Vous êtes sur la page 1sur 2

1

Exemples d’analyse des besoins


A. Pour le cas des agriculteurs ukrainiens, les premières hypothèses que l’on peut formuler sur les
situations cibles sont les suivantes :
 découvrir l’organisation des exploitations agricoles françaises,
 comprendre le contexte européen dans lequel fonctionnent ces exploitations,
 comprendre les explications qui leur seront fournies lors de la visite de la ferme,
 comprendre les instructions de travail qui leur seront données,
 lire des instructions, des modes d’emploi,
 participer à des réunions de coopérative agricole : écouter et s’exprimer,
 rendre des comptes sur leur travail,
 s’expliquer avec les commerçants lors des achats pour la coopérative.
On peut supposer qu’ils auront peu à écrire. La formation s’intéressera donc peu à cette activité. Elle
privilégiera les échanges oraux sur les questions agricoles, sans oublier toutefois la vie privée, les
conversations personnelles avec les gens de la ferme, les échanges au cours des repas etc. Concernant
les arrière-plans culturels, on peut imaginer l’importance des aspects liés à l’intégration européenne.

B. Pour les juristes cubains, les premières hypothèses donnent les résultats suivants :
 écouter des conférences et prendre des notes,
 participer aux discussions à l’issue des conférences,
 lire des documents juridiques.
Par rapport au cas précédent, d’importantes différences apparaissent dès cette étape, qui permettent de
faire les premières projections sur le déroulement de la formation :
 la compréhension orale de discours longs occupera une place prépondérante, alors que les
dialogues seront dominants pour les agriculteurs ukrainiens,
 la lecture occupera également une place importante,
 les discussions de vie quotidienne, en revanche, ne concernent pas ce public dans la mesure où
ceux-ci ne séjournent pas en milieu francophone ; leurs relations avec les interlocuteurs
francophones seront essentiellement d’ordre académique.

C. Les chercheurs agronomes égyptiens sont en contact avec leurs homologues français pour leur
communiquer leurs travaux de recherches scientifiques et échanger des informations :
 La part d’expression orale est liée principalement aux visites des chercheurs français sur le terrain
ou de personnalités officielles non spécialistes du domaine (ambassade par exemple): les
apprenants doivent être capables de se présenter et de présenter leur fonction, de décrire le
fonctionnement des appareils, de discuter de l’état de leur recherche.
 La part de compréhension écrite est importante tant en ce qui concerne la correspondance que pour
l’étude de la documentation des machines et du matériel d’origine française. En outre, les
chercheurs reçoivent un abondant courrier, issu de départements similaires en France, et les revues
de recherche auxquelles ils sont abonnés sont aussi en français.
 L’activité de production écrite consiste en la rédaction de lettres envoyées en France : demande de
documentation supplémentaire, invitations de spécialistes, présentation de sujets de recherche. Les
chercheurs sont également amenés à publier des rapports faisant part de l’état d’avancement de
leur recherche.

D Pour les guides touristiques jordaniens, c’est la communication orale qui sera la plus importante :
aussi bien dans la description des sites archéologiques que dans les conversations liées à la conduite
des groupes de touristes. Ces situations peuvent déborder du cadre professionnel pour traiter de thèmes
plus personnels où l’arrière-plan culturel sera important. De l’avis des tours opérateurs travaillant sur
la région (dont la majorité dispose de ses propres guides venant de France) et de celui du Ministère du
Tourisme lui-même, la Jordanie pâtit du manque de guides-interprètes formés correctement à la fois
sur le plan théorique, avec une solide connaissance des sites touristiques historiques et naturels, que
sur le plan pratique dans l’accueil et la gestion des groupes lors des visites. Cette carence est plus
2

sensible, semble-t-il, chez les guides francophones. Les besoins sont donc très importants en
communication orale :
 Ils remplissent la fonction de guide / référant, c'est-à-dire de personne ressource pour le groupe au
sein de toutes les situations que ce dernier va vivre durant le séjour. Ils ont besoin d’accueillir,
rassurer, conseiller, saluer, se présenter, souhaiter la bienvenue, tout en étant capable de donner les
informations pratiques sur la situation dans le temps et l’espace : discours de bienvenue à
l’aéroport, informations sur le vol, l’arrivée, le climat, la douane etc.
 Sur les sites, ils ont à assurer les visites avec toutes les descriptions, narrations, explications que
cela suppose. Il leur faut être capables d’assurer un discours d’exposé combiné à un discours de
convivialité avec le public.
 Ayant à présenter et décrire les sites visités à partir de leurs propres connaissances historiques,
culturelles, archéologiques, il leur faut également apprendre à passer de la lecture à l’oralisation
des informations.

E. Pour les élèves nouvellement arrivés en France (ENA), souvent débutants en français, les besoins
concernant leur intégration scolaire relèvent très nettement des deux ordres culturel et linguistique 1.
Prenons l’exemple d’un élève en âge d’école primaire :
 Sur le plan culturel, il a besoin
 de découvrir les valeurs républicaines de l’école française : laïcité, mixité (il est amené à
travailler avec d’autres quels que soient leur religion, leur pays/ethnie d’origine et leur sexe),
droits et devoirs (toutes les disciplines sont obligatoires pour tous),
 de repérer les rôles des différents adultes qu’il côtoie : maitre ou maitresse, directeur (trice),
aide-éducateur (trice), dames de service,
 de se repérer dans le temps scolaire (pas d’école le mercredi, les récréations, l’étude du soir
etc.),
 de se repérer dans les différentes disciplines enseignées (quelles disciplines enseigne-t-on ?
dans quelle discipline est-on à tel ou tel moment ?),
 de se repérer dans l’école (la cantine pour manger, la cour pour jouer, la classe pour travailler)
et les espaces de la classe (le coin bibliothèque, l’armoire à matériel, la place du maitre).
Ces besoins sont plus ou moins marqués selon l’origine culturelle et le passé scolaire de l’enfant. Un
enfant qui n’est jamais allé à l’école aura plus de choses à intégrer qu’un enfant qui a déjà fréquenté
une école dans son pays.
 Sur le plan linguistique, les premiers besoins relèvent de l’oral. L’écolier a besoin de comprendre
 à qui s’adresse le maitre ou la maitresse,
 les consignes sur le comportement, le travail à faire,
 les questions,
 les interdictions, les réprimandes,
 les paroles des autres élèves,
 les consignes de transmission de message aux parents.
Il a également à s’exprimer pour
 se présenter,
 répondre aux consignes,
 traduire une sensation physique (en cas de problème de santé),
 manifester un problème de compréhension,
 entrer en contact avec les autres élèves,
 etc.
Les besoins écrits dépendent de l’âge de l’enfant et de la classe qu’il doit en principe intégrer. Pour les
élèves de l’âge du CP, l’acquisition des compétences écrites se fera parallèlement à celle des élèves
français. Il en va autrement pour les élèves plus âgés.

1
Données tirées d’une recherche menée par Nathalie Francols, enseignante en CLIN (classe d’initiation pour
élèves nouvellement arrivés en France)

Vous aimerez peut-être aussi