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Il y a désormais trop d’objets à croire et pas assez de crédibilité [1].

Toute société a besoin de croyance pour se représenter comme pour fonctionner. Se passer de croire
est une éventualité peu réaliste, voire impossible. Dans l’ordinaire de la vie humaine comme dans
l’ordre extraordinaire du politique, le domaine de la croyance rassemble des activités concrètes, mais
aussi tout un ensemble d’imaginaires et d’idéologies. Le mot « croyance » est polysémique et les
phénomènes qu’il recouvre sont protéiformes. Mais convenons d’un espace de réflexion à partir
duquel l’envisager. Considérons la croyance comme un cadre fixant les seuils de confiance et les
balises de vérité qui régissent l’ordre du gouvernement des hommes comme l’ordre du
gouvernement des choses. Considérons-la comme une matrice au sein de laquelle prennent forme et
se développent les mentalités comme les représentations, les systèmes d’allégeances culturelles et
spirituelles comme les appartenances des individus au monde social et politique.

Matrice universelle, mais toujours conditionnée par les temporalités historiques au sein desquelles
elle offre autant de vecteurs d’adhésion que d’ancrages à des controverses et à des contestations, la
croyance rappelle la dimension imaginaire et symbolique intrinsèque à l’expérience humaine et à la
vie des sociétés. S’y expriment les répertoires de sens, les grammaires de signes, les cartographies
mentales, mais aussi les dogmes, les normes et les prescriptions fixant un ordre culturel et
symbolique tout autant qu’un ordre politique. S’y dessinent les contours d’un espace porteur tout
autant de contraintes et de coercition que de possibilités de changement. La croyance est
multifonctionnelle et multidimensionnelle au sens où elle est un dispositif articulant à la fois la
capacité de croire et de faire croire, mais aussi la certitude et le doute en tant que force de
subversion et d’émancipation. Si la croyance peut se muer en idéologie, et si toute idéologie recèle
une part essentielle de croyance, il convient néanmoins de les différencier. L’idéologie est un
ensemble de représentations relativement organisées (en un système ou tout au moins en un
ensemble cohérent), tandis que la croyance, telle qu’elle subsiste, mêle des représentations plus ou
moins rationnelles, des croyances affectives, des éléments de foi, des dispositions de confiance au
sens de la fides latine, des ressorts psychoaffectifs, des habitudes, des traditions.

Les grandes idéologies qui ont structuré la politique pendant deux siècles sont nées dans le processus
déclenché par les philosophes des Lumières. Le terme même d’« idéologie » a été utilisé pour la
première fois par Antoine Destutt de Tracy (1754-1836) au moment de la Révolution française.
L’idéologie comme nouveau type de croyance s’inscrit alors dans le processus de longue durée de «
sortie de la religion » et vient remplacer les discours de la croyance religieuse, tout en empruntant
beaucoup à leur registre [2]. En cela, on voit apparaître ce que Marcel Gauchet a pu désigner comme
de véritables « religions séculières », marquant le « transfert du temps légitime du passé vers
l’avenir, avec la réorientation futuriste de l’expérience collective » [3]. Religion devenue séculière en
ce sens « qu’elle ne croit qu’en l’action des hommes et en la puissance de la société à se faire elle-
même. Et religieuse néanmoins par la nature et la forme attribuées à cette puissance sur soi à venir
[4] ». Au cours du xixe siècle, le libéralisme, le socialisme, le nationalisme et l’anarchisme émergent
comme incarnations du processus d’émancipation révolutionnaire, alors que le conservatisme et le
fascisme, devenant à leur tour des idéologies, cherchent à remettre en cause ses fondements. Dans
la seconde moitié du xxe siècle, un nouveau climat idéologique se met peu à peu en place. Le débat
engagé par le livre de Francis Fukuyama, The End of History and the Last Man, débouche sur des
interrogations plus larges à propos de la « fin des idéologies », une expression déjà utilisée par Daniel
Bell en 1960 [5]. Les idéaux du libéralisme économique ayant peu à peu triomphé dans le monde, les
idéologies politiquement constituées et anciennes seraient en voie de disparition. En fait, Francis
Fukuyama met en valeur la domination d’un nouveau narratif idéologique sur tous les autres. La
chute du communisme en Europe centrale et orientale à la fin des années 1980, concomitante de la
publication du travail de Fukuyama, a pu donner un grand écho à cette vision. Une autre perspective,
défendue par Andrew Gamble dans Politics and Fate, avance l’idée que l’Histoire ne peut plus être
comprise en termes de grandes configurations idéologiques cherchant à expliquer le passé, le
présent et le futur, et porteuses d’un progrès continu de la condition humaine [6].

Les grandes idéologies enfantées dans le processus mis en œuvre par les Lumières ont perdu de leur
pertinence comme de leur efficacité pour faire croire au politique. Les idéologies qui peuvent être
repérées dans les sociétés occidentales contemporaines mobilisent des référents socialement et
historiquement construits nécessairement soumis à la relativité des opinions et des jugements, et
souvent arrimées à des préoccupations ciblées, ou encore à des logiques particularistes ou
communautaires. Si elles sont à l’œuvre, c’est le plus souvent sous une forme éclatée,
compartimentée, au travers d’une mosaïque de références, de modèles et de finalités. Le féminisme,
l’environnementalisme, le multiculturalisme sont très symptomatiques de ce nouveau paysage
idéologique, fragmenté et régi par de nouvelles revendications comme par de nouveaux droits. Il en
est de même de la contestation virulente des valeurs libérales et séculières par les fondamentalismes
religieux : en particulier, l’islamisme radical est emblématique des nouveaux usages de la croyance
au service d’une idéologie politique faisant croire à un nouveau type de rédemption par la violence
politique. Cette diffraction des espaces de référence comme des revendications d’appartenance
entraîne une « désétatisation » des idéologies et, d’une certaine façon, leur déterritorialisation.
Marqués par la globalisation, elles s’appuient moins sur la chose publique et politique que sur
l’ethnicité, le genre ou encore la religion [7]. Toutes ces recompositions débouchent sur un univers
idéologique, certes dynamique et pluraliste, plus ouvert au changement permanent, mais aussi
beaucoup plus incertain. Après l’hégémonie multiséculaire de la croyance religieuse, puis les deux
siècles de triomphe des croyances politiques qualifiées d’« idéologies », n’est-on pas entré dans le
troisième âge du fractionnement et de la dissémination du faire croire comme du croire ?

Les cadres d’interprétation, porteurs de sens et de symboles, organisant les représentations comme
les pratiques politiques, ont donc profondément changé. Aujourd’hui, si le repérage politique
fonctionne, il s’est quelque peu brouillé. Il paraît plus composite et procède d’un relâchement
indéniable des affiliations et des loyautés. Les discours politiques se construisent et opèrent toujours,
mais sans figures référentielles univoques et sans grands récits. Les grandes idéologies en tant que
systèmes de pensée et de croyance totalisants se sont effondrées. Instruments du faire croire, elles
se sont fragmentées, tant dans leurs formes mêmes que dans leurs finalités. N’y résonnent plus les
espérances politiques ou les objectifs d’émancipation qui les caractérisaient dans le monde moderne
et qui se sont érodés dans le dernier quart du xxe siècle. Peut-on d’ailleurs encore parler d’«
idéologie » dans un monde producteur de sens, de significations et de représentations, régi par les
outils du numérique et façonné par une accélération du temps social comme du temps politique
d’une ampleur inégalée [8] ? Les répertoires politiques contemporains sont constitués de fragments
et d’emprunts à des idéologies souvent instrumentalisées de façon non conforme à leurs
significations et à leurs contextes originels. Il en résulte la plupart du temps un bricolage qui ne peut
permettre une adhésion inconditionnelle à une ligne politique imposée, à un programme partisan
dans son entièreté ou encore à un dogme référentiel. Si les vecteurs de croyances sont plus éclatés,
les façons de croire ont, elles aussi, été profondément modifiées. Derrière ce fractionnement des
croyances et des idéologies, c’est en fait, comme le constate Michel de Certeau, « le croire qui
s’épuise » ou qui se réfugie dans le « réel », dans l’image ou le « voir », ou encore dans la
reconstruction appauvrie de registres anciens de croyances. On assiste une mutation sans précédent.
« Les récits de ce-qui-se-passe constituent notre orthodoxie. Les débats de chiffres sont nos guerres
théologiques. Les combattants ne portent plus les armes d’idées offensives ou défensives. Ils
avancent camouflés en faits, en données, en événements. » Il s’agit désormais de « muer le voir en
un croire, et de fabriquer du réel avec des semblants ». Alors que la croyance dans le monde ancien
supposait « l’invisibilité du réel », elle se nourrit aujourd’hui de sa visibilité [9]. Tout se passe comme
si la croyance opérait désormais dans le registre d’une réalité augmentée, d’un réel surinvesti, soit un
terreau propice à la propagation de faits alternatifs (fake news), mais aussi au travers de
manipulations propres aux théories du complot, venant relativiser l’idée même de vérité et alimenter
les post-idéologies à l’œuvre dans les sociétés contemporaines.

Deux interrogations transversales tiennent lieu de fil rouge à cet ouvrage et animent sa réflexion. La
première renvoie à une lecture ontologique de la croyance et interroge l’existence d’un éventuel
ressort commun dans les actes de croire et de faire croire considérés dans des contextes
sociohistoriques différents ou dans des univers idéologiques spécifiques. La deuxième, rattachée à un
questionnement plus pragmatique, mais non moins fondamental, cherche à inventorier dans la
société d’aujourd’hui ce que Paul Ricœur désignait comme « le croyable disponible d’une époque
[10] ». Ce qui aura guidé les contributeurs de ce livre, mêlant des cadres d’interprétation de la
croyance à partir de disciplines aussi diverses que la science politique, la philosophie, la sociologie,
l’histoire de l’art ou encore le cinéma, est cette double préoccupation heuristique : saisir les
invariants de la croyance dans la diversité de ses formes d’expression et d’instrumentalisation, cela
dans des champs aussi spécifiques que la religion, la politique, l’art ou encore la science.

La confrontation interdisciplinaire menée dans cet ouvrage met en évidence des articulations
nouvelles entre les processus d’individualisation de la politique, à l’œuvre dans la sphère privée
comme dans la sphère publique, d’une part, et les changements affectant les répertoires de sens et
d’imaginaire à partir desquels s’orientent, s’expriment et s’engagent les individus, d’autre part. Les
auteurs y révèlent l’éclatement des idéologies et la reconfiguration des croyances qui caractérisent
les répertoires sociopolitiques contemporains. Partant de différents domaines d’investigation et de
phénomènes sociétaux caractéristiques des démocraties actuelles, ils dévoilent les modes
d’activation des valeurs ou des principes normatifs à partir desquels les individus construisent leur
rapport au monde et aux autres.

Les contributions de Myriam Revault d’Allonnes, de Gil Delannoi et de Carole Widmaier, dans un
cadre proprement philosophique, s’attachent à définir les différentes composantes de la croyance et
insistent sur la dimension imaginaire qui la compose et la nourrit. Myriam Revault d’Allonnes
(chapitre 1) revient sur la perte de l’évidence d’un sens donné et montre que dans un contexte de
désenchantement du monde selon la conception wébérienne, laissant davantage de place à la
rationalité comme à la raison, le domaine de la croyance ne s’en trouve pas affaibli, bien au
contraire. L’individu contemporain, privé de repères univoques, est contraint de créer du sens – ou
plutôt des sens – pour se repérer et interpréter la réalité environnante. Les sociétés démocratiques
contemporaines se caractérisent par une pluralisation des institutions du croire et donc par la
prolifération des croyances, mais se marquent par un affaiblissement du croire en la politique,
caractéristique d’un malaise démocratique. Gil Delannoi (chapitre 2) montre la force des
significations sociales-imaginaires et cherche à clarifier les rapports complexes entre société, vérité,
croyance, habitude, stéréotype et postulat. Il rapproche la croyance des « vérités de raison » mises
en évidence par David Hume, la renvoyant au domaine du possible et du probable, soit à une forme
de vérité toujours relative. En ce sens, il ne peut exister que des croyances qui s’opposent entre elles.
Il souligne la puissance de l’imagination qui, seule, permet d’agir en accord avec ce que l’on pense et
de produire des idées, des opinions ou des jugements de valeur. Carole Widmaier (chapitre 3),
s’intéressant aux savoirs scientifiques, établit que l’idéologie peut s’emparer de la science pour
l’obliger à rentrer dans un commun qui n’est pas la vérité. Elle rappelle toute l’importance de
l’imaginaire dans le champ scientifique. Les modalités d’appropriation des savoirs scientifiques dans
une optique de constitution de communs porteurs de sens relèvent le champ pluriel de l’imagination
collective. Celle-ci couvre tout autant le champ de l’idéologie, de l’utopie, que celui du préjugé, du
stéréotype, ou encore et surtout du cliché, soit l’arrêt du jugement dans le mouvement même de
l’imagination.

Ainsi les philosophes arrivent-ils à nous convaincre que l’acte de croire renvoie d’abord et avant
toute autre chose à une attitude d’acceptation, à laquelle on se soumet ou on s’oppose. Celle-ci peut
être déclinée selon un triptyque associé à une problématique nécessairement polysémique et
plurielle – croire en, croire à, croire que – soit à un ensemble de questionnements mettant à
l’épreuve les frontières entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste, le réel et
l’imaginaire, la preuve et le doute.

L’exploration des usages politiques de la croyance ne peut esquiver la question des images, et
notamment de la représentation du pouvoir, dans le champ religieux comme dans le champ
politique. Marie Gautheron (chapitre 4), au travers d’une approche mobilisant l’histoire de l’art,
étudie les représentations de la prière dans la peinture. Elle montre que, si les artistes ont représenté
la prière individuelle ou collective (notamment la posture emblématique de la prière agenouillée
dans la peinture religieuse de la Renaissance) en tant que moment fondateur d’une croyance
constitutive de la personne et de la cohésion d’un imaginaire social partagé, ils ont aussi travaillé à la
distanciation ou à la subversion de ces croyances. Bertrand Delais (chapitre 5) évoque sa pratique de
cinéaste pour mener une réflexion sur les enjeux d’images associés à la prévalence de la
communication politique dans nos sociétés contemporaines. Cette dernière, tout en renforçant
l’omniprésence d’une sorte de liturgie quotidienne, participe aussi à la désacralisation du pouvoir.
Dans ce nouveau cadre de représentation, la croyance politique est mise à mal et une défiance
caractéristique des rapports entre gouvernés et gouvernants dans nos démocraties s’est généralisée.

D’autres contributions, en questionnant l’installation dans le champ politique d’idéologies nouvelles,


explorent les frontières fixant les normes et les principes liés à la certitude d’un bien commun, mais
également les lignes départageant les espaces du monde réel et de l’utopie, de la résignation et de
l’espérance. Janie Pélabay (chapitre 6) étudie la promotion active d’un credo républicain et interroge
ce qui se joue, en théorie et en pratique, dans la conception et la défense des valeurs de la
République comme un système de croyances bien établi, ainsi que dans la volonté publique de
déployer le rapport qu’entretient le citoyen à ces valeurs sur le mode de la conviction profonde.
Pascal Perrineau (chapitre 7) revient sur le déclin des idéologies examiné à l’aune de la montée des
populismes. Il montre en quoi ceux-ci offrent une alternative politique, attachée à une idéologie «
faible » et éclectique, capable de répondre aux malaises identitaires, aux frustrations diffuses et
souvent confuses, ainsi qu’aux peurs qui s’expriment dans les démocraties occidentales
contemporaines. Poursuivant la réflexion sur les profonds changements du cadre référentiel de la
politique dans un contexte d’individuation croissante et de bouleversement du cadre même des
conditions de la socialisation politique dans le renouvellement générationnel, ma propre contribution
(chapitre 8) examine la pérennité comme les mutations des ressorts de l’idéologie dans la politisation
des jeunes générations. L’examen de quelques répertoires politiques actuels dans le contexte
français, parmi les plus emblématiques, à partir desquels se forment et s’expriment les engagements
d’aujourd’hui, de l’ultra-gauche à la Manif pour tous, de l’adhésion frontiste à la radicalité islamiste,
augure du bricolage idéologique à l’œuvre, au risque d’une fragilisation du lien démocratique lui-
même. Le regard de l’historienne Annette Wieviorka (chapitre 9) apporte un éclairage sur le rôle de
l’idéologie nouvelle que peut représenter la défense des droits de l’homme, au travers de
l’affirmation de la croyance en un monde meilleur grâce à une éducation fondée sur l’histoire et le
devoir de mémoire de la Shoah. Elle souligne la réalité comme la force de son universalisation, mais
elle en indique aussi les limites, notamment politiques.

Avec le cadre d’analyse de la sociologie et d’autres outils, comme le témoignage, Janine Mossuz-
Lavau et Vincent de Gaulejac explorent les dimensions plus affectives et relationnelles de la croyance,
dès lors que celle-ci engage des actes répréhensibles, source de honte, et surtout objet d’une grande
difficulté d’acceptation dans la filiation. Janine Mossuz-Lavau (chapitre 10) revient sur un moment
douloureux de notre histoire nationale, la Collaboration, et mobilise les récits des enfants issus de
parents « collabos » et devenus écrivains de leur histoire, trouvant dans l’écriture le moyen
d’apprivoiser leur souffrance. Vincent de Gaulejac (chapitre 11) donne la parole à des mères de
djihadistes partis rejoindre les terres de l’État islamique ou ayant péri dans des actions terroristes.
Pour faire face au traumatisme du deuil réel tout autant que symbolique de leur enfant, ces mères
tentent de vivre avec ce qui est pour elles plus que l’incroyable, l’impensable. Ces deux contributions
montrent que le brouillage des frontières qui délimitent le champ de la croyance, départageant le
vrai du faux, le bien du mal, est poussé à son point extrême dès lors qu’il bute sur la question de
l’héritage et de la transmission, mais aussi et surtout lorsqu’il concerne la gestion émotionnelle et
affective d’une croyance honteuse par les descendants ou par les ascendants. Comment croire en ce
que l’on ne peut moralement pas accepter ? Comment s’arranger d’un traumatisme tout à la fois
familial et politique, dans lequel l’intime et les convictions sont étroitement mêlés ? Comment ont-ils
pu croire en ? Comment croire que cela s’est passé, comment croire que cela ait pu se produire ?

Au seuil de la lecture des différentes contributions qui forment cet ouvrage, c’est donc une réflexion
collective sur « croire » et « faire croire », pour reprendre les termes de la problématique suggérée
par Michel de Certeau à la fin des années 1970, qui est menée au travers d’un prisme volontairement
diversifié, tant par les regards disciplinaires sollicités que par les objets d’étude proposés. Au fil des
pages, à chacun de se trouver conforté ou pas par Freud, qui dénonçait le prix trop élevé de la réalité
et qui voyait dans la croyance la possibilité de rendre supportable la détresse irréductible de
l’individu [11], ou encore, par cette parole de Jean-Bertrand Pontalis, « Seuls les morts ne croient
pas [12] », rappelant l’inévitable consistance de la croyance intrinsèque au fait même de vivre et
d’exister. Car seuls les morts ne désirent plus.

« Croire et faire croire

Usages politiques de la croyance »

Sous la direction de Anne Muxel

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