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Série « Pneumologie de la personne âgée »

Coordonnée par Vincent Ninane

Bronchopneumopathies obstructives chroniques


du sujet âgé

L. Jeannin

Résumé
Introduction La population atteinte de BPCO croît et vieillit ; elle
se féminise ; 75 % des décès surviennent après 70 ans.
Etat des connaissances Ce groupe d’âge est peu étudié ; or, ses
besoins médicaux et sociaux sont importants et cumulent ceux
d’un âge avancé et du handicap respiratoire. Les hospitalisations
se multiplient avec les années ; bien que les alternatives à l’hos-
pitalisation se développent, la part des ressources sanitaires
dédiées aux BPCO des sujets âgés augmente.
Cependant, les mesures thérapeutiques coûteuses n’ont de sens
que si elles améliorent la qualité de vie ; celle-ci est d’une
évaluation difficile et mal corrélée à l’atteinte de la fonction
respiratoire ; par ailleurs, ces patients présentent près d’une fois
sur deux des symptômes dépressifs qui ne sont pas seulement la
conséquence de l’infirmité respiratoire.
Perspectives et conclusions La prise en compte de ces élé-
ments est nécessaire pour développer de véritables programmes
de prévention et de réhabilitation efficaces et économiquement
acceptables.

Mots-clés : Bronchopneumopathie chronique v Age v Coût v Qua-


lité de vie.

Service de Pneumologie et Réanimation Respiratoire,


Hôpital du Bocage, Dijon, France.

Tirés à part : L. Jeannin, Service de Pneumologie et Réanimation


Respiratoire, Hôpital du Bocage, 2, boulevard du Maréchal de Lattre
de Tassigny, BP 1542, 21034 Dijon Cedex, France.
louis-jeannin@wanadoo.fr

Réception version princeps à la Revue : 05.09.2001.


Retour aux auteurs pour révision : 26.10.2001.
Réception 1ère version révisée : 13.03.2002.
Réception 2e version révisée : 14.05.2002. Rev Mal Respir 2003 ; 20 : 105-15
Acceptation définitive : 21.05.2002.

Rev Mal Respir 2003 ; 20 : 105-15 © 2003 SPLF, tous droits réservés 105
L. Jeannin

Introduction
COPD in elderly patients
L. Jeannin Une série consacrée aux problèmes du poumon âgé ne
peut évidemment faire l’économie d’un chapitre sur les
Summary BPCO, puisqu’il s’agit dans ce contexte, de la maladie respira-
Introduction Patients with COPD are growing in number and are toire la plus commune.
getting older, with 75% of deaths occurring after the age of 75; the Or les BPCO sont déjà par essence des maladies à expres-
proportion of women is increasing. sion tardive : bien des patients consultent et sont pris en charge
State of the art There are few data regarding COPD in the eld- pour la première fois entre 65 et 69 ans [1] : comme il
erly. The related medical and social demands are significant and n’importe pas ici de traiter des BPCO dans leur ensemble, il
rise as age and respiratory disability increase. Admission rates to paraît plus pertinent de s’intéresser à la partie la plus âgée de
hospital are increasing and, despite the development of services
cette population, c’est-à-dire âgée de 70 ans ou plus. Encore
as alternatives to hospital admission, the portion of healthcare
resources taken up by elderly COPD patients continues to rise.
est-il nécessaire de préciser le propos.
Chacun le sait, les BPCO s’aggravent avec l’âge, le pro-
Perspectives Costly therapeutic interventions for COPD should
nostic des exacerbations est plus sévère, les traitements sont
only be employed if they improve the patient’s health related
quality of life, which is hard to evaluate and correlates poorly with
d’un maniement plus délicat et les résultats en sont moins
lung function parameters. Although depression is common and convaincants. Par ailleurs, la co-morbidité est plus fréquente,
more often found in this condition than in others, it cannot be voire habituelle, surtout chez les patients très âgés, probable-
attributed purely to the effects of COPD. ment cependant atteints des formes les moins sévères et les
Conclusion Preventive measures and new strategies towards moins évolutives de BPCO. Ainsi 17 % seulement d’une
more efficient care of elderly patients with COPD must be devel- population sélectionnée à l’âge de 60 ans dont le VEMS moyen
oped to improve quality of life and to reduce health care costs. est de 0,9l/s, participant à un programme de réhabilitation très
complet atteindra 70 ans ; la cause essentielle du décès est la
Key-words: Chronic Obstructive Pulmonary Disease v Old Age v transgression de l’insuffisance respiratoire [2].
Cost v Health Related Quality of Life. Les BPCO des sujets âgés posent donc en fait un pro-
blème essentiellement gériatrique, avec quelques particularités
qui seront abordés ici de façon non exhaustive.
On renverra par ailleurs le lecteur aux exposés de cette
revue qui abordent le poumon sénescent, les particularités de la
dyspnée du sujet âgé, les limites et les indications des explora-
tions et les modalités de prise en charge, qu’elles soient médi-
cales ou sociales ; on y trouvera nombre d’informations qui
font aussi partie du paysage des BPCO du sujet âgé.
Mais plus que par l’âge, ces sujets survivants se caractéri-
sent par l’existence ou non d’une vulnérabilité. En gérontolo-
gie, on distingue les personnes âgées parfaitement autonomes
et socialement bien intégrées (« fit elderly »), et celles qui sont
vulnérables (« frail elderly »).
Ces patients partagent non pas une pathologie détermi-
née mais un état clinique secondaire à une réduction multi-
systémique des aptitudes physiologiques qui limitent leurs
capacités d’adaptation au stress. Ce terrain est la résultante du
vieillissement, de maladies chroniques — dont la BPCO —, et
du contexte de vie [3].

Epidémiologie
Prévalence
Etablir la prévalence des BPCO est un exercice difficile : il
s’agit d’une maladie chronique, évoluant sur des décades, et
dont le point de départ est flou.
D’après les prévisions de l’OMS, en 2020, les BPCO
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seront passées de la 12e cause de maladie à la 5e ; la prévalence
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de la maladie augmente, même dans les pays industrialisés [4].

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Bronchopneumopathies obstructives chroniques du sujet âgé

Mais, quelle est la prévalence des BPCO chez les sujets Statistiques françaises de mortalité
âgés de 70 ans et plus ?
L’analyse des causes médicales de décès [13] permet les
Les données sur ce point sont peu nombreuses ; elles sont constatations suivantes :
d’ailleurs peu fiables, si on admet que dans la population géné- – la mortalité par BPCO augmente et survient de plus en plus
rale, seulement 25 % des cas de BPCO sont diagnostiqués [5]. tard ; entre 1980 et 1998, elle a progressé de 50 %, passant de
A titre d’exemple, Jaakola [6], reprenant toutes les études 10 400 à 15 700 ; cette augmentation a porté essentiellement
épidémiologiques finlandaises portant sur la prévalence des sur la population âgée de 75 ans et plus, qui représentait 66 %
BPCO dans son pays retrouve huit enquêtes publiées entre des décès en 1980, mais 74 % en 1998 ;
1959 et 1996, sur des échantillons de population allant de 600 – la mortalité par BPCO se féminise ; en 1980, la population
à 7 000 personnes ; aucun n’inclut les sujets âgés de plus de 69 féminine représentait 32 % des décès par BPCO ; en 1998,
ans. elle atteignait 40 % ; cette augmentation du rapport est sur-
En France, comme ailleurs, les statistiques existantes tout marquée dans la population âgée de 85 ans et plus.
concernent des groupes de population sélectionnés, (milieu Rappelons aussi que toute population très âgée a valeur
professionnel, population à risque, recherche de la responsabi- de sélection ; on peut y voir la conjonction d’un trouble ven-
lité éventuelle de polluants atmosphériques, contexte médical tilatoire obstructif pas trop sévère, de co-morbidités limitées et
ou social particulier etc) ; la prévalence varie donc selon les d’une prise en charge médicale et sociale plus efficace.
caractéristiques de ces groupes et n’a aucunement valeur géné- A ce propos, il est intéressant de noter qu’il existe dans
rale [7]. Nous n’avons pas retrouvé de travail s’intéressant notre pays des disparités régionales majeures. C’est ainsi que le
spécifiquement à la prévalence des BPCO chez les sujets âgés taux de mortalité par BPCO, ajusté pour l’âge, dans la tranche
de 75 ans et plus dans la population générale. 75-84 ans, est pour la France entière de 170 pour 1 000 000 ;
L’étude de la mortalité peut-elle fournir des renseigne- il est inférieur de 12 % en région Provence Alpes Côte-d’Azur ;
ments plus précis ? il est supérieur de 165 % en région Nord-Pas-de Calais ; cette
surmortalité est presque autant féminine que masculine [13].
Mortalité Ces constatations sont à rapprocher des conditions de
vie, du rôle de la pollution, de la sélection d’une population
En 2020, la mortalité mondiale par BPCO aura progres- aux conditions socio-économiques très différentes.
sée du sixième au troisième rang [4] ; on anticipe ici les consé-
quences de la diffusion des habitudes tabagiques et de l’aug- Mortalité par BPCO des sujets âgés :
mentation de la pollution atmosphérique. sur ou sous-estimation ?
Aux Etats-Unis, ce taux de mortalité ajusté pour l’âge a
Rôle des certificats de décès
augmenté de 71 % entre 1966 et 1986, alors que parallèlement
le taux de mortalité, toutes causes confondues diminuait de Les statistiques de mortalité ne peuvent être appréciées
22 %, celui des maladies cardiaques de 45 % et celui des acci- qu’à partir des certificats de décès ; elles sont donc étroitement
dents vasculaires cérébraux de 58 % [8]. dépendantes de la qualité de celui qui remplit le certificat, de
Ce paradoxe apparent est expliqué en partie par la dimi- ses motivations et de la connaissance antérieure qu’il peut avoir
nution du tabagisme, dont les effets bénéfiques sur les maladies du patient décédé. Or, les difficultés d’analyser de façon précise
cardiovasculaires sont rapides. Aux Etats-Unis, on espère donc les circonstances de décès d’une personne âgée peuvent être
voir diminuer la mortalité par BPCO dans les prochaines déca- majeures.
des. Surestimation ?
En fait, il existe une grande disparité dans la mortalité Les patients porteurs du diagnostic de BPCO, décèdent-
attribuée aux BPCO suivant les pays, même dans les pays de ils de leur maladie ?
développement médical comparable [9]. Zielinski [14] précise les causes de décès de 215 patients
Ces divergences, signalées depuis longtemps [8-11] ren- atteints de BPCO : détresse respiratoire (38 %) ; cœur pulmo-
dent hasardeuse toute tentative de comparaison entre les pays, naire (13 %) ; infection pulmonaire (11 %) ; maladie throm-
pour une année donnée, et d’une année à l’autre. Cependant, boembolique (10 %). Vilkman [1], sur un total de 1 070
toutes ces statistiques ont un point commun : la mortalité patients hospitalisés pour la première fois à l’âge de 65 à 69 ans
affecte à l’évidence les groupes d’âges les plus élevés. pour leur BPCO et décédés depuis, montre que la cause de
Ainsi, aux Etats-Unis, en 1998 la mortalité globale par décès est d’abord cardiovasculaire (37,3 % des diagnostics),
BPCO (codes 490-496, CIM 9e révision) pour 100 000 habi- puis la BPCO elle-même (30,2 %) enfin un cancer (20 %).
tants dans la tranche d’âge 65 ans et au-delà était de 285, soit Ces études suggèrent que la défaillance respiratoire pro-
12 fois celle de la tranche d’âge 45-64 ans ; on notait dans le gressive ne représente qu’une facette des causes de décès au
groupe d’âge le plus élevé une surmortalité masculine de 40 % cours des BPCO et que d’autres conditions associées jouent un
[12]. rôle.

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L. Jeannin

Ou sous-estimation ? pour une nouvelle exacerbation, et pour près d’un sur deux
On peut hésiter à déclarer que la cause principale du décès cinq fois ou plus.
est une bronchite chronique ; ce diagnostic apparaîtra donc Bien que l’hospitalisation soit plus courte et les alternati-
rarement au titre de pathologie principale responsable du ves à l’hospitalisation plus développées, on note qu’en huit ans,
décès et beaucoup plus souvent au titre d’une pathologie le coût des soins donnés aux malades a augmenté de 80 % ;
contributive, voire concomitante ; le diagnostic retenu sera parallèlement, les prix à la consommation n’ont augmenté que
celui de la complication médicale reconnue comme responsa- de 32,7 %.
ble directe du décès, insuffisance cardiaque ou pneumopathie Ainsi la part des ressources sanitaires dédiées aux BPCO
aiguë par exemple ; le terme de bronchite chronique peut des sujets âgés apparaît-elle considérable.
même ne pas apparaître : ce serait le cas dans nombre de certi-
ficats de décès, quand on reprend des observations de BPCO BPCO du sujet âgé et facteurs de risque
[11]. La mortalité par BPCO serait ainsi régulièrement sous-
estimée [1, 10, 11, 14].
Tabagisme
Mortalité par BPCO et codage : On sait que la relation BPCO-tabac est aussi solide que
problème de l’asthme celle qui unit tabac et cancer bronchique. L’arrêt du tabac est
utile à tous les âges et représente le traitement le plus efficace
Il est généralement admis que chez les patients âgés por- pour diminuer la décroissance accélérée du VEMS [18].
teurs d’un syndrome obstructif, il est très difficile de faire le Cependant, passé 70 ans, la prévalence du tabagisme est
partage entre asthme et BPCO ; il faut d’ailleurs noter que la faible : beaucoup de gros fumeurs sont décédés [19] ; le taba-
bronchite chronique est souvent considérée comme une gisme masculin éventuel est souvent stoppé ; le tabagisme
comorbidité, présente chez nombre d’asthmatiques âgés, en féminin est rare, car les classes d’âge concernées n’avaient pas le
particulier chez les femmes aux antécédents de tabagisme [15, comportement tabagique juvénile actuellement observé. Ainsi
16] ; chez les malades hospitalisés, les transferts entre asthme et en 1990, on comptait chez les hommes dans le groupe d’âge 20
BPCO sont fréquents, et dans les deux sens, en particulier lors à 34 ans 51 % de fumeurs réguliers, contre 35 % dans la classe
de réhospitalisations [17]. 50-64 ans, et seulement 17 % à 65 ans et plus ; chez les fem-
Toutes les difficultés qui précèdent expliquent pourquoi mes, les pourcentages respectifs de fumeuses étaient de 39 %,
il est si difficile d’avoir une idée précise du poids des BPCO 12 %, et seulement 4 % (enquête INSEE).
dans la mortalité des personnes âgées.
Maladies professionnelles
Besoins médicaux et coût sanitaire Si le plus souvent, les BPCO sont dues au tabagisme,
pour un certain nombre d’entre elles se pose le problème de la
La BPCO conduit à une invalidité importante qui reconnaissance de leur origine professionnelle, seule ou en
s’aggrave à mesure que la maladie évolue. Les exacerbations partage avec un tabagisme. Faire cette démarche présente un
respiratoires peuvent nécessiter des hospitalisations répétées et double intérêt, non seulement individuel, parce que le patient
un traitement prolongé et coûteux ; l’oxygénothérapie de lon- peut bénéficier d’une réparation, mais pour la communauté,
gue durée à domicile augmente encore le coût de la prise en puisque la reconnaissance des conséquences d’un risque pro-
charge. fessionnel permet de mieux organiser la prévention [20].
Aux Etats Unis, une enquête [17] faite à partir de la base Cependant, en matière de BPCO, la reconnaissance tar-
de données de Medicare, qui englobe 96 % de toutes les per- dive de la responsabilité d’une maladie professionnelle va être
sonnes âgées de plus de 65 ans, compare deux groupes de particulièrement ardue [21] :
patients hospitalisés, les uns en 1984, les autres en 1991, pour – les BPCO professionnelles ne se distinguent pas des BPCO
une première exacerbation d’asthme ou de BPCO. d’autre origine, en particulier tabagique, dont elles partagent la
La moyenne d’âge de ces patients est élevée : 75 ans ± 7 ; présentation clinique, radiologique, fonctionnelle et évolu-
elle est identique lors des deux années de référence ; 70 % des tive ;
patients ont entre 65 et 79 ans ; 10 à 12 % des journées d’hos- – le malade est souvent peu motivé pour entreprendre des
pitalisation se situent en unité de soins intensifs ; la durée démarches compliquées dont il ne perçoit pas bien les bénéfi-
d’hospitalisation croît avec l’âge ; elle est plus courte en 1991 : ces, surtout en termes d’amélioration de son état de santé ;
durant cette deuxième année de référence, l’utilisation des – si la notion d’un tabagisme, même ancien, est bien établie, le
maisons de repos et de convalescence ou de long séjour a plus médecin ne verra pas la nécessité de pousser l’interrogatoire à la
que doublé. recherche de facteurs professionnels éventuels, comme il le
Le suivi du groupe des patients hospitalisés en 1984 mon- ferait peut-être s’il s’agissait d’un cancer, en particulier en cas
tre 8 ans plus tard que 96 % d’entre eux ont été réhospitalisés de tabagisme minime ou absent ;

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Bronchopneumopathies obstructives chroniques du sujet âgé

– la reconstitution de l’histoire professionnelle risque d’être La toux, symptôme majeur, peut avoir un caractère chro-
malaisée, en fonction du nombre d’activités professionnelles nique difficile à faire préciser. A l’opposé, du fait de la diminu-
exercées par le patient, de l’imprécision fréquente portant sur tion du réflexe de toux, fréquent chez le sujet âgé, elle peut
les risques des postes occupés, de l’impossibilité d’obtenir des manquer, entraînant la disparition de l’expectoration ; le dia-
renseignements complémentaires si l’entreprise a disparu ; en gnostic de BPCO est alors méconnu.
fait, bien souvent, on ne disposera d’aucun document person- La diminution du réflexe tussigène facilite les aspirations,
nel antérieur qui permettrait de préciser la chronologie des qu’elles soient d’origine haute, buccopharyngée, ou basse :
manifestations pathologiques et leur évolution, d’établir des reflux gastro-œsophagien. Ainsi, est-ce souvent à l’occasion
relations entre le tableau clinique réalisé, et la durée et l’impor- d’une symptomatologie infectieuse pulmonaire non spécifi-
tance de l’exposition professionnelle incriminée. que qu’on voit ces patients.
Il existe enfin en matière de BPCO professionnelles, une La toux est par ailleurs volontiers inefficace sur ce terrain
réglementation contraignante : si certains cas de BPCO peu- pour des raisons multiples : débit de pointe effondré, diminu-
vent être réparés dans le cadre d’un tableau de maladie profes- tion physiologique de la force des muscles inspiratoires et expi-
sionnelle spécifique (telle la bronchopneumopathie chronique ratoires, co-morbidités pouvant interférer avec l’efficacité de la
obstructive du mineur de charbon, tableau n° 91) et si d’autres toux (syndromes extrapyramidaux, séquelles d’accident vascu-
BPCO sont susceptibles d’être rattachées à un tableau parce laire cérébral...).
qu’elles sont associées à une pathologie particulière (asthme
Les signes d’auscultation recherchés sont des bruits
professionnel, pneumoconiose), les autres ne peuvent être pré-
adventices continus : sibilances et ronchus, et discontinus :
sentées au Comité Régional de Reconnaissance des Maladies
gros crépitants.
Professionnelles que si elles entraînent une insuffisance respi-
ratoire sévère. On sait bien cependant que ces signes d’auscultation sont
On conçoit que, face à ces difficultés, bien peu de BPCO peu sensibles ; ils peuvent manquer, notamment si l’emphy-
soient reconnues comme d’origine professionnelle. sème est prédominant, si l’encombrement est modéré, mais
surtout en cas de mouvements respiratoires de faible ampli-
Pollution atmosphérique tude, chez un sujet non coopérant et fatigué.
On connaît la relation faite entre la surmortalité des per- Par ailleurs, l’association à une cardiopathie gauche peut
sonnes âgées et porteuses d’une tare pulmonaire et cardiaque, brouiller les cartes :
et les pics de pollution. On s’intéresse depuis plusieurs années – la signification des sibilances est celle d’une obstruction
à la responsabilité des particules aéroportées de diamètre aéro- bronchique quelle qu’en soit la cause ; or, on observe au cours
dynamique inférieur à 10 µm (PM10). des cardiopathies gauches des sibilances, par congestion et
La National Morbidity, Mortality and Air Pollution œdème des parois bronchiques ;
Study [22] étudie l’effet sur la santé des PM10 dans 14 villes – au cours des BPCO, de gros crépitants sont fréquemment
des Etats Unis ; chez les patients âgés de 65 ans et plus, les entendus, surtout aux bases, indépendants de la posture, essen-
résultats sont « compatibles » avec une augmentation de 2 % tiellement proto inspiratoires, parfois perçus également en fin
des hospitalisations pour pneumonie et maladie obstructive de l’expiration ; ces crépitants sont à distinguer de ceux obser-
chronique, pour chaque palier d’augmentation de 10 µg/m3 vés dans l’œdème pulmonaire des cardiopathies gauches dans
de PM10. lesquels ils sont entendus au milieu et à la fin de l’inspiration
[23] ; on doit les distinguer des crépitants perçus chez le sujet
âgé et qui peuvent disparaître après une inspiration profonde.
BPCO des sujets âgés et particularités Rappelons que l’association à une cardiopathie gauche
cliniques est fréquente et augmente avec l’âge ; une insuffisance cardia-
que congestive est retrouvée dans 7 % d’un groupe d’âge
Difficultés du diagnostic chez les patients très 65-74 ans, et 12,5 % dans la tranche d’âge 75-84 ans [24].
âgés Un bon cliché thoracique est susceptible de fournir des
A l’évidence, le problème est simple si les patients ont renseignements précieux, s’il montre des signes évidents de
bénéficié d’un long suivi, notamment en milieu pneumologi- distension associés à une redistribution vasculaire vers les som-
que, surtout si le praticien est resté le même. En fait, bien des mets accompagnée d’images d’œdème interstitiel. L’échocar-
patients consultent pour la première fois à l’occasion d’une diographie apportera sa contribution, pas toujours
exacerbation [1] ; chez un sujet peu médicalisé, très âgé, por- concluante, au diagnostic d’insuffisance cardiaque ; la dys-
teur de troubles de conscience ou de l’humeur, on conçoit que fonction diastolique ventriculaire gauche est plus fréquente
le diagnostic ne soit pas aisé. que la dysfonction systolique ; aussi une fraction d’éjection
La dyspnée à cet âge, relève d’étiologies multiples ; un normale n’exclut-elle pas le diagnostic d’insuffisance cardiaque
chapitre de cette revue y est consacré. gauche [25].

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L. Jeannin

BPCO du sujet âgé et concept de fragilité Ces mesures doivent être complétées par le dosage des
protéines circulantes : l’albuminémie doit être supérieure à 35
Un pneumologue qui suit année après année un patient
g par litre ; son dosage est associé à celui de la CRP : si cette
âgé porteur d’une BPCO sent souvent confusément que le
dernière est normale, on peut conclure à l’origine exogène de la
pronostic vital n’est pas — ou n’est plus seulement — au
malnutrition ; si elle est élevée, elle représente un bon témoin
syndrome obstructif et que ce patient est peut-être rentré dans
de malnutrition de nature endogène, souvent d’origine infec-
la catégorie des malades fragiles. Or la prise en charge à ce stade
tieuse au cours de l’évolution des BPCO.
doit être rapide et globale pour être efficace.
Les infections facilitent ainsi la dénutrition ; parallèle-
Trois signes cliniques, témoins d’un état de fragilité, sont ment à la diminution des protéines circulantes, elles majorent
faciles à retrouver : les notions de chute et d’incontinence, et la toxicité des médicaments à marge étroite, tels que les digita-
l’existence d’un syndrome confusionnel. Ces signes amènent à liques et les antivitamines K.
rechercher des marqueurs de gravité, étudiés à quatre niveaux : Ainsi se constitue un cercle vicieux, avec épuisement des
la force musculaire, par la force de la poignée de main ; les réserves, risque de perte d’autonomie ; les durées d’hospitali-
fonctions cognitives et d’intégration explorées par le Mini sation s’en trouveront allongés, augmentant les prescriptions
Mental State Examination [26], mais aussi plus simplement médicamenteuses, et souvent les risques d’institutionnalisa-
par un petit problème arithmétique, une épreuve de fluence tion.
verbale (prononcer en une minute plus de 10 mots commen-
çant par la lettre M), le test de l’horloge (dessiner un cadran Les causes de cette malnutrition sont nombreuses
d’horloge et placer les aiguilles en une position donnée) ; la Perte de l’appétit liée à la diminution du goût, à la
capacité aérobie, par un test de marche de six minutes et l’état consommation de nombreux médicaments ; dégradation de
nutritionnel enfin. l’état buccodentaire compliquant la mastication, troubles de
Les renseignements ainsi aisément recueillis ont une déglutition, troubles moteurs gênant l’alimentation, déficit
meilleure valeur prédictive d’évolution défavorable (hospitali- intellectuel à type de désorientation ou de syndrome dépressif ;
sation, taux de réhospitalisation, passage en institution, décès à situation socio-économique précaire.
moyen terme) que ceux habituellement tirés de l’exploration
Prévention des troubles nutritionnels
même fine de l’organe malade, ici le poumon [3, 27].
Ce type d’évaluation objective permet d’intervenir pré- L’alimentation, même au grand âge, doit apporter au
cocement avant l’apparition du seuil d’incapacité par épuise- moins 1 500 calories par jour ; les protéines animales doivent
ment des défenses. représenter 60 % de l’apport protéique total, soit un pourcen-
tage supérieur à celui de l’adulte. Il faut privilégier l’apport en
glucides complexes par rapport aux glucides simples.
La recherche d’une malnutrition
Les lipides jouent un rôle essentiel, non seulement par
L’évaluation de l’état nutritionnel est une nécessité chez leur pouvoir énergétique, mais aussi pour donner saveur aux
tous les sujets très âgés, et particulièrement chez les plus âgés aliments ; les préoccupations concernant les risques vasculaires
qui sont porteurs d’une BPCO [46, 47]. Témoignent d’une d’une hypercholestérolémie ne sont plus de mise à cet âge, sauf
malnutrition : la perte de l’appétit, la diminution des ingesta, cas particulier.
la perte de poids, supérieure à 2 kg sur un mois, ou à 4 kg sur six Une supplémentation en sels minéraux et en produits
mois. Elle résulte essentiellement de la fonte musculaire liée au laitiers est nécessaire ; les besoins hydriques sont les mêmes que
vieillissement, au déconditionnement physique et à la succes- chez l’adulte, malgré la diminution de la sensation de soif.
sion d’épisodes d’agression métabolique. L’hygiène buccale est l’objet de tous les soins ; on se
L’atrophie musculaire hypothèque la motricité, qu’il méfiera des prothèses dentaires défectueuses et douloureuses,
s’agisse de la marche, de la mastication, de la respiration ; elle de l’hyposialie favorisée par la respiration la bouche ouverte et
perturbe aussi la minéralisation et la thermorégulation ; en par les anticholinergiques en inhalation.
définitive elle hypothèque l’autonomie et la qualité de vie. Or L’alimentation doit rester un plaisir et doit conserver son
la masse musculaire constitue la réserve protéique essentielle, caractère convivial ; une diminution de l’alimentation corres-
nécessaire à la synthèse des protéines inflammatoires et au pond souvent à un repli sur soi, à un refus de vie. Les activités
fonctionnement des cellules immunitaires ; elle sera d’ailleurs physiques régulières et en particulier la marche si celle est
difficile à restaurer, au décours d’un épisode aigu. possible restent un impératif.
L’appréciation de la masse maigre se fait par la mesure de En cas d’aggravation de l’état, quelle qu’en soit la cause,
la circonférence de la masse musculaire du bras et du mollet. un support nutritionnel peut-être nécessaire ; tout épisode
Quant à celle de la masse grasse, on l’apprécie par la aigu doit bénéficier d’une suralimentation couvrant les besoins
mesure du pli cutané au niveau de la région tricipitale ; on de base et les besoins supplémentaires ; pour un sujet de 60 kg,
propose maintenant sa mesure par impédance bio électrique, la ration calorique quotidienne sera de l’ordre de 2 600 calories
méthode à la fois simple et rapide. par jour, ration poursuivie jusqu’à la normalisation des protéi-

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Bronchopneumopathies obstructives chroniques du sujet âgé

nes inflammatoires et à la restitution du poids antérieur. La S’il n’est pas possible de relier la symptomatologie dépres-
supplémentation doit se faire par voie orale et, seulement si sive uniquement au déficit respiratoire, il faut noter que les
besoin, par voie parentérale. résultats obtenus dans cette étude sont voisins de ceux retrou-
On peut conclure à la guérison si l’appétit s’est normalisé, vés dans une population de BPCO plus jeunes [33].
si l’infection a disparu, si les escarres cicatrisent, si la force Ainsi une symptomatologie dépressive, voire même un
musculaire est récupérée et si les anomalies biologiques sont véritable syndrome dépressif s’observent chez plus de 40 % des
normalisées. patients âgés porteurs d’un handicap respiratoire obstructif ;
cette constatation doit donc faire mettre en œuvre un traite-
BPCO du sujet âgé et syndrome dépressif ment spécifique de la dépression pour diminuer la sensation
d’invalidité, permettre ainsi une meilleure adaptation à
Cette pathologie parfaitement curable est responsable l’effort, augmenter le niveau des activités, et par là même amé-
d’une morbidité et d’une mortalité élevées [28]. En effet, la liorer la qualité de vie [30].
dépression est souvent l’un des éléments initiateurs d’une cas-
Moyens thérapeutiques [34, 35]
cade pathologique, véritable cercle vicieux gériatrique, le syn-
drome dépressif venant aggraver la maladie somatique, respon- Un soutien psychologique doit toujours être proposé ;
sable d’une dégradation de l’état thymique. Le risque de son intérêt est clairement démontré ; il vise à améliorer les
passage à la chronicité est important. symptômes et les conduites, en agissant sur les idées négatives
Le taux de mortalité d’une population âgée dépressive est qu’il est possible de modifier ; il doit toujours accompagner la
nettement plus élevé que celui d’une population comparable, chimiothérapie.
par suicide, mais aussi par les conséquences de pathologies La prescription d’un antidépresseur (AD) au grand âge
organiques surajoutées, notamment cardiovasculaires. impose de réaliser un examen clinique complet et de disposer
La prévalence de la dépression chez la personne âgée varie de quelques éléments paracliniques. Outre la recherche d’une
de 3 à 5 % dans une population ambulatoire, plus importante éventuelle cause de dépression secondaire (dysthyroïdie, can-
encore dans une population hospitalisée ou institutionnalisée cer profond, insuffisance cardiaque...), ce bilan permettra
[29] pour atteindre plus de 40 % chez l’insuffisant respiratoire d’adapter le choix thérapeutique aux co-morbidités (hypertro-
chronique obstructif [30]. phie prostatique, hypotension, glaucome, dénutrition, trou-
bles de conduction cardiaque...) et à leur traitement [34].
La plupart des antidépresseurs sont équivalents en termes
BPCO et prévalence du syndrome dépressif
d’efficacité ; le choix se fait donc essentiellement sur la tolé-
Yoannès [30], dans une population de 96 patients por- rance du produit ; les plus récents offrent a priori une meilleure
teurs d’une BPCO irréversible, âgés de 70 à 93 ans, associant sécurité d’emploi ; mais ce sont les plus coûteux.
asthmes chroniques et autres BPCO, étudie les résultats du Nous disposons maintenant de dérivés imipraminiques
BASDEC (Brief Assessment Schedule Depression Cards), mieux supportés, d’inhibiteurs spécifiques de la recapture de la
score de dépression validé et déjà utilisé dans des populations sérotonine (ISRS), d’inhibiteurs de la monoamine oxydase
âgées [31] ; un score normal est inférieur à 7. (IMAO) sélectifs et réversibles ; d’autres antidépresseurs sont
Ces patients bénéficient par ailleurs d’un test CRQ difficilement classables : Tianeptine (Stablont), Medifoxa-
(Chronic Respiratory Disease Questionnaire) qui mesure mine (Cledialt) [35].
l’impact de l’obstruction sur la qualité de vie [32] et d’un test Il faut craindre les effets anticholinergiques centraux des
NEADL (Nottingam Extended Activities of Daily Living), qui AD imipraminiques devant une constipation, une hypoten-
mesure l’importance des activités quotidiennes. sion orthostatique, des chutes fréquentes, la notion d’accès
Les résultats sont comparés à ceux obtenus dans deux confusionnels ; cependant, en respectant ces contre-
groupes témoins de même moyenne d’âge (78 ans) : l’un est indications classiques, ces médicaments méritent une utilisa-
constitué de sujets non malades, l’autre de sujets porteurs d’un tion large ; face à une agitation anxieuse et à des troubles de
handicap non respiratoire (maladie de Parkinson, séquelles l’endormissement fréquents et gênants chez ces patients, plu-
d’accident vasculaire cérébral, maladies rhumatismales). tôt que la co-prescription brève de neuroleptiques à faible dose
L’étude montre que 44 % des patients porteurs de dont on redoute les effets chez l’obstructif chronique, il peut
BPCO ont un score de BASDEC supérieur à 7 ; ils sont seu- être intéressant d’utiliser le pouvoir sédatif de la Miansérine
lement 26 % dans le groupe des handicapés non respiratoires, (Athymilt), en mesurant bien le risque lié à la sédation.
et 11 % dans le groupe des sujets normaux. Parmi les ISRS, il est préférable de recourir aux molécules
Les facteurs prédictifs de la présence d’une symptomato- ne donnant pas naissance à des métabolites actifs : Paroxétine
logie dépressive sont le score de qualité de vie, le CRQ, et les (Deroxatt), Fluvoxamine (Floxyfralt), Sertraline (Zoloftt),
réponses au NEADL. Par contre, les valeurs spirométriques et et ceux à fixation protéique faible et volume de distribution
le test de marche des 6 mn ne permettent pas de prédire la restreint : Citalopran (Seropramt), (Floxyfralt). Les ISRS
valeur du score de dépression. sont susceptibles d’interactions médicamenteuses avec de

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L. Jeannin

nombreux produits (anti-arythmiques, neuroleptiques, ben- La version française du questionnaire saint Georges a été
zodiazépines, anti-vitamine K...) dont ils augmentent la utilisée [38] dans une population d’insuffisants respiratoires
concentration sérique et potentialisent les effets. Le Zoloftt chroniques sous oxygénothérapie à domicile, âgés de 50 à 79
expose moins à ce type d’interférences. ans. Cette étude montre que les trois dimensions appréciées
Les IMAO sont à éviter à l’exception de la Moclobémide par ce questionnaire : Symptômes, retentissement sur l’Acti-
(Moclaminet), d’une plus grande sécurité d’emploi. vité, Impact sur la vie quotidienne, sont toutes significative-
ment altérées quand elles sont reliées à la dyspnée, utilisée ici
Conduite du traitement
comme instrument de « validation sur critère » ; c’est la
Il est nécessaire, principalement avec les Imipraminiques, dimension « activité » qui est la plus touchée.
de procéder à une augmentation posologique progressive et L’utilisation de ce questionnaire dans cette population
seuls des critères de mauvaise tolérance justifient une posologie (dont l’âge moyen est de 69,6 ans) en montre bien les limites ;
plus faible que chez l’adulte jeune. Le délai d’apparition de elles tiennent au niveau social et économique souvent modeste
l’effet thymo-analeptique est au moins de 4 à 8 semaines. des patients atteints de BPCO et aux associations pathologi-
L’inefficacité du traitement doit avant tout faire suspecter ques éventuelles liées à l’âge, en particulier d’ordre psychique.
l’inobservance. Cet outil sera donc d’un maniement difficile pour une popu-
Une durée de traitement très prolongée, voire à vie, est lation de BPCO encore plus âgée. Des questionnaires d’utili-
préconisée. La gravité de la dépression du grand âge et son sation plus simple sont actuellement proposés [39, 40].
caractère récidivant plaident en effet en faveur de la poursuite Par ailleurs, le questionnaire saint Georges n’inclut pas
de la chimiothérapie aussi longtemps qu’elle est bien tolérée. les dimensions psychologiques et sociales, qui sont mieux
Des instruments d’évaluation de la sévérité de l’état appréhendées par un questionnaire général sur la Qualité de
dépressif sont utiles pour apprécier l’efficacité du traitement ; vie (questionnaire « générique ») que par un questionnaire
cependant la plupart ont été établis pour une population « spécifique » dédié aux pathologies obstructives chroniques.
adulte et se montrent peu adaptés aux patients âgés et dépen- Ces deux types de questionnaires doivent donc être associés.
dants ; parmi les plus utilisables, on peut citer la Geriatric
Depression Scale de Brink et Yesavage (GDS), l’échelle de Quel rapport entre qualité de vie lié à la santé,
dépression de Hamilton (Hamilton Depression Rating Scale aptitude aux activités quotidiennes et sévérité
(MADRS). du syndrome obstructif ?
Chez les sujets de 60-65 ans les plus étudiés, la qualité de
vie est tout au plus faiblement corrélée au débit expiratoire, aux
Qualité de vie liée à la santé des sujets
valeurs de la PaO2, voire à d’autres paramètres fonctionnels, tel
âgés porteurs d’une BPCO le rapport VR/CPT. Cependant les résultats de ces études sont
souvent discordants ; par contre, la distance parcourue lors
La qualité de vie des sujets porteurs d’un syndrome obs-
d’un test de marche standardisé ou la VO2max seraient mieux
tructif chronique par BPCO est un véritable problème ; doit-
corrélés au score de qualité de vie.
on faire bénéficier ces patients des mêmes traitements que ceux
On voit bien ici la nécessité d’explorer d’autres dimen-
dont bénéficient des sujets plus jeunes ? Si l’oxygénothérapie
sions que celles mesurées par l’étude de la fonction respiratoire.
par concentrateur est une méthode simple, même poursuivie
de nombreuses heures par jour chez un sujet invalide, par Qu’en est-il des patients les plus âgés ?
contre les programmes de réhabilitation développés en ambu-
latoire ou à domicile, sont plus complexes ; et l’ensemble de ces Yoannès [41] étudie 96 patients porteurs d’une BPCO
mesures a un coût ; certes elles améliorent la survie, mais au irréversible, âgés de 70 à 93 ans, associant asthmes chroniques
prix de contraintes lourdes dans la vie quotidienne ; il n’est et autres BPCO, comparés à un groupe de patients d’âge iden-
donc pas possible d’échapper à cette question : que pensent ces tique, mais ayant une fonction respiratoire normale ; dans les
patients de leur qualité de vie ? deux groupes, l’âge moyen est de 78 ans.
Deux questionnaires spécifiques sont proposés à ces
On se rappellera que lors d’une des premières études sur
patients : Chronic Respiratory Disease questionnaire, CRQ
l’efficacité de l’oxygénothérapie de longue durée, mais sur une
qui mesure l’impact de l’obstruction sur la qualité de vie [31] ;
population notablement plus jeune, alors que l’amélioration
Breathing Problems Questionnaire, BPQ. De plus, un test de
de la survie était patente, par contre on n’observait guère
marche de 6 minutes est effectué.
d’amélioration de la qualité de vie à 6 et 12 mois [36].
On note une altération franche de la qualité de vie dans le
groupe des BPCO par rapport au groupe témoin. Par contre, il
Quel outil de mesure ? n’y a pas de relation avec l’importance du syndrome obstruc-
La qualité de mesure liée à la santé (QVLS) est une don- tif ; il y a une association faible avec l’abaissement de la SaO2
née subjective, difficile à mesurer [37]. au repos.

112 Rev Mal Respir 2003 ; 20 : 105-15


Bronchopneumopathies obstructives chroniques du sujet âgé

Parmi les explications fournies pour expliquer ces discor- mental ADL) ; cette échelle, renseignée par le sujet lui-même,
dances, on retient : permet de dépister les troubles des fonctions exécutives. Ces
– un effet « protecteur » de l’âge, qui peut être expliqué par la échelles, associées à la grille AGGIR qui permet de classer les
diminution des exigences vis-à-vis de toutes les activités, en patients dans six groupes en fonction du degré de dépendance,
particulier physiques, mais aussi par la diminution de la per- permettent d’orienter les programmes de réhabilitation et
ception du syndrome obstructif ; d’adapter les soins en fonction des besoins ; elles ont montré
– le rôle des conditions de vie et de statut socio-économique ; leur capacité à réduire le nombre d’entrées en institution, le
paradoxalement cependant le fait de vivre en solitaire peut être nombre des réhospitalisations en service de soins aigus et
associé à une meilleure qualité de vie : ceux qui sont capables l’amélioration de la qualité de vie liée à la santé.
de vivre seuls représenteraient une sélection bénéficiant de
« l’effet survivant ».
En définitive, chez ces patients, la qualité de vie dépend Particularités thérapeutiques
d’interactions complexes entre une sensation de bien-être psy-
chologique et des facteurs physiques et sociaux. Les médicaments
Un chapitre de cette monographie y est consacré.
Eléments de pronostic S’il est un domaine dans lequel les règles de bonnes pres-
criptions des médicaments doivent être appliquées avec une
Pronostic respiratoire particulière rigueur, c’est sans conteste chez le sujet âgé : cha-
cun connaît les risques majorés d’effets indésirables des médi-
Depuis Anthonisen [42] et Burrows [43], les éléments
caments sur ce terrain, leur augmentation exponentielle avec le
influant sur la mortalité sont bien connus : l’âge avancé, un
nombre des médicaments administrés, la nécessaire concerta-
VEMS très altéré et répondant mal aux bronchodilatateurs,
tion des différents thérapeutes, mutuellement avertis du
une hypoxémie sévère non traitée, l’existence d’un cœur pul-
contenu de leurs prescriptions, l’impérieuse remise en cause
monaire chronique, la poursuite du tabagisme sont autant de
régulière de la justification des prescriptions, bref, la sobriété
facteurs de mauvais pronostic ; l’étude de Chailleux [44] sur
indispensable dont chaque intervenant doit faire preuve.
les malades traités à domicile dans le cadre de l’Antadir a mis en
évidence la signification péjorative de l’hypercapnie et de la Il sera fait seulement mention ici des médicaments inha-
dénutrition. lés.
Il est généralement admis que les femmes ont un meilleur On dispose en thérapeutique respiratoire de plusieurs
pronostic que les hommes. Ainsi, dans l’étude de Vilkman [1] classes de produits actifs sous forme inhalée et de toxicité
portant sur plus de 2 000 patients âgés de 65 à 69 ans suivis faible.
pendant un minimum de 3 ans après une première admission Hormis quelques cas particuliers, les corticoïdes inhalés
à l’hôpital pour BPCO, la mortalité pour l’ensemble du n’ont pas de place en routine dans les BPCO du sujet âgé ; les
groupe atteint 48 %, avec une survie médiane de 5,7 années ; bêta-mimétiques peuvent soulager la dyspnée chez certains
elle est plus élevée chez les femmes. patients [45] ; mais leur efficacité est moindre chez les sujets
Parmi les explications fournies pour rendre compte de âgés ; la tolérance des atropiniques est bonne.
cette différence, on cite un tabagisme féminin plus modeste, S’ils sont indiqués, ces médicaments posent en fait essen-
dont un autre témoin serait le taux moins élevé de cancers tiellement le problème de leur administration, rendue difficile
bronchiques, la sous-estimation chez elles du diagnostic de par bien des handicaps : tremblements, troubles cognitifs, dif-
bronchite chronique asthmatiforme dont le pronostic est ficultés de préhension manuelle ; ils devront souvent être
meilleur, et l’incidence plus élevée des maladies vasculaires et administrés par l’entourage qui doit avoir été formé à l’utilisa-
cardiaques chez les hommes. tion d’une chambre d’inhalation, ici de méthode de choix.

Le vieillard fragile porteur d’une BPCO L’oxygénothérapie


Les éléments de pronostic sont ici non pas tant respira- Les bénéfices de l’oxygénothérapie de longue durée obte-
toires que fondés sur les marqueurs cliniques de fragilité expo- nus dans une population adulte de BPCO sont connus ; l’oxy-
sés plus haut et la capacité d’effectuer les gestes de la vie cou- génothérapie augmente la durée et la qualité de vie chez de
rante. nombreux patients hypoxiques.
Une échelle des activités de vie quotidienne (Activities of Chez les patients très âgés, seul ce deuxième objectif est
Daily Living ADL) représente une grille simple qui a une forte recherché.
valeur prédictive de morbidité et de mortalité. Il est des indications évidentes : patients profondément
Elle sera complétée pour les sujets vivant à domicile d’une hypoxiques, porteurs de signes manifestes de cœur pulmo-
échelle des activités instrumentales de vie quotidienne (Instru- naire ; l’oxygénothérapie est capable de retarder les exacerba-

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L. Jeannin

tions, de diminuer les œdèmes, d’améliorer les fonctions céré- La France a cependant la chance unique de disposer d’un
brale et rénales, et globalement la qualité de vie liée à la santé. système associatif remarquable, qui s’efforce de pallier à beau-
De même chez le patient qui lors d’un effort et en parti- coup de ces besoins.
culier lors d’efforts de rééducation présente une tachycardie Le grand âge et l’obstruction bronchique représentent
importante ou des troubles du rythme, le bénéfice à tirer de deux handicaps bien lourds, auxquels s’associent souvent des
l’utilisation de l’oxygène ne se discute pas. problèmes nutritionnels, psychologiques et fréquemment
Il est souhaitable d’utiliser une source simple, (concen- aussi socio-économiques ; or tous ces troubles ne sont pas à
trateur), de préférence unique, avec des dispositifs adaptés à la considérer comme normaux sous le prétexte qu’ils surviennent
déambulation à la maison. chez un sujet âgé.
Par contre, les bénéfices attendus de l’oxygénothérapie au On gardera à l’esprit qu’on traite un malade âgé, avant de
long cours devront être bien précisés avant de la prescrire chez traiter « une BPCO ».
un patient confus, agité, sans signes de cœur pulmonaire,
nécessitant une surveillance importante (manipulations non
stériles d’une sonde arrachée à de nombreuses reprises, irrita-
tion nasale...). Références
Autres éléments du traitement 1 Vilkman S, Keistinen T, Tuuponen T, Kivelä SL : Survival and cause of
Chez les sujets âgés porteurs d’une BPCO, la nécessité death among elderly chronic obstructive pulmonary disease patients
d’apprécier le handicap de façon globale doit être soulignée ; le after first admission to hospital. Respiration 1997 ; 64 : 281-4.
2 Sahn SA, Nett LM, Petty TL : Ten-year follow-up of a comprehensive
spécialiste ne devra pas se contenter de faire des épreuves fonc-
rehabilitation program for severe COPD. Chest 1980 ; 77 : 311-4.
tionnelles respiratoires, mais devra, en concertation avec
3 Rockwood K, Hogan DB, MacKnight C : Conceptualisation and
d’autres, développer des programmes de réhabilitation com- measurement of frailty in elderly people. Drug Aging 2000 ; 17 : 295-
plets, comprenant beaucoup plus que la physiothérapie ; cette 302.
dernière devra d’ailleurs être adaptée aux conditions particu- 4 Murray CC, Lopez AD : Alternative projections of mortality and disa-
lières de ces patients, à partir des expériences rapportées chez bility by cause 1990-2020: Global Burden of Disease Study. Lancet
des sujets plus jeunes. 1997 ; 349 : 1498-504.
Doivent également être pris en compte : l’état nutrition- 5 Manfreda J, Mao Y, Litven W : Morbidity and mortality from chronic
nel [46, 47] pour lutter contre le déséquilibre protéique et obstructive pulmonary disease. Am Rev Respir Dis 1989 ; 140 : S19-S26.
l’atrophie musculaire et faciliter la mobilisation ; les modifica- 6 Jaakkola MS : Chronic obstructive pulmonary disease in Finland: oc-
currence and determinants. Eur Respir Rev 2000 ; 75 : 448-53.
tions neuro-psychologiques du grand âge, avec une particu-
7 Neukirch F, Perdrizet S : La bronchite chronique. Évolution, préven-
lière attention au dépistage d’un syndrome dépressif, en se
tion. Rev Mal Respir 1988 ; 5 : 331-46.
méfiant des somnifères et des tranquilisants dont la consom- 8 Higgins MW, Thom T : Incidence, prevalence and mortality: intra —
mation, surtout féminine augmente avec l’âge, et est maximale and inter — country differences. In Hensley MJ and Saunders NA, eds.
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intégrante de ce programme. Respir Dis 1989 ; 140 : S27-S34.
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Il existe un manque de visibilité de l’insuffisance respira- mer’s lung and chronic airways diseases in different countries of the
toire chronique obstructive, si on la compare aux patients EEC. Br J Dis Chest 1985 ; 79 : 352-60.
porteurs de troubles moteurs ; ce manque de visibilité existe 12 Vital and Health Statistics 2000. Current Estimates from the National
pour le public comme pour le médecin ; on constate que même Health Interview Survey. NHS Publication.
les patients les plus handicapés sont peu aidés et en général 13 SC8 INSERM — Service d’information sur les causes médicales de
moins que des personnes aussi handicapées dans d’autres décès.
domaines : il y a moins de soins à domicile, moins de kinési- 14 Zielinski J, MacNee W, Wedzicha J : Causes of death in patients with
COPD and chronic respiratory failure. Monaldi Arch Chest Dis 1997 ;
thérapie et moins d’auxiliaires de vie ; ce support est d’autant
52 : 43-7.
plus nécessaire que la tendance générale est à ne pas hospitaliser 15 Dodge R, Cline MG, Burrows B : Comparisons of asthma, emphysema
ces malades, à utiliser toutes les alternatives à l’hospitalisation, and chronic bronchitis diagnoses in a general population sample. Am
à favoriser le maintien à domicile ; les raisons en sont doubles : Rev Respir Dis 1986 ; 133 : 981-6.
augmenter la qualité de vie et, bien sûr, dépenser moins. Ces 16 Braman SS : Asthma in the elderly patient. Clin Chest Med 1993 ; 14 :
constatations sont analogues à celles faites aux Etats-Unis [15]. 413-22.

114 Rev Mal Respir 2003 ; 20 : 105-15


Bronchopneumopathies obstructives chroniques du sujet âgé

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