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Paroles d'Actu : les dix premières années

Paroles d’Actu aura dix ans le 15 juin. Dix ans d’une aventure sur laquelle j’aimerais
revenir, aujourd’hui, dans le cadre d’un texte plus personnel qu’à l’accoutumée. Ces
textes-là ne sont pas forcément ceux que je préfère écrire, ce sont plutôt les invités
que j’aime à mettre en avant, mais allons-y, j’espère que ça ne sera pas trop laborieux.

L’idée de départ en 2011, ce fut, partant de pas grand chose, d’utiliser les
possibilités inouïes d’Internet, et d’exploiter ma curiosité pour créer un média.
Contacter des gens, en n’étant pas d’un milieu « à réseau », s’imprégner d’une
thématique et en extraire des questions, si possible pertinentes. Apprendre quelque
chose, à chaque fois, et peut-être, faire un peu avancer le schmilblick de la démarche
d’intelligence, en apportant une connaissance, ou une pierre à un débat.

Dix ans après, quel bilan est-ce que j’en tire ? 380 articles, 618 000 visiteurs pour
plus de 11 000 pages vues chaque mois depuis le début de l’année, un référencement
comme source Google News ? Tout cela, oui. Mais surtout, la rencontre, « virtuelle
» pour la plupart, physique parfois, avec des dizaines de personnes passionnées,
passionnantes, souvent les deux, et d’univers très différents. Je salue ici, un à un par
la pensée, l’ensemble des invités qui ont accepté de m’accorder un peu de leur temps
pour répondre à mes questions, plusieurs fois pour certains. Je ne citerai, vous le
comprendrez, qu’une poignée de noms, ceux qui hélas ne sont plus parmi nous :
Gilles Verlant, Michel Dinet, Micheline Dax, Alain De Greef, Charles Aznavour,
Georges Sarre, Faby. Je pense à eux, et je pense à Fariba Adelkhah, chercheuse
emprisonnée de longs mois durant par le régime iranien. J’adresse aussi mes
salutations chaleureuses à celles et ceux qui, face à ce travail, m’ont témoigné leur
intérêt, leur bienveillance, ou qui simplement ont lu sans faire de bruit. Et là, j’ai une
pensée pour mon père, qui m’encouragea dans cette démarche qui lui était étrangère,
pour Maxime Scherrer parti bien trop tôt, pour l’ami Bob Sloan, et peut-être pour
d’autres que je ne connais pas.

Il y a dix ans, je ne lisais pas beaucoup de livres. Je peux même dire que j’en lisais très
peu. Depuis les débuts du site, j’ai découvert les services presse : parfois on m’a
proposé des ouvrages, parfois je les ai sollicités. Ces lectures fort variées, et tous mes
achats à côté, m’ont beaucoup appris, et d’abord à aimer lire. Je me suis amusé, dans
la perspective de cet article, à réunir pour une photo, une grande partie (la table
n’était pas extensible à l’infini) de mes livres reçus en SP, et qui ont donné lieu pour la
plupart (pas tous) à un article, à une interview. Une belle occasion de remercier ces
éditeurs, tous les attaché(e)s de presse qui font un beau travail, et d’inciter encore qui
me lira ici à lire des livres, et à encourager ce secteur véritablement essentiel.

Le bilan que je tire de cette aventure est largement positif : j’ai reçu des marques
d’estime qui m’ont fait chaud au coeur, et niveau estime de soi je partais de loin ; j’ai
grandi, pris (un peu) confiance en moi depuis dix ans, et cette activité y a contribué.
J’ai fait de très belles et parfois inattendues rencontres grâce à Paroles d’Actu. Et,
forcément, quelques vraies déceptions humaines, mais moins, et rien de surprenant :
ainsi va la vie.

Et là, à ce moment de la rédaction, je me dis : mais eux, que j’ai interrogés, qui m’ont
fait des confidences, ou bien qui m’ont lu, que savent-ils de moi ? Il est légitime que
j’y réponde, quitte à me confier un peu moi aussi. Nicolas donc, 36 ans au compteur,
issu de et vivant toujours dans le sud-lyonnais. J’ai fait des études en éco et en droit
(avec un goût particulier pour l’anglais, langue et civilisations) et suis diplômé
(Master 2) de l’université Lumière-Lyon-II (2008). Mon parcours pro n’a jusqu’à
présent pas été très synchro avec mes études ou même mes centres d’intérêt (anglais
donc, histoire et civilisations, économie et politique), et j’ai passé l’essentiel de ces
années comme petit poisson dans un entrepôt logistique frais, pour un gros
distributeur. De ces jobs formateurs, mais dans lesquels il ne faut pas trop espérer se
distinguer parce qu’on n’y est souvent qu’un matricule. À ce jour j’y travaille toujours.
Pas grand chose à voir avec Paroles d’Actu, me direz-vous. Un passe-temps très
prenant, une bouffée d’air frais. Un hobby, sur lequel je ne gagne évidemment pas
d’argent. Mais... Je souhaite me rapprocher, pour un emploi, de tout ce que je fais
avec le site (rédaction, prises de contact, communication, recherche ou associatif), ou
de thématiques qui me tiennent à coeur (la mémoire, la cause francophone...) mais je
suis plus doué pour vanter les mérites des autres que pour me « vendre » moi-même,
et on touche ici, encore, à la question de la confiance en soi qui chez moi, dans mon
processus particulier de développement, n’est pas réglée. Je reconnais que, dans
l’idéal, mon idéal, j’aurais aimé que quelqu’un, lisant ce que je fais, un article parmi
tant, se dise : « Il fait des choses pas mal ce Nicolas, si je lui proposais quelque
chose ? » Mais je suis redescendu sur Terre, et ai bien compris que c’était à moi de me
faire violence, d’aller de l’avant et au-devant des autres, non pas pour leur parler
d’eux, mais un peu de moi. Je veux être optimiste mais si ce que je fais intéresse
quelqu’un, ça peut m’intéresser aussi, genre vraiment. ;-)

Quelle que soit la suite, j’aurai toujours ce goût du contact et de la rencontre, que
j’exploite avec plaisir pour Paroles d’Actu. Et sur cette activité-ci, j’entends ne pas
renoncer à ma liberté.

À toutes et tous, merci pour votre fidélité, et pour votre bonté envers moi. N’hésitez
pas à poster vos petits commentaires en bas de cet article, à exprimer ce qui vous fait
apprécier le blog !

Nicolas, le 14 juin 2021

Posté par Nicolas Roche à 16:32 - Français - Commentaires [6] - Permalien [#]
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27 août 2020

Bob Sloan, un hommage personnel


Cet article ne ressemble à aucun autre publié ici et, disons-le tout net, j’aurais préféré
ne jamais l’écrire.

Il y a deux mois disparaissait Bob Sloan. Ce nom ne dira sans doute pas grand chose à
grand monde parmi vous. Il me tient pourtant à cœur de vous parler un peu de lui, et
de vous le présenter, quitte à aller pour une fois sur quelque chose de plus personnel
sur ce blog.

Au commencement de cette rencontre, qui vaut bien à mon sens le présent hommage,
il y eut un article, basé sur une interview à distance qui m’avait été accordée en avril
2016 par Grégor Trumel, alors consul général de France à La Nouvelle-Orléans. Un
échange enrichissant avec un passionné connaissant très bien la Louisiane, l’histoire
commune entre la France et les États-Unis, et les enjeux liés à la francophonie.

Le contact avec M. Trumel fut des plus agréables, et après publication de l’article, la
discussion s’est prolongée. Curieux de découvrir, pour une idée de reportage futur,
des parcours de francophones basés en Louisiane, je lui ai demandé s’il accepterait de
me proposer un ou deux noms de personnes avec qui entrer en relation. Il m’en a
proposé un : « Bob Sloan, universitaire de haut niveau et ancien directeur juridique
de la compagnie Entergy. Très brillant et francophone. »

Bon, autant dire que, vu le profil du monsieur, et mes restes de timidité, je ne savais
pas trop comment m’y prendre pour un premier abord, qui forcément serait un mail.
Dans ce courrier, je me suis présenté un peu, 31 ans à l’époque, créateur de blog et
grand curieux d’une Amérique jamais encore découverte (toujours pas à ce jour, mais
j’espère le faire bientôt). Sa réponse, qui ne tarda pas, fut courtoise et
d’emblée bienveillante : avant de l’écrire, il avait lu les deux articles que je lui avais
proposés en lien et m’invita à un échange plus direct via Skype.

Le support de nos discussions, ce fut WhatsApp. D’abord du chat, pour se connaître


un peu mieux, et affiner les formes de l’échange. Au départ, j’écrivais « Mr Sloan »,
normal. Très vite il m’a mis à l’aise : « Nicolas, je m’appelle "Bob", ou "Robert" si
vous préférez, mais certainement pas Mr Sloan... ». Beaucoup de sujets abordés, au
cours des discussions : les États-Unis, et la France, volets politique, diplomatie,
économie et culture, les rapports et comparaisons entre nos deux pays, le nucléaire
dont il était un expert reconnu, les débats d’idées qui le passionnaient, le sport et la
religion... La famille. La vie, la vie tout court. Et l’Histoire, passion commune, même
si évidemment sur ce sujet et sur les autres, il en savait beaucoup plus que moi. Mais
il avait la bonté de ne jamais me le faire sentir.
Autoportrait sans indulgence, par Guy de Montlaur, 1969.

Sans grande surprise il y avait, dans notre panthéon commun, Churchill et de Gaulle,
objets de pas mal de nos dialogues - qui de chats écrits, sont rapidement devenus
téléphoniques, en général les jeudis après-midi. Cette histoire qu’il connaissait très
bien, était aussi intimement liée à celle de sa famille, et notamment de sa belle-
famille : son beau-père Guy de Montlaur, disparu en 1977, fit partie des fameux
commandos Kieffer, ces Français Libres qui débarquèrent en Normandie en juin
1944, puis en Hollande. Il me parlait beaucoup de cet homme, peintre reconnu que
lui n’avait pas connu mais qu’il admirait, et il me parlait souvent, avec admiration
autant que tendresse, de la fille de celui-ci, son épouse Dauphine, enseignante comme
lui à l’université de Tulane (La Nouvelle-Orléans), et chanteuse lyrique.

Après plusieurs mois de dialogue constamment agréable, une opportunité de


rencontre fut trouvée lorsqu’il se rendit à Paris en juin 2018. L’occasion pour moi de
retourner voir Paris, six ans après ma dernière visite de la capitale. Le rendez-vous fut
pris pour le 17 juin, du côté de l’École militaire. De menus cafouillages et problèmes
de communication ont retardé le moment tant attendu, mais ce fut résolu bien vite, et
je l’ai retrouvé au café « La Terrasse », pour le petit-déjeuner. Moment souriant et de
curiosité mutuelle, deux ans ou presque après nos toutes premières discussions par
mail. La journée s’est poursuivie par une bonne balade qui nous a conduits jusqu’au
Trocadéro, via le Champ-de-Mars et ses inévitables bataillons de vendeurs de Tour
Eiffel. J’en ai tiré une belle photo que je garderai précieusement.

Une fois séparés, nous convînmes assez vite de nous revoir durant mon séjour. Le 19,
soit deux jours plus tard, nos retrouvailles se firent côté Saint-Germain, aux pieds de
Danton. Nous déjeûnames dans un restaurant, je n’ai pas retenu son nom, mais la
déco était marine. Mille autres discussions alors, le monde refait en quelques
minutes, sur fond sonore de match de foot, en pleine coupe du Monde qui, un mois
après, allait voir la consécration de l’équipe de France. L’après-midi se poursuivit par
une déambulation qui devait nous conduire jusqu’au jardin du Luxembourg. C’était
en tout cas notre objectif, mais Paris étant vaste et ses rues parfois sinueuses, nous
nous y sommes pris à plusieurs reprises avant d’atteindre le Sénat et son joli cadre.
Nous avons certes un peu perdu notre chemin, mais ce fut souriant et ces écarts nous
ont même permis, au hasard d’un détour, de passer devant un établissement qu’il
avait fréquenté lors de ses études en France.

Je ne saurais dire, et cela importe peu, si Bob était un démocrate d’après la


classification politique américaine. Ce que je sais, c’est qu’il était triste, et même
malheureux, d’assister jour après jour, et tweet après tweet, aux démonstrations de
vulgarité revendiquée du président des États-Unis, Donald Trump. Lui était un
humaniste, ça se sentait quand on l’écoutait parler, ou même simplement, quand son
regard et son sourire croisaient les vôtres. Je lui ai dit à une ou deux reprises que je le
croyais apte à assumer le job, et je le pensais sincèrement : son expérience des
affaires, de la politique et de la diplomatie, son intellect, sa curiosité des dossiers et
des gens l’auraient qualifié pour devenir, je crois, un homme politique américain de
haut niveau, qui eût été intègre et efficace. Je le lui avais promis : j’aurais été parmi
ses premiers soutiens pour la campagne, « Sloan for America 2020 », si et seulement
si il avait eu envie de cette vie de fou, évidemment.

Bob est mort, et Trump garde encore des chances d’être réélu en novembre. Le
monde est parfois mal fait. La nouvelle de sa maladie et de la gravité de celle-ci, qui
m’est parvenue deux semaines avant son décès, m’avait beaucoup peiné. C’était un
homme bon, aimé d’un grand nombre de personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie, et
d’abord évidemment des siens. Il y avait un projet, vague et un peu lointain mais dont
la perspective m’enchantait : visiter avec lui La Nouvelle-Orléans, cité fascinante si
l’en est, ou encore son petit coin de paradis breton, près de Saint-Malo, terre en
laquelle il repose désormais. Un symbole touchant, pour cet Américain qui aimait
tant notre pays, sa culture, son terroir et son histoire.

Lors des obsèques de sa fille Marie, Jean-Louis Trintignant avait cité cette phrase que
j’ai toujours retenue : « Ne pleure pas celle que tu as perdue. Au contraire, réjouis-
toi de l'avoir connue. » Je suis heureux d’avoir eu la chance et le privilège de
connaître Bob Sloan. Je reprendrai un de ses mots à lui, toujours curieux et toujours
enthousiaste : il était quelqu’un de très « chouette ». Je remercie Grégor Trumel,
Dominique Wolton, et George de Montlaur pour avoir considéré, chacun avec
gentillesse, ma proposition première d’hommage à plusieurs voix, pour Paroles
d’Actu. Je salue chaleureusement sa veuve Dauphine et leurs enfants, que j’espère
rencontrer un jour. Et j’envoie mes bonnes pensées à chacun des lecteurs et
interviewés du blog : j’en ai rencontré quelques uns, avec bonheur, mais j’aimerais en
croiser bien d’autres, pour d’autres belles expériences humaines. Quant à toi Bob,
mon ami, de là où tu es sois sûr de cela : I’ll always remember Paris, your smile and
your kindness to me.

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Tags : Bob Sloan, hommage, personnel
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12 avril 2017

« La cabine oubliée... : Bérézina, la douloureuse traversée


», par Joris Laby
Début février, j’avais mis en ligne l’article La cabine oubliée, fruit difficilement cueilli de la
proposition faite à plusieurs personnes d’imaginer ce que serait leur voyage dans le temps si
une telle possibilité existait. Ce document de février est riche et mérite d’être découvert, et je
remercie à nouveau ici chacun des participants. Un autre texte m’est parvenu, celui de Joris
Laby, un jeune homme issu du Val de Loire qui a baigné depuis tout petit dans les histoires du
passé, au point de faire de celle avec un grand "H" une passion jamais démentie. Max Gallo,
pour lequel j’ai pour l’occasion une pensée, est de ces historiens qu’il estime plus que tout.
L’épopée napoléonienne, une de ces époques qui lui parlent "vraiment". C’est le cadre de son
texte, écrit avec passion et son style propre, gardé comme tel. La campagne de Russie. On y
est... Merci Joris ! Une exclu Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.

EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

La cabine oubliée...
« Récit d’un homme qui vit la Bérézina.
La douloureuse traversée de l’Armée Impériale. »

Je suis arrivé devant la Bérézina au matin du 26 novembre 1812. Comment et pourquoi suis-je
arrivé ici, dans ce bourbier, au beau milieu de la débâcle de la Grande Armée, sont des
questions sans importance. Ce que vous devez savoir, c’est que le temps n’est pas aussi
linéaire que ce que l’état actuel de nos connaissances nous laisse à penser. La seule chose qui
me relie dès lors à mon époque est un petit boîtier électronique, possédant en son centre un
unique petit bouton rouge. Ce boîtier était mon unique moyen de retourner chez moi, mon fil
d’Ariane dans ce labyrinthe temporel, l’objet qui me permettrait de retourner à mon époque
d’origine. Seulement, sa batterie ne possédait qu’une autonomie de 24h et assez d’énergie
pour un unique voyage retour. Je décidai donc, boîtier en poche, de vivre intensément ce
moment historique et vous en rapporter toute l’horreur, mais aussi tout l’espoir qu’il a suscité.

La première chose que je vis ce matin-là, c’est la Bérézina, qui charriait des blocs de glace, et
le ciel orangé de l’aube qui s’éveillait. Mais à peine mon cerveau eut-il le temps de réaliser
qu’il s’agissait du ciel de la Russie des tsars, de 1812... que mon corps fut transi de froid. En
effet, le voyage temporel se fait nu, question d’économie d’énergie voyez-vous. De toute
façon, qu’aurais-je fait de guenilles du XXIe siècle à l’époque du grand empire napoléonien ?
Je me mis immédiatement en quête de vêtements. Pour cela j’entrai, courant nu dans la neige,
les pieds brûlés par le froid, dans une maison de bois de ce petit village qui bordait la
Bérézina et son gué : Studienka. Elle était composée d’une unique pièce avec sur le côté un
poêle, où les braises étaient encore chaudes - signe que les paysans de cette bourgade avaient
fui à l’arrivée des armées impériales. Il n’y avait rien dans ce logis pour se couvrir, hormis ce
drap de laine, grossier, qui trônait sur une paillasse en désordre. Je le pris et me drapai avec,
de sorte à couvrir la majeur eparti de mon corps. Je tentai ma chance dans une seconde
maisonnée où, par chance, je réussis à débusquer un justaucorps et un pantalon. Toujours
armé de ma couverture, je m’apprêtais à visiter une troisième maisonnée quand une voix
derrière moi m’interpella...

Illustration 1: Grognard de la Vieille Garde en 1813. Par Edouard Detaille.

« Fermier, arrête-toi ou je t’abats ! ». Le premier réflexe que j’eus, outre le fait de me stopper
net dans mon mouvement, a été de crier, « Je suis français ! ». Tout en me retournant, il me
demanda de quel régiment je faisais partie. Mon demi-tour achevé, j’aperçus le grognard, à
l’allure de géant, coiffé de son bonnet à poils. Je répondis que j’étais un cuisinier en quête de
nourriture. Il baissa son arme pointée sur moi depuis le début de la conversation, laissant
échapper un soupir : « Tu n’en trouveras point ici... les Russes ont tout pris avec eux ».
Effectivement, depuis le début de cette campagne, les Russes, sous l’impulsion de leur tsar,
Alexandre Ier, avaient refusé le combat tant que faire se pouvait en se repliant indéfiniment
sur leur vaste territoire, appliquant sur leur passage la tactique de la terre brûlée pour ne rien
laisser aux troupes impériales.

C’est durant les 35 jours restés à Moscou, avec la venue de l’hiver, que Napoléon comprit que
jamais le tsar n’abdiquerait et qu’il faudrait s’en retourner. Désorganisée par cette attente dans
la capitale russe, affamée, épuisée, la Grande Armée de Napoléon, ses quelque 600 000
soldats venus de toute l’Europe (Allemands, Polonais, Néerlandais, Autrichiens), cette Grande
Armée qui le 23 juin 1812 avait traversé le Niémen pour pénétrer dans l’empire russe, n’était
plus que l’ombre d’elle-même. Durant cette terrible retraite, ses effectifs se réduisaient
considérablement, au grès des maladies (comme le typhus), des charges de cosaques et des
échauffourées avec les troupes russes. Mais les deux grands bourreaux de cette armée ont été
ce que les contemporains de cette époque appelèrent, le « général Hiver » et le « général
Famine ».

Le soldat se prit vite d’affection pour moi et me donna des bottes qu’il avait trouvées sur un
cadavre qui de toute façon n’en avait plus besoin ; il se nommait Louis Bidault et faisait partie
de la Vieille Garde. La Vieille Garde composait la garde rapprochée de Napoléon : vétérans
chevronnés, ils constituaient un corps d’élite au sein de la Grande Armée. Louis me dit qu’il
le suivait depuis le début, depuis la campagne d’Italie, et qu’il avait participé à toutes les
grandes batailles de Napoléon, du pont de Lodi en passant par les pyramides d’Égypte, etc...
Pour lui comme pour un grand nombre de soldats, Napoléon était le seul capable de redresser
le pays d’après la Révolution, le seul capable de mettre à genoux cette vermine anglaise qui
avait fait tant de mal à la France. Le grognard aurait suivi, lui comme ses frères d’armes,
l’Empereur jusqu’au détroit de Béring si telle avait été sa volonté. Ces gaillards étaient durs
au combat, il fallait les voir marcher : ils avaient l’assurance d’un homme qui avait mille fois
bravé la mort et qui serait prêt à y retourner mille fois encore.
Illustration 2: La traversée de la rivière Bérézina - 1812. Les pontonniers au travail

sur la rivière Bérézina le 26 novembre 1812, construisant les deux ponts temporaires.

Par Lawrence Alma Tadema.

Sorti de Studienka, Louis alla rejoindre sa troupe auprès de l’Empereur. Je le suivis. Là,
j’aperçus dans la Bérézina des hommes s’affairant dans l’eau, de l’eau jusqu’à la taille ; de
l’eau glacée qui, sans l’énergie que leur insufflait l’Empereur, sans ce sentiment de sauver ce
qu’il restait de la Grande Armée, les aurait congelés sur place. C’était les 400 pontonniers du
général Éblé, qui construisaient les deux ponts qui allaient servir à passer sur la rive droite de
la Bérézina. Car la rivière n’était pas gelée, et le pont de Borisov ayant été détruit par les
hommes de l’amiral Tchitchagov, le seul moyen de passer, donc, était la construction de
pontons en bois flottant. Ces pontonniers ont travaillé d’arrache-pied, le corps immergé dans
une eau glaçante, aux glaçons tranchant comme du verre, et ce dès six heures du matin. Même
épuisés par cette retraite désastreuse, les hommes du général Éblé construisaient le pont, ce
qui coûtera la vie de la majorité d’entre eux, morts de froid, d’hypothermie. Leur sacrifice ne
sera pas vain puisqu’à treize heures le premier pont, celui pour l’infanterie, fut terminé ; le
second, celui réservé aux canons et diligences, le fut à seize heures.

Illustration 3: Maréchal Ney. Par François Gérard.

Illustration 4: Général Kutuzov. Par Volkov.

Illustration 5: Amiral Tchitchagov. Par James Saxon.

Louis m’attrapa par l’épaule et me dit, « Regarde, c’est le maréchal Ney ! ». Fidèle parmi les
fidèles de Napoléon, Ney le suivra jusqu’au bout, à Waterloo. Il passa près de nous, la tête
haute, juché sur son cheval épuisé ; les animaux et en particulier les chevaux ont beaucoup
souffert durant cette guerre, premières victimes des charges meurtrières de cavalerie, tailladés,
éventrés, criblés de balles, morts d’épuisement, de froid car les sabots d’hiver manquaient, ou
intoxiqué faute de fourrage comestible. Là, je pensais à Tchitchagov qui tenait la rive droite et
décidais d’en informer Ney. Je lui dis, « Mon bon Maréchal, j’ai cru voir des mouvements sur
la rive droite... », ce à quoi il répondit : « Effectivement, l’amiral Tchitchagov tient la rive
droite et fera tout pour nous empêcher de traverser jusqu’à l’arrivée de Wittgenstein et
Kutusov, mais si j’ai besoin de renseignements je ferais appel à des éclaireurs ». Suite à cela,
il se dirigea près du général Doumerc, commandant de la 5e division de cuirassiers et ordonna
la charge pour s’arroger le contrôle de la rive droit de la Bérézina et assurer le bon
déroulement de la retraite. Doumerc, sabre au point à la tête de ses 300 hommes, s’élança face
aux quelque 4000 chasseurs russes. Les cavaliers fondaient sur cette masse de soldats cédera
bien vite face à l’assaut impitoyable. De la rive gauche nous parvenaient les éclats de fusil et
les cris des soldats piétinés. Il ne restait plus là qu’une neige rougie par les sabots des
montures. La rive droite était sous contrôle.

Illustration 6: Halte de cavaliers, de Joseph Swebach-Desfontaines.

Illustration 7: Fuite par les deux ponts temporaires.

Aquarelle de François Fournier-Sarlovèze

Les hommes qui traversèrent le pont le 26 novembre, le faisaient dans l’ordre et la rigueur ; ils
composaient ce qui restait de la Grande Armée, ce reste qui tenait encore debout...
Contrairement à la masse impressionnante de ce qu’on appelait les traînards. À l’époque,
l’armée entraîne avec elle femmes et enfants, cuisiniers et artisans, sans compter les Français
installés à Moscou et qui n’osaient y rester. Il faut ajouter à tout ce groupe hétéroclite les
malades, les épuisés, ceux que le froid avait quasiment achevés. L’armée n’était pas prête à ce
froid, les vêtements peu adaptés, pas de gants ni de chaussures fourrées ; sans compter le
manque de nourriture car les cosaques coupaient toute possibilité de ravitaillement. Dans cet
enfer, les hommes étaient souvent obligés de s’abandonner aux plus répugnantes combines :
vols, meurtres, cannibalisme...

Cette composition hétéroclite de traînards, trop faibles pour suivre le rythme de la retraite,
sera abandonnée à elle-même lorsque les ponts furent détruits le 29 novembre 1812 à neuf
heures, pour freiner la poursuite russe, et ce malgré les multiples appels du général Éblé à «
traverser au plus vite », annonçant cette destruction des ponts. Mais ce n’est que lorsque les
ponts seront en feu que les retardataires, épuisés, se jetteront dans les flammes ou à l’eau,
pour tenter de se sauver. Mais l’objectif était atteint : l’Empereur n’a pas été fait prisonnier.

Pourtant Napoléon resta jusqu’au bout avec eux, ce n’est que le 28 au soir qu’il décida de
traverser la Bérézina. Les soldats ne lui en voulaient pas pour cette campagne désastreuse.
C’est à la couardise des Russes, à leur refus du combat, à l’hiver, à la famine qu’ils en
voulaient, mais pas à l’Empereur. Envers lui ils n’avaient que de l’admiration, c’est d’ailleurs
cette admiration, cette ferveur jamais consumée qui sera ravivée lors des Cent-Jours. Ceux qui
ont côtoyé celui que l’on appelait le Petit Caporal sur le champ de bataille savaient son talent
pour la stratégie, pour le commandement, la discipline, la victoire... en somme Napoléon
incarnait le seul horizon possible pour la grandeur de la France, pour sa domination
européenne. D’ailleurs n’est-ce pas lui qui était en train de les sortir de cet enfer ? La
traversée de la Bérézina n’était t-elle point une éclaircie dans ce sombre retour ?

Illustration 8: Napoléon faisant retraite depuis Moscou, par Adolphe Northen.


Mais un homme derrière moi me fit sortir de ma réflexion en m’interpellant d’une voix frêle
et grelottante : « Est-ce toi le général Hiver ? ». Une pellicule blanche s’était formée sur
l’ensemble de ma redingote, les cristaux s’étaient formés sous l’effet des températures
négatives sur mon visage, l’ensemble était d’un blanc immaculé. J’entendis la détonation du
pistolet à silex et sentis la bille de plomb chaude traverser ma poitrine. La douleur était telle
que je m’effondrai à terre dans l’instant ; mais cela n’était rien face à ce que ces gens-là ont
enduré pour un aller-retour à Moscou... À l’image de cet homme qui venait de me tirer
dessus ; lui qui rentrera en France sans jamais reprendre de vie normale, sans jamais plus
vivre une nuit calme, poursuivi par les horreurs de la guerre à jamais. La vision de la neige et
de ce blanc, de ce blanc qui vous prive de tout, qui vous prend tout, vos amis, votre monture,
votre victoire, et ne vous apporte rien si ce n’est du malheur ; ce blanc le hantera à jamais. Ce
traumatisme ne s’éteindra jamais et des comme lui, beaucoup reviendront en France, ces
traumatisés de la guerre inhumaine, celle des boulets chauds qui déciment des lignes entières
de soldats, celle des champs de chair qui recouvraient les champs de bataille, celle enfin où il
a fallu succomber à l’infamie, la damnation de l’anthropophagie pour survivre. Combien ici
bas y avait eu recours ? Ces traumatismes psychologiques, ces altérations du psyché, le
déséquilibre mental dû à l’horreur vécue de la guerre industrielle, nous ne le recroiserons
qu’un siècle plus tard avec la Première Guerre mondiale qui dépassa les guerres
napoléoniennes dans l’inhumanité et la violence.

Illustration 9: Napoléon traversant la Bérézina. Huile sur toile de Janvier Suchodolski, 1866.

La Russie sortit unifiée de cette guerre, tandis que Napoléon en fut durement affaibli et son
empire, fraîchement constitué, disloqué au profit de l’alliance constituée face à la France entre
Autrichiens, Allemands, Anglais et Russes. Blessé mais toujours en vie... Il fallait pour moi
maintenant partir car, je l’ai vu, rien sur cette terre rouge de Russie ne réussira jamais à ses
assaillants. Un siècle et demi plus tard cette même terre briserait les rêves de conquête d’un
autre empire, celui du Reich, celui d’Hitler.

Il n’y a ici que souffrance et agonie pour les envahisseurs ; aussi bien préparés qu’ils soient,
cette terre est un bourbier, un tombeau pour eux. J’appuyais sur le petit bouton rouge pour
quitter cette tragédie humaine qui n’a rien à envier aux malheurs du XXe siècle. L’enfer est
ici pavé de glace.

Peut-être Valéry Giscard d’Estaing a t-il raison quand il imagine que, si Napoléon n’était resté
qu’une seule journée à Moscou, et non trente jours, la face de l’Europe aurait pu être
différente. Mais l’Histoire ne peut être réécrite, elle peut seulement être comprise...

Joris Laby, le 25 février 2017

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Tags : La cabine oubliée, littérature, Napoléon, récit
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15 juin 2016

Paroles d'Actu a cinq ans...


Texte publié hier, le 14 juin 2016, sur la page Facebook de Paroles d’Actu.

Bonjour, toutes et tous.

Demain, donc, Paroles d’Actu aura cinq ans.

Lorsqu’à 26 ans j’ai créé ce site sur la plateforme Canalblog, le 15 juin 2011, c’était
avec à l’esprit une idée assez précise, exprimée dans ce slogan que je crois avoir posé
lui aussi dès ce premier jour : « La parole à celles et ceux qui l’ont rarement. La
parole de celles et ceux qui l’offrent peu à de petites structures. C’est là notre double
défi. »

Je souhaitais installer, sans ambition excessive, un petit média indé pour traiter selon
ma sensibilité et mes envies propres des questions de politique, d’actu, de société, de
culture, etc. Partant de zéro, zéro réseau ; je sais bien que, sans internet, sans les
« réseaux sociaux », rien n’aurait été possible.

J’ai pu approcher, au moins par écrit, pas mal de monde... Je ne citerai aucun nom de
peur de froisser ceux qui ne le seraient pas. Jeunes engagés ou citoyens impliqués
dans la vie de la Cité, artistes de talent, de renom ou en devenir, spécialistes de
l’Histoire et de la folle marche du monde, grands témoins des médias... J’éprouve
indistinctement, pour chacune et chacun de ceux qui ont pris le temps de répondre à
mes sollicitations, une sincère reconnaissance. Je vous salue si, concerné(e), vous
lisez ce texte. Parmi ces contributeurs, j’ai une pensée pour ceux qui
malheureusement ne sont plus là : Alain de Greef, Gilles Verlant, Micheline Dax. Une
grosse pensée, aussi, pour ceux des lecteurs du blog qui eux aussi sont partis trop tôt,
dont une personne en particulier, mon père, pour mon plus grand malheur...

Je n’ai jamais eu la prétention de croire que j’avais quoi que ce soit de vraiment
original à proposer aux lecteurs. À part mes intro à la première personne, je ne me
suis pas mis en avant, je n’en ai ni le goût ni le caractère. La personne qui a des
choses intéressantes à dire, c’est l’invité, ça n’est pas moi. Ce qu’on peut peut-être me
reconnaître, c’est le choix et la prise d’initiatives, peut-être aussi de poser parfois des
questions ou de proposer des sujets intéressants. Sans doute le sont-ils au moins un
peu puisqu’à force d’insister, Google News a accepté d’inclure Paroles d’Actu à ses
pages « sources ». On pourra me reprocher des maladresses, de ne pas assez « oser »,
d’être trop « mainstream » et pas assez innovant parfois : celui qui le fera aura raison.

Ces cinq années auront été, pour ce qui concerne le blog, émaillées de moments de
grande satisfaction - quand on reçoit le mail si ardemment désiré - mais aussi, trop
souvent, de vraies frustrations. Quand on se rend compte que l’interview à laquelle on
tenait ne se fera plus. Surtout, quand on découvre que l’article récemment mis en
ligne ne suscite que peu de commentaires. C’est une difficulté qui touche beaucoup
d’auteurs en ligne, y compris des gens qui fournissent un travail et ont des choses
bien plus intéressantes à dire que moi. C’est la loi du genre, il faut faire avec... ou
sans.

Je ne sais pas, honnêtement, si j’ai ou non un lectorat fidèle. S’il existe il se manifeste
très peu ce qui est frustrant et regrettable.

Je ne sais pas, à ce jour, où des questionnements perso de plus en plus prégnants se


font sentir, si je vais continuer l’aventure Paroles d’Actu. Il est de ces moments où
l’on se sent à la croisée de chemins. J’en suis là. Ce travail de cinq années présente-t-il
un intérêt objectif ? Se peut-il qu’il intéresse quelqu’un pour la perspective, peut-être,
d’une aventure en commun qui aurait sans doute pour moi, à ce stade, quelque chose
de salutaire ?

Ce que je sais, c’est qu’à ce jour, j’ai encore envie d’y croire. Si vous avez aimé lire
quelque chose sur ce blog, si vous avez apprécié d’y participer, alors, c’est le moment
de le dire. Ici. Maintenant. Je le dis sans me forcer avec toute l’humilité du monde :
j’ai besoin de vous. De vos retours. La suite, si suite il doit y avoir, dépendra en
grande partie de vous. De votre présence et du soutien que vous témoignerez à ce blog
qui est le vôtre, Paroles d’Actu.

Merci.

Nicolas Roche

Posté par Nicolas Roche à 16:17 - Français - Commentaires [6] - Permalien [#]
Tags : Paroles d'Actu
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20 juin 2012

Paroles d'Actu : un an
Le premier billet du blog a été publié il y a un an, c'était le 15 juin 2011. L'occasion
pour moi de revenir sur cette année riche en événements et en contributions.
L'occasion de remercier, une fois de plus, celles et ceux qui ont accepté de m'accorder
un peu de leur temps, en me répondant, en me lisant. L'occasion, enfin, de dire
quelques mots sur l'origine de ce blog et sur ma démarche.
Le 18 septembre 2002, j'ai souhaité créer sur la plateforme gratuite Aceboard un
forum convivial, fortement axé sur les sujets et les débats d'actualité, questions
m'intéressant tout particulièrement. Le Forum 21 était né. Pseudo : Phil Defer. 17 ans,
à l'époque. Sous l'impulsion d'un membre du forum, nous avons décidé, quelques
mois plus tard, de créer un "webzine" sur lequel nous publierions quelques billets
d'humeur, quelques réflexions personnelles sur la culture, la politique française ou la
marche du monde.

À l'automne 2003, un événement attire mon attention. Un vote de recall aura bientôt
lieu en Californie. Les citoyens de l'État doré devront dire s'ils souhaitent la
destitution ou le maintien de leur gouverneur, le démocrate Gray Davis. Ils
choisissent au même moment le nom de celui ou de celle qui lui succédera à
Sacramento si la destitution est majoritaire. Parmi les candidats, une grande star, le
républicain Arnold Schwarzenegger. Quelques candidats soutenus par des partis
majeurs, ou du moins bien implantés sur le territoire. Et une grosse centaine de petits
candidats... Sur un site d'information américain (CNN, de mémoire), la liste de tous
ces candidats. Noms... et adresses de sites web pour ceux qui en disposent. Tous
farfelus ? Qui sont-ils ? Quels sont leurs projets ? Que pensent ces hommes et ces
femmes, auxquels les médias ne donneront jamais d'exposition à la hauteur de leur
engagement, du gouverneur sortant, de la situation de l'État... De la France, tiens,
pourquoi pas ? Question pas tout à fait hors de propos en cette période où les
tensions américano-françaises nées de la guerre d'Irak sont vives. J'ai décidé
d'élaborer un questionnaire "type", et de le transmettre à une bonne partie de ces
personnes. Ils sont une dizaine à m'avoir répondu. J'ai rédigé le questionnaire en
anglais, leurs réponses m'ont évidemment été transmises dans la même langue. J'ai
tout traduit en français et ai élaboré pour le webzine un grand article recueillant ces
différents témoignages, inédits en France et en français. J'ai toujours aimé l'anglais,
un fait que je porte au crédit des différents professeurs qui ont jalonné mon parcours
scolaire puis universitaire. J'ai toujours été attiré par l'Amérique, par son histoire, sa
culture, ce qu'elle dégage. Deux de mes passions ainsi réunies. Et le début, dans
l'esprit, de l'expérience Paroles d'Actu. Suivront, sur le même modèle, trois grands
dossiers, consacrés à Ronald Reagan après sa mort, aux attentats du 11 septembre
2001 (reproduit avec une introduction inédite sur le blog Paroles d'Actu), et à
l'élection de 2004 opposant Bush à Kerry.

Le blog a disparu assez vite. Mais l'envie était intacte de continuer dans cette voie,
même si je pouvais ressentir un peu de frustration, du fait de ne pas recevoir de
commentaires, de critiques qui soient en nombre à la hauteur du travail fourni. Bien
avant l'élection américaine de 2008, j'ai contacté quelques "petits" candidats pour
leur proposer un questionnaire bien plus poussé que celui de 2003. Sur les raisons de
leur engagement, leurs idées, leurs solutions. Là encore, un beau succès. Parmi les
réponses, celle de M. Wayne Allyn Root, qui allait être un an après le candidat
pour la vice-présidence sur le ticket du Parti libertarien. Je l'avais notamment
interrogé sur sa perception de Nicolas Sarkozy, tout juste élu président de la
République. Un regard totalement inédit. Tous ces documents ont été publiés sur le
Forum 21. Je profite de l'occasion pour annoncer, avec tristesse, sa disparition
puisque l'hébergeur Aceboard, après des années de parcours chaotique, est
définitivement H.S. Des milliers de pages de débats, d'analyses, de moments
partagés... Envolées. Le forum aurait eu dix ans au mois de septembre. La fin d'une
belle épopée... Resteront des souvenirs, et des amis.

La politique m'intéresse depuis bien longtemps. Dès l'âge de dix ans, je regardais les
Guignols, et c'est un univers qui me fascinait, déjà. J'avais enregistré, à l'époque, la
soirée de deuxième tour de la présidentielle de 95 qu'avaient organisée les Guignols.
Je l'ai regardée plus d'une fois. Je me suis familiarisé avec ce milieu auquel rien ne
me rattachait, à la base. Depuis, j'ai appris à diversifier mes sources... et j'ai appris
d'autres choses. Après le bac, j'ai opté pour un cursus licence AES-Histoire à
l'Université Lyon 2. Un parcours qui m'a éveillé à un grand nombre d'enjeux, je pense
à l'organisation territoriale de la France, je pense à l'économie, je pense à l'Europe.
Mon Master 1 en Droit public a aiguisé mes connaissances en matière de
fonctionnement de l'État, de droit international. Mon Master 2, "Action et
coopération des collectivités territoriales en Europe" m'a davantage encore ouvert
l'esprit et m'a fait prendre conscience de ces multiples interdépendances qui existent
au sein de notre continent. Des systèmes différents, mais toujours des moyens, en
tout cas une volonté de travailler ensemble. Je souhaite exprimer à tous ces
professeurs qui m'ont tant appris ma sympathie et ma reconnaissance, aujourd'hui.
Un stage a conclu ces cinq années d'études supérieures. J'ai eu la chance de le réaliser
au sein du siège rhônalpin de l'agence ERAI, une association ayant pour but d'aider
les entreprises régionales à exporter sur les points dynamiques du globe, et les
entreprises étrangères à s'installer en Rhône-Alpes. Une expérience très enrichissante
au cours de laquelle j'ai eu la chance de côtoyer des gens réellement passionnés, et qui
avaient les deux pieds dans ce concept un peu effrayant, un peu obscur, celui de la
"mondialisation". J'ai développé à l'occasion de ce stage deux des disciplines qui me
passionnaient le plus, l'anglais, et l'économie. Deux ans après, face au droit public,
c'est l'économie que je choisis comme thème majeur de mon concours externe
d'attaché territorial. Admissible, je suis finalement admis après des oraux concluants
- particulièrement en anglais - à Aubagne. Une grande fierté, même si je n'ai pas à ce
jour de poste.

La politique, donc. J'ai très tôt souhaité renouveler l'expérience "californienne" avec
la politique française. L'objectif : alors que je ne connais aucune personnalité
politique, essayer d'en contacter. Par mail. Leur demander s'ils accepteraient de
consacrer un peu de leur temps à un jeune "journaliste amateur". Qui publierait leurs
réponses sur son webzine ou son forum. Pas plus de 100 vues à en attendre, et
encore... Le résultat m'a fait et me fait toujours chaud au cœur. Un grand nombre de
personnalités ont joué le jeu, au moins en s'excusant personnellement de n'avoir pas
assez de temps à me consacrer. Parfois, en me donnant un accord de principe,
aboutissant souvent à un échange. Une "interview par mail". Je dispose de quelques
archives que je publierai sans doute sur Paroles d'Actu, pour certaines. D'autres sont
déjà en ligne. Les réponses d'Olivier Besancenot au long questionnaire que je lui
avais adressé avant la présidentielle de 2007, celles de François Hollande en 2003
(copier-coller assez maladroit issu d'un document de congrès pour les premières
questions, mais fin inédite et assez savoureuse). Celles de Georges Sarre sur
François Mitterrand ou encore l'entre-deux-tours de 2007. Voilà pour les archives,
pour le moment.

En créant Paroles d'Actu, je me suis fixé comme objectif de recueillir de nouveaux


témoignages, en cette année politique (2011-2012) qui s'annonçait logiquement
chargée. Je tiens à remercier ici, du fond du coeur, toutes celles et tous ceux, cités ou
non jusque là et qui avaient accepté de m'accorder de le temps, avant l'existence de
Paroles d'Actu. Et ces personnes qui m'ont répondu depuis juin 2011. Je vous suis
extrêmement reconnaissant de l'avoir fait. C'était à chaque fois un acte généreux. Et
merci à Google News d'avoir accepté ma demande d'être inclus dans leurs sources
d'actualité, c'est un grand privilège que je reçois comme tel...

Depuis juin 2011, donc, par ordre chronologique... Becky Rusher, candidate à la
présidentielle américaine de 2012, Xavier Collet sur le libertarianisme et la
présidentielle, Maxime Verner, Nicolas Dupont-Aignan, Jacques Borie,
Nathalie Arthaud, candidats à la présidentielle de 2012, des Américains sur leur
élection de 2012 et l'avenir de leur pays, Najat Vallaud-Belkacem, future ministre,
André Santini, figure du Nouveau Centre, Jean-François Debat, membre de
l'équipe de campagne de François Hollande, de jeunes Français de tous bords
pendant la présidentielle, Michel Dinet, président du Conseil général de Meurthe-
et-Moselle, Grigori Michel et Arnaud Dussud, jeunes candidat aux législatives,
Philippe Meirieu, pédagogue reconnu et candidat à Lyon, deux témoignages de
Britanniques à l'occasion du jubilé de la Reine Elizabeth II, Benjamin Lancar,
président des Jeunes UMP, Ahmed Laaraj, soutien de Ségolène Royal. Un immense
merci à toutes ces personnes. J'attache beaucoup d'importance au fait de donner la
parole à des gens de sensibilités très diverses. J'ai contacté beaucoup de monde. Je
pourrais presque dire, en réponse à n'importe quelle personne qui me demanderait
"Pourquoi pas de représentant de tel parti ?", que j'ai contacté l'un de ses
représentants, mais sans succès. Pour le moment ?

Voilà une présentation rapide, un petit bilan que je souhaitais faire à l'occasion de cet
anniversaire. Je remercie ces milliers de lecteurs, dont vous êtes, qui avez lu les pages
de mon blog jusqu'à présent. Je précise que je ne touche pas un centime sur Paroles
d'Actu, pas plus que je n'en touchais sur le Webzine F21 ou sur le Forum 21. Il s'agit là
d'activités exercées totalement bénévolement. J'espère que vous serez toujours plus
nombreux à nous lire, et qu'il y aura encore plus d'intervenants à l'avenir. N'hésitez
pas à me faire part de vos commentaires, de vos réactions, positives ou négatives, de
vos suggestions... Je vous invite à rejoindre le groupe Paroles d'Actu sur Facebook,
pour être informés des nouveautés du blog. À vous abonner à notre compte Twitter,
parolesdactu. Aidez-nous à nous faire connaître !!! Diffusez le lien ! Voici ma page
Facebook, voici donc... Phil Defer. À l'occasion de cet anniversaire, je ferai en sorte de
"toiletter" un peu les anciens articles pour leur faire atteindre le standard de
présentation des nouveaux. Je publierai également quelques archives.
Plus que jamais, je reste fidèle à la devise du blog...

La parole à celles et ceux qui l'ont rarement. La parole de


celles et ceux qui l'offrent peu à de "petites" structures. C'est
là notre double défi.

Merci infiniment. À bientôt sur les pages de Paroles d'Actu, un nouvel espace de
liberté sur le web !!! Et un bel été à toutes et à tous !!!

Nicolas, alias Phil Defer

Avec... Nathalie Arthaud, Najat Vallaud-Belkacem, Olivier Besancenot, Jacques Borie,


Xavier Collet, Jean-François Debat, Michel Dinet, Nicolas Dupont-Aignan, Arnaud
Dussud, François Hollande, Ahmed Laaraj, Benjamin Lancar, Philippe Meirieu,
Grigori Michel, Wayne Allyn Root, Becky Rusher, André Santini, Georges Sarre,
Maxime Verner, les jeunes Français, les Américains, les Britanniques qui m'ont
répondu... @ suivre

(Edition du 10 juillet 2012, par Phil Defer) : Un grand merci à mon


ami Cédric BUONO pour le logo qu'il a confectionné pour Paroles d'Actu.
Vous pouvez le retrouver sur son site dédié à l'informatique et au
multimédia, http://www.cedricsoft.com.
(Edition du 18 juillet 2012, par Phil Defer) : Si vous appréciez Paroles
d'Actu et que vous souhaitez être tenu(e) informé(e) de son actualité,
"aimez" notre toute nouvelle page Facebook,
http://www.facebook.com/ParolesDActu !

Times New Roman > Georgia : 01/10/12

Posté par Nicolas Roche à 22:25 - Français - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : 2012, Benjamin Lancar, Bush, Etats-Unis, Facebook, François Hollande, interview,
Jean-François Debat, législatives, Mitterrand, Najat Belkacem, politique, présidentielle, PS,
Royal, Santini, Sarkozy, Sarre, twitter, UMP
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15 juin 2011

Paroles d'Actu
Bonjour à toutes et à tous. Je vous souhaite la bienvenue sur ce blog, "Paroles d'Actu".

Fondateur et administrateur du Forum 21, j'ai toujours eu à coeur de laisser se


développer un débat aussi libre que possible, dans les limites qu'impose le respect dû
à chacun.

J'ai également, en tant que participant au défunt Webzine F21, puis dans le cadre du
forum, eu beaucoup de plaisir à me lancer des challenges : contacter des anonymes ou
des personnalités autour de thématiques d'actualité, leur poser des questions, et voir
s'ils étaient prêts à me répondre. Sachant que l'audience qu'ils pouvaient en retirer
serait forcément limitée, le défi était loin d'être gagné. Malgré tout, nombreux sont
celles et ceux qui ont accepté ma proposition. Je les en remercie ici très vivement.

Ce blog hébergera les textes d'entretiens réalisés via internet (mais bien réels) passés
et à venir. Chacun sera daté. Il n'y a là que des exclusivités. J'espère que vous aurez
autant de plaisir à les lire que j'en ai eu à les organiser.
Merci

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