la Convention ICA, aux termes de laquelle, l'assureur
mandaté est celui « qui encourt la plus grande part de responsabilité », appréciée selon le droit
commun ou selon le barème des responsabilités figurant en annexe de la Convention IRSA
(dit Barème IRSA).
Pas d'assureur
Dans les hypothèses où aucun assureur ne peut être contraint par l'obligation, d'offrir pour le
compte d'autrui, ce qui renvoie au défaut d'assurance du véhicule impliqué ou à son absence
d'identification, le Fonds de garantie des Assurances Obligatoires de dommages devient le
débiteur de l'offre, tenu d'en respecter les délais à compter du jour où il a reçu les éléments
justifiant son intervention72. L'Etat et les collectivités publiques sont assimilés à un assureur
pour la mise en œuvre de la procédure d'offre légale73 (par exemple, dans le cas d’une
collision avec une voiture de police, c’est le ministère de l’Intérieur qui établira l’offre).
69
C. assur., art. L. 211-9, al. 1er
70
C. assur., art. L. 211-9, al. 5
71
C. assur., art. L. 211-20 ; C. assur., art. R. 421-8 : sont opposables aux victimes les exceptions de nullité du
contrat, de suspension du contrat ou de la garantie, de non-assurance ou d'assurance partielle
72
C. assur., art. L. 211-22
73
C. assur., art. L. 211-21
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b. Victime créancière de l'offre d'indemnisation
Contrairement à l'assureur tenu par la procédure d'offre, la victime n'est absolument pas
contrainte de l’accepter. En toute hypothèse, l'accidenté demeure libre de choisir de
poursuivre le responsable auprès des juridictions civiles ou répressives, solliciter le juge des
référés afin d'obtenir une provision ou la nomination d'un expert médical74.
Ces recours juridictionnels sont sans incidence sur les délais imposés aux compagnies pour
présenter leur offre d'indemnisation, ni a fortiori sur l'existence de l'obligation d'offrir75.
Les victimes par ricochet doivent présenter une demande à l’assureur qui est contraint de leurs
répondre dans un délai de 3 mois76.
a. Durée
Principes
Aux termes de la procédure instaurée par la loi du 5 juillet 1985, l'assureur est tenu de faire
une offre aux victimes directes ayant subi une atteinte à leur personne et, en cas de décès, à
leurs héritiers et conjoint s'il y a lieu, dans un délai maximum de 8 mois à compter de la
survenance de l'accident77.
Variations
74
Cass. 2ème civ., 15 mai 1992, n° 90-14.261 : la provision accordée par le juge des référés peut être d'un
montant supérieur à celui de l'offre émise par l'assureur
75
Cass. 2ème civ., 19 nov. 1998, n° 96-16.128 : le paiement d'une provision en exécution d'une ordonnance de
référé n'exonère pas l'assureur de son obligation de présenter une offre
76
C. assur., art. L. 211-9, al. 1
77
C. assur., art. L. 211-9, al. 2
78
C. assur., art. L. 211-9, al. 1
79
C. assur., art. L. 211-22, al. 1
80
Cass. 2ème civ., 4 juin 1997, n° 95-19.183
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Le décret du 6 janvier 1986 a ajouté à la loi diverses hypothèses de suspension et de
prorogation du délai, justifiées par l'impossibilité pour l'assureur d'élaborer convenablement
l'offre obligatoire81 :
ª Le délai est suspendu lorsque l'assureur n'a pas été avisé de l'accident dans le mois qui
suit, et jusqu'à réception de cet avis.82
ª Lorsque la victime décède plus d'un mois après le jour de l'accident, le délai de l'offre
aux ayants droit est prorogé du temps écoulé entre la date de l'accident et le jour du
décès, diminué d'un mois83.
ª En cas d'absence ou d'insuffisance de réponse de la victime aux demandes de
renseignements nécessaires à l'assureur pour présenter son offre, il y a suspension du
délai jusqu'à réception de la lettre appropriée84.
ª Un examen médical s'avérant souvent nécessaire pour formuler l'offre avec
suffisamment de précision, le refus de la victime de s'y soumettre ou l'élévation d'une
contestation par celle-ci sur le choix du praticien peuvent conduire l'assureur à faire
désigner un médecin expert par le juge des référés, cette procédure de référé prolonge
d'un mois le délai initial de présentation de l'offre85.
ª Lorsque la victime est domiciliée à l’étranger ou Outre Mer, les délais sont prorogés
d’un mois86.
L'alinéa 4 de l'article L. 211-9 du Code des assurances dispose qu'en tout état de cause, le
délai le plus favorable à la victime s'applique.
b. Retard
Nature de la sanction
Toutefois, cette forme de peine privée bénéficiant à la victime peut être réduite judiciairement
en raison de circonstances non imputables à la compagnie d'assurance88
La charge de la preuve de l'émission de l'offre incombe à l'assureur soumis à cette obligation.
L'absence d'offre doit être sanctionnée comme l'offre formulée en retard89 et la subordination
de l'offre à la reconnaissance en justice de la responsabilité de l'assuré équivaut à une absence
d'offre90.
81
C. assur., art. R. 211-29 et s
82
C. assur., art. R. 211-29
83
C. assur., art. R. 211-30
84
C. assur., art. R. 211-31 à R 221-33
85
C. assur., art. R. 211-34
86
C. assur., art. R. 211-35
87
Cass. 2ème civ., 9 oct. 1996, n° 94-12.198
88
Cass. crim., 6 nov. 1991, n° 90-86.519
89
Cass. crim., 28 nov. 1991, n° 90-86.929
90
Cass. . 2ème civ., 20 avr. 2000, n° 98-19.054
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Retard et offre manifestement insuffisante
L’offre doit comprendre « tous les éléments indemnisables du préjudice, y compris les
éléments relatifs aux dommages aux biens lorsqu'ils n'ont pas fait l'objet d'un règlement
préalable »91.
La sanction de l’offre manifestement insuffisante est donc indispensable, afin d’éviter une
offre purement formelle et dérisoire qui bafouerait l’esprit de la loi.
L’article L 221-14 du code des assurances dispose : « Si le juge qui fixe l'indemnité estime que
l'offre proposée par l'assureur était manifestement insuffisante, il condamne d'office
l'assureur à verser au fonds de garantie prévu par l'article L. 421-1 une somme au plus égale
à 15 % de l'indemnité allouée, sans préjudice des dommages et intérêts dus de ce fait à la
victime. »
La Cour de cassation est allée plus loin, en décidant qu'en l'absence d'offre de la compagnie
d'assurance, la sanction du retard par le doublement des intérêts légaux peut être cumulée
avec la pénalité prévue par l'article L. 211-14 au profit du FGAO en cas d'insuffisance
manifeste de l'offre, bien que les deux pénalités puissent apparaître dotées d'une finalité
distincte, la sanction de l'insuffisance visant à prévenir le risque d'une spéculation au
détriment de l'assuré92
Le doublement du taux s'applique au montant de l'indemnité quelle que soit la forme de son
versement, capital ou rente. L'assiette de la majoration est constituée par la totalité des
indemnités réglées en exécution d'une décision de justice devenue définitive. Il n'y a pas lieu
de déduire les provisions déjà versées, il est vrai en l'occurrence après l'expiration du délai
légal, ni le montant de la créance des organismes sociaux, ni encore d'éventuelles avances
d'un autre assureur.
a. Information de l'assureur
Afin de satisfaire aux exigences de contenu de l'offre visée par l'alinéa 2 de l'article L. 211-9
du Code des assurances, l'assureur doit préalablement rassembler un certain nombre
d'informations que lui communiquent à sa demande les victimes directes ou leurs ayants
droit, ou les victimes par ricochet.
La liste de ces informations est établie par les articles R. 211-37 et R. 211-38 du Code des
assurances : outre les renseignements d'état civil, sociaux et professionnels, les victimes
doivent faire parvenir la description des atteintes à leur personne accompagnée d'une copie du
certificat médical initial et des autres pièces justificatives en cas de consolidation, la
description des atteintes aux biens, les coordonnées des personnes à leur charge ou encore la
liste des tiers payeurs appelés à verser des prestations.
L'assureur devant formuler spontanément l'offre d'indemnisation est soumis à une série
d'obligations informatives légales et réglementaires.
91
Article L. 211-9 alinéa 2 du code des assurances
92
Cass. . 2ème civ., 3 déc. 1997, n° 96-11.046
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A l'occasion de sa première correspondance, l'article L. 211-10 du Code des assurances lui
impose ainsi de :
ª prévenir la victime qu'elle peut obtenir de sa part sur simple demande la copie du
procès-verbal de police ou de gendarmerie
ª lui rappeler qu'elle peut à son libre choix se faire assister d'un avocat et, en cas
d'examen médical, d'un médecin,
ª porter également à la connaissance de la victime les dispositions légales relatives aux
offres provisionnelles et aux recours des tiers payeurs lorsque ceux-ci n'ont pu faire
valoir leurs droits contre l'assureur du fait de l'accidenté93.
Ces exigences légales sont posées à peine de nullité relative de la transaction qui pourrait
intervenir ultérieurement.
Le droit à remboursement de leurs prestations indemnitaires par les tiers payeurs crée une
créance à l'encontre de l'assureur du responsable, qui doit en tenir compte pour évaluer le
montant global de l'indemnité offerte et imputer sur celle-ci les prestations qu'ils ont servies à
la victime.
Une fois informée par l'accidenté de l'existence des tiers payeurs prestataires, il incombe à la
compagnie d'assurance de se tourner vers ceux-ci afin de leur permettre la production de leur
créance, dans un délai de 4 mois à compter de la demande présentée par l'assureur97.
Le dépassement de ce délai entraîne la déchéance de leurs droits tant à l'égard de la
compagnie d'assurance que de la victime.
93
C. assur., art. L. 211-12
94
C. assur., art. R. 211-39
95
L’intégralité du texte de la notice est annexé à la présente note (annexe 2).
96
C. assur., art. R. 211-43
97
C. assur., art. L. 211-11 ; C. assur., art. R. 211-41 : mentions obligatoires lors de la demande ; C. assur.,
art. R. 211-42 : réponse des tiers payeurs, indication du fondement de leurs débours
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La loi s'attache à garantir l'exhaustivité de l'offre de droit commun en imposant que celle-ci
comporte « tous les éléments indemnisables du préjudice, y compris les éléments relatifs aux
dommages aux biens lorsqu'ils n'ont pas fait l'objet d'un règlement préalable »98.
Ainsi, les compagnies d'assurance sont désormais contraintes d'opérer une ventilation entre
les différents chefs de préjudice, patrimoniaux et extrapatrimoniaux, et ne sauraient se
borner à proposer un chiffre d'indemnisation global pour le sinistre corporel100.
Le cas échéant, l'offre doit préciser les limitations ou les exclusions d'indemnisation que
l'assureur estime pouvoir opposer à la victime, de même que leurs motifs101 (par exemple
l’application d’un partage de responsabilité). Cette disposition le contraint à prendre parti dès
la proposition sur l'existence et l'étendue du droit à indemnisation de l'accidenté au regard des
articles 2 à 6 de la loi de 1985.
Pour respecter ces mentions impératives, l'offre doit nécessairement être formulée par écrit.
La réforme du 5 juillet 1985 a institué diverses prérogatives nouvelles en faveur des victimes
d'accidents de la circulation qui acceptent la transaction proposée par l'assureur.
Dès lors, l'accord transactionnel conclu dans ce contexte se distingue à de nombreux égards
du droit commun de la transaction, régi par les articles 2044 et suivants du Code civil.
L'exigence de concessions réciproques, caractéristique du contrat de transaction, compose ici
avec le souci d'équilibre de l'accord final qui doit remplir la victime de son droit à réparation,
ceci pouvant réduire les concessions à des renonciations au droit d'agir en justice. La cour de
cassation l’a récemment affirmé avec force : « la loi du 5 juillet 1985 instituant un régime
d’indemnisation en faveur des victimes d’accident de la circulation, d’ordre public,
dérogatoire au droit commun, qualifie de transaction la convention qui se forme lors de
l’acceptation par la victime de l’offre de l’assureur et que cette transaction ne peut être
remise en cause à raison de l’absence de concessions réciproques »102.
Droit de dénonciation
98
C. assur., art. L. 211-9, al. 2
99
C. assur., art. R. 211-40
100
Cass. 2ème civ., 9 mars 2000, n° 98-14.813 : l'obligation de détailler les chefs de préjudice et les créances des
tiers payeurs ne s'applique qu'à l'offre et non à la transaction finale
101
C. assur., art. R. 211-40
102
Cass. 2ème Civ. 16 novembre 2006, n° 05-18631
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 28
De fait, l'accidenté qui a accepté de transiger dispose du droit de dénoncer l'accord
transactionnel dans les quinze jours de sa conclusion, par lettre recommandée avec accusé
de réception à destination de la société d'assurance.
La faculté de dénonciation étant d'ordre public, toute clause de renonciation inscrite dans la
transaction, serait exposée à une nullité relative103. Par ailleurs, le droit de dénoncer l'accord
n'appartient qu'à la victime104 et l'expiration du délai légal la prive tant du droit de dénoncer la
transaction qu'a fortiori d'invoquer le caractère manifestement insuffisant de l'offre la
précédant.
Le choix d'une dénonciation laisse l'accidenté face à une alternative :
ª agir judiciairement contre la compagnie d'assurance
ª s'engager dans une autre négociation transactionnelle, cette fois située en dehors des
règles de l'offre obligatoire.
Formalisme
Incapables
La loi réglemente de façon spécifique les transactions devant être conclues avec un mineur ou
un majeur sous tutelle106. Le projet de transaction, au même titre que les autres accords
transactionnels, doit être soumis au juge des tutelles ou au conseil de famille compétents
selon les cas pour l'autoriser.
Toutefois, l'initiative de la démarche appartient à la compagnie d'assurance et non aux
représentants légaux du mineur ou du majeur sous tutelle. Hormis l'assureur, tout intéressé y
compris le ministère public pourra demander l'annulation de la transaction qui n'aura pas
respecté ces exigences, la nullité présentant de la sorte un caractère absolu.
103
C. assur., art. L. 211-16, al. 1 et 2
104
Cass. 2ème civ., 29 avr. 1997, n° 95-16.177
105
C. assur., art. L. 211-16, al. 3
106
C. assur., art. L. 211-15
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 29
lorsqu'elle est contradictoire. Dans les autres cas, ces délais courent à compter de la
notification de la décision107.
Lorsque le paiement est adressé au représentant légal d'un mineur ou d'un majeur sous tutelle,
l'assureur doit aviser le juge des tutelles, quinze jours au moins à l'avance, du paiement du
premier arrérage de la rente ou de celui du capital, sous peine d'une nullité semblable à celle
de la transaction irrégulièrement conclue108.
Aux termes de l'article L. 211-19 du Code des assurances, la victime peut demander la
réparation de l'aggravation du dommage qu'elle a subi à l'assureur qui a versé l'indemnité
dans un délai de dix ans à compter de cette aggravation, conformément à l'article 2270-1
du Code civil.
Cette disposition, qui assimile l'aggravation du dommage à un préjudice distinct de ceux
antérieurement transigés, ne lève pas pour autant toute difficulté d'indemnisation
complémentaire.
Ce texte nécessite l'établissement de l’aggravation et l'examen corrélatif des chefs de
préjudices actuels et futurs, objets de l'accord transactionnel des parties : concrètement, la
victime devra donc faire établir par expertise médicale l’aggravation de son état avant de
saisir la compagnie d’assurance.
Opposabilité de la transaction
La transaction conclue entre l'assureur et la victime est également opposable aux tiers selon
les principes généraux du droit des contrats.
Ainsi, la Cour de cassation a jugé que la transaction intervenue entre l'assureur d'un véhicule
automobile impliqué dans l'accident et la victime passagère d'une motocyclette entrée en
collision avec ledit véhicule était opposable au conducteur de la motocyclette auteur du
dommage, en raison de la subrogation de la compagnie d'assurance dans les droits de son
assuré, lui-même subrogé dans ceux de la victime109.
Les tiers payeurs s'exposent quant à eux à perdre tous leurs droits à l'encontre de l'assureur
lorsque celui-ci, sans commettre de faute, a ignoré que l'accident a entraîné le versement de
prestations de leur part110.
Si cette ignorance résulte de la négligence des tiers payeurs, la perte de leur droit à
remboursement est fondée sur la déchéance légale des quatre mois111.
Si la faute en incombe à la victime, les tiers payeurs disposent d'un recours contre celle-ci dès
lors qu'il n'aboutit pas à la priver de sa part d'indemnités à caractère personnel et qu'il respecte
un délai de deux ans à compter de la demande de versement des prestations112.
Créé par la loi du 31 décembre 1951, le Fonds de garantie contre les accidents de la
circulation répondait au souci d'indemniser les victimes d'accidents dont l'auteur demeurait
107
C. assur., art. L. 211-18
108
C. assur., art. L. 211-15, al. 2
109
Cass. 2ème civ., 1er avr. 1999, n° 96-19.804
110
C. assur., art. L. 211-11, al. 1er
111
C. assur., art. L. 211-11, al. 2
112
C. assur., art. L. 211-12
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inconnu ou s'avérait insolvable, à une époque où l'obligation d'assurance automobile n'était
pas encore instituée.
Diverses réformes ont par la suite élargi sa compétence, qu'il s'agisse de l'indemnisation des
victimes d'accidents de chasse ou de la destruction d'animaux nuisibles, des accidents
matériels dont l'auteur est connu mais insolvable, de l'ensemble des accidents corporels
survenus aux personnes circulant sur le sol, dans des lieux ouverts à la circulation publique.
La loi du 5 juillet 1985 a modifié le champ des attributions du Fonds de garantie puis, la loi
du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels, ainsi que loi
du 1er août 2003 de sécurité financière (art. 81) ont notablement étendu les missions du
Fonds, en y incluant désormais l'indemnisation des victimes de catastrophes technologiques et
de la défaillance des sociétés d'assurances de dommages113.
Doté de la personnalité morale de droit privé, le Fonds de garantie est financé, en ce qui
concerne les accidents de la circulation, par les contributions des sociétés d'assurance, des
assurés et des responsables d'accidents non assurés114, et par les pénalités infligées aux
compagnies d'assurance qui formulent des offres d'indemnisation manifestement
insuffisantes115.
L'article L. 421-1, alinéa 2, du Code des assurances autorise la prise en charge des dommages
aux biens de l'accidenté sous certaines conditions.
L’indemnisation n'est possible que si l'auteur de l'accident est identifié et qu'il n'est pas
assuré.
Il s'agit à la fois de respecter le caractère subsidiaire de l'intervention du Fonds à l'égard
d'un éventuel assureur et d'empêcher les fraudes éventuelles. Ce dernier risque s'estompant
lorsque l'accident a causé simultanément une atteinte aux biens et des lésions corporelles, les
dommages matériels deviennent indemnisables à la condition que les lésions soient d'une
gravité réelle - hospitalisation d'au moins sept jours suivie d'une ITT égale ou supérieure à un
mois ou d'une IPP d'au moins 10 % - et a fortiori quand l'accident a causé le décès de la
victime116.
De plus, la loi impose l'implication d'un véhicule terrestre à moteur dans l'accident, excluant
sur ce point les dommages matériels subis par les personnes circulant sur le sol dans des lieux
ouverts à la circulation. Enfin, l'indemnisation n'est pas intégrale, car soumise à diverses
franchises, exclusions et plafonnements117.
Dommages corporels
113
C. assur., art. L. 421-16 et C. assur., art. L. 421-9-I . A cette occasion, le Fonds de garantie des accidents de la
circulation (FGA) est rebaptisé fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO). Les
dispositions régissant le Fonds de garantie des assurances obligatoires sont désormais inscrites aux
articles L. 421-1 à L. 421-17, R. 421-1 à R. 421-78 et A. 421-1 à A. 421-4 du Code des assurances
114
C. assur., art. L. 421-4 et C. assur., art. R. 421-4
115
C. assur., art. L. 211-14
116
C. assur., art. R. 421-18
117
C. assur., art. R. 421-19 et R 421-20
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L'indemnisation des dommages corporels est possible quand bien même le responsable en
serait inconnu118 et cela sans limitation du montant des sommes versées.
Nationalité
Droit à réparation
Selon l’article R. 421-2 du code des assurances, sont exclus du bénéfice du fonds de garantie :
• Lorsque les dommages sont nés d'un accident dans lequel est impliqué un véhicule
terrestre à moteur, les dommages causés au conducteur.
• Lorsque les dommages ont été causés par un animal ou par une chose autre qu'un
véhicule terrestre à moteur :
- Le propriétaire ou la personne qui a la garde de l'animal ou de la chose au
moment de l'accident ;
- Le conjoint, les ascendants et descendants des personnes mentionnées ci-
dessus et dont la responsabilité est engagée du fait de l'accident ainsi que les
représentants légaux de la personne morale propriétaire de l'animal ou de la
chose.
• Dans les cas autres que ceux mentionnés ci-dessus, l'auteur de l'accident, son
conjoint, ses ascendants et descendants.
• En cas de vol du véhicule impliqué dans l'accident, de vol de l'animal ou de la chose
qui a causé l'accident, sont également exclus du bénéfice du fonds de garantie les
complices du vol et, d'une manière générale, toutes les personnes transportées dans
le véhicule ou sur l'animal. Cette exclusion n'est applicable que si le fonds de
garantie apporte la preuve de la connaissance du vol du véhicule ou de l'animal par
les personnes transportées.
d. Circonstances de l'accident
Localisation
118
C. assur., art. R. 421-12
119
C. assur., art. R. 421-13
120
Cass. 2ème civ., 24 oct. 2002, n° 01-11.217
121
C. assur., art. R. 421-13, 2°
122
Cass. crim., 6 juin 1990, n° 89-83.348
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 32
Le FGAO prend en charge l'indemnisation des victimes quand l'accident est survenu en
France métropolitaine, et dans les départements d'outre-mer123.
La loi du 1er août 2003124 a également confié au Fonds de garantie, l'indemnisation subsidiaire
des victimes d'accidents résidant en France pour des sinistres survenus sur le territoire d'un
Etat de l’Union Européenne et mettant en cause un véhicule ayant son stationnement habituel
et étant assuré dans un de ces Etats.
Les situations prises en charge par le Fonds de garantie sont celles d'un auteur inconnu, ou
connu mais non assuré (soit parce qu’aucune police d'assurance n'a été souscrite par le
responsable du sinistre, malgré l'obligation légale, soit parce que le contrat a été résilié avant
la survenance de l'accident).
Il en va de même pour les rares exceptions que l'assureur automobile peut encore invoquer à
l'encontre des victimes : exceptions de nullité du contrat, de suspension de celui-ci ou de la
garantie, de la non-assurance ou de l'assurance partielle127.
A titre très théorique, le FGAO interviendra en cas de retrait d’agrément administratif
d’entreprises d’assurances obligatoires128.
a. Notion de subsidiarité
Selon les termes de l'article L. 421-1, alinéa 1er du Code des assurances, « le Fonds de
garantie paie les indemnités qui ne peuvent être prises en charge à aucun autre titre ».
En effet, l'intervention du Fonds n'est conçue que comme le substitut d'une indemnisation
de la victime impossible à un quelconque autre titre. La règle vaut aussi bien pour une
impossibilité totale que partielle129.
123
C. assur., art. L. 421-1 al. 1 et C. assur., R. 421-1, al. 1er
124
C. assur., art. L. 424-1 à L. 424-7
125
C. assur., art. L. 421-1, al. 3
126
Cass. crim., 24 oct. 1991, n° 90-84.472 : la morsure d'un chien, même intervenue sur la voie publique, n'est
pas un fait de circulation ; Cass. 1ère civ., 4 avr. 1995 : pas de circulation pour un accident survenu dans l'eau sur
une plage.
127
C. assur., art. R. 421-4
128
C. assur., art. L 421-9 et suivants
129
C. assur., art. R. 421-13, 2°; Cass. 2ème civ., 24 nov. 1976, n° 75-12.890 ; Cass. crim., 5 oct. 1994, n° 93-
82.700
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 33
Ce principe, apparemment simple dans son exposé, est en pratique la source de multiples
difficultés, renouvelées depuis l'entrée en vigueur de la loi du 5 juillet 1985.
De fait, la loi Badinter a élargi les possibilités de poursuite d'un assureur automobile en se
limitant à exiger l'implication du véhicule assuré dans l'accident, quel que soit son rôle
effectif, et alors même que le fait d'un tiers fautif serait la cause exclusive du sinistre.
Quand bien même la victime aurait ainsi obtenu la condamnation d'un responsable non assuré
aux termes d'une décision opposable au Fonds, la seule implication d'un autre véhicule dont le
conducteur n'a pas encore fait l'objet d'une condamnation permet au Fonds de garantie,
invoquant la subsidiarité de son intervention, d'échapper à la prise en charge de
l'indemnisation même sous réserve de recours ultérieur130.
b. Effets de la subsidiarité
Le principe de subsidiarité interdit de faire prendre en charge par le Fonds de garantie les
prestations que les organismes sociaux ont versées à la victime131, à la condition cependant
que ces prestations aient effectivement compensé les préjudices dont est sollicitée
l'indemnisation par le Fonds et, a fortiori, qu'elles aient été acquises pour la victime.
Assureurs
La même règle vaut à l'égard de l'assureur subrogé dans les droits de la victime, qui ne saurait
faire supporter par le Fonds l'indemnisation servie à celle-ci en exécution d'une assurance de
chose132. De la même manière, l'assurance de groupe à laquelle l'employeur de la victime
avait adhéré peut verser des prestations qui, au même titre que celles de la Sécurité sociale,
présentent le caractère d'une indemnisation non susceptible de prise en charge par le Fonds133.
Coauteurs
Dès lors que les circonstances de l'accident révèlent qu'un autre véhicule était impliqué dans
celui-ci, et qu'il permet la prise en charge du sinistre par son assureur, le Fonds de garantie
n’intervient pas dans la procédure du seul fait qu'un véhicule non identifié ou non assuré était
impliqué.
Elle doit démontrer à la fois que les conditions de son intervention sont remplies et que
l'auteur de l'accident n'est pas identifié, ce que viennent étayer le procès-verbal ou le rapport
des agents de la force publique134.
130
Cass. 1ère civ., 27 nov. 1990, n° 88-10.591
131
Cass. 1ère civ., 31 janv. 1989, n° 87-11.009
132
Cass. 2ème civ., 12 juill. 1989, n° 88-15.527
133
Cass. soc., 21 déc. 1989, n° 87-11.514
134
C. assur., art. R. 421-3, al. 1 et 5 : ces documents doivent expressément mentionner que l'auteur de l'accident
corporel est inconnu et être transmis au Fonds dans les dix jours de leur date d'établissement
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 34
Le délai de saisine du Fonds est de trois ans à compter de la date de l'accident135 : saisine
par lettre recommandée avec accusé de réception comportant impérativement la justification
de la nationalité de la victime, de son droit à réparation, de l'absence d'indemnisation totale ou
partielle à un autre titre, etc...
Régulièrement saisi, le FGAO est alors pleinement soumis aux procédures d'offre
d'indemnisation organisées par la loi du 5 juillet 1985136. Il faut souligner que les délais
impartis au Fonds pour présenter l'offre ne courent qu'à compter du jour où il a reçu les
éléments justifiant son intervention.
La transaction éventuellement conclue avec la victime sera opposable à l'auteur des
dommages s'il est ultérieurement identifié137.
Cette opposabilité est néanmoins très limitée, la loi réservant à l'auteur du dommage le droit
de contester le montant des indemnités versées à la victime ou ses ayants droit, sans que ces
sommes ne puissent toutefois être remises en cause pour ce qui concerne ces derniers138.
A défaut d'accord transactionnel entre le Fonds et la victime, celle-ci dispose d'un délai de
cinq ans pour poursuivre le Fonds de garantie en justice à compter de l'accident ou de la
découverte du dommage139.
L'information du Fonds de garantie sur le défaut d'assurance est similaire à celle prévue quand
l'auteur de l'accident reste inconnu140. Dans ce cas cependant, il importe que soit établie la
dette de réparation dans des conditions qui la rendront opposable au Fonds.
ª Elle peut, en premier lieu, conclure une transaction avec l'auteur du dommage, qui
ne sera opposable au Fonds de garantie automobile que s'il accepte de l'approuver
après notification régulière (C. assur., art. R. 421-11).
ª En second lieu, la victime peut poursuivre en justice le responsable de l'accident,
l'opposabilité du jugement au Fonds supposant alors que lui soit communiqué sans
délai l'acte introductif d'instance civile ou qu'une lettre recommandée l'avise dix jours
au moins avant l'audience de la constitution de partie civile selon que la juridiction
saisie est civile ou répressive (C. assur., art. R. 421-15, al. 2 et 4). Cette information
du Fonds de garantie lui permettra, le cas échéant, de contester le principe et l'étendue
de la responsabilité ou encore le montant de l'indemnité sollicitée par la victime, en
intervenant à tout moment à l'instance en cours.
Après avoir respecté les obligations précédemment exposées et une fois en possession de la
transaction ou du jugement, la victime dispose d'un délai d'un an pour saisir le Fonds de
135
C. assur., art. R. 421-12 et R. 421-13
136
C. assur., art. L. 211-22
137
Cass. 2 ème civ., 14 juin 1995, n° 91-22.073
138
C. assur., art. L. 421-3, al. 2 ; Cass. 1 ère civ., 13 févr. 1996, n° 93-11.012
139
C. assur., art. R. 421-12
140
C. assur., art. R. 421-3, al. 2
141
C. assur., art. R. 421-12, Cass. 2ème Civ., 25 janv. 2007, n° 05-20841
142
Cass. ch. mixte, 28 mai 1990, n° 88-86.030
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 35
garantie, à compter de la date de la transaction ou de la décision de justice passée en
force de chose jugée143.
Le Fonds de garantie dispose d'un délai de trois mois pour contester le bien-fondé de
l'exception soulevée par l'assureur, et doit à cette fin aviser de sa position la victime et la
compagnie d'assurance146.
A l'expiration de ce délai et dans le silence des textes sur les conséquences qui en découlent,
la jurisprudence considère que le Fonds n'est plus recevable à discuter le moyen invoqué par
l'assureur147.
La demande d'indemnisation de la victime portée auprès des juridictions civiles lui impose de
mettre simultanément en cause le responsable du dommage et son assureur148.
Le Fonds obligé d'indemniser la victime, selon les cas de figure précédents, dispose d'un
recours subrogatoire dans les droits et actions contre le responsable de l'accident ou son
assureur, d'autant plus concevable que l'obligation à la dette du Fonds n'est plus subordonnée
à l'insolvabilité de l'auteur du sinistre149. Il a droit, en outre, à des intérêts calculés au taux
légal en matière civile et à des frais de recouvrement.
143
C. assur., art. R. 421-12
144
C. assur., art. R. 421-4°
145
C. assur., art. R. 421-5
146
C. assur., art. R. 421-6
147
Cass. 1ère civ., 6 oct. 1993, n° 90-14.665
148
C. assur., art. R. 421-7
149
C. assur., art. L. 421-3
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ANNEXE 1
Art. 1er. Les dispositions du présent chapitre s'appliquent, même lorsqu'elles sont transportées
en vertu d'un contrat, aux victimes d'un accident de la circulation dans lequel est
impliqué un véhicule terrestre à moteur ainsi que ses remorques ou semi-remorques, à
l'exception des chemins de fer et des tramways circulant sur des voies qui leur sont
propres.
Art. 2. Les victimes, y compris les conducteurs, ne peuvent se voir opposer la force majeure
ou le fait d'un tiers par le conducteur ou le gardien d'un véhicule mentionné à l'article
1er.
Art. 3. Les victimes, hormis les conducteurs de véhicules terrestres à moteur, sont
indemnisées des dommages résultant des atteintes à leur personne qu'elles ont subis,
sans que puisse leur être opposée leur propre faute à l'exception de leur faute
inexcusable si elle a été la cause exclusive de l'accident.
Les victimes désignées à l'alinéa précédent, lorsqu'elles sont âgées de moins de seize
ans ou de plus de soixante-dix ans, ou lorsque, quel que soit leur âge, elles sont
titulaires, au moment de l'accident, d'un titre leur reconnaissant un taux d'incapacité
permanente ou d'invalidité au moins égal à 80 %, sont, dans tous les cas, indemnisées
des dommages résultant des atteintes à leur personne qu'elles ont subis.
Toutefois, dans les cas visés aux deux alinéas précédents, la victime n'est pas
indemnisée par l'auteur de l'accident des dommages résultant des atteintes à sa
personne lorsqu'elle a volontairement recherché le dommage qu'elle a subi.
Art. 4. La faute commise par le conducteur du véhicule terrestre à moteur a pour effet de
limiter ou d'exclure l'indemnisation des dommages qu'il a subis.
Art. 5. La faute commise par la victime a pour effet de limiter ou d'exclure l'indemnisation
des dommages aux biens qu'elle a subis. Toutefois, les fournitures et appareils délivrés
sur prescription médicale donnent lieu à indemnisation selon les règles applicables à la
réparation des atteintes à la personne.
Lorsque le conducteur d'un véhicule terrestre à moteur n'en est pas le propriétaire, la
faute de ce conducteur peut être opposée au propriétaire pour l'indemnisation des
dommages causés à son véhicule. Le propriétaire dispose d'un recours contre le
conducteur.
Art. 6. Le préjudice subi par un tiers du fait des dommages causés à la victime directe d'un
accident de la circulation est réparé en tenant compte des limitations ou exclusions
applicables à l'indemnisation de ces dommages.
Association des Paralysés de France – CTN : LA/PCN – Les accidents de la circulation – avril 2007 37
ANNEXE 2
Les informations suivantes ont pour but de vous expliquer ce que vous devez entreprendre et
comment vous serez indemnisé.
Elles ont été volontairement limitées à l'essentiel. Pour en savoir plus, il vous faut consulter :
La loi du 5 juillet 1985 a amélioré la situation des victimes d'accident de la circulation dans
lequel est impliqué un véhicule terrestre à moteur, ainsi que ses remorques ou semi-
remorques, à l'exception des chemins de fer et des tramways circulant sur des voies qui leur
sont propres :
Toutefois, cette faute ne peut être opposée à la victime si elle est âgée de moins de seize ans
ou de plus de soixante-dix ans ou encore si elle est atteinte d'une incapacité permanente ou
d'une invalidité au moins égale à 80 % ;
Pour les dommages matériels : toutes les victimes dans la mesure où elles ne sont pas
responsables de l'accident.
Attention. Même si vous êtes indemnisé de vos dommages, vous pouvez être tenu de réparer
ceux que vous avez causés à autrui si vous êtes responsable.
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4. l'assureur vous fait une offre d'indemnisation ;
5. vous acceptez l'offre, l'assureur vous indemnise ;
6. vous refusez l'offre, vous devez alors réclamer l'indemnisation devant le tribunal.
ª dans la plupart des cas : l'assureur qui garantit la responsabilité civile du véhicule
impliqué. Si plusieurs véhicules sont impliqués, un seul assureur fait l'offre pour le
compte de tous ;
ª le propriétaire du véhicule s'il est dispensé de recourir à un assureur (Etat, RATP,
etc.) ;
ª le bureau central français, ou son représentant, s'il s'agit d'un véhicule étranger (11 rue
de la Rochefoucauld - 75009 PARIS) ;
ª si l'auteur de l'accident est inconnu ou non assuré, il vous appartient de saisir le fonds
de garantie (64, rue Defrance, 94300 VINCENNES).
Vous pouvez :
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9. La liste des tiers payeurs appelés à lui verser des prestations, ainsi que leurs adresses ;
10. Le lieu où les correspondances doivent être adressées.
Vous devez répondre à toutes ces questions dans un délai de six semaines. Si vous tardez ou
si votre réponse est incomplète, vous retardez l'indemnisation.
Vous pouvez :
• vous faire assister d'un médecin de votre choix ;
• refuser de vous présenter à l'examen médical si les renseignements ne vous ont pas été
communiqués dans le délai prescrit ;
• refuser de vous faire examiner par le médecin choisi par l'assureur ; dans ce cas,
l'assureur peut vous proposer un autre médecin ou demander au tribunal d'en désigner
un ;
• demander vous-même au tribunal la désignation d'un médecin expert.
Si vous avez subi un dommage corporel, l'assureur doit vous présenter, dans les huit mois qui
suivent l'accident, une offre d'indemnisation comprenant la réparation :
- du préjudice corporel ;
- du préjudice matériel lorsqu'il n'a pas fait l'objet d'un règlement préalable.
- Selon votre état de santé, cette offre peut être :
- définitive si votre état de santé est consolidé et que l'assureur en a été informé dans les
trois mois suivant l'accident ;
- provisionnelle dans le cas contraire, l'offre définitive vous sera présentée au plus tard
cinq mois après que l'assureur aura été informé de votre consolidation.
En cas de blessure :
• les frais engagés pour vous soigner (hospitalisation, chirurgie, pharmacie, rééducation,
etc.) ;
• les salaires ou revenus que vous auriez perçus si vous n'aviez pas été accidenté ; si
vous n'exercez pas d'activité rémunérée, des indemnités forfaitaires peuvent vous être
allouées ;
• l'incapacité permanente partielle déterminée par le médecin chargé de vous examiner ;
• le remboursement du coût de la ou des tierces personnes dont l'aide est rendue
nécessaire du fait de votre état ;
• l'indemnisation des souffrances endurées ;
• les autres préjudices (esthétique, d'agrément, etc.).
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En cas de décès :
Dans tous les cas : les préjudices matériels annexes aux préjudices corporels ou mortels
(vêtements, prothèses, etc.).
Attention. Les sommes calculées subissent, s'il y a lieu, une réduction résultant :
- de votre responsabilité ;
- des sommes payées ou à payer par les organismes participant à l'indemnisation de
votre préjudice (organismes sociaux, employeurs, assureurs d'avances sur indemnités,
etc.) ; une copie des décomptes de ces organismes est jointe à l'offre.
Accepter. Dans les quinze jours qui suivent votre accord, vous pouvez le dénoncer par
lettre recommandée avec accusé de réception. Si vous agissez en tant que représentant
légal d'un mineur ou d'un majeur incapable, il vous faut l'accord du juge des tutelles ou du
conseil de famille.
Discuter.
Refuser.
Vous pouvez :
Dans tous les cas, faites part de votre décision à l'assureur qui vous a présenté l'offre
d'indemnisation.
Attention. Vous devez informer votre caisse d'assurance maladie de toute transaction
intervenue avec l'assureur ou de toute action judiciaire.
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Vous pouvez réclamer des intérêts en cas de retard imputable à l'assureur.
Conseils pratiques
Vous pouvez confier la défense de vos intérêts à toute personne de votre choix ; en cas de
procès, un avocat doit vous représenter devant le tribunal de grande instance.
En adressant une feuille de soins à la sécurité sociale, précisez bien qu'il s'agit d'un accident et
indiquez sa date.
Constituez votre dossier en conservant l'original ou à défaut la copie de toute pièce médicale,
les décomptes de la sécurité sociale, les justificatifs de vos frais ainsi qu'une copie de toute
correspondance.
Vous devez adresser à l'assureur les pièces justifiant les préjudices que vous avez subis.
Vous pouvez prendre l'avis de spécialistes, agent ou courtier d'assurances, avocat, conseiller
juridique, médecin... Toutefois, les frais et honoraires de ces intervenants peuvent rester à
votre charge sauf si vous bénéficiez d'une garantie de protection juridique ou de l'aide
judiciaire en cas de procès.
Surveillez les délais afin d'accélérer le règlement de votre dossier. En particulier si un mois
après l'accident vous n'avez aucune nouvelle de l'assureur du responsable, prenez contact avec
lui.
Remarque
Le dispositif mis en place par la loi a pour objet de réduire le nombre de procès et d'accélérer
l'indemnisation des victimes. Cependant, vous avez la possibilité à tout moment :
ª d'introduire devant le tribunal un référé (procédure d'urgence pour obtenir une avance
sur indemnité), particulièrement en cas d'inaction persistante de l'assureur du
responsable ;
ª de faire intervenir le juge en cas de désaccord persistant sur :
- le taux de responsabilité,
- le caractère inexcusable d'une faute,
- le montant de l'offre d'indemnisation ;
ª de vous constituer partie civile ou d'engager une procédure judiciaire à l'encontre des
auteurs de l'accident que vous estimez responsables.
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ANNEXE 3
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ANNEXE 4
Faute Faute
Force intentionnelle inexcusable,
majeure ou Faute simple (recherche cause
fait d’un tiers volontaire du exclusive de
dommage) l’accident
Limitation ou
exclusion
Victimes conductrices inopposable (selon la gravité
de la faute et sa
contribution dans
le dommage)
protégées réparation
inopposable exclusion exclusion
intégrale
Victimes
non
conductrices
Super- réparation réparation
inopposable exclusion
protégées* intégrale intégrale
* Les victimes super-protégées sont, d'une part, les victimes non-conductrices âgées de moins
de 16 ans ou de plus de 70 ans et, d'autre part, les victimes non-conductrices, quel que soit
leur âge, qui sont « titulaires, au moment de l'accident, d'un titre leur reconnaissant un
taux d'incapacité permanente ou d'invalidité au moins égal à 80 % ».
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