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LA BALANCE DES PAIEMENTS

1. PRESENTATION

La BP décrit les opérations de la nation (résidents) avec l’étranger (non-résidents), classées


selon leur nature. Il s’agit d’un document annuel, présenté identiquement dans tous les pays.
On y enregistre avec le signe + les opérations avec entrées de capitaux et vice versa signe –
opérations avec sorties de capitaux. Ex : exportations & tourisme à l’étranger + ; IDE
RDC/étranger – et IDE Etranger/RDC + ; emprunts banques congolaises/étranger + ;
remboursement -.
1.1.Les différents ratios calculés à l’aide de la BP

La BP permet de calculer, avec la comptabilité nationale, des indicateurs intéressants pour


l’interprétation du commerce international :
. Le degré d’ouverture (X+M)/2/PIB),
. Le terme de l’échange (PX/PM),
. Le taux de couverture (X/Mx100),
. Le taux de dépendance (M/(Prod.+M-X)),
. La part du commerce international (X/SommeX),
. L’élasticité de la demande nationale d’importations (dM/M//dPIB/PIB), ou l’élasticité de la
demande étrangère d’exportations (dX/X//dPIB/PIB),
. Etc.
Ces différents ratios permettent de comparer plusieurs pays ou zones géographiques par
rapport à leur évolution dans le commerce international.

1.2.Structure de Balances des paiements.


La balance des paiements est subdivisée en 3 comptes.
1. Le Compte des transactions courantes
(Soldes commercial, des services et des revenus et transferts courants) dit balance des
paiements courants BPC. Celle dont on parle quand on ne spécifie pas.
2. Le Compte de capital (transferts exceptionnels et acquisitions).
3. Le Compte financier: mouvements de capitaux à long terme : investissements directs
Ide & de portefeuille (actions, obligations) ; à court terme : endettement des banques.
Variation des réserves de change.
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Le fonctionnement de la balance des paiements conduit en principe à l’identité comptable : 1


+2 + 3 = 0. C’est-à-dire le Solde général de ces trois comptes s’annule, aux erreurs et
omissions près.

1.3.Facteurs agissant sur la BPC.


Les facteurs influençant la BPC sont : la conjoncture, de la compétitivité (prix et qualité), des
élasticités de la demande étrangère d’exportations et nationale d’importations, importations
incompressibles, termes de l’échange…, en particulier les prix de l’énergie & matières
premières. Effets de la spécialisation géographique (sur les grands marchés, en croissance ou
stagnants), par produits (consommation, matériels de production, tourisme et selon le niveau
technologique. Effet enfin de la réaction de l’offre nationale aux variations de la demande
étrangère (élasticité d’offre) et des prix mondiaux (ou du change).

1.4.Facteurs agissant sur le compte financier.


Mouvements de capitaux : contrepartie de la capacité ou du besoin de financement interne.
Investissements directs et de portefeuille selon l’attractivité du pays, moins volatils. Variation
de l’endettement des banques (très volatils, liés aux anticipations de croissance, de variations
de taux de change et de taux d’intérêt) et des réserves de change de la banque centrale
(toujours menacées d’épuisement). Relations avec la BPC : Ide =>intérêts & dividendes
futurs, donc des revenus favorisant l’équilibre futur de la BPC.

1.5.Trois interprétations de la balance des paiements.

La BP Exprime :

1) la compétitivité du pays et ses structures de production.


2) le stade de son développement (pays jeunes déficitaires et emprunteurs, pays avancés
excédentaires et prêteurs, pays mûrs excédentaires ou déficitaires).
3) son attractivité pour les détenteurs de capitaux.
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2. LE PRODUIT D’EQUILIBRE ET LA BALANCE COMMERCIALE


Le marché des biens à l’équilibre quand le produit intérieur brut est égal à la demande des
biens nationaux : Y = Z ssi Y=C(Yd) + I(Y,r) + G + X(Y*, ε) - εM(Y, ε).

Cette condition d’équilibre détermine le produit (production) comme une fonction de toute
autre variable.

Z
ZZ

(a)

NX

(b)

Y
𝑌𝐵𝐶
C Déficit budgétaire
NX

(a) : ZZ représente la demande comme fonction de la production. La pente est positive et


inférieur à 1. Le produit d’équilibre est à l’intersection de ZZ est de la première
bissectrice (droite à 45°)

(b) : Les exportations sont représentées comme une fonction croissante du produit.

Remarque : Il n’y a pas de raison pour que le niveau d’équilibre Y soit généralement les
mêmes que celui qui équilibre la balance commerciale .
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( ) ( )

( )

Augmentation de la demande intérieure


Supposons que l’économie soit en récession et que le gouvernement augmente les dépenses de
l’État afin de stimuler et donc, d’augmenter la demande et la production. Graphiquement,
cette situation se présente comme suit :

Bissectrice
Z ZZ’
A’
ZZ

(a)
A

45°
Y Y* Y

NX

(b)

B
Y
𝑌𝐵𝐶
Déficit budgétaire
C NX

Si le gouvernement augmente ses dépenses de , la demande est plus élevée que quel
que soit le niveau de production. Alors, la demande passe de ZZ à ZZ’ et la production de Y à
Y’ car A passe à A’. L’augmentation du produit (Y) est supérieure à l’augmentation initiale
de G : il y a un effet multiplicateur (plus faible qu’en économie fermée). Il y a donc un effet
sur la balance commerciale : l’augmentation du produit de Y à Y’ conduit à un déficit
commercial égal à BC puisque la relation entre exportation nette et produit (b) ne se modifie
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pas (étant donné que les dépenses gouvernementales n’entrent pas directement dans la relation
définissant les importations et celle des exportations).

NB : non seulement une augmentation de dépenses génère un déficit, mais son effet sur le
produit et plus faible qu’en économie fermée (effet multiplicateur plus faible).

Cause : une augmentation des dépenses s’adresse en partie en des biens étrangers, pas
seulement en des biens nationaux. C’est la même cause pour le déficit commercial suite à
l’augmentation de la demande.

Supposons que la consommation et l’investissement soit donné par :

Supposons que les importations et les exportations soient données par :

Les importations sont proportionnelles aux produits intérieurs, les exportations sont
proportionnelles aux produits étrangers. est la propension marginale à importer. On
suppose que le taux de change réel . Cela veut dire que, par unité de monnaie locale, on
donne une unité de devises.
La condition d’équilibre sur le marché des biens devient :

( )

( )

( )
( )
L’effet multiplicateur de dépenses publiques est donc :

Il est inférieur à l’effet multiplicateur de dépenses publiques en économie fermée qui, lui,
égale à :
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On voit que :

Remarque : on appelle « petit pays » toute économie (pays) incapable d’influencer le reste du
monde sur le plan des échanges internationaux mais qui subit des effets des échanges
internationaux du reste du monde. Donc, pour ces genres d’économie, est très élevée (ex :
la RDC aujourd’hui).

Augmentation de la demande étrangère


Graphiquement cette situation se traduit comme suit :

Bissectrice
Z
DD
ZZ’
A’

C ZZ

A
(a)

45°
D
Y Y’ Y

NX

(b)
𝑋

𝑁𝑋
Y
𝑌𝐵𝐶
NX’

NX
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Un produit étranger Y* plus élevé implique une demande plus élevée, ce qui inclut une
demande plus élevée des biens nationaux, et donc une augmentation des exportations de
ZZ passe à ZZ’ et la demande des biens nationaux augmente de NX passe à NX’ : comme
les exportations augmentent de pour un niveau donné du produit intérieur, la droite
donnant les exportations nettes en fonction du produit intérieur se déplace aussi de . On a à
présent un surplus commercial ou un excédent commercial de . Le nouvel équilibre est
en A’ avec un nouveau produit correspondant Y’.

L’augmentation du produit étranger conduit à une augmentation du produit intérieur (à


travers le multiplicateur des exportations et à l’amélioration de la balance commerciale).

NB : la balance commerciale s’améliore si l’augmentation de la demande intérieure conduit à


une augmentation des importations qui ne compense pas l’augmentation des exportations.

Les exportations nettes sont données par CA’ qui est toujours positif puisque la courbe de la
demande intérieure DD est toujours au-dessus de ZZ’.

L’augmentation du revenu étranger Y* a comme conséquence l’augmentation des


exportations qui entraine l’augmentation du revenu national, celle-ci entraine l’augmentation
des importations mais moins proportionnellement que les exportations. Ce qui entraine
l’augmentation de la balance commerciale.

- Une augmentation de la demande induit une augmentation du produit intérieur Y mais


crée également un déficit commercial.
- Une augmentation de la demande étrangère induit une augmentation du produit intérieur
Y et crée un surplus commercial.

2.1.Dépréciation, balance commerciale et production


Rappel :

Avec E le taux de change nominal et le taux de change réel.

Au niveau de prix donné, une dépréciation nominale implique une dépréciation réelle dans les
mêmes proportions (si les francs congolais se déprécient de 10% par rapport au dollar et si le
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niveau des prix reste inchangé, alors les biens congolais seront moins chers de 10% par
rapport aux américains.

Effet d’une dépréciation réelle sur les exportations nettes

Rappelons que les exportations nettes ou l’équation de la balance commerciale est :

( ) ( )

Si X augmente : la dépréciation réelle rend les biens nationaux comparativement moins chers
à l’étranger, ce qui occasionne l’augmentation des exportations X.

Si M diminue : la dépréciation réelle rend les biens étrangers comparativement plus chers, ce
qui diminue les importations.

Si le prix des biens relatifs augmente : suite à la dépréciation réelle, la facture des

importations augmente (la même quantité d’importation veut désormais, plus chère. En
bref, une dépréciation réelle augmente les exportations nettes ou améliore la balance
commerciale (condition de Marshall LERNER).

2.1.1. Dépréciation de la balance commerciale : la condition de Marshall LERNER


La condition de Marshall Lerner est la condition pour qu’une dépréciation réelle induise une
augmentation des exportations nettes. On sait que la balance commerciale (l’équation de la
balance commerciale) s’écrit :

La variation de la balance commerciale peut s’exprimer de la manière suivante :

La condition de Marshall LERNER est que la somme de ces trois termes soit positive pour
qu’une dépréciation réelle induise une augmentation des exportations nettes.

Des études économiques suggèrent que cette condition est respectée en général et que donc
une dépréciation réelle induit une augmentation des exportations en général.

Les effets d’une dépréciation

La variation des exportations nettes suite à une dépréciation réelle affecte les produits. Ce qui
a un impact à retour sur les exportations nettes. Les effets d’une dépréciation réelle sont très
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proches de ceux d’une augmentation du produit étranger comme nous le montre le graphique
suivant :

Bissectrice
Z
DD
ZZ’
A’

C ZZ

A
(a) 𝑁𝑋

45°
D
Y Y’ Y

NX

(b)
𝑋

𝑁𝑋
Y
𝑌𝐵𝐶
NX’

NX

Une dépréciation de la monnaie (augmentation du taux de change réel conduit à une


augmentation des exportations de et par conséquent à une augmentation des exportations
nettes puisqu’on suppose que la condition de Marshall LERNER est vérifiée. ZZ et NX
se déplacent vers le haut et deviennent ZZ’ et NX’. On a à présent un surplus commercial de
l’ampleur de . La dépréciation conduit donc à un déplacement de la demande, étrangère
et intérieure, vers les biens nationaux. Ceci induit en retour une augmentation du produit
intérieur et une amélioration de la balance commerciale.
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Différence entre dépréciation et augmentation du produit étranger (Y*)


Une dépréciation rend le prix des biens étrangers comparativement plus élevés. Mais, ceci
signifie que les gens, étant donné leur revenu, sont moins satisfaits puisqu’ils doivent payer
plus cher pour les biens étrangers.

2.1.2. L’étude dynamique : la courbe en J


Une dépréciation induit une augmentation des exportations et une diminution des
importations. Mais, ces effets ne sont pas immédiats. Dans le premier mois, les effets de la
dépréciation se reflètent plus dans le prix que dans les quantités, les prix des importations
augmentent et le prix des exportations baissent (Effets-prix).

Mais la quantité des importations et des exportations s’ajustera sans doute lentement à cette
variation des prix. Une dépréciation induit dans un premier temps une détérioration de la
balance commerciale. Le taux de change réel augmente et les exportations nettes diminuent
puisque ni X ni M ne s’ajuste beaucoup au départ. Donc, dans les premiers mois (à court
terme), la dépréciation qui entraine la hausse de fait chuter la balance commerciale.

Au fil du temps, les effets de la dépréciation sur X et M sont plus forts, si la condition de
Marshall LERNER est vérifiée, on observe une amélioration de la balance commerciale.
C’est-à-dire, à moyen terme, on a : la dépréciation monétaire qui cause l’augmentation du
taux de change réel, ce qui cause l’augmentation des exportations et diminue les importations,
entrainant ainsi un excédent commercial (Effets-volume).

Graphiquement, on obtient la courbe sous forme de J ci-dessous.

NX

Dépréciation

θ
t

A
C

B
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Cette courbe met en relation l’évolution de la balance commerciale avec le temps de réponse à
une dépréciation. Le déficit commercial avant dépréciation était de . La dépréciation
l’augmente d’abord jusqu’a . Le taux de change réel augmente mais ni <M ni X ne
s’ajuste encore. Peu à peu, les exportations augmentent et les importations diminuent,
déduisant le déficit commercial. À la fin, si la condition de Marshall LERNER est satisfaite,
la balance commerciale est améliorée au-delà de son niveau initial au point C.

2.1.3. Problèmes liés aux déséquilibres de BPC. # selon +/- .


 L’Excédent présente peu d’inconvénients : capacité de financement, donc IDE,
contrôle d’entreprises étrangères, tendance de la monnaie à se valoriser, + réserves de
change, indépendance et puissance nationale. => flux d’investissement et dividendes.
 Déficit pose problèmes, car exige entrées de capitaux pour compenser, donc risques de
prise de contrôle de l’économie nationale par l’étranger, d’épuisement des réserves de
change, tendance à la dépréciation de la monnaie, risque de spéculation contre cette
monnaie si anticipation de déficit structurel.

2.2.L’épargne, l’investissement et les déficits commerciaux


On a vu que la condition d’équilibre sur le marché des biens peut s’écrire comme une
condition d’égalité entre l’investissement et l’épargne (privé et public). En économie ouverte,
ces conditions s’obtiennent ainsi :

( )
Cette condition affirme qu’à l’équilibre, la balance commerciale NX soit égale à l’épargne
privée et publique mois l’investissement.
- Un surplus commercial correspond à un excès de l’épargne par rapport à
l’investissement.
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- Un déficit commercial doit correspondre à un excès de l’investissement sur l’épargne.

Deux remarques sur les implications de cette relation sont les suivantes :
 Une augmentation de l’investissement doit être compensée soit par une augmentation
de l’épargne privée ou publique soit par une détérioration de la balance commerciale.

 Une augmentation du déficit budgétaire (T – G < 0) doit être compensé par une
diminution de l’investissement ou une détérioration de la balance commerciale car –
(T – G) = S – NX – I alors (G – T) = S – NX – I.

En d’autres termes :

 A un besoin de financement X-M <0 correspond une insuffisance de l’épargne interne


par rapport au solde budgétaire.
 A une capacité de financement X-M>0 correspond une épargne privée supérieure au
besoin de financement du secteur public.
Ce mécanisme est connu sous le concept de « déficits jumeaux ».

2.3.Comment résorber ou traiter un déficit Bpc ?


Quatre Solutions
1. solution à court terme, attirer des capitaux étrangers, en augmentant les taux d’intérêt, ou
par avantages fiscaux pour financer le déficit, avec le risque de ralentir la croissance interne et
de perdre le contrôle des entreprises nationales (IDE ou actions) ; seuls les USA peuvent
résister à cette situation grâce à l’attrait du $ et de leur économie dominante. Mais cela aura
un terme ;
2. Dévaluer (laisser se déprécier) la monnaie nationale pour accroître la compétitivité des
exportations (+volume exportations) ;
3. Imposer un plan de stabilisation de la croissance pour modérer la demande nationale (-
importations) ; solution inéluctable pour les pays à monnaie faible ; les USA devront-ils
l’adopter?
4. solutions autoritaires, instaurer le contrôle des changes (bloquer les sorties de capitaux ;
solution interdite à l’intérieur d’un marché commun) ou le protectionnisme (contraire aux
règles de l’OMC).
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Eléments bibliographiques

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Coll. « Ouvertures économiques », Bruxelles, éditions de Boeck,2011
AUBIN C. et P. NOREL, Économie internationale, Collection « Points », Paris, éditions du
Seuil, 2000.
BOURGUINAT H., TÉÏLETCHE J., DUPUY M. Finance internationale, Paris, Dalloz,
Coll. « Hypercours », 2007.
BURDA M. et WYPLOSZ C., Macroéconomie : une perspective européenne,
5e édition, Bruxelles, De Boeck, 2009.
HANAUT A. et MOUHOUD El M., Économie internationale, Coll. « Dyna’Sup économie «,
Paris, éditions Vuibert, 2002.
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The MIT Press, 1989.
KRUGMAN P.R., D.M. OBSTFELD, G.CAPELLE-BLANCARD et M. CROZET, Économie
internationale, 8e édition, Paris, Pearson Education, 2009.
LASSUDRIE-DUCHÊNE B., Échange international et croissance, textes choisis et présentés,
Collection « Les Textes fondamentaux », Paris, Economica, 1972.
LAUTIER D., C. MOREL et Y. SIMON, Finance internationale, 10e édition, Paris,
Economica, 2009.
MAYER T. et MUCCHIELLI J.L., Économie internationale, 2e édition, Paris, Dalloz,
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OBSTFELD M. et K. ROGOFF, Fondations of International Macroeconomics,
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PAQUIN S., La nouvelle économie politique internationale, Coll. « Cursus »,
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2010.

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