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4 Histoire humaine et génome

Quand on parle de connaître l’histoire humaine, on ne parle pas de connaître


l’histoire politique de notre espèce actuelle mais notre histoire biologique et donc
celle de la lignée humaine. On appelle « lignée humaine », l’histoire évolutive des
Hominines à partir du plus récent ancêtre commun à l’homme et au chimpanzé.
Même si actuellement la lignée humaine n’est représentée que par notre seule
espèce Homo sapiens, il y a eu par le passé d’autres genres humains : des
paranthropes, des australopithèques, les kényanthropes…

Si on remonte plus loin dans l’histoire, nous pouvons établir des liens de parenté entre
différents groupes et différentes espèces grâce à des critères essentiellement
morphologiques. Pour ce faire on va chercher des caractères homologues et non
des caractères analogues.
On dit que des structures sont homologues quand elles :
• possèdent la même organisation générale,
• établissent des connexions identiques,
• possèdent la même origine embryologique même si leur forme ou leur fonction sont
différentes.
Les structures sont dites analogues quand elles présentent des similitudes dues à
des adaptations identiques mais ne descendant pas d’un ancêtre commun et ne
pouvant donc pas être utilisées pour déterminer une phylogénétique (lien de parenté).
Ainsi les membres des vertébrés tétrapodes (membres chiridiens) sont des structures
homologues alors que les ailes du ptérodactyle, de la chauve-souris et des oiseaux
sont des structures analogues.

Comparaison du membre antérieur chiridien

de quelques mammifères :

Organisation de l’aile chez trois tétrapodes :

Un arbre phylogénétique (ou arbre d’évolution) présente l’apparition des innovations


évolutives dans les différentes lignées d’êtres vivants étudiés. Pour classer des
animaux ou des végétaux, il est important d’identifier les caractères dits « primitifs »
ou ancestraux et les caractères dits « dérivés ». Un caractère primitif est un caractère
présent chez l’ancêtre commun d’espèces différentes alors qu’un caractère dérivé est
un caractère homologue présent chez des espèces différentes et résultant de
l’évolution d’un même caractère primitif présent chez l’ancêtre commun.
Exemple : Travaillons sur les structures épidermiques des vertébrés tétrapodes et qui
sont appelées phanères (plumes, écailles, poils). Dans le groupe formé d’un
mammifère, d’un oiseau et d’un lézard, descendants tous trois d’un même ancêtre
commun possédant un membre chiridien, le caractère poils n’est présent que chez le
mammifère, c’est donc un caractère dérivé propre à la lignée des mammifères. Le
caractère plume n’est présent que chez les oiseaux, c’est donc également un caractère
dérivé propre aux oiseaux. Dans le groupe formé par l’oiseau et le lézard qui possèdent
tous deux des écailles, celles-ci sont un caractère dérivé partagé car les écailles
existent dans d’autres groupes (crocodiles, dinosaures). Mais si nous prenons le
groupe incluant tous les êtres vivants actuels qui possèdent des écailles et leur ancêtre
commun, alors dans ce groupe on qualifie les écailles de caractère primitif. Ainsi plus
le nombre de caractères dérivés partagés par deux espèces est grand, plus elles
seront apparentées.
L’étude des liens de parenté peut aussi porter sur des molécules. L’étude comparative
d’un gène entre des groupes permet de comptabiliser des différences qui sont
répertoriées dans un tableau appelé matrice des distances permettant de retracer leur
arbre d’évolution. Il est possible de faire apparaître sur chaque branche de l’arbre, le
nombre moyen de mutations qui séparent les deux groupes. Ainsi l’étude chez les
primates du gène d’une enzyme, la cytochrome C oxydase, a permis de retracer l’arbre
d’évolution de ceux-ci.

Matrice des distances pour COX-2 primates

(COX-2 = Enzyme cytochrome oxydase intervenant dans la respiration cellulaire)

Arbre d’évolution pour COX-2


Chaque innovation évolutive provient donc d’une mutation : le caractère découlant de
cette mutation sera conservé s’il présente un avantage sélectif. On peut citer en
exemple la mutation carbonaria présente chez une espèce de papillon appelé
« phalène du bouleau » et qui a présenté un avantage sélectif lors de la révolution
industrielle de 1860. En effet ces papillons de nuit dont le phénotype dominant est la
forme blanche typica, se dissimulent par mimétisme sur les troncs blancs des
bouleaux. L’utilisation massive du charbon à cette époque a été à l’origine d’un
brouillard polluant appelé « smog » qui a noirci le tronc des bouleaux favorisant la
survie des formes carbonaria. On parle de « sélection naturelle ». Parfois un caractère
peut-être désavantageux pour la survie de l’animal mais s’il confère un avantage
reproducteur, il sera alors conservé. On parle de « sélection sexuelle ».

Ainsi les études phénotypiques macroscopiques et moléculaires permettent de


retracer l’évolution du vivant. Cependant dans le cas de la lignée humaine, les
génotypes entre les différentes espèces humaines étant très proches, il n’est parfois
pas évident d’établir des liens de parenté comme par exemple entre l’Homo sapiens
et l’Homme de Néandertal. L’étude de l’ADN mitochondrial dans la lignée humaine a
permis de retracer l’arbre récent de l’évolution des humains. Les mitochondries sont
des organites permettant la respiration cellulaire et possédant leur propre matériel
génétique. Lors de la fécondation seul l’ovule possède des mitochondries, la tête du
spermatozoïde étant trop petite pour en contenir. L’étude de ce matériel génétique a
donc permis de retracer les filiations maternelles. L’étude de la matrice des distances
et de l’arbre correspondant montre donc que Neandertal constitue une espèce à part
entière. On peut raisonnablement penser que l’homme moderne proviendrait d’une
population d’Homo sapiens (dit homme de Cro-Magnon) qui s’est déplacée et a
colonisé l’Europe au détriment de Neandertal qui y vivait. Il y a cependant pu avoir
des croisements entre les deux espèces avec des hybrides fertiles en raison d’une
faible différence génétique entre les deux groupes puisque que 4 % de l’ADN
nucléaire d’un eurasien provient de Neandertal et qu’on ne retrouve aucune trace de
cet ADN néandertalien dans l’ADN du peuple africain.
La mitochondrie et son matériel génétique :

Matrice des distances pour l’ADN mitochondrial et arbre d’évolution correspondant


Pour calculer le nombre d’ancêtres que possède un individu sur un nombre « n » de
générations, il faut additionner le nombre d’ancêtres présents dans chaque génération.
Chacun d’entre nous possède deux parents biologiques (génération 1 d’ancêtres). Nos
deux parents ont eux-mêmes chacun 2 parents qui sont à la génération 2 des ancêtres
soit un total de 2x2 =4 ancêtres. Chacun de ces ancêtres a lui aussi deux ancêtres à
la génération 3 soit 2x2x2 =2 individus à la génération 3 etc … Ainsi le nombre
3

d’ancêtres dans une génération « n » est égale à 2 .


n
BILAN
VOCABULAIRE À RETENIR

Homologie : Seules structures, héritées d’un ancêtre commun, révélant des liens de parenté.
D’un point de vue anatomique, deux structures sont dites homologues si elles :
- présentent la même organisation générale,
- établissent des connexions identiques,
- et ont la même origine embryologique, même si leur forme ou fonction sont
différentes.

Analogie : Caractères ayant des similitudes dues à des adaptations identiques,


comme une fonction commune, mais ne descendant pas d’un ancêtre commun et ne
pouvant pas être utilisés pour déterminer une phylogénie.

État dérivé d’un caractère homologue : Caractère né d’une innovation évolutive


que l’on ne retrouve que dans le groupe considéré.

État ancestral d’un caractère homologue : Caractère dit primitif, qui se retrouve
chez des individus extérieurs au groupe considéré.

Molécules homologues : Molécules, de différentes espèces, ayant de fortes


ressemblances : des gènes ayant des séquences similaires ou des protéines ayant la
même fonction.

Sélection naturelle : Phénomène par lequel certains organismes laissent plus de


descendants que d’autres. En accumulant les modifications aléatoires avantageuses,
elle se traduit par une adaptation des espèces à leur milieu et à leurs conditions de
vie.

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