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III.

Evaluation des engagements en date d’arrêté

Conformément au §23 de la NC 24, les engagements de financement et de garantie doivent


faire l'objet d'une évaluation périodique, au moins à la clôture de l'exercice, en vue d'estimer
s'il convient de constituer des provisions pour couvrir les éventuels engagements douteux.

3.1 La notion d’engagements douteux

Selon NC24 : un engagement est qualifié de douteux, lorsqu’il existe un risque que la
contrepartie concernée n’honore pas son engagement. Ce risque peut être lié soit à des
difficultés que les contreparties éprouvent, ou qu'il est prévisible qu'elles éprouveront, pour
honorer leurs engagements ou au fait qu'elles contestent le montant de leurs engagements.
Pour l’appréciation de ce risque, plusieurs facteurs peuvent être pris en compte, tels que :
- la conjoncture économique générale et spécifique au secteur d'activité,
- la situation financière du débiteur,
- les retards de paiement des échéances antérieures,
- les garanties reçues et les chances réelles de leur réalisation,
- le risque-pays dans le cas où la contrepartie se situe à l'étranger.

Selon BCT (circulaire n°93-08 du 30/07/1993, article9) : https://docplayer.fr/3867259-


Circulaire-aux-banques-et-etablissement-financier-n-93-08.html

Les créances douteuses sont « les créances de toutes natures, même assorties de garanties,
présentant un risque probable ou certain de non recouvrement total ou partiel, impayées
depuis trois mois ou encore présentant un caractère contentieux (poursuite judiciaire,
liquidation judiciaire, faillite etc...)

Le terme créances regroupe aussi bien le capital (échu et restant dû) que les intérêts (échus ou
courus et non échus).

Les 2 définitions (NC24 et BCT) mettent l’accent sur le risque de non recouvrement.

Les créances impayées représentent en règle générale, les échéances en principal des crédits à
la clientèle demeurées impayées pendant un délai inférieur à 3 mois.

Les créances présentant les caractéristiques de créances douteuses sont extraites des postes
d’origine et inscrites dans la rubrique « créances immobilisées, douteuses ou litigieuses » et
ventilées par classe conformément aux dispositions de la circulaire de la BCT n° 91-24 du 17
Décembre 1991.

3.2 Classification des engagements (circulaire de la BCT n° 91-24 du 17 Décembre 1991)

Les Etablissements de crédit sont tenues de procéder à la classification de tous leurs actifs
quelle qu'en soit la forme, qu'ils figurent au bilan ou en hors bilan et qu'ils soient libellés en
dinars ou en devises. Les actifs détenus directement sur l'Etat ou sur la Banque Centrale de
Tunisie ne font pas l'objet de classification (article 8).

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Pour l'évaluation du risque d'insolvabilité, les Etablissements de crédit doivent distinguer
leurs actifs du bilan et du hors bilan en:
- Actifs "courants",
- Actifs "classés" en fonction du risque de perte et de la probabilité de recouvrement.

5 classes sont alors prévues :


Classe 0 : actifs courants
Classe 1 : Actifs nécessitant un suivi particulier
Classe 2 : Actifs incertains
Classe 3 : Actifs préoccupants
Classe4 : Actifs compromis

Cette classification se fait selon les critères suivants :

Actifs courants Actifs classés


Actifs incertains Actifs Actifs
Actifs nécessitant préoccupants compromis
un suivi
particulier
- Recouvrement intégral - Recouvrement -Réalisation ou - Réalisation ou - Retards de
dans les délais paraît intégral dans les recouvrement intégral recouvrement paiements des
assuré délais encore dans les délais menacé intérêts ou du
-situation financière assuré incertain -pertes principal,
équilibrée (Etats - secteur d'activité -Difficultés éventuelles en supérieurs à
financiers) en difficultés financières vue appelant 360 jours
-Gestion et perspectives - situation nécessitant des une action -Epuisement
d'activité satisfaisantes financière en mesures de vigoureuse de la des procédures
(PV des visites) dégradation redressement part de la de droit
-Concours compatibles -Concours banque pour les tendant à la
avec les besoins incompatibles avec limiter au réalisation des
d’activité et la capacité l’activité principale minimum actifs.
réelle de remboursement. - Indisponibilité de -caractéristiques
l’information de la classe 2
Critères
nécessaire pour la avec plus de
mise à jour de gravité
l’évaluation de la
situation financière
-Problèmes de
gestion ou de litiges
entre associés
- Difficultés d'ordre
technique, de
commercialisation ou
d'approvisionnement
- Détérioration du
cash flow

Age d’impayés Pas d’impayés ≤90j 90j<impayés≤180j 180j<impayés≤ >360j


360j
classe C0 C1 C2 C3 C4

Taux de 0% 0% 20% 50% 100%


provision

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3.3 Evaluation des provisions sur engagements douteux

1/ Provisions selon l’ancienneté des impayés

• Règles générales

Pour estimer les provisions sur les engagements douteux, il doit être tenu compte :
- de tous les risques prévisibles,
- des pertes éventuelles et des dépréciations qui ont pris naissance au cours de l'exercice
ou au cours d'exercices antérieurs,
- des événements survenus après la clôture de l'exercice

Seuls les actifs de la classe 2, 3 et 4 sont considérés comme présentant un caractère douteux et
nécessitant la constitution de provisions. Ces provisions doivent être affectées spécifiquement
à tout actif classé égal ou supérieur à 50 mille dinars.
Les banques doivent constituer des provisions au moins égales à (article 10):
- 20% pour les actifs de la classe 2
- 50% pour les actifs de la classe 3
- 100% pour les actifs de la classe 4

Ces taux doivent être appliqués au risque net de chaque actif déterminé comme suit :

Risque net = Engagement – Garanties déductibles – Agios réservés

Engagement : selon le § 27 de la NC 24, les provisions doivent être appliquées sur la valeur
totale des engagements douteux, qu'ils soient échus ou non encore échus, ainsi que sur les
revenus constatés en résultat au cours d'exercices antérieurs.

NB : Lorsque le client dispose de plusieurs types de crédits dont l’un d’entre eux fait l’objet
d’impayés, c’est tout l’engagement du client qui doit être provisionné (principe de contagion).

Engagement = Engagements HB + Engagements bilan (Principal + intérêts) –


Encaissements post clôture

Garanties déductibles : les garanties admises en déduction par la BCT sont les
suivantes :
- Les garanties reçues de l'Etat, des organismes d'assurances et des Etablissements de
crédit ainsi que des garanties sous forme de dépôts ou d'actifs financiers susceptibles
d'être liquidés sans que leur valeur soit affectée.
- Les biens meubles et immeubles donnés en garantie par les emprunteurs dans le cas où
l’Etablissement de crédit dispose d'une hypothèque dûment enregistrée et des
évaluations indépendantes et fréquentes de ces garanties sont disponibles. En outre, la
possibilité d'une liquidation rapide sur le marché au prix d'évaluation doit être assurée.

Agios réservés : ce sont les intérêts impayés sur les créances classées et non comptabilisés en
résultat.

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Provision à constituer = Risque net * Taux de provision

Lorsque l'incapacité d'une contrepartie d'honorer ses engagements a été établie ou est quasi
certaine, ou qu'il est certain ou quasi certain que l'issue d'un engagement faisant l'objet d'un
litige aboutira au non recouvrement des créances contestées ou à l'impossibilité d'exercer les
recours contestés, les créances correspondantes peuvent être annulées et le montant non
provisionné passé en perte.

• Règles spécifiques aux arrangements, rééchelonnement et consolidation


La restructuration d’un crédit constitue un acte de réaménagement des modalités de
remboursement de crédits déjà consentis. Elle se traduit soit par un rééchelonnement, soit par
une consolidation.
Avec le rééchelonnement, la banque procède à une prorogation du terme d’exigibilité de la
créance antérieure. Par la consolidation, la banque accorde un prêt au client lui permettant le
paiement d’un crédit antérieur. Dans un crédit de consolidation, les créances impayées
d’intérêts générés par le crédit initial se trouvent être fusionnées avec celles relatives au
principal de ce crédit pour former le nouveau principal.
La restructuration, la consolidation ou le rééchelonnement d'un ou de plusieurs crédits,
n'implique pas en soit que les contreparties ont honoré leurs engagements et que les risques y
attachés ont disparu ou ont été diminués. C’est pour cette raison que l’article 12 de la
circulaire de la BCT n° 91-24 prévoit le maintien de la classe établie par référence à
l’antériorité des impayés du crédit initial déterminée avant rééchelonnement ou consolidation.
Il ajoute qu’en cas de nouveaux incidents de paiement, les impayés doivent être totalement
provisionnés et si le cumul des impayés en principal atteint 25% du total de la créance, celle-
ci doit être inscrite à la classe 4.

2/ Provisions additionnelles

Les banques doivent constituer des provisions additionnelles sur les actifs ayant une
ancienneté dans la classe 4 supérieure ou égale à 3 ans pour la couverture du risque net et ce,
conformément aux quotités minimales suivantes :

Supérieure ou égale à
Ancienneté de l’actif De 3 à 5 ans De 6 à 7 ans
8 ans
Taux provision
40% 70% 100%
additionnelle

L’ancienneté dans la classe 4 est déterminée comme suit :

A= N–M+1

A : ancienneté dans la classe 4

N : année d’arrêté des comptes

M : année de la dernière migration vers la classe 4

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Le risque net (base de calcul de la provision) est déterminé comme suit :

Risque net

Valeur de l’actif

Agios réservés

Garanties déductibles

Provisions constituées en vertu de l’art 10 de la circulaire n°91-24

Application

La société « LBM » a contracté en 2006 un crédit à long terme d’investissement auprès de sa


banque « B » pour la construction de son usine. En 2008, elle a connu des difficultés
financières et n’a pas honoré ses engagements envers la banque depuis janvier 2008.
Au 31/12/2012, la société « LBM » s’est adressée à la banque pour la consolidation de ses
dettes qui se présentent comme suit :

Montant
Principal non échu 540 000
Principal impayé 220 000
Intérêts échus 100 000
Intérêts courus et non échus 16 000

La banque a accepté la restructuration de ses engagements sur une période de 5 ans payables
annuellement au taux de 10%. La première échéance étant le 31/12/2013.
TAF :

1- Déterminer le montant des provisions et des agios réservés nécessaires au 31/12/2012


et au 31/12/2013 dans les cas suivants :
- la banque ne dispose d’aucune garantie
- la banque dispose d’une garantie de l’Etat à hauteur de 200 000 DT.
- la banque dispose des garanties suivantes :
• garantie de l’Etat pour 200 000 DT
• garantie hypothécaire sur un terrain pour un montant de 1000 000 DT, évalué par un
expert à 500 000 DT.

2- Passer, au journal de la banque, toutes les écritures nécessaires.

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