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UNIVERSITE DE YAOUNDE II

INSTITUT DES RELATIONS INTERNATIONALES DU


CAMEROUN

PARCOURS : MASTER I BANQUE – MONNAIE – FINANCE INTERNATIONALES


ANNEE ACADEMIQUE 2021-2022

UNITE D’ENSEIGNEMENT : INGENIERIE BANCAIRE

COURS : ANALYSE ET EVALUATION FINANCIERE

SUPPORT DE COURS

Enseignant : M. MIKAA Barthélemy, Expert Financier Agréé COBAC


mikaabarth@yahoo.fr
699 99 21 58 / 670 32 36 95

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CHAPITRE 4 : LA MESURE ET LE CONTRÔLE DES RISQUES GÉNÉRÉS PAR
L’ACTIVITÉ

L’analyse de l’activité d’un établissement de crédit permet de le situer dans


l’environnement économique général et d’avoir une première approche des risques
auxquels il s’expose. Elle n’est toutefois qu’un préalable puisque l’objectif de
l’analyste est d’apprécier les risques encourus par un établissement, afin, soit de les
contrôler, soit de les mesurer. Les risques auxquels sont susceptibles d’être exposés
les établissements de crédit sont de diverses natures.

Le premier d’entre eux est le risque d’insolvabilité de la banque elle-même,


qui n’est le plus souvent que la concrétisation d’autres risques. Vient ensuite le
risque de contrepartie ou de signature, c’est-à-dire, le risque d’insolvabilité des
débiteurs, puis le risque d’illiquidité, les risques de marché et les risques
opérationnels.

Les établissements de crédit n’encourent pas forcément simultanément


l’ensemble de ces risques.

Par ailleurs, les établissements de crédit sont assujettis à une règlementation


spécifique mise en place par le Comité de la règlementation bancaire et financière.

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I- PRINCIPES GÉNÉRAUX POUR L’APPRÉCIATION DE L’ÉTAT DE
SANTÉ D’UNE BANQUE
Cette appréciation repose sur 3 notions théoriques simples qui méritent d’être
rappelées.

A- LA SOLVABILITE
BILAN BILAN
Actif Passif Actif Passif
Excédent Dettes
Excédent d’actifs
passif envers les
Actifs tiers
réalisables et Actifs
Dettes envers les
disponibles réalisables et
tiers
disponibles

SOLVABILITÉ INSOLVABILITÉ

B- LA LIQUIDITE
BILAN BILAN

Actif Passif Actif Passif


Insuffisance de
liquidités
Exigibilités Exigibilités
Liquidités
immédiates immédiates
Liquidités

LIQUIDITE PARFAITE CRISE POTENTIELLE DE


LIQUIDITE
C- LA RENTABILITE

COMPTE DE RESULTAT COMPTE DE RESULTAT

Débit Crédit Débit Crédit


Charges des ressources
Frais de fonctionnement Produits des Produits
Dotations diverses emplois Charges
Bénéfice Pertes

RENTABILITE NON RENTABILITE

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II- LE RISQUE D’INSOLVABILITÉ

A - LE RISQUE D’INSOLVABILITÉ DE LA BANQUE

C’est le risque le plus important des risques encourus par les établissements
de crédit puisqu’il met en péril son existence même. Sanction ultime d’une mauvaise
gestion, son facteur déclenchant peut être lié à des causes diverses (insolvabilité des
débiteurs, concrétisation du risque d’illiquidité, de marché…).

L’analyse de ce risque est donc à la fois essentielle et particulièrement délicate


à effectuer.

Deux règlementations principales concourent à la couverture de ce risque :


l’exigence d’un capital minimum et surtout le ratio de solvabilité.

1- Le capital minimum

Il s’agit aujourd’hui principalement d’un ‘’ticket d’entrée’’ dans la profession.

2- Les ratios de solvabilité

Ils reposent sur le principe selon lequel l’indicateur de la solidité d’une banque
est le montant de ses fonds propres rapportés aux risques auxquels elle est exposée.
L’analyse de la qualité d’une contrepartie bancaire doit par conséquent porter la plus
grande attention aux ressources propres de la banque et sa capacité à les mobiliser.

Jusqu’à récente date, deux approches de la solvabilité étaient communément


utilisées :
- Le taux de capitalisation qui rapporte le niveau des fonds propres au total du
Bilan ;
- Le ratio de couverture des risques.

Les classements élaborés par les publications spécialisées ne sont plus fondées
sur la taille du bilan, mais sur le niveau de fonds propres et du ratio de solvabilité.
De même, les agences de notation utilisent ce ratio comme critère discriminant de
leur appréciation. Initialement, ce ratio couvrait uniquement les risques de signature.

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Des travaux récents au niveau international permettent de compléter ce ratio par la
prise en compte des risques de marché (risque de change, de taux et de position).

3- Étude de la structure financière

La structure financière d’une banque est équilibrée lorsque les ressources


stables excèdent l’ensemble des actifs immobiliers. Cette analyse de l’équilibre de la
solvabilité de la structure financière est une règle de bonne gestion qui n’est toutefois
pas imposée par la règlementation.

B - LE RISQUE D’INSOLVABILITÉ DES DÉBITEURS OU RISQUE DE


SIGNATURE
L’appréciation de la qualité des emprunteurs est l’une des principales
responsabilités du banquier, car le risque de crédit constitue le risque fondamental de
toute activité bancaire. Aussi, convient-il que l’analyste financier réalise un examen
attentif de la qualité des débiteurs de l’établissement considéré.
En outre, des normes règlementaires de division des risques doivent être
respectées.

1- Les éléments de protection à l’égard du risque de signature

Certaines formes de crédit apparaissent moins risquées que d’autres. Le risque


de crédit (ou de signature) peut être mitigé en faisant une bonne analyse de la nature
du crédit, de sa durée et des garanties qui l’encadrent.
2- Examen de la qualité des débiteurs

L’analyste financier externe doit considérer quelques éléments simples relatifs


aux créances douteuses des établissements examinés.

3- Les règles de division des risques

Il est de bonne gestion de diviser ses risques afin d’éviter de ne pas être trop
engagé sur un même débiteur.

Par ailleurs, la réglementation bancaire impose une limite des engagements au


même bénéficiaire calculés en fonction du montant des Fonds propres de
l’établissement

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III- LES RISQUES DE TRANSFORMATION ET D’ILLIQUIDITE

Ces deux risques (illiquidité et transformation) ne sont en réalité que deux formes
différentes d’un même risque, lequel résulte de la fonction d’intermédiation du
banquier, puisqu’il est la conséquence de l’affectation des ressources d’une certaine
durée à des emplois d’une durée différente.

Ce risque est difficile à mesurer, il est difficile d’y remédier lorsqu’il se manifeste.

A- LA LIQUIDITE

Elle peut se définir comme l’aptitude d’un établissement à faire face à ses exigibilités
immédiates avec ses liquidités disponibles.

B- LA TRANSFORMATION

Il s’agit d’une des activités classiques du métier de banquier qui consiste à affecter
des ressources d’une durée courte à des emplois d’une durée longue

La transformation opérée par un établissement de crédit dans son activité


d’intermédiation est un élément constituant de sa position de taux d’intérêt global.

Le risque de taux d’intérêt, qui mesure le risque de perte d’un établissement à la suite
de variation de taux d’intérêts recouvre en réalité deux risques différents :

- Le risque de revenu

Il se manifeste lorsqu’il existe un décalage entre les conditions de taux des actifs et les
conditions de taux des passifs.

- Le risque de placement

Il résulte de la baisse de valeur d’une créance ou d’une obligation en cas de hausse de


taux.

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IV- LES RISQUES DE PRIX

A- LE RISQUE DE TAUX D’INTERET

Le risque de taux, appelé aussi "risque de taux d'intérêt", d'un actif financier (respectivement
passif financier) est la variation du prix ou de la valorisation de cet actif (respectivement
passif) résultant d'une variation des taux d'intérêt.

Une banque dont les prêts à long terme à taux fixe sont financés en partie par des ressources à
court terme (ou des ressources à taux variable) risque de voir le taux de ses ressources
atteindre ou dépasser le taux de ses prêts en cas de hausse des taux du marché monétaire.

B- LE RISQUE DE POSITION SUR ACTIONS

Le risque de position est inhérent à la détention d'une position longue ou courte sur une ligne
d'action. Ainsi il peut être défini comme la position de la banque ou établissement financier
sur titre de propriété c'est-à-dire la somme de toutes les positions longues et de toutes les
positions courtes. Plus précisément, il s'agit de risque d'une variation du prix de l'instrument
concerné sous l'influence de facteurs liés à son émetteur

Une position est la manifestation d'un investissement sur les marchés, ou exposition, détenue
par un trader. Il s'agit d'un terme financier pour désigner un ordre actuellement susceptible de
générer des gains ou pertes (position ouverte) ou qui a été clôturé (position fermée). Les gains
et les pertes sont réalisés à la clôture d’une position.

C- LE RISQUE DE CHANGE

Le risque de change est le risque de perte économique encouru par une entité en cas de
variation des cours de change des devises. Il traduit le fait qu'une baisse des cours de change
puisse entraîner une perte de valeur d'avoirs libellés en devises. Au sein d'une banque, le
risque de change peut être constaté sur le trading book ou sur le banking book

Le risque de change pouvant émaner du banking book concerne :

 La transformation de devises dans le cadre de l'activité commerciale qui correspond à une


ventilation par devises différentes entre les ressources et les emplois de la clientèle
commerciale.
 Les opérations de change effectuées pour le compte de la clientèle.
 Le risque de change provenant des participations dans des filiales ayant une devise
fonctionnelle différente de celle de la maison mère.

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V- LES RISQUES OPERATIONNELS

Le comité de Bâle définit le risque opérationnel comme le "risque de pertes provenant de


processus internes inadéquats ou défaillants, de personnes et systèmes ou d'événements
externes".

Il s’agit de risques qui accompagnent toute activité bancaire. Leur appréhension dépasse le
cadre de l’analyse financière classique, parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans les données
comptables ou financières. Mais, leur examen est pourtant indispensable pour porter un
jugement d’ensemble sur une institution bancaire.

A- LES RISQUES ADMINISTRATIFS

Les risques administratifs sont tout particulièrement développés en ce qui concerne


les opérations de marché. Du fait de la complexité et de l’effet de levier desdites
opérations, certaines salles de marché des institutions bancaires se transforment
souvent en départements à part, avec leurs règles propres de fonctionnement, de
rémunération, de vocabulaire, voire de répartition de pouvoirs …, créant parfois
même un problème d’insertion au sein de la banque. Il est donc à craindre, un
déplacement du pouvoir des organes d’administration aux organes de gestion,
néfaste à la fois à l’efficacité de l’organisation et à la responsabilisation des
dirigeants.

Il donc primordial de mettre en place un dispositif de contrôle interne efficace et de


la maîtrise des départements concernés par les organes traditionnels
d’administration (fixation des limites internes au plus haut niveau de responsabilité,
suivi régulier du Conseil d’Administration …) et de direction. De même, le contrôle
des opérateurs doit être correctement assuré par un back-office et un contrôle de
premier niveau compétents et indépendants.

B- LE RISQUE INFORMATIQUE

Les systèmes d’information présentent pour les établissements de crédit une


importance stratégique : à ce titre, une architecture informatique inadaptée, ou une
sécurité informatique insuffisante constituent des facteurs de risques non
négligeables.

D’une part, les investissements informatiques des banques représentent des budgets
très importants, et l’efficacité et la fiabilité des systèmes interne de mesure et de
contrôle des risques sont en partie conditionnés par la qualité et l’adaptation des
systèmes informatiques. Aussi, les choix informatiques effectués ont-ils un double

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impact sur la productivité et la rentabilité des établissements et sur leur maîtrise des
risques.

D’une autre part, l’informatique peut, en cas de défaillance et quels qu’en soient les
causes, pannes, accidents, erreurs ou malveillance, occasionner des pertes
importantes. Parmi les principaux risques encourus en la matière, on peut distinguer
principalement :

- Le risque de non-transfert, susceptible de déclencher des tensions de liquidité,


dans le cas où la banque, pour des raisons diverses liées à son informatique,
n’est plus capable de remplir à tout moment ses obligations vis-à-vis de ses
clients ou de ses confrères ;
- Le risque de perte d’informations, dû à la destruction totale ou partielle de ses
fichiers stratégiques ou de sa ‘’mémoire’’ ;
- Le risque juridique, dans le cas de divulgation d’informations confidentielles
(fichier clients …) ;
- Le risque de fraudes, conduisant à des pertes de valeurs (coût économique des
détournements) …

C- LES RISQUES JURIDIQUES

L’activité des établissements de crédit entraîne un risque juridique particulier, par


nature difficile à quantifier, mais qui dans certaines circonstances, peut avoir un
impact considérables sur la situation financière des établissements.

Certes, si l’on définit de façon large le risque juridique comme celui qui découle de
l’incertitude du cadre juridique applicable aux opérations réalisées, toute activité
professionnelle supporte peu ou prou un tel risque, puisque, quel que soit le
domaine d’activité, il y aura toujours des marges d’incertitudes sur l’application des
règles juridiques aux formes concrètes des opérations effectuées.

L’activité bancaire y est toutefois particulièrement exposée, du fait de deux de ses


caractéristiques fondamentales. D’une part, dans ses aspects plus traditionnels,
comme la réception de fonds du public, la gestion des moyens de paiements ou
l’octroi des crédits, le nombre d’opérations conclues est telle que la mise en cause de
la responsabilité d’un établissement de crédit sur une opération particulière induit
un risque de généralisation du contentieux, susceptible de mettre en jeu rapidement
des montants très élevés.

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D- LES RISQUES HUMAINS

Le développement de nouveaux marchés attire beaucoup d’opérateurs.


Les accidents récents enregistrés dans les marchés financiers par certains
établissements en raison de leur position de marché (dont, la crise des subprimes, le cas
Jérôme Kerviel…) rappellent l’importance du facteur humain.

L’exigence d’expertise et d’expérience se pose à tous les niveaux dans les banques et
la ‘’culture de marché’’ a pu, dans certains cas, être longue à se diffuser, des front
office vers les back-office, les unités de contrôle interne et les organes de direction et
d’administration. C’est également l’un des domaines où le non-respect des règles
déontologiques, notamment en ce qui concerne la gestion respective des opérations
de la clientèle, de celles de la banque et de celles éventuelles de opérateurs génère les
risques juridiques et financiers les plus lourds.

Il est donc important d’attacher un soin extrême au mode de recrutement et de


rémunération des opérateurs de marché ainsi qu’aux règles internes édictées pour
encadrer leurs interventions.

E- LES RISQUES FINANCIERS ET COMPTABLES

Les risques financiers sont liés à l’existence d’un effet de levier très important sur
certaines opérations (les opérations à terme et les opérations optionnelles). Cet effet
de levier permet aux banques de prendre des positions significatives en immobilisant
relativement peu de fonds. Les positions ainsi prises peuvent porter sur des
montants très significatifs, ce qui peut rendre extrêmement rapide la concrétisation
des risques financiers sur ces opérations.

Ce problème soulève également celui de la comptabilisation de ses transactions et de


la lisibilité des comptes de résultat. En effet, le recours à différents modes de
comptabilisation en fonction de la nature des opérations et de la stratégie poursuivie,
requiert qu’une grande attention soit prêtée à l’interprétation des résultats sur ces
opérations, avec une mention particulière pour les positions optionnelles.

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