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METHODOLOGIE D’ANALYSE DES ACCIDENTS

DU TRAVAIL ET MALADIES
PROFESSIONNELLES

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Dans le cadre d’une démarche préventive, l’élimination des accidents doit être un
objectif majeur dans un milieu de travail. Pour atteindre cet objectif, l’enquête et
l’analyse des accidents du travail sont des activités importantes à réaliser car elles
permettent d’identifier les causes des événements accidentels.
Après l’identification de ces causes, il s’agira de choisir, de proposer et de mettre en
œuvre des mesures correctives pour les éliminer ou les contrôler à la source.

La loi sur les accidents du travail et des maladies professionnelles définit l’accident
comme « Un événement imprévu net soudain attribuable à toute cause survenant à une
personne par le fait ou à l’occasion de son travail et qui entraîne pour elle une lésion
professionnelle.»

Dans une optique de prévention, on définit l’accident du travail comme « Un


événement imprévu et soudain qui perturbe le déroulement normal des opérations. Il
est du à la rencontre d’un ensemble de circonstances qui peuvent causer ou ont causé
soit une blessure, soit des dommages, ou les deux. »
Dans la démarche d’analyse, la notion « d’accident » prend donc un sens élargi.
On prendra en compte tous les évènements, même s’ils n’impliquent pas
nécessairement une blessure ou un dommage. Ce sont les incidents ou presque accidents.

Car un accident n’est pas grave ou mineur, ce sont les conséquences qui sont graves ou
légères.

En général, lorsque l’accident survient, il est toujours difficile de garder suffisamment de sang
froid. Il s’instaure toujours un climat exacerbant les sensibilités, la réflexion fait place à la
polémique, et l’on recherche immédiatement les responsabilités, sans même essayer de
comprendre. Cela est du aux conséquences aussi bien directes qu’indirectes engendrées par
l’accident.

Ces conséquences sont humaines ou matérielles ou les deux à la fois. Selon les degrés de
gravité, elles ont un impact plus ou moins grand sur les travailleurs victimes, avec corrélation
sur leurs familles, sur l’économie de l’entreprise, son fonctionnement, son image de marque et
même sur l’environnement immédiat ou lointain.

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Toutes ces raisons font que les enquêtes et analyses d’accidents du travail demeurent un
impératif pour tous les acteurs de la Prévention. Les critères fondamentaux qui peuvent être à
la base du processus d’enquêtes sur accidents du travail sont :

 La réponse à des exigences légales (mort d’homme)


 La détermination du coût des accidents
 Le renseignement des formulaires de déclarations d’accidents du travail.
 La conformité à la réglementation en vigueur (Au Sénégal, pour les CHS article 5,
alinéa 2 du décret 94/244 du 07/03/1994)

Cependant, et cela mérite d’être souligné, l’objectif principal en prévention demeure et


restera la recherche des causes de l’accident afin d’empêcher qu’un accident semblable
ne se reproduise.
Même si des erreurs humaines peuvent être décelées au courant de l’enquête, il est
recommandé de ne jamais prendre des mesures disciplinaires contre un employé susceptible
d’être en faute.

En plus d’être contraire au but véritable de l’enquête, ceci pourrait compromettre la franchise
des communications pour les enquêtes à venir.

Supérieur hiérarchique de la victime (chef d’atelier ou chef de quart)


- Chef du service de sécurité
- Membres du Comité d’hygiène et de sécurité
- Partenaires extérieurs si nécessaire (Direction de la Prévention de la Caisse de sécurité
sociale, Inspection régionale du travail, Cabinets d’experts).

L’analyse de l’accident du travail relève d’un travail collectif consistant à :


 Recueillir les faits et uniquement les faits identifiés
 Organiser les faits et construire l’arbre des causes
 Choisir les cibles et formuler des mesures de prévention
 Assurer le suivi de l’application de ces mesures.

 En ce qui concerne les faits, le but de l’enquête est de recueillir les faits reliés aux
éléments d’une situation de travail qui ont mené à l’accident.
 Un fait, c’est ce qui est arrivé, ,ce qui a eu lieu. C’est quelque chose que l’on peut voir,
entendre, mesurer ou vérifier.
 Le contraire d’un fait serait une opinion personnelle, un jugement.

 Suite à un accident du travail, il faut identifier les faits concrets dans le but de fournir
une description fidèle de la réalité pour exprimer ce qui s’est passé de façon claire.
 Il faudra à tout prix éviter les jugements, opinions personnelles, suppositions ou
hypothèses.

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L’enquête doit être entreprise aussitôt que possible après qu’un accident se produise. Il est
ainsi possible de mieux observer l’état des lieux au moment de l’accident, d’éviter que les
preuves ne soient dérangées et d’identifier plus facilement les témoins à interroger.

Pour le recueil des faits, les témoins doivent être interrogés aussitôt que possible après
l’accident, car s’ils ont l’occasion de discuter entre eux, les perceptions individuelles peuvent
être brouillées par une réaction normale d’acceptation du consensus lorsque les faits sont
incertains.

 L’entrevue avec le témoin ayant pour objet d’établir un bon rapport avec celui-ci, il est
conseillé d’avoir un comportement idéal en respectant certaines règles :
 Mettre le témoin à l’aise
 Préciser que l’enquête a pour but de découvrir ce qui est arrivé et pourquoi
 Laisser parler le témoin et bien l’écouter
 Prendre des notes très brèves
 Faire confirmer par le témoin ce que vous avez noté
 Essayer de saisir ce que ressent le témoin et ne pas montrer ses émotions.

 Après le recueil des faits, le choix des cibles ne pourra se faire qu’après la
construction de l’arbre des causes, selon une méthode conventionnelle mise au point
par l’INRS de France. La méthode de l’arbre des causes s’est avérée être une des
méthodes les mieux adaptées en entreprise, pour rechercher des mesures de prévention
efficaces à la suite d’un accident, et induire comme effet secondaire l’implication de
tous les acteurs dans la recherche des risques potentiels.

L’analyse de l’accident par cette méthode consiste donc à reconstituer le processus


accidentel, en identifiant les facteurs ayant concouru à sa survenance. Les différentes analyses
permettront de transformer les causes d’un accident en faits prévisibles et de dégager des
axes de prévention.

 Après le recueil des faits, la seconde étape consiste à lister ces faits de manière logique
et chronologique, avant de les organiser sous forme de diagramme. L’arbre des causes
se présente sous forme d’un ensemble de faits antécédents ayant engendré l’accident.
Il se construit à partir du fait ultime de l’histoire, en enchaînant les faits de droite à
gauche, et en posant pour chaque fait recueilli les questions suivantes :

 Par quel fait antécédent X, le fait Y a-t-il été directement provoqué ? (Qu’a-t-il
fallu pour que… ?)
 Le fait antécédent a-t-il été suffisant pour provoquer à lui seul Y ? (Etait-ce
suffisant ?)
 Y a-t-il eu d’autres faits antécédents X2, X3, …, également nécessaires à
provoquer Y ?

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 La pertinence de l’arbre demeure sur le fait qu’il permet, à travers ses
différentes branches, de mettre en évidence les facteurs sur lesquels il est
possible d’agir.
 Il est important en entreprise de former les membres du Comité d’hygiène et de
sécurité à la mise en œuvre de cette méthode.

 La démarche d’analyse des accidents du travail doit être posée comme un acte
primordial de prévention des risques professionnels. La définition moderne de
l’entreprise considère celle-ci comme étant un ensemble, un système cohérent mettant
en œuvre des ressources humaines, matérielles et logistiques. Ce système fonctionne
aussi selon des paramètres comme l’environnement interne ou externe, ainsi que les
outils mis à disposition.

 Les entreprises dans nos pays doivent se rendre compte à l’évidence que les mêmes
principes de management doivent être appliqués aussi bien pour tous les volets
concernant la gestion des différentes branches, notamment celle relative à la sécurité et
la santé au travail.

 Tout accident survenu dans l’entreprise doit être considéré comme un


dysfonctionnement dans les rouages du système. L’accident du travail ne peut et ne
doit plus être considéré comme une fatalité, mais comme révélateur de la non fiabilité
d’une situation de travail.

 On dit très souvent que la Prévention des risques professionnels n’a pas de prix. En
effet, le contraire, c'est-à-dire la non prévention qui peut faire aboutir à des accidents
du travail, peut engendrer des conséquences désastreuses aussi bien pour l’entreprise
(arrêt de lignes de production ou d’ateliers, baisse de productivité, perturbations du
personnel, dépenses pour le remplacement du matériel endommagé, dépenses pour le
recrutement ou la formation du nouveau personnel, retard dans les livraisons, perte de
l’image de marque, cessation d’activités), pour l’économie nationale (déficit de
production), que pour la victime (dommages physiques subis, arrêt de travail, troubles
psychologiques) et sa famille (perte de revenus).

 Tout cela doit inciter les chefs d’entreprise à s’arrêter sur chaque accident du travail, à
y réfléchir, et à agir en conséquence en prenant le temps de tirer les enseignements
pour éviter leur renouvellement.

 A ce titre, la méthode de l’arbre des causes dont nous avons fait état s’avère être une
méthode à recommander vivement, du fait de son objectivité.

 . En effet, dans l’entreprise, les différentes sensibilités y coexistant peuvent avoir


tendance à orienter l’enquête d’accident du travail selon leurs domaines de
prédilection :
 - orientation vers les causes liées aux défaillances techniques
 - orientation vers les schémas classiques d’analyse des accidents du travail
(unicausalité)
 - orientation vers les causes humaines

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 - recherche des manquements par rapport aux règlements, procédures et consignes.

La méthode de l’arbre des causes, parce qu’elle exige un travail de groupe, va réunir toutes
ces sensibilités qui constituent l’aspect pluridisciplinaire de la Prévention des risques
professionnels, et en faire une synthèse. Elle va se situer au-delà des polémiques et des
opinions diverses, pour converger vers un consensus allant dans le sens de l’intérêt général de
l’entreprise.

 Donc, il est très important, et nous invitons toutes les entreprises du pays à s’y atteler,
de former le plus grand nombre de personnes possibles à la mise en œuvre de la
méthode de l’arbre des causes.
 Il a été prouvé que dans les entreprises où cette formation a été assurée, il y a eu un
développement de l’esprit d’anticipation face au risque, donc un renforcement de la
culture préventive.

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CONSTRUCTION DE L’A. D. C.
Fait ultime
FAIT
Antécédent FAIT
Antécédent FAIT
Antécédent

SENS DE CONSTRUCTION
x y
QU’A-T-IL FALLU POUR QUE LE FAIT
1 « y » SE PRODUISE?
Est ce que « x » entraîne « y »?
Cet antécédent « x »EST-T-IL C’est parce que « x » existe, que « y »
2 NECESSAIRE? se produit

Cet antécédent « x » EST-T-


3 IL SUFFISANT?
« x » est-il suffisant pour
entraîner « y »

TYPES DE LIAISONS
Exemple: Il est tombé, car il a glissé.

1 Le fait ultime? Il est tombé

2 Qu’a-t-il fallu pour qu’il tombe? Qu’il glisse

3 Est-ce nécessaire? OUI

4 Est ce suffisant? OUI


Il a Il est
glissé tombé

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TYPES DE LIAISONS
Exemple: Il est tombé, car il a glissé.

1 Le fait ultime? Il est tombé

2 Qu’a-t-il fallu pour qu’il tombe? Qu’il glisse

3 Est-ce nécessaire? OUI

4 Est ce suffisant? OUI


Il a Il est
glissé tombé

TYPES DE LIAISONS
Exemple: Il s’est pincé, car la porte s’est refermée brutalement au moment
ou il avait sa main dans l’embrasure

1 Le fait ultime? Il s’est pincé

2 Qu’a-t-il fallu pour qu’il se pince? Qu’il ait sa


main dans
3 Est-ce nécessaire? OUI l’embrasure

4 Est ce suffisant? NON


Il s’est
Main dans
embrasure pincé

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TYPES DE LIAISONS

Exemple: Il s’est pincé, car la porte s’est refermée brutalement au moment


où il avait sa main dans l’embrasure

Que la porte se
2 Qu’a-t-il
Qu’a-t-ilfallu
fallupour
d’autre?
qu’il se pince? referme brutalement

3 Est-ce nécessaire? OUI


Porte se
4 Est ce suffisant? OUI referme
brutalement
Main dans Il s’est
embrasure pincé
Main dans
embrasure

TYPES DE LIAISONS

Exemple: Les fenêtres vibrent et l’eau pénètre sous la porte, lorsqu’il y a


de la tempête.
Fenêtres vibrent
1 Le fait ultime?

2 Qu’a-t-il fallu pour que les fenêtres vibrent? Tempête

3 Est-ce nécessaire? OUI

4 Est ce suffisant? OUI


Fenêtres
5 Autre fait ultime?Eau pénètre Tempête vibrent
sous la porte

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TYPES DE LIAISONS

Exemple: Les fenêtres vibrent et l’eau pénètre sous la porte,


lorsqu’il y a de la tempête.
1 Autre fait ultime? Eau pénètre sous la porte

2 Qu’a-t-il fallu pour que l’eau pénètre/porte ? Tempête

3 Est-ce nécessaire? OUI


Eau/
porte
4 Est ce suffisant? OUI
Temp
ête Fenêtres
Tempête
vibrent

TYPES DE LIAISONS

Un FAIT qui a un Un FAIT qui a Plusieurs FAITS qui ont


antécédent plusieurs le même antécédent
antécédents

Antécéd Fait
ent
Antécéd Fait
ent Fait Antécéd
ent
Antécéd
ent Fait

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EXEMPLE D ’ETUDE
D ’UN ACCIDENT PAR
L ’ARBRE DES
CAUSES

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En passant par l’atelier, l’ouvrier a mis le pied dans une flaque d’huile qui

provenait d’un bidon renversé ; il est tombé. Dans sa chute, son bras a
touché un tuyau de vapeur non calorifugé. L’ouvrier a été brûlé au bras droit.

PREMIERE ETAPE :

RECUEIL ET FORMULATION DES


FAITS

Brûlure au Chute
bras
Bras sur Pied dans flaque
tuyau d’huile
Tuyau chaud Flaque d’huile
au sol
Tuyau nu Passait par là

Vapeur dans Bidon


tuyau renversé

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DEUXIEME ETAPE :

CONSTRUCTION DE L’ARBRE DES


CAUSES

En appliquant les règles


logiques :
Qu’a-t-il fallu pour que ?
Est-ce nécessaire ?
Est-ce suffisant ?

Passait par là
Pied dans
Flaque Chute Bras
d’huile sur Brûlure
Bidon Flaque d’huile tuyau Au Bras
renversé au sol droit
Vapeur dans
tuyau
Tuyau
chaud
Tuyau nu

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TROISIEME ETAPE :

CHOIX DES CIBLES ET RECHERCHE


DE TOUTES LES SOLUTIONS
POSSIBLES

Tuyau nu

Passait par là

Bidon renversé

QUATRIEME ETAPE :

CHOIX DES CIBLES ET RECHERCHE


DE TOUTES LES SOLUTIONS
POSSIBLES

Calorifugeage tuyau

Plan de circulation

Récipient d’huile adapté


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