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L’eau : aspects fondamentaux

Chapitre I : L’eau : aspects fondamentaux

En tant que composé essentiel à la vie, l’eau a une grande importance pour l'Homme.
Source de vie et objet de culte depuis les origines de l'homme, l'eau est conjointement, dans
les sociétés d'abondance comme la France, un produit de l'économie et un élément majeur de
l'environnement
L’eau est un composé chimique ubiquitaire sur la Terre, essentiel pour tous les
organismes vivants connus :
 Le corps humain est ainsi composé à 65 % d’eau pour l'adulte, (75 % chez les
nourrissons) et chez les embryons de 3 jours 94 % ;
 Les trois quarts du cerveau humain se composent d’eau. ;
 L’eau constitue 75 % d’un arbre vivant ;
 L’être humain peut survivre un mois sans nourriture, mais seulement de cinq à sept
jours sans eau.

1. Etymologie et usage du mot :


Le terme eau dérive du latin aqua. Un mélange aqueux est un mélange dont le solvant
est l'eau. Par eau, on comprend souvent liquide incolore constitué à majorité d'eau, et pas
simplement l'eau pure. Suivant sa composition chimique qui induit son origine ou son usage,
on précise :
 eau minérale, eau de source, eau de mer, eau douce, eau potable, eau de pluie, eau du
robinet, eau de table, eau gazeuse, eau plate…
 En chimie, on parle d'eau lourde, eau dure, eau distillée.
 Pour un usage plus ancien, on parle de l'eau-forte pour l’acide nitrique dilué, de l'eau
régale pour un mélange d'acides qui dissout l'or mais aussi l'eau-de-vie, de l'éthanol
dilué d'eau potable.
 Une femme perd ses eaux avant l'accouchement.

L’eau est quelque fois désignée sous le nom de « solvant universel ». La formule
chimique de l’eau pure est H2O. L’eau « courante » est une solution d'eau et de différents sels
minéraux ou d'autres adjuvants. Pour cette raison, l’eau qu’on trouve sur Terre n’est
qu’exceptionnellement un composé chimique pur.

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2. Propriétés physiques de l’eau :


 L’eau se trouve sous 3 états : état solide, état liquide, état gazeux ;
 L’eau est incolore, inodore, sans saveur quand elle est pure ;
 Elle peut dissoudre de nombreuses matières pour donner des solutions ;
 Elle repousse presque toutes les substances organiques (huile, pétrole, ....) pour former
des émulsions ;
 Une des propriétés physiques les plus particulières de l'eau est que, lorsqu'elle gèle
dans les lacs, les rivières..., elle ne commence pas à geler par le fond mais par la
surface. Ceci est dû au fait que la glace est plus légère que l'eau. En effet, l'eau
augmente de volume en se solidifiant, sa densité va donc être moindre. Ainsi, la glace
va flotter à la surface de l'eau. Et de cette façon, elle permet le maintien de la vie aux
organismes qu’elle contiennent, ce qui contribue à leur survie.
– densité de la glace : 0,920 g/cm3
– densité de l'eau : 0, 997 g/ cm3.
La température de vaporisation de l'eau dépend directement de la pression
atmosphérique comme le montrent ces formules empiriques :

 Pression normalisée dans la troposphère (0 - 11 km) :

 Point d'ébullition :

Par exemple, au sommet de l'Everest, l'eau bout à environ 68 °C, à comparer aux
100 °C au niveau de la mer. Réciproquement, les eaux profondes de l'océan près des courants
géothermiques (volcans sous-marins par exemple) peuvent atteindre des températures de
centaines de degré et rester liquides.
Dans le tableau 1, sont rassemblées quelques propriétés physiques de l’eau et leurs
conséquences sur l’environnement.

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Tableau 1 : propriétés physiques de l’eau et leurs conséquences sur l’environnement


Propriétés Remarques Conséquences sur l’environnement
Densité la plus élevée au- Rend le gel plus difficile ; les lacs gèlent à partir de la surface, dans les
dessus du point de fusion profondeurs, la température est toujours de 4°C ; alternance des différentes
Densité (vers 4°C) couches d’eau au printemps ou à l’automne ; des blocs de pierre contenant des
Augmentation du volume en inclusions d’eau explosent (formation des sols) ;
gelant
Points de fusion et Permet l’existence d’eau liquide à la surface du sol ;
Extrêmement élevés
d’ébullition
La plus grande capacité Sert de tampon contre les changements extrêmes de température ; stockage de
calorifique de tous les grande quantités de chaleur même pour de petites différences de température (les
Capacité calorifique
fluidesa) [75,366 J/(K mol) à océans et les lacs servent de réservoirs de chaleur) ;
20°C]
Rend plus difficile le gel complet des masses liquides (océans et lacs) jusqu’au
Conductivité thermique Faible b)
fond ;
La plus grande enthalpie Effet de refroidissement lors de la transpiration des plantes, des animaux et des
Enthalpie d’évaporation d’évaporation de tous les hommes (avec seulement de faibles pertes d’eau) ;
liquides (2281,9 kJ/mol)
Petite baisse du point de fusion dans de l’eau contenant du sel, par conséquent
Enthalpie de fusion 6,01 kJ/mol formation d’une couche de glace (protection) à des températures voisines de 0°C c)
jusqu’à ce que toute l’eau se soit solidifiée ;

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La plus grande tension Facilite la formation de goûtes dans les nuages et de la pluie ;
Tension superficielle superficielle de tous les
liquides, excepté le mercure
Solvant remarquable pour un grand nombre de composés polaires et es sels (ions) ;
Moment dipolaire élevé transport de substances dissoutes dans le circuit hydrologique et dans les
Moment dipolaire
Constante diélectrique très organismes vivants ; transport jusqu’aux cimes des arbres ; l’eau est retenue dans
Constante diélectrique
élevée les sols pour les plantes dans une forme disponible (adsorption) et ne suit pas
seulement l’effet de la gravitation ;
Importante dans le domaine Importante pour la régulation des activités biologiques (photosynthèse) et de la
de l’infra-rouge ; transparent température de l’atmosphère (réchauffement des eaux de surface ; effets de serre
Absorption à la lumière
à 180…780 nm, moins de source naturelle) ;
importante dans le visible

a) A l’exception de l’hydrogène liquide ;


b) L’eau a la plus grande conductivité thermique spécifique de tous les liquides (à l’exception du mercure Hg), cependant, elle reste faible par
rapport aux métaux : eau 0,0059 J/(cm s K), glace 0,022 J/(cm s K) ; le cuivre par exemple : 3,93 J/(cm s K) ;
c) Point de fusion de l’eau de mer contenant une proportion massique en sel de 2,463% : -1,338 °C.

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3. L'eau sur Terre et dans l'Univers :


3.1 Origine de l'eau sur Terre :
Selon la conception actuelle :
 l'hydrogène est produit très tôt dans l'histoire de l'Univers, c'est le premier atome
formé ;
 l'oxygène est le produit un peu plus tardif de réaction de fusion thermonucléaire au
sein de certaines étoiles ;
 ces deux atomes se combinent au cours d'une réaction exothermique pour former
l’eau ;
 lorsque la Terre s'est formée, l’eau était une des molécules présentes en quantité
importante (comme dans les météorites et comètes).

3.2 Présence d'eau dans l'Univers :


L'eau a été trouvée dans des nuages interstellaires dans notre galaxie, la Voie lactée.
On pense que l'eau existe en abondance dans d'autres galaxies aussi, parce que ses
composants, l'hydrogène et l'oxygène, sont parmi les plus abondants dans l'Univers.
Les nuages interstellaires se concentrent éventuellement dans des nébuleuses solaires et des
systèmes stellaires tels que le nôtre. L'eau initiale peut alors être trouvée dans les comètes, les
planètes, les planètes naines et leurs satellites.
La forme liquide de l'eau est seulement connue sur Terre, bien que des signes
indiquent qu'elle soit (ou ait été) présente sous la surface d'un des satellites naturels de
Saturne, Encelade et à la surface de Mars. Il semblerait qu'il y ait de l'eau sous la forme glace
sur la Lune en certains endroits; mais ça reste à confirmer. La raison logique de cette assertion
est que de nombreuses météorites y sont tombées et que les grosses météorites contiennent de
la glace, d'où la queue qu'on en voit (quand les vents solaires les touchent, laissant une traînée
de vapeur).

3.3 Les formes de l'eau sur Terre


L'eau liquide est trouvée dans toutes sortes d'étendues d'eau, telles que les océans, les
mers, les lacs, et de cours d'eau tel que les fleuves, les rivières, les torrents, les canaux ou les
étangs. La majorité de l'eau sur Terre est de l'eau de mer. L'eau est également présente dans
l'atmosphère en phase liquide et vapeur. Elle existe aussi dans les eaux souterraines
(aquifères) (figure 1).

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Figure 3 : Répartition de l’eau sur la terre


Le volume approximatif de l'eau de la Terre (toutes les réserves d'eau du monde) est
de 1 360 000 000 km3, (tableau 1). Dans ce volume :
 1 320 000 000 km3 (97,2 %) se trouve dans les océans,
 25 000 000 km3 (1,8 %) se trouve dans les glaciers et les calottes glaciaires,
 13 000 000 km3 (0,9 %) sont des eaux souterraines,
 250 000 km3 (0,02 %) sous forme d'eau douce dans les lacs, les mers intérieures, et les
fleuves,
 13 000 km3 (0,001 %) sous forme de vapeur d'eau atmosphérique à un moment donné.
Tableau 2 : Volume d’eau contenu dans les différents réservoirs

Réservoirs Volume (106 km3) Pourcentage du total


Océans 1320 97,25
Calottes glaciaires & glaciers 29 2,05
Eau souterraine 9,5 0,68
Lacs 0,125 0,01
Humidité des sols 0,065 0,005
Atmosphère 0,013 0,001
Fleuves et rivières 0,0017 0,0001
Biosphère 0,0006 0,00004

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3.4 Cycle de l’eau :


Le cycle de l'eau connu scientifiquement sous le nom de cycle hydrologique se
rapporte à l'échange continu de l'eau entre l'hydrosphère, l'atmosphère, l'eau des sols, l'eau de
surface, la nappe phréatique, et les plantes.
La quantité d’eau sur Terre est inchangée depuis plus de 3,5 milliards d’années. Elle
ne se perd pas, ne se crée pas, elle se transforme juste. Le moteur est l’énergie solaire : c’est
elle qui entraîne les changements d’état de l’eau (condensation, évaporation, …). On va parler
de cycle de l’eau ; il se déroule à la fois sur terre et dans l'atmosphère.
Chauffée par le soleil, l’eau des océans, des mers, des rivières et des lacs s’évapore. A
ce volume s’ajoute la vapeur d’eau issue de l’évapotranspiration des plantes. Toute cette
vapeur d’eau monte dans l'atmosphère et se refroidit. Elle se condense alors et forme des
goutte ou des cristaux. Les nuages ainsi constitués se déplacent avec le vent. Ils laissent
échapper leur contenu sous forme de précipitations (pluie, neige, grêle) ou de brouillard. La
plus grande partie de l’eau tombe directement dans les océans. Le reste atteint les continents,
où 60% s’évapore à nouveau, seul 25% s’infiltre dans la terre et alimente les nappes
souterraines, enfin 15% ruisselle et rejoint les cours d'eau … pour retrouver ensuite l’océan
(figure 1). Et le cycle recommence …

Figure 2 : Cycle de l’eau


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 Ce cycle se divise en deux parties intimement liées :


 une partie atmosphérique qui concerne la circulation de l’eau dans
l’atmosphère, sous forme de vapeur d’eau essentiellement,
 une partie terrestre qui concerne l’écoulement de l’eau sur les continents, qu’il
soit superficiel ou souterrain.
 Le cycle de l’eau est à deux vitesses : lent dans les océans, rapide sur terre.
 Sur les océans, il pleut moins d'eau (390 000 km3 par an) qu'il ne s'en évapore
(430 000 km3) ; l'équilibre est maintenu par les 40 000 km3 qu'apportent les
fleuves. Sur les terres, il pleut 110000 km3 d'eau ; 70000 km3 s’évaporent, le
reste forme les 40000 km3 qui iront rejoindre l'océan.
 Cycle lent dans les océans, où une goutte d'eau reste en moyenne 2500 ans, et
dans les eaux souterraines : 1400 ans en moyenne. Il est rapide à la surface des
terres : une goutte d'eau demeure en moyenne 16 jours dans une rivière et 8
jours dans l'air. Elle ne transite que quelques heures dans une cellule vivante.

3.4.1 La dynamique du cycle de l’eau.


En moyenne sur l’année et sur l’ensemble du globe terrestre, 65% des précipitations
qui arrivent à terre s’évaporent, 24% ruissellent et 11% s’infiltrent. Les eaux douces de la
planète, c'est-à-dire celles dont la salinité est inférieure à 3 grammes par litre, ne représentent
que 3% en volume de toute l’eau de l’hydrosphère et encore toute cette eau n’est-elle pas
disponible, la majeure partie étant gelée aux pôles (figure 3). Le volume des eaux douces
directement utilisable est finalement d’environ 9 millions de kilomètres cubes, dont la plus
grande part consiste en eau souterraine. En conséquence malgré les impressionnantes
quantités d’eau présentes sur notre planète, nous ne pouvons disposer de fait pour notre
consommation que d’une part infime de toute cette eau. Mais il ne faut pas oublier que l’eau
circule en permanence entre les différents réservoirs : ainsi, même si les stocks sont limités,
certains sont en permanence renouvelés.

Figure 3 : L’eau dans l’hydrosphère

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3.4.2 Le renouvellement des stocks :


Au cours du cycle de l’eau, des transferts incessants d’importantes masses d’eau se
produisent entre les différents réservoirs de la planète. Ce phénomène entretient souvent l’idée
que l’eau est une véritable ressource renouvelable. Mais cela n’est pas aussi simple car tout
dépend en fait du réservoir considéré. L’accès à l’eau douce n’est donc pas équitable.
En effet, toute l’eau ne participe pas en permanence au cycle. Autrement dit, chacune des
molécules d’eau de l’hydrosphère ne circule pas constamment d’un réservoir à l’autre de la
planète. Une molécule peut en effet rester durant un certain temps dans un réservoir et la
durée moyenne durant laquelle une molécule d’eau réside dans un réservoir est appelée temps
de résidence. Ces temps de résidence dépendent de la rapidité des transferts : plus ils sont
rapides, plus les temps de résidence sont courts.
Les temps de résidence moyens dans les différents réservoirs de surface sont donnés à titre
indicatif dans le tableau ci-dessous
Tableau 3 : temps de résidence dans les différents réservoirs

Les réservoirs Les temps de résidence


Océans 2 500 ans
Eaux continentales :

Glaciers 1 600 à 9 700 ans

Eaux souterraines 1 400 ans

Mers intérieures 250 ans pour la mer Caspienne qui


contient 80% de tout le volume d’eau de
ce réservoir
Lacs d’eau douce 17 ans pour les grands lacs
1 an pour les autres lacs
Humidité des sols 1 an
Rivières 16 jours
Atmosphère (humidité de l’air) 8 jours
Biosphère (cellules vivantes) quelques heures

L’avantage de ces transferts est qu’ils permettent aux réserves de se renouveler : plus
le temps de résidence dans un réservoir est court, plus l’eau de ce réservoir est rapidement
renouvelée.

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3.4.3 Composition :
Tout au long de son parcours, l’eau se charge en sels minéraux, oligo-éléments,
matières organiques, bactéries, produits chimiques... Ce sont des éléments en suspension ou
en solution. Sa composition varie d’une région à l’autre suivant les roches et les sols qu’elle
traverse.
4. Utilisations de l’eau :
L’activité humaine qui consomme le plus d’eau traitée est l’agriculture, avec 68 % de
la consommation, viennent ensuite la consommation humaine (24 %), l'industrie (5 %) et la
production d'énergie (3 %).

4.1 Dans l'agriculture :


L’agriculture est le premier secteur de consommation d’eau, notamment pour
l’irrigation. En Algérie, 70 % de l’eau sert à l’agriculture.
Tableau 4 : surface disponible pour l’agriculture
Moyen
Orient Afrique
Amérique
Monde Asie Afr. Sub- OCDE Russie
Latine
Nord Saharienne

Surface
cultivée 1600 439 203 86 228 387 265
2000 (a)
Surface
Cultivable 4152 586 1066 99 1031 874 497
(b)
a/b 39% 75% 19% 87% 22% 44% 53%

4.2 Dans l'industrie :


L’industrie a besoin d’eau pure pour de multiples applications, et elle utilise une
grande variété de techniques de purification à la fois pour l’apport et le rejet de l’eau.
L’eau est aussi utilisée dans beaucoup de processus industriels et de machines, tels que la
turbine à vapeur ou l’échangeur de chaleur : on peut ajouter à cela son utilisation comme
solvant chimique.

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4.3 Dans la lutte contre les incendies :


C’est parce que les combustibles se combinent avec l’oxygène de l’air qu’il brûlent et
dégagent de la chaleur. L’eau ne peut pas brûler, puisqu’elle est déjà le résultat d’une
combustion : celle de l’hydrogène avec l’oxygène.
Elle éteint le feu pour deux raisons, la première étant que lorsqu’un objet est recouvert d’eau,
l’oxygène de l’air ne peut pas parvenir jusqu’à lui et activer sa combustion ; la seconde, et
c’est la principale, est que l’eau peut absorber et retenir une grande quantité de chaleur
lorsqu’elle se vaporise. De ce fait, la température de l’objet qui brûle s’abaisse au-dessous de
son point d’ignition.

4.4 Dans l'alimentation :


L’accès à l’eau est un besoin vital pour toutes les espèces, mais nombreux sont les
animaux qui n’apprécient pas son contact direct. Ce qui explique que les fleuves aux berges
artificielles et canaux soient des barrières écologiques importantes.
 Les deux tiers de l’eau consommée par une famille moyenne sont utilisés dans la salle
de bains.
 La chasse d’eau d’une toilette utilise de quatre à six gallons d’eau chaque fois qu’elle
est tirée.
 Le Danois moyen consomme huit fois moins d’eau que le Canadien moyen.
 Les Africains subsahariens consomment de 10 à 20 litres d’eau par jour; les Nord-
Américains, 700 litres quotidiennement

Figure 4 : Répartition de la consommation d’eau dans la maison

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5. Politique et géopolitique :

La protection de ce bien commun qu'est la ressource en eau a motivé la création d'un


programme de l'ONU (« UN-Water »), et d'une évaluation annuelle « Global Annual
Assessment of Sanitation and Drinking-Water » (GLAAS), coordonné par l'OMS.
La multiplicité de ses usages fait de l'eau une ressource fondamentale des activités humaines.
Sa gestion fait l’objet d'une surveillance permanente et affecte les relations entre les États.
La nouvelle Loi sur l'Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2007 modifie en
profondeur la précédente loi et traduit dans la législation française la Directive Cadre de l'Eau
(DCE) européenne. La gestion de l’eau couvre de nombreuses activités :
 la production agricole (irrigation et drainage) ;
 la production d'eau potable ;
 l'assainissement (ou épuration) ;
 la production d'énergie et le transport ;
 la restauration, protection et gestion des milieux naturels et forestiers (zones humides
et milieux aquatiques).

6. Situation mondiale :
La Terre est à 72 % recouverte d'eau. 97 % de cette eau est salée, et 2 % emprisonnée
dans les glaces. Il n'en reste qu'un petit pourcent pour irriguer les cultures et étancher la soif
de l'humanité toute entière.
En 2007 :
 Sur 6,4 milliards d'êtres humains, plus d'un milliard n'a pas du tout accès à l'eau
potable ;
 Plus de 2,5 milliards ne disposent pas de système d'assainissement d'eau ;
 Aujourd'hui, dans le monde, 2 milliards d'êtres humains dépendent de l'accès à un
puits.
 Il faudrait mobiliser 30 milliards de dollars par an pour répondre au défi de l'eau
potable pour tous, quand l'aide internationale est à peine de 3 milliards.
Selon l'ONG « Transparency International », la corruption grève les contrats de l'eau
dans de nombreux pays entraînant des gaspillages et des coûts excessifs pour les plus pauvres.

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L’eau : aspects fondamentaux

Figure 4 : Part de la population ayant accès à l'eau potable.


6.1 Les conséquences sanitaires :
L'impossibilité d'accès à l'eau potable d'une grande partie de la population mondiale a
des conséquences sanitaires graves. Ainsi :
 un enfant meurt toutes les 5 secondes ;
 Selon le Groupe de travail du Millénaire sur l’eau et l’assainissement, les femmes
africaines consacrent 40 milliards d’heures par année à l’approvisionnement en eau ;
 entre 40 et 80 millions de personnes ont été déplacées à cause des 47 455 barrages
construits dans le monde dont 22 000 en Chine.
 Plus de 4000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de diarrhées liées à
l’absence d’assainissement et d’un manque d’hygiène ;
 Chaque année, 443 millions de jours de scolarité sont perdus à cause d'infections
transmises par l'eau insalubre.

6.2 Comparaison de consommation d'eau dans le monde :


L'O.M.S. a défini un minimum vital de 1000m3 par habitant par an. La consommation
d'eau est très inégale sur les plans quantitatifs et qualitatifs et selon les niveaux de
développement des pays :
 3000 m³/habitant/an dans les pays européens.
 9985 m³/habitant/an aux États-Unis.
 200 m³/habitant/an dans des pays en développement comme l'Angola ou l'Éthiopie.
 20 litres par jour par habitant au Mali ou à Haïti.

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Les associations humanitaires pointent du doigt ces disparités. Un Américain utilise


600 litres d'eau par jour et un Européen 200, quand un Africain doit survivre avec moins de
30 litres.

7. Situation en Algérie
Les ressources renouvelables de l’Algérie, en comparaison avec d’autres pays du
Bassin Méditerranéen sont assez faibles (19 km3). Les eaux renouvelables sont
majoritairement issues des précipitations qui excèdent 400 mm par an sur les plaines littorales
septentrionales. Le reste du pays est donc plus ou moins aride mais des eaux souterraines, non
renouvelables, existent sous forme d’une vaste nappe aquifère dite du Sahara. La répartition
des ressources est donc géographiquement très inégale.
L’exploitation de ces ressources fait apparaître des besoins et des aménagements
classiques. La demande agricole est la plus importante (60 %) et nécessite l’installation
d’aménagements de prélèvement (forages), de stockage (barrages) ou de distribution
(périmètres irrigués). Les mêmes infrastructures servent également pour répondre à la
demande industrielle et énergétique (6 %) et urbaine (35 %) au sens large puisque les besoins
domestiques y sont incorporés. On notera enfin que le développement industriel et la forte
urbanisation provoquent un essor des besoins associés

7.1 Les problèmes de l’eau en Algérie :


L’Algérie post-indépendante s’est peu préoccupée, dans un premier temps, de ses
équipements hydrauliques et de ses périmètres irrigués, souvent en piteux état. La « voie
industrielle » a ici primé et un retard hydraulique d’une bonne dizaine d’années est venu
déséquilibrer un développement, par ailleurs fulgurant, des unités industrielles et des villes.
De ce fait, la population urbaine a dû subir des coupures d’eau très rigoureuses. Par ailleurs,
les barrages ont continué de perdre 2 à 3 % de leur capacité chaque année et certains sont
devenus inopérants.
Il est aujourd’hui difficile de distinguer les périmètres irrigués opérationnels de ceux
qui ne sont plus que potentiels. Mais le problème le plus préoccupant est certainement
l’alimentation en eau potable et industrielle. Les besoins des zones industrielles seront
satisfaits par des prélèvements importants dans les barrages ou les forages. Déjà, deux petites
unités de dessalement de l’eau de mer fonctionnent dans les deux complexes pétrochimiques
côtiers. Elles préfigurent, sans doute, les futures unités de grande taille que l’Algérie devra
édifier.

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L’eau : aspects fondamentaux

7.2 Le rationnement de l’eau à Alger :


Le nombre d’abonnés s’accroît plus vite que le volume d’eau distribué dans le Grand
Alger, entraînant une diminution de la dotation moyenne, qui passe de 1493 litres par abonné
en 1987 à 986 litres par abonné en 1992. La politique de rationnement de l’eau est vécue
inégalement par les habitants, et conduit à de fortes disparités dans la distribution et donc dans
les dotations par ménage. Ils sont certes raccordés, mais alimentés très irrégulièrement, voire
jamais. Il existe une réelle ségrégation devant la distribution en eau, avec des zones
alimentées 24h/24, d’autres en moyenne 18h/24 et des quartiers approvisionnés en moyenne
6h/24, parfois moins.
Le rationnement en eau induit de nouveaux comportements, à savoir l’installation de
citernes d’eau afin de stocker l’eau du robinet, au moment des heures de distribution. Les
citernes sont installées sur les terrasses et parfois au rez-de-chaussée des maisons ou encore à
l’intérieur des appartements. L’objectif est d’assurer une alimentation en continu et donc de
régulariser la distribution lorsque les plages horaires sont défavorables. La présence de
citernes conforte les usagers dans une situation privilégiée. Seuls les habitants à forts revenus
peuvent installer ces dispositifs en raison du prix élevé pour une telle acquisition.

7.3 La politique hydraulique algérienne


Les ressources ne sont pas négligeables, mais ne sont encore que mal mobilisées. Le
volume mobilisé par rapport aux disponibilités globales n’atteint que 16 % contre 65 % dans
la Tunisie voisine.
L’Algérie indépendante n’a pris que progressivement conscience de l’importance
d’une politique hydraulique comme clef du développement. Elle a peu construit pendant les
15 premières années ; le legs de l’époque coloniale n’a fait que se dégrader : envasement de
nombreux barrages, entartrage ou tarissement de forages. Depuis, malgré des travaux, les
barrages algériens continuent à perdre 2 à 3 % de leur capacité chaque année. Le pays est
passé à une politique hydraulique plus hardie et les résultats commencent à se faire sentir.

Le problème d’alimentation en eau est délicat pour 3 catégories d’agglomérations : les


grosses cités littorales, bien situées en contrebas des massifs, mais très fortes consommatrices
(Oran, Alger, Annaba) ; les villes haut perchées de l’axe médian (comme Sétif ou
Constantine) ; les villes des régions steppiques et sahariennes lorsqu’elles ne disposent pas de
nappes profondes. Les industries mises en place depuis vingt ans et orientées vers les activités
de base, sont de fortes consommatrices : la zone pétrochimique d’Arzew consomme autant

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L’eau : aspects fondamentaux

qu’une ville moyenne. Certains barrages construits à des fins agricoles se trouvent finalement
utilisés essentiellement pour les villes ou unités industrielles voisines. Les autorités ont
compris qu’une politique hydraulique n’était pas seulement un programme de mobilisation,
mais également une planification de la ressource. Cinq unités de dessalement de l’eau de mer
sont programmées pour la zone d’Arzew. De vastes transferts hydrauliques sont envisagés.

8. Comment satisfaire la demande croissante en eau :


Répondre à une demande continue et sans cesse croissante en eau requiert des efforts
pour pallier la variabilité naturelle et améliorer la qualité et la quantité de l’eau disponible :

a) Des solutions existent pour économiser la consommation d'eau, même en menant le mode
de vie d'un habitant d'un pays développé. Ainsi, 57 litres par jour et par personne suffiraient à
deux retraités vivant dans leur écovillage du Queensland (Australie). Leur maison ne
fonctionne qu'à l'eau de pluie (lessive, arrosage, toilette…).

b) L’eau de pluie est recueillie depuis des milliers d'années dans de nombreuses régions du
monde. Aujourd’hui, cette technique est utilisée en Asie pour reconstituer les réserves
souterraines en eau. Elle est relativement peu onéreuse et permet aux communautés locales de
développer et d’entretenir elles-mêmes les infrastructures requises.

c) Détourner les eaux de surface pour les réinjecter sous terre peut aider à réduire les pertes
dues à l'évaporation, pallier les variations de débit et améliorer la qualité de l’eau. Le Moyen-
Orient et les régions méditerranéennes mettent actuellement en pratique cette stratégie.

d) Des barrages et réservoirs sont construits afin de stocker de l'eau pour l'irrigation et la
consommation. En outre, les barrages peuvent fournir de l'électricité et aider à maîtriser les
inondations, mais ils peuvent aussi avoir des impacts sociaux et environnementaux
indésirables.

e) Procéder à des transferts d’eau entre différents bassins fluviaux peut également contribuer à
atténuer les problèmes de pénurie. La Chine, par exemple, dispose déjà de grandes
connexions entre bassins et en prévoit d'autres. Les impacts de ces projets sur les populations
et l'environnement doivent être étroitement surveillés.

16
L’eau : aspects fondamentaux

f) Les eaux usées sont maintenant réutilisées à différentes fins dans de nombreux pays, en
particulier au Moyen-Orient, et cette pratique devrait se répandre à l’avenir. L'eau non potable
est utilisée partout dans le monde pour l'irrigation et le refroidissement industriel. Les villes se
tournent également vers la réutilisation de l'eau pour compléter l'approvisionnement en eau
potable, profitant des progrès réalisés en matière de traitement de l’eau.

g) L’eau dessalée - l’eau de mer ou toute autre eau salée transformée en eau douce - est
utilisée par les villes et par l’industrie, en particulier au Moyen-Orient. Cette technique a vu
son coût baisser considérablement mais dépend fortement d'énergie produite à partir de
combustibles fossiles. Elle soulève par conséquent les problèmes de la gestion des déchets et
du changement climatique.

17
Eau potable

Chapitre II : Eau potable

1. Définition :
Une eau est dite potable quand elle satisfait à un certain nombre de caractéristiques la
rendant propre à la consommation humaine.
Les standards de référence dans ce domaine diffèrent selon les époques et les pays et
selon l'autorité en charge de cette définition dans certains pays. La directive 80/778/CEE,
relative à la qualité des eaux de consommation humaine regroupait 62 paramètres eux-mêmes
regroupés en cinq catégories. Les paramètres pouvant être réglementés sont :
 La qualité organoleptique : couleur, turbidité, odeur, saveur ;
 Certains paramètres physico-chimiques naturels : température, pH, chlorures, sulfates ;
 Des substances dites indésirables : nitrates, nitrites, pesticides, …etc. ;
 Des substances toxiques : arsenic, cadmium, plomb, hydrocarbures, …etc. ;
 Des paramètres microbiologiques : l'eau ne doit pas contenir d'organismes pathogènes.

– Pour chaque paramètre, un niveau guide (NG) était défini : c’est la valeur qui est
considérée comme satisfaisante et qu’il faut chercher à atteindre.
– Pour certains paramètres, une concentration maximale admissible (CMA) était fixée :
l’eau distribuée devait alors avoir une valeur inférieure ou égale à cette valeur.

1.1. Les paramètres organoleptiques :


La limpidité et la couleur sont des paramètres essentiels. Toute eau alimentaire doit
être limpide et incolore. On évalue ces critères au moyen des paramètres suivants :
1.1.1. Les Matières En Suspension (MES) : correspondent Particules véhiculées par l’eau.
Elles peuvent êtres de nature minérale (argile, sable, …) ou organique (débris, végétaux,
biomasse planctonique, …etc);
1.1.2. La turbidité : correspond aux particules fines appelées colloïdes qui rendent l’eau
trouble. Elle exprime l’atténuation d’un faisceau de lumière blanche au contact de particules
colloïdales. Elle est d’autant plus élevée que la densité des particules contenue dans l’eau est
forte. Son unité de mesure est NTU (Unit é de Turbidité Néphélometrique).

18
Eau potable

1.1.3. La couleur : est due à l’absorption de certaines bandes de la lumières par les substances
organiques dissoutes présentes dans l’eau et qui comportent des groupements chromatophores
(réfléchissent la lumière). Elle peut également être due à la présence de métaux: couleur «
rouille » due au fer et « noir » due au manganèse. Elle s’exprime par comparaison avec une
échelle de couleur étalon, obtenue à partir d’une solution de sel double de cobalt et de platine,
d’où son unité en mg/L de platine.
Les eaux de surfaces les plus colorées sont celles qui sont riches en substances
humiques.
1.1.4. La matière organique : est présente dans l’eau sous forme particulaire (solide) ou
dissoute. Elle est composée principalement d’atome de carbone, d’hydrogène, d’oxygène et
d’azote (CHON). Ce sont pour l’essentiel les molécules qui constituent la matière vivante
(glucides, lipides et protéines);
La matière organique présente dans l’eau peut avoir une origine naturelle (activité biologique
du milieu hydrique : décomposition des végétaux, de micro-organismes, …etc), ou peut être
liée à la pollution domestique, industrielle ou agricole,…etc.
Sa présence dans les eaux alimentaires pose 2 types de problèmes:
 Elle réagit avec les produits utilisés pour la désinfection de l’eau (en particulier le
chlore) et forme des sous produits indésirables (THM) ou à l’origine du mauvais goût
 Elle peut initier des problèmes de prolifération bactérienne dans les réseaux de
distribution (la matière organique est une source d’alimentation aux bactéries)

1.2. Les paramètres physico-chimiques naturels :


1.2.1. Les éléments caractéristiques:
Ils ne donnent pas lieu à des réactions d’hydrolyse ou de précipitation. Leurs
concentrations varient de manière indépendante dans l’eau. Il s’agit de sodium (Na+), du
potassium (K+) et du magnésium (Mg2+) pour les cations et des les chlorures (Cl-), des nitrates
(NO3-) et des sulfates (SO42-) pour les anions. C’est des éléments majeurs de la croute
terrestre, dont la concentration dans l’eau dépend essentiellement de leur solubilité. De plus,
sachant que la probabilité de rencontrer des eaux présentant les mêmes valeurs sur ces
paramètres est extrêmement faible, Ils constituent la carte d’identité d’une eau.

19
Eau potable

1.2.2. Les éléments fondamentaux:


 Ces composés jouent un rôle essentiel dans les propriétés d’une eau. Il s’agit;
 Du proton H+ ou H3O+;
 De l’ion hydroxyde: OH-;
 Des anhydrides carboniques libres: le gaz carbonique ou dioxyde de carbone
CO2 et de l’acide carbonique H2CO3;
 De l’ion hydrogénocarbonate ou « bicarbonate »: HCO3-;
 De l’ion carbonate: CO32-;
 De l’ion calcium: Ca2+.

 Ce sont des paramètres qui sont liés entre eux par un certains nombres d’équilibres
thermodynamiques. Les principales relations qui entrent en jeu sont les suivantes:
 Ionisation de l’eau: 2 H2 O H3O+ + OH- ;
 Équilibre gaz carbonique – acide carbonique: CO2 + H2O H2CO3;
 Dissociation de l’acide carbonique: H2CO3 + H2O HCO3- + H3O+
 Équilibre bicarbonates – carbonates: HCO3- + H2O CO32- + H3O+

 Le CO2 total correspond à la somme des différentes espèces carboniques:


CO2 total = H2CO3 + HCO3- + CO32-
 Le CO2 libre correspond à l’acide carbonique (H2CO3)
 La valeur des constantes de dissociation de l’acide carbonique indique que:
 pH< 6,4: l’espèce dominante est l’acide carbonique (H2CO3);
 Au voisinage de la neutralité 7 < pH < 7,5: c’est l’ion hydrogénocarbonate
(HCO3- ) (bicarbonate) qui représente l’essentiel du CO2 total ;
 pH < 8,41 : l’acide carbonique et les ions hydrogénocarbonate (HCO3-)
dominent;
 pH > 8,41 : les ions carbonates (CO32-) qui dominent.
 Les ions calcium jouent un rôle essentiel, car ils se combinent avec les formes
carboniques et peuvent conduire à la précipitation du carbonate de calcium (« tartre »
ou « calcaire ») selon la réaction suivante :
CO32- + Ca 2+ CaCO3

20
Eau potable

1.3. Les substances indésirables:


1.3.1. Les formes d’azote: azote minéral
L’Ammoniaque se trouve essentiellement dans les eaux de surfaces sous la forme d’ion
ammonium NH4+. Bien que l’azote ammoniacal n’ait aucun effet direct sur la santé aux
concentrations rencontrées dans les eaux de consommation, sa présence contribue au
développement des micro-organismes dans les réseaux et dans les réservoirs. La référence de
qualité est de 0.1 mg/l.

Les Nitrites et les Nitrates : présents essentiellement dans des zones géographiques où
l’agriculture est intensive. L’ingestion de ces composés est un facteur de risque potentiel
avéré pour la santé humaine. Ils provoquent des maladies (méthémoglobinémie, cancer de
l’estomac)

1.3.2. Le fer et le manganèse : Leur présence est fréquente dans les eaux souterraines sous
forme dissoute. Dans les eaux de surfaces (rivières), leur présence est plus rare et on les
retrouve sous forme de colloïdes en suspension ou sous forme complexée.
Ils ne sont pas des polluants majeurs et leur ingestion ne présente pas de danger pour
l’homme. Cependant, il est nécessaire de limiter leur concentration dans les eaux de
consommation car ils influencent la qualité organoleptique de l’eau et peuvent être à l’origine
du développement de micro-organismes initiant des phénomènes de corrosion.

1.3.3. L’aluminium : il est très peu présent dans les eaux car très peu soluble. Sa présence
dans les eaux traitées est due aux coagulants, tel que le sulfate d’aluminium (Al2(SO4)3) utilisé
pour la clarification des eaux de surface. En effet des départs de coagulant dans le réseau de
distribution peuvent se produire, si le pH de la coagulation ou le dosage du sel sont mal
ajustés, ou encore si l’étape de filtration sur sable présente un dysfonctionnement.

1.4. Les substances toxiques:


1.4.1. L’arsenic: il est également un élément très répandu dans la biosphère. Il est présent en
plus forte concentration dans les roches sédimentaires (13 mg/kg en moyenne dans les marnes
et les schistes). Il se rencontre donc couramment dans les eaux souterraines, mais le plus
souvent dans des concentrations très faibles. Il est classé substance minérale de classe A,
c'est-à-dire connue pour être cancérigène chez l’homme. La nouvelle reglementation abaisse
sa limite de qualité de 50 µg/L à 10 µg/L.

21
Eau potable

1.4.2. Les TriHaloMéthanes THM ou haloformes:


Ils appartiennent à la famille des composés organo-halogénés totaux. Ce sont des sous
produit résultant de l’action du chlore sur les matières organiques lors de la désinfection des
eaux potables. Ils peuvent êtres à l’origine de l’apparition de goût et d’odeur et sont
soupçonnés d’avoir un effet cancérigène. La réglementation limite donc à 100 µg/L la
concentration des THM, qui sont suivis en tant que traceurs de la présence de composés
organo-halogénés totaux dans les eaux distribuées.

1.4.3. Les Bromates BrO3-: Ils sont peu présents dans les eaux naturelles. Ils se forment à
partir des bromures (naturellement présents dans l’eau) soit:
 Par réaction avec l’ozone O3;
 Par réaction avec NaClO (eau de javel);
Ils sont considérés comme cancérigènes potentiels.

1.5. Les paramètres microbiologiques :


1.5.1. Les microorganismes revivifiables:
Le principe consiste à mettre en évidence les bactéries qui se développent à 20°C
(germes spécifiques de l’eau) et celles qui se développent à 37°C (germes issus de l’homme et
des animaux à « sang chaud »). Cela n’indique en rien le degré de pureté de l’eau, car toutes
les eaux – y compris potables et embouteillées – contiennent une flore spécifique, et ce quelle
que soit leur origine.
Dans les usines de potabilisation, ce paramètre permet de contrôler l’efficacité des
différentes étapes de traitement et en particulier la filtration.
Dans les réservoirs et châteaux d’eau, on suit les effets du stockage et de la stagnation
sur la qualité de l’eau et sur la reviviscence des germes (des augmentations spectaculaires
peuvent exister pendant la période estivale : jusqu’à 10000 fois la concentration initiale).

1.5.2. Les coliformes :


On les recherche traditionnellement dans les eaux potables car leur origine fécale et
connue depuis tres longtemps: Escherichia coli, Coliformes totaux.

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Eau potable

1.5.3. Les streptocoques fécaux ou entérocoques:


Ils se repartissent en 2 genres Streptococcus et Enterococcus. Leur recherche dans le
milieu hydrique présente un intérêt certain, car leur comportement diffère nettement de celui
des coliformes. Leur caractère de bacilles Gram+ leur confère une bonne résistance dans les
milieux hydriques.
Cette résistance serait d’ailleurs comparable à celle des virus. Ils sont également plus
résistants à la désinfection, ce qui présente un intérêt en tant qu’indicateur d’efficacité de
traitement, et ne présentent pas (contrairement aux coliformes) de phénomène de croissance
dans les réseaux de distribution.

1.5.4. Les bactéries anaérobies sulfito-réductrices: ou les Clostridium sulfito-réducteurs ne


sont des indicateurs de contamination fécale. L’intérêt de la recherche de tels indicateurs
réside dans la propriété qu’ils ont de sporuler, ce qui les rend particulièrement résistants aux
traitements de la désinfection. Ils permettent en fait de mesurer l’efficacité de la filtration,
seul étage de traitement capable de les arrêter. Ils sont actuellement considérés comme de bon
indicateurs de l’efficacité des traitements vis-à-vis des parasites et en particulier de
Cryptosporidium.

Le tableau suivant précise les limites de qualité des eaux brutes utilisées pour la
production d’eau destinées à la consommation humaine.

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Eau potable

Tableau 5 : limites de qualité des eaux brutes utilisées pour la production d’eau destinées à la
consommation humaine

Groupe de paramètres Paramètres mesurés Concentrations limites

Organoleptiques Coloration après filtration 200 mg/L en Pt/Co

Paramètres en relation Température 25°C


avec la structure naturelle Chlorures 200 mg/L
des eaux Sulfates 250 mg/L
Saturation en O2 dissous pour > 30%
les eaux superficielles
Paramètres concernant les Nitrates 50 mg/L en NO3- pour les eaux
substances indésirables superficielles et 100 mg/L pour
les autres eaux
0,1 mg/L
Nitrites
4 mg/L en NH4+
Ammonium
10 mg/L en O2
Oxydabilité au KMnO4
0,1 mg/L en phénol
Indice phénol
0,5 mg/L en lauryl-sulfate
Agents de surface
1 mg/L
Hydrocarbures dissous
5 mg/L en Zn2+
Zinc
1 mg/L en Ba2+ pour les eaux
Baryum
superficielles
Paramètres concernant les Arsenic 100 µg/L
substances toxiques Cadmium 5 µg/L
Cyanures 50 µg/L
Chrome total 50 µg/L
Mercure 1 µg/L
Plomb 50 µg/L
Sélénium 10 µg/L
Pesticides (total des 3 5 µg/L
substances suivantes:
parathion, HCH, dieldrine)
Hydrocarbures aromatiques
1 µg/L
polycycliques HAP
Paramètres Coliformes thermotolérants 20 000 par 100 mL
microbiologiques Streptocoques fécaux 10 000 par 100 mL

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Eau potable

2. Non potabilité de l'eau :


L'eau est vecteur de nombreux parasites, bactéries ou virus. Il faut prendre des
précautions avant de consommer de l'eau dans la nature. Voici quelques-unes des
contaminations possibles et leurs conséquences :
 les bactéries, elles peuvent provoquer diverses maladies comme le choléra, la fièvre
typhoïde ou encore la dysenterie.
 les virus : hépatite infectieuse, ... ;
 les kystes : Giardia...
 les parasites qui sont à l'origine de fièvres, diarrhée et entraînant des complications si
l'infection n'est pas traitée rapidement.
 les vers parasites causant la bilharziose avec pour symptômes douleurs abdominales,
éruptions cutanées, anémie, fatigue chronique. Ce sont les larves nageant à la surface
des eaux infestées qui sont à l'origine de l'infection, elles peuvent aussi s'introduire par
voie cutanée lors de baignades.
 les pollutions chimiques : métaux lourds, insecticides, polychloro-biphényle,
hydrocarbures ont des effets divers, intoxications, neuro-toxicité, cancérogénicité (en
cas de consommation prolongée d'une eau polluée).
 les algues ou autres particules en suspension peuvent provoquer une intoxication.
Remarque : Une eau en apparence limpide et pure peut cacher des micro-organismes ou des
polluants, la prudence reste de mise.

3. Production d’eau potable :


Les eaux à visée de potabilisation pour la consommation humaine sont de différentes
natures.
 Les eaux souterraines dont leur origine est due à l’accumulation des infiltrations dans
le sol qui varient en fonction de sa porosité et de sa structure géologique. Elles se
réunissent en nappes. Il en existe deux types : la nappe libre est directement alimentée
par les eaux de ruissellement. Très sensible à la pollution, elle est à l’origine des
sources et des forages. Par opposition, la nappe captive est séparée de la surface du sol
par une couche imperméable. Elle n’est donc pas alimentée directement par le sol. Elle
se situe à de grandes profondeurs et par conséquences est peu sensible aux pollutions.
Les eaux souterraines sont généralement d’excellente qualité physico-chimique et
bactériologique. Néanmoins, les terrains traversés en influencent fortement la

25
Eau potable

minéralisation celle-ci est faible dans les terrains anciens de type granite et schiste, et
élevée dans les terrains sédimentaires comme les calcaires elles sont pauvres en
oxygène dissous et exempte de matières organiques sauf en cas de pollution.
 Les eaux de surface se répartissent en eaux circulantes (courantes) ou stockées
(stagnantes). Elles se forment à partir, soit de l’émergence de nappes profondes en
sources, soit du rassemblement d’eau de ruissellement.
Elles sont généralement riches en gaz dissous, en matières en suspension et
organiques, ainsi qu’en plancton. Elles sont très sensibles à la pollution minérales et
organiques du type nitrate et pesticides d’origine agricole.

Le traitement nécessaire à la production d'eau potable dépend fortement de la


ressource. Il varie aussi avec le niveau d'exigence, les normes appliquées, qui ne sont pas
exactement identiques selon les époques, les pays et l'état des connaissances sur l'incidence
des éléments sur la santé.
– Les eaux souterraines, issues de prélèvements au sein d'aquifères comme les nappes
phréatiques, sont souvent celles qui demandent le traitement le plus léger ; elles
peuvent être potables dès le pompage, étant donné que le sous-sol joue le rôle d'un
immense réservoir filtrant. La pollution d'une nappe est pourtant possible, et est alors
beaucoup plus durable que celle d'un cours d'eau.
– Le traitement des eaux de surfaces, c'est-à-dire prélevées en cours d'eau, lacs ou
carrières inondées est indispensable, étant donné que ces eaux sont exposées aux
pollutions organiques et sont presque toujours le support d'une vie aquatique
(notamment le phytoplancton).
– Seulement 0,3 % de la totalité de la réserve mondiale d’eau est disponible comme "eau
potable propre" d'où la nécessité de trouver et d'utiliser des procédés spécifiques: On
peut ainsi produire de l'eau potable à partir de l'eau de mer ou d'autres sources avec
des coûts souvent plus importants. Dans le cas de l'eau de mer, on parle alors de
déssalement avec plusieurs méthodes possibles : la distillation, la nanofiltration,
l'électrodialyse, système d'échangeur d'ions, ...
– Contrairement à une idée reçue, l'eau potable n'est pas produite par des stations
d'épuration d'eau usée : ces dernières rejettent leur eau nettoyée dans le milieu naturel
(rivière, fleuve, mer, ...) et contribue ainsi au cycle de l'eau: l'eau nettoyée ou "eau
claire" n'est donc pas directement distribuée au robinet.

26
Eau potable

4. Traitement des eaux potables :


Les eaux dites « de source » sont des eaux naturellement propres à la consommation
humaine; on parle alors d'eau potable. Les seuls traitements qu’il est permis de leur appliquer
sont l’aération, la décantation et la filtration. Les eaux naturellement gazeuses, qui
contiennent du dioxyde de carbone dissous, peuvent également être regazéifiées avant d’être
embouteillées.
Les eaux minérales naturelles, elles, sont des eaux "non potables" dans le sens où elles
possèdent des propriétés particulières : elles ont des teneurs en minéraux et en oligo-éléments
qui peuvent leur donner des vertus thérapeutiques. Comme les eaux de source, elles ne
peuvent être traitées.
Pour produire une eau potable, l’eau brute plus ou moins polluée passe à travers
diverses étapes de traitements réalisés dans plusieurs unités de la station de traitement des
eaux potables (STEP). La figure 5 représente les principales étapes de traitement d’une eau de
surface.

Prétraitement Clarification
Prise d’eau physique
Préoxydation
Filtration

Désinfection Affinage

4.1. Prétraitement physique :


Objectif : Eliminer, par procédés mécaniques, tous les éléments grossiers qui pourraient
détériorer les équipements de la filière ou constituer une gêne pour les traitements ultérieurs.
Il est surtout valable pour l’eau de surface.
 Le dégrillage : Retient les corps flottants volumineux, qui pourraient boucher les
pompes et obstruer les canalisations.
 Le dessablage et le débourbage : Retiennent les particules minérales grossières et une
partie du limon, dans le but de protéger les équipements tournants de l’abrasion et
d’éviter la surcharge du décanteur.
 Le tamisage et microtamisage : visent à éliminer les particules les plus fines (25 et 150
µm).

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Eau potable

4.2. Oxydation – Préoxydation :


L’oxydation peut avoir différents objectifs :
 Eliminer le goût, les odeurs et la couleur;
 Eliminer l’ammoniaque;
 Eliminer le fer et le manganèse : l’oxydation les transforme en hydroxydes insolubles
facilement séparables du liquide par décantation et filtration;
 Oxyder les matières organiques dissoutes;
 Maintenir la propreté des installations en luttant contre la prolifération des
microorganismes non pathogènes (algues) mais qui nuisent au bon fonctionnement de
certains ouvrages.
Selon la nature et la concentration de l’oxydant utilisé, ces différents objectifs sont plus ou
moins atteints.
Les composés les plus utilisés sont des agents chlorés (Le chlore gazeux (Cl2),
l’hypochlorite de sodium NaClO (eau de javel) et le dioxyde de chlore (ClO2)), l’ozone (O3)
et le permanganate de potassium (KMNO4). Le choix de l’oxydant dépend de la qualité des
eaux brutes utilisées et des objectifs que l’on veut atteindre.

4.2.1. L’oxydation par le chlore :


L’oxydation par le chlore (chlore gazeux (Cl2) et l’hypochlorite de sodium (NaClO)) a
une bonne efficacité sur l’ammoniaque, le fer et le manganèse. Il facilite également la
clarification.
La réaction d’oxydation par le chlore a néanmoins l’inconvénient de former des
composés organiques chlorées tels que les THM et de générer de mauvais goût.
Le Dioxyde de chlore (ClO2) est un oxydant puissant. Il agit plus rapidement que le
chlore sur les matières oxydables et son efficacité décolorante est supérieure. Il ne réagit pas
avec l’ammoniaque et ne permet donc pas de l’éliminer. Sa mise en œuvre est délicate : c’est
un gaz très toxique qui doit être fabriqué sur place. Il se conserve 4 à 5 h en solution diluée. Il
peut donc être momentanément stocké.

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Eau potable

4.2.2. Oxydation par l’ozone :


L’ozone est un oxydant rapide et puissant qui présente de nombreux avantages. Il
améliore la qualité organoleptique de l’eau, élimine la couleur due au fer, au manganèse et
aux matières humiques, oxyde les molécules organiques à longues chaines (MO, pesticides)
les rendant plus facilement biodégradables et élimine les algues. En revanche, il ne réagit pas
avec l’ammoniaque. Il présente l’inconvénient de produire des bromates quand l’eau brute
contient des bromures, ce qui pose des problèmes vis-à-vis du respect de la norme de 10µg/L,
fixé par la réglementation.

4.2.3. Oxydation par KMNO4 :


Il est principalement utilisé pour les eaux brutes riches en Fe et Mn car le KMNO4 est plus
efficace que le chlore dans l’oxydation des métaux. Il a par contre l’inconvénient d’être assez
coûteux.

4.3. Clarification :
Objectif : Eliminer la turbidité causée par les matières en suspension et les colloïdes
La clarification des eaux de surface se déroule en plusieurs étapes : coagulation – floculation
– décantation – filtration.

4.3.1. Coagulation :
La coagulation a pour objectif d’agglomérer les particules entre elles. Les colloïdes
sont en effet naturellement maintenus en suspension sous l’action des forces électrostatiques
de répulsion. Pour rompre ces forces et déstabiliser les colloïdes, on injecte des réactifs
appelés « coagulants », qui conduisent à la formation de précipités insolubles appelés
« flocs » capables de décanter.
L’injection du réactif se fait dans un compartiment sous forte agitation. Les réactifs
utilisés sont des sels de fer et d’aluminium (Sulfate d'aluminium (Al2(SO4)3, 18 H2O),
Chlorure ferrique (FeCl3, 6 H2O), Aluminate de sodium (NaAlO2), Sulfate ferrique
(Fe2(SO4)3, 9 H2O) et Sulfate ferreux (FeSO4, 7 H2O).

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Eau potable

4.3.2. Floculation :
Elle a pour objectif d’accroitre le volume, le poids et la cohésion du floc formé. Dans
un compartiment distinct de celui de la coagulation, on réalise une agitation lente qui permet,
grâce à l’injection d’un réactif appelé « floculant », l’agglomération des flocs et donc, leur
grossissement.
Les floculants sont des composés agissant par pontage. Il s’agit de polymères à haut
poids moléculaire présentant des groupes réactionnels de charge inverse de celle de la
suspension à traiter. On distingue des floculant naturels et synthétiques.
Les polymères synthétiques se répertorient en polyanions, polycations, non ioniques et
amphotères. Ce sont des polymères de type polyacrylamide ou polyacrylate.
On distingue comme floculants naturels, ceux de nature organique comme l’Alginate (extrait
des algues) et l’amidon issu de la pomme de terre et ceux de nature minérale telles que la
silice activée, l’alumine et la bentonite.

4.3.3. Décantation : elle a pour objectif de séparer, par gravité, le floc formé de l’eau. Ce floc
est récupéré par décantation en fond de l’ouvrage et constitue des boues, qui sont extraites
périodiquement.

4.3.4. Filtration:
Objectif : Retenir les dernières particules en suspension non éliminées dans le décanteur en
faisant circuler l’eau à travers un milieu poreux tel que le sable, le gravier, le charbon, …etc
L’efficacité de la filtration dépend de la taille des grains du matériau, de la hauteur de la
couche et de la vitesse de filtration.

4.4. Affinage :
Objectif : Eliminer les matières minérales et organiques dissoutes dans l’eau et améliorer la
qualité organoleptique de l’eau. Les techniques utilisées sont :
 Filtration sur CAG (odeurs);
 Filtration par membranes;
 Ozonation;
 Rayonnement UV;
 Ajustement de la dureté de l’eau (adoucissement chaux);
 Ajustement de l’alcalinité.

30
Eau potable

4.5. Désinfection :
La désinfection a pour objectif d’éliminer les organismes pathogènes et de maintenir
un résiduel bactériostatique dans les réseaux de distribution de manière à éviter la dégradation
de l’eau en particulier par reviviscence bactérienne.
Les réactifs mis en œuvre pour la désinfection des eaux alimentaires sont identiques à
ceux de l’oxydation. Néanmoins, l’oxydation et la désinfection restent deux étapes bien
distinctes :
 L’oxydation intervient au début de la chaine de traitement – entre le traitement
physique et la clarification – on parle également de « préoxydation ».
 La désinfection intervient en toute fin de traitement – avant la mise en distribution de
l’eau- on parle souvent de « post chloration ».

La désinfection est le plus souvent effectuée au moyen de chlore. L’ajout du chlore


sous forme d'eau de javel permet de détruire les dernières bactéries et maintenir une bonne
qualité de l'eau jusqu'à votre robinet. Selon l'OMS, 2 à 3 mg/L de chlore devraient être ajoutés
à l'eau, le maximum étant de 5 mg/L. Aux États-Unis, la quantité résiduelle maximum de
chlore est 4 mg/L, ceci afin de permettre aux distributeurs d'eau de respecter la quantité
résiduelle minimum de 0.02 mg/L (mesuré en bout de ligne) fixée par la loi.

Coagulant Floculant

Coagulation Floculation Décantation

Microtamisage
(surtout utilisé
Filtration
pour traiter les
eaux de lac)
Ozonation

Prédésinfection Chloration
ou préoxydation

Réseau de
Prise d’eau Puits d’eau brute Réserve d’eau traitée
distribution

Figure 6 : Exemple des étapes et unités de traitement d’une eau de surface


31
Eau potable

4.6. Les résidus du traitement :


L’étape de la clarification conduit à la production de boues. Ces boues issues des
décanteurs et des lavages de filtres contiennent les matières – essentiellement minérales -
extraites de la rivière (MES, argile, carbonate de calcium, hydroxyde de Fer et d’aluminium,
…etc) ainsi que les réactifs de la coagulation-floculation ajoutés lors du traitement. Ces boues
qui contiennent beaucoup d’eau doivent êtres traitées. Elles subissent en général une
concentration par déshydratation.

5. Exemple de traitement d’eau de surface : barrage de keddara :


5.1 Description de la retenue de Keddara :

Avant l'année 1987, l'alimentation en eau potable du


grand Alger était assurée par les champs de captage du
Mazafran, de Baraki, et de Hamiz. La quantité des eaux
souterraines n'arrivait plus à couvrir les besoins. Pour
combler le déficit en eau potable de la région algéroise, un
nouveau système d'approvisionnement a été mis en service
à partir de 1987 et qui consistait à la mobilisation des eaux
superficielles des oueds Isser, Boudouaou, et Baraba.

5.2 Description de la station de traitement de Boudouaou :

L'usine de traitement se situ à 8 Km du barrage de Keddara


entre la ville de Boudouaou et Ouled Moussa. Elle occupe
une superficie de 17 hectares. Elle fait partie du système de
production Isser-keddara, traitant les eaux des barrages Beni-
Amrane, keddara, et Hamiz et alimente une population
estimée à 4 000000 habitants. Sa capacité du traitement est
de 540000 m3/j et une capacité de stockage de 100000m3.

32
Eau potable

5.2.1 Laboratoire :

Le laboratoire comprend deux salles d'analyses:

 Une salle pour les analyses physico-chimiques

 Une salle pour les analyses bactériologiques

Le laboratoire prend en charge le suivi de l'efficacité du


traitement. Pour cela, diverses analyses d'ordre physico-
chimiques et biologiques sont effectuées régulièrement
sur les des échantillons d'eaux brutes, eaux décantées,
eaux filtrées désinfectées et traitées.

5.2.3 Processus de traitement ou système d'exploitation :


a) Ouvrages hydrauliques :
L'unité de production des eaux de Boudouaou se compose:
 d’un ouvrage d'arrivée d'eau brute contenant quatre
obturateurs (brises charge);

 d’une chambre de mélange des réactifs (chlore pour la


préchloration, le couple sulfate d'alumine, polyélectrolyte)
pour la coagulation floculation, le charbon actif en poudre
pour l'adsorption, le permanganate de potassium pour la
préoxydation, et l'acide sulfurique pour la correction du
pH ;
 d’une chambre de répartition ;
 de deux filières de traitement et chaque filière comporte trois décanteurs (pulsateur
lamellaires), et huit filtres aquazurs (type V) ;
 d’un canal de désinfection ;
 d’une chambre de neutralisation du pH avec la chaux ;
 de deux réservoirs capacité 50000m3 chacun.

33
Eau potable

b) Fonctionnement de la station : procédés de traitement :


L'eau provenant de Keddara à la station de Boudouaou subit une série d'opérations de
traitement avant d'être distribuée au consommateur. Ces opérations sont:
 L'aération qui est assurée par les quatre obturateurs permettant l'aération de l'eau brute.

 La correction du pH par l'acide sulfurique, dans le but d'obtenir une bonne coagulation
floculation.

 La préchloration qui est assurée par l'injection du chlore gazeux sous forme d'eau
chlorée. Elle a aussi pour objectif la destruction des micro-organismes existants et
susceptibles de se développer dans les ouvrages et lit de boues, l'oxydation des
matières organiques, et l'oxydation des éléments réducteurs (Fer, Manganèse,….etc.).

 La coagulation floculation qui consiste à réduire la turbidité de l'eau. Elle se fait par
l'injection du sulfate d'alumine comme coagulant et polyélectrolyte (type anionique)
comme floculant.

 La décantation qui est une étape de sédimentation des flocs obtenus lors de la
coagulation floculation sur les décanteurs pour former un lit de boues.

 La filtration qui est une technique de séparation liquide solide. Elle est assurée par des
filtres de type AQUAZUR en "V".

 La neutralisation du pH pour obtenir un équilibre calco-carbonique. Il est réalisé par


l'injection par l'injection de la chaux.

 Enfin, l'eau traitée est stockée dans deux réservoirs dont la capacité de chacun est de
50000m3.

34
Les eaux usées et leur traitement

Chapitre III : les eaux usées et leur traitement

1. Introduction :
Les eaux usées, ou eaux résiduaires urbaines ERU, sont des eaux chargées de
polluants solubles ou non, provenant essentiellement de l’activité humaine. Du fait de cette
charge polluante, il est important d’épurer ces eaux, au niveau de station d’épuration, avant de
les rejeter dans l’environnement ou le milieu récepteur. En effet, ce rejet peut avoir des
conséquences néfastes pour le milieu récepteur, en particulier pour les organismes vivants
qu’il héberge, mais également pour l’homme ou pour les activités qu’il réalise au niveau de ce
milieu.
Les eaux usées, aussi appelées eaux polluées sont toutes les eaux qui sont de nature à
contaminer les milieux dans lesquelles elles sont déversées. Ces eaux sont en général le sous-
produit d'une utilisation humaine soit domestique soit industrielle (d'où le terme "eaux usées"
dont il a été fait usage).
Les trois principales sources de la pollution de l’eau sont :
 les rejets urbains : résultant du traitement des eaux usées issues des ménages,
des entreprises, des locaux recevant du public, des commerces, des activités
artisanales… ainsi que du ruissellement des eaux pluviales dans les zones
urbaines ;
 les rejets agricoles : par lessivage des sols et percolation des eaux de pluie sur
les surfaces agricoles, ou liés aux activités maraîchères et à l’élevage ;
 les rejets industriels : plus ou moins chargés en substances minérales,
organiques ou toxiques.

35
Les eaux usées et leur traitement

2. Les différents types d’eau usée :


Les eaux usées qui arrivent à la station d’épuration sont un mélange de plusieurs types
d’eaux :
2.1 Les eaux usées domestiques :
Elles constituent généralement l’essentiel de la pollution et se composent :
– Des eaux de cuisine qui contiennent des matières minérales en suspension
provenant du lavage des légumes, des substances alimentaires à base de
matières organiques (glucides, lipides et protides), et des produits
détergents utilisés pour le lavage de la vaisselle et ayant pour effet la
solubilisation des graisses ;
– Des eaux de buanderie contenant principalement des détergents ; des eaux
de salle de bain chargées en produits pour l’hygiène corporelle,
généralement des matières grasses hydrocarbonées ;
– Des eaux de vannes qui proviennent des sanitaires (WC), très chargées en
matières organiques hydrocarbonées en composés azotés, phosphorés et en
microorganismes

2.2 Les eaux pluviales :


Ce sont des eaux de ruissellement qui se forment après une précipitation. Elles sont de
même nature que les eaux usées domestiques, avec, en plus des métaux lourds et des toxiques
(plomb, zinc, hydrocarbures) provenant essentiellement de la circulation automobile.
Lors de précipitation importantes, les eaux pluviales peuvent arriver en grande
quantité au niveau de la station d’épuration. Des dispositions permettent d’en limiter l’impact
sur la station : bassins d’orage, bassins d’étalement, chaussées filtrantes…

2.3 Les eaux industrielles :


Leur composition est liée au type d’industrie implantée dans la commune ; la quantité
de pollution est parfois très importante. Elle peut être organique, minérale ou toxique selon
l’activité de l’industrie.
Le branchement des industries n’est pas obligatoire mais doit faire l’objet d’une
convention entre la commune et l’industriel, et respecter le fonctionnement de la station
d’épuration pour éviter de surcharger le traitement des eaux usées.

36
Les eaux usées et leur traitement

3. Le système d’assainissement collectif des eaux usées :


Il s’agit de l’ensemble des ouvrages qui permettent de collecter et de traiter les eaux
usées avant de les rejeter dans le milieu récepteur. On distingue deux systèmes
d’assainissement :
– L’assainissement collectif : le système de collecte est commun pour un grand nombre
d’usagers et la totalité des eaux usées est traitée au niveau d’une station de traitement
appelée station d’épuration. Il est constitué de quatre composants essentiels et
indissociables ;

Eaux Réseau Station Milieu


usées d’assainissement d’épuration récepteur

– L’assainissement individuel : pour des habitations isolées, les eaux usées sont
traitées sur le site de production car il n’est pas possible de les rejeter dans un système
de collecte. Les eaux subissent un prétraitement au niveau d’une fosse septique, puis le
traitement final se fait au niveau du sol

4. Caractéristiques de la pollution des eaux usées :


Les matières polluantes contenues dans les eaux usées sont diverses. Suivant leur
nature, elles n’entraînent pas le même type de nuisance et nécessitent des traitements
différents et appropriés.
4.1 Les matières particulaires :
Elles se caractérisent par leur taille importante. Supérieure à 10 µm, qui explique
qu’elles se retrouvent en suspension dans l’eau usée qui sert a leur transport, on parle donc de
matières en suspension ou MES.
Cette pollution particulière est de nature organique (fragment d’aliments ou résidus de
digestion) ou minérale (sable ou argile). Son rejet dans le milieu naturel réduit la limpidité de
ce milieu, limitant la vie des organismes photosynthétiques et entraînant des dépôts qui
peuvent perturber la vie benthique et créer un envasement du cours d’eau.

37
Les eaux usées et leur traitement

4.2 Les matières organiques :


Elles sont constituées par des molécules dont la structure de base comporte des
liaisons covalentes reliant au moins deux atomes de carbone, d’où le nom de pollution
carbonée. Ces matières organiques proviennent surtout des sanitaires et des cuisines sous
forme de protides, glucides(sucres), lipides(graisses), urée et produits du métabolisme et de
dégradation.
Une autre source de matières organiques est constituée par les principes actifs des
détergents (alkylbenzène sulfonate : détergent anionique le plus couramment utilisé). Cette
pollution organique rejetée dans le milieu récepteur, sans traitement préalable, entraîne du fait
de sa dégradation par les organismes vivant du milieu récepteur (biodégradation) une
diminution de la teneur en oxygène dissous de ce milieu, une modification et parfois une
disparition de la faune existante.

4.3 Les matières azotées :


Ce sont des matières organiques et minérales contenant des atomes d’azote. L’azote
est un constituant essentiel des protéines consommées par l’homme ; son métabolisme produit
les déchets rejetés dans l’urine et les matières fécales.
Les nuisances de cette pollution azotée sont nombreuses et variées. Les nitrates de
formule chimique NO3- sont l'une des causes de la dégradation de la qualité de l'eau. Présents
à l'état naturel dans le sol et solubles, ils pénètrent dans le sol et les eaux souterraines et se
déversent dans les cours d'eau. Mais ils sont aussi apportés de manières artificielles par les
engrais azotés.

4.4 Les matières phosphorées :


Ce sont des matières organiques et minérales possédant des atomes de phosphore.
Elles ont deux origines principales : le métabolisme et les détergents.
La pollution par les phosphates et les nitrates enclenche un processus d'eutrophisation de
l'eau, rendant les eaux eutrophiques.

38
Les eaux usées et leur traitement

 Phénomène d’eutrophisation :
L'eutrophisation est la modification et la dégradation d'un milieu aquatique, lié en
général à un apport exagéré de substances nutritives, qui augmentent la production d’algues et
de plantes aquatiques.
Un milieu aquatique eutrophe (du grec eu : « bien, vrai » et trophein : « nourrir »), tel que
cours d'eau ou mares, décrit originellement sa richesse en élément nutritifs. À partir des
années 1970, le terme eutrophisation a été employé pour qualifier la dégradation des grands
lacs comme le lac d’Annecy, le lac du Bourget ou le lac Léman par excès de nutriments.
L'eutrophisation est l'expression du déséquilibre qui résulte d'un apport excessif de
nutriments : azote (des nitrates par exemple), carbone (carbonates, hydrogénocarbonates,
matières organiques...) et phosphore notamment. Le phosphore étant généralement le facteur
limitant dans les milieux aquatiques naturels, Ce sont ces composés, en particulier les
phosphates (orthophosphates, polyphosphates) qui permettent l'emballement du processus.
Ce processus a comme principales origines :
 des épandages agricoles excessivement riches en engrais (azote et phosphore)
 des rejets industriels ou urbains riches en nitrates, ammonium, matière organique
non traitée, la présence de polyphosphate dans les lessives font de l'eutrophisation un
processus fréquent, atteignant même les zones océaniques, pouvant provoquer
l'extension de zones mortes, ou le développement d'algues toxiques, telles Dynophysis,
sur les littoraux, par exemple en Bretagne (France). Algues toxiques étant
principalement dues au rejet du lisier provennant des élevages de porc, très nombreux
en Bretagne.

 Les étapes du processus :


L'eutrophisation peut se décomposer en quelques étapes :
1. des nutriments, notamment les phosphates d'origines diverses et les nitrates issus de
l'agriculture, sont déversés en grande quantité dans le milieu aquatique ;
2. les eaux ainsi enrichies permettent la multiplication rapide des végétaux aquatiques, en
particulier la prolifération d'algues ;
3. le stock d'oxygène étant très limité dans l'eau (environ 30 fois moins que dans le
même volume d'air), celui-ci est rapidement épuisé lors des périodes pendant
lesquelles la respiration des organismes et la décomposition des matières produites
excède la production par photosynthèse et les échanges possibles avec l'oxygène
atmosphérique.

39
Les eaux usées et leur traitement

4. Le développement éventuel de plantes flottantes telles les lentilles d’eau, empêche le


passage de la lumière donc la photosynthèse dans les couches d'eau inférieures, et
gêne également les échanges avec l'atmosphère ;
5. le milieu devient alors facilement hypoxique puis anoxique, favorable à l'apparition de
composés réducteurs et de gaz délétères (thiols, méthane) ;
6. il peut en résulter la mort d'organismes aquatiques aérobie : insectes, crustacés,
poissons, mais aussi végétaux dont la décomposition, consommatrice d'oxygène,
amplifie le déséquilibre.

 Effet du phénomène d’eutrophisation :


Les inconvénients principaux de l'eutrophisation sont la diminution de la biodiversité
et de la qualité de l'eau en tant que ressource. Elle a des effets négatifs sur le tourisme (avec
souvent comme conséquences visibles la perte de transparence, développement d'odeurs et
envasement, qui sont des indices de problèmes :
 augmentation du volume d'algue ;
 augmentation de la biomasse du zooplancton gélatineux ;
 dégradation des qualités organoleptiques de l'eau (aspect, couleur, odeur, saveur) ;
 envasement plus rapide, et apparition de vase putride, sombre et malodorante.
 développement de phytoplancton toxique ;
 développement de pathogènes par diminution de la pénétration des UV qui ont un
pouvoir désinfectant.
 diminution de la biodiversité (animale et végétale) ;

 Faibles doses d'azote et biodiversité :


Une étude longue (sur 20 ans) a montré que les engrais azotés agricoles ont aussi un
impact négatif sur la biodiversité même utilisés en faible quantité. Les chercheurs ont
comparé la biodiversité de parcelles agricoles fertilisées avec de faibles doses d’azote, à
d'autres non fertilisées servant de témoin, et ceci durant 20 ans. Le nombre d’espèces
végétales des parcelles ayant reçu de faibles doses d’azote a chuté de 17 % par rapport aux
parcelles-témoins. Cet effet semble toutefois réversible, puisque sur les parcelles où l’apport
d’azote a été interrompu après 10 ans, un redressement significatif du nombre d’espèces a été
observé.

40
Les eaux usées et leur traitement

4.5 Les sels et métaux lourds :


La pollution des océans par les métaux lourds : plomb, mercure, arsenic et le cadmium
due à des émissions provenant des activités humaines est diverse. Essentiellement, elle a pour
origine les fonderies de la métallurgie et les incinérateurs d'ordures, ainsi que les installations
minières abandonnées. Avec les pluies et le lessivage, ils se retrouvent dans les océans. La
facilité avec laquelle les polluants sont emportés par l'eau de lessivage dépend fortement de
conditions spécifiques (surface spécifique, forme, taille des grains...)

4.6 Les microorganismes :


Ils proviennent des matières fécales qui contiennent majoritairement une flore
anaérobie (109 – 1010 bactérie/g fèces) détruite à l’air, et une flore aérobie-anaérobie
facultative (106 – 107 bactérie/g fèces). Escherichia coli représente, au plan quantitatif, le
principal germe de cette catégorie et les entérocoques occupent la deuxième place.

5. Evaluation de la pollution :
Le traitement efficace d’un rejet liquide nécessite précédemment une bonne
connaissance de la quantité, la qualité et les variations temporelles de la composition de
l’effluent. Dans le processus de l’identification des eaux résiduaires, la caractérisation
physico-chimique est incontournable si on espère définir avec bonne qualité, les
caractéristiques d’un procédé de traitement.
Ce qu’on appelle « l’analyse » des eaux résiduaires recouvre une série de mesure de
nature extrêmement hétérogène.

5.1 Echantillonnage :
5.1.1 Point d'échantillonnage :
Le point d’échantillonnage doit être situé à un endroit caractéristique de l’effluent où il
y a suffisamment de turbulence pour assurer l’homogénéité du rejet. Lorsqu’il s’agit des cours
d’eau naturels ou dans les canaux, il convient de se placer loin de toute cause naturelle ou
humaine de perturbation apportée aux conditions de l’écoulement.
La bonne planification de la campagne d’échantillonnage est nécessaire pour éviter les
pertes et les erreurs. Plusieurs éléments doivent être pris en compte lors de la planification
d’une compagne d’échantillonnage, on cite les plus pertinents :

41
Les eaux usées et leur traitement

– Etablissement d’une liste des paramètres qui devront être analysés,


– Localisation du site du prélèvement,
– Détermination des cycles et des heures du fonctionnement du procédé à analyser afin
de faire l’échantillonnage pendant ce temps,
– Détermination du type du réseau des rejets (combiné ou séparatif),
– Une visite préliminaire au site pour déterminer les moyens et les conditions de
transport des échantillons, l’accessibilité aux rejets, la disponibilité et l’équipement de
sécurité requis.

5.1.2 Approches d'échantillonnage :


 L’échantillonnage ciblé consiste à prélever des échantillons à des endroits où il y a
présence de contaminant.
 L’échantillonnage aléatoire consiste à prélever à des endroits choisis au hasard.
 Echantillon aléatoire simple : consiste à prélever au hasard sur un terrain, s’il s’agit
d’un milieu statique (sol, résidus solide, etc.…) ou à des périodes du temps, lorsqu’il
s’agit d’un milieu dynamique (rejets liquides, cours d’eau, etc…)
 Echantillon systématique consiste à choisir le premier point au hasard et y ajouter
une unité de longueur ou de temps choisie à l’avance. Cette unité doit être inchangée
par la suite pour garder le caractère aléatoire de l’échantillon.
 Echantillon instantané (Milieu dynamique) est composé d’une seule et courte prise
permettant la connaissance de la qualité du milieu dans lequel le prélèvement avait
lieu à un instant donné. Dans certains cas l’échantillon instantané est incontournable
où les échantillonneurs automatiques sont très utilisés à ce stade.
 Echantillon composé (milieu dynamique et statique) consiste à prélever dans le
même contenant, plusieurs échantillons à des intervalles de temps ou à des distances
variables en respectant l’égalité des proportions. Toutefois, on évite ce genre
d’échantillons lorsqu’on suspecte des écarts importants entre les compositions des
sous-échantillons.

42
Les eaux usées et leur traitement

5.1.3 Conservation des échantillons :


Quelques déterminations peuvent être effectuées sans difficulté sur le terrain, la plus
part relèvent du laboratoire.
L’éloignement du laboratoire et le temps d’enquête peuvent obliger à garder les échantillons
dans de bonnes conditions de conservation jusqu’à leur acheminement au laboratoire. Les
phénomènes biologiques susceptibles de modifier certaines caractéristiques sont très ralentis
au-dessous de 5°C. Cependant, il n’est pas conseillé de descendre au-dessous du point de
congélation, on risque ainsi de modifier la structure des matières en suspension.

5.2 Paramètres physiques :


5.2.1 Température : Il est primordial de connaître la température d’une eau. En effet, elle
joue un rôle très important dans la solubilité des sels et surtout des gaz, et la détermination du
pH.
La mesure de la température est très utile pour les études limnologiques et le calcul des
échanges. Le fonctionnement de certains ouvrages de la chaîne de traitement (dégraisseurs)
nécessite que l’effluent présente une température inférieure à 30°C. Elle agit aussi comme un
facteur physiologique agissant sur le métabolisme de croissance des micro-organismes vivant
dans l’eau.

5.2.2 pH : Le pH mesure la concentration des ions H+ dans l'eau. Ce paramètre caractérise un


grand nombre d'équilibre physico-chimique. La valeur du pH altère la croissance et la
reproduction des micro-organismes existants dans une eau, la plupart des bactéries peuvent
croître dans une gamme de pH comprise entre 5 et 9, l’optimum est situé entre 6,5 et 8,5, des
valeurs de pH inférieures à 5 ou supérieures à 8,5 affectent la croissance et la survie des
micro-organismes aquatiques selon l’organisation Mondiale de la Santé (OMS).

5.2.3 Charge pondérale : De nombreuses particules peuvent constituer des impuretés d'une
eau. Les matières en suspension contenues dans les eaux résiduaires urbaines constituent un
paramètre important qui marque généralement le degré de pollution de l’effluent. Les
techniques analytiques nécessaires à leurs déterminations dépendent des dimensions de ces
particules. De ce fait, on est amené à déterminer :
– Les matières en suspension MES ;
– Les matières volatiles en suspension MVS ;
– Les matières minérales en suspension MM ;

43
Les eaux usées et leur traitement

5.2.4 Conductivité : La mesure de la conductivité de l'eau nous permet d'apprécier la quantité


des sels dissous dans l'eau (chlorures, sulfates, calcium, sodium, magnésium…). Elle est plus
importante lorsque la température de l'eau augmente. La conductivité électrique d’une eau
usée dépend essentiellement de la qualité de l’eau potable utilisée et du régime alimentaire de
la population et des activités industrielles.

5.3 Paramètres chimiques :


Les paramètres chimiques déterminés dans les eaux résiduaires urbaines ne présentent
pas tous une égale importance vis-à-vis du traitement ultérieur. Par ordre d’importance, on
peut les classer de la façon suivante :
 Les demandes d’oxygène d’un effluent ;
 Les nutriments, principalement l’azote et le phosphore, facteur d’eutrophisation ;
 Les constituants chimiques divers : agents détersifs, pesticides, métaux lourds, …etc.

5.3.1 Les demandes d’oxygène :


Lors de leur libération dans le milieu récepteur, les matières contenues dans les eaux
résiduaires sont susceptibles d’être transformées selon différents processus. Tant que le milieu
récepteur contient de l’oxygène dissous, ces processus suivent une voie consommatrice
d’oxygène, que celui-ci soit utilisé pour l’oxydation chimique de composés réducteurs ou
qu’il satisfasse la demande biologique lors de la métabolisation en aérobiose de matières
organiques.
Pour mettre en balance, d’une part les niveaux d’oxygène dissous présents dans les
milieux récepteurs et d’autre part les consommations d’oxygène que les rejets représenter, on
comprend l’intérêt qu’il y a à connaître cette demande d’oxygène. Cependant, la multiplicité
des techniques proposées pour la caractériser et l’intention qui guide l’utilisation des résultats
obtenus à l’aide de ces techniques, ont conduit à une véritable inflation de « demandes
d’oxygène ».

44
Les eaux usées et leur traitement

 Demande théorique en oxygène (DTO, DOT) :


Dans les eaux naturelles saturées en oxygène dissous, les éléments composant les
matières rejetées avec l’effluent sont présents à divers degrés d’oxydation. Dans les
conditions naturelles, le niveau le plus élevé d’oxydation stable est considéré comme le stade
« normal », correspondant pour quelques-uns des éléments les plus communs dans les rejets
urbains ou industriels à C4+, N5+, H+, P5+, S6+, Fe3+, X-. L’analyse élémentaire d’une eau usée
permettrait ainsi de déterminer l’apport d’oxygène nécessaire pour en amener les composants
à leur stade « normal » d’oxydation.

 Demande chimique en oxygène DCO :


La Demande Chimique en Oxygène est la quantité d’oxygène nécessaire pour oxyder
la matière organique (biodégradable ou non) d’une eau à l’aide d’un oxydant, le bichromate
de potassium. Ce paramètre offre une représentation plus ou moins complète des matières
oxydables présentes dans l’échantillon. Elle est exprimée en mg O2/l.
Le tableau ci-dessous rappelle l’ordre de grandeur de consommation d’oxygène d’un certain
nombre d’effluents par la méthode de la DCO
Tableau 6 : Valeurs de DCO pour quelques effluents
Origine de effluents Concentration (mg O2 /l)
Effluents domestiques DCO = 575 ± 49
Conserverie :
– Campagne salsifis DCO = 4400
– Campagne petits pois DCO = 1600
Laiterie :
– Fromagerie DCO moy = 3200 (1100 à 4700)
– Laiterie (beurrerie, poudre de lait, DCO moy = 1650 (1300 à 1900)
fromagerie)
– Sérum DCO = 63000
Abattoirs :
– Polyvalents (non équipés de tamisage et de DCO = 4700
récupération de sang)
– Polyvalents (équipés) DCO = 2900
Abattoirs de porcs DCO = 4500
Abattoirs de volailles DCO = 2300

45
Les eaux usées et leur traitement

 Demande biochimique en oxygène DBO :


La DBO, ou Demande Biochimique en Oxygène correspond à la quantité d’oxygène
nécessaire aux micro-organismes aérobies de l’eau pour oxyder les matières organiques,
dissoutes ou en suspension dans l’eau. Il s’agit donc d’une consommation potentielle
d’oxygène par voie biologique. Si dans les eaux usées domestiques, les phénomènes d’origine
microbiologiques prédominent, il n’en est pas toujours de même pour les eaux industrielles.

En ce qui concerne les eaux domestiques, dans la plus part des cas, environ 70% des
composés organiques sont dégradés après 5 jours, d’où le nom de la DBO5. La décomposition
est pratiquement complète seulement après 20 jours, mais la valeur obtenue après 5 jours de
test suffit pour la caractérisation. C’est la raison pour laquelle on utilise le plus généralement
la valeur de la DBO5 (exprimée en mg d’O2/ l) comme indicateur : c’est est la quantité
d’oxygène que les bactéries et autres microorganismes utilisent pendant 5 jours pour
décomposer les substances polluantes qui sont biochimiquement oxydables comme les
graisses, les hydrate de carbone ou les tensioactifs. D’une manière simplifiée on peut décrire
ceci par :

Substance bactéries
organique + O2 CO2 + H2O + biomasse

La différence entre la DCO et la DBO vient des substances présentes dans l’eau qui ne
peuvent pas être décomposées microbiologiquement. Le degré de dégradation biochimique
DBO 5
est le quotient entre la DBO5 et la DCO :  
DCO
Théoriquement ce rapport se trouve entre 0 et 1. Sa valeur sert de mesure rudimentaire pour
déterminer le dégradabilité biochimique des composés dans les eaux. Plus cette valeur est
proche de 0, et plus la quantité de composés non dégradables biochimiquement est élevée.
Généralement la DCO est 1,5 à 2 fois la DBO5 pour les eaux usées urbaines et de 1 à
10 pour tout l’ensemble des eaux résiduaires industrielles.
Le tableau 7 rappelle l’ordre de grandeur de consommation d’oxygène d’un certain
nombre d’effluents par la méthode de la DBO5.

46
Les eaux usées et leur traitement

Tableau 7 : Valeurs de DBO5 pour quelques effluents


Origine de effluents Concentration (mg O2/l)
Effluents domestiques DBO5 = 268 ± 31
Conserverie :
– Campagne salsifis DBO5 =2500
– Campagne petits pois DBO5 = 1100
Laiterie :
– Fromagerie DBO5 = 2000 (1650 à 2700)
– Laiterie (beurrerie, poudre de lait, DBO5 = 1050 (1300 à 1200)
fromagerie)
– Sérum DBO5 = 50000
Abattoirs :
– Polyvalents (non équipés de tamisage et de DBO5 = 2500
récupération de sang)
– Polyvalents (équipés) DBO5 = 1500
Abattoirs de porcs DBO5 = 2500
Abattoirs de volailles DBO5 = 1500

 Le carbone organique total COT :


Bien que le carbone organique total ne compte pas au rang des demandes d’oxygène,
on peut le placer à proximité de celle-ci car il correspond aussi à une approche de la matière
organique, dont le carbone est le constituant essentiel.
Par rapport aux mesures plus classiques que sont la DCO et la DBO5, la mesure du
COT présente l’avantage d’être obtenue dans un délai de 10 à 15 mn, ce qui peut s’avérer
avantageux pour certains dispositifs d’automatisation.

5.3.2 Les nutriments :


On a coutume de ressembler sous ce vocable, les éléments chimiques tels que l’azote
et le phosphore, responsables de l’eutrophisation des milieux aquatiques. La connaissance des
quantités de nutriments contenues dans les eaux usées est donc indispensable pour contrôler
leur rejet dans les milieux récepteurs.

47
Les eaux usées et leur traitement

 Matières azotées:
L’azote rencontré dans les eaux usées peut avoir un caractère organique ou minéral, il
se présente sous quatre formes:
– L’azote organique se transforme en azote ammoniacal.
– L’azote ammoniacal (NH4+) traduit un processus d’ammonification de la matière
organique azotée. Les ions ammoniums subissent une nitration par action des bactéries
nitrifiantes.
– L’azote nitreux (NO2-) provient d’une oxydation incomplète de l’azote ammoniacal ou
par une réduction des nitrates par dénitrification. Les nitrites sont instables et sont
rapidement transformés en nitrates.
– L’azote nitrique (NO3-) est produit par nitrification de l’azote ammoniacal. Il joue un
rôle important dans le développement des algues et participe au phénomène
d’eutrophisation.
Dans les eaux usées, l’azote se trouve principalement sous forme ammoniacale. Les
concentrations des formes oxydées de l’azote sont faibles. Il convient donc de surveiller
attentivement le déversement des différentes formes azotées pour diverses raisons :
 Limiter le développement de la flore aquatique ;
 Limiter les risques pour la santé publique : méthémoglobinémie du nourrisson
dû à un excès de nitrates

Certaines précautions doivent être prises au moment du prélèvement de l’eau à


analyser. Ces composés sont très instables et, sous l’action combinée des microorganismes
aérobie ou anaérobie, ils évoluent vers les formes oxydées NO3- ou réduites (N2, NH3). Il
convient donc d’arrêter l’évolution de ces produits au moment du prélèvement par des
moyens physicochimiques
 conservation à une température inférieure à 5°C ;
 acidification jusqu’à pH 2 par l’acide H2SO4 concentré ;
 emploi de bactériostatique : HgCl2 à raison de 50 mg/l d’eau résiduaire.

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Les eaux usées et leur traitement

 Composés phosphorés
Le phosphore est l’un des composants essentiels de la matière vivante. Les composés
phosphorés ont deux origines, le métabolisme humain et les détergents. Dans les eaux usées,
le phosphore se trouve soit sous forme d’ions orthophosphates isolés, soit sous forme d’ions
phosphates condensés condensés avec des molécules organiques.
Les orthophosphates correspondent au groupement PO43-, ces phosphates sont fixés
facilement par le sol , leur présence dans les eaux souterraines est souvent liée à la nature des
terrains traversés, à la décomposition de la matière organique, aux engrais phosphatés
industriels entraînés par lessivage ou par infiltration. Les polyphosphates sont utilisés comme
agents de peptisation, d’émulsification, de dispersion, d’inhibition … et sont utilisés dans des
domaines aussi divers que les industries de poudres à laver, les industries agroalimentaires, les
industries pharmaceutiques comme inhibiteurs de précipitation et de corrosion.

5.3.3 Autres déterminations :


Dans certains cas, il s’avère nécessaire de poursuivre plus loin l’analyse chimique des eaux
résiduaires. Ces recherches particulières s’adressent essentiellement aux dosages ci-après :
 matières grasses ;
 pesticides : eaux de ruissellement ou de lessivage des sols ;
 métaux lourds : agglomération où existe une forte activité industrielle

5.4 Paramètres biologiques :


Les microorganismes pathogènes présents dans les eaux usées peuvent êtres classés en
quatre groupes principaux :
 Les bactéries pathogènes, essentiellement des entérobactéries : salmonelle (fièvres
typhoïde, …etc. ;
 Les virus : entérovirus, réovirus, virus de l’hépatite A ;
 Les parasites : œufs des verres (taenia, ascaris, …etc.) ;
 Les champignons.
La mise en évidence des agents pathogènes est difficile en raison de la faiblesse de
leur nombre dans les eaux usées, des techniques de recherche et de dénombrement souvent
complexes, longues et fastidieuses.

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Les eaux usées et leur traitement

Devant la difficulté de mettre en évidence les agents pathogènes eux-mêmes, on se


contente, dans la pratique courante des opérations de surveillance et de contrôle, de rechercher
dans le milieu des germes dont la présence soit synonyme de la possibilité d’existence de
germes pathogènes. Etant donné l’origine fécale des germes dangereux, on choisira pour cela
des germes commensaux de l’intestin qui devront présenter les caractéristiques suivantes :
 très abondantes ;
 d’origine fécal certaines ou très vraisemblable ;
 plus résistants que la majorité des germes pathogènes de l’eau ;
 de mise en évidence facile et rapide ;
 non pathogènes.
Trois groupes principaux sont couramment utilisés dans ce but : germes témoins de
contamination fécale GTCF :
 les coliformes fécaux ;
 les streptocoques fécaux ;
 les clostridium sulfito-réducteurs.

6. Traitement des eaux usées :


Les eaux usées sont habituellement un milieu complexe chargé de matières présentes
sous différentes formes : physiques (en suspension, en solution colloïdales), chimiques
(minérales et organiques) et biologiques. Pour les éliminer, les techniques de dépollution ou
d’épuration des eaux usées ont recours à des processus simple dans leur principe. Ils reposent
sur des séparations physiques, des transformations biologiques, des corrections chimiques. La
caractéristique commune à l’ensemble de ces principes est qu’ils sont créateurs de sous
produits sous forme de « boues » qu’il conviendra soit d’éliminer, soit de valoriser.
Les différentes étapes de traitement sont :
 Prétraitement ;
 Traitement primaire ;
 Traitement secondaire ;
 Traitement tertiaire.

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Les eaux usées et leur traitement

6.1 Prétraitement :
Le prétraitement consiste en trois étapes principales qui permettent de supprimer de
l'eau les éléments qui gêneraient les phases suivantes de traitement. Toutes les stations
d'épuration ne sont pas forcément équipées des trois, seul le dégrillage est généralisé, les
autres sont le dessablage et le déshuilage.

6.1.1 Dégrillage et tamisage :


Le dégrillage et le tamisage permettent de retirer de l'eau les déchets insolubles tels
que les branches, les plastiques, serviettes hygiéniques... En effet, ces déchets ne pouvant pas
être éliminés par un traitement biologique ou physico-chimique, il faut donc les éliminer
mécaniquement. Pour ce faire, l'eau usée passe à travers une ou plusieurs grilles dont les
mailles sont de plus en plus serrées. Celles-ci sont en général équipées de systèmes
automatiques de nettoyage pour éviter leur colmatage, et aussi pour éviter le
dysfonctionnement de la pompe (dans les cas où il y aurait un système de pompage).

6.1.2 Dessablage :
Le dessablage permet, par décantation, de retirer les sables mélangés dans les eaux par
ruissellement ou amenés par l'érosion des canalisations. Ce matériau, s'il n'était pas enlevé, se
déposerait plus loin, gênant le fonctionnement de la station et provoquant une usure plus
rapide des éléments mécaniques comme les pompes. Les sables extraits peuvent être lavés
avant d'être mis en décharge, afin de limiter le pourcentage de matières organiques, sa
dégradation provoquant des odeurs et une instabilité mécanique du matériau.

6.1.3 Dégraissage :
C'est généralement le principe de la flottation qui est utilisé pour l'élimination des
huiles. Son principe est basé sur l'injection de fines bulles d'air dans le bassin de déshuilage,
permettant de faire remonter rapidement les graisses en surface (les graisses sont
hydrophobes). Leur élimination se fait ensuite par raclage de la surface. Il est important de
limiter au maximum la quantité de graisse dans les ouvrages en aval pour éviter par exemple
un encrassement des ouvrages, notamment des canalisations. Leur élimination est essentielle
également pour limiter les problèmes de rejets de particules graisseuses, les difficultés de
décantation ou les perturbations des échanges gazeux.

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Les eaux usées et leur traitement

Huile

Effluent

Sable

Le dessablage et le déshuilage se réalisent le plus souvent dans un même ouvrage: les


sables décantent au fond de celui-ci tandis que les graisses remontent en surface.

6.1 Traitement primaire :


En épuration des eaux usées le traitement primaire est une simple décantation qui
permet de supprimer la majeure partie des matières en suspension. Ce sont ces matières qui
sont responsables du trouble des eaux usées.
L'opération est réalisée dans des bassins de décantation dont la taille dépend du type
d'installation et du volume d'eau à traiter. De la même manière, le temps de séjour des
effluents dans ce bassin dépend de la quantité de matière à éliminer et de la capacité de
l'installation à les éliminer.
La décantabilité des matières dans un bassin est déterminée par l'indice de Mohlman.
Cet indice est déterminé chaque jour dans les stations d'épuration importantes afin de vérifier
le bon fonctionnement du système.
À la fin de ce traitement, la décantation a permis de supprimer environ 60% des
matières en suspension, environ 30% de la demande biologique en oxygène (DBO) et 30% de
la demande chimique en oxygène (DCO). Cette part de DBO supprimée était induite par les
matières en suspension. La charge organique restant à traiter est allégée d'autant.
Les matières supprimées forment au fond du décanteur un lit de boues appelé boues primaires.

6.2 Traitement secondaire :


Le traitement secondaire se fait le plus couramment par voie biologique. Une voie
physico-chimique peut la remplacer ou plus souvent s'y ajouter pour favoriser la floculation et
coagulation des boues ou permettre, par exemple, la fixation des phosphates apportés, entre
autres, par l'utilisation d'engrais pour les activités agricoles.

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Les eaux usées et leur traitement

6.2.1 Traitement par voie biologique :


Le traitement biologique le plus simple consiste à éliminer les composés organiques
tels que sucres, graisses, protéines, … etc. Ceux-ci sont nocifs pour l'environnement puisque
leur dégradation implique la consommation de l'oxygène dissous dans l'eau nécessaire à la
survie des animaux aquatiques. La charge en polluants organiques est mesurée communément
par la DBO5 ou la DCO.

 Nitrification : Il s’agit de l’oxydation de l’ammoniaque en nitrite, puis en nitrate par


des bactéries nitrifiantes. L’ammoniaque est un poison pour la faune piscicole. Les
bactéries nitrifiantes sont autotrophes, elles fixent elles-mêmes le carbone nécessaire à
leur croissance dans le CO2 de l’air. Elles croissent donc beaucoup plus lentement que
les hétérotrophes.

 Dénitrification : Une troisième étape facultative consiste à éliminer les nitrates


résultants de la nitrification. La dénitrification se passe dans un réacteur anoxique, en
présence de composés organiques et de nitrates. Les nitrates sont réduits en diazote
(N2) qui s’échappe dans l’air. La dénitrification se fait généralement sur les petites
stations d'épuration dans le même bassin que la nitrification par syncopage (arrêt de
l'aération, phase anoxie). Cette étape tend à se généraliser pour protéger le milieu
naturel.

6.2.2 Traitement par voie physico-chimique :


Il regroupe l'aération et le brassage de l'eau mais aussi une décantation secondaire dite
aussi clarification. À partir de ce dernier élément, l'eau clarifiée est rejetée (sauf traitement
tertiaire éventuel) et les boues décantées sont renvoyées en plus grande partie vers le bassin
d'aération, la partie excédentaire étant dirigée vers un circuit ou un stockage spécifique.
Le traitement secondaire peut comporter des phases d'anoxie (ou une partie séparée en
anoxie) qui permet de dégrader les nitrates.

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Les eaux usées et leur traitement

 Déphosphatation : Cinq types de traitement sont possibles :


– Traitement physique: utilise des filtres ou des membranes afin d'enlever le
phosphore.
– Traitement chimique: il s'agit de réaction des sels formant des précipités insolubles
au fond du bassin. D'autres composés chimiques tel que le calcium ou le fer
peuvent être utilisés. Cette méthode reste assez coûteuse et augmente le volume à
traiter.
– Un traitement combinant les méthodes chimiques et physiques.
– EBPR (Enhanced Biologial Phosphorous Removal) : qui consiste à l'accumulation
de phosphore par des micro-organismes, sous forme de polyphosphates par
exemple. Acinetobacter spp. est une bactérie potentiellement responsable de cette
accumulation de phosphore et est désignée sous le nom de PAOs (Phosphorous
Accumulating Organisms).
– Traitement biologique: Un traitement biologique complété par un traitement
physico-chimique est souvent utilisé. Le phosphore est indispensable aux réactions
biologiques liées au traitement de la pollution carbonée et azotée. Il s'agit alors
d'assimilation biologique. Cette assimilation correspond à un ratio de 1 g de
phosphore pour 100 g de carbone.

6.4 Traitement tertiaire :


6.4.1 Traitement bactériologique :
Le traitement tertiaire n'est pas toujours réalisé. Cette étape permet de réduire le
nombre de bactéries, donc de germes pathogènes présents dans l'eau traitée. Ce traitement
peut être réalisé par ozonation, par un traitement aux UV ou pour des petites capacités de
station d'épuration par une filtration sur sable (sable siliceux et de granulométrie spécifique).

a) Traitement bactériologique par rayonnement UV :


Il existe une certaine variété de systèmes sur le marché. Le principe traditionnel de
désinfection par rayonnement UV consiste à soumettre l'eau à traiter à une source de
rayonnements UV en la faisant transiter à travers un canal contenant une série de lampes
submergées. Depuis quelques années, l'on trouve aussi, surtout pour les petites stations de
traitement des eaux usées, un système basé sur des réacteurs monolampe, qui offre des
avantages au niveau de la maintenance et des coûts d'utilisation.

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Les eaux usées et leur traitement

b) Traitement par voie physico-chimique :


Le traitement tertiaire inclut un ou plusieurs des processus suivants:
 désinfection par le chlore ou l'ozone pour éliminer les germes pathogènes ;
 neutralisation des métaux en solution dans l'eau en faisant varier le pH de l'eau dans
certaines plages, on obtient une décantation de ces polluants.
6.5 Les boues et leurs traitements :
Le traitement des boues biologiques et des boues primaires a pour objectif de réduire leur
volume par épaississement et de diminuer leur pouvoir de fermentation par stabilisation
biologique et thermique. Les différentes étapes du traitement sont :
 Pré-épaississement :
 Récupération des boues de la décantation primaire et de la décantation finale
 Les boues fraîches contiennent 0.5% de matière sèche
 L’extraction de l’eau se fait au moyen de tables d’égouttage avec adjonction d’un
réactif de floculation
 Teneur en matières sèches après traitement environ 6 %
 Digestion anaérobie :
 Stabilisation des boues par une digestion anaérobie
 Les boues digérées sont pratiquement inodores car la dégradation des matières
organiques est fortement ralentie
 Production de gaz méthane (CH4) principalement
 Les boues sont chauffées dans des digesteurs à une température de 35°C et brassées
par injection périodique de gaz
 Temps de séjour minimum de : 22 jours
 Déshydratation : elle se réalise par centrifugation jusqu’à une teneur de matières sèches
d’environ 25 %.
 Incinération
6.6 Traitement des odeurs :
Les premières phases du traitement, le dégrillage, le dessablage/deshuilage et la phase
anaérobie du traitement biologique sont généralement confinées dans des bâtiments plus ou
moins étanches afin que les mauvaises odeurs ne se répandent pas dans l'environnement de la
station. Ce qui provoquerait des nuisances olfactives inacceptables par les riverains. Cet air
nauséabond est collecté et traité. Il passe par trois tours de lavage : une d'acide sulfurique, une
de Javel et une de soude.

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