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7ème PROMOTION
Etude de cas:
THEME
« Le rôle de la CEDEAO
dans le règlement des
conflits : Cas du Mali »
PRESENTE PAR LES MEMBRES DU GROUPE VII
I
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1
CHAPITRE I : UNE IMPLICATION EFFICACE AU DEBUT DU CONFLIT ................................... 4
Section 1 : L’action pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel ......................................... 4
A- l’imposition de sanctions contre la rupture constitutionnelle .............................................. 4
B- le retour à l’ordre constitutionnel ........................................................................................... 8
Section 2 : La médiation de la CEDEAO pour l’intégrité territoriale........................................ 11
A- L ’accord de Ouagadougou comme soubassement du processus ................................ 11
B-La préservation de la souveraineté du Mali .......................................................................... 13
CHAPITRE II : DES RESULTATS DE L’IMPLICATION BRIDES PAR DE MULTIPLES
OBSTACLES ........................................................................................................................................ 15
Section 1 : Les obstacles endogènes à l’implication efficace de la CEDEAO au Mali............... 15
A- l’insuffisance des moyens ....................................................................................................... 16
B-Les contradictions politiques internes au sein de l’organisation ......................................... 18
Section 2 : Les obstacles exogènes à l’implication efficace de la CEDEAO ............................... 21
A-La CEDEAO bousculée par le jeu des acteurs extérieurs ................................................... 21
B- La complexité du conflit face à une CEDEAO limitée en moyens ..................................... 23
CONCLUSION ..................................................................................................................................... 27
II
INTRODUCTION
La paix et la sécurité internationale sont au cœur des enjeux internationaux contemporains1. Sur
les deux dernières décennies, aucune région du continent n’a échappé à cette triste réalité2.
Beaucoup de pays africains font face à des conflits actifs ou dormants3. Les États de la zone
ouest-africaine ont dès les années 1970 compris l’enjeu de paix et sécurité. La création de la
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 1973 s’inscrit dans
cette perspective. La révision de son traité constitutif en 1993 met la paix et la sécurité
internationale au cœur de ses missions. Elle intervient ainsi dans le règlement des crises et
conflits qui éclatent au sein de ses Etats membres. C’est à ce titre qu’intervient l’analyse de son
rôle dans le conflit malien à travers le thème : « L’intervention de la CEDEAO dans le règlement
des conflits : Cas du Mali ».
1
Jean Charpentier : Institutions internationales, 17ème Edition, Dalloz, 2009, p. 1
2
Côte d’Ivoire et Mali en Afrique de l’Afrique, République Démocratique du Condo en Afrique Centrale, Somalie
en Afrique de l’Est, Zimbabwe en Afrique australe
3
République démocratique de Congo en Afrique centrale, Somalie en Afrique de l’Est, Cote d’Ivoire en Afrique
de l’Ouest, Lybie en Afrique du Nord, Zimbaoué en Afrique Australe. Le rapport du groupe de travail « recherche
sur les cause de la guerre » de l’Université de Hambourg à recenser en 2020, vingt- neuf (29) à travers le monde
dont une dizaine sur le continent Africain
4
La CEDEAO est une organisation internationale dont le but principal est la promotion de la coopération et
d’intégration dans une perspective d’amélioration des conditions de vie. Ses principes sont : Egalité et
interdépendance des Etats, solidarité et autosuffisance collective, maintien de la paix, de la sécurité et de la
stabilité, non-agression, promotion des droits de l’homme etc…
5
Serge SUR, Relations internationales, 3ème Edition, Monchrestien , 2004, p.489
6
Ces instruments juridiques en lien avec le thème sont : le protocole additionnel sur la gouvernance adopté en
décembre 2001, Le protocole A/P1/12/99 signé à Lomé le 10 décembre 1999 relatif au Mécanisme de Prévention,
de Gestion, de Règlement de Conflit, de Maintien de la Paix et de la Sécurité, le Protocole A/P1/12/00 portant
amendement des Articles 12 et 13 du Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion et de Règlement
des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité et la convention de la CEDEAO sur les armes légères et de
petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes du 14 juin 2006.
7
Josette Rey-Debove et Alain Rey (SD), le petit Robert de Paul Robert, nouvelle édition 2012, p 2167
1
accord juridique entre acteurs d’un conflit dont le but est de poser les bases d’une solution
définitive au conflit. Il ne doit pas être confondu aux concepts de : résolution, gestion,
transformation et régulation des conflits8.
Le mot conflit vient du latin « conflitus » qui renvoie au choc. Il désigne une « lutte, un combat,
au minimum une forte contestation » dans les relations humaines, les conflits sont des «
affrontements entre acteurs collectifs sur des valeurs, des statuts, des pouvoirs ou ressources
rares et dans lesquels l’objectif de chaque protagoniste est de neutraliser, d’affaiblir ou éliminer
ses rivaux 9». En relations internationales, le conflit suppose « une relation entre risque et
enjeu10».Ils peuvent opposer deux États au sujet d’une frontière ou d’un traité. Ils peuvent aussi
opposer un Etat à ses réseaux non étatiques (terroristes, mafieux ou des mouvements de
guérillas internes). Dans le cas précis, le conflit oppose l’Etat malien à ses réseaux internes en
occurrence les groupes rebelles et les groupes terroristes. Eu égard à leur statut juridique,
l’intervention de la CEDEAO dans le conflit malien s’inscrit dans le cadre de sa médiation entre
l’Etat malien et les groupes rebelles dont les revendications sont souvent légitimes.
L’étude du rôle de la CEDEAO dans les conflits a fait l’objet de plusieurs travaux de recherche
qui ont soit porté sur l’efficacité de son intervention ou sur la légalité de son action11. Dans les
conclusions, deux points de vue doctrinaux et pratiques s’opposent. Pour le cas malien, certains
pensent que l’implication de la CEDEAO a été utile à un moment, d’autres voient une
organisation instrumentalisée incapable de ramener la paix12.
Sur la base de ces conclusions, la présente recherche s’inscrit dans la dynamique du débat sur
l’efficacité de l’intervention de la CEDEAO au Mali. Autrement dit, l’intervention de la
8
William I Zartman, la politique étrangère et le règlement des conflits », in Frédric Charlon (SD), politique
étrangère : nouveaux regards p.278
9
Marie-claude Smout, Dario Battistela, Pascal Vennessson (SD), Dictionnaire des relations internationales :
approches, concepts doctrines, 2ème Edition, DALLOZ. 2006, p. 72
10
Jean Baptiste Duroselles, Histoire des Relations internationales de 1919 à 1945, Editions Armand Colin, p.201
11
Mamadou Sanogo sur l’intervention de la CEDEAO au Mali soutenue à l’Université des Sciences Juridiques et
Politiques de Bamako ou Brice Poreau, L'action de la CEDEAO : Régionalisme et prévention des conflits en
Afrique, Editions L'Harmattan ,2017 et Lassina Diarra, La CEDEAO face au terrorisme transnational:
Mécanismes et stratégies de lutte, Editions Le Harmattan, Paris, 2016
12
Léandre Mvé Ella le rôle des organisations africaines dans lacrise malienne disponible sur https://www.cairn.info/revue-civitas-europa-2013-2-
page-123.htm consulté le 30/10/ 2020
2
CEDEAO dans le conflit malien est-elle efficace ? Les éléments de réponse à cette question
reposent sur l’hypothèse d’une implication efficace au départ (Chapitre I), mais bridée par de
multiples obstacles (Chapitre II).
3
CHAPITRE I : UNE IMPLICATION EFFICACE AU DEBUT DU CONFLIT
13
Voir les articles 3 et 4 du traité révisé de 1993
14
C’est le président de l’Assemblée Nationale qui devrait occuper le poste en cas de démission du président de la
République comme ce fut le cas en 2012.
15
Raymon Ranjeva-Charles Cadoux , Droit international public, Editions EDICEF, 1992, p.92
4
Leurs décisions s’imposeront par la suite à ces derniers. En ce qui concerne la CEDEAO dans
ses rapports avec le Mali sur le coup d’Etat de 2012, les sanctions prises sont justifiées par le
traité révisé 1993 et le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de 2001.
Ces deux textes font des régimes démocratiques, les seuls régimes valables susceptibles de
maintenir la paix, la sécurité et d’assurer le développement. Par conséquent, toute atteinte ou
rupture de régime démocratique constituerait une menace à la paix et à la sécurité de la région16.
L’organisation est fondée sur le traité d’Abuja révisé en 1993. Les États membres ont adhéré
aux principes édictés en tant que normes pour atteindre des objectifs et buts de l’organisation.
L’article 3 du traité stipule :« la communauté vise à promouvoir la coopération et l’intégration
dans la perspective d’une Union économique de l’Afrique de l’Ouest en vue d’élever le niveau
de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroitre la stabilité économique de renforcer les
relations entre les Membres et de contribuer au progrès et au développement du continent
africain ». L’article 4 du traité offre d’amples informations. Il stipule : « l’organisation est
fondée sur les principes d’égalité et interdépendance des États membres, de solidarité et
autosuffisance collective, coopération inter-États membres, de maintien de la paix, de la
sécurité et de stabilité régionale par la promotion et le renforcement des relations de bon
voisinage , respect promotion et protection des droits de l’homme et des peuples conformément
aux dispositions de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, de la
reconnaissance et respect des règles et principes juridiques de la communauté, de la promotion
et consolidation d’un système démocratique de gouvernement dans chaque État membre 17 ».
Une interprétation téléologique du traité et la théorie des compétences implicites permettent à
la CEDEAO de parer à tout comportement susceptible d’empêcher l’atteinte des objectifs ainsi
énoncés. À cet effet, nous pouvons dire que l’imposition des sanctions par la CEDEAO en
réaction au coup d’Etat est bien justifiée. Puisque le Mali en est membre et cela suppose une
autolimitation de sa propre souveraineté sur ces questions soulevées. Dès lors, toute attitude
remettant en cause ses principes mérite une réponse proportionnelle.
Les dispositions du traité sont renforcées par le protocole relatif au mécanisme de prévention,
de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité, signé à Lomé, le
10 décembre 1999, les mesures portant sur les élections et la bonne gouvernance. Son article
88 stipule : « en cas de rupture de la démocratie par quelque procédé que ce soit et en cas de
violation massive des Droits de la personne dans un Etat membre, la CEDEAO peut prononcer
16
Voir le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de 2001
17
Art.4 du traité révisé de la CEDEAO en 1993
5
des sanctions ». Le cas malien est à la fois une situation de rupture de la démocratie dans un
contexte de rébellion. Il peut dès lors provoquer des violations massives des droits de l’homme.
Par ailleurs, la charte des Nations unies, le traité de l’UA, les traités d’Abuja et ses protocoles
additionnels imposent aux États membres de régler pacifiquement les crises politiques. Dans ce
cas de figure, les acteurs politiques maliens sont obligés de négocier. Or, toute négociation entre
protagonistes nécessite l’implication directe ou indirecte d’une tierce personne. Par conséquent,
la CEDEAO serait mieux placée à intervenir en vertu du principe de la subsidiarité.
Ce cadre juridique donne plus de consistance aux considérations politiques qui résident dans
l’aspiration de l’organisation à ériger la démocratie en principe. En effet, l’intégration suppose
un minimum de partage de valeurs et de principes. D’après la théorie des régimes18,
l’intégration ne peut réussir sans l’harmonisation des régimes politiques. Il serait difficile de
loger les dictateurs qui piétinent les droits de l’homme et les démocrates qui protègent les droits
de l’homme dans les mêmes locaux. La démocratie et bonne gouvernance sont consacrées
comme principe sacro-saint devant régir la conquête et l’exercice du pouvoir politique. Le
principe démocratique dépasse le simple cadre communautaire, il a tendance à s’imposer
comme une norme internationale19. Il est donc strictement interdit d’accéder au pouvoir par le
coup d’État. Ce qui s’est produit au Mali en 2012 et 2020.
18
Pierre Noël, Théories des « régimes », économie politique internationale et science politique : réflexions
critiques, disponible sur : https://www.diplomatie.gouv.fr/img/pdf/fd001149.pdf consulté le 22 septembre 2023
19
Art 2 al 1 à 7 de la charte des Nations Unies et Art 3 al 4 Du traité de l’UA aussi stipule : «articles 3 et 4 qui soulignent l’importance de la
bonne gouvernance, de la participation populaire, de l’État de droit et des droits de l’homme; Reconnaissant les contributions de l’Union
africaine et des Communautés économiques régionales à la promotion, à la protection, au renforcement et à la consolidation de la démocratie
et de la bonne gouvernance ; Réaffirmant notre volonté collective d’œuvrer sans relâche pour l’approfondissement et la consolidation de la
démocratie, de l’État de droit, de la paix, de la sécurité et du développement dans nos pays ; Guidés par notre mission commune de renforcer
et de consolider les institutions de bonne gouvernance, l’unité et la solidarité à l’échelle continentale »
6
- la suspension du droit de vote ;
- et la suspension de la participation aux activités de la communauté ».
Cette liste de sanction peut être répartie en trois catégories : les sanctions économiques et
commerciales, les sanctions politiques et diplomatiques et les sanctions ciblées.
Les sanctions politiques et diplomatiques limitent ou suspendent les droits de l’État membre à
participer à la vie de l’organisation. Elles peuvent se manifester par le refus des membres de
soutenir les candidatures présentées par le pays à des postes électifs dans les autres
organisations internationales.20 C’est dans cette perspective que la CEDEAO a sanctionné le
Mali à trois (3) fois pour non-respect des règles démocratiques (2012, 2020 et 2021). Le
représentant du Mali ne participe plus aux réunions et séances de travail de l’organisation en
attendant le retour à l’ordre constitutionnel. Même si ces sanctions n’ont d’impact direct sur le
quotidien des Maliens, leur valeur symbolique est importante pour l’image d’un État. Les
sanctions rappellent l’attachement de l’organisation au respect du principe démocratique. Elles
privent ainsi le Mali de l’un de ses droits les plus absolus : la participation au processus de prise
de décision au sein de l’organisation. Par conséquent, toutes les décisions prises à son absence
ne prennent pas forcement en compte les intérêts du peuple malien.
Les sanctions économiques et commerciales sont matérialisées par l’embargo qui est l’un des
instruments prévus par le droit international pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité
internationale21. Sa mise en œuvre vise à obliger l’État faisant l’objet de sanction à changer de
comportement. Il s’agit de suspendre collectivement tous les échanges économiques,
commerciaux et financiers. La CEDEAO a ainsi soumis le Mali à deux embargos : l’embargo
de 2012 et l’embargo de 2020.
L’embargo de 2012
Suite au coup perpétré contre le régime d’ATT le 22 mars 2012, la conférence des chefs d’État
et de gouvernement réunie en session extraordinaire, a décidé d’imposer un embargo total sur
le Mali le 27avril 2012.22 L’objectif consistait à durcir les conditions de vie des populations et
rendre pratiquement impossible toute transaction commerciale et financière entre le Mali et les
Etats membres de la CEDEAO. L’objectif sous attendu dans ces cas pareils est le soulèvement
20
Art. 45 du protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité
21
Voir le chapitre VII de la charte des Nations Unies qui dote le Conseil de sécurité d'une responsabilité principale (mais non exclusive)
visant à prendre les mesures pour faire cesser une menace pour la paix et la sécurité internationale.
22
Communiqué final du sommet extraordinaire de la conférence des chefs d’États et de gouvernements, le 27 mars 2012, disponible sur
https://reliefweb.int/report/mali/communiqu%C3%A9-final-du-sommet-extraordinaire-des-chefs-d%E2%80%99etat-et-de-gouvernement
consulté le 10/10/2020 à 12 H 30
7
de la population contre les militaires dont les ambitions seraient floues. La CEDEAO
parviendrait ainsi à garantir le retour à l’ordre constitutionnel sans recourir aux armes.
En tant que pays enclavé, le Mali dépend considérablement des importations et des
exportations. Tout part des ports et tout vient des ports sur lesquels les autres États membres
exercent leurs souverainetés. L’effet psychologique de l’embargo sur la population et les
milieux d’affaires est considérable. Il a été pris en compte dans les rapports de forces entre les
putschistes et la CEDEAO. D’autant plus que les principes de subsidiarité et de
complémentarité entre la CEDEAO et les autres organisations internationales s’appliquent.
Dans les deux cas, les militaires ont fini par faire des concessions en composant avec les civils
pour la gestion de la transition.
Quant aux sanctions ciblées, elles sont définies comme une peine ou récompense à l’encontre
des individus faisant obstruction à la paix et à la sécurité internationale. Les sanctions ciblées
sont prévues par les textes en vertu du principe de la personnalisation des peines. En effet, il
serait injuste de sanctionner tout un peuple pour des faits d’individus récalcitrants. Dès lors,
certaines personnalités peuvent se faire geler les comptes bancaires, se voir interdites de
voyage, voire même poursuivies par la Cour de Justice de la CEDEAO ou la Cour Pénale
Internationale. Elle a toujours brandi les sanctions ciblées à l’encontre des militaires auteurs de
coup d’État aussi bien en 2012, 2020 qu’en 2021. À titre d’exemple, le communiqué du sommet
extraordinaire tenu à Abidjan le 26 avril 2012 rappelle à son point 15 que « La Conférence
met en garde le comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État
que ses membres qui commettraient désormais toutes actions arbitraires et unilatérales seront
passibles de sanctions individuelles ciblées ».23
Ces trois sanctions ne pouvaient pas être mises en œuvre seules, il fallait les faire accompagner
d’une dose de diplomatie. Autrement dit, la CEDEAO se doit d’avoir une main de fer dans un
gang de velours. Ces sanctions combinées à la pression diplomatique permettront d’obtenir de
la part des militaires un engagement vers un retour à l’ordre constitutionnel.
23
CEDEAO, communiqué final du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement tenu le 26 avril 2012 à Abidjan, disponible
sur https://www.ecowas.int/wp-content/uploads/2015/02/2012-Extr-April.pdf consulté le 14/11/ 2020 à 9 h 20
8
prévu d’accompagner la transition dans l’organisation technique et matérielle des élections.
Cette implication de la CEDEAO dans une dynamique de méthodes hybride : la méthode forte
(sanctions) et la méthode douce (médiation entre diverses parties).
Après avoir installé un Président civil à la tête de la transition, la CEDEAO a élaboré une feuille
de route et un plan d’action. D’après ce calendrier, les élections présidentielles devaient avoir
lieu au mois de juillet 2013 et les législatives au mois d’octobre. Cette feuille de route a servi
de référence à tous les partenaires techniques et financiers qui ont, par la suite, accompagné le
Mali dans l’organisation des élections jugées crédibles et transparentes.
Au-delà du calendrier électoral, la CEDEAO dans son communiqué du 26 avril 2012 demande
aux autorités de transition d’assurer le retour au Mali de l’ex- Président Amadou Toumani
TOURE et de toutes autres personnalités forcées de quitter le pays, mais aussi d’assurer leur
24
Art.36 de la constitution du 25 février 1992
25
JeuneAfrique, la CEDEAO menace à nouveau de sanctionner les ex-putschistes, disponible sur
https://www.jeuneafrique.com/176113/politique/mali-la-cedeao-menace-nouveau-de-sanctionner-les-ex-putschistes/ consulté le consulté le
06/06/2021 à 12 h 36
26
Ibidem
9
27
sécurité une fois au pays. La CEDEAO affiche ainsi sa volonté de protéger les droits de
l’homme et la participation de tous au processus électoral. Elle assure une fois de plus
l’applicabilité du droit communautaire. Elle atteint ainsi les objectifs prévus par son traité
constitutif malgré les moyens limités et un contexte difficile. Pour ce cas précis, son rôle a été
couronné de succès.
En ce qui concerne les missions électorales, la CEDEAO a dépêché des observations pendant
les élections de 2013 et de 2018. Rien qu’en 2013, elle a déployé cent cinquante (150)
observateurs pour superviser le second tour de l’élection présidentielle malienne du mois
d’août 2013. La mission vise à s’assurer le bon déroulement du processus électoral en vue
d’un scrutin libre, transparent et crédible. De cette qualité recherchée dépendra en grande
partie, la stabilité nationale et sous-régionle. Elle est appuyée par une équipe d’assistance
technique de la commission de la CEDEAO composée notamment du président de
l'institution, M. Kadré Désiré Ouédraogo, de la commissaire chargée des affaires politiques,
de la paix et de la sécurité ainsi que du directeur des affaires politiques de ladite commission,
respectivement Mme Salamatu Hussaini Suleiman et Dr Abdel Fatau-Musah..
La mission était composée des membres de la Cour de Justice et du Conseil des Sages de la
CEDEAO, des parlementaires de la communauté et des États membres. La mission regroupe
également en son sein des membres des commissions électorales nationales de la région, des
experts du centre Koffi Annan d’Accra, du Réseau des structures nationales de gestion des
élections en Afrique de l’Ouest et des membres de la société civile.
Les observateurs ont été déployés sur l’ensemble du territoire national, mais avec une plus
forte concentration dans des régions de Sikasso, Bamako, Ségou, Koulikoro, Mopti et Kayes.
Cette observation a porté sur la régularité, la transparence, l’équité et le bon déroulement du
second tour du scrutin à l’issue duquel la mission exprimera son opinion et formulera, en cas
de besoin, des recommandations à l’endroit des différentes parties prenantes au processus
27
CEDEAO, point 12 du communiqué à l’issue du sommet extraordinaire tenu le 26 avril 2012 à Abidjan, disponible sur
https://www.ecowas.int/wp-content/uploads/2015/02/2012-Extr-April.pdf consulté le 14/11/ 2020 à 9 h 20
10
électoral sont faites. L’assistance de la CEDEAO ne se limite pas seulement à l’observation
électorale, elle s’étend aussi à des missions postes électorales
Cela a permis d’organiser des élections en 2013. Ibrahim Boubacar Keita fut ainsi élu Président
de la République sur la base des résultats acceptés de tous. La réussite a été telle que même son
challenger est parti jusqu’à le féliciter à son domicile.
Au-delà de cette implication par les sanctions ayant accéléré les élections de 2013, la CEDEAO
conformément à son architecture de paix et de sécurité avait d’abord prévu le déploiement de
la mission de la CEDEAO au Mali (MICEMA) qui, confrontée aux difficultés financières s’est
mue en mission de soutien au Mali (MISMA) avant qu’elle aussi ne devienne mission
multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) (.
Par ailleurs, elle s’est montrée très dynamique dans la crise poste électorale de 2018 et par des
sanctions économiques, commerciales et politiques après les prises de pouvoir par les militaires
en 2020 et 2021.
Au regard de toutes ces considérations, on peut dire que l’implication de la CEDEAO dans le
conflit malien a permis de stabiliser la situation à Bamako. La CEDEAO ne s’arrêtera pas en si
bon chemin, son rôle s’étendra à la médiation entre le gouvernement et les groupes armés
rebelles.
L’accord de Ouagadougou est le premier cadre juridique posant les bases d’un retour de l’Etat
malien dans les régions occupées par les groupes armés rebelles. La CEDEAO va ainsi obtenir
un cessez-le-feu (1) entre belligérants et faire accepter aux rebelles en position de force,
l’organisation d’élections présidentielles sur les territoires qu’ils contrôlent (2).
28
Ce principe veut que les Etats africains restent dans les limites territoriales telles que laissées par le colonisateur
11
1- Un cessez-le-feu obtenu
Un cessez-le-feu est un accord d’arrêt des combats généralement obtenu par un médiateur de la
part des belligérants en attendant la conclusion d’un accord définitif de fin des hostilités. A ce
titre, l’accord de Ouagadougou a permis de mettre fin aux hostilités. Son article 4 stipule : « afin
de créer les conditions sécuritaires propices à l’organisation et à la tenue d’élections libres et
transparentes sur toute l’étendue du territoire national, les parties s’engagent à arrêter toute
forme d’hostilités » et a observé un cessez-le-feu. L’article 5 ajoute : le cessez-le-feu entrera en
vigueur à compter de la date de signature du présent accord. Dans sa stratégie d’inclusivité,
l’accord est resté ouvert aux autres groupes armés qui n’ont pas participé aux négociations. Cela
a permis d’autres groupes de participer aux autres négociations qui ont suivi l’accord
d’Ouagadougou.
Afin de rendre effectif le cessez-le-feu, les parties accompagnées de la CEDEAO ont mis en
place une commission technique mixte de sécurité à laquelle la CEDEAO a participé par le
truchement du représentant du médiateur et de deux représentants associés de la CEDEAO. 29
C’est à partir de cet accord qu’émerge l’idée d’une force d’interposition. Cette force devrait
être la mission de la CEDEAO au Mali (MICEMA). Pour des raisons diverses, elle sera
transformée en mission de soutien au Mali (MISMA) sous les auspices de l’Union Africaine
(UA) qui deviendra plus tard mission multidimensionnelle intégrée des nations unies au Mali
(MINUSMA) adossée à la force Barkhane sur le plan sécuritaire. C’est pour dire que la
CEDEAO a posé les bases d’une stabilité qui a permis l’intervention des nations unies.
2-L’organisation de l’élection présidentielle acceptée par les rebelles dans leur fief
La CEDEAO dans ses objectifs de paix et de sécurité mise beaucoup sur la démocratie. Sa
médiation en 2013 entre les groupes armés du nord et le gouvernement de transition du Mali a
permis la tenue d’élections sur l’ensemble du territoire malien. Les rebelles qui contrôlaient
certaines zones l’ont accepté en vertu des dispositions de l’accord de Ouagadougou. Ces
élections représentent un signal fort de la reconnaissance de la souveraineté du Mali sur
l’ensemble du territoire. En outre, les élections organisées à partir de la médiation de la
CEDEAO ont permis un retour à l’ordre constitutionnel. Le Mali se dote ainsi d’autorités
légitimes et par conséquent d’interlocuteurs crédibles pour l’ensemble de la communauté
internationale. Deux ans après, le gouvernement et les groupes rebelles parviennent à conclure
29
Article 7 de l’Accord de Ouagadougou signé le 18 juin 2015
12
l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger en 2015. Les bases de cet
accord aussi viennent de l’accord de Ouagadougou chapeauté par la CEDEAO.
30
Préambule de l’accord de Ouagadougou signé le 18 juin 2013
13
des pourparlers de paix avec toutes les communautés du nord, les signataires ainsi que les
groupes armés ayant adhéré au présent accord en vue d’aboutir à l’établissement d’une paix
globale et définitive. Ce dialogue inclusif portera entre autres sur les questions suivantes :
Cet article de l’accord jette ainsi les bases d’une réforme de l’Etat en profondeur d’où le concept
de refondation avancé par les autorités de transition depuis 2020. Il vise à éliminer les véritables
causes du conflit en dépassant le simple cadre de la gestion.
Les approches et stratégies ainsi adoptées s’inscrivent dans la droite ligne des mécanismes de
prévention et de gestion des conflits tels que prévus par la CEDEAO. Celle-ci assume par là
une fonction à la fois normative, diplomatique et opérationnelle. Elle n’agit pas en tant
qu’actrice principale, mais en acteur d’appui en posant les bases d’une solution dont les détails
relèveront de la seule responsabilité des acteurs nationaux.
La combinaison du bâton et de la carotte appuyée par les Nations unies, l’Union Africaine, de
la France et l’Algérie a permis d’avancer en évitant le pire.
Les mutations de la CEDEAO dans le temps et dans l’espace, les conclusions sont davantage
positives et motivantes. La CEDEAO intervient ainsi de manière intelligente en ménageant les
uns et les autres. Aujourd’hui, aucune autorité nationale ne peut esquiver la légitimité des
interventions de la CEDEAO dans ses États membres. Sa profonde mutation, née de la nécessité
reconnue de créer des institutions communautaires dotées de pouvoirs conséquents, a favorisé
l’adoption d’instruments riches en initiatives, mais insuffisamment exploités. Le Mali peut
servir de cas d’école pour l’intervention d’une organisation régionale dans une crise
multidimensionnelle.
14
Ces analyses révèlent une contribution positive de la CEDEAO à la recherche de solution au
conflit malien. Pourtant, l’intervention aussi efficace qu’elle soit du fait des résultats visibles
sur le terrain fait face à des multiples obstacles qui empêchent l’organisation d’atteindre tous
ses objectifs. Dès lors, il conviendrait d’examiner ceux-ci dans la seconde partie de la présente
étude afin de renforcer l’intervention de l’organisation au Mali.
Le qualificatif « bridé » employé ici vient du verbe « brider » qui consiste à « contenir quelque
chose, quelqu'un, empêcher qu'il manifeste librement ses sentiments, ses désirs, ses aptitudes ».
L’organisation en tant que personne juridique indépendante des États membres est soit
empêchée directement ou indirectement, volontairement ou involontairement d’atteindre tous
ses objectifs de paix et de sécurité.
Même si le conflit entre rebelles et FAMA sont contenus, la crise a pris une nouvelle dimension
avec le phénomène du terrorisme présent à la fois au nord et au centre. L’absence de l’État sur
une bonne partie du territoire transforme les efforts de la CEDEAO en une goutte d’eau dans
un océan. Le leadership du processus de paix entre gouvernement malien et groupes rebelles
assurés par la CEDEAO semble l’échapper au profit de l’Algérie. L’implication de la France
dont la stratégie au sahel reste floue aux yeux des populations complique davantage. Du coup,
l’organisation se trouve dans un bricolage politique et diplomatique. Dans l’ensemble,
l’incapacité de la CEDEAO à apporter des solutions définitives à la crise malienne depuis 2012
s’explique par la persistance d’obstacles endogènes (section 1) et exogènes (section 2).
15
A- l’insuffisance des moyens
Le dictionnaire Petit Robert définit moyen comme: « ce qui sert pour arriver à une fin 31».
Dans le cas présent, il s’agit de tout ce qui est employé par la CEDEAO pour atteindre les
objectifs prévus dans son traité constitutif. Le problème des moyens de la CEDEAO ne date
pas d’aujourd’hui. L’organisation a toujours été confrontée au problème d’arriérés dans le
paiement des contributions et de l’absence de pouvoir politique et économique contraignant.32
En matière d’intervention dans les conflits en général dans le cas malien en particulier, la
CEDEAO reste confrontée à l’insuffisance des ressources financières (1) et des moyens
matériels et humains (2).
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies est le seul organe de niveau international pouvant
autoriser le recours à la force. En effet, le Chapitre VII (art42) de la Charte des Nations Unies
lui permet de recourir ou intervenir par tous les moyens nécessaires (forces aériennes, navales
ou terrestres) pour maintenir ou rétablir la paix et sécurité internationale, communautaire et
nationale. Cependant, les Nations Unies encouragent le règlement régional des conflits avant
qu’il ne soit soumis à son appréciation. L’article 52 alinéa 2 du chapitre VIII consacré aux
accords régionaux, stipule : « les membres des Nations Unies qui concluent ces accords ou
constituent ces organismes doivent déployer tous les efforts pour régler d’une manière
pacifique, par les moyens desdits accords ou organismes, les différends d’ordre local, avant de
les soumettre au Conseil de Sécurité ». C’est lorsque ces organismes se trouvent incapables de
répondre, de remplir convenablement leur rôle que le dossier est en principe transmis au Conseil
de Sécurité. Dans le cas malien, la CEDEAO en collaboration avec l’Union Africaine n’a pas
été capable d’assurer le financement de la mission de soutien au Mali (MISMA). Raison pour
laquelle la mission multidimensionnelle intégrée des nations unies au Mali (MINUSMA) a vu
31
Josette Rey-Debove et Alain Rey (SD), le petit robert de Paul Robert, nouvelle édition 2012, p .1650
32
Jacques Tenier, intégrations régionales et mondialisation : complémentarité ou contradiction, Editions les études de la documentation
française, 2003, p. 106
16
le jour malgré l’organisation par la commission de l’Union Africaine d’une conférence de
donateurs le 29 janvier 2013, aux fins de mobiliser un soutien tant financier que logistique pour
la MISMA et les forces de défense et de sécurité du Mali (FDSM). Les promesses se sont
élevées à 455 millions de dollars33. Une organisation qui a les moyens de sa politique n’organise
pas une conférence de donateurs. L’idéal serait que le problème communautaire soit géré par
la communauté elle-même. Il n’en a pas été ainsi et le Mali a sollicité la présence
pluridisciplinaire des Nations unies.
33
UA, Rapport intérimaire de la présidente de la commission sur la mission internationale de soutien au Mali sous conduite de l’UA, disponible
sur http://www.peaceau.org/uploads/358eme-reunion-cps-rapport-inty-rimaire-misma.pdfconsulté le 17/07/2021
34
Naffet Keita, L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger : entre euphorie ou doute, la paix en signe de
traces ! Friedrich Ebert Stiftung, disponible sur https://library.fes.de/pdf-files/bueros/fes-pscc/14325.pdf, p. 37, consulté le 17/07/2021 à 11
h17
35
Ibidem
17
Niger. Il explique aussi la complexité de la crise. Pourtant, ce n’est pas la volonté politique qui
manque. La CEDEAO a besoin de financer l’Economic Community of West African States
Cease-fire Monitoring Group (ECOMOG), ou « Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la
CEDEAO (ECOMOG) une fois sur place, mais les ressources font défaut. L’absence des
ressources explique en partie la non application des textes communautaires en matière
d’activation de cette force. Une interprétation théologique des textes communautaires conduit
à penser qu’un État attaqué de l’intérieur tout comme de l’extérieur doit être aidé par les autres
dès lors que l’attaque met en péril la paix et la sécurité sous-régionale36. Tel n’a pas été le cas
pour le Mali en 2012. Le principe de prudence et du respect de la souveraineté ont été priorisés
par rapport à la situation qui prévalait. Le risque de qualification d’ingérence et/ou de
représailles de la part des groupes terroristes aurait poussé les États à s’abstenir. L’intervention
du Sénégal en Gambie pour chasser Yahya Jammeh et installer Adama Barro illustre ce calcul
politique. Pourquoi ce même n’a pas adopté la même attitude au Mali lorsque les deux (2) tiers
du territoire ont été occupés par les groupes terroristes ?
36
Référence faite ici à l’effectivité du principe de solidarité collective prévu par le traité révisé de 1993
37
Ces principes sont l’alternance au pouvoir, le respect des droits de l’homme, la redevabilité et la participation à
la gestion des affaires publiques
38
Voir ces différents rapports sont disponibles sur :
https://www.transparency.org.uk/?gad=1&gclid=CjwKCAjwkNOpBhBEEiwAb3MvvZQpg21DMkzaKA6eFYXRexb
n06dYM-ozdCfgPHcnaVcYfmcDpXedeBoCk-EQAvD_BwE
18
démocratiques. Les réformes constitutionnelles et la persécution des opposants en Côte d’Ivoire
sont une illustration parfaite de la politique de deux poids deux mesures de la CEDEAO face à
ses Etats membres. La CEDEAO dans sa stratégie de prévention des conflits aurait dû anticiper
en s’attaquant à la mauvaise gouvernance. La responsabilité de protéger les peuples contre la
mauvaise gouvernance lui incombe en vertu des textes ratifiés par tous les Etats.
Au lieu de faire de la bonne gouvernance son cheval de bataille, la CEDEAO joue plutôt au
sapeur-pompier. Elle ne combat pas les causes mais les conséquences. Les mêmes causes
produiront toujours les mêmes effets. C’est pourquoi, les sanctions imposées contre le Mali se
sont avérées contreproductives. Elles ont renforcé le sentiment nationaliste et crée une
sympathie africaine à l’égard du peuple malien. Cette limite de la CEDEAO explique en partie
la résurgence des coups d’Etat en Guinée Conakry, au Burkina Faso et au Niger depuis 2020.
Les militaires sont toujours en place et les peuples semblent s’en accommoder. Les sanctions
ne doivent pas attendre les coups d’État, elles doivent être prises dans des cas de mauvaise
gouvernance graves constatées. Puisque c’est de la mauvaise gouvernance que proviennent le
chômage, les rebellions, le terrorisme et l’insécurité. Il est temps que les uns et les autres
comprennent que le conflit malien vient de l’inefficacité de l’État à assumer ses responsabilités.
Au-delà de la CEDEAO, les partenaires techniques et financiers doivent comprendre que la
crise du Mali est une crise de légitimité et de régulation.
La charte de Nations Unies et le traité d’Abuja insistent sur le respect de la souveraineté des
États.39Les États membres ont la principale responsabilité d’assurer la paix et la sécurité, mais
ils doivent ménager la souveraineté de leurs pairs. En droit international, la souveraineté est un
droit absolu qu’à tout peuple indépendant de régler ses propres affaires sans n’en devoir aucun
compte à quelque autre peuple que ce soit. En effet, depuis la conception de la souveraineté par
Bodin en 1576 affirmant l’indépendance de l’État, la conception de la souveraineté s’est
beaucoup restreinte. Néanmoins, la souveraineté reste protégée par deux types de règles. En
premier lieu, le droit international ne s’applique pas au domaine réservé des États. Même s’il a
39
Art. 2 al 7 de la charte des Nations Unies
Art. 4 du traité révisé de la CEDEAO
19
beaucoup diminué depuis 1945, le domaine réservé reste prévu par l’article 2 al 7 de la Charte
de l’ONU : « Aucune disposition de la présente charte n’autorise les Nations Unies à intervenir
dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un État, ni n’oblige
les membres à soumettre des affaires de ce genre à procédure de règlement aux termes de la
présente Charte ». En second lieu, la souveraineté des sujets du droit international (États,
organisation internationale) est protégée par l’immunité de juridiction qui leur évite d’être
traduits devant les tribunaux nationaux40. Elle est considérée comme un caractère d’un État ou
d’un organe qui n’est soumis à aucun autre État ou organe (indépendance). Même si la
souveraineté a connu une évolution ces dernières, elle reste un argument de poids pour remettre
en cause le caractère supranational de l’organisation. En réalité, la CEDEAO ne peut rien
imposer aux autorités maliennes. Le coup d’État contre les autorités civiles de transition et la
prise de la présidence par Assimi Goîta ont montré une fois de plus les limites de la CEDEAO.
Nul ne doute que la transition en cours est dirigée par des militaires et la CEDEAO ne dispose
pas de garantie concrète pour le respect du délai de dix-huit (18) convenu.
Par ailleurs, les problèmes africains ne sont pas toujours réglés par les Africains. Les Etats
africains ont tendance à chercher des solutions loin de leur communauté d’appartenance. Le fait
que le président de la transition appelle la France au secours en 2012 et le changement de
médiateur entre groupes armés et le gouvernement sont des faits qui mettent à nu cette réalité.
Les protagonistes font plus confiance aux puissances étrangères qu’aux organisations
régionales. L’appel au secours à la France est une preuve de la paralysie de l’architecture de
paix et de sécurité des organisations africaines en général et de la CEDEAO en particulier. En
conséquence, le dossier malien devient une affaire de la France. C’est cette dernière qui va
assurer le portage diplomatique du dossier malien au Conseil de Sécurité.
40
Benedicte Beauchesne, Relations internationales 2018-2019, cours et QCM, Editions Marketing SA, 2017, p.
2012
20
œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger41. Le cours des
évènements confirme ce constat puisque des voix s’élèvent pour demander la révision de
l’accord voire sa mise en œuvre intelligente42. Si l’accord de Ouagadougou signé sous la
houlette de la CEDEAO n’a pas rencontré des problèmes dans sa mise en application, pourquoi
celui d’Alger connaît autant de problèmes ?
Le dictionnaire Petit Robert définit le mot attachement comme : « le sentiment qui unit une
personne aux personnes ou aux choses qu’elle affectionne 43
» Dans notre cas, l’attachement
serait non seulement la confiance, mais aussi une dépendance permanente des groupes armés
vis-à-vis de l’Algérie. Ainsi de tout le temps, les rebelles Touaregs ont manifesté plus de
confiance à l’égard de l’Algérie qu’à la CEDEAO. Cela pourrait expliquer par des liens
historiques sociaux, culturels que ces communautés entretiennent avec l’Algérie. La plupart des
leaders touareg y résident. Ils entretiennent des liens forts avec les dirigeants algériens.
41
Propos recueillis auprès de Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée Nationale du Mali, lors de
l’entretien réalisé le 29 juin 2021 à son domicile
42
Discours des autorités de la transition en cours
43
Josette Rey-Debove et Alain Rey (SD), le petit Robert de Paul Robert, nouvelle édition 2012, p 168
21
L’histoire des accords de paix entre le Mali et les rebelles touareg est teintée du poids de
l’Algérie qui est devenue incontournable pour diverses raisons. Face à une telle situation, le
rôle de la CEDEAO deviendrait secondaire. L’un des protagonistes échappe à son autorité
morale or le poids d’un médiateur dépend de son autorité morale.
Le spectateur est par définition quelqu’un qui assiste sans jouer un rôle actif et déterminant.
Hormis le processus d’Ouagadougou, la CEDEAO n’a joué qu’un rôle mineur. Le choix porté
sur la Fondation Carter pour surveiller la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la
réconciliation issu du processus d’Alger en dit long sur le rôle réservé de la CEDEAO. A notre
avis, ce rôle devrait revenir à la CEDEAO. Aujourd’hui, elle ne dirige pas le comité de suivi de
l’accord. Elle ne peut exercer aucune pression sur les groupes armés qui parlent d’égale à égale
avec un État souverain. Les camps de l’armée sont attaqués sans que la CEDEAO ne
condamne44. Elle ne propose pas non plus sa médiation dans un contexte tension marqué par le
départ de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au
Mali (MINUSMA). Elle ne porte pas le dossier malien aux Nations Unies. Dans le processus
électoral, son expertise se limite à l’observation électorale. Même l’audit du fichier électoral a
été assuré par l’organisation de la francophonie, considérée par certains comme un bras droit
de la diplomatie française. Par ailleurs, elle a assisté impuissante à la destitution des autorités
civiles de transition le 24 mai 2021. Elle a fini par accepter ce qu’elle a refusé au mois de
septembre 2021, c’est-à-dire une transition dirigée par des militaires. Plus la crise s’éternise,
moins elle joue un rôle déterminant. Elle prend acte et consomme les évènements sans pouvoir
changer leur cours. Elle n’influence pas le processus décisionnel alors qu’elle aurait dû
continuer comme elle a commencé à Ouagadougou en 2013. Le report des élections
présidentielles prévues février 2024 a aussi échappé à son contrôle45.
En effet, la France, « pays des droits de l’homme » tente par tous les moyens de concilier le
droit des peuples à l’autodétermination et la préservation de l’intégrité territoriale d’un pays
souverain. Le blocage de l’entrée de Kidal aux forces armées maliennes en 2013, sous prétexte
44
Les camps de Ber, de Léré et de Bourem et de Bamba au mois d’Août 2023
45
Communiqué du gouvernement de la transition en date du 25 septembre 2023
46
Approche réaliste des relations internationales
22
d’un risque de vengeance qui conduirait à des violations massives des droits de l’homme en dit
long sur sa perception de la crise. À cette époque, la CEDEAO n’a pu rien faire. Le maître des
lieux a décidé et les autres doivent exécuter. Si l’intervention française a permis de chasser les
djihadistes, elle a aussi facilité le retour des groupes rebelles à Kidal avant l’arrivée de l’armée
malienne. Aujourd’hui, Kidal reste encore sous contrôle des groupes rebelles.
Au plan diplomatique, la France pèse de tout son poids notamment au Conseil de Sécurité des
Nations unies. Jusqu’en 2022, c’est elle qui porte le dossier au détriment de la CEDEAO. La
plupart des responsables de la MINUSMA ne sont pas des ouest africains. Elle ne pouvait
obtenir rien obtenir des nations unies pour la prise en compte des intérêts de la communauté.
Le leadership est assuré par la France. À titre d’exemple, c’est elle qui a porté la résolution
2085 du Conseil de Sécurité, adoptée le 20 décembre 2012 sur laquelle elle se fonde pour
justifier son intervention en 201347.
Du côté de l’Algérie, l’intervention française est perçue comme une attitude néocolonialiste.
L’Algérie semble allergique à la présence de puissances étrangères à ses portes. Si
officiellement, les deux pays coopèrent au Mali, officieusement, ils se trouvent dans une lutte
d’influence au détriment de la CEDEAO censée assurer le leadership du règlement de la crise
malienne. Au-delà de ce constat, elle ne semble pas jouer pleinement son rôle pour la mise en
œuvre de l’accord. Elle n’exerce pas suffisamment de pressions sur les groupes rebelles.
47
Oriane BEN ATTAR, Le rôle de la France dans la crise malienne, Revue IRENNEE/ Université de Loraine, 2013, N° 31 p. 145, disponible
sur https://www.cairn.info/revue-civitas-europa-2013-2-page-145.htm, consulté le17 /07/ 2021 à 16 H 47
23
la coordination des mouvements des forces patriotiques pour la résistance
(CM-FPR-2) ;
le groupe d’autodéfense touareg imghade (GATIA) issu du MNLA (GATIA) ;
le mouvement populaire pour la sauvegarde de l’Azawad (MPSA) issu du
MAA ;
la coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA) ;
le mouvement pour l’unicité du djihade en Afrique de l’ouest (MUJAO) ;
l’Ançar-dine, AGMI, le mouvement arabe de l'Azawad-dissident ( MAA-
dissident).
Le MNLA, le HCUA et le MAA, mouvements ayant combattu dès les premières heures
l’armée malienne à côté des mouvements islamiques revendiquent l’indépendance des trois
régions. C’est pourquoi ils insistent sur un statut particulier des trois régions (Kidal,
Tombouctou, Gao) dans les négociations actuelles. Leurs mobiles sont à la fois politiques,
économiques, identitaires, sociales et territoriales. Ces trois mouvements n’ont jamais accepté
le cantonnement ni le désarmement. Ils sont présents et représentatifs sans pour autant
contrôler la totalité des régions. Le MNLA est jugé plus radical et s’est renforcé par l’alliance
scellée avec la coordination des mouvements des forces patriotiques pour la résistance (CM-
FPR-2) mécontente de son exclusion des pourparlers préliminaires. Le MCUA est plus sensible
à la question de l’intégrité territoriale, mais plusieurs de ses leaders étaient membres actifs
d’Ançar-dine au moment de l’occupation. Le MAA est quant à lui, perçu comme un bras droit
du gouvernement malien car plusieurs de ses membres sont sous influence du patriarche
Intallah, homme fort de Kidal réputé proche de IBK . Ces trois groupes sont appuyés par
le Groupe armé populaire contre l’autorité malienne (GAP CAMA).
24
du MAA, sont réputés proches des trois premiers. Ce sont des problèmes de leadership qui
seraient à l’origine de leur départ.
La coordination des mouvements des forces patriotiques pour la résistance (CM-FPR) est
constituée essentiellement de sonrhaïs, de bêlas et de peulh pour qui la défense de leur
territoire et la protection de leurs biens contre toute attaque sont les motivations principales.
Ils sont contre la scission du Mali, mais estiment cependant être abandonnés par Bamako. C’est
pourquoi ils assurent leur propre sécurité.
Le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés GATIA-issudu MNLA est l’un des derniers
nés. Il est constitué principalement des membres de la tribu du Général Gamou, Fidel à l’armée
malienne. Il reconnait les principes sacro-saints de l’État malien et représente pour Bamako un
rempart de taille contre le MNLA. Ce groupe peut être considéré comme la continuité civile
de l’armée malienne. Cependant, la Plateforme des cadres et leaders Touaregs s’oppose déjà
à sa création. Du point de vue diplomatique, il viendra tout simplement compliquer les
futures négociations. Sa volonté de participer aux négociations de paix semble être à l’origine
du report des négociations initialement prévues le 17 août 201448.
Tous ces groupes revendiquent la représentativité des populations du nord et veulent participer
aux négociations de paix globale.
Les risques d’assister à une « Afghanistanisation ou syrianisation » du nord Mali ne sont pas
à exclure. Pire, les islamistes d’Al-Qaïda et du JNIM peuvent facilement revêtir les couleurs
de ces derniers et commettre des attentats.
La multiplicité des acteurs rend difficile la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la
réconciliation issu du processus d’Alger. Chaque groupe revendique la légitimité et entend bien
se positionner pour capter les dividendes de l’accord. Cette volonté conduit souvent aux
affrontements. Les risques des conflits inter communautaires existent aujourd’hui et peut
remettre en cause tous les acquis
En plus de ces groupes armés au nord, les efforts de la CEDEAO ont été annihilés par
l’apparition de milices au centre. Ces dernières sont des organisations paramilitaires qui
utilisent la force pour parvenir à leur fin. Depuis 2013 leur nombre ne fait qu’augmenter, les
affrontements entre DANA AMBASAGO et TABIL TABOLAkou constituent une preuve de
la fragilité de la situation au Mali. Les milices prétendent protéger leur communauté contre les
48
Ces informations sont le fruit d’une compilation d’article de journaux traités à partir du média en ligne www.malijet.com
25
attaques terroristes. Dans cette optique, les actes de banditismes et de règlement de compte sont
devenus monnaie courante.
Cette multiplicité d’acteurs rend la situation trop complexe pour la CEDEAO dont les moyens
sont limités. La CEDEAO ne dispose pas de relais locaux. Aujourd’hui, l’intervention d’une
personne à l’image de Cherif Bouyé Haîdara de Nioro est plus efficace que celle de la
CEDEAO. La CEDEAO peut s’appuyer sur ces leaders locaux religieux et modéré pour réussir
là où la France a échoué. Elle doit l’intégrer dans sa stratégie de lutte régionale contre le
terrorisme.
49
Pascal Boniface, la Géopolitique, 43 fiches thématiques et documentées pour comprendre l’actualité, 4ème Editions, Eyrolles, 2017, p.43
50
Ibidem
26
CONCLUSION
La crise malienne est une crise africaine aux conséquences sécuritaires internationales. La
CEDEAO qui souscrit aux buts et principes de la charte des Nations-Unies ne pouvait rester en
marge et regarder. C’est pourquoi, elle s’est impliquée dans le règlement de la crise dès son
éclatement. Les résultats obtenus au départ ont été encourageants. En effet, la médiation de la
CEDEAO a permis de préserver l’intégrité territoriale du Mali. Elle a chaque fois permis
d’obtenir des garanties claires et sûres de la part des putschistes d’organiser des élections dans
de délais raisonnables. En 2012, la pression de l’organisation a été très déterminante dans le
transfert du pouvoir aux civils et le retour à l’ordre constitutionnel. La suite a été l’organisation
d’élections (présidentielles et législatives) libres, transparentes et crédibles. En 2018, son
intervention auprès de la classe politique a permis d’éviter des marches de l’opposition prévues
en guise de protestation des résultats. Comparée à d’autres organisations sous régionales du
continent, la CEDEAO fait mieux que toute autre dans la promotion de la démocratie, le
maintien de la paix et de la sécurité internationale. Le dosage de coopération et d’intégration
lui offre une certaine flexibilité pour adapter son intervention au Mali et assurer une efficacité.
Malgré le caractère dynamique des évènements, la multiplicité des acteurs, la complexité des
enjeux géostratégiques, politiques, économiques et commerciaux sur la crise malienne, elle
parvient à maintenir l’essentiel. C’est-à-dire l’intégrité territoriale du Mali, le dialogue entre
acteurs politiques. L’obtention de ces résultats s’explique en grande partie par la
responsabilisation de l’organisation. En vertu du principe de subsidiarité, elle agit en premier
lieu par des moyens multiples.
Malgré ces résultats obtenus, il ne faut pas perdre de vue que l’intervention de la CEDEAO au
Mali fait face à des quatre obstacles majeurs.
Le premier est le manque de moyens. Elle est limitée par l’insuffisance des moyens financiers,
matériels et humains. Alors que le soldat et le diplomate doivent aller de pair. La CEDEAO a
manqué l’occasion de prouver une plus grande efficace lorsque les trois grandes villes du nord
sont tombées aux mains des rebelles et des groupes rebelles au nord. La CEDEAO aurait dû
mobiliser ses forces en attente pour contrer l’avancée des terroristes vers le sud.
Le deuxième est lié aux contradictions internes. Aucun État ne peut se vanter de donner des
leçons de démocratie et de bonne gouvernance aux autres, pas plus qu’au Mali. La CEDEAO
des peuples s’incline davantage vers la CEDEAO des chefs d’États et de gouvernement. La
solidarité reste plus un slogan du discours politique qu’une vision de communauté de destin sur
27
le terrain. En d’autres termes, la CEDEAO reste pour l’instant limitée pour s’attaquer aux
causes profondes des crises en général et celle du Mali en particulier.
Le troisième est la stratégie des acteurs du conflit malien attirés par des solutions
extracommunautaires. En confiant le leadership des négociations à l’Algérie, les autorités
maliennes ont implicitement écarté des solutions communautaires.
Face à ses obstacles, il revient aux autorités maliennes de prendre leur responsabilité. La
CEDEAO ne se substituera pas aux autorités maliennes. Elle vient pour compléter les efforts
des maliens dans leur volonté d’instaurer la paix et la sécurité. C’est dans cette perspective que
les principes posés par les autorités de la transition deviennent salutaires. Ceux-ci sont le respect
de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques du Mali et la prise en compte des
intérêts du peuple malien.
28
BIBLIOGRAPHIE
1-Ouvrages
2-Thèses et mémoires
3.Articles :
4-Textes juridiques
29
Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger
Traité de coopération entre le Mali et la France en matière de défense du 17 Juillet 2014
Acte constitutif de l’Union Africaine du 11 juillet 2000
Communiqué de presse remise officielle par l’UA aux parties libyennes d'une
proposition d’accord-cadre pour une solution politique à la crise en Libye, 2011
Communiqué du Conseil de paix et de Sécurité de l’Union africaine (UA) en sa 459ème
réunion sur la situation en Libye,23 septembre 2014 ;
Déclaration du Président de la Commission de la CEDEAO sur la Situation au Mali, N°:
006/2013 du 12 janvier 2013 ;
Communique final : 4eme sommet extraordinaire de la conférence des chefs d’état et de
gouvernement de la CEDEAO sur la situation politique au Mali, 9 janvier 2022
Communiqué conjoint relatif à la déclaration des autorités de transition maliennes
concernant la participation du Danemark à la Task Force Takuba, 26 janvier 2022
6-Webographie
CEDEAO : https://ecowas.int/a-propos-de-la-cedeao/?lang=fr
France diplomatie : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr
Cairn Info : https://www.cairn.info
Crisis group : https://www.crisisgroup.org
IRIS : https://www.iris-france.org
IFRI : https://www.ifri.org
MINUSMA: https://minusma.unmissions.org
30
TABLE DES MATIERES
III