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I.2.

NOTION DE NORMES

On appelle normes, les recommandations qui émanent d’organismes particulièrement


compétents, et qui précisent ce que doit être la composition de l’eau, afin qu’elle puisse être
consommée par la population sans qu’elle ne puisse porter atteinte à sa santé, à court ou
long terme. Les normes ne constituent pas un recueil de valeurs figées, arrêtées une fois
pour toutes. Elles évoluent avec

− le progrès de la connaissance,
− le développement de la science et des techniques,
− les incidences que peut (ou ne peut pas) avoir tel ou tel paramètre sur la santé,
− les risques liés au mode de vie, des réalités du pays (ressources en eau disponibles,
niveau de développement, potentiels technique et technologique…).

Ce qui introduit des écarts entre normes guide (NG) et concentration maximale admissible
(CMA).

I.3. CARACTERISTIQUES DES EAUX NATURELLES

Bien que le terme eau naturelle n’ait plus grande signification car la pollution ambiante a fait
qu’il y a plus guère d’eaux pouvant être considérées comme « naturelle », on continue à
utiliser ce vocable pour désigner les eaux

− de pluie
− de surface,
− souterraines,
− océaniques.

Chacune de ces eaux présente certaines caractéristiques qui sont exposées ci-après.

I.3.1. EAUX DE PLUIE

Les eaux de pluies, à condition qu’elles n’aient pas été en contact de matériaux divers (toits
métalliques, par exemple) ou qu’elles n’aient pas traversé une atmosphère polluée par
l’industrie, sont, en général, de bonne qualité pour la consommation humaine. Elles sont en
général saturée en oxygène, ne contiennent pas de sels dissous, sont donc très douces.

Peut-être même trop! Leurs difficultés de captage et l’irrégularité des pluies font que cette
source d’approvisionnement est assez peu utilisée.

I.3.2. EAUX DE SURFACE

On distingue les eaux de rivière et les eaux des lacs.


I.3.2.1. EAUX DE RIVIERES

Dans leur partie amont, située souvent en brousse, en zone peu peuplée et peu
industrialisée, les caractéristiques des eaux de rivières sont les suivantes :

− forte turbidité dont l’ampleur est liée au régime torrentiel des cours d’eaux ;
− faible coloration du fait de temps insuffisant dont dispose l’eau pour dissoudre les
matériaux.

Dans leur partie aval, les eaux sont de moins bonne qualité en raison de la pollution
humaine, industrielle ou agricole. L’eau de la partie aval des rivières présente alors le profil
suivant :

− forte contamination bactérienne ;


− pollutions organique et minérale élevées ;
− fortes colorations, suite à la dissolution de composés divers.

Il est à noter que la composition des eaux de rivière peut varier subitement et dans de fortes
proportions, en fonction de l’époque et de la nature des pollutions qui se présentent à un
instant donné.

I.3.2.2. EAUX DE LACS

Il faut noter qu’en absence d’écoulement, les eaux de rivières peuvent prendre des allures
d’eaux de lacs. On assimilera, aux eaux des lacs, les eaux des barrages. Dans un lac, le temps
de séjour de l’eau est important ; il en résulte la possibilité pour celle-ci de dissoudre de
multiples substances. D’autre part, étant donné que les eaux sont calmes, le lac se comporte
un peu comme un bassin de décantation naturel ; ce qui confère à l’eau une faible turbidité.

Les caractéristiques des eaux d’un lac varient lentement au cours de l’année. Toutefois, ces
modifications peuvent être relativement brutales pendant la saison pluvieuse et la saison
sèche, du fait des eaux de ruissellement qu’elle reçoit ou non.

Des phénomènes comme le « renversement des eaux » du lac observables dans les pays
tempérés et froids contribuent à la variation brusque de la qualité des eaux de lacs, en
fonction des saisons. Si, au cours d’une courte période, la composition des eaux d’un lac
varie peu et semble suivre le cycle des saisons, il n’en va pas de même sur une longue
période, siècle ou millénaire. En effet, les lacs sont, en général, irrémédiablement
condamnés à « mourir », ou plus exactement, à se transformer en étangs, puis en marais.

L’explication de ce fait est la suivante : au cours du temps, les substances nutritives charriées
par les eaux de ruissellement qui alimentent un lac s’accumulent. Le développement des
plantes aquatiques dont les métabolismes conduisent à la disparition de l’oxygène dissous se
trouvent ainsi favorisé. En outre, la biomasse devient de plus en plus importante ; le lac se
comble petit à petit, suite à la formation de vase. On assiste alors à l’apparition d’espèces
végétales (les algues bleues ou cyanophycées) caractéristiques de cette situation.

On appelle eutrophisation, ce phénomène qui transforme progressivement un lac en un


étang, suite au déficit en oxygène dissous.

Il est possible de bloquer, sinon de retarder le processus d’eutrophisation par

− l’oxygénation des eaux,


− l’élimination de la biomasse,
− le curage des vases qui se déposent.

I.3.3. EAUX SOUTERRAINES

On reconnaît aux eaux souterraines une « pureté naturelle » que ne possèdent pas les eaux
de surface. Elles sont plus fraîches que ces dernières, et leur séjour dans les profondeurs du
sol leur confère à priori des qualités que n’auraient pas les eaux de surface. En fait, ceci est
de moins en moins vrai et le jugement qui résulte de ces affirmations doit être nuancé. Les
eaux souterraines subissent elles aussi la pollution. Elles sont par ailleurs soumises à des
cycles saisonniers qui peuvent faire varier leurs caractéristiques, dans une large mesure.

Il est bon de savoir que la pollution des eaux souterraines est plus insidieuse que celle des
eaux de surface, plus difficile à détecter, et qu’elle dure plus longtemps, en raison de la
faible vitesse de percolation. Si elles n’ont pas été l’objet de pollution, les eaux souterraines
présentent les caractéristiques suivantes :

− débit régulier mais parfois lié aux saisons ;


− température constante car le rayonnement solaire ne peut se manifester ;
− faible turbidité, en raison de l’effet de filtre des différentes couches du sol ;
− peu de coloration, étant donné l’absence de substances végétales qui donnent des
substances humiques à l’origine des couleurs ;
− composition stable, lié à la nature du terrain traversé ;
− duretés qui peuvent être élevées, si ces eaux sont riches en CO2 et percolent à
travers des calcaires ;
− concentrations élevées en fer et en manganèse dissous ;
− absence d’oxygène ;
− faible contamination bactériologique, en raison de l’absence de matières organiques.
I.3.4. EAUX OCEANIQUES

Lorsque les eaux douces sont en quantité insuffisante, on peut être amené à utiliser les eaux
des océans, lesquelles se caractérisent par de très fortes salinités impliquant des traitements
spécifiques et onéreux.

D’après les tableaux 1 et 2, on peut conclure que quelle que soit son origine, une eau
présente des caractéristiques qui lui sont propres.

I.4. CRITERES DE CHOIX DES EAUX

Lorsque plusieurs solutions d’approvisionnement en eau de consommation existent, divers


facteurs sont à prendre en considération pour déterminer le choix qui sera fait.
I.4.1. PARAMETRES ORGANOLEPTIQUES

Les paramètres organoleptiques ont toujours été les premiers repères dont l’homme a pu
disposer pour évaluer la qualité d'une eau. Si ces indicateurs de qualité ne sont bien
évidemment pas suffisants pour fournir un diagnostic précis et fiable, ils n’en constituent
cependant pas moins un test intéressant.

I.4.1.1. COULEUR

Une eau destinée à la consommation se doit d’être incolore. Toute coloration peut en effet
laisser présumer d’une pollution et provoquera de toute façon la méfiance du
consommateur. Certaines eaux, claires au départ, peuvent par la suite prendre des teintes
variables, compte tenu des réactions d’oxydation susceptibles de se produire au contact de
l’air.

I.4.1.2. ODEUR, SAVEUR

Ces deux paramètres constituent les contrôles de base pour juger de la qualité d’une eau de
consommation. Une eau potable doit être exempte de toute odeur ou saveur. Signalons que
les traitements nécessités par l'élimination de celles-ci sont délicats et onéreux.

I.4.2. PARAMETRES PHYSICO-CHIMIQUES

I.4.2.1. TEMPERATURE

Elle constitue un critère très apprécié pour les eaux de consommation. Les eaux
souterraines, comme cela a été dit précédemment, sont en général plus fraîches que les
eaux de surface. Leur température est pratiquement constante, alors qu’il n’en va pas de
même pour les eaux de surfaces, sujettes à des variations de température saisonnières. La
température d’une eau est à prendre en considération à plusieurs niveaux:

I.4.2.1.1. Opérations de clarification

Dans les pays froids ou seulement tempérés, les opérations de clarification peuvent être
ralenties par les basses températures alors qu’elles seront, dans une certaine mesure,
favorisées dans les pays chauds.

I.4.2.1.2. Développement du plancton

Le développement planctonique, s’il est limité en zone froide ou tempérée, sera accéléré là
où la température sera plus élevée.

I.4.2.1.3. Equilibre calcocarbonique

Les constantes K qui interviennent dans cet équilibre sont sous la dépendance de la
température T, compte tenu de la loi de Vant'Hoff :
L’équilibre suivra donc les fluctuations de la température. C’est ainsi qu’une eau à l'équilibre
dans les profondeurs de la terre pourra devenir incrustante en surface, suite à la diminution
de sa teneur en CO2 libre, cette diminution étant liée en partie, à l'élévation de la
température au niveau du sol.

I.4.2.2. MATIERES EN SUSPENSION

Une eau destinée à la consommation ne doit pas, en principe, comporter de matières


décantables. La mesure de la turbidité, qui ne prend en compte qu’une partie du
phénomène, fournit de bonnes informations à ce sujet.

I.4.2.3. MINERALISATION

La minéralisation des eaux profondes est en général supérieure à celle des eaux de surface
et il y a lieu de tenir compte à la fois, de sa nature, de son importance. Nous donnons ci-
dessous une liste non exhaustive des espèces minérales susceptibles d’être rencontrées dans
les eaux naturelles et précisons les éventuels inconvénients qui résultent de leur présence.

I.4.2.3.1. Magnésium et calcium

De fortes teneurs en calcium peuvent entraîner des désagréments d’ordre domestique :

− formation de tartre ;
− utilisation excessive de lessives ;
− cuisson difficile des légumes.

I.4.2.3.2. Chlorures et sulfates

Ces sels d’acides forts (SAF) en concentration excessive, sont à l’origine de troubles plus
graves ; ils sont nocifs pour la santé, et par ailleurs favorisent les processus de corrosion.

I.4.2.3.3. Nitrates et nitrites

Les engrais et la décomposition des matières organiques animales ou végétales sont à


l’origine des fortes concentrations observées dans certaines eaux en ces éléments. Le danger
que représentent les nitrates pour la santé réside dans leur réduction en nitrites. En effet, ce
phénomène qui se manifeste au niveau de la bouche et de l’estomac conduit à la
transformation de l’hémoglobine du sang en méthémoglobine, laquelle est inapte au
transport de l'oxygène. Il en résulte une maladie particulièrement grave pour les
nourrissons, la méthémoglobinémie.
I.4.2.3.4.Fluorures

Si à faibles doses le fluor est un élément protecteur de l’émail des dents, à fortes doses, il
entraîne la fluorose du squelette et présente même une toxicité aiguë.

I.4.2.3.5. Cyanures

Les cyanures sont pratiquement indissociables de la vie et de l'industrie; les aliments en


contiennent pratiquement tous des traces, certains même en possèdent des quantités
relativement élevées (amandes, manioc). L’organisme humain n’est pas affecté par de
faibles concentrations de cyanures car il a la faculté de les transformer en thiocyanates.
Cependant, une dose de 50 à 60 mg/L est mortelle.

I.4.2.3.6. Sodium

Le sodium se trouve dans de nombreux minéraux, en particulier le sel gemme. Le salage des
routes dans les pays froids, les adoucisseurs ménagers qui utilisent NaCl pour leur
régénération, contribuent à l’augmentation de la concentration des eaux en chlorures. Les
zones côtières où existent des possibilités d'infiltration de l’eau de mer sont également
sujettes à ce type de phénomène. Une eau chargée en chlorures présente de graves dangers
pour les personnes atteintes d’hypertension et d’insuffisance cardiaque.

I.4.2.3.7. Fer et manganèse

Le fer et le manganèse sont des éléments essentiels pour l’homme. Le premier est
fondamental pour sa nutrition, le second intervient dans un grand nombre de processus
enzymatiques. Des teneurs excessives en fer et en manganèse génèrent certains ennuis pour
les consommateurs:

− linge taché,
− aspect peu engageant de l’eau et mauvais goût.

I.4.2.3.8. Cuivre

Le cuivre, fréquemment présent dans les eaux de surface, ne constitue pas un danger pour le
consommateur, mais tout comme le fer et le manganèse, il provoque des tâches sur le linge
et confère à l’eau un goût désagréable.

I.4.2.3.9. Aluminium

L’aluminium est universellement répandu dans la nature. Si à priori, il ne présente pas de


toxicité, on le soupçonne toutefois d'être un danger pour les personnes hémodialysées.

I.4.2.3.10. Zinc

Le zinc est un élément abondant, essentiel à la nutrition où il intervient dans les


phénomènes enzymatiques. Il donne à l’eau un goût astringent.
I.4.2.3.11. Chrome

Le chrome hexavalent, chromates par exemple, existe à l’état naturel. C’est une forme
instable qui a tendance à se transformer en chrome trivalent. A l’état hexavalent, il est nocif
et entraîne des cancers de l’appareil digestif, alors que sous son degré d’oxydation inférieur,
il est indispensable au métabolisme.

I.4.2.3.12. Mercure

La source naturelle du mercure dans l'environnement est constituée essentiellement par les
émanations gazeuses de l’écorce terrestre. L’industrie des ciments, l’incinération des
déchets, la combustion du charbon et du pétrole, sont également sources de pollutions
mercurielles. Les intoxications par le mercure sont graves et se manifestent par des troubles
neurologiques et rénaux. Le drame qui a endeuillé le Japon, voici quelques années, suite à la
consommation par des populations côtières de poissons péchés dans des zones polluées par
le mercure, est dans les mémoires. Actuellement, en Europe, on s’efforce de récupérer,
lorsqu’elles sont déchargées, les piles "au mercure", largement utilisées dans une multitude
d’appareils, en vue d’éviter une éventuelle contamination de l’environnement par le
mercure qu’elles contiennent.

I.4.2.3.13. Plomb

Le plomb est l’un des constituants de l'écorce terrestre et se retrouve dans de nombreux
minéraux. Il peut se présenter aussi sous forme organique, tel le plomb tétra éthyle utilisé
pour améliorer l’indice d’octane des carburants. Pendant très longtemps, le plomb a été
utilisé en peinture et en tuyauterie. Son accumulation dans l’organisme provoque une
maladie connue depuis l’antiquité, le saturnisme.

I.4.2.4. OXYGENE DISSOUS

La présence d’oxygène dissous est nécessaire à une eau pour qu’elle soit agréable à
consommer. Les eaux souterraines sont en général moins oxygénées que celles de surface et
nécessitent souvent une aération.

I.4.2.5. MATIERES ORGANIQUES

On interprète, souvent à tort, la présence de matières organiques comme synonyme de


pollution. Il convient de dire que ce n’est pas tant l’existence de ces matières organiques
dans l’eau, que leur origine, qui traduit une pollution. En effet, les matières organiques
végétales ne présentent pas de danger. Ce sont les trihalométhanes, des produits issus de
réactions avec les matières organiques, lors de traitements inappropriés de l’eau, qui
présentent des dangers pour le consommateur.
I.4.3. PARAMETRES BACTERIOLOGIQUES

I.4.3.1. PLANCTON

Le plancton (phytoplancton et zooplancton) se rencontre particulièrement dans les eaux


superficielles où il entraîne différents désordres dans les installations de traitement. Par
ailleurs, l’eau prend une mauvaise odeur et son aspect n’incite guère le consommateur à la
boire.

I.4.3.2. MICROORGANISMES

La présence, toujours possible, de micro-organismes (virus, bactéries,…) dans les eaux,


conduit à l’obligation de soumettre celles destinées à la consommation humaine à un
traitement de désinfection. Il s’agit là :

− d'une nécessité pour les eaux de surface ;


− d’une sage précaution pour les eaux souterraines.

De même que dans le domaine physico-chimique, il existe des normes microbiologiques qui
doivent être impérativement respectées. Ces normes sont souvent basées sur des tests
rapides de détection de contamination fécale de l’eau tels que ceux destinés à rechercher les
coliformes et Eschérichia Coli. Toutefois, les germes les plus redoutables sont, entre autres,
les salmonelles et les staphylocoques.

I.4.4. AUTRES CRITERES

Des critères qui n’ont pas trait à la qualité des eaux, peuvent intervenir lorsque se pose le
problème du choix d’un approvisionnement en eau. Ces critères sont essentiellement
techniques et économiques.

I.4.4.1. QUANTITE D’EAU DISPONIBLE

Lors de la prise de décisions, il y a lieu de considérer les facteurs suivants:

− importance des réserves,


− régularité du débit.

I.4.4.2. COUT DE L’APPROVISIONNEMENT

A qualité égale, on privilégiera les eaux dont la mise à disposition des populations entraînera
le moindre coût. Seront donc prises en considération, les dépenses entraînées par

− la recherche,
− l’exploitation,
− le transport,
− le traitement.
I.5. IMPURETES RENCONTREES DANS LES EAUX

La pollution rencontrée dans les eaux a essentiellement pour origine :

• les effluents domestiques

• les effluents agricoles,

• les effluents industriels.

On peut distinguer une pollution habituelle et une pollution accidentelle.

• Pollution habituelle

Celle-ci est liée aux modes de vie et aux diverses activités qui existent sur un périmètre
donné.

• Pollution accidentelle

Elle peut résulter d’évènements fortuits :

• Inondations

• Catastrophe naturelle

• Conflit.

Le classement des polluants peut se faire de multiples façons qui présentent chacune des
avantages et des inconvénients. Le classement que nous avons adopté ci-dessous s’appuie
essentiellement sur des critères chimiques. Un paragraphe particulier sera consacré à la
pollution biologique.

I.5.1. POLLUANTS ET MICROPOLLUANTS MINERAUX

On distingue en général ceux qui affectent seulement les propriétés organoleptiques de


l’eau et ceux qui sont indésirables ou toxiques.

− pour les premiers : fer, manganèse, zinc, cuivre. Signalons toutefois que le cuivre
peut devenir toxique au-delà d’une certaine concentration.
− pour les seconds : métaux lourds, fluor, arsenic. Ces éléments font l’objet de normes
sévères.

D’autres éléments présentent également des dangers. Nous citerons particulièrement :

− le phosphore et ses dérivés. Ils sont responsables du développement des algues et de


l’eutrophisation des retenues d’eau.
− les éléments radioactifs. Le développement de l’industrie nucléaire sous toutes ses
formes génèrent des risques particuliers à l’encontre desquels il convient de protéger
les populations.
I.5.2. POLLUANTS ET MICROPOLLUANTS ORGANIQUES

I.5.2.1. PHENOLS ET DERIVES

Ces composés sont l’indice d’une pollution industrielle et leur inconvénient majeur réside
dans le goût particulier qu’ils confèrent à l’eau, suite à une formation de chlorophénol. La
toxicité des phénols et leurs dérivés n’a pas été établie pour les concentrations trouvées
dans les eaux. Il conviendra cependant de réduire au maximum leur concentration.

I.5.2.2.HYDROCARBURES

Les hydrocarbures présents dans l’eau proviennent essentiellement des industries du


pétrole.

Ils sont de nature variée et correspondent en général à des produits lourds et peu volatils :

− pétrole, kérosène, fuel,


− huiles, lubrifiants divers,
− essences.

La toxicité de ces produits n’apparaîtrait que pour des concentrations dépassant largement
celles qui correspondent aux seuils de détection, exception faite toutefois pour les composés
aromatiques qui sont cancérigènes.

La vitesse de biodégradation des hydrocarbures est très faible, et le retour à la normale


d’une eau souterraine qu’ils auraient polluée exigera plusieurs années. Par ailleurs, les
hydrocarbures ont tendance à créer un film superficiel qui isole l’eau de l’atmosphère,
ralentissant ainsi sa réoxygénation ; les phénomènes d’auto-épuration s’en trouveront
affectés.

Les installations de traitement des eaux connaîtront également certains inconvénients liés à
la présence des hydrocarbures ; c’est ainsi que les phénomènes de floculation et de
décantation seront rendues difficiles.

I.5.2.3. DETERGENTS

Les détergents sont des composés tensioactifs synthétiques dont la présence dans les eaux
est due aux rejets d’effluents domestiques et industriels.

Les détergents comprennent en général deux types de produits actifs :

• les agents de surface,

• les adjuvants.

Les premiers ont la propriété d’abaisser la tension superficielle de l’eau ; ce qui leur confère
un pouvoir nettoyant apprécié.
Les seconds améliorent :

- les performances des agents de surface ; c’est le cas des enzymes ;


− l’aspect des produits, couleur, parfum …

On s’efforce actuellement à mettre sur le marché des produits dont la biodégradabilité est
importante. Les agents de surface les plus utilisés sont du type anionique, mais l’emploi des
agents non anioniques tend à se développer. Les polyphosphates constituent des adjuvants
traditionnels.

Les inconvénients liés à la présence de détergents tiennent à :

− la formation de boue ; ce qui :

• contrarie les processus d’épuration ;

• concentre les impuretés ;

• contribue à la dissémination des micro-organismes.

− l’obstacle qu’ils créent à une bonne oxygénation de l’eau ;


− l’apparition d’un goût de savon pour ces dernières ;
− l’augmentation de la concentration en :

• phosphates ; ce qui favorise l’eutrophisation ;

• perborates.

Les détergents ne sont pas toxiques, en général, et les enzymes qui ont été à la mode à une
certaine époque n’ont pas apporté de nuisances particulières, ni au milieu récepteur, ni aux
stations.

I.5.2.4. PESTICIDES ET PRODUITS PHYTOSANITAIRES

On appelle pesticide les produits utilisés pour lutter contre les organismes nuisibles à la
santé, ou qui s’attaquent aux ressources végétales et animales nécessaires à l’alimentation.
Ces pesticides peuvent s’accumuler dans les cellules animales et végétales, et entraîner de
graves nuisance à l’ensemble de l’environnement.

Il existe une grande variété de ces produits que l’on classe en différents groupes :

− les organochlorés : DDT, Aldrine, …


− les organophosphorés : Parathion, Profénofos, …
− les organoazotés : dérivés de l’urée, carbamates …
− les organométalliques ;
− certaines substances minérales : sulfate de cuivre, arséniates …
Le transfert de tous ces produits vers les zones d’approvisionnement en eaux brutes se fait
par le ruissellement ou l’infiltration.

Les facteurs qui influent sur le transfert sont :

− la solubilité spécifique des produits ;


− leur stabilité vis-à-vis de la dégradation physico-chimique et biochimique ;
− la nature du sol ;
− le volume et l’intensité des pluies.

Les pesticides peuvent être à l’origine d’odeurs et de goûts. Ils provoquent une intoxication
lente ou aiguë de la faune aquatique et entraîne la disparition du plancton.

Les insecticides organochlorés sont beaucoup plus toxiques pour les poissons que les
organophosphorés, les herbicides beaucoup moins que les insecticides, en général. Sur
l’homme, on peut constater des intoxications aiguës ou chroniques. Dans l’ensemble, les
organophosphorés sont beaucoup plus toxiques pour l’homme et les mammifères que les
organochlorés, à l’exception du malathion, organophosphoré peu toxique, et de l’endrine,
organochloré dont la toxicité est élevée.

I.5.3. POLLUANTS ET MICROPOLLUANTS BIOLOGIQUES

I.5.3.1. MICRO-ORGANISMES ET VIRUS

Cette forme de pollution peut affecter aussi bien les eaux de surface que les eaux
souterraines.

I.5.3.2. SECRETION DE LA MICROFLORE ET MICROFAUNE

Les algues et les actinomycètes peuvent développer dans les eaux des goûts et des odeurs
particulièrement désagréables. Ces organismes sont, en outre, à l’origine d’une
augmentation de la turbidité et donnent à l’eau une coloration suspecte.

I.5.4. IMPURETES DES REACTIFS DE TRAITEMENT DES EAUX

Les réactifs utilisés pour le traitement des eaux de consommation ne doivent pas introduire
d’impuretés susceptibles de persister dans l’eau, après traitement. Il conviendra donc de
veiller attentivement à ce qu’il n’y ait pas apport de composés indésirables par
l’intermédiaire des produits de traitement.

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