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CHAPITRE 3 :
L’ANALYSE DU PROCESSUS DE RÉPONSE DU CLIENT
L’objectif de ce chapitre est d’examiner la manière dont les clients potentiels réagissent aux stimuli
marketing.
1. Le modèle hiérarchique de réponse
Les différents niveaux de réponse du client peuvent être regroupés en trois catégories :
La réponse cognitive : prise de conscience de l’existence d’un produit ou d’une marque. Les
informations détenues par un individu. Ces informations sont stockées dans la mémoire et
influencent l’interprétation des stimuli. La quantité et la nature de l’information détenue varient
selon les styles cognitifs (traitement analytique/rationnel ou affectif/global) et les capacités
perceptuelles.
La réponse affective qui concerne l’attitude, le système d’évaluation (favorables ou défavorables),
les sentiments, les préférences vis-à-vis d’une marque.
La réponse comportementale qui décrit l’action, c’est-à-dire non seulement l’acte d’achat, mais
également le comportement après achat.
La notoriété est :
« La capacité d’un client potentiel d’identifier une marque d’une manière suffisamment détaillée
pour la proposer, la choisir ou l’utiliser. »
Il existe plusieurs mesures opérationnelles de la réponse affective couramment utilisées par l’analyste
de marché.
L’ensemble disponible et l’ensemble évoqué
L’ensemble disponible est l’ensemble de marques connues et inconnues qui existent dans la catégorie
de produits. L’ensemble évoqué est le sous-ensemble de marques qui ont une probabilité non nulle
d’être sélectionnées par l’acheteur potentiel. Cet ensemble varie dans le temps et en fonction de la
situation de consommation.
Pour connaître l’ensemble évoqué, il faut donc identifier les marques qu’il serait prêt à envisager
d’acquérir lors d’un prochain achat.
Le modèle d’attitude le plus utilisé est le modèle développé par Fishbein (1967) où les notes faibles sur
un attribut sont compensées par les notes élevées sur d’autres attributs. Algébriquement, le modèle
étendu de Fishbein peut s’écrire comme suit :
I
Fjk = wij xijk
i=1
Fjk = attitude de l’individu j envers la marque k,
wij = importance relative de l’attribut i pour l’individu j (pondération).
xijk = degré de présence perçu de l’attribut i aux yeux de l’individu j dans la marque k (score).
I = nombre d’attributs déterminants (i = 1 à I).
Modèle Le client potentiel décide de ne considérer que les marques les meilleures sur
disjonctif
certains attributs dominants, quelle que soit la performance des autres attributs.
Modèle Le client potentiel établit un minimum acceptable pour chaque attribut. Une
conjonctif
marque ne sera retenue que si elle dépasse le niveau minimum spécifié ; dans le
cas contraire, elle sera rejetée.
Modèle L’individu opère de manière séquentielle. Il ordonne les attributs du produit du
lexicographique
plus important au moins important. Il compare d’abord les marques sur le
premier attribut et retient celle qui a l’évaluation la plus élevée. S’il y a égalité,
il passe au deuxième attribut et ainsi de suite.
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c. La matrice « importance/performance »
Un attribut peut être ressenti comme très important par un client mais aussi ne pas être perçu comme
très performant dans une marque. Le problème est alors, soit de :
Renforcer la performance de l’attribut,
Recourir à la communication pour faire valoir l’attribut présent.
En confrontant l’importance des critères de choix et le niveau de performance perçu, on peut construire
une matrice importance/ performance (voir figure).
Fausses Image
forces forte
Importance de l’attribut
(Poids)
Faux Faiblesses
problèmes
Source : Martilla et James, 1977. (in J-J Lambin et C. de Moerloose, Marketing stratégique et opérationnel : Du
marketing à l’orientation-marché, 7e édition, Dunod. 2008. p.117)
Zone 1 : l’image forte Zone 2 : les faiblesses Zone 3 : Les fausses Zone 4 : Les faux
de la marque de la marque forces problèmes
On trouvera les On trouvera les On trouvera les On trouvera les faux
attributs importants et attributs importants attributs performants, problèmes, les critères
perçus comme bien mais qui sont perçus mais qui sont peu mal représentés, mais
représentés dans la comme peu ou pas importants pour le qui sont peu importants
marque étudiée. présents dans la client. pour le client.
marque.
La connaissance de la manière dont les clients perçoivent les produits concurrents dans un segment est
capitale si l’on veut déterminer le type de stratégie à adopter pour modifier un positionnement
défavorable.
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La mesure la plus directe et la plus simple de la réponse comportementale est donnée par les statistiques
de vente du produit ou de la marque, complétées par une analyse de la part de marché à l’intérieur de
chaque segment couvert. D’autres types d’information peuvent être utilisées comme :
L’analyse des habitudes d’achat :
Les informations recherchées portent sur trois types de comportement : les comportements
d’acquisition, d’utilisation et de possession.
Une simple analyse de l’évolution des ventes est insuffisante pour apprécier la performance réelle d’une
marque ou d’une entreprise, car elle ne fait pas référence à la concurrence.
L’analyse des ventes doit donc se compléter d’une analyse de la part de marché, calculée idéalement en
volume à l’intérieur de chaque segment couvert.
Dans le secteur des biens de consommation, les panels de consommateurs et de détaillants donnent avec
beaucoup de détails l’évolution des parts de marché par région, par segment et par réseau de distribution.
Ces données permettent de réaliser des analyses très fines portant notamment sur les déplacements de
parts de marché.
Les informations fournies par un panel de consommateurs aident à décomposer la part de marché comme
suit :
Taux % clients de la marque m Taux d’occupation du La part de marché détenue
d’occupation par rapport au nombre marché = par une marque peut alors se
du marché (ou total de clients de la calculer comme le produit
Nm
pénétration catégorie de produits de Np de ces trois composantes.
horizontale) référence p. Ce qui donne :
La part des achats dans la Taux d’exclusivité = Part de marché = taux
Taux catégorie de produits (Qmm/Nm) d’occupation × taux
(Qpm/Nm) d’exclusivité × taux
d’exclusivité réservée à la marque m.
Compare les quantités d’intensité
Taux moyennes achetées par Taux d’intensité=
d’intensité (ou client de la marque m
(Qpm/Nm)
pénétration aux quantités moyennes (Qpp/Np)
verticale) achetées par client de la
catégorie de produit p
Légende : m la marque
p la catégorie de produits de référence à laquelle appartient m
Nm = nombre de clients de m ;
Np = nombre de clients de p ;
Qmm = quantité de m achetée par les clients de m ;
Qpm = quantité de p achetée par les clients de m ;
Qpp = quantité de p achetée par les clients de p.
On établit que :
Part de marché = Qmm = Nm × Qmm /Nm × Qpm / Nm
Qpp Np Qpm / Nm Qpp / Np
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Cette définition de la part de marché a le mérite de permettre d’identifier les causes possibles
d’une faiblesse – ou d’une baisse de la part de marché par exemple :
La marque a trop peu de clients (faible taux d’occupation) ;
Les clients consacrent une part faible de leurs achats du produit à la marque étudiée
(faible taux d’exclusivité) ;
Les clients de la marque achètent des petites quantités par rapport à celles qu’achètent,
en moyenne, les clients de la catégorie de produit (faible taux d’intensité).
Exemple d’analyse des parts de marché de la bière
Imaginons que l’on dispose des données suivantes (l’exemple est fictif) :
– Parmi les 5 millions de buveurs de bière d’un pays, 2,5 millions consomment de la Jupiler et 1 million
de la Stella. Certains buveurs panachent sur plusieurs marques et consomment, bien sûr, encore d’autres
marques.
– Les clients de Jupiler ont bu 5,5 millions hl de bière cette année dont 3 millions hl de marque Jupiler
et ceux de Stella 3,8 millions hl de bière dont 0,9 million hl de leur marque.
– Le marché total de la bière représente 10 millions hl dans ce pays.
– Les parts de marché de Jupiler et Stella sont donc respectivement de 30 % et 9 %.
On peut alors décomposer les parts de marché des deux marques en leurs taux respectifs :
– Le taux d’occupation de Jupiler 50 % est de et celui de Stella de 20 % (Soit 2,5/5 et 1/5)
– Le taux d’exclusivité de Jupiler est de 54,54 % et celui de Stella de 23,68 %
– (Respectivement [(3/2,5) /(5,5/2,5)] et [(0,9/1,0)/(3,8/1,0)]
– Le taux d’intensité de Jupiler est de 110 % et celui de Stella 190 %
C’est-à-dire (5,5/2,5)/(10/5)] et [(3,8/1)/(10/5)]
Et l’on vérifie correctement que la part de marché de :
– Jupiler est bien de 50 % × 54,54 % × 110 % = 30% = 3 millions hl/10 millions hl
– Stella est de 20 % × 23,68 % × 190 % = 9% = 0,9 million hl/10 millions hl
L’interprétation de ces chiffres devient éclairante :
si Stella a une faible part de marché, ce n’est pas que ses adeptes soient de petits buveurs, bien au
contraire, ils boivent près du double (190 %) d’un buveur moyen dans ce pays ! Mais la marque attire
une faible part des buveurs (20 %), comparée à son concurrent principal et surtout, les buveurs de Stella
boivent beaucoup plus souvent une autre marque que la Stella (23,68 % d’exclusivité seulement). La
disponibilité, la distribution et peut-être la notoriété et l’image de la marque pourraient être suspectées
comme cause de ces faiblesses d’occupation et d’exclusivité.
A. La satisfaction :
La satisfaction du client est fonction du degré de concordance entre ses attentes vis-à-vis du produit
d’une part et sa perception de la performance du produit ou service. Il s’agit d’un état psychologique,
postérieur à l’achat et relatif.
Performance
perçue
Confirmation
ou Satisfaction/
infirmation Insatisfaction
Attentes
Source : Oliver, 1980 (in J-J Lambin et C. de Moerloose, Marketing stratégique et opérationnel : Du marketing à
l’orientation-marché, 7e édition, Dunod. 2008. p. 124).
Les clients qui posent problème sont donc (1) ceux qui sont mécontents et qui ne se plaignent pas et
(2) ceux qui se plaignent mais qui ne sont pas satisfaits de la manière dont leur plainte a été reçue et
traitée par l’entreprise. Les pertes de clients proviennent de ces deux groupes et constituent une forme
de contre-publicité de bouche à oreille qui est d’autant plus coûteuse pour l’entreprise qu’elle est
difficilement contrôlable.
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Le questionnaire de satisfaction propose une échelle en dix points. On obtient ainsi une matrice à deux
dimensions qui définit quatre régions :
Déviation standard des scores de satisfaction
Forte
Insatisfaction Satisfaction
distribuée distribuée
Insatisfaction Satisfaction
homogène homogène
Faible
Figure– La grille satisfaction/insatisfaction
Source : Goderis, 1998 (J-J Lambin et C. de Moerloose, Marketing stratégique et opérationnel : Du marketing à
l’orientation-marché, 7e édition, Dunod. 2008. p.134)
B. La fidélité
Une condition est nécessaire pour avoir une vraie fidélité à la marque :
l’engagement ou l’attachement des clients
L’analyse du processus d’échange inter-marques permet de formuler un diagnostic et une prévision sur
l’évolution des parts de marché respectives. Ainsi, il faut calculer deux taux :
– taux de fidélité () : le pourcentage de clients qui, ayant acheté la marque m au cours de la période
(t), continuent à l’acheter à la période suivante (t +1) ;
– taux d’attraction () : le pourcentage de clients qui, s’étant tournés vers la concurrence ou le non-
achat au cours de la période (t), achètent la marque m à la période suivante t + 1.
Ces pourcentages, appelés probabilités de transition, peuvent être estimés par enquête ou en
s’appuyant sur des données fournies par un panel de clients.
La connaissance de ces probabilités de transition permet à l’analyste de marché d’étudier les échanges
inter-marques ainsi que la dynamique concurrentielle et de formuler sur cette base des prévisions quant
à l’évolution des positions respectives.
La part de marché (Pdm) de la marque m au cours de la période future t +1 sera donc :
PDM m(t + 1) = PDM m(t) + [1- PDM m(t)]
La part de marché tendancielle de la marque m, c’est-à-dire celle qui correspond à une situation
d’équilibre, Pdm (e), peut donc s’estimer à l’aide de l’expression suivante :
Ce type d’analyse est particulièrement précieux au stade de lancement d’une marque nouvelle.
Exemple :
Si une marque arrive, chaque année à conserver 60 % de ses clients et à attirer 10 % des non clients,
elle peut espérer à long terme une part de marché de 20 %. (=10 %/ (1 – 60 % + 10 %).
Si par contre, elle double son taux d’attraction, sa part de marché tendancielle devient 33 % (= 20%
/(1 – 60 % + 20 %))
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Par ailleurs la fidélité ne s’évalue pas seulement à partir d’une mesure comportementale : le taux de
rachat, mais elle comporte parfois dimension attitudinale : la préférence.
Deux consommateurs peuvent avoir le même comportement de fidélité apparent, pour des raisons très
différentes. Il est donc important de comprendre pourquoi le client est fidèle. Plusieurs raisons se
présentent :
o La conviction : après avoir comparé les attributs importants des différentes marques concurrentes,
le consommateur constate que la marque X est supérieure. Pour cette raison, il lui restera fidèle.
o La satisfaction paresseuse : le consommateur est content d’avoir trouvé un produit satisfaisant.
Il pourrait peut-être trouver mieux ailleurs, mais il considère que le jeu n’en vaut pas la chandelle,
car cela supposerait de perdre du temps ou de l’énergie à chercher une alternative à la marque X
o Le risque perçu : le consommateur ne veut pas prendre le risque d’une erreur de changement de
marque
o L’inertie : le consommateur considère que le rachat est la solution la plus pratique. Il est guidé
simplement par la routine.