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Ce type d'analyse statique a été longtemps la seule approche du risque pratiquée par les analystes financiers et les ban-
quiers. Elle est fondée sur l'utilisation des ratios de structure.
Aujourd'hui, fortement critiquée par les adeptes de l'analyse fonctionnelle qui privilégient une approche dynamique du
risque, elle reste néanmoins plus simple, et complémentaire de cette seconde approche.
L'analyse patrimoniale repose sur les notions de solvabilité et d'exigibilité chères au plan comptable 1957. Il s'agit d'une
approche en situation de crise basée sur l'arrêt volontaire d'activité de l'entreprise à très court ou à court terme contraire-
ment à l'analyse fonctionnelle basée sur l'hypothèse de continuité de l'exploitation.
ACTIF FICTIF
CAPITAUX PROPRES
ACTIF NET :
mesure de la solvabilité
de l'entreprise
Christian ZAMBOTTO
ACTIF REEL
DETTES
22- L’entreprise peut-elle faire face à ses échéances ? – Notion de fonds de roulement patrimonial ou
liquidité
Le fonds de roulement patrimonial se définit conceptuellement « par le bas » du bilan. L'entreprise cherche à se prémunir
contre le risque d'illiquidité à court terme par un matelas de sécurité, c'est-à-dire une différence positive entre l'actif
circulant dont la liquidité est aléatoire (surtout pour les valeurs d'exploitation) et les dettes à court terme dont
l'exigibilité est certaine.
Cette sécurité est d'autant plus nécessaire que les échéances au niveau des valeurs réalisables et des dettes à moins d'un
an ne sont appréciées par cette présentation que grossièrement: moins d'un an.
La pratique bancaire a bien souvent calculé le fonds de roulement « par le haut » du bilan :
Actif net
Actifs immobilisés ou
Capitaux permanents
Capitaux
ou propres
-
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Exigibilité croissante
de liquidité
Liquidité croissante
Dettes à plus
Fonds de d'un an
Actifs à moins d'un an de
d'exploitation patrimonial
liquidité
l'état des échéances des créances et des dettes, ainsi que du pied de bilan.
Dans une évaluation réalisée pour transmettre l'entreprise, ces postes ne sont pas repris pour une valeur nulle mais pour
les économies d'impôts sur les bénéfices qu'ils vont générer. Cela sous-entend que l'hypothèse de continuité de l'exploita-
tion est retenue.
Dans une approche par les risques, telle que celle que nous menons, c'est l'hypothèse d'arrêt d'activité qui est retenue.
Les postes précédents ont bien dans ce cas une valeur nulle.
Les frais de recherche et de développement sont de véritables investissements: projets individualisés, ayant de sérieuses
chances de rentabilité commerciale. Il convient de s'interroger sur leur valeur vénale avant de les classer arbitrairement en
actifs immobilisés ou en actifs fictifs.
Valeurs d'exploitation
Certains analystes assimilaient à une immobilisation le stock indispensable à l'entreprise (stock outil). Ils retiennent alors
l'hypothèse de continuité de l'exploitation que nous n'avons pas envisagé précédemment pour les autres actifs.
• les effets escomptés non échus et les créances cédées sont retraitées dans les valeurs réalisables et les dettes à
court terme, l'entreprise étant toujours responsable de l'éventuelle défaillance du débiteur,
• les VMP sont assimilées à des valeurs disponibles si leur liquidité est immédiate.
Les charges constatées d'avance sont des créances en nature. Par prudence certains analystes les éliminent.
Les subventions d'investissement, les provisions réglementées (dont les amortissements dérogatoires) sont assimilées à
des capitaux propres pour la partie nette d'impôts différés.
EXEMPLE : une entreprise s’est vue octroyer une subvention d’investissement pour 100 000 €. Cette subvention est re-
prise linéairement sur 10 ans.
Au 31/12/N, cette subvention apparaît pour un montant net de 60 000 €.
Le taux d’imposition différé est de 33 1/3%.
Procéder au retraitement de ce poste.
Subvention
d'investis- Réserves 60 000 x 2/3 = 40 000 €
sement
Les provisions pour risques et charges correspondent à des dettes probables. Il convient de s'interroger sur leur date de
réalisation pour les reclasser en fonction de leur exigibilité.
Dans le cas où une provision pour risques et charges serait sans objet réel, l'entreprise n'ayant pas déduit cette provision
du résultat fiscal (sauf fraude), il convient de l'analyser comme une réserve déguisée.
Bien que correspondant à des dettes de l'entreprise, les comptes courants d'associés sont souvent inclus dans les capi-
taux propres sauf si leur exigibilité est à moins d'un an.
Les produits constatés d'avance correspondant à des dettes en nature doivent également être ventilés à plus ou moins
d'un an.
Cas 1 : à l’inventaire, le cours de change est de 1 EUR = 1,10 USD. L’entreprise n’a pas pris de couverture de change. La
valeur de la créance à l’inventaire est de 100 000 / 1,1 = 90 909 €
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L’écriture est :
Cette créance figure dans les comptes sociaux pour 111 111 €.
Pour quel montant doit-t-elle figurer dans l’actif net ? 111 111 €
L’écart de conversion passif est-il exigible (dette) ? Non
Conséquence : Non dette (+ CP)
Si le concept de fonds de roulement patrimonial est pertinent pour mesurer le risque d'insolvabilité de l'entreprise (un fonds
de roulement négatif est généralement prédictif de difficultés de paiement à courte échéance), cette approche souffre de
graves insuffisances :
• on finance le bilan plutôt que le projet d'investissement : l'étude des deux ou trois bilans passés sert de support à
la décision de financement d'un investissement nouveau. N'est-il pas plus judicieux d'asseoir une telle décision
sur les flux de liquidités générés par le projet d'investissement ?
• l'approche comptable de la valeur du patrimoine est très grossière : certains actifs sont généralement sous-
évalués (terrains, immobilisations banalisées facilement cessibles), à l'inverse, d'autres actifs risquent d'être sur-
évalués en cas de liquidation (matériel et outillage spécialisé ou mal entretenu, stocks de matières, produits et
marchandises) ;
• la séparation des actifs et passifs selon le critère plus ou moins d'un an est trop imprécise pour juger des diffi-
cultés de trésorerie à court terme. Cette approche ne peut subir la comparaison avec une analyse fine des
échéances telle qu'elle résulte d'un budget de trésorerie.
7- Applications
71- Cas CRISTALLINES
Réaliser le bilan patrimonial en faisant les hypothèses jugées utiles.
A l'aide de quelques ratios complémentaires, réaliser un diagnostic du risque d'illiquidité.
La société anonyme Uniprix, importante affaire de distribution à vocation régionale dans le Nord de la France, exploite
plusieurs supérettes de 150 à 600 m2,
A partir des seuls ratios ci-dessous, faire une ébauche de diagnostic à la fin de l'exercice N de cette société.
1- Principaux ratios
(N-1) (N)
Numérateur Dénominateur
% %
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1- STRUCTURE FINANCIÈRE
Autonomie financière Capitaux propres (*) Passif total 27,44 24,47
Permanence du financement Capitaux permanents (*) Passif total 36,84 34,86
Capacité d'emprunt à long terme Dettes à plus d'un an Capitaux propres (*) 34,24 42,45
Financement de l'actif immobilisé Capitaux permanents (*) Immobilisations nettes 85,26 83,35
Capacité de remboursement Dettes à plus d'un an CAF 100,00 108,00
2- GESTION
Contribution du facteur travail Frais de personnel Valeur ajoutée 41,98 44,69
Contribution du facteur capital Dotations aux amortissements Valeur ajoutée 5,32 5,33
Renouvellement des immobilisations Dotations aux amortissements Immobilisations brutes 7,86 7,96
Évolution des frais financiers Frais financiers Chiffre d'affaires 0,23 0,27
Productivité Valeur ajoutée Chiffre d'affaires 24,92 24,79
3- RENTABILITÉ
CAF CAF Chiffre d'affaires 2,90 3,26
Autofinancement Autofinancement Chiffre d'affaires 2,26 2,35
Rentabilité financière Bénéfice net Capitaux propres (*) 14,83 17,20
(*) dont résultat de l'exercice
Rentabilité Vitesse de
= Marge x x Levier
Christian ZAMBOTTO
financière rotation