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éditions Sans-Détour
Howard Auteur : Emily Tibbats
Illustrations : Loïc Muzy
Phillips Relectures : France-Anne Ruolz, Christophe Ployon et Laure Valentin
Direction éditoriale & couverture : Christian Grussi
Recherche iconographique : Emily Tibbats & Christian Grussi
Lovecraft Scénarios : Philippe Auribeau, Tristan Lhomme & Cyril Puig
Crédits
Auteur
Imprimé en Allemagne • Westermann Druck Zwickau GmbH • ISBN : 978-2-917994-55-9
Érudit
Gentleman Édition et dépôt légal : août 2013
Né en 1890
Décédé en 1937
www.Sans-Detour.com
L’Appel de Cthulhu est publié par les éditions Sans-Détour sous licence de Chaosium Inc.
La 6ème édition de L’Appel de Cthulhu est copyright © 2008 Chaosium Inc., tous droits réservés.
Call of Cthulhu® et L’Appel de Cthulhu® sont des marques déposées par Chaosium et les éditions Sans-Détour.
Table des matières
Historique
Sciences Forensiques & Psychologies Criminelles a été pour la première fois
publié en format électronique en 2004, par EWS, sous le titre Forensic,
Prof iling & Serial Killers. La seconde édition, sous forme d’un livre de
200 pages au format A5, tiré à 100 exemplaires seulement, a été publiée en
2005 par Cassendre. Cette édition, depuis longtemps épuisée, est devenue un
collector recherché. Et enfin, il a été réédité sous la forme d’un ouvrage de
128 pages aux éditions Sans-Détour, dans la gamme de L’Appel de Cthulhu.
La version que vous tenez entre vos main en est la seconde édition, grande-
ment enrichie !
A propos de l’auteur
Emily Tibbats est la créatrice du site internet www.tueursenserie.org,
dont l’objectif est de mieux faire comprendre qui sont les tueurs en série.
Elle a regroupé une importante documentation sur ces individus et les
moyens de les identifier. Ses recherches l’ont faite entrer en contact avec
de nombreux professionnels, parfois à l’étranger, en relation avec ce milieu. Le
présent ouvrage est un résumé de la grande masse d’informations qu’elle a
accumulée au fils des ans.
6
Avant-propos
Avant-propos
QQui n’a jamais eu envie de faire partager à ses joueurs des intrigues comportant des éléments de
sciences médico-légales ou scientifiques ? Mais pour cela, il faut posséder les clefs de cet univers si
particulier. Il faut savoir ce que peut révéler un cheveu, raconter une trace de sang, ou encore une sim-
ple morsure. Sciences Forensiques & Psychologies Criminelles vous propose de découvrir l’ensemble
des sciences forensiques, et ce que chacun de ses domaines peut tirer des indices, dévoiler comme ren-
seignement.S’il n’abordait que ces points, l’ouvrage ne serait pas complet, car le profiling qui, contrai-
rement aux idées reçues, ne sert pas uniquement à « rentrer dans la tête du tueur », est utilisé dans de
nombreuses situations : kidnapping, interrogatoire, prise d’otage, psychologie des victimes, des agres-
seurs, des tueurs… et j’en passe.
Que vous ayez simplement envie d’enrichir votre culture générale et de voir vos séries préférées avec
un regard différent, ou que vous ayez le souhait d’exploiter toutes ces informations pour créer des
enquêtes de haut vol, vous trouverez votre bonheur dans cet ouvrage.
L’approche purement technique d’un point de vue jeu de rôle est volontairement légère. En effet, la
plupart des informations présentées sont surtout destinées à servir d’éléments d’intrigues, d’inspira-
tions aux scénaristes et aux gardiens pour pimenter les scénarios.
J’espère que vous prendrez autant de plaisir à la lecture que j’ai pu en prendre en découvrant les textes
d’Emily Tibbatts, qui a fait un travail remarquable pour mettre à la portée de tous les méandres et
les subtilités de ce très vaste domaine qu’est l’investigation forensique.
Christian Grussi
Avertissement
Sciences Forensiques & Psychologies Criminelles est un ouvrage de vulgarisation sur les sujets abordés. Ce n’est en
aucun cas un manuel qui pourrait faire de vous un parfait enquêteur ou vous donner les clefs pour déjouer
la police. Cet ouvrage est avant toute chose destiné aux auteurs de fiction et de jeu, et doit être utilisé comme tel.
Les portraits
Sur l’ensemble de portraits présentés dans cet ouvrage,
tous, exception faite de ceux des tueurs en série, sont fictifs.
7
Les études de cas
Les nombreuses anecdotes et études de cas présentées dans l’ouvrage
sont autant de sources d’inspirations à votre disposition.
N’hésitez pas à vous en servir pour vos scénarios.
La fiabilité
Dans la première partie, les sciences forensiques, sont spécifiés
pour chaque outil d’investigation la fiabilité et le temps requis pour
l’analyse. Ces données sont surtout utiles lors de l’écriture de scénarios,
en vous donnant des indications précises.
Sciences Forensiques
“On ne peut voir que ce que l’on observe,
et l’on observe que ce qui se trouve déjà dans notre esprit.”
Alphonse Bertillon
Mise en perspective
Sciences Forensiques
historique
L
Les Experts alias CSI… Vous connaissez sûrement cette série américaine où des scienti-
fiques mènent l’enquête à l’aide d’un matériel coûteux et haut de gamme, le costume
impeccable et l’œil vif. “J’ai trouvé un cheveu !” : ça y est, c’est fichu pour le coupable, il est
découvert. C’est le colonel Moutarde avec le chandelier dans la bibliothèque qui…
Avouons que cette série, bien que passionnante, n’est pas franchement réaliste. Si les
techniciens des laboratoires de la police (américains comme européens) possédaient
réellement cet équipement “high tech” et avaient autant de liberté d’action, ils seraient
les professionnels les plus heureux du monde. La réalité est souvent moins heureuse.
Mais avant d’en venir aux diverses techniques plus ou moins modernes, et aux revendica-
tions des “blouses blanches”, parlons un peu histoire…
À partir de quand la science est-elle devenue l’alliée des enquêteurs ? Pour être honnête,
pas réellement avant la fin du XIXème siècle !
1192 Afin d’éviter d’avoir à entendre un joueur liant la médecine et la loi. On y indiquait le
Appointement
affirmer “Je lui fais une piqûre antirabique moyen de distinguer si une victime avait été
des Crowners
contre la morsure du loup-garou” en 1460 étranglée (des marques sur le cou, le carti-
ou “On fait un profil ADN à partir du che- lage du cou endommagé), ou s’était noyée
veu” en 1937… (de l’eau dans les poumons).
1248
En 1788, la torture fut définitivement abo-
Les sciences légales lie en France.
L’une des premières affaires durant laquelle
Au début du Moyen Âge, en France, pour les sciences légales furent utilisées impliqua
Hsi Duan Yu
découvrir un coupable, on choisissait un le père de la toxicologie, le Français
suspect que l’on soumettait au “Jugement de Mathieu Orfila (1787-1853), un médecin
Dieu” : on plongeait sa main dans l’huile et chimiste qui publia entre 1813 et 1815
bouillante. S’il était innocent sa main ne un Traité des poisons ou Toxicologie générale.
brûlait pas ! Toutefois, si une femme n’était
1813
pas ébouillantée, il était possible qu’elle soit Vers 1835 Orfila et le chimiste écossais
une sorcière, et donc coupable ! On prati- James Marsh développèrent chacun un test
quait souvent la torture pour obtenir des chimique afin de détecter l’arsenic, un poi-
ou Toxicologie
lerie, les femmes qui avouaient participer à de l’empoisonnement étaient similaires à
générale
des Sabbats démoniaques étaient relâchées ceux d’une péritonite.
(et soumises à l’opprobre populaire), tandis
que celles qui protestaient de leur inno- Orfila fut également le premier à se servir
1835
cence… étaient brûlées. du microscope pour détecter les traces
d’origine biologique, notamment le sang.
À partir du XIIIème siècle, on réalisa que ce
jugement manquait quelque peu de finesse En 1835, Henry Goddard, un enquêteur de
La preuve
et de fiabilité, et l’on commença à chercher Scotland Yard, travailla sur un cambriolage
1843
En Angleterre, la couronne décida en 1192 victime une balle qui s’y était fichée lorsque
d’appointer des “crowners” (qui allaient le soi-disant voleur lui avait tiré dessus.
devenir des “coroners”) afin de déterminer Goddard démontra que cette balle avait été
si un décès était dû à un suicide, à un acci- coulée dans un moule que le maître d’hôtel
Photographier
dent ou un meurtre. utilisait pour fabriquer ses propres balles.
les criminels
La preuve ? Ce moule comportait une
En 1248, le Hsi Duan Yu, un traité chinois, petite imperfection qui marquait chaque
offrit la première documentation écrite balle.
En 1843, la police belge commença à pho- moderne. En 1908, le gouvernement fédéral
1844
Sciences Forensiques
D Alexandre
tographier les criminels (dans des poses du Canada approuva par décret l’utilisation
r
Lacassagne
plus ou moins artistiques) afin de pouvoir des empreintes digitales comme moyen
reconnaître plus facilement les récidivistes. d’identification des criminels.
1876
est considéré comme le fondateur des de médecine légale à l’Université de Lyon,
sciences forensiques modernes. Il fut le pre- inspiré tant par Hans Gross que par
mier à remarquer qu’une balle tirée par une Sherlock Holmes, fut le premier au monde
arme portait des stries et que toutes les à créer un laboratoire de recherches crimi-
L’Uomo deliquente
balles tirées par la même arme portaient les nelles, en 1910.
mêmes stries… posant ainsi les bases de la
balistique. En 1910, Albert Osborn publia Documents
Interrogés, devenu un classique concernant
Et il fut le premier à reconnaître l’impé- l’analyse de documents et d’écriture.
rieux besoin de moyens adéquats afin Osborn allait devenir le plus grand spécia-
1881
d’identifier les criminels à travers des liste de graphologie du début du siècle.
fichiers de police.
En 1913-1914, Sir Lomer Gouin, procu-
En 1868 fut créé l’Institut de médecine
Première salle
reur général et Premier ministre du
légale de Paris.
d’autopsie française
Québec, décida de créer le premier labora-
toire de médecine légale d’Amérique du
En 1876, Cesare Lombroso (1835-1909) Nord.
publia L’Uomo delinquente, d’où est tirée la
théorie du “criminel né”.
Leon Lattes, professeur à l’institut de
1892
médecine légale de Turin, développa en
En 1880, Henry Faulds, un chimiste écos-
1915 une méthode pour définir les diffé-
sais travaillant à Tokyo, publia dans un jour-
rents groupes sanguins à partir de sang
nal, un article suggérant que les empreintes
Empreintes digitales
séché. Cette technique lui permit d’inno-
digitales découvertes sur une scène de crime
center un meurtrier présumé en analysant
pouvaient permettre d’identifier l’agresseur.
du sang séché trouvé sur son manteau.
Faulds lui-même utilisa les empreintes de
doigt d’un suspect pour l’innocenter d’un
1900
cambriolage et impliquer le véritable voleur. En 1920, Edmond Locard énonça le prin-
cipe de transfert qui porte son nom.
En 1881, la première salle d’autopsie fran-
çaise fut créée à Paris par le Pr Paul Dans les années 1920, le colonel américain
Groupes sanguins
Brouardel. Calvin Goddard perfectionna la technique
d’identification des marques laissées sur les
En 1887, Sir Arthur Conan Doyle publia la balles par le canon de l’arme desquelles elles
première aventure de Sherlock Holmes, étaient tirées.
1910
Une étude en rouge, inventant le premier
détective scientifique. En 1922, l’Abbé Delorme fut accusé du
meurtre de son frère à Montréal. Malgré
Alphonse Bertillon (1853-1914) fut l’in- des preuves accablantes contre lui (expertise
Laboratoires de
venteur de l’anthropométrie, un système des balles du pistolet du prêtre et comparai-
recherche criminelle
d’identification par mesures du corps. son de l’écriture sur un colis envoyé au chef
de la police), Adelard Delorme fut libéré en
1910
Le Dr Francis Galton (1822-1911) publia 1924.
Empreintes digitales en 1892, et créa le
premier système universel de description Le premier laboratoire de recherches crimi-
des empreintes papillaires. nelles américain fut fondé en 1930 par le
Documents
département du shérif du comté de Los
interrogés
Hans Gross, magistrat et professeur de loi Angeles.
criminelle à l’Université de Graz, en
Autriche, publia en 1891 Enquête criminelle, En 1923, le chimiste Philip Gravelle conçut
le premier ouvrage qui décrivait comment une technique permettant de photographier 11
1915
utiliser diverses preuves physiques pour les objets étudiés sous microscope.
résoudre un crime.
Embauché par le Bureau of Forensic
Karl Landsteiner fut le premier, en 1900, à Ballistics de Chicago, il créa un microscope
Groupe sanguin à
découvrir les différents groupes sanguins comparatif pour les balles et cartouches
partir de sang séché
humains. Son travail sur la détection du puis adapta un cystoscope afin d’explorer
sang et de ses différents types forma les l’intérieur du canon des armes à feu. En
bases de pratiquement toute la sérologie 1932 fut créé le laboratoire du FBI.
1920 En 1937, Walter Specht, chercheur à Il ADN peut donc être utilisé comme une
Sciences Forensiques
Identification
l'Institut universitaire de médecine légale et empreinte digitale. L’utilisation de l’ADN
1932
En 1939, les chimistes Proesher et Moody
améliorèrent l'efficacité du luminol en ajou- En 1991, l’University College Hospital de
tant un activateur à base d'acide chlorhy-
Londres développa une technique de scan
Laboratoire
drique, rendant possible la détection de
taches de sang préalablement nettoyées. par laser qui permit de créer un visage
de recherche
humain à partir de la forme d’un crâne.
criminelle du FBI En 1950, August Vollmer, chef de la police
de Berkeley, établit une École de En 1991, une société privée canadienne
Criminologie à l’Université de Berkeley. lança le développement d'un système
Paul Kirk géra les cours de criminalistique. d'imagerie automatisé, le Système intégré
d'identification balistique, qui compare les
En 1950 fut créée l’American Academy of marques laissées sur les balles tirées, les
Forensic Science. douilles et les cartouches. Le système fut
finalement développé aux États-Unis avec
En 1950, Max Frei-Sulzer, fondateur du
premier laboratoire de criminalistique la collaboration de l’ATF.
1937
suisse, développa la méthode du transfert
d’empreinte digitale sur un ruban adhésif. En 1995, la première base de données
ADN de criminels condamnés fut mise en
En 1951, Grodsky proposa le premier “kit” place en Grande-Bretagne (un million de
Programme
de poudre à dissoudre pour utiliser du lumi- profils ADN en 2000). D’autres pays lui
académique
nol. Les agents du FBI furent les premiers à emboîtèrent le pas (les États-Unis en
de criminalistique
l’utiliser. 1998).
En 1955 et 1957, un médecin indien, De
En 1999, le FBI créa l’IAFIS, un système
Saram, publia des mesures précises et
détaillées de la température des corps de qui stocke toutes les empreintes digitales
prisonniers exécutés. Il fut le premier à ten- relatives à des crimes aux États-Unis, et
ter de déterminer scientifiquement le temps l’ouvrit à toutes les forces de police du pays.
écoulé depuis la mort grâce au refroidisse-
ment du corps. En 2000, Loïc Blum, professeur de biochi-
mie à l'Université de Lyon, créa une nou-
En 1970, Roland Menzel fut le premier à velle formule à base de luminol permettant
utiliser le laser pour localiser des empreintes de pallier les inconvénients des anciennes
digitales latentes. formules (faux positifs, luminescence trop
brève). Blum nomma sa nouvelle formule
En 1977, le FBI commença à mettre en
“Bluestar”.
1985
place son système automatisé d'identifica-
tion dactyloscopique (l’AFIS) avec les pre-
miers scans d’empreintes digitales informa- En 2001, des toxicologues examinèrent des
tisés. cheveux ayant appartenu à Napoléon, vieux
Chaque personne
de 180 ans. Leurs analyses révélèrent que
possède un ADN
En 1977, Masato Soba, expert en l’empereur souffrait d’un empoisonnement
12 unique
empreintes japonais, fut le premier à révéler à l’arsenic sur le long terme, ce qui l’a sans
des empreintes latentes grâce aux fumées de doute tué.
colle cyanoacrylate chauffée. La technique
fut adoptée aux États-Unis en 1980.
En 2006, l’Automated Numberplate
Recognition (ANPR), un système qui peut
En 1985, le professeur britannique Alec
Jeffreys fit l’une des découvertes essen- scanner les plaques d’immatriculation des
tielles, pour le monde en général et plus voitures jusqu’à 160 km/h puis faire une
encore pour les sciences forensiques : recherche dans sa base de données, fut mis
chaque personne possède un ADN unique. en place au Royaume-Uni.
La médecine En 1895, l’Allemand Wilhelm Röntgen
1595
Sciences Forensiques
Microscope
découvrit les rayons X. Les hôpitaux créè-
La Médecine antique (Mésopotamie, rent rapidement des services de radiologie.
1796
Égypte puis Grèce), plus ou moins influen-
cée par la divination et la magie, atteignit À partir des travaux de Walter Reed, on
une sophistication (trépanation, soin des démontra en 1900 que la fièvre jaune
caries, nettoyage des plaies…), qui se perdit (Afrique et Amérique Tropicale) était cau-
Vaccination
malheureusement par la suite. Vers le IIème sée par un virus inoculé par un moustique.
Anesthésie générale
siècle avant J.-C., une importante école de
Médecine fut créée à Alexandrie. En 1914 eut lieu la première transplanta-
1881
tion de cornée par Elschwig à Prague.
Au Moyen Âge, vers la moitié du XIIIème
siècle, une Faculté de médecine fut créée à L’écossais Alexander Flemming découvrit
Montpellier puis une autre à Paris (réservée la pénicilline (une substance antibacté-
Anesthésie locale
aux hommes), dont les enseignements rienne) en 1928 mais elle ne fut pas immé-
étaient basés sur les théories d’Hippocrate. diatement utilisée.
1886
Le Hollandais Zacharias Janssen construi- En 1931, les Allemands Ernst Ruska et
sit le premier microscope en 1595. Max Knoll inventèrent le premier micro-
scope électronique.
Antiseptie
La quinine fut ramenée du Pérou vers
en chirurgie
l’Europe en 1627 pour traiter le paludisme. En 1939, découverte du rhésus sanguin
autorisant désormais les transfusions san-
En 1743, James Lind découvrit que le jus guines.
1895
de citron constituait un très bon remède
contre le scorbut (une maladie frappant les À partir de 1942, la pénicilline fut fabriquée
navigateurs au long court qui ne consom- de manière industrielle et utilisée comme
maient plus assez de vitamine C). antibiotique durant la Seconde Guerre
mondiale. Rayons X
Le Britannique Edward Jenner réalisa la
première vaccination du monde moderne,
1931
En 1944, on prouva que l’hérédité entre
par scarification, en 1796. Il vaccina un parents d’une même famille résultait de
enfant de 8 ans contre la variole (vaccina- l’ADN.
tion que l’on pratiquait en Chine depuis le
Microscope
IIème siècle après J.-C.). En 1952, grâce au travail de psychiatres
électronique
français, on commença à utiliser les tran-
En 1846, William Morton, un médecin de quillisants, les neuroleptiques et les antidé-
Boston, pratiqua pour la première fois et presseurs en psychiatrie, plutôt que la cami-
1944
avec succès une anesthésie générale par sole de force, l’insulinothérapie, les loboto-
inhalation d’éther sulfurique. mies et les électrochocs.
En 1875, Madeleine Brès fut la première
Hérédité et ADN
En 1959 eut lieu la première transplanta-
Française à obtenir un diplôme de docteur tion réussie de rein : le receveur vécu durant
en médecine. 20 ans sans traitement.
1967
Le chimiste Pasteur mit au point un vaccin En décembre 1967, Christian Barnard
contre l’anthrax “bacille du charbon” en effectua la première transplantation car-
1881. diaque : le receveur vécu 18 jours après la
Première
transplantation.
En 1884, Carl Koller expliqua au Congrès
transplantation
allemand d’ophtalmologie comment il avait
cardiaque
En 1981, le Sida fut identifié comme une
utilisé quelques gouttes d’une solution à la
nouvelle maladie infectieuse épidémique.
1983
cocaïne pour anesthésier une cornée,
“inventant” l’anesthésie locale.
Le premier bébé éprouvette naquit en 1978
En 1885, Louis Pasteur mit au point un en Grande-Bretagne et en 1982 en France.
Répliquer l’ADN 13
vaccin contre la rage, qui sévissait dans les
campagnes françaises, et le premier En 1983, Kary Mullis inventa la PCR,
“Institut Pasteur” fut créé en 1887. technique qui permet de répliquer rapide-
1990
ment des fragments d’ADN (ce qui permet
En 1886 apparut l’antisepsie en chirurgie : d’identifier un criminel à partir d’un seul
on se décida à utiliser des instruments préa- cheveu !).
Human Genome
lablement stérilisés par la chaleur.
Project
Le Human Genome Project fut lancé en
Grâce à l’anesthésie et l’antisepsie, la chi- 1990 pour identifier et inventorier tous les
rurgie se développa à partir de 1890. gènes humains.
Les pionniers “Comment avez-vous vu cela, Holmes ?
Sciences Forensiques
Lombroso et le criminel né
1836-1909
Cesare Lombroso dirigea l’hôpital psychia-
trique de Pesaro dans les années 1870. Ce
médecin italien faisait également des
recherches en anthropologie et en crimino-
logie. En 1876, il publia L’Uomo delin-
quente.
Sciences Forensiques
Grâce à ses éléments, Jaboulay est enfin médecine qui servit longtemps de base à
identifié. l’enseignement : les étudiants pouvaient y
observer des pièces anatomiques conservées
Alexandre Lacassagne était professeur de telles les têtes de condamnés guillotinés et
médecine légale et de criminologie à la des mannequins anatomiques en bois. Une
faculté de médecine de Lyon. Il rejetait les partie de la collection a depuis rejoint
thèses de Cesare Lombroso, pensant qu’il l’École Nationale de Police Scientifique de
était idiot d’affirmer qu’un criminel pouvait Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.
être identifié grâce à des “anomalies” anato-
miques. Il insistait au contraire sur le rôle Lacassagne fut enfin à l’origine du premier
prépondérant de l’environnement social sur institut médico-légal (et non plus une sim-
le criminel, et a d’ailleurs prononcé une ple morgue municipale) de Lyon, qui, en
phrase devenue célèbre : “Les sociétés ont plus d’accueillir les décédés, possédait un
les criminels qu’elles méritent”. laboratoire effectuant des recherches en
toxicologie, anatomopathologie, virologie,
Il fonda en 1886 les Archives bactériologie, biologie moléculaire et
d’Anthropologie Criminelle. C’est là que anthropologie.
l’on étudiait tous les problèmes médico-
légaux : son enseignement, ses évolutions
techniques et l’expertise devant les tribu-
naux.
Bertillon et l’anthropométrie
judiciaire
1853-1914
Le 17 octobre 1902, des policiers se ras-
semblent dans la rue du Faubourg Saint
Honoré. Le propriétaire des lieux les a pré-
venus de la mort de son domestique, étran-
glé dans le petit cabinet. Les hommes de
l’identité judiciaire photographient la scène
du crime.
Alphonse Bertillon
emportent l’éclat de verre portant les
empreintes et le confient au chef du service
de l’identité judiciaire, créée en 1893, Et pourtant, quelques temps auparavant,
Alphonse Bertillon. Bertillon lui-même croyait peu à cette tech-
nique de « dactyloscopie » et donnait la pré-
Ce dernier y trouve quatre empreintes digi- férence à celle qu’il avait inventée en 1880,
tales qu’il photographie et agrandie puis, “l’anthropométrie”, un système copié dans
durant plusieurs jours, il les compare visuel- le monde entier. Bertillon mesurait la lar-
lement une à une, à chacune des milliers de geur et la longueur du crâne des criminels
fiches conservées par l’identité judiciaire. condamnés, la dimension de leur oreille
droite et la pointure de leur pied gauche
Et Bertillon finit par trouver le coupable ! (dont les tailles ne se modifient plus chez
Les empreintes digitales sont identiques à l’Homme arrivé à l’âge adulte). Chaque
celles d’Henri Léon Scheffer, dit “Georges fiche anthropométrique était classée dans 15
l’Artilleur”, arrêté le 9 mars 1902 pour vol un fichier central, à l’Identité Judiciaire. Ce
et abus de confiance. Scheffer est arrêté à procédé lui avait permis d’identifier des
Marseille six jours plus tard et passe aux récidivistes qui, tel Jean Valjean, utilisaient
aveux. plusieurs fausses identités.
Le moyen d’élucidation de cette affaire est En 1888, Bertillon avait ajouté des photo-
une première en France et a un retentisse- graphies signalétiques ainsi qu’un “portrait
ment considérable dans l’opinion publique. parlé” : couleur des yeux, aspect du visage,
Sciences Forensiques
Vers 1895, Bertillon ajoutait quatre La France adopta les empreintes digitales
empreintes digitales de la main droite à ses comme méthode privilégiée d’identification
fiches anthropométriques. D’abord retis- en… 1920.
sant, il finit par comprendre l’incroyable
Bertillon imposa également un autre
utilité de la dactyloscopie et inventa même
concept important : la fixation des consta-
la dactylotechnie (prélèvement et compa- tations effectuées sur les lieux du crime en
raison des empreintes). prenant des notes mais aussi en les photo-
graphiant.
La préfecture de police se dota elle-même
d’un service dactyloscopique en 1903. Il inventa d’ailleurs des appareillages parti-
L’indice matériel commença à gagner ses culiers à cet effet.
Sciences Forensiques
En 1881, il ouvrit la première salle d’autop-
sie de Paris.
17
sures provoquées dans un crâne par les
Victor Balthazard est également connu balles d’un revolver tirant à courte portée.
pour son modèle statistique sur l’individua- La balistique devint officiellement une
lité des empreintes digitales, publié en technique d’enquête en 1923 et le bureau de
1911. Forensic Ballistics fut créé aux États-Unis
en 1925.
En 1912, Balthazard affirma que les outils
utilisés pour créer les canons des armes à En 1939, Balthazard présenta ses travaux
feu ne laissaient jamais exactement les sur l’analyse des traces de sang utilisée
mêmes rainures à l’intérieur. comme preuve médico-légale.
Gaston Bayle de tablettes portant des signes, des “idoles
Sciences Forensiques
Sciences Forensiques
accès à deux immenses collections scienti-
fiques de squelettes d’humains et de pri-
1903 – 1987 mates. En les étudiant, il découvrit la varia-
Le bone detective (“détective des os”, surnom bilité du crâne et du squelette selon l'âge, le
donné par la police) Wilton Krogman est sexe, la race, l'âge, etc., et donc la possibilité
un pionnier de l’anthropologie forensique d’identifier une personne grâce à son sque-
lette. Todd et Krogman développèrent ce
dont la carrière s’est étendue sur six décen-
qui allait devenir l’anthropologie légale.
nies. Il obtint son doctorat en anthropolo-
gie en 1929 à l’Université de Chicago puis
En 1947, Krogman devint professeur d’an-
passa deux ans au Royal College of Surgeons thropologie physique à l’école de médecine
de Londres avec d’éminents anatomistes et de Pennsylvanie. Il publia une série d’arti-
anthropologues. cles et de livres qui sont encore des clas-
siques de nos jours. Son Guide de l’identifi-
Revenu aux États-Unis, il travailla dans le cation du squelette humain, publié dans le
service de Wingate Todd, le premier anato- Law Enforcement Bulletin du FBI en 1939
miste ayant compris que, à mesure que nous fut suivi en 1962 par son ouvrage fondateur
grandissons puis vieillissons, nos os pubiens Le squelette humain en médecine légale.
subissent des changements constants et
homogènes. Krogman se spécialisa dans Au cours de sa longue carrière, il détermina
l’étude des dents et de la croissance du l’âge du Pharaon Ramsès III et identifia des
squelette des enfants. centaines de victimes de meurtres.
Sciences Forensiques
gendarmes) et des magistrats. Il apporte personnes recherchées (Scotland Yard’s
également un soutien pour le bon déroule- Most Wanted), ainsi qu’un numéro de télé-
ment des opérations de police technique en phone gratuit (Crime Stopper) pour les
cas de crimes graves ou de catastrophes. personnes désirant témoigner anonyme-
ment.
Le travail des techniciens de ces labora- Le Forensic Science Laboratory (également
toires est bien loin de celui présenté dans les appelé Metropolitan Laboratory) a été créé
séries TV. Ils n’enquêtent absolument pas : en avril 1935 dans les locaux de l’école de
c’est le travail des OPJ. Ces derniers audi- Police de Londres, puis transféré en ban-
tionnent les témoins, les victimes et les lieue, à Lambeth.
malfaiteurs, recoupent les indices et les
informations, tandis que la PTS et La police britannique possède divers
l’IRCGN analysent et font “parler” les “outils” pour lutter contre le crime :
indices physiques. • En 1995, la Metropolitan Police a com-
mencé à utiliser le Crime Report
La police et la gendarmerie utilisent depuis Information System (CRIS), une énorme
2003 le Fichier National Automatisé des base de données dans laquelle sont détail-
Empreintes Génétiques (FNAEG), qui lés (victimes, suspects, témoins, indices,
regroupent les ADN de toutes les per- lieux, véhicules, etc.) tous les crimes graves
sonnes mises en cause dans des affaires de (agressions, viols et meurtres) commis à
crime sexuel, d’assassinat, d’acte terroriste, Londres et qui en 2004, comprenait 8
d’agression, de trafic de stupéfiants, de millions d’entrées.
proxénétisme, de vol ou d’extorsion, mais • La Base de données ADN nationale (la
également les personnes disparues et les 1ère au monde) existe depuis 1995 et
cadavres non identifiés. contient les ADN de 2 millions d’indivi-
dus inculpés (et même acquittés !), dans
Les autres bases de données employées n’importe quelle enquête. Elle permet de
sont : résoudre 40 000 affaires par an.
• le Système de Traitement de • Le NAFIS (National Automated
l’Information Criminelle (STIC) :
Fingerprint Identification System, équi-
consultations d’antécédents, de procé-
valent du FAED) a été créé en 1997.
dures judiciaires, de listes d’objets volés et
• Depuis 2000 est utilisé le Witness
rapprochement entre infractions.
Albums Display System (WADS) qui
• le Fichier des Personnes Recherchées
permet à une identification visuelle
(FPR) : évadés, mineur en fugue, aliénés
d’avoir lieu n’importe où. Grâce au
disparus, personnes majeures disparues,
WADS, un témoin peut identifier un sus-
criminel en fuite.
pect dans un commissariat ou même chez
• le Fichier des Véhicules Volés (FVV).
lui, à l’aide d’un ordinateur portable.
• le Fichier des Traces Non Résolues
(TNR) : empreintes relevées et non • “Merlin” fournit des informations sur les
encore identifiées. personnes disparues et les agresseurs d’en-
fants.
• Le Criminal Intelligence System (CRI-
La police au MINT) peut être consulté de n’importe
quel ordinateur lié au réseau intranet de la
Royaume-Uni
police. Il permet de rechercher des noms
Les polices sont soit de personnes et des plaques d’immatricu-
locales, soit de province lation (même partielles) de véhicule, et
(“constabularies”), offre la possibilité de relier des crimes
à l’exception de Londres, entre eux.
cas particulier. • “Holmes”, le Home Office Large/Major
Cette ville possède plusieurs forces de Inquiry System (Système de renseigne-
polices : La Metropolitan Police (également ment à grande échelle du ministère de
appelée Scotland Yard), la City of London l’intérieur) est le nom donné au système
Police (officiant au centre de Londres, dans informatique central de la police.
“la City”) et la British Transport Police
21
(trains et métro).
Depuis 1991, le Forensic Science Service
La Metropolitan Police existe depuis sep-
(FSS), la PTS anglaise, administre cinq
tembre 1829. Les meurtres commis par
laboratoires à Birmingham, Chepstow,
Jack l’Éventreur en 1888 ont représenté sa
Chorley, Huntingdon et Wetherby ainsi
première “grande” enquête criminelle.
que le Metropolitan Laboratory de
Malheureusement, elle n’a jamais découvert
Londres.
le coupable… Elle a déménagé en 1967 sur
La direction principale d’Irlande du Nord
Broadway, pour être maintenant appelée
“New Scotland Yard”. dirige un laboratoire à Belfast.
En Écosse, les laboratoires sont situés à
Quelques agences
Sciences Forensiques
Sciences Forensiques
La Drug Enforcement La DEA possède son propre laboratoire
Administration fait res- d’analyses et de recherches, spécialisé dans
pecter les lois concer- l’étude des drogues et des médicaments.
nant la distribution et La direction administrative de la DEA est
l’utilisation illégales des située Washington DC.
narcotiques (héroïne,
opium, marijuana, La DEA a été officiellement créée en 1973,
cocaïne), les hallucinogènes, et les narco- à partir du Bureau des Narcotiques du
tiques synthétiques comme les métamphé- Ministère de la Justice (créée en 1968), lui-
tamines et les barbituriques. Sa principale même créé à partir du Bureau des
activité est d’empêcher et d’endiguer le Narcotiques du Ministère du Trésor (créé
commerce de drogues, aux États-Unis mais en 1930). La première loi anti-drogue a été
aussi en provenance de l’étranger (particu- votée en 1915.
lièrement d’Amérique du Sud). Les agents
travaillent souvent incognito, en utilisant
une “couverture” et en se faisant passer pour
des dealers ou des trafiquants.
ATF
Le Bureau of des alcools, du tabac, de la nourriture et des
Alcohol, Tobacco, cosmétiques (s’ils sont coupés, trafiqués,
and Firearms enquête empoisonnés, etc.), et les faux en écriture.
et fait respecter les
lois concernant l’al- Depuis 1998, l’ATF utilise deux labora-
cool, le tabac, les toires mobiles qui se déplacent sur les lieux
armes à feu et les explosifs. Il arrive souvent d’attentat, d’explosion ou d’incendie crimi-
aux agents d’utiliser des “couvertures” pour nel.
arrêter des trafiquants d’armes. Ses agents
enquêtent également en cas d’incendies cri- L’ATF a été officiellement créé en 1972
minels. Son quartier général est situé à mais son ancêtre est apparu en 1919 avec la
Washington DC. loi sur la Prohibition (la prohibition a dis-
paru en 1933 mais une loi a été votée sur le
L’ATF possède cinq laboratoires à Atlanta contrôle des armes à feu en 1934…).
et San Francisco, ainsi qu’un énorme labo-
ratoire national situé à Ammendale, dans le
Maryland, depuis 2003.
C
Cet anglicisme barbare désigne à la fois les sciences légales et la criminalistique, voir la cri-
Edward Heinrich
minologie. Nous allons ici étudier toutes ces sciences dédiées au criminel, à la victime et à
la scène de crime, aussi bien dans leurs interprétations (et utilisations) anglo-saxonnes que
françaises.
Les sciences forensiques peuvent être utilisées pour résoudre toute une variété de crimes
ou, du moins, pour aider les enquêteurs. Elles tirent leur origine du “principe de Locard”,
qui n’est pas totalement fiable s’il est utilisé seul. Il existe un autre principe qui doit égale-
ment être pris en compte lorsque l’on examine des indices : le “principe d’individualité”,
selon lequel deux objets ne sont jamais identiques. Si on peut distinguer deux objets l’un
de l’autre, il est évident qu’ils ne proviennent pas de la même source. Au contraire, si on ne
peut les distinguer, ils doivent être examinés plus en détail afin de déterminer s’ils ont la
même origine.
Étude de cas
De nombreux assassins ont été condamnés, par exemple, parce que les “experts” ont pu
prouver que des fibres trouvées sur leur victime correspondaient à celles prélevées sur la
Les bûcherons assassins moquette de leur voiture.
Sciences Forensiques
ou plastique), Semtex (gomme orange),
C4 (pâte blanche), TNT (poudre claire),
nitrate d’ammonium (engrais), poudre
humaine
noire, etc.
• des fragments de la bombe : emballage,
détonateur, batterie, fils électriques, fusi-
Empreintes digitales
ble, clous, etc. Temps de prélèvement :
On classe d’ailleurs les feux en plusieurs de 5mn à plusieurs heures
classes selon le type de combustible les Temps nécessaire à l’analyse : quelques heures
ayant provoqués : Fiabilité : 90 à 100 %
- Classe A : combustible solide comme le
Points de concordance type
“Je constate que tous les boutons de la chemise
bois, le papier, le tissu…
d’une empreinte
blanche manquent. Elle me dit qu’elle les a coupés
- Classe B : combustible liquide comme sur la scène du crime et enfermés dans un sac à titre
l’alcool, l’essence, l’éther, les huiles… de preuve.
- Classe C : combustible gazeux comme Ils ont été descendus aux empreintes latentes où on
l’acétylène, le propane, le méthane… les traitera dans un creuset de super-colle chauffée”. La règle
Principal témoin,
- Classe D : combustibles spéciaux
Steve Martini
des concordances
Pour établir une correspondance
comme le sodium, le potassium, le phos-
entre une empreinte “latente” et une
phore…
empreinte “encrée” (celle trouvée
Les empreintes digitales sont LA preuve
sur une scène de crime et celle prise
légale la plus souvent utilisée. Toutes les
directement du suspect), des caracté-
Le corps de la victime peut également empreintes sont différentes, même chez les
ristiques communes des sillons
offrir des indices probants avant même
doivent être trouvées sur les deux
vrais jumeaux. L’empreinte de chaque doigt
l’autopsie : on prélève les taches de sang, de
empreintes.
est unique. Non seulement elle est unique
salive, de sueur, les empreintes digitales, les mais elle ne se modifie pas, de la création du
Au Royaume-Uni, il en faut 16.
poils et cheveux, les fibres, les poussières, fœtus jusqu’à la mort. Les empreintes peu-
la boue, etc., et leurs supports (notamment En France, on en requiert 12.
Aux États-Unis… on n’en exige pas !
vent être altérées, mais les cicatrices devien-
Si l’on ne trouve ne serait-ce que
les vêtements). nent justement caractéristiques lors de
l’analyse des empreintes. On a essayé de 15 ou 11 points communs plutôt
Les ongles, si la victime a griffé son agres- que 16 ou 12, les empreintes sont
déclarées “non concordantes”.
“défigurer” des doigts délibérément
seur, gardent souvent des débris de peau. (notamment avec de l’acide) afin de faire
Aux États-Unis, l’expert seul donne
On place également sous scellés les tissus, disparaître les empreintes. Mais cette astuce
les liens ayant servi à attacher, la terre des son avis… que les jurés suivent ou
non.
peut être déjouée grâce aux techniques
semelles, les débris de phare de voiture modernes. Le doigt laisse toujours une
résultants du choc, etc. marque, sans les sillons.
25
à une empreinte sanglante. La police de que “son” système, l’anthropométrie, était mença à relever les empreintes des cri-
Buenos Aires adopta officiellement son plus efficace… Les services de police minels. En 1906, Faurot identifia un
système d'identification dès 1894. français commencèrent à créer des fiches voleur qui avait menti sur son identité.
dactyloscopiques à partir de 1907. Ces
millions de fiches à traiter à la main per- En 1908, le NYPD utilisa cette nouvelle
En 1904, Vucetich publia Dactiloscopia
durèrent jusqu’au milieu des années technique pour identifier un assassin et
Comparada, où il expliquait que son sys-
1980 et l’avènement de l’informatique. le faire condamner. En 1911, un cam-
tème de classement des empreintes, qu’il
brioleur professionnel fut le premier cri-
nommait “dactyloscopie” lui avait permis C’est le détective Joseph Faurot, de la minel condamné uniquement sur ses
de faire condamner de nombreux crimi- police de New York, qui introduisit l’uti- empreintes digitales.
nels.
Prise d’empreintes
Sciences Forensiques
Les techniciens de scène de crime photo- Les empreintes sont alors photographiées.
graphient et relèvent des empreintes visi-
bles (sanglantes, sur du verre, de la cire ou Des empreintes digitales invisibles peuvent
de la peinture fraîche, etc.). également être révélées sur un vêtement, du
Mais ils cherchent également les bois, du métal ou même la peau de la vic-
empreintes invisibles sur les objets qui time à l’aide d’une poudre fluorescente et
pourraient avoir été touchés (armes, inter- d’un laser, de vapeur d’iode, ou de vapeur de
rupteurs, documents, sacs plastique, car- cyanoacrylate (une colle) et d’un colorant
tons, canettes…). fluorescent.
Ils prennent également les empreintes des
victimes, témoins et suspects (et si néces-
saire des enquêteurs), pour identification et
comparaison.
26
Sciences Forensiques
(Otoscopie forensique)
Une empreinte d'oreille est une impression
en deux dimensions du résidu (cérumen,
sueur, gras de la peau…) créé quand une
oreille humaine est pressée contre une sur-
face. On la “relève” en utilisant des procédés
analogues à ceux utilisés pour le levage des
empreintes digitales.
Dès le 19ème siècle, Edmond Locard et En 1985, un banquier et son épouse ont été
Alphonse Bertillon considéraient l’oreille pris en otage aux Pays-Bas par deux
comme l’une des parties du visage la plus hommes qui se sont enfuis avec une grosse
importante pour identifier un criminel. somme d’argent. L'impression d'une oreille
gauche et d’une oreille droite ont été trou-
Cette preuve matérielle a été utilisée dans vées sur une porte, et ont permis par la suite
plusieurs affaires depuis le début du 20ème de relier un criminel soupçonné d’un vol à
siècle, mais elle n’est pas reconnue dans tous mains armées à la prise d’otage.
les pays, notamment aux États-Unis. Elle
est plus fréquemment utilisée en Europe Au Royaume-Uni, en 2001, un cambrioleur
depuis quelques temps, et a permis de récidiviste a été condamné à dix années de
résoudre des enquêtes au Royaume-Uni, prison grâce aux empreintes de son oreille
aux Pays-Bas et en Suisse. gauche retrouvées sur les fenêtres de plu-
sieurs maisons.
L’une des raisons pour lesquelles son utili-
sation reste controversée est que peu de En France, un jeune criminel qui avait
recherches ont été menées sur le sujet. commis une série de 80 cambriolages dans
L’identification de l’oreille se base sur le fait l’agglomération lyonnaise a pu être
que la structure externe de l'oreille humaine confondu par une empreinte d’oreille en
est propre à chaque individu adulte et que mai 2013.
les valeurs anthropométriques (mesures
biologiques) de chaque oreille ne changent Il est possible de relever les empreintes des
pas, bien que certaines parties de l'oreille, et oreilles d’un suspect comme on prend les
plus particulièrement le lobe, continuent de empreintes digitales ou de les mouler avec
croître jusqu'à la mort. un matériau plastique spécifique, puis de les
comparer aux impressions d'oreilles retrou-
Mais une empreinte d’oreille peut subir une vées sur une scène de crime. Il existe 13
distorsion : elle est créée en pressant points de comparaison utiles.
l'oreille à une surface. Cette pression peut
être légère ou importante. On peut donc En 2002, l’Union Européenne a lancé le
difficilement savoir si la “forme” de l’im- programme FEARID (Forensic EAr
pression sous pression est la même que celle IDentification) aux Pays-Bas. Le Centre
de l’oreille. national de Formation du Royaume-Uni
pour le soutien scientifique à l’investigation
Mieux vaut donc ce concentrer sur les spé- criminel, recherche systématiquement des
cificités de l’oreille dont l’empreinte est empreintes d'oreilles afin de mettre en place
retrouvée : lobe collé, oreille “pointue”, etc. une procédure standardisée de collecte et de
comparaison (l’analyse des empreintes
Il n'est pas rare pour un criminel de poser d’oreilles est utilisée en Pologne, aux Pays-
l'oreille contre une porte ou une fenêtre Bas, au Royaume-Uni, en France, en
avant d'entrer dans une pièce dans le but de Allemagne et en Espagne, avec des métho-
déterminer si elle est occupée. Une dologies différentes).
empreinte d'oreille pour également être
laissée contre un mur ou autre surface dure Depuis 2005, ils ont établi des méthodes
pendant une lutte ou lorsqu'un corps est d'identification communes, et le Royaume- 27
déplacé. Lors d’un cambriolage, on peut Uni possède une base de données d’em-
retrouver une empreinte d’oreille sur la preintes d’oreille ouverte au monde entier.
porte d'un coffre-fort. Dans le cas d’un
enlèvement, on peut retrouver une L’Unité de médecine légale de l’université
empreinte d’oreille sur le côté extérieur de de Southampton a développé en 2010 un
la fenêtre. Il est même possible de retrouver, logiciel biométrique qui peut reconnaître
grâce au Luminol, une empreinte d’oreille une oreille avec une exactitude quasi
sanglante qui a été nettoyée. parfaite (99,6%).
Empreintes au sol
Sciences Forensiques
28
Masquer ses empreintes • “Asiatique” : cheveux épais à très épais,
Sciences Forensiques
raides, bruns, de pigments épais et parse-
més. La section est de forme ronde et
La manière la plus simple de cacher ses
large.
doigts afin de ne pas laisser d’empreintes est
de porter des gants. Certaines matières,
• “Africain” : cheveux fins à épais, frisés ou
comme le cuir, laisse très peu de traces. Il
crépus, bruns, de pigments denses, épais,
est alors très difficile de trouver des indices.
larges et épars. La section est de forme
Mais des gants en laine laisseront par
aplatie.
contre des traces, sur les objets ou la vic-
time. Les fibres sont moins souvent utili-
Les cheveux peuvent également fournir
sées que les empreintes digitales ou l’ADN
d’autres renseignements essentiels :
mais sont tout de même utiles. La raison
• Le cheveu est-il tombé (racine ronde) ou
pour laquelle on les utilise moins est que les
a-t-il été arraché (racine étirée, dentelée,
fibres sont souvent issues de production de
pliée…) ?
masse, et qu’il n’existe qu’une petite proba-
bilité que deux fibres correspondantes pro-
• La personne dont provient le cheveu pre-
viennent de la même source.
nait-elle des médicaments ou de la L’analyse par activation
drogue ? En quelle quantité et sur quelle neutronique
En 1958, le corps d’une adolescente de
période ? Avait-elle cessé de les prendre,
Poils, cheveux et fibres
16 ans, Gaetane Bouchard, fut retrouvé
et si oui depuis combien de temps ?
dans une carrière de gravier à
Temps de prélèvement : environ 1/2h
Fiabilité : 70 à 99 % Edmundston, au Canada. Elle avait été
poignardée à plusieurs reprises.
• La personne dont provient le cheveu
Des témoins expliquèrent avoir vu
a-t-elle été empoisonnée ? Avec quelle
la jeune femme avec son petit ami,
Les tueurs en série sont le plus souvent substance ? Rapidement à haute dose, ou
John Vollman, avant qu’elle ne
arrêtés parce qu’ils commettent une erreur. lentement à petites doses ?
disparaisse.
Pour les relier à leurs victimes et présenter
des preuves solides à la justice, la police uti-
Des écailles de peinture prélevées à
(Les cheveux s’imprègnent de toutes les subs-
l'endroit où le couple avait été vu
lise très souvent les éléments microsco- tances absorbées par le porteur. Ils poussent à la
ensemble furent découvertes dans la
piques découverts sur les victimes : les poils
voiture de Vollman. Du rouge à lèvres
vitesse d’1 cm par mois, la durée approxima-
(humain ou animal), les cheveux et les
qui correspondait à la couleur du rouge
tive peut donc être déterminée en mesurant la
fibres. Souvent, les tueurs transportent les
à lèvres de Gaetane fut retrouvé sur
longueur de la zone “contaminée”).
des bonbons dans la boîte à gants de
corps de leurs victimes dans le coffre de
Vollman. Mais ces indices ne suffisaient
leur voiture ou à l’arrière de leur van. Si la
pas à faire condamner le jeune homme.
• Le cheveu a-t-il été coloré ? Depuis com-
police scientifique parvient à prouver bien de temps ? A-t-il été exposé long-
Durant l’autopsie de Gaetane Bouchard,
qu’une fibre découverte dans les cheveux temps au soleil ? Est-il couvert de laque
le médecin légiste trouva des cheveux
d’une victime est tout à fait similaire à celle ou de gel ?
dans l’une des mains de la jeune fille.
de la moquette du coffre du tueur, cela
constitue une preuve solide reliant le meur-
Ces cheveux furent analysés en utilisant
Il est impossible de relier un cheveu ou un
l’analyse par activation neutronique
trier à sa victime (cf. La scène du crime, poil à une personne en particulier sans une
(l'une des méthodes les plus sensibles
p.36). De nos jours, ce genre de preuves –
d'analyse chimique), afin de tester la
analyse ADN.
très légères et difficilement repérables à
présence et la concentration de diffé-
rents éléments. Il s’avéra que les che-
l’œil nu – est prélevé grâce à un appareil uti-
veux contenaient du souffre et du
lisant l’électricité statique ou à un aspirateur
phosphore en quantité et proportion
à filtres stériles. Auparavant, on utilisait une
bonne vieille loupe, des pinces brucelles, de quasi identiques à ceux des cheveux
l’adhésif… et une bonne dose de patience. de John Vollman.
Étude de cas
Roger Payne
et la robe cerise
Fibres de coton vues au microscope
En 1968, Bernard Joseph trouva son
épouse Claire assassinée chez eux,
à Bromley, en Angleterre. Elle portait
une robe rouge cerise en laine.
Sciences Forensiques
Aux États-Unis, les différents États
emploient des “coroners” ou des méde-
Temps nécessaire : de 2h à 4h
cins légistes. Le “coroner” est générale-
ment un officier civil élu et n’a même
Fiabilité : 80 à 100 %
pas besoin d’être médecin, bien qu’il
doive avoir un minimum d’expérience
“Le faisceau lumineux n’explorait que quelques cen-
dans le domaine. Les “coroners” peu-
timètres carrés de peau à la fois. De minuscules
vent être tenus pour responsables en
fibres s’illuminèrent comme des fils de fer chauffés à
blanc. Je les prélevais avec ma pince. Le bombarde- cas de négligence. Pas les médecins
légistes. Ceux-ci agissent pour des
administrations centralisées dans la
ment du laser isolait une partie du visage après
Il existe actuellement deux branches dans la
capitale de l’état ou sont employés par
l’autre (…). Théoriquement, il permet de repérer et
les comtés.
d’identifier une empreinte digitale sur la peau, ce pathologie : anatomique (les altérations du
Ils sont souvent investis de pouvoirs
que la poudre à empreintes ou les méthodes chi- corps humain par une maladie, un choc…)
d’investigation (ils engagent leurs pro-
miques sont impuissantes à réaliser.” et clinique (l’examen en laboratoire
pres enquêteurs), et de pouvoirs quasi-
Post Mortem,
ment judiciaires (ils peuvent demander
d’échantillon prélevé sur le corps).
Patricia Cornwell
que des enquêtes soient menées et
La plupart des médecins légistes sont des recueillir des témoignages).
experts dans les deux branches.
La médecine légale est la plus ancienne des
sciences forensiques. Tout comme les De tels experts peuvent :
empreintes digitales, elle est facilement • estimer l’heure du décès
admise comme preuve lors d’un procès. La • établir la cause de la mort
pathologie est la branche de la médecine • distinguer un meurtre d’un suicide
associée à l’étude des changements structu- • déduire le type d’arme utilisée
rels provoqués par les maladies et les bles- • déterminer si la blessure a eu lieu durant le
sures. La médecine légale ajoute simple- meurtre ou si elle est plus ancienne Médecins
ment les mots “non naturelles” ou “sus- • aider à révéler l’identité de la personne légistes français
En France, le futur médecin légiste doit
pectes” devant “maladies et blessures”. décédée
obtenir un certificat d’études spéciales
qui lui permet d’être inscrit sur la liste
des experts de la cour de la région dont
il dépend. L’autopsie est mise en œuvre
à la demande d’un juge d’instruction, du
procureur de la République ou du prési-
dent du tribunal. Un médecin “classique”
peut procéder à la “levée du corps” sur
le lieu où il a été trouvé et demander à
ce qu’une autopsie soit pratiquée si elle
lui semble nécessaire, mais il ne peut
pas la faire lui-même.
Autopsie
Afin d’être capable de fournir des informa-
tions aux enquêteurs, le médecin légiste
doit procéder à une autopsie. Celle-ci per-
met d’observer et de faire un rapport, aussi
tôt que possible, sur les particularités anato-
miques tant générales que précises d’un
corps récemment découvert.
31
Aux États-Unis, les autopsies sont généra-
lement pratiquées dans un hôpital local ou
à l’institut médico-légal du comté, mais
certaines ont lieu dans des bureaux privés
ou des salons funéraires.
Lors d’une nuit d’avril 1922, Abe Becker de Jennie 5 mois plus tard mais Abe Abe Becker tenta de convaincre la police
accompagna son épouse Jennie à une Becker pensa que les inspecteurs ne que le corps n’était pas celui de son
soirée donnée par des amis communs à pourraient pas prouver que le cadavre épouse. N’importe quelle autre femme
New York. Il lui apporta tendrement du était celui de son épouse : la soude avait avait pu manger des raisins, des figues et
raisin, des canapés, des figues et des rendu le corps méconnaissable. des amandes ! Mais les examens du labo-
amandes à grignoter. Sur la route du ratoire prouvèrent que le pâté présent sur
retour, il prétendit que le moteur de la La police confia le corps au bureau du les canapés ingérés par la victime était
voiture avait des problèmes et Jennie légiste, dans l’espoir que ce dernier puisse exactement le même que celui préparé
s’approcha. Abe Becker lui fracassa le prouver l’identité de la défunte. par l’hôtesse de la soirée, une recette
crâne avec une clé à molette puis porta familiale “secrète”.
son corps jusqu’à un trou qu’il avait préa- Les experts découvrirent que la soude
lablement creusé, et recouvrit son corps n’avait pas complètement détruit le corps Abe Becker fut condamné à la chaise
de soude. : le contenu de l’estomac était encore pré- électrique.
sent. La victime avait mangé des raisins,
Dans les mois qui suivirent, Becker pré- des figues, des amandes et des canapés,
tendit que son épouse s’était enfuie avec exactement le repas pris par Jennie
un amant. La police découvrit le corps Becker durant la soirée à New York.
L’autopsie virtuelle
L’institut médico-légal de l’Université de En combinant ces images avec les don- Les corps en mauvais état, momifiés ou
Berne, en Suisse, a été la première à uti- nées obtenues par IRM ou scanner, les carbonisés, bénéficient eux aussi de ces
liser des techniques d’imagerie médicale médecins légistes disposent d’une image nouvelles techniques. De plus, les clichés
(scanner et IRM) pour explorer l’exté- 3D du cadavre d’une très grande préci- peuvent être archivés et transférés.
rieur et l’intérieur d’un cadavre, de sion, qu’ils peuvent examiner sous tous
manière virtuelle. Michael Thali, le les angles. Le laboratoire du Dr Thali, dénommé
directeur de l’institut, a formé une “Virtopsy”, améliore ces techniques
équipe de chercheurs et d’ingénieurs, qui Les légistes apprécient particulièrement depuis 2003, et quelques instituts médi-
a créé le “Virtobot”, un robot industriel l’application de cette imagerie post- caux-légaux français l’utilisent depuis le
au départ utilisé dans l’industrie auto- mortem dans le domaine de la balis- milieu des années 2000.
mobile, qui est capable de réaliser la car- tique : il est beaucoup plus aisé de
tographie complète d’un corps (il le pho- retrouver un projectile, de figurer sa tra- Mais les légistes précisent qu’elle ne
tographie sous toutes ses coutures puis jectoire à l’intérieur du corps, etc. Grâce remplace pas une “vraie” autopsie. Les
rassemble les clichés pour recréer un à des logiciels, il est même possible de deux techniques sont complémentaires.
individu complet). reconstituer le déroulement complet du
Il peut également réaliser des biopsies crime en calculant la position de la vic-
(prélèvement de tissus). time et du tireur, l'angle de tir…
Sciences Forensiques
Déterminer l’heure de la mort “mobiles” (elles peuvent être dépla- • corps tiède, rigide, lividités s’effa-
On peut déterminer l’heure de la cées par une pression forte sur la çant à la pression : 6 à 15 heures
mort grâce à la température corpo- peau), au-delà de ce délai elles sont • froid, rigide, lividités fixées : 15 à
relle. Celle-ci est influencée par l’en- fixes. 36 heures
vironnement dans lequel se trouve le La rigidité cadavérique est un autre • plus de rigidité, tache verte : plus
corps. Il conserve une température facteur indicatif. Elle affecte l’en- de 36 heures
centrale d’environ 37ºC pendant 1 à semble des muscles de l’organisme et • corps entièrement putréfié “vert” :
3 heures, puis la température chute débute environ 3 heures après la plus d’une semaine
d’environ 1 degré par heure (l’équili- mort. Son maximum se situe vers 12
bre avec le milieu ambiant est atteint heures. Elle commence aux muscles L’autopsie
en 24 heures). du cou, pour s’étendre au tronc, Le but est d’abord d’identifier la vic-
Mais plusieurs facteurs peuvent membres supérieurs puis membres
fausser ces données : l’habillement, time, puis de déterminer les circons-
inférieurs. Sa disparition se fait dans tances de la mort (l’heure et les
le poids de la victime, un état fébrile, le même ordre. La rigidité des
une hypothermie ou des conditions causes). Le légiste aide les enquê-
jambes disparaît entre la 24ème et la
climatiques particulières. Si la tem- teurs en prélevant des échantillons
36ème heure. Si elle est rompue avant
pérature est élevée là où le corps se susceptibles d’appartenir au meur-
la 12ème heure (le corps est bougé),
trouve (le chauffage est mis en trier et laissés sur la victime.
elle peut se reconstituer.
marche, le corps est laissé en plein Le légiste se doit de porter des
soleil, etc.), la mort peut sembler Le premier signe de putréfaction gants, un masque, un tablier, des
plus récente qu’elle ne l’est en réalité. visible vers la 48ème heure est la “tache couvre-chaussures et des lunettes
La déperdition thermique d’un verte abdominale”. La putréfaction protectrices.
cadavre est au contraire bien plus se généralise à l’ensemble de l’abdo-
rapide dans l’eau que dans l’air. men, puis au thorax et finalement Toutes les anomalies visibles sur la
Lorsque le cœur cesse de pomper le aux membres. Au cours du 1er mois, surface (contusions, ligatures, ponc-
sang, il descend dans les membres la putréfaction devient “noire”, la
tions, plaies, etc.) sont notées et
inférieurs (par gravité). Les “lividités peau se décolle et les ongles tom-
décrites. Elles peuvent être obser-
cadavériques” (rouges) apparaissent bent. Entre le 2ème et 6ème mois, le
vées à la loupe, avec une caméra
progressivement et se situent au corps commence à se déshydrater
numérique, voire une lampe à ultra-
niveau des régions inclinées. progressivement. Après 6 mois, les
violet ou un laser pour les indices
parties molles disparaissent.
Elles épargnent les points de Toutefois, dans un environnement invisibles à l’œil nu.
contact : pour un cadavre retrouvé très sec, le corps peut ne pas se
sur le dos, les lividités résident dans décomposer et, au contraire, subir Les organes sont prélevés et décou-
le bas du dos et la partie latérale du une momification. pés afin que soient réalisées des ana-
tronc, et il n’y a pas de lividités au lyses toxicologiques, pathologiques,
niveau des épaules, des fesses et des En résumé limnologiques (liquides du corps),
mollets. Elles apparaissent entre la • corps chaud, souple, sans lividité : odontologiques et génétiques. Les
2ème et la 4ème heure. Jusqu’à 8-15 la mort remonte à moins de 6 prélèvements peuvent être conservés
heures les lividités sont dites heures des mois au réfrigérateur.
L’inconnue de la Seine
Les cours de secourisme utilisent sou- tion par les parisiens, et
vent des mannequins pour enseigner les ce visage devint finale-
techniques de réanimation. ment une icône à travers
toute l’Europe. On sup-
Le mannequin féminin, surnommé posa que la jeune femme
“Resusci Anne”, a reçu de son créateur le s’était suicidée suite à une
visage d’une jeune femme décédée au déception amoureuse et
19ème siècle. elle fut surnommée
“L’inconnue de la Seine”.
Vers 1880, une jeune femme fut retrou- Elle inspira des poèmes à
33
vée noyée dans la Seine et son corps fut Louis Aragon, Vladimir
exposé à la morgue de Paris. Personne ne Nabokov et Jules
vint malheureusement l’identifier, mais Supervielle.
l’un des employés fut touché par son
beau visage paisible et son demi-sourire, Mais cette inconnue
au point qu’il en moula un masque mor- passa réellement à la pos-
tuaire. térité dans les années
1960 lorsque le fabricant une poupée à taille humaine pour les
De nombreuses copies de ce masque de jouets Norvégien Asmund Laerdal secouristes. Elle est toujours utilisée de
furent achetées comme objet de décora- eut l’idée d’utiliser son visage pour créer nos jours.
L’autopsie au 19ème siècle
Sciences Forensiques
À la fin du 19ème siècle, cette nouvelle patios et les salles de dissection faisaient Elles bouillonnaient de danger, mais la
science (l’autopsie) émergeait lentement face à la cour intérieure plutôt qu’à la majorité des médecins et des assistants
d’une masse de mythes et d’observations rue. Les fenêtres étaient parfois recou- faisait son travail avec détermination.
incomprises. À maintes reprises, il avait vertes de savon ou de suif pour assurer
déjà été démontré que ni les cheveux ni l’intimité. Comme le sang n’était pas vidé du corps
les ongles ne continuent de pousser et remplacé par des produits chimiques,
après la mort : ils semblent le faire, mais Les salles étaient froides et nauséa- il suintait et coulait, apportant avec lui la
simplement à cause de la contraction de bondes. Dans les endroits les plus “pro- menace de maladies.
la peau et des muscles. gressistes”, l’odeur de phénol (un anti-
septique vendu par BASF à partir de Il arrivait aux médecins légistes de por-
Et pourtant, en 1882, un texte du légiste 1889) s’ajoutait à la puanteur. ter un chapeau et un tablier, mais ils ne
Charles Meymott Tidy rapportait, à s’embarrassaient pas d’équipement de
tort, que les cheveux et les ongles gran- L’autopsie de l’époque n’était qu’une évo- protection et travaillaient à mains nues.
dissaient même après la mort. Le lution de la dissection mais présentait Des morceaux d’os cassés pouvaient
Docteur Tidy expliquait que la connais- malgré tout plusieurs différences nota- blesser le légiste le plus attentif, qui
sance de ce “fait” avait permis d’éviter la bles. Dans le cas d’une mort suspecte, les devait plonger ses mains nues dans les
condamnation d’un groupe d’étudiants caractéristiques physiques de la victime incisions béantes.
accusés d’avoir volé un cadavre : la étaient soigneusement notées et conser-
famille d’un jeune déficient mental vées, par le dessin ou la photographie. Les médecins infectés par les sujets
décédé récemment avait découvert sa Les vêtements n’étaient pas enlevés puis qu’ils autopsiaient couraient également
tombe vide. Ils avaient identifié un corps jetés, mais examinés et conservés comme le risque de transmettre une maladie à
disséqué dans une école d’anatomie preuve éventuelle. leurs patients vivants.
grâce à ses ongles particulièrement
longs. Mais durant le procès, un “expert” Privée des puissantes scies électriques Mais les maladies mortelles n’étaient pas
médical avait expliqué que les ongles, si rotatives actuelles, la dissection était un les seules menaces planant au-dessus des
longs qu’ils se courbaient au bout des travail physiquement pénible. Le crâne, légistes. Les morts causées par des tirs de
doigts du garçon jusqu’à sa paume, par exemple, était ouvert avec un cou- balles explosives constituaient un danger
avaient poussé de cette manière après le teau, une scie et un ciseau de menuisier. pour les médecins imprudents.
décès !
Les charges avaient été abandonnées et
les étudiants - injustement - libérés.
Sciences Forensiques
À partir de 1714, les cadavres trouvés Les visiteurs considéraient la visite de On décida de cacher le sexe des cadavres
dans les rues de Paris furent rassemblés la Morgue comme un “spectacle” aussi nus, puis l’entrée de la Morgue fut inter-
dans les sous-sols de la prison du Grand attrayant que les exécutions publiques. dite aux femmes et aux enfants.
Châtelet, la “basse-geôle”, afin que la Finalement, “par mesure d’hygiénisme
population vienne identifier les corps. Deux affaires attirèrent particulièrement moral”, la Morgue ferma ses portes le
l’intérêt du public : 15 mars 1907.
Au 19ème siècle, la morgue s'installa sur • en 1840, un enfant presque décapité fut
l'île de la Cité, derrière Notre-Dame. apporté un matin à la Morgue. Dès De nos jours, l’institut médico-légal se
Les corps furent exposés derrière une midi, une foule immense s’amassait situe au 2, place Mazas, dans le 12ème
cloison vitrée, allongés sur des lits de devant le bâtiment. L’enfant resta arrondissement, le long du quai de la
marbre noir inclinés vers les pieds, par- “exposé” durant deux mois et demi. Rapée. Depuis 1988, l'IML est dirigé
fois habillés de leurs propres vêtements, • en 1876, une femme fut découverte par le professeur Dominique Lecomte.
souvent nus. La population était invitée coupée en deux dans la Seine.
à venir observer les cadavres pour tenter
de les identifier. Son corps reconsti-
tué, dont on ne
L’époque étant au puritanisme et à la voyait que le visage,
sexualité réprimée, la morgue était l’un fut exposé à la
des rares endroits (avec les peintures des Morgue et attira
musées) où l’on pouvait voir un corps nu. près de 70 000 visi-
Animé d’une curiosité malsaine, le teurs en trois jours.
public, ouvriers ou bourgeois, hommes,
femmes et enfants, s’y pressait à lon- Les autorités pub-
gueur d’année. La Morgue fut l’un des liques finirent par
monuments parisiens les plus visités du s’émouvoir de la fas-
siècle, au point de figurer dans des cination morbide
guides de voyagistes étrangers. (Les exprimée par la
agences de voyage anglaises Cook orga- population pari-
nisaient même des visites de groupes). sienne.
Premiers sangs
Les différents types de sang furent nommés
et “standardisés” en 1901 par Karl 35
Landsteiner, qui les désigna sous le nom de
“groupes” A, B, O et AB. Les types A et O
sont les plus communs, les AB étant les plus
rares.
Sciences Forensiques
Jaillissement artériel
Hall
Chambre
Entrée
Lorsque les enquêteurs sont sûrs que du ou animale. Ensuite, les analyses peuvent
sang est présent, ils utilisent un “test de pré- indiquer le groupe sanguin et le sexe de la
Gouttelettes immobiles
cipitine” (une sorte d’anticorps) afin de personne qui a saigné.
déterminer si le sang est d’origine humaine
Étude de cas
L’affaire Caren Campano
Plusieurs techniques d’analyses ont été • Du luminol : la maison paraissait perdu au moins 40 % de son sang. Elle
utilisées dans l’affaire Caren Campano, à immaculée mais lorsque le produit chi- n’aurait pas survécu.
Oklahoma City, afin d’offrir assez de mique fut aspergé sur les murs, il illu- • Des analyses d’ADN : les parents de
preuves pour arrêter le suspect. mina tant d’endroits que les policiers Caren étaient décédés et on ne possé-
comprirent rapidement qu’un bain de dait pas d’échantillons de son ADN.
Caren avait disparu mais il ne semblait sang y avait eu lieu. Les enquêteurs prélevèrent des échan-
pas y avoir quoi que ce soit de suspect tillons de sang de tous les membres de
chez elle, au premier abord. Son époux, Les enquêteurs trouvèrent des éclabous- sa famille. Une partie du profil géné-
Chris, admit qu’ils s’étaient violemment sures sur les murs, les portes et même le tique dressé avec le sang découvert
disputés avant qu’elle ne disparaisse le 1er plafond. Une longue traînée de sang chez les Campano correspondait à la
juillet 1992. Selon lui, elle avait tout était visible à travers la maison et sur les même partie chez tous les membres de
simplement décidé de le quitter. marches d’escalier menant au dehors. En la famille de Caren : c’était bien celui
examinant les différentes traces et écla- de la jeune femme.
Pour prouver sa bonne foi, Chris boussures, les enquêteurs déterminèrent La police possédait assez de preuves
Campano proposa aux enquêteurs d’en- que la victime avait reçu plusieurs coups pour arrêter Chris Campano et l’incul-
trer chez eux pour vérifier que tout était à la tête, qui lui avaient sûrement été per de meurtre.
38
normal. Une tache brune sur la fatals.
moquette de la chambre à coucher intri- • Une détermination de la quantité de Finalement, un an après sa disparition,
gua les policiers, qui pensèrent immédia- sang à partir de la recréation des les enquêteurs localisèrent le corps de
tement à du sang. Ils utilisèrent plusieurs traces : sur un même tapis, les enquê- Caren, qui était devenu un squelette. Les
techniques pour découvrir de quoi il teurs versèrent la quantité de sang qui radios dentaires du squelette et de Caren
retournait : aurait été nécessaire pour créer des correspondaient. Son crâne présentait de
• Un test micro-crystalin : lorsque le traces de sang de la même taille que nombreuses fractures, confirmant la
bâtonnet toucha la tâche brune, il indi- celles découvertes chez les Campano. théorie que les enquêteurs avaient créée
qua la présence de sang. Au laboratoire, grâce à l’analyse des traces de sang. Chris
on détermina que c’était bien du sang Ils estimèrent ensuite qu’une personne Campano fut reconnu coupable du
humain. de la taille de Caren Campano aurait meurtre de son épouse.
Sciences Forensiques
39
40
une correspondance. On est arrivé à cette sion mais seront souillées. Par conséquent,
conclusion non pas parce que la preuve lorsqu’un profil génétique est soumis
ADN était mauvaise, mais parce que le pro- comme preuve devant un tribunal, l’examen
cédé par laquelle elle avait été créée était, prouvant qu’il n’a pas été dégradé durant
lui, incorrect. l’examen devrait également être présenté.
Plusieurs erreurs avaient été commises par La quantité d’ADN doit également être
les techniciens des laboratoires, lors de suffisante. Il est très difficile de créer un
Profil génétique l’examen et de l’interprétation de l’ADN ; profil génétique si l’échantillon est minus-
elle n’était donc plus fiable. cule. De plus, si l’échantillon d’ADN est
trop maigre, il peut être entièrement utilisé En utilisant une radiographie ou un mou- Étude de cas
Sciences Forensiques
par l’accusation, enlevant à la défense la lage dentaire, on peut le comparer au dos-
capacité de procéder à ses propres tests ! sier d’un dentiste et identifier une per- Pas de corps mais
un ADN
sonne. Des progrès en biotechnologie per-
La pureté de l’ADN peut être un problème mettent depuis peu de créer un profil ADN En février 1988, Helen McCourt, 22 ans,
disparut après être montée dans un bus
qui la ramenait chez elle, à Liverpool.
dans le procédé tout entier. L’échantillon ne à partir des dents.
La police retraça son parcours en
doit pas être “contaminé”. Par exemple, ce
commençant par le pub proche de son
qui est considéré comme un échantillon
habitation. Le propriétaire, Ian Simms,
pur, obtenu d’une tache de sang sur une De bonnes dents
était connu pour ses accès de colère et
avait eu une liaison avec Helen.
scène de crime, peut se révéler être un Le développement et l’apparition des dents
Lorsque la police l’interrogea, il se montra
mélange du sang de la victime et de son durant l’enfance sont les mêmes chez tous
agresseur. Des impuretés constituées les êtres humains. Lorsque la formation de nerveux et évasif.
Sciences Forensiques
L’art forensique est une spécialité un peu
particulière qui consiste principalement à
dessiner ou recréer par ordinateur le visage
d’un squelette, d’un suspect ou d’un enfant
disparu.
Ils doivent également avoir quelques numéros puissent être envoyés à d’autres
Étude de cas
connaissances en psychologie afin d’imagi- départements de police possédant un kit
ner quelles modifications doivent être d’identification et qu’un portrait robot
accomplies pour vieillir une photographie : puisse rapidement être créé dans d’autres
Harvey Glatman
Le kit d’identification a aidé à
telle personne aurait-elle eu recours à la juridictions. Au Canada, les policiers utili-
chirurgie esthétique ou aurait-elle tenu à saient seulement sept “masques” faciaux qui l’appréhension du tueur en série
Harvey Glatman. Dans les années
1950, à Los Angeles, il se faisait passer
garder le même visage ? étaient censés représenter toutes les varia-
pour un photographe et emmenait
tions du visage humain.
S’ils travaillent à partir de crânes, ils doivent dans le désert des jeunes femmes
qui espéraient devenir mannequins…
et qu’il assassinait.
être familiers des changements post- De nos jours, on utilise un programme pré-
mortem. Si on leur demande de dessiner sentant aux témoins un visage “basique” qui
La colocataire de sa première victime
des dents pour utiliser des représentations correspond à leur description générale et
visuelles au tribunal, ils doivent avoir des non plus des morceaux de visage séparés. le décrivit à la police avec assez de
détails pour qu’un policier, utilisant
le kit, puisse en dresser un portrait
connaissances en odontologie, etc.
satisfaisant. La quatrième femme à
Puis, les témoins désignent les parties qui
laquelle Glatman s’attaqua parvint à
L’art forensique ne se limite pas aux ne sont pas ressemblantes, et l’artiste peut
faire les ajustements adéquats à partir de la retourner son arme contre lui. Il fut
arrêté pour une “simple” agression,
portraits et à la reconstruction des visages
mais il ressemblait tant au portrait-robot
en 3 dimensions. Un artiste forensique peut base de données. Il peut bouger, colorer,
que les policiers finirent par l’interroger
également dessiner des démonstrations agrandir, rapetisser, redessiner, effacer n’im-
visuelles de techniques d’enquêtes, repré- porte quelle partie. sur les meurtres et, il avoua.
senter une scène de crime avec des mesures
précises, réaliser des dessins médicaux à Une fois terminé, le portrait peut-être
partir des autopsies, “nettoyer” ou améliorer envoyé aux autres services de police par
des vidéos, etc. Internet.
Le portrait-robot
Temps nécessaire : au moins 1h
Fiabilité : 30 à 90 %
peri-mortem
lunettes, de lèvres, de cheveux, etc., qui se
ayant eu lieu pendant la mort
superposaient les uns aux autres afin d’obte-
(ex. : le crâne fracassé)
nir un visage complet.
post-mortem
ayant eu lieu après la mort
Ensuite, les kits utilisèrent des photogra-
(ex. : le corps démembré)
phies plutôt que des dessins. Les feuilles
furent numérotées et codées afin que ces
Étude de cas Le portrait au service de
Sciences Forensiques
Sciences Forensiques
nelles, telles que le tabac, l’alcool, la gour-
Temps nécessaire : environ une journée Le cas de Bob Clark
mandise, peut également contribuer à affi-
Fiabilité : 85 à 95 %
La sculpture la plus célèbre est peut
ner la perception. La personnalité affecte les
être celle que l’américain Frank Bender
Il peut arriver que l’on demande à un artiste lignes de tensions sur le visage.
forensique d’altérer une photographie afin a accompli d’un dénommé John List.
45
L’anthropologie légale Identifier la victime
Sciences Forensiques
Sciences Forensiques
approximatif. Ainsi, la clavicule et le ster- Le crâne et le fémur sont les deux os qui
num se ferment entre 18 et 24 ans ; l’ilion, permettent de mieux déterminer l’origine
l'ischium et le pubis sont ossifiés entre 20 “raciale” d’une personne.
et 25 ans puis tous les segments du
sacrum s’unissent entre 25 et 30 ans. Les antécédents
Des caractéristiques physiques particulières
Le sexe peuvent être utiles pour identifier une per-
Pour différencier le squelette d’un homme sonne. Une perte de la densité osseuse, de
de celui d’une femme, le plus simple est mauvaises dents, ou des signes d'arthrite
d’observer le crâne ou le pelvis. peuvent indiquer des carences nutrition-
• Le crâne d’un homme est plus massif et nelles et des maladies.
bosselé que celui d’une femme.
• Le pelvis d’une femme, en raison des dif- Les os du bras d'une personne droitière
Étude de cas
férences anatomiques nécessaires à la pro- seront légèrement plus grands que les os du
création, a une cavité pubienne plus bras gauche.
ouverte (90 degrés) que celui d’un homme
Le docteur Buck Ruxton
(50 degrés). Il porte également des cica- Si quelqu'un a soulevé régulièrement des
trices (provoquées par les tendons et les objets lourds, ses os seront plus denses que Le 14 septembre 1935, Buck Ruxton,
un médecin qui vivait à Lancaster,
assassina son épouse Isabella et sa
muscles distendus) si elle a porté des quelqu'un qui n'a pas un travail physique.
servante Mary Rogerson. Il mutila leurs
enfants. Le pelvis d’une femme a une Le type de sport pratiqué peut être détecté
doigts puis découpa leurs corps et
forme rectangulaire alors que celui d’un par l'usure des articulations.
homme a une forme triangulaire. Une radiographie indiquera des fractures dispersa les morceaux dans un ravin
isolé en Écosse, pensant qu’on ne les
retrouverait jamais.
antérieures, des articulations artificielles et
Mais même sans ces deux éléments essen- des plaques ou vis.
tiels, il est toujours possible de déterminer Le 29 septembre, deux promeneurs
découvrirent des morceaux des
cadavres sous un pont. Au total,
le sexe d’un squelette. Celui d’une femme Des problèmes génétiques ou nutritionnels,
30 segments furent retrouvés, plus ou
est gracile, plutôt lisse et moins noueux que ainsi que toutes sortes de maladies, d’infec-
moins à l’état de squelette.
celui d’un homme. Le squelette d’un tions et de fractures guéries marquent l’os
homme est robuste, épais et rugueux. de manière unique. Les corps furent patiemment “recons-
truits” par une équipe de médecins
légistes et d’anatomistes.
Ils annoncèrent que les deux victimes
Homme Femme étaient des femmes.
Forme des yeux Carrée Ronde
Mâchoire Carrée En forme de V Alors que les scientifiques travaillaient
sur les cadavres, la police remonta la
Arcade sourcilière Épaisse et large Mince et petite piste jusqu’à Ruxton. Ce dernier avait
Os frontal Bas et incliné Haut et rond emballé certains morceaux des corps
Surface du crâne Rugueuse Douce dans du papier journal, l’édition du 15
septembre du Sunday Graphic, qui était
vendue uniquement à Lancaster.
Des proches d’Isabella Ruxton et
La taille Mary Rogerson prévinrent la police
de la disparition des deux femmes.
Buck Ruxton affirma que son épouse
En mesurant l’humérus ou le fémur, il est La tuberculose cause des lésions des os,
s’était enfuie avec un amant et que
possible de déterminer la taille d’un indi- notamment sur la colonne vertébrale, les
sa bonne avait démissionné.
vidu. De nombreuses bases de données ont côtes et le bassin.
47
La taille = 3,36 x taille de l’humérus + 57,97 indices et d’aider à estimer la date de la
cm = 107,52 cm + 57,97 cm = 1 m 65 mort.
Sciences Forensiques
Un archéologue passe beaucoup de
dans d’autres pays (notamment la produits chimiques étrangers dans le corps,
temps à examiner le terrain afin d’y
France…). L’archéologie y est même ensei- en cherchant plus particulièrement les
trouver des indices, des preuves
gnée aux enquêteurs et aux agents fédéraux. toxiques et les substances dangereuses.
Cela est peut-être dû au nombre de meur- reconnaissables, avant même de saisir
une truelle, des brosses et des cuillères
pour dénicher ce qui se trouve sous
tres plus élevé aux États-Unis, que dans le
la surface. La police a rarement
reste du monde. Ainsi, en 2000, ce pays
connaît 16 000 meurtres par an, le l’opportunité de prendre son temps.
L’archéologie est une enquête sur
le passé. Elle exige planification et
Royaume-Uni 850, le Canada 550 et la
réflexion avant de piétiner le sol. Il est
France 1 050.
de la responsabilité des archéologues
En Amérique du Nord beaucoup de vic- d’enregistrer méticuleusement leurs
times sont enterrées par leurs assassins, ce découvertes.
49
même manière, et la situation paraît similaire,
eh bien, cela peut se voir dans ses cheveux ».
La proie secrète,
John Sanford
Réactions toxiques
Les effets toxiques des substances survien- Si la concentration de toxine n’atteint pas
nent de plusieurs manières différentes, le un niveau critique, les effets peuvent être
plus souvent engendrés par un métabolite réversibles. Les réactions pharmacolo-
(le produit d’un métabolisme) de la drogue giques, par exemple, sont de ce type. Les
qui est activé par une enzyme, par la réactions pathologiques peuvent être répa-
lumière ou par une réaction à l’oxygène. rées si elles sont découvertes à temps. Les
Certains métabolites détruisent les cellules effets génotoxiques peuvent durer de 20 à
du foie, d’autres les tissus du cerveau et 40 ans avant qu’une tumeur ne se déve-
50 d’autres encore s’attaquent à l’ADN même. loppe.
Les réactions toxiques sont classées en trois De plus, les gens ont des allergies chi-
réactions : miques différentes et les réactions toxiques
• pharmacologique (dégâts sur le système peuvent donc prendre des formes diffé-
nerveux central) rentes.
• pathologique (dégâts sur le foie)
• génotoxique (création de néoplasmes ou
de tumeurs bénignes ou malignes)
A la recherches des toxines
Sciences Forensiques
Un toxicologue forensique doit souvent tra-
vailler à partir d’échantillons de “fluides”
corporels, du contenu de l’estomac et d’or-
ganes. Il doit avoir accès au rapport du
médecin légiste, qui doit contenir des infor-
mations sur les signes et les symptômes
présents ainsi que les données post-mor-
tem. Le toxicologue doit savoir comment le
corps change et métabolise les drogues car
la plupart des substances modifient l’état du
corps.
L’entomologie légale
Temps nécessaire au prélèvement :
au moins 1/2 h
Temps nécessaire à l’analyse : plusieurs heures
Fiabilité : 75 à 95 %
Étude de cas
vés sur un cadavre. Ces étapes donnent des d’activité des insectes et non pas le “PMI”
indications concernant le temps qui a passé lui-même, mais ces deux périodes sont
depuis la mort de la personne (le “PMI”, en généralement très proches car les insectes
anglais), bien que cette science ne soit pas envahissent un corps très peu de temps Le témoignage des
totalement exacte. Elles peuvent également après le décès de la personne. insectes
fournir des informations sur le climat et Généralement, dès les premières heures de Le 21 septembre 1986, le corps en
décomposition d’une jeune femme fut
découvert enroulé dans un tapis près
l’endroit où le meurtre a eu lieu, si cet la mort, les mouches pondent leurs œufs
de l’autoroute I-95 à Greenwich, dans
endroit est différent du lieu où le corps est dans les cavités du corps. Ceux-ci éclosent
découvert. (si le climat est tempéré) en 8 à 14 heures, le Connecticut.
sieurs facteurs) :
Étude de cas
L’affaire
de Hau Tree Parc
La première expérience de Goff sur une
scène de crime a eu lieu en 1984, avec
la découverte du corps d’une femme sur
une plage du parc Hau Tree d’Hawaï. Différentes espèces pour
Elle était morte depuis au moins deux
semaines et les insectes avaient déjà un même corps
pris place depuis un bon moment.
Goff et son assistant ont collecté des
Alors que le temps passe, différents groupes
spécimens et les ont ramenés au labo- d’insectes vont et viennent durant le pro-
ratoire. Ils ont découvert trois espèces
de larves à différents stades de déve-
cessus de décomposition.
loppement, qu’ils ont mesurés
et conservés dans un produit chimique.
Chaque espèce se nourrit du corps, et le
Ils en ont placés d’autres dans change pour le prochain groupe, qui est
une chambre d’incubation afin qu’elles
terminent leur développement jusqu’à
attiré par ces changements particuliers.
devenir adulte, dans le but de les diffé-
rencier définitivement. Après avoir
Selon les entomologistes, il existe quatre
recueilli une autre espèce de mouche et
deux types de coléoptères, Goff a entré
types principaux de relations directes :
toutes les informations dans un ordina-
• les espèces nécrophages (mouches et Ces changements peuvent affecter l’ordre
teur pour voir si un logiciel qu’il avait
coléoptères) qui se nourrissent directe- de succession, mais le rôle de chaque insecte
développé pouvait lui donner le “PMI”. ment sur le corps et pondent des œufs. est établi par son évolution.
Les analyses l’ont déçu : son logiciel lui
Leurs étapes de développement, surtout
indiquait qu’un tel ne corps ne pouvait
lorsqu’elles dépassent deux semaines, Le travail de l’entomologiste légal est d’in-
exister et qu’il devait y avoir deux corps
aident à indiquer depuis quand une per- terpréter ces relations variées afin d’offrir
différents. En essayant de comprendre sonne est morte.
où il s’était trompé, Goff a dû réévaluer
des informations aux enquêteurs qui les
les données qu’il avait fournies
• les prédateurs et les parasites des mouches aideront à suivre des pistes.
à l’ordinateur.
et des coléoptères (d’autres types de
coléoptères qui mangent les œufs et les À l’avenir, les avancées technologiques vont
Il a alors découvert le rôle que
le positionnement du corps joue dans
larves). Un certain type de mouche peut se apporter des contributions significatives à
l’altération de l’activité des insectes,
nourrir du corps ou plutôt des larves. Les cette discipline. L’utilisation de l’ADN per-
particulièrement celle des
guêpes parasitent aussi les larves et, mettra d’identifier des spécimens non
“Sarcophagidae larvae”. Généralement, comme elles ont tendances à se spécialiser,
deux espèces différentes ne se retrou-
encore développés et d’extraire du “maté-
vent pas sur un même corps à des
il est facile de dire quel genre de mouche riau” du contenu de l’estomac des insectes.
stades précis et pourtant elles avaient
a pu se trouver sur le corps.
été découvertes sur ce corps-ci.
• les guêpes, les fourmis et les coléoptères Il faudra standardiser les techniques utili-
Sciences Forensiques
Les armes à feu sont de deux sortes : celles Le bébé dans la boîte
En mars 1944, le corps d’un nouveau-
Temps nécessaire au prélèvement :
né fut découvert enveloppé dans
tenues à la main et celles tenues contre
une couverture et du papier journal,
au moins une 1/2 h l’épaule. Les premières peuvent être des pis-
à l’intérieur d’une boîte en carton.
Temps nécessaire à l’analyse : 2 ou 3 heures tolets (avec chargeur) ou des revolvers (à
La boîte avait été placée dans un trou
Fiabilité : 80 à 100 % barillet). Les armes “d’épaule”, à canons
creusé dans le sol de la forêt et était
couverte de feuilles. Le médecin légiste
longs, sont les fusils et les mitraillettes. Il
qui examina le corps pensa d’abord
existe de nombreuses variations de ces deux
qu'il avait été abandonné là seulement
types d’armes.
quelques heures auparavant car
le corps n’était pas décomposé. La
découverte de plus de 20 coléoptères
dans la couverture et le papier journal
autour de l’enfant démontra que la mort
remontait à plus longtemps. Le froid
avait préservé le corps et avait dissi-
mulé le moment exact de la mort.
Il avait gelé durant les deux semaines
précédentes et, dans ces conditions,
les coléoptères avaient mis plus
de temps que d’habitude pour sortir de
l’hibernation et se mouvoir parmi les
Les armes à feu possèdent des “signatures”
feuilles. Il s’avéra que l’enfant était mort
distinctives. Les rainures façonnées dans les
9 jours auparavant.
canons des armes afin de rendre les projec-
tiles plus précis laissent des marques sur le Les armes à feu étant des produits de
métal plus mou des balles lorsqu’elles tour- masse, les différents modèles ont des carac-
noient dans le canon. Chaque cartouche de téristiques standardisées.
balle tirée par une arme donnée porte les
même marques distinctes. Les enquêteurs Depuis le XVIIIème siècle, les armes sont La Ferme des Corps
Le Docteur William Bass, spécialiste
peuvent donc faire correspondre une balle fabriquées avec des rainures en forme de
et une arme à feu. en anthropologie, a énormément
développé l’entomologie légale. Il dirige
spirale à l’intérieur du canon. Elles forment
le département de recherche anthropo-
des sillons qui serrent la balle et lui donnent
logique de l’Université du Tennessee à
C’est en 1902, aux USA, qu’un expert a
de la précision, de la portée et une rotation.
Knoxville. Là, un terrain d’un hectare
prouvé pour la première fois à une cour de
est dédié à l’étude des corps en
Lorsqu’une balle est projetée dans le canon,
justice qu’un pistolet spécifique avait été
décomposition, et la présence
elle est marquée par les sillons. Ceux-ci
utilisé lors d’un meurtre.
constante de plus d’une dizaine de
seront les mêmes sur toutes les balles, sauf
si le canon est altéré intentionnellement. Le corps tout au long de l’année permet
d’analyser, entre autres, les effets de
Oliver Wendell Holmes avait lu un livre sur
la météo et du temps qui passe, sur
l’identification des armes à feu et a appelé calibre d’une balle est déterminé par le dia-
les cadavres. L’endroit, surnommé
un armurier pour tester la présumée “arme mètre intérieur du canon, exprimé en milli-
“La Ferme des Corps” par les médias,
du meurtre” d’un suspect en tirant dans un mètres.
a permis de faire d’énormes progrès
dans l’estimation du “PMI” des morts
ballot de coton.
suspectes.
Les fusils et les pistolets éjectent des car-
S’étant installé au Tennessee en 1971,
Il a ensuite utilisé une loupe pour comparer touches une par une. Si aucune cartouche
William Bass s’est trouvé impliqué dans
les marques visibles sur la balle retirée du n’est trouvée sur la scène de crime, cela peut
corps de la victime à celles tirées dans le des affaires où les corps découverts
étaient infestés d’insectes ou de larves
indiquer que le tireur a utilisé un revolver,
d’insectes. Il a tenté de se documenter
coton. dont le barillet retient les cartouches, ou
et a découvert que la littérature sur le
qu’il a prit le soin de les ramasser. Les fusils
sujet était quasiment inexistante. Il a
Le microscope a été l’outil le plus important de chasse peuvent également tirer des pro-
dans le développement de la comparaison donc acquis un terrain pour l’université
et a obtenu les cadavres non « récla-
jectiles contenant des plombs.
més » de plusieurs vagabonds.
des armes.
En restant exposés dans la nature,
ces corps ont fourni des informations
Les premiers microscopes ont été inventés
vers 1595 et permettaient d’agrandir de 10 sur les transformations d’un corps sous
les effets de conditions variées.
Les insectes apparaissaient à chaque
à 20 fois, mais l’image était souvent floue.
fois et sont devenus les sujets d’une
L’invention du microscope à plusieurs len-
étude intensive.
tilles a amélioré la situation, tout en corri-
geant les aberrations optiques de l’appareil.
Il existe de nombreux facteurs qui
peuvent affecter la décomposition d’un
corps, mais Bass a découvert que les
Grâce aux années de collectes de données et
deux facteurs principaux étaient
53
d’expériences, un spécialiste de l’identifica-
tion des armes peut : le climat et les insectes. Lorsqu’une
personne meurt, le corps commence
immédiatement à se putréfier,
• comparer des balles et savoir si elles cor-
et les enzymes du système digestif
respondent à une arme à feu spécifique,
commencent à “ronger les tissus”.
• estimer la distance entre le tireur et sa
cible,
C’est ce qui produit l’abominable odeur
de la mort. Et c’est ce qui attire les
• détecter des résidus de poudre autour des
insectes. La mesure et l’analyse de ces
blessures et sur le tireur,
• reconstituer des numéros de série effacés informations est la raison d’être de la
sur une arme. Stries d’une balle “Ferme des Corps”.
Numéro de série Les douilles et les balles Une balle sans arme
Sciences Forensiques
Un autre aspect intéressant de l’examen Les projectiles trouvés sur une scène de parle aussi
des armes est la possibilité de tracer
un numéro de série jusqu’à son
crime ou dans le corps de la victime offrent Si l’arme du crime n’est pas retrouvée, il
propriétaire enregistré, même si
énormément d’informations, et les enquê- existe une autre approche. Il est possible
ce numéro semble avoir été effacé.
teurs en cherchent les différentes parties : d’obtenir des informations sur une arme
• l’ogive (généralement en plomb mais peut
Le numéro de série est gravé plus
grâce aux types de cartouches et de balles
profondément qu’il n’y parait et lorsqu’un
être enveloppé d’un autre métal) retrouvés. L’arme donne à la balle une rota-
criminel l’a limé jusqu’à ne plus le voir,
• le compartiment contenant le “propulsif ” tion vers la droite ou la gauche lorsqu’elle
il pense qu’il l’a complètement effacé. (la poudre)
L’expert frotte le métal afin d’obtenir
est tirée. Par exemple, les Smith & Wesson
une bande polie. Puis, il applique une
• la cartouche (ou étui) qui entoure tout ont cinq rainures qui tournent vers la droite,
solution de sels de cuivre et d’acide
cela, et porte la marque du fabriquant et le alors que le revolver Colt .32 en a six qui
chlorhydrique qui dissout l’endroit situé calibre
juste sous le numéro de série plus rapi-
tournent vers la gauche. Si l’on veut affirmer
dement que le métal autour.
• la calotte de métal plus mou au bout de la que deux balles proviennent de la même
Cela fait temporairement ressortir
cartouche, qui contient l’amorce arme, il faut que les rainures correspondent
le numéro de série (entièrement ou en nombre et en angle de rotation.
partiellement), qui est alors Lorsqu’on tire, le chien de l’arme percute la
photographié avant de re-disparaître. cartouche à l’endroit qui contient l’amorce ; De nos jours, les laboratoires criminels peu-
un explosif. Cette charge enflamme très vent utiliser un ordinateur pour faire de
rapidement la poudre, ce qui crée une pres- telles comparaisons. Aux États-Unis, ces
sion que la cartouche ne peut contenir. Cela ordinateurs sont reliés à des bases de don-
pousse la balle à l’extérieur, dans le canon, et nées nationales (voire internationales) sem-
la cartouche vers l’arrière, contre la culasse blables à celles des empreintes digitales, et
de l’arme. Cet impact laisse une empreinte peuvent lier une balle tirée dans un État à
distincte sur la cartouche (il existe un léger une autre tirée dans un État différent.
“mouvement” dans chaque arme, et l’em-
Évaluer la distance
preinte n’est pas toujours exactement au
L’arme peut aussi avoir une autre utilité.
même emplacement). Le mécanisme qui Afin de mesurer la distance entre l’arme et
Étude de cas
extrait et éjecte la cartouche laisse lui aussi la victime, l’expert tire à différentes dis-
ses propres marques caractéristiques. tances sur de minces cibles en carton. Puis,
il examine la taille des trous et le diamètre
Le massacre Pour savoir si une cartouche a été tirée par des résidus de poudre, s’il y en a, car
de la Saint-Valentin une arme donnée, il faut tirer avec l’arme du
Le colonel Calvin Goddard était
lorsqu’une arme est utilisée, des fragments
un spécialiste de la balistique.
suspect dans un laboratoire spécialement de poudre non brûlée volent en dehors du
Il s’intéressa à ce domaine dès le début
équipé. Ensuite, une comparaison peut être canon. Ces fragments ne vont pas bien loin,
des années 1920, créa le Bureau of faite entre la cartouche trouvée sur la scène
Forensic Ballistic à New York en 1925
à peine quelques mètres, mais si l’arme est
puis le Scientific Crime Detection
du crime et celle tirée par l’expert. Il faut assez proche pour que les résidus touchent
Laboratory, et dirigea le laboratoire
veiller à utiliser une balle de la même quelque chose, ils laissent une forme circu-
criminel de l’US Army au Japon après marque pour que l’analyse soit concluante.
la Seconde Guerre mondiale.
laire sombre, dont la taille dépend de la dis-
L’expert tire soit dans un réservoir d’eau tance entre l’arme et la victime. Une per-
Son nom est lié, entre autres, au
(pour les métaux tendres), soit dans un bal- sonne touchée à bout portant ou touchant
célèbre “Massacre de la Saint-Valentin”
lot de coton. Puis, les sillons des cartouches présentera une brûlure de poudre. En com-
de Chicago, le 14 février 1929, durant sont comparés au microscope. Les deux car-
lequel les hommes d’Al Capone massa-
parant la taille des trous ou celle de la brû-
crèrent sept membres d’un gang rival.
touches sont analysées en même temps et lure, on peut connaître la distance entre le
Les assassins avaient pris soin de
les deux vues sont liées optiquement. tireur et la cible. Un suspect peut affirmer
revêtir des uniformes de policier afin
de tromper leurs victimes. Des témoins
avoir tiré de loin, en légitime défense, alors
affirmèrent donc que le massacre
Il faut de l’habilité et de l’expérience pour que l’analyse prouvera qu’il a abattu sa vic-
était l’œuvre de la police.
établir une correspondance définitive, mais time à bout portant.
Le colonel Goddard effectua des il est possible de dire qu’une certaine balle
analyses balistiques sur les balles
retrouvées sur la scène de crime. Selon
provient d’une certaine arme, et unique-
Traces de poudre
lui, les assassins avaient utilisé un fusil
ment de cette arme.
de calibre 12 et deux mitrailleuses
Les résidus de poudre peuvent également
Thompson. Selon le nombre de être prélevés sur la peau ou les vêtements du
cartouches retrouvées, Goddard
détermina également que les
suspect. Si un homme se tue en manipulant
mitrailleuses des tueurs avaient des
un pistolet, il portera des résidus sur ses
chargeurs de 50 balles, alors que
mains. Le contraire sera suspect.
les mitrailleuses de la police ne
54 comportaient que 20 balles. La police
Pour connaître leur composition, les résidus
de Chicago n’était donc pas impliquée. peuvent être analysés grâce au microscope
Dix mois après le massacre, la police
électronique.
fouilla l’habitation de l’un des gangsters
de Capone et découvrit deux
Le problème est que l’unique fait de se tenir
mitrailleuses Thompson ainsi que des
près d’une arme à feu lorsqu’elle tire peut
munitions. Goddard tira avec les deux vous faire porter des résidus de poudre.
armes, compara les balles et conclut
qu’elles avaient toutes deux été utilisées
Mais les experts peuvent toujours examiner
lors du massacre de la Saint-Valentin.
la quantité de poudre présentée et en faire
des déductions.
Reconstitution de la trajectoire d’une balle
Trajectoire
Sciences Forensiques
En dehors de l’analyse des armes et des
projectiles, un autre aspect de la balistique
est en relation avec la pathologie légale : la
trajectoire des balles. Les spécialistes de
cette discipline retracent la trajectoire d’une
balle, de son point d’entrée à son point de
sortie. Ils assurent que des balles peuvent se
comporter de façon étrange.
Il n'y a pas si longtemps, Leonard Keeler, un oculaires du vol eurent identifié les prisonniers.
membre de notre équipe scientifique, se trouvait Peu de temps après, un homme capturé dans
dans une salle d'audience à Appleton, dans le une petite ville du Minnesota a avoué qu'il était l'un
Wisconsin, avec un appareillage conçu pour des fins des braqueurs de banque et a dénoncé son complice,
bien spéciales, qui combine un tensiomètre, un car- qui a été rapidement appréhendé. Lorsque les deux
diographe et un pneumographe. Deux prévenus, nouveaux prisonniers ont été présentés aux témoins
accusés d'un vol de banque, s’étaient portés volon- oculaires du procès, ceux-ci ont changé leur déposi-
taires pour subir les tests de cet appareil, mieux tion et les deux premiers accusés ont été libérés.
connu sous le nom de « détecteur de mensonges ». Une autre victoire pour la science à la
Tous deux clamaient leur innocence et s’étaient déjà recherche de la vérité.
soumis au test, qui avait confirmé leurs prétentions. Hormis l’utilisation des empreintes digitales
Le juge Theodore Berg a rejeté la demande, pour l'identification des criminels, l'application des
pour des raisons juridiques invoquées par le procu- sciences reste un domaine obscur pour la plupart des
reur, et le procès s'est déroulé après que des témoins juges, des avocats, des policiers, ainsi que pour les
56
*
60
un moulage de cire, qui pourra être conservé en vue de
le comparer à l'empreinte des suspects. Les marques
d'effraction sur une porte ou une fenêtre peuvent éga-
lement être préservées et comparées, au microscope,
avec les outils d'un cambrioleur. De la même façon, les
empreintes de chaussures ou de n'importe quelle par-
tie du corps peuvent être reproduites. En Europe, les
moulages de personnes assassinées sont souvent utili-
sés dans les tribunaux, ou aux fins d'identification. Ils
sont si parfaitement maquillés qu'il est presque impos-
sible de les différencier d'un corps réel sans un examen
minutieux.
Watzek est également un expert en empreintes
digitales, en graphologie, dans l'étude au microscope
des cheveux, fibres, poussières, etc. En Europe, des par-
ticules de poussière retrouvées dans l'ourlet du panta-
lon d'un suspect, sur ses vêtements ou dans son oreille
ont souvent été suffisantes pour résoudre des crimes
qui déroutaient les enquêteurs. Et maintenant, nous
sommes prêts à faire la même chose ici, aux États-Unis.
Nous avons également notre propre expert en poisons
et en analyse chimique, le docteur Muehlberger, direc-
teur adjoint du laboratoire et ancien toxicologue de
l'État du Wisconsin où, pendant sept ans, son travail
acharné à la suite d'autopsies a conduit à de nom-
breuses condamnations.
Actuellement, il travaille sur l'adaptation d'un
test chimique utilisé depuis un certain temps en
Angleterre. Les témoignages concernant le degré
d'ébriété ou la quantité d'alcool consommée par une
personne sont rarement satisfaisants, car d'une part les
versions des témoins diffèrent, et d'autre part la capa-
cité à tenir l'alcool varie grandement d'une personne à
l'autre. Avec le test chimique, lorsqu’une substance
bien précise est mélangée à un échantillon de sécrétion
rénale, le mélange change de couleur en fonction de la
quantité d'alcool dans le sang. Prenons deux hommes,
l’un qui devient ivre avec un seul verre et l’autre qui
peut descendre une pinte, tous deux auront la même
quantité d'alcool dans le sang, ce qui nous donnera un
indice précis de leur degré d'ivresse.
Avec notre détecteur de mensonges, nous déte-
nons un instrument qu’aucun service de police en
Europe ne possède pour l'instant, mais il faudra pour-
tant encore au moins une génération avant que la
science ne soit utilisée en Amérique de la même façon
qu'elle l'est aujourd'hui à Londres, Paris, Lyon,
Madrid, Vienne, Rome et dans tant d'autres villes, et
que les tribunaux et les législateurs ne reconnaissent la
validité de la preuve scientifique.
61
Extrait de Modern Mechanics, octobre 1930
Le verre
Étude de cas
Sciences Forensiques
62
conserver la forme d'un objet qui a frappé le
verre, contribuant ainsi à l'identification Des échardes de verre trouvées d’un côté ou
dudit objet. d’un autre d’une fenêtre peuvent également
révéler la direction de l’impact.
La manière dont se brise le verre apporte
également des indices sur le déroulé des Même le verre fondu peut fournir des
événements. Un verre brisé par une batte de preuves matérielles aux scientifiques. Les
baseball (lente et large) présentera un motif enquêteurs sur un incendie criminel peu-
différent d’un verre brisé par une balle vent déterminer la chaleur qu’a atteint le
(rapide et petite). feu s’ils connaissent la température de
fusion d’un certain type de verre, ce qui per- Le technicien peut procéder à l’examen
Sciences Forensiques
met de savoir si un accélérant a été utilisé, d’écriture et de signature, de machine à
et si oui, lequel. écrire, d’imprimante d’ordinateur, de pho-
tocopieur, analyser le papier et l’encre, et
Lors d’une collision automobile, du verre chercher des changements, oblitérations et
fondu qui adhère aux filaments des phares effacements. Il peut “reconstruire” un docu-
prouve que les feux du véhicule étaient allu- ment carbonisé, sali ou trempé, ou l’impres-
més au moment de la collision, démontrant, sion effacée sur un timbre.
par exemple, que le conducteur aurait dû
voir et éviter la victime dans une rue som- L’indice révélateur d’une écriture falsifiée
bre. est le fait que les mouvements perdent de
leur fluidité : très souvent, pour déguiser
son écriture, le criminel emploi l’inclinaison
Différenciation des verres inverse, la modification des lettres majus-
cules et l’usage de la mauvaise main.
Les fragments de verre prélevés sur un sus-
pect peuvent être comparés à des échan-
Une bonne façon de savoir si un document
Étude de cas
tillons de référence du verre brisé provenant
a été contrefait consiste à vérifier le style
de la scène de crime, en mesurant l’indice
d’écriture du début à la fin pour voir s’il
de réfraction du verre (le degré auquel le
demeure le même. Roland Molineux
En 1898, à New York, un assassin
verre “disperse” la lumière) et en procédant
envoya par courrier des médicaments
à des analyses chimiques.
empoisonnés à ses victimes.
La surface des fragments de verre peut éga- Botanique forensique
La première, Henry Barnett, mourut 12
jours après avoir avalé un médicament
lement être examinée au microscope afin
Temps nécessaire au prélèvement :
contre le mal de crâne. La seconde
d’identifier la méthode de fabrication du
victime, Catherine Adams, était une
au moins 1 h
verre et le type d'objet dont les fragments
“victime collatérale”. La véritable cible,
Temps nécessaire à l’analyse : plusieurs heures
Harry Cornish, son locataire, avait reçu
sont issus, par exemple du verre plat et du
Fiabilité : 70 à 95 %
un colis le 24 décembre contenant une
verre imprimé (vitres) ou du verre bombé
très jolie bouteille de “Bromo Seltzer”,
(verre ou bouteille). D'autres examens peu-
vent être effectués pour déterminer si le un médicament contre les douleurs
d’estomac. Considérant le cadeau
comme une plaisanterie amusante,
verre est du verre trempé (formant de petits
il avait gardé la bouteille. Lorsque
cubes lorsqu'il est cassé et que l'on trouve
généralement dans certaines fenêtres de sa logeuse s’était plainte des excès
culinaires des fêtes, Cornish lui avait
conseillé le Bromo. La pauvre dame
voiture et dans les vitrages de porte).
était morte en moins d’une demi-heure.
Le verre brisé peut également fournir d’au-
tres preuves cruciales aux enquêteurs car il La police retrouva du cyanure dans
le corps des deux victimes et repéra
rapidement un suspect : Roland
peut dévoiler des empreintes digitales, des
Molineux, 32 ans, playboy et champion
empreintes de semelle, voire du sang, des
cheveux ou des fibres, accrochés sur un bord de gymnastique, fils d’un général de
la Guerre de Sécession. Cornish et
Molineux se détestaient ouvertement
coupant.
au point que Molineux avait demandé
l’éviction de Cornish du club privé
auquel tous deux appartenaient,
le Knickerbocker Club. En réponse, le
Examen de documents conseil du club avait chassé Molineux.
Henry Batnett, quant à lui, était le
fiancé de Blanche Chesebrough,
La botanique forensique est l’application de
Temps nécessaire au prélèvement : 10 mn
que Molineux convoitait.
la science des plantes à la résolution de pro-
Temps nécessaire à l’analyse : plusieurs heures blèmes criminels. Très souvent des « traces
Molineux était chimiste et travaillait
Fiabilité : 70 à 95 % botaniques » peuvent lier un objet ou un
dans une usine de teinture lui donnant
accès à du cyanure.
suspect à une scène de crime tout comme
L’examen et la comparaison de documents des empreintes digitales.
La police arrêta le jeune homme et
permettent de déterminer leur origine, leur
demanda à des spécialistes de prouver
contenu et leur authenticité : lettres de sui- L’utilisation des preuves botaniques dans les
cide, de chantage, de menaces ou d’extor- que Molineux avait envoyé les médica-
ments empoisonnés aux deux victimes.
enquêtes criminelles est relativement
John Tyrrell et Albert Osborn, deux
sion, faux chèques ou faux testament, etc. récente. Le premier témoignage d’un expert
experts en étude de documents,
63
dans le domaine aux États-Unis date de
L’analyse peut ainsi déterminer la manière prouvèrent que l’écriture de Molineux
et celle présente sur les colis étaient
1935.
exactement semblables. Entre autres,
dont le document a été élaboré, par qui et
Molineux écrivait “fourty” au lieu de
quand, si une altération a été accomplie… La polynologie est l’étude des grains, des
spores et de microorganismes issus du pol- “forty” (“quarante”), erreur qu’il avait
Après que le document ait été examiné, on répétée sur le colis adressé à Harry
Cornish.
len fossile ou moderne. La principale appli-
peut découvrir des indices et des empreintes cation de la polynologie dans les sciences
Molineux fut condamné à la peine
invisibles à l’œil nu, grâce à des analyses légales est de fournir des preuves, d’établir
chimiques (DFO, ninhydrine, nitrate d’ar- ou de réfuter des liens entres les personnes, capitale.
gent) ou ultraviolettes. les endroits et les objets.
Sciences Forensiques
Étude de cas
Louisa Almadovar
Terry Almadovar eut la mauvaise idée
d’étrangler son épouse sur une colline
bien particulière de Central Park, à New
York. L’aurait-il assassinée ailleurs dans
le parc, peut-être même sur l’autre
versant de la colline, il aurait sans doute
échappé à la chaise électrique.
Lorsque le corps de Louisa fut décou-
vert le 2 novembre 1942, la police fut
convaincue que le meurtre avait été
commis par un maraudeur… ou par le
mari de la victime. Terry Almadovar
affirma qu’à l’heure du décès, fixé
d’après l’autopsie entre 21 h et 22 h la
veille, il se trouvait dans une salle de
bal située à plusieurs centaines de Pollen de plusieurs plantes
mètres de Central Park. Plus d’une
vingtaine de femmes témoignèrent de
sa présence, affirmant qu’il avait été là
Si l’on sait par exemple que telle plante pro- Les innombrables organismes microsco-
toute la soirée. La vérité ? Il s’était duisant tel pollen retrouvé sur un corps piques (les diatomées) présents dans les
éclipsé assez longtemps pour assassi-
ner sa femme, à qui il avait secrètement
pousse uniquement dans tel endroit de telle cours d’eaux peuvent être utiles pour diag-
proposé une rencontre dans le parc.
région et que le corps est retrouvé dans un nostiquer une noyade (surtout dans un
Sa maîtresse, une riche veuve, lui avait
endroit où cette plante ne pousse pas, on corps en décomposition), aider à estimer
proposé de l’épouser et Terry Almadovar peut affirmer que le corps a été transporté. l’heure de la mort (leur nombre s’accroît
devait se “débarrasser” de son épouse. avec le temps), relier le pantalon mouillé
La police saisit le costume
On peut trouver du pollen à étudier dans : d’un suspect à une rivière particulière, et si
qu’Almadovar portait ce soir-là et le • de la saleté, de la boue ou de la poussière elles ne sont pas présentes dans les pou-
confia au spécialiste forensique du
bureau du légiste, le docteur Gettler.
prélevée sur une personne ou un objet mons, on pourra penser que la victime a été
Ce dernier utilisa un spectrogramme
• les cheveux et la fourrure noyée dans une baignoire, puis jetée dans le
pour comparer la boue collée sur le
• les vêtements en tissu tissé, les sacs, les fleuve.
pantalon d’Almadovar et celle qui avait
été prélevée à l’endroit où le corps de
paniers et les cordes
Louisa avait été découvert. Elles étaient
• le matériel d’emballage (surtout la paille et La dendrochronologie permet de définir
similaires en tout point. Mais Almadovar
le carton) l’âge et la provenance du bois et peut être
affirma malgré tout qu’il ne s’était pas • les cadavres : les tissus mous de l’estomac utile, par exemple, pour dater un tableau (a
rendu à Central Park depuis au moins fortiori un faux) dont le cadre ou la surface
deux ans. Dr Gettler découvrit des épil-
et des intestins ou les sinus des crânes
lets (une herbe) dans le revers du pan-
• des marchandises importées/exportées, sont en bois.
talon. Ils correspondaient parfaitement
souvent pour vérifier le pays d’origine, par
aux épillets prélevés sur la scène du Les cellules de certains végétaux peuvent
crime. Almadovar insista : ils devaient
exemple le miel, le fruit, le thé, le café, le
provenir d’un autre endroit où il avait pu
tabac être employées pour identifier le dernier
se promener, peut-être du Tremont
• des objets antiques, pour en valider l’an- repas d’une victime : la poire, la pomme de
Park, dans le Bronx, où il s’était rendu cienneté et l’authenticité terre et d’autres tubercules, l’ananas, le
récemment. • les filtres à air, notamment pour détermi- citron, la betterave, les épinards, les céréales
Sciences Forensiques
Le sol est formé de “couches” ou “strates”, qui
l’analyse des sols ont chacune des propriétés caractéristiques
qui diffèrent les unes des autres. Les maté-
Des échantillons de sol sont souvent prélevés riaux qui constituent un type de sol détermi-
lors de la collecte de preuves matérielles sur nent les propriétés chimiques uniques de ce
une scène de crime. Ils peuvent être trouvés sol.
sur le suspect, sur ou autour de la victime,
dans les voitures ou sur les sols, sur les pneus Le principe fondamental de la stratigraphie
ou les semelles des chaussures… (l'étude des strates de roches sédimentaires)
est qu’une couche est dans la plupart des cas
Les sols sont produits par un processus com-
plus jeune que les couches situées en dessous
plexe influencé par des facteurs tels que la
et plus anciennes que les couches situées au-
température, les précipitations, les produits
dessus. Les implications de ce principe pour la
chimiques et les minéraux. Les sols peuvent
géologie forensique sont qu'une couche de
avoir différentes caractéristiques physiques et
boue déposée sur des chaussures ou une auto-
chimiques qui sont utiles pour les experts
Étude de cas
mobile est plus “jeune” que les couches situées
forensiques. Identifier la composition d’un sol
en dessous. Interpréter ces couches peut donc
peut fournir des indices sur l'endroit où un
permettre de reconstruire une chaîne d'événe-
crime a pu se produire, permettre de localiser
ments, tels que des déplacements à plusieurs Andreas Schlicher
En 1908, Georg Popp enquêta sur le
un lieu de sépulture et relier un suspect à une
endroits caractérisés par des sols de différents
meurtre de Margarethe Filbert, qui fut
scène de crime.
découverte dans un champ en Bavière.
types. Des couches de sol prélevés sur les
Les voisins désignèrent un homme
pneus de la voiture d’un suspect peuvent ainsi
dénommé Andreas Schlicher comme le
Des enquêteurs réels et fictionnels ont utilisé
prouver que ce dernier était présent à plu-
tueur potentiel. Schlicher nia avoir quoi
des prélèvements de “terre” pour identifier des
sieurs endroits tous reliés à un crime : devant
que ce soit à voir avec le crime et avoir
criminels depuis la fin du 19ème siècle. Entre
marché dans le champ où le meurtre
l’habitation de la victime, puis sur la scène de
1887 et 1896, Sir Arthur Conan Doyle a uti-
avait eu lieu. La police amena à Popp
crime, puis à l’endroit où il a abandonné le
une paire de chaussures appartenant à
lisé la géologie dans ses romans : Sherlock
corps.
Schlicher : la femme de Schlicher avait
Holmes a employé à plusieurs reprises la terre
et des échantillons de boue afin de relier un nettoyé ses chaussures la veille du
meurtre et il les avait portées unique-
ment le jour du meurtre. Les chaus-
suspect à une scène de crime.
L’examen du sol
sures étaient recouvertes de particules
Un Autrichien, le docteur Hans Gross, est le
de terre. Popp préleva des échantillons
premier scientifique forensique qui a mis en En utilisant un microscope, il est possible de
de sol provenant de la scène du crime
évidence la valeur de la terre comme preuve comparer la taille, la forme et la couleur d’un
sol, ainsi que la quantité et la qualité de (grès rouge) et de la zone entourant la
maison de Schlicher (fientes vertes),
matérielle dans son livre Enquête Criminelle
mais également d'un château voisin
publié en 1893. matière végétale et animale présente. Le sol
(poussière de brique, de charbon et de
peut également être identifié et comparé en
ciment) où des vêtements et des muni-
étudiant la densité, la teneur en eau, et la
tions appartenant à Schlicher avaient
Un enquêteur allemand, Georg Popp, est le
teneur en minéraux.
été trouvés.
premier scientifique forensique ayant réelle-
ment utilisé la géologie forensique pour
Quand il examina les chaussures du
résoudre un crime, en 1904. Durant une D'autres techniques utilisées par les géologues
forensiques sont issues de la pétrologie (la suspect, Popp releva trois différentes
couches de boue qui lui permirent de
enquête sur le meurtre d’une jeune femme, il
retracer la trame des déplacements de
examina un mouchoir laissé sur la scène de description et l'interprétation des types de
Schlicher, le jour du meurtre. La der-
crime et découvrit qu’il contenait de minus- roches). Les sols et les roches peuvent être dif-
nière couche provenait du sol près de
cules morceaux de charbon et des particules férenciés par la taille, la sphéricité, l’angularité
et la minéralogie des particules. la maison de Schlicher, la seconde
couche de la scène du crime et la pre-
de hornblende, un minéral verdâtre. Popp
mière couche du château. Andreas
découvrit les mêmes matériaux sous les ongles
Schlicher affirma avoir marché dans
de la victime. Il relia ses preuves matérielles à Des tests plus précis impliquent l'utilisation
son propre champ mais Georg Popp
de techniques spécifiques, telles que la dif-
démontra que la terre de son champ
un suspect qui travaillait dans une usine brû-
fractométrie de rayons X (qui produit un
(quartz blanc) était différente de celle
lant le charbon mais aussi dans une carrière
retrouvée sur ses chaussures.
qui contenait de la hornblende, Karl Laubach. motif spécifique selon la composition chi-
Il emporta le pantalon du suspect et y trouva mique de la terre).
de la terre, qu’il analysa et relia à la scène de
crime. Confronté à ces preuves, Karl Laubach Les experts peuvent ainsi déterminer précisé-
avoua. Les géologues forensiques, de nos ment la composition minérale du sol.
jours, peuvent :
65
• identifier des échantillons qui peuvent être
de la terre, de la peinture, de l’huile, de la
roche, des minéraux, des gemmes,
• déterminer l’origine du matériau,
• comparer les échantillons prélevés sur un
suspect ou sur une victime à ceux prélevés
sur la scène de crime,
• identifier l’emplacement de formations
rocheuses à partir d’une photo ou d’une
examen du sol
vidéo.
La spectrographie Son analyse peut alors conclure :
Sciences Forensiques
Étude de cas
Après deux années de recherche impliquant nal et s'il a été altéré, de manière malveil-
les spectrogrammes de 50 000 voix, lante ou accidentelle. Cette tâche néces-
Lawrence Kersta conclut que la voix de site des compétences très spécialisées et de
L’affaire du Watergate
Le 17 juin 1972, des “cambrioleurs”
chaque individu produit un spectrogramme l'équipement.
furent arrêtés au Watergate Hotel,
• Améliorer le son : Les experts doivent
dans les bureaux du Comité national
sonore unique. Il affirma que la spectrogra-
souvent améliorer le son d’un enregistre-
démocrate. Le 13 juillet 1973,
phie sonore pouvait être utilisée pour diffé-
un informateur expliqua à des journa-
rencier la voix d'une personne par rapport à ment utilisé comme preuve (à charge ou à
listes que les soi-disant cambrioleurs une autre avec une précision supérieure à décharge) lors d’un procès. L'amélioration
étaient en fait employés par le président du son est un processus qui implique de
Richard Nixon, dans le but d’espionner
99 %. Il expliqua également que, lorsque des
ses rivaux politiques. Nixon, en retour,
imitateurs professionnels furent invités à nettoyer un enregistrement des bruits
affirma que le FBI était impliqué
imiter les voix d’autres personnes, il put indésirables, et qui serait sans cela inintel-
dans le cambriolage. facilement différencier les voix originales ligible. Les spécialistes en acoustique
Sciences Forensiques
En science médico-légale, les tests pré-
somptifs sont les examens de substances
inconnues, généralement sur une scène de
crime, réalisés afin de déterminer la pré-
sence ou l’absence de substances telles que
le sang, la drogue, les explosifs, les résidus
de tir ou le sperme.
Ces tests impliquent l’utilisation de pro-
duits chimiques qui provoquent le change-
ment de couleur d’un marqueur, indiquant
par là même la présence de la substance. On
parle également de tests de couleur ou de
tests de dépistage.
Les tests présomptifs ne sont pas définitifs
et doivent être suivis d’analyses plus pous-
sées en laboratoire, pour confirmer les
résultats des tests.
Les tests les plus communs sont listés dans
le tableau ci-dessous :
Drogue Thiocyanate de cobalt : Cocaïne. Si de la cocaïne est présente, la mixture devient bleue.
Test de Dillie-Koppanyi : Barbituriques. Si des barbituriques sont présents, la solution devient
rouge pourpre. Ce test existe depuis les années 1930.
Test Duquenois-Levine : Haschisch et marijuana. La mixture devient pourpre.
Test d’Ehrlich : LSD et autres ergots alcaloïdes. Les résultats positifs sont indiqués par une couleur bleue violette.
Chlorure de fer : Morphine. La solution devient verte.
Test de Marquis
Amphétamines = orange foncé - Opiacés, Codéine et Morphine = pourpre
Mescaline = rouge orangé - Méthadone = jaune rosé
Acide nitrique
Héroïne = jaune verdâtre - Morphine = rouge puis jaune
Test de Vitali
L’un des premiers tests des alcaloïdes (19ème siècle)
LSD = pourpre foncé - Mescaline = marron rougeâtre - Héroïne et morphine = jaune
Métaux lourds Test de Reinsch : Dissoudre le fluide ou le tissu avec de l’acide chlorhydrique puis ajouter un morceau de cuivre.
Mercure = le cuivre devient argenté - Antimoine, arsenic, sélénium et thallium = le cuivre devient gris foncé.
Les résultats doivent être confirmés par spectroscopie ou diffractométrie de rayons X.
Résidus de tir Nitrate cutané - paraffine : La mixture devient bleue. Ce test, créé en 1933, n’est plus utilisé de nos jours en raison
des faux positifs provoqués par d’autres substances telles que le tabac, l’urine, les engrais et les produits de beauté.
Diphénylamine : Les nitrates présents dans les résidus de tir produisent une couleur bleue.
Ce test n’est plus utilisé de nos jours en raison des faux positifs provoqués par d’autres substances telles que le tabac,
l’urine, les engrais et les produits de beauté.
Test de Griess : La mixture devient rouge, et son éclat indique approximativement la quantité de résidus présents.
Test de Walker : Résidus de tir sur les vêtements. Les résidus deviennent rouge orangé.
Sang Benzidine : L’hémoglobine rend le liquide bleu. Créée en 1904, cette méthode n’est plus utilisée
de nos jours car la benzidine a été classée cancérigène.
Fluorescéine : Cet agent rend fluorescent (jaune) le sang invisible (nettoyé, par exemple) lorsqu’il est exposé
à la lumière ultraviolette. 67
Gaïac : L’un des premiers tests de présence du sang (19ème siècle). La tache devient bleu foncé en présence d’hémoglobine.
Cette méthode est nettement moins utilisée de nos jours car elle provoque des faux positifs.
Test de Kastel Meyer : L’hémoglobine devient rose brillant lorsqu’elle est traitée avec la solution. Ce test peut provoquer
des faux positifs en présence de cuir et de certains légumes (raifort, chou-fleur, brocoli…).
Vert de malachite : Moins utilisé que le test de Kastel Meyer ou le luminol car les composés sont plus complexes à obtenir.
Les protéines du sang deviennent vertes lorsqu’elles sont traitées avec ce mélange.
Luminol : Le célèbre luminol rend les taches de sang fluorescentes lorsqu'elles sont exposées à la lumière ultraviolette.
C’est le test de recherche de sang le plus utilisé de nos jours.
Les Vrais Enquêteurs
en remontrent à
Sherlock Holmes
Un nouveau genre d’enquêteurs jaillit des pages
de romans pour combattre les criminels
modernes.
Ils chassent le gros gibier de la pègre grâce à
Il s’agit du premier article
d’une série qui décrit com-
ment les avancées de la
Par
EDWIN W.
TEALE
68
En entrant sur le lieu de travail fascinant de ces assassinées, couverts de sang bruni, comme s’il
enquêteurs scientifiques, vous vous trouverez s’agissait de taches de vernis. Chaque objet de cet
dans un labyrinthe de salles adjacentes et de cou- étrange musée raconte une histoire de crime et de
loirs. Au centre, entouré de laboratoires de chi- violence à vous hérisser les poils. Chaque vitrine
mie, de laboratoires photographiques, et de salles rappelle une douzaine d’histoires ayant défrayé la
d’expérience en tous genres, se trouve un audito- chronique.
rium. Là, des rangées de chaises et un tableau noir Juste après cette salle se trouve une bibliothèque.
accompagné d’un écran de projection monté sur Les livres sur les enquêtes criminelles remontent
roulettes font penser à une salle de classe ordi- aux années 1689. Le mensuel Popular Science et
naire. Mais la cinquantaine de grandes vitrines qui plus d’une douzaine d’autres publications sont
orne les murs rappelle la dure réalité pour laquelle archivés, ainsi que des volumes traitant de nom-
les étudiants se préparent. Elles contiennent les breux sujets. Il faut dire que presque tous les
armes trouvées chez des gangsters reconnus, de aspects pratiques de la science sont utilisés par les
nombreuses empreintes digitales ou de pneus, des enquêteurs modernes : chimie, physique, bacté-
exemples d’écriture manuscrite ou dactylogra- riologie, métallurgie, balistique, toxicologie, la
phiée, tous ayant permis de résoudre des crimes liste est longue. Souvent des sujets qui semblent
mystérieux. L’une des vitrines est surnommée fort éloignés du métier d’enquêteur viennent
la malle aux ananas. Elle contient des aider des policiers médusés.
fusées brûlées, des éclats de bombes Prenons l’entomologie, qui est l’étude des insectes
ayant explosé, les résidus d’infer- et de leurs habitudes. Elle semble n’offrir que peu
naux engins mortels. Une autre d’avantages aux enquêteurs. Pourtant, dans une
vitrine contient des vêtements douzaine d’affaires, elle a joué un rôle primordial.
portés par des victimes Dans un cas, elle a même permis d’identifier le
coupable, qui se croyait sauf, des semaines après temps dans une cave sombre où de la bière
que le crime eut été commis. était brassée.
C’était le fameux meurtre de la microbrasserie Après avoir établi une liste de toutes les per-
qui, il y a plusieurs années, a retenu l’attention sonnes ayant un mobile pour le meurtre, l’en-
dans le monde entier quand un minuscule coléop- quêteur est allé fouiller leurs caves. En préle-
tère aveugle a mené les enquêteurs jusqu’au meur- vant un échantillon sur le mur de l’une des
trier. caves, il a trouvé un grand nombre de coléop-
La victime a été découverte dans les hautes herbes tères aveugles. Non loin de l’équipement de
d’un terrain vague. Il était évident que le corps brasserie, il a aussi découvert une tache som-
était là depuis un certain temps et le tueur ne sem- bre. Une analyse en laboratoire a démontré
qu’il s’agissait de sang. Face aux preuves, le
blait avoir laissé aucun indice. Après avoir soi-
suspect a avoué le meurtre et le mystère a été
gneusement placé les vêtements de la victime
résolu. En examinant la tache pour savoir s’il
dans un sac en papier, un enquêteur du labora-
s’agissait de sang humain, une toute nou-
toire scientifique a battu le sac avec une badine en
velle méthode a été découverte. Les scien-
saule jusqu’à ce que la poussière contenue dans les tifiques de l’Institut Carnegie de
vêtements soit transférée dans le fond du sac. Washington ont découvert que les
En examinant soigneusement la poussière au cristaux d’hémoglobine, qui for-
microscope, il a trouvé deux éléments intéres- ment les globules rouges, ont
sants. Le premier était un minuscule coléoptère une forme particulière chez
aveugle qui ne se trouve que dans les caves som- les humains, ce qui permet
bres. Le second était des spores de la levure ser- de les identifier.
vant à fabriquer la bière. Cela lui a permis de Une autre méthode
conclure que le corps avait été gardé un certain d’analyse ayant
cours au laboratoire
de chimie a été raffinée
par le docteur L. Hektoen,
de l’Institut McCormick de
Chicago. Cette méthode lui per-
met de détecter les solutions de
sang humain dans des solutions qui
ne contiennent qu’une part d’hémoglo-
bine pour cinquante mille parts d’eau.
Lors d’une affaire, il a pu récupérer de
minuscules gouttelettes de sang sur un sol qui
avait pourtant été soigneusement lavé après un
meurtre et ainsi déterminer la présence de sang
humain !
Les laboratoires de chimie viennent en aide aux
enquêteurs de dizaines d’autres manières dans leur
lutte contre le crime moderne. Lors d’un vol à New
York, voilà environ un an, les cambrioleurs sont
entrés en limant une serrure. Un suspect a été
appréhendé par la police. Son alibi semblait solide
jusqu’à ce que les experts analysent la poussière
trouvée dans le revers de son pantalon, qui conte-
nait de petites particules aussi brillantes que l’or.
Une analyse chimique a révélé que ces particules de
métal étaient composées du même alliage que la
serrure limée. La poussière et les éclats microsco-
piques sont toujours analysés par des experts en la
matière. Lors d’une enquête, la poussière retrouvée
sur une paire de chaussures a été analysée durant
quinze heures en laboratoire. Les preuves ainsi
trouvées ont mené à une condamnation.
Sur la côte Ouest, il y a quelques années, la fameuse
attaque du train par les frères d’Autremont a été
élucidée grâce à la poussière trouvée dans la salo-
pette jetée par le bandit en fuite. La poussière pro-
venait d’un sol d’une coloration particulière et a
permis aux enquêteurs de savoir que le voleur pro-
venait d’un quartier précis d’une certaine ville.
En France, Edmond Locard, le célèbre enquêteur de
la brigade scientifique de Lyon, a recensé des cen-
taines de poussières communes et a trouvé des tests
70
15
71
Extrait de Popular Science Monthly, août 1931
Examiner
Sciences Forensiques
Mais selon l’endroit où le corps est découvert, l’enquête ne se mène pas de la même
manière.
Sciences Forensiques
des traces de chaussures indique-t-elle
que le porteur était plus chargé à l’aller
qu’au retour ?
• Le corps a-t-il été traîné ? Y a-t-il des
traces de traction ou de végétation abî-
mée, telle de l’herbe écrasée ou des brin-
dilles brisées ?
• La victime est-elle habillée ?
• Le corps était-il emballé dans quoi que ce
soit pour le cacher ?
• Une arme du crime est-elle présente ?
Elle peut avoir été déposée avec le corps.
En creusant la “tombe”, le tueur aura déra-
Les experts doivent également tenter d’éva- ciné la végétation existante, laissant une
luer le laps de temps écoulé depuis du dépôt zone de terrain défriché. La nouvelle terre
du corps grâce : sera couverte de nouvelles pousses, ou le
• au feuillage sur le corps (jeune, desséché, tueur pourra avoir endommagé les racines
datant de l’été dernier, etc.), des plantes, les faisant mourir.
• à la croissance des plantes autour du • Des amoncellements de branches et/ ou
corps, broussailles mortes. Le tueur a pu vouloir
• aux odeurs présentes ou absentes du cacher le corps sous des végétaux et des
corps, feuilles.
• aux activités des insectes et des animaux, • Des monticules de terre ou des creux dans
• à l’état des vêtements et des accessoires sur la surface du sol.
et à côté du corps. • La présence de mouches se posant sur le
sol peut indiquer la présence de matière
organique en décomposition à faible pro-
fondeur.
73
volonté de cacher ses actes. Le tueur ne veut et il y a beaucoup moins d’insectes. De plus,
pas que le cadavre soit découvert et s’attend si le corps a été enveloppé dans un matériau
à rester impuni. “inerte” (synthétique, qui ne pourrit pas), tel
que du plastique, le corps sera encore mieux
Afin de découvrir un corps enterré, il faut préservé.
rechercher plusieurs indices spécifiques
pouvant mener au site d’enfouissement : Si la tombe est “fraîche”, il est parfois pos-
• Un endroit dénué de végétation, à la végé- sible de déterminer, en examinant les parois
tation mourante ou, au contraire, plus de la tombe, quel outil le tueur a utilisé pour
“jeune” qu’aux alentours. creuser.
Avant de creuser, les enquêteurs doivent En calculant l’heure de la mort et la vitesse
Sciences Forensiques
chercher des preuves matérielles sur le sol. du courant, on peut estimer l’endroit d’ori-
Tout objet retrouvé sur le sol ou dans la gine où le corps est entré dans l’eau. Mais
tombe (pièce de monnaie, bijoux…) ou calculer la vitesse d’un fleuve ou de la mer
enveloppant le corps (papier journal, bâche est si complexe que même un ordinateur ne
plastique…) doit être traité avec précau- pourra être parfaitement précis. Seules des
tions car il peut être possible d’y retrouver estimations sont possibles.
des empreintes.
Lorsqu’un corps est découvert dans l’eau ou
Lorsque le corps est finalement découvert, sur des rives, les experts doivent se deman-
les experts doivent prendre de grandes pré- der :
cautions en enlevant la terre qui entoure le • Y a-t-il du courant et quelle est sa force ?
corps. Ce dernier doit être soigneusement • Dans quel sens coule-t-il ?
remonté puis placé sur un drap blanc pour • Le cours d’eau est-il facilement accessi-
être transporté. ble ? Y a-t-il un endroit proche d’où le
corps aurait pu être jeté ? (pont, écluse,
Lorsque le corps a été emporté, la terre au falaise…)
fond de la tombe doit être dégagée pour • Y a-t-il des rochers, des bateaux, des obs-
rechercher des indices supplémentaires : des tacles alentour ?
Étude de cas
objets appartenant à la victime (et pouvant • Quelle est la faune aquatique ? (requins,
permettre de l’identifier) ou appartenant au brochets…)
Les diatomées peuvent également lier
tueur. Si la police soupçonne qu’un tir • Quelle est la faune terrestre ? (crabes,
un suspect à un corps proche de l’eau, d’arme à feu puisse être la cause de la mort,
sans que ce dernier ne se soit noyé.
rats…)
un examen de la tombe avec un détecteur
En juillet 1991, deux jeunes garçons
de métaux peut permettre de retrouver une
pêchaient au bord d’un étang lorsque
balle.
Évaluer le moment
trois agresseurs les menacèrent avec
un couteau. Ils les attachèrent et les de la mort
tabassèrent avec une batte de baseball,
puis les abandonnèrent dans l’étang Un corps dans l’eau Lorsqu’un corps mort est immergé dans
pour qu’ils s’y noient. Miraculeusement,
l’un des deux garçons parvint à se
l’eau, il coule vers le fond car il est plus lourd
libérer et sauva son ami, puis appela à
Un corps jeté dans l’eau est source de confu- que l’eau. Il atteint souvent le fond des eaux,
l’aide. Les deux garçons identifièrent
sion. Souvent, une partie du corps a été plus calmes, où il reste un moment avant de
leurs agresseurs et la police arrêta exposée à l'air et l’autre partie à l'eau. De
rapidement trois suspects,
remonter lorsque son corps devient plus
qui nièrent la moindre implication dans
même, l'activité des insectes et des animaux léger : la putréfaction crée des gaz et fait
les deux tentatives de meurtre.
peut changer si le corps se déplace, s’il s’en- flotter le corps à la surface.
Mais l’examen de leurs chaussures
fonce dans l’eau ou s’il est poussé par le cou-
couvertes de boue permit de découvrir rant. Il y a souvent un certain niveau de pré- Dans l'eau de mer, forte en sel, le corps
des diatomées et des algues similaires
à celles présentes dans l’étang et sur
méditation lorsqu’un cadavre est immergé remonte rapidement : entre 3 et 7 jours.
les vêtements des deux victimes.
dans une rivière ou dans la mer, car dans de Dans l’eau douce, un corps peut rester
nombreux cas, cela indique un meurtrier immergé entre 20 jours à 1 mois.
Confrontés à ces preuves, les trois
suspects avouèrent.
qui tente de dissimuler un meurtre. À
moins que le corps ne soit lesté, déterminer Un corps exposé à l’eau se décompose envi-
le point d’entrée du cadavre dans l’eau sera ron deux fois moins rapidement qu’un
très difficile à déterminer. corps à l’air libre. Mais si l’eau est chaude ou
polluée, si le corps réside dans un marais ou
Les lacs et les étangs, cependant, peuvent une eau stagnante, la décomposition est par
avoir des points d'accès limités à l'eau et contre nettement plus rapide.
subir nettement moins de courants. Si le
corps est découvert dans un fleuve ou dans Un cadavre qui porte des vêtements se
la mer, les courants peuvent l’avoir emporté décompose moins rapidement qu’un corps
à des kilomètres du lieu où il a été aban- en simple maillot de bain et offre moins
donné par son assassin. d’accès aux éventuels prédateurs marins.
74
quelques jours, ralentissant le processus de
décomposition, puis s’est échoué sur les
rives, moment à partir duquel la putréfac-
tion s’accélère.
Sciences Forensiques
présente autour des lèvres et des narines
du noyé. Elle apparaît 2 à 3 heures après le
retrait du corps de l'eau puis disparaît avec
le début de la putréfaction. À l'air libre, la
spume devient un liquide brunâtre.
• Langue protubérante : un noyé convulse
et se mord souvent la langue, de manière
instinctive.
• Yeux exorbités.
78
Sciences Forensiques
trouvé là où la concentration de fragments lose, les mélanges à base de fuel, d’engrais...
de l’engin explosif sera la plus élevée dans
les murs et le plafond. En examinant la tra- • Les explosifs “brisants” sont beaucoup
jectoire des débris et de la fragmentation, le plus dangereux, ayant un effet nettement
cœur de l’explosion peut être déterminé. plus destructeur et une vélocité comprise
entre 100 et 8 500 mètres par seconde. Le
Tous les fragments doivent être collectés souffle peut atteindre jusqu'à 9 000 mètres
afin de s’assurer que la bombe pourra être par seconde. Une petite charge d’explosif
reconstruite. Les composants recherchés brisant posée sur un mur va endommager
sur la scène de crime sont le détonateur, des ou détruire le mur. Les explosifs brisants
rubans, des fils, des minuteries, des inter- peuvent être “primaires” ou “secondaires”.
rupteurs et des batteries. Une fois que tous
les composants présents ont été recueillis, Les explosifs primaires sont très sensibles
les experts peuvent être en mesure d'établir (la nitroglycérine). Les explosifs secon-
quel genre de dispositif explosif a été uti- daires sont assez peu sensibles (le PETN,
lisé, comment il a été construit et de quelle un des composants utilisés dans la fabrica-
façon la bombe a été déclenchée. tion du Semtex, le C4 et la TNT).
Certaines organisations terroristes sont Une variété d'explosifs est couramment uti-
connues pour utiliser un type spécifique lisée. Leur construction et leurs méca-
d'explosif. Le Semtex, par exemple, est nismes sont spécifiques à leur utilisation :
“l’explosif préféré” des groupes terroristes
du Moyen-Orient et de l’IRA. Une enquête • Bombe tuyau (“Pipe bomb”) : De
peut être menée sur les récents achats de construction simple, elle est généralement
certaines substances. Cependant, les maté- constituée d'un court tuyau dont les deux
riaux utilisés dans les bombes sont souvent extrémités sont scellées. Une extrémité est
volés ou passés en contrebande dans le pays, percée et le détonateur inséré, et des
de sorte que les composants peuvent être explosifs sont placés à l’intérieur.
plus difficiles à retracer. Certaines parties de cette bombe “survi-
vent” généralement à l'explosion et peu-
Souvent, le poseur de bombe prévient de vent conserver des preuves telles que les
l’existence de la bombe, ou revendique la empreintes digitales et les détails du fabri-
responsabilité de l’explosion après-coup, cant.
donnant aux enquêteurs une idée de qui et
à quoi ils ont affaire. Les bombes sont avant • Voiture piégée : Les bombes sont placées
tout une arme de terreur, leur utilisation est à l'intérieur des véhicules qui sont soit
conçue pour distiller la peur dans la popu- laissés devant le bâtiment cible sans per-
lation. Les bombes sont d’ailleurs souvent sonne à l’intérieur, soit jetés par le
utilisées comme un moyen de faire passer conducteur sur la cible. Elles sont souvent
un message par celui ou ceux qui les posent. la cause de grandes destructions. Il est
généralement possible d’identifier la
La construction d’une bombe peut se révé- marque et le modèle du véhicule utilisé et
ler assez simple, certaines ne nécessitant peut-être même son propriétaire.
qu’un retardateur ou une télécommande
pour créer l’étincelle initiale qui déclenche • Lettre et colis piégés : Ils contiennent
l’explosion. généralement une petite quantité d’explo-
sifs de grande puissance. De telles bombes
Selon les réactifs chimiques utilisés, la force permettent souvent de retrouver des
d'une bombe peut varier considérablement, preuves car le dispositif provoque rare-
ment des incendies.
certaines n’ayant qu’une faible puissance,
d'autres causant une destruction massive.
• Mines : Ce sont des appareils dissimulés
contenant des explosifs, couramment uti-
lisés par les militaires. Les mines sont sou-
Les explosifs vent cachées et explosent lors d'un
79
Il existe deux types d'explosifs : contact. On retrouve souvent des indices à
• Les explosifs “déflagrants” se caractéri- partir de l'appareil.
sent par leur capacité à brûler de la même
manière que tout autre matériau combus-
tible le ferait. Ils exercent une pression
lorsque l'explosion se produit dans les
directions de moindre résistance. Une
petite charge d’explosif déflagrant posée
sur un mur ne va pas détruire le mur mais
tout ce qui sera à l’opposé du mur.
L E S I M A GE S
CON T I E N N E N T
Des
d ice s
In
80
Par
GROVER C. MUELLER
qué une chose étrange sur le cliché. Les licule avait révélé une tache de sang invisible
rebords estompés d’une tache étaient encore sur un tapis. En examinant la pièce où les
visibles sur la chemise fraîchement lavée que enquêteurs pensaient qu’un meurtre avait été
l’homme portait. Interrogé à ce sujet, le sus- commis, ils ont pris plusieurs clichés sous dif-
pect a été vague et a fait des déclarations férents angles, pour leur dossier. En étudiant
dans le journal d’une ville voisine, à peine contradictoires, avant de craquer. Au cours les photos, ils ont vu les contours de la tache.
douze heures avant l’explosion. Cet indice a de son combat avec la victime, sa chemise a Bien que le tapis ait été lavé soigneusement,
mené directement à un homme avec lequel le été tachée de sang. Il l’avait lavée, mais la la décoloration était visible à la photogra-
marchand avait eu des différends : le décoloration, invisible à l’œil nu, avait été phie.
concierge d’une école de cette ville. enregistrée par la pellicule panchromatique Les pellicules, aussi sensibles au rouge qu’aux
Confronté par les enquêteurs, l’homme a hypersensible de l’appareil photo. autres couleurs, sont une bénédiction pour
confessé son crime. Dans une autre affaire, le même genre de pel- les enquêteurs. Les anciennes pellicules ne
Cet exemple surprenant n’est que l’un parmi
les nombreuses affaires où la photographie a Les appareils photos
joué un rôle primordial dans la résolution mettent à jour plu-
d’enquêtes importantes. Les brigades scienti- sieurs tentatives de
fraude à l’assurance.
fiques actuelles dépendent de plus en plus de Dans un cas typique,
l’œil rond et brillant des appareils photos un homme a reçu une
pour débusquer des indices cachés. Les compensation pour
enquêteurs comptent sur la photographie et une blessure qui,
selon lui, l’empêchait
utilisent tout, des films en couleur aux appa- de plier le bras.
reils photos miniatures, des agrandissements L’assurance a dû
aux simples clichés, pour pister et faire payer, jusqu’à ce
condamner les coupables. qu’un enquêteur
prenne une photo de
Voilà quelques jours encore, à New York, un l’homme, qui travail-
appareil photo qui a « vu » une chose invisible lait dans son jardin.
à l’œil a permis de faire condamner un meur-
trier. Une semaine auparavant, les voitures
munies de radio s’étaient ruées vers une
taverne pour répondre à un appel d’urgence.
Les policiers ont trouvé un homme mort d’un
coup de couteau, mais le coupable s’était
échappé. Lorsqu’un suspect a été interrogé au
commissariat, une semaine plus tard, la per-
sonne qui venait de le photographier a remar-
81
Les Images Contiennent des Indices
percevaient pas le rouge. Récemment, une tions de la photographie est le recueil d’im-
nouvelle émulsion photographique, quatre posants albums, contenant des centaines de
fois plus rapide que l’ancienne, a été mise en photos de pickpockets connus et d’autres cri-
marché. Grâce à ces pellicules et aux lentilles minels notoires qui suivent les foires et
maintenant disponibles, un enquêteur peut autres expositions. En se familiarisant avec
prendre des photos parfaitement exposées, les visages de ces malfrats, la police locale
même sous la pluie, la nuit ou dans une pièce d’une ville où se tient une foire ou une expo-
mal éclairée. Cela augmente ses chances d’at- sition devrait pouvoir accroître ses chances
traper son coupable. d’arrêter les criminels avant qu’ils ne pas-
Les récents films en couleur aident aussi à sent aux actes.
faire condamner les coupables. Récemment, Coincer ceux qui voudraient frauder leurs
des jurés assistaient au procès d’une affaire assureurs est une autre possibilité offerte par
où une enfant avait été atrocement battue. La les appareils photos, comme le montre cet
condamnation a été rapide dès que les films exemple.
couleur ont été admis en preuve. Ils révé- Au Maryland, un maçon a souscrit à une
laient la décoloration sur la peau, aux généreuse police en cas d’accident. Quelques
endroits où la petite fille avait été frappée à semaines plus tard, il rapportait avoir fait
répétition. une mauvaise chute et s’être blessé si grave-
Mais la photographie est aussi prompte à libé- ment au bras droit qu’il ne pouvait plus tra-
rer les innocents qu’à condamner les coupa- vailler. Les médecins de la compagnie d’assu-
bles, comme le prouve cet exemple frappant rance n’ont rien constaté, hormis quelques
qui nous vient de la côte Ouest. contusions mineures. Cependant, l’ouvrier
Une femme était accusée du meurtre de son prétendait ne pas pouvoir plier le coude sans
mari. Elle prétendait qu’il était arrivé ivre douleur et exigeait un dédommagement.
mort à la maison et l’avait menacée avec un C’est alors qu’un enquêteur, embauché par
pistolet. Durant leur combat sur la pelouse la compagnie d’assurance, a pris son appareil
devant la maison, elle jurait que le coup était photo pour se rendre dans la ville où vivait le
parti seul et que l’homme avait été tué. maçon. Durant des jours, il a suivi l’ouvrier
Cependant, le procureur affirmait qu’elle avec son appareil caché dans une petite mal-
l’avait tué alors qu’il rentrait, tirant depuis lette de transport. En public, le bras du
l’intérieur de la maison, à travers une mousti- maçon était toujours aussi rigide qu’une
quaire. Il s’agissait alors de confirmer ou d’in- barre d’acier. Par contre, tôt un dimanche
firmer cette prétention. matin, l’homme blessé s’est rendu dans son
Le procès a atteint son apogée lorsque l’avo- jardin avec un lourd marteau et a commencé
cat de la défense a donné aux jurés une pile de à enfoncer des tuteurs pour ses haricots, sans
photographies. Il s’agissait de photos de savoir qu’un appareil photo immortalisait
balles. Toutes, sauf une, portaient des son travail, alors qu’il pliait son coude droit
marques qui s’entrecroisaient. À chaque fois, sans effort en levant son marteau. Les photo-
les balles avaient été tirées à travers une graphies écrasèrent dans l’œuf sa tentative
moustiquaire dans une planche de chêne. de fraude et permirent à la compagnie d’as-
Bien que le bois soit plus dur qu’un corps, les surance d’épargner des centaines de dollars.
balles portaient toutes la marque de la mous- Les lentilles photographiques, qui permet-
tiquaire. Pourtant, la photographie de la balle tent de prendre des photos à distance, ont été
fatale ne portait aucune marque. L’appareil utilisées avec succès dans plusieurs affaires.
photo, plus que des heures de palabres, avait Elles permettent de prendre des images en
prouvé que la balle qui avait tué la victime gros plan depuis une cachette éloignée.
n’avait pas été tirée à travers une mousti- Même les appareils aériens, qui photogra-
quaire. Le procureur n’avait plus de dossier et phient la terre depuis le ciel, aident la guerre
la femme a été libérée. scientifique contre le crime. Voilà quelques
La balistique judiciaire, ou l’art de relier une mois, un avion aux ailes argentées parcou-
balle à l’arme qui l’a tirée, repose sur l’ana- rait la baie de Long Island pendant qu’un
lyse de photos au microscope. Les appareils appareil photo prenait cliché sur cliché.
photos enregistrent de bien des manières les L’avion prenait des photos de la baie, en
trouvailles des différentes sciences appli- quête d’indices dans une affaire d’enlève-
quées à la criminologie. Ils photographient ment. Les négatifs percevaient de nombreux
les empreintes digitales, les cicatrices et les objets se trouvant à plusieurs dizaines de
blessures, la position des empreintes de pas, centimètres sous l’eau. Bien que les photos
les marques de morsure, les faux, les docu- aériennes n’aient pas permis de trouver le
ments contrefaits et toute autre preuve qui corps de la victime, cette procédure inhabi-
permettra de résoudre un crime. tuelle a ouvert de nouvelles possibilités pour
Dernièrement, les journalistes ont aidé à de telles recherches. Les photographies
identifier des émeutiers et des appareils pho- prises en altitude révèlent souvent des
tos ont permis de repérer les personnes allant indices utiles invisibles depuis le sol.
voter deux fois. L’une des dernières applica- Parfois, la chance autant que la réflexion
82
Les Images Contiennent
des Indices
joue un rôle dans la résolution d’un crime
grâce aux photographies. Dernièrement, alors
qu’un policier faisait sa ronde dans le parc
d’une grande ville de la côte Est, il a décou-
vert le corps d’une fille sur un banc, le bras
pendant mollement, un revolver posé au sol
sous sa main inerte. Cela avait toutes les
apparences d’un cas classique de suicide.
L’affaire fut traitée comme un suicide jusqu’à
ce que le photographe développe les photos
prises sur place. Dans les rayons inclinés du
soleil levant, la rosée matinale était claire-
ment visible sur le banc. À côté de la fille, des
traces laissées dans la rosée démontraient
sans l’ombre d’un doute que quelqu’un avait
été assis là quelques instants avant l’arrivée
du policier. Les enquêteurs ont délaissé la
thèse du suicide et ont enquêté sur l’entou-
rage de la fille. Le meurtrier a ainsi pu être
identifié, capturé et jugé.
À Rio de Janeiro, un Anglais a été accusé du
meurtre d’un Brésilien qu’il connaissait et
avec lequel il s’était violemment disputé
quelques jours plus tôt. Le jour du décès de la
victime, leur différend semblait être résolu et
tous deux étaient partis faire de la voile. Au
retour du bateau, le Brésilien était mort.
L’Anglais affirmait qu’il s’était tué en tom-
bant du mât.
Cependant, la police a remarqué qu’une
lourde rame, un équipement standard, était
manquante. Les experts médicaux ont témoi-
gné que le décès était dû à un coup à la tête,
qui pouvait avoir été porté par la rame. Les
détails de la querelle ont été évoqués au tribu-
nal et les carottes semblaient cuites pour
l’Anglais, jusqu’à ce que son avocat dépose
l’une des pièces les plus remarquables à ce
jour. Il s’agissait d’un agrandissement d’une
photo prise par un touriste.
Le jour du décès du Brésilien, un bateau de
croisière s’était rendu au port de Rio. L’un des
passagers, impressionné par la vue, a pris une
photo. Lorsque le film a été développé et
agrandi, il contenait une preuve infaillible
que l’histoire de l’Anglais était vraie, ce qui
lui a permis d’être acquitté. La photo révélait
une tache sombre sur la voile du bateau qui,
par chance, se trouvait à portée de l’appareil
photo. L’agrandissement a démontré que la
tache sombre était le corps d’un homme qui
tombait du mât, en passant devant la voile
blanche du bateau !
Ainsi, que ce soit accidentel ou volontaire, les
appareils photos jouent un rôle vital dans
l’administration de la justice. C’est une nou-
velle arme puissante aux mains de la police,
qui sert toujours plus chaque mois, une arme
que les criminels ne savent pas comment
combattre. Chaque criminel contraint de
cacher son visage à l’œil perçant des appareils
photos en reconnaît la valeur.
M ini exemple
d’enquête
les
preuves physiques révèle
femme sur le sol de son salon. L’examen des
corps d’une
La police a découvert le
vantes :
informations sui
n
rc he forensique .............................. Conclusio
Reche est entré par la porte
Le tueur
Empreintes découvertes.
empreintes
Vérifier si l’on trouve des et sorti par une fenêtre.
tes et des fenêtres
sur les poignées des por
de la pièce. nd.
, le tueur doit être assez gra
D’après la taille de semelle
ensanglantées sur l’appui
Examiner les traces de pas
de fenêtre.
un criminel connu,
Elles n’appartiennent à auc ire.
Vérifier les empreintes dig
itales dans la base posséder de casier judicia
le tueur ne doit donc pas
de données.
ent en jeans. Les taches
L’assassin portait un vêtem ement
Prélever des fibres sous les
ongles de la victime. fibres indiquent que le vêt
d’huile présentes sur les
était probablement sale.
re pour cheveux à base
Le tueur utilise une teintu
s sur la robe ise qualité.
Examiner les cheveux trouvé d’ammoniaque de mauva
de la victime. ble à un
rière avec un objet sembla
cause du décès. Le tueur a frappé par der ues micro sco piques
Examiner le corps pour tro
uver la ents métalliq
démonte-pneu. Des fragm l’ar me du crime est en
ent que
trouvés dans la plaie confirm
métal.
de 10 heures du matin.
La mort a eu lieu autour tir.
ouvrir l’heure de la mort. vu le tueur arriver ou par
Examiner le corps pour déc Des témoins ont peut-être
train de réparer
nt un e sa lope tte en jeans a été vu en
rta
un homme blond po
Selon les témoins, ures.
time pe u av an t 10 he time a fait appel.
la voiture de la vic retro uv an t à quel garage la vic .
re retrouvé et inte rro gé en ’il était sur les lieux
Ce suspect peut êt l’ADN prouvent qu
84
s de se m elles et
tales, les trace iture de la victime)
.
Les empreintes digi ch er se s empreintes sur la vo
(On peut égalem en t cher traces de sang,
au et se s vête m en ts à la recherche de
a également sa pe
La police examiner e.
à l’ADN de la victim
qui correspondent
Sciences Forensiques
Une équipe
d’investigation
forensique
85
Valeurs dérivées
Impact 0
Points de Vie 12
Santé Mentale 90
Compétences
Administration 50%
Anthropologie 70%
Athlétisme 65%
Crédit 55%
Culture générale 75%
Droit 30%
Médecine 80%
Persuasion 50%
Sciences forensiques 90%
Secourisme 45%
Sport 50%
Vigilance 55%
Langues
Américain 85%
Latin 35%
Combat
Armes de poing 50%
Kate Brenam, née à Richmond en Virginie. Ray est né à Santa Monica, en Californie. Grand
D’allure austère, aux cheveux courts d’une blon- et mince, sans un gramme de graisse, la peau bron-
deur naturelle, c’est une femme d’âge mûr qui a su zée et les cheveux d’un brun presque noir, ce
Ray Walsch rester mince grâce au sport. Ses bras semblent sportif dynamique ressemble à l’archétype du sur-
37 ans, Spécialiste en balistique,
étonnamment musclés en regard de ses mains feur californien, et quelle que soit l’occasion, porte
incendies et explosifs
fines et blanches, toutes en délicatesse. Elle est toujours des jeans noirs.
toujours vêtue d’ensembles de couleurs sombres
APP 12 Prestance 60 %
ou gris. Personne ne l’a jamais vue autrement Il hésitait entre l’armée, comme l’y poussait son
CON 13 Endurance 65 % qu’en pantalon. colonel de père, et la police (pour échapper à son
DEX 13 Agilité 65 % Déjà réfractaire à l’humour, elle ne supporte vrai- colonel de père), et a fini par choisir la seconde
FOR 12 Puissance 60 %
TAI 15 Corpulence 75 %
ment pas que l’on manque de respect aux morts et solution. Après un an et demi dans la police de
ÉDU 16 Connaissance 80 %
exècre les blagues grossières de certains policiers. Santa Monica, il a pu y rejoindre le laboratoire
INT 14 Intuition 70 %
Elle met à la porte ceux qui osent le faire en sa d’analyse criminelle.
POU 14 Volonté 70 %
présence, ayant été jusqu’à les menacer de son
scalpel. Sa froideur lui a donc valu le surnom de Véritable petit frère de MacGyver, Ray est un roi
Valeurs dérivées
“Miss Iceberg” (certains officiers de la Brigade du bricolage, mais le plus merveilleux des par-
Impact +2
Criminelle préfèrent “Miss Scalpel”), mais ses fums est pour lui l’odeur de la poudre et les grands
Points de Vie 14 collègues, malgré leur peu de sympathie, ont été feux grondants le fascinent. C’est LE spécialiste du
Santé Mentale 70 amenés – eu égard à son grand professionnalisme feu, il connaît tout des incendies, de leur nais-
Compétences
– , d e l u i d on n e r u n s e c on d t i t re : “ M i s s sance à leur mort : chaleur, point d’inflammation,
Administration 50%
Perfection”. retour de flammes, déplétion en oxygène, pyro-
Athlétisme 55%
Lors de ses études de médecine, elle s’est rapide- lyse, convection… Il a appris par cœur les noms de
Bricolage 90%
ment orientée vers les sciences légales et s’est ainsi tous les groupes terroristes existants et le genre
Crédit 45%
retrouvée la seule femme dans un milieu de jeunes d’explosif que chacun utilise. Il sait sans vérifier
Droit 65%
hommes plus ou moins misogynes. Leur com- quelle arme laisse combien de rayures et dans
Incendies et explosifs 75%
portement a obligé la jeune étudiante enthousiaste quelle direction…
Persuasion 55% à s’endurcir rapidement.
Physique 60%
86
Douée d’une mémoire phénoménale et d’une Sa vie se résume presque exclusivement à son tra-
Renseignements 40%
Sagacité 60%
capacité de travail ahurissante, elle a emmagasiné vail. Pour lui, résoudre des enquêtes est un vrai
Combat
empathie pour les malheurs que peuvent avoir doigts dans le nez.
Sciences Forensiques
45 ans, Informaticien et électronicien
APP 10 Prestance 50 %
CON 13 Endurance 65 %
Philip Gibson Samantha Geyer DEX
FOR
10
10
Agilité
Puissance
50 %
50 %
e
Informaticien et électronicien Spécialiste en botaniqu TAI 16 Corpulence 80 %
Américain, 45 ans sique et entom ologie ÉDU 18 Connaissance 90 %
foren
Américaine, 28 ans INT 16 Intuition 80 %
POU 16 Volonté 80 %
Valeurs dérivées
Impact +2
Points de Vie 15
Santé Mentale 70
Compétences
Administration 30%
Bibliothèque 90%
Bricolage 55%
Chercher 75%
Codes 75%
Crédit 25%
Électronique 85%
Informatique 90%
Mathématiques 80%
Renseignements 30%
Persuasion 25%
Science militaire 45%
Zoologie 60%
Langues
Américain 55%
Les langages
informatiques 80%
Combat
Armes de poing 20%
Philip est né à Sioux Falls, dans le Dakota du Samantha Geyer est née à Newark, New Jersey.
Sud. Avec sa barbe foisonnante, ses cheveux hir- Cette jolie petite brune, dont les T-shirts près du Samantha Geyer
28 ans, Spécialiste en botanique
sutes et un embonpoint ayant dépassé l’obésité corps, été comme hiver, soulignent les formes
forensique et entomologie
depuis longtemps, il a l’air d’un gros nounours généreuses, a toujours été une amoureuse de la
éternellement vêtu d’une chemise canadienne, nature. Les petits miracles journaliers des four-
sous laquelle il arbore des T-shirts pingouin et mis, des vers de terre, des abeilles et des fleurs APP 17 Prestance 85 %
CON 11 Endurance 35 %
DEX 13 Agilité 65 %
Geek Revolution. l’émerveillent sans cesse. Elle est souriante, ouverte,
FOR 09 Puissance 45 %
romantique et pétillante… mais, d’après certains,
TAI 08 Corpulence 40 %
Il carbure au café du matin au soir, et adore discu- un peu cinglée.
ÉDU 17 Connaissance 85 %
ter des avantages partagés des différents systèmes
INT 14 Intuition 70 %
d’exploitations (avec une nette préférence pour C’est ainsi que pour son doctorat, elle a fait une
POU 12 Volonté 60 %
Linux…), surtout avec les gens que ça n’intéresse thèse sur les coprophiles (insectes se nourrissant
Valeurs dérivées
absolument pas. Les lignes de programmations d’excréments) retrouvé dans les coprolithes (excré-
Impact 0
sont pour lui des alexandrins (tout au clavier, pas ments fossilisés).
Points de Vie 10
de souris). D’un abord facile, s’il aime à plaisanter,
Santé Mentale 60
il sait redevenir sérieux lorsque l’heure est grave. L’entomologie, la botanique et la paléontologie
Passionné, voire obsédé, par les ordinateurs depuis restent ses domaines – tout de même assez parti-
Compétences
l’adolescence, il ne s’est plus intéressé à rien d’au- culiers –, de prédilection. Elle n’est pas du tout
tre depuis. Il a obtenu son diplôme d’ingénieur dégoûtée par les bestioles les plus immondes et Administration 35%
Athlétisme 60%
Botanique 65%
à 22 ans et possède chez lui une collection de considère ses “bébêtes” avec la même tendresse
Bricolage 45%
vieux micro-ordinateurs “poussiéreux” dont il ne se que s’ils étaient des bébés joufflus.
Crédit 50%
séparerait pour rien au monde.
Droit 50%
Dans les sous-sols du labo, elle élève des larves
Entomologie 75%
Il est le point d’ancrage de tous les autres (compa- dans des bocaux et crée de jolis graphiques colo-
Littérature 45%
raisons dans les bases de données, création de rés relatifs à leur évolution. Elle possède également
visage à partir d’un crâne, simulation virtuelle de de très beaux herbiers qu’elle a réalisés elle-même Médecine 45%
Médecines légales 55%
Paléontologie 55%
crime, nettoyage d’une vidéo, etc.) car il est capa- en parcourant les endroits bucoliques de la région
Persuasion 55% 87
ble de faire des miracles dès qu’on lui met un tous les week-ends depuis ses 8 ans.
Compétences
Administration 55%
Athlétisme 60%
Biologie 85%
Bricolage 35%
Crédit 65%
Cuisine 50%
Droit 50%
Médecine 50%
Médecines légales 70%
Persuasion 50%
Pharmacologie 85%
Secourisme 60%
Langues
Américain 80%
Latin 35%
Grec 35%
Combat
Armes de poing 55%
Batte de base-ball 60%
Boxe 70%
Esquive 65%
ÉDU 18 Connaissance 90 %
Jack a ainsi tout appris des médications et des ait perfectionné sa technique en fabriquant des
INT 16 Intuition 80 %
drogues. cartes d’identités que ses amis lui achetaient afin
POU 10 Volonté 50 %
Cet Afro-américain à la calvitie naissante et un de pouvoir se procurer de l’alcool avant d’avoir
peu bedonnant, est éternellement vêtu de sa blouse les 21 ans de l’âge légal. Il s’est aussi amusé à imi-
Valeurs dérivées
blanche. Il ne possède que 2 types de chemises ter la signature de tous les présidents américains.
Impact +2
(blanche ou bleue) et 2 sortes de pantalons (gris ou Une peau bronzée, des cheveux bruns et de grands
Points de Vie 12
noir).
Santé Mentale 50
yeux noirs, alliés à un physique agréable et délicat,
Il a assimilé d’innombrables connaissances dans les font de Greg – toujours en costume très chic –, un
Compétences
livres (il en possède des centaines) avant de passer séducteur et un baratineur de premier ordre.
Athlétisme 40%
à la pratique, et ce, avant même d’entrer à l’univer-
Administration 60%
sité. Il joue du chromatographe comme Jimmy D’un caractère joyeux et exubérant, il sifflote en
Biologie 45%
Hendrix de la guitare électrique et veut être le travaillant et sourit constamment. Certes il aime
Bibliothèque 80%
premier au monde à dresser un profil ADN en son travail, mais entre une sortie avec une jolie
Bricolage 60%
moins de 4 heures. fille et l’examen d’empreintes suspectes, il n’hé-
Chercher 80%
Conduite 80%
site pas une seconde, à moins… d’avoir un chef sur
Crédit 60%
En attendant, il est capable de rester des heures, le dos.
Criminalistique 80%
seul dans son labo, à regarder des profils ADN
Droit 50%
se créer lentement, et boude lorsqu’on le dérange. Il adore ce creuser la tête afin de trouver de nou-
Médecine 40%
88
Il lui arrive de s’irriter contre les personnes peu veaux moyens, les plus inimaginables, pour
Persuasion 70%
consciencieuses, agressives ou bornées. Mais sous découvrir et prélever des “traces”. Chez lui, en
Secourisme 70%
des dehors frustres et rébarbatifs, il cache des tré- guise de décoration, il a accroché des photos d’em-
Sciences pures 40% sors de gentillesse et d’attention : il faut savoir s’y
Séduction 80%
preintes couvertes de poudre fluorescente verte…
Vigilance 90%
prendre avec lui. Ingénieux, érudit et passionné
Vélo 70%
par son travail, il suit de près les évolutions tech- Personne ne sait mieux que lui découvrir une
niques de la biologie forensique. minuscule fibre rouge sur de la moquette orange,
Langues
Diabétique, il doit se faire des piqûres d’insuline une imperceptible empreinte sur un corps décom-
Américain 80%
quotidiennement, et sa gourmandise lui pose sou- posé, une infinitésimale poussière sur le nez d’une
Espagnol 80%
vent des problèmes – surtout à sa silhouette –, peluche…
Suédois 80%
malgré une pratique assidue du sport.
Peter Floski
Portrait
Peter Floski est né à Silver City, Nouveaux
Sciences Forensiques
Mexique, dans une famille nombreuse, du monde
33 ans, Photographe
ouvrier. Sa seule passion de jeunesse est les images
sous toutes leurs formes : dessins, peintures, films,
APP 16 Prestance 80 %
CON 12 Endurance 60 %
photos…
Valeurs dérivées
vraiment trop “jeune”.
Impact 0
Points de Vie 13
En effet, ce grand amateur d’art pictural, en dehors
Santé Mentale 60
de son look particulier, est aussi un fan de musique
Techno, qu’il écoute sur son lecteur MP3 jours
Compétences
et nuits.
Admnistration 55%
L’œil toujours collé à son reflex numérique, il est Arts 70%
Connaissance de la Rue 55%
Contrefaçon 50%
sans cesse à la recherche d’un bon cliché, dans la
Crédit 35%
vie de tous les jours comme sur son lieu de travail.
Criminalistique 50%
Sur la scène d’un crime, cherchant le moindre
Danse 65%
indice dans le plus petit recoin, il est tendu comme
Droit 55%
un Setter anglais à la chasse.
Persuasion 65%
Photographie 90%
Grand adepte des Raves, il a tendance à abuser
Roller 70%
de stimulants licites et illicites qui l’aident à tenir
le coup durant son travail et sa vie nocturne. Pour Séduction 65%
l’instant ses collègues qui l’ont toujours connu “un Vigilance 70%
Langues
peu speed”, ne se doutent de rien.
Américain 70%
Combat
Armes de poing 45%
Karaté 45%
tion
u ip em ent d u vé hicule d’interven
L’éq - Trajectoire du sang
kit pour l’iode (des cris entes ; des compas ; une
un flacon de ninhydrine ; un Des règles graduées fluoresc
verre, un cube en plastique le ; des aimants ; des ficelles
Vision taux d’iode, de la laine de calculatrice ; une bousso
able, avec ses batteries créant de la vapeur). d’an ; des équerres.
gle
• Une lampe à ultraviolets port transparent et un appareil colorées ; des rapporteurs
e, utilis ée pou r déte cter les empreintes, le
de rechang
plos ifs et les morsures.
sang, les traces d’ex Empreintes Sérologie et ADN
télescopique pour cher- ré, de silicone, de cire, de cotons tiges » et des tam-
• Des miro irs ave c man che Des bidons de plâtre colo Du luminol en spray ; des «
de synthèse et d’eau; des u distillée ; des enveloppes
cher les objets cachés. mousse exp ans é, de rési ne pons stériles ; un flacon d’ea
es tailles; des spatules en bois ; des et en plas tiqu e; différentes pipettes de réac-
règles de différent en papier
nsib les; des feuilles en gélatine tifs chimiques au san g ; un sca lpel.
Transport des indices châssis aluminium exte
t et en plastique de diffé- pour les transferts.
Des sacs en papier, en kraf
es en carton ; des bidons en Drogue
rentes tailles ; des boît nt des réactifs chimiques
métal et en plastique. Fibres, poussières… Des ampoules en verre contena
; un aspirateur à filtres sté- e de telle ou telle drogue.
Un appareil électrostatique détectant la présenc
; des loupes ; des pinces brucelles ; de
Éviter les contaminations riles et jetables
c capuche, des bottes et l’adhésif. Médecine légale
Une combinaison stérile ave scalpels, des ciseaux ; un
de protection en plastique et Des pinces brucelles, des
des gants, des lunettes
tron ique ; des gants en néoprène et
Entomologie thermomètre élec
un masque. es tailles en plastique et un masque en papier.
Des flacons cirés de différent
ool à 70° ; du papier aluminium ; des
en verre ; de l’alc
Photographie mom ètre ; un filet pour les Archéologie
ue avec un zoom 30-70 et spatules en bois ; un ther
pelles, truelles et tamis ;
Un appareil reflex numériq loupes ; une sonde métal- Des marteaux, scies, pinces,
objectif macro (pour les mouches ; une règle ; des et en poils de chameau.
un autre appareil avec un un sca lpel ; du coton ; des pinces des brosses en fibres de verre
un flas h élec tronique ; des piles ; un lique ; une true lle ;
petits détails) ;
cou leurs, UV et infrarouge. brucelles.
posemètre ; des filtres de Informatique 89
nexion internet dans la
Balistique Ordinateur portable avec con
Empreintes digitales trépied (avec indicateur camionnette.
sissement ; des lampes Un pointeur laser portable sur
Des loupes de différents gros bat teri es ; des côn es noir s et
flac ons de pou dre s de dist anc e) et ses
puis san tes ave c trép ied, des ente s et leurs connecteurs ; Incendie
rescentes rouges ou blancs ; des tiges fluoresc onisation du bois ; détec-
(noires, grises, magnéti que s, fluo rée s ; des pet its mir oirs Jauge de profondeur de carb
cifique au relevé d’em- des fice lles en nylo n colo es et des grattoirs ; des
vertes) ; de l’autocollant spé au de préc isio n ; des petits crochets ; teur d’hydrocarbures ; des pinc
noires ou transparentes adhésifs ; un nive
cartes blan ches, une bou sso le ; des décamètres ; règles graduées fluorescente
s.
preintes ; des
ses en poils de cha- de la craie blanche ;
; des bros pinc es; des tamponnoirs
en acétate ; des cutters noir e et un pet it un détecteur de métaux ; des
l’en cre ; un mesureur d’angle.
me aux et en plum es ; de pince; des règles; stériles pou r les prél ève men ts
; des cise aux et une
rouleau encreur
Profiling
“Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste,
si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.”
Le Signe des quatre, Sir Arthur Conan Doyle
Sherlock Holmes
36 ans, Détective privé
Profiling
APP
CON
DEX
FOR
TAI
ÉDU
INT
13
16
12
16
15
18
20
Prestance
Endurance
Agilité
Puissance
Corpulence
Connaissance
Intuition
65 %
80 %
60 %
80 %
75 %
90 %
99 %
C
Clarisse Starling, Hannibal Lecter, Benton Wesley, Seven, Copycat, Profiler, Millenium…
Le “profiler” est un personnage en vogue depuis la sortie du film Le Silence des Agneaux.
Il observe le lieu du meurtre et la victime, ferme les yeux, puis annonce que le tueur a 32
ans, qu’il est brun, gaucher, qu’il vit chez sa mère dans un appartement peint en bleu, qu’il
POU 19 Volonté 95 %
est obsédé par les chauve-souris et que son chat s’appelle Gizmo.
Valeurs dérivées
Impact +2
La réalité est moins grotesque et moins précise. Toutefois, les profils criminels élaborés par
Points de Vie 16
les profilers peuvent parfois se révéler d’une surprenante exactitude. Cet art semble alors
Santé Mentale 95 relever de la magie alors qu’il est basé sur l’observation perspicace et l’exploitation rigou-
Compétences :
reuse des indices. Le “profiling” est une “science du comportement” dont le but est de
Administration 55%
déterminer la personnalité d’un criminel pour favoriser son appréhension.
Profiling
APP 17 Prestance 85 %
CON 16 Endurance 80 %
DEX 14 Agilité 70 %
FOR 14 Puissance 70 %
TAI 14 Corpulence 70 %
ÉDU 18 Connaissance 90 %
INT 16 Intuition 80 %
POU 16 Volonté 80 %
Valeurs dérivées
Impact +2
Points de Vie 15
Santé Mentale 80
Compétences
Arts 50%
Profiling
Athlétisme 55%
Bibliothèque 80%
Sherlock Holmes par Sidney Paget (1860-1908) Sherlock Holmes et le Docteur Watson Biologie 65%
par Sidney Paget (1860-1908) Chercher 50%
Chirurgie 75%
Codes 50%
Crédit 65%
Sherlock Holmes Le Dr Watson Criminalistique 50%
Culture générale 70%
Détective privé Chirurgien Droit 50%
Britannique, 36 ans en 1890. Britannique, environ 40 ans en 1890. Flegme 60%
Médecine 85%
Persuasion 55%
Premiers soins 85%
Sherlock Holmes est né en 1854. Il a suivi
Rugby 55%
des études à Oxford et Cambridge, et a étu- Le Dr John Watson est né au début des
Sagacité 55%
Sciences sociales 50%
dié la médecine à l’hôpital St Bartholomew années 1850.
Séduction 60%
(Londres). Il est grand, très mince, brun, Il est beau garçon, d’un physique robuste (il
Usages 80%
fume la pipe, et possède une grande force pratique le rugby), le menton carré, et porte
physique. Il est toujours vêtu avec élégance. des moustaches. Vigilance 50%
Langues
Sportif, il pratique un art martial (le Baritsu), Il a vécu son enfance en Australie mais a
Anglais 80%
la boxe, l’escrime et la natation. Il est capable obtenu son diplôme de médecin à Londres
de suivre une affaire durant des jours, sans en 1878. Latin 60%
Combat
manger ni dormir.
Armes de poing 50%
Il a été chirurgien dans l’Armée, aux Indes,
Esquive 65%
Il est cartésien, froid, totalement rationnel, et a participé à la seconde guerre
c’est une machine à raisonner. Il est assez d’Afghanistan. Durant la bataille de
imbu de lui-même et peut se montrer mépri- Maïwand (juillet 1880), il a été blessé à la
sant avec les personnes peu intelligentes. jambe et n’a pu échapper à l’ennemi que
Mais il n’est pas tendre envers lui. grâce au dévouement de son ordonnance Un monde artificiel
Voici un exemple tiré de La Ligue des
Il est quasiment insensible au charme fémi-
rouquins :
qui l’a ramené dans les lignes anglaises. À
nin et, bien que toujours courtois, il ne fait
“En dehors des faits évidents que
l’hôpital de Peshawar, il a contracté une fiè-
M. Wilson a quelques temps pratiqué le
pas confiance aux femmes qu’il rencontre.
vre entérique et a été rapatrié en
travail manuel, qu’il prise, qu’il est franc-
Il a un sens de l’honneur très élevé et refuse
Angleterre.
maçon, qu’il est allé en Chine, et qu’il a
d’abandonner une affaire s’il ne l’a pas réso-
beaucoup écrit ces derniers temps, je ne
Installé à Londres, il a mené une existence
lue, même s’il doit pour cela enfreindre la loi.
puis rien déduire d’autre !”
sans but. Il a décidé de changer de vie et de
Holmes explique ainsi le cheminement de
Il adore la musique classique (il joue du vio-
déménager. Sherlock Holmes cherchait jus-
sa pensée :
lon avec talent), s’entraîne au revolver dans sa
“Votre main droite est presque deux fois
tement un colocataire…
chambre (il ne tire pas très bien), fait des
plus large que la gauche. Vous avez tra-
Il l’a accompagné sur une enquête pour la
vaillé avec, et ses muscles ont pris de
expériences scientifiques étranges, et se
première fois en 1882.
l’extension. [...] En contradiction avec le
drogue parfois à la cocaïne.
règlement de votre ordre, vous portez en
C’est une véritable encyclopédie vivante pos- Il a été marié à Mary Mostan de 1888 à
guise d’épingle de cravate un arc et un
sédant des connaissances très variées: Moyen 1893. Il est revenu s’installer au 221b en
compas. [...] Que peut indiquer d’autre
1895, deux ans après la mort de son épouse.
cette manchette droite si lustrée? Et cette
Âge, bouddhisme, géologie, archéologie, ana-
Il est toujours aimable face à une dame et
tache claire près du coude gauche, à l’en-
tomie, médecine légale, étude des “traces” (il
droit où vous posez votre bras sur votre
résiste mal aux charmes féminins.
93
reconnaît l’origine des boues et des cendres
bureau ? [...] Légèrement au-dessus de
Watson, parfois un peu naïf, admire l’intel-
votre poignet droit, il y a un tatouage : le
de cigarette au premier coup d’œil), bota-
ligence de son ami. Il est le chroniqueur,
tatouage d’un poisson, qui n’a pu être fait
nique, etc.
qu’en Chine.”
l’assistant et l’ami intime de Holmes. Il lui
Si on y réfléchit, M. Wilson porte complai-
Il est également très doué pour le déguise- est très loyal, comme il l’est à l’Empire
ment, au point que Watson lui-même ne le Britannique. samment une épingle représentant les
symboles de la Franc-maçonnerie, ne pos-
sède qu’un seul costume dont il use la
reconnaît pas.
manche et, en 1890, la Chine est le seul
Il vit au n° 221 b, Baker Street, West End, Il est d’un abord assez bourru mais c’est un
Londres. homme sympathique possédant un bon endroit où l’on peut se faire tatouer…
Holmes prend sa retraite en octobre 1903. caractère, un véritable gentleman. Un peu tiré par les cheveux, non ?
L’apparition Brussell les examine longuement puis
déclare :
du profiling “C’est un paranoïaque. Il est bâti harmo-
Étude de cas
nieusement. Il est d’âge moyen, entre 45 et
55 ans.
• Il est propre, précis, ponctuel, très conve-
Le profiler James Brussell nable, à la limite de l’obsessif. Il a une très
et le médium et le “Mad Bomber” haute opinion de lui-même.
94
lieu… le 5 septembre 1931. Quatre détec-
tives de New York se rendent en banlieue
pour arrêter Metesky. Il leur ouvre en
pyjama et accepta poliment de les suivre au
commissariat, prêt à tout avouer, heureux
d’avoir été découvert.
Profiling
bles sur son comportement futur, dire comment subir cette psychose depuis des années pour
il se comportera dans telle ou telle situation. aboutir à un tel massacre : il doit donc avoir
Pour ma part, je n’ai fait que renverser les environ 25 ans. La plupart des tueurs sexuels
termes de la prévision. En étudiant les agisse- ont moins de 35 ans et s’il avait plus de 30 ans,
ments d’un homme, j’ai déduis quelle espèce le tueur aurait sombré dans un délire total et
d’homme il pourrait être”. Il était évident aurait déjà commis d’autres meurtres. C’était
pour le Docteur Brussel que le “Mad son premier crime mais il allait sûrement
Bomber” était un paranoïaque et il en avait recommencer.
déduit nombre des affirmations qu’il avait Les détails concernant l’apparence physique
offertes à la police (cf. Les troubles mentaux, et le style de vie découlaient du diagnos-
p. 97). tique de schizophrénie paranoïde : les schi-
zophrènes se nourrissent mal, ne se lavent pas,
Doté d’une grande intelligence, Brussell s’habillent mal, et sont donc très fréquemment
était également un humble professionnel : il célibataires. Sa pathologie avait dû l’empêcher
a été le premier à prévenir que l’analyse de de suivre des études. Il vivait sûrement en
scène de crime dans le but de décrire reclus. Incapable de conduire une voiture, il
l’agresseur ne peut en aucun cas se substi- avait dû venir chez Terry Wallin à pied.
tuer à une enquête exhaustive basée sur des
indices physiques. Un massacre encore plus atroce, est commis
3 jours après. Il fait 5 victimes d’une même
famille. Ressler est persuadé qu’ils ont
Les profilers du FBI affaire à un psychotique en crise, de plus en
Le soir du 23 janvier 1978, une jeune plus violent, trop déséquilibré pour penser à
femme, Terry Wallin, est éventrée chez elle. se cacher. Les médias diffusent le profil de
Les policiers sont atterrés par la monstruo- Ressler et une jeune femme explique à la
sité du meurtre. Le tueur a attaqué Terry police qu’un homme qu’elle a connu au col-
alors qu’elle sortait les poubelles. Il a lège l’a abordée quelques jours auparavant.
déchiré ses vêtements avant de la poignar- Il était très maigre et sale, sa chemise était
der au ventre, puis de l’ouvrir jusqu’au ster- maculée de sang et il l’avait dévisagée avec
num. Il a prélevé plusieurs organes et a bu un regard halluciné.
le sang de sa victime dans un pot de yaourt. Le jeune homme, 27 ans, s’appelle Richard
Des excréments sont présents dans sa Trenton Chase. Il habite à moins d’1km des
bouche. lieux des crimes. Il possède le portefeuille de
Rien n’a été volé et les policiers, horrifiés et l’une des victimes et des chiffons maculés de
désorientés, font appel au FBI, plus précisé- sang. On découvre chez lui – un apparte-
ment à la Behavorial Science Unit (Unité ment où règne le plus grand désordre –, 3
des Sciences du Comportement) pour lui mixeurs ayant contenu du sang, des assiettes
demander son aide. remplies de débris humains, des vêtements
Le profiler Robert Ressler analyse la scène sales ensanglantés et des inscriptions sur un
de crime puis dresse le profil psychologique calendrier aux dates des meurtres.
95
de l’agresseur :
Blanc de 25 à 27 ans. Maigre, atteint de mal- Chase est bien schizophrène, célibataire,
nutrition. Vit dans un logement sordide et mal sans emploi et fume de la marijuana. Il est
tenu, où l’on découvrira des indices accablants. obsédé par le sang car il pense qu’on
Antécédents psychiatriques, usage de drogue cherche à l’empoisonner et souffre d’hallu-
probable. Célibataire, on ne lui connaît pas cinations diverses.
d’amis. Sans emploi. Perçoit peut-être une En 1972, le FBI créa la Behavioral Science
pension d’invalidité. S’il ne vit pas seul, il Unit (BSU) et ses agents commencèrent à
habite chez ses parents mais c’est peu probable. appliquer et à affiner les techniques pion-
N’a pas effectué de service militaire. nières de James Brussell.
À tâtons, à force d’essais, d’erreurs et d’en- basées sur les statistiques. La différence est
seignements, ces professionnels du crime que Canter met continuellement à jour la
(Howard Teten et Pat Mullany, puis John base de données sur laquelle il base ses
Douglas, Robert Ressler, Roy Hazelwood théories et se remet souvent en question.
et Russ Vorpagel) créèrent ce que l’on allait Il est également l’un des créateurs du profi-
appeler le “profiling”. ling géographique, théorie qu’il a élaborée
Dans ce but, ils interrogèrent 36 criminels en même temps qu’un confrère canadien.
violents en prison, ce qui leur permit de
découvrir qu’ils partageaient des caractéris-
tiques communes au niveau de leurs moti- Canada
vations, de leurs fantasmes, de leur mode L’officier et docteur Kim Rossmo, de
opératoire et de leur histoire personnelle. Ils Vancouver, est le pionnier du profiling géo-
recueillirent ensuite des informations sur graphique, qu’il a développé à partir de
118 victimes (certaines ayant survécu), pour 1990, et selon lequel on peut déterminer où
comprendre comment les crimes avaient été un agresseur vit en analysant les endroits où
Profiling
commis et comment le tueur s’était com- il commet ses crimes. (cf. Le profiling géo-
porté. graphique, p. 104). La technique de Rossmo
Les policiers des États-Unis, d’abord per- a montré son utilité à de nombreuses
plexes, firent appel aux profilers pour obte- reprises, pour relier entre eux les viols d’un
nir leur aide dans des enquêtes. Les colla- même agresseur, pour pointer le quartier où
borations étaient généralement fructueuses habitait un duo de voleurs ou resserrer les
et le BSU acquit peu à peu ses lettres de recherches des policiers, face à des meurtres
noblesse. Devant les demandes croissantes, en série.
les agents se spécialisèrent : Hazelwood
dans les crimes sexuels sadiques, Vorpagel Au Canada, on peut également citer deux
dans les meurtres d’enfants, etc. profilers célèbres :
Ils commencèrent également à former les • Ron McKay, ancien inspecteur dans la
policiers au travers du Crime Analysis and Gendarmerie Royale, qui a dirigé la sec-
Criminal Personality Profiling Program. tion d’analyse du crime violent d’Ottawa
En 1985, le FBI créa le National Center for jusqu’en juin 2004.
the Analysis of Violent Crime (NCAVC) afin • Kate Lines, detective superintendent dans
de traquer et d’identifier plus efficacement la police provinciale de l’Ontario.
le nombre croissant de tueurs en série. (cf.
Structures & Profiling, p. 183). Le dévelop-
pement de l’informatique fut également Afrique du Sud
d’une aide précieuse pour le FBI, qui pu Micki Pistorious, colonel de police et doc-
créer des bases de données relatives aux teur en psychologie, a aidé les polices sud-
crimes. africaines à appréhender en 6 ans, une dou-
zaine de tueurs en série. Très intuitive et
sensible, elle a fini par démissionner car sa
L’analyse criminelle technique de travail (basée sur une grande
empathie avec le criminel) empiétait trop
moderne sur sa vie personnelle. Le profiler du FBI
John Douglas et Robert Ressler sont sans Robert Ressler, pourtant avare de compli-
doute les profilers du FBI les plus célèbres, ments, dit d’elle qu’elle était l’un des meil-
surtout depuis la publication de leurs diffé- leurs profilers au monde. Elle a également
rents livres relatant leur carrière respective. formé ses successeurs (2 femmes) ainsi que
À partir des années 1970, de nombreux de très nombreux policiers.
profilers ont commencé à travailler dans le
reste du monde, créant parfois leur propre
méthode. Russie
Alexandr Bukhanovsky est le directeur de
l’école de psychologie de la Faculté de
Royaume-Uni Médecine de Rostov-sur-le-Don. Dans les
Le professeur David Canter (directeur du années 1980, il était considéré avec suspi-
96
Center for Investigative Psychology à cion car il s’était spécialisé dans les
l’Université de Liverpool) a créé la première déviances sexuelles. En 1984, des enquê-
formation européenne permettant d’obtenir teurs lui ont demandé de dresser le portrait
un diplôme en Investigative Psychology. psychologique de l’Éventreur de Rostov, un
Depuis 1985, il a collaboré avec la police violeur et tueur en série qui avait massacré
britannique dans des dizaines d’affaires de 52 enfants. Bukhanovsky le décrivit comme
viols, d’incendies et de meurtres en série. Il un homme d’âge moyen, éduqué, intégré
joue de la clarinette avec talent. dans la société, qui avait été maltraité
Les méthodes de Canter sont similaires à durant son enfance et avait des problèmes
celles du FBI en ceci qu’elles sont largement d’impuissance. Lorsque Andreï Chikatilo
fut finalement arrêté en 1991, les enquê- s’accroche pourtant car il explique son
teurs découvrirent qu’il correspondait par- angoisse (le malade pense qu’on veut le tuer,
faitement au profil. Depuis, nombre de ou qu’il est Dieu, qu’il est responsable des
polices russes font appel au psychiatre. malheurs du monde, etc.) et s’y enferme. Il
a des hallucinations visuelles et/ou auditives
: souvent, il entend des voix qui l’accusent,
Autriche lui donnent des ordres, le contrôlent, le
Le Dr Thomas Muller est le directeur du menacent, commentent ses pensées et
service de psychologie criminelle du actions…
Ministère de l’Intérieur Autrichien. Il a Il peut avoir des idées délirantes, un dis-
d’abord été policier à Innsbruck et a tra- cours incohérent et être très agité ou, au
vaillé dans l’équipe de résolution des situa- contraire, être dépressif et inerte (risque de
tions de crise (le GIGN autrichien). Il a suicide).
ensuite obtenu son doctorat de psychologie Généralement, le malade connaît des épi-
criminelle et enseigne à présent le profiling sodes aigus de délire puis des périodes de
Profiling
psychologique, les négociations de prise rémission.
80 % des schizophrènes souffrent de symp-
d’otage et le traitement des menaces. Il tra-
tômes chroniques incontrôlables, parmi les-
vaille avec l’ex-profiler Robert Ressler pour
quels un manque d’expression des émotions Le dédoublement
former les policiers en Europe et en
Afrique du Sud.
et un discours monotone, une difficulté à de personnalité
Il ne faut pas confondre schizophrénie
maintenir une conversation et un manque
et “dédoublement de la personnalité” :
d’intérêt pour les activités, les loisirs et les
la division de la personnalité en des
relations. On dit que la schizophrénie est de
parties multiples est un désordre mental
Les utilisations du profiling
tout à fait différent, provoquant l’effon-
type “paranoïde” si le malade est préoccupé
drement de l’intégrité psychique du
Le profiling est l’une des disciplines des par de nombreuses idées délirantes non
malade, qui se divise en deux (ou plus)
“sciences du comportement”. On parle sou- reliées entre elles et/ou par des hallucina-
personnalités indépendantes l’une de
vent du fameux “profil psychologique” tions auditives fréquentes.
l’autre. Ce “désordre dissociatif” est
souvent provoqué par des trauma-
dressé par les profilers (analystes criminels) Elle est de type “catatonique” lorsque le
tismes sévères subis durant l’enfance
pour décrire un criminel. Mais les spécia- malade a des réactions imprévisibles (éclat
(généralement des abus sexuels,
listes du comportement peuvent également de rire sans motivation ou brusque change-
apporter leur aide dans d’autres domaines ment d’humeur) et des symptômes psycho- physiques ou mentaux).
97
autres.
Les psychoses La plupart des paranoïaques ne deviennent
La schizophrénie jamais délirants et se contentent de tyranni-
C’est une psychose sévère qui atteint envi- ser leur entourage. Mais lorsque le délire est
ron 1 % de la population mondiale, surtout présent, c’est très souvent un délire de per-
les jeunes adultes. Le schizophrène se mon- sécution : le malade est convaincu qu’il est
tre d’abord froid, morose, s’isole de plus en la victime de persécutions organisées et
plus, puis fuit la réalité et le monde. Il se passe son temps à accumuler les preuves de
crée un univers faussé et illogique auquel il ce complot imaginaire.
Il peut également souffrir : Grâce à l’évolution des neuroleptiques, les
• d’un délire de jalousie : la personne pense maniaco-dépressifs peuvent être traités avec
que son conjoint, amant, ami(e) le ou la efficacité. Mais les troubles réapparaissent
trompe avec toutes les personnes qu’elle/il dès que cesse le traitement.
regarde, ou qu’un hypothétique rival
cherche à lui nuire.
• d’un délire de revendication : après un Les névroses
préjudice (réel ou imaginaire), à la suite Les phobies
duquel la personne s’estime victime d’une Les phobies sont des peurs souvent irra-
injustice (procès perdu, licenciement, tionnelles, parfois alliées à de la répulsion,
injure…), elle peut avoir recours à des envers certains objets ou circonstances. Il
procès systématiques, ou des menaces, ou existe des phobies animales (peur des
estimer n’être pas correctement traitée chiens, des araignées, des serpents…), des
pour une maladie grave souvent imagi- phobies sociales (peur de parler en public,
naire. La personne peut également juger peur de la foule…) et des phobies de situa-
Profiling
avoir fait une découverte grandiose qui tions (peur du noir, peur d’être en retard,
n’est pas reconnue à sa juste valeur. peur du vide…).
• d’un délire métaphysique : la personne
construit un système religieux délirant Le phobique peut se retrouver totalement
dont elle est évidemment le centre. paralysé face à l’objet de sa phobie ou agir
• d’érotomanie : illusion d’être aimé par une de manière irrationnelle, se jetant dans le
personne inaccessible, puissante, célèbre vide du cinquième étage s’il est seul face à
(ce délire touche plus souvent les un gros rat, par exemple.
femmes).
Généralement, il va utiliser des stratégies
Il existe un risque d’agressivité de la per- pour éviter ses phobies : ne jamais aller dans
sonne malade en cas de fixation des idées un zoo, ne jamais prendre le train, toujours
délirantes sur une personne précise. s’asseoir près d’une porte de sortie, toujours
prendre les escaliers…
La dépression
Généralement, les personnes dépressives Les troubles obsessionnels-compulsifs
sont fort anxieuses, elles perdent tout inté- Les personnes atteintes de ce trouble (2 %
rêt pour la vie et les gens, même leurs de la population !), éprouvent le besoin irré-
proches. pressible d’accomplir sans cesse un même
Elles s’isolent, deviennent lentes, insom- rituel : contrôler si le gaz est bien éteint,
niaques et parlent peu. La concentration, vérifier que la boîte aux lettres est vide, col-
l’attention et la mémoire sont affaiblies. La lectionner les pots de yaourts usagés, se
“mélancolie” est l’état le plus sévère de la laver 100 fois les mains chaque jour, répéter
dépression : le sujet ne peut plus agir ni inlassablement les mêmes questions… Elles
penser, il se sent inutile, coupable et incura- sont anxieuses et stressées, d’autant plus
ble. La douleur morale est si intense qu’elle qu’elles savent que les rituels sont absurdes
peut mener au suicide. mais ne peuvent les empêcher.
Un dépressif peut chercher à se faire abattre Lors d’une situation de crise, une personne
par la police, par exemple en s’approchant atteinte de l’un de ses troubles risque d’être
d’un barrage avec un pistolet en plastique, incontrôlable et d’entraîner les autres dans
en hurlant des menaces. sa panique.
98
devient rapidement agressif si l’on tente de des psychoses mais plutôt des “troubles du
s’opposer à lui. Il cherche constamment un comportement”.
plaisir excessif : désinhibition sexuelle Le pervers s’efforce toute sa vie d’obtenir la
totale, prise d’alcool et de drogues, dépenses jouissance en franchissant les interdits, en
inconsidérées, vols, insultes… transgressant la loi et la morale. Il ne peut
être soigné que difficilement : il va tenter de
Dans sa phase dépressive, le malade ne convaincre le psy qu’il est normal de trans-
bouge plus et a un regard fixe, il parle peu et gresser les règles et si le psy s’y oppose, il
s’exprime mal, ruminant des envies de accentue chez le pervers la notion de défi et
suicide. de jouissance.
Le plaisir sexuel du pervers repose sur le Une grande majorité des tueurs en série est
refus, le non-consentement et la souffrance psychopathe, mais tous les psychopathes ne
du partenaire sexuel. Les perversions sont sont pas des tueurs en série (à la psychopa-
donc souvent sexuelles : thie de ces derniers s’ajoutent très souvent
des perversions). Certains sont politiciens,
Sadisme hommes d’affaires ou sportifs de haut
L’esclavage et l’humiliation de l’autre sont niveau.
nécessaires à l’excitation du sadique, qui
peut aller jusqu’au viol et au meurtre.
Le syndrome de Munschausen
Travestisme et fétichisme par procuration
Le travesti éprouve du plaisir à se voir en
Très connu dans les pays anglo-saxons,
femme, le fétichiste est obsédé par un objet
méconnu en France, il atteint surtout les
(chaussures, gants…) ou une partie du
femmes.
corps féminin (pieds, cheveux…) qu’il La signature
Profiling
investit sexuellement. Poussées à l’extrême,
Près de la moitié d’entre elles exercent une du criminel
Pour relier des affaires entre elles, les
ses perversions peuvent mener à des délires
profession médicale ou paramédicale.
profilers sont souvent guidés par la
ou des meurtres.
“signature” du criminel. C’est un acte
que commet le prédateur et qui lui
Il s’agit d’une forme de maltraitance
Exhibitionnisme et voyeurisme
procure une satisfaction personnelle
extrême où la mère simule ou provoque une
mais qui n’était pas nécessaire à son
L’exhibitionniste a besoin d’un public pour
pathologie chez son jeune enfant. Les
crime. Il n’a pas besoin de torturer une
ressentir du plaisir. Le voyeur observe ou
femme pour la violer ou la tuer. Il n’a
femmes atteintes de ce syndrome ne dési-
enregistre subrepticement une personne à
pas besoin de la laisser dans une
rent pas assassiner leur enfant mais elles
position particulière après l’avoir tuée.
des fins sexuelles (de loin ou de près, une peuvent l’empoisonner ou l’étouffer pour
Il n’a pas besoin de l’attacher avec
activité sexuelle ou une personne nue ou qu’il tombe malade. L’enfant est alors sou-
un nœud particulier et compliqué. Il n’a
court vêtue). Ces vices, souvent considérés
pas besoin de la mutiler après sa mort.
mis à des traitements médicaux inutiles et
avec indulgence, peuvent être les prémices
Mais cela satisfait un besoin psychique.
dangereux (jusqu’à 30 hospitalisations par
de perversions plus graves. an). La mère peut ainsi être encouragée,
admirée et entourée par les infirmières, les La signature est différente du mode
Pédophilie opératoire et elle ne se modifie jamais.
Comme tout le monde, un tueur
médecins, la famille et les amis. Ces
acquiert de l’expérience. Si vous ne
Le pédophile fantasme sur les enfants et femmes ont un besoin énorme et constant
l’arrêtez pas dès son premier meurtre,
craint les relations sexuelles avec un adulte. d’attention.
il va développer et améliorer son mode
Lorsqu’il passe à l’acte, il exerce sur de
jeunes victimes, des violences sexuelles qui opératoire (MO) et va devenir plus
adroit. Il pourra utiliser des armes diffé-
Une fois à l’hôpital, elles vont feindre d’ac-
rentes, mettre des gants pour ne plus
peuvent aller jusqu’au viol et – pour cacher compagner leur enfant alors qu’elles conti-
laisser d’empreintes, s’en prendre à des
ce crime – au meurtre. nuent en fait à le maltraiter. Il faut souvent
femmes d’ethnies différentes, etc., mais
sa signature restera la même. C’est un
cacher des caméras vidéo dans la chambre
détail personnel, unique au prédateur.
Nécrophilie d’hôpital pour obtenir les preuves de la
Il est parfois difficile de distinguer MO
Jouissance sur des cadavres. Le nécrophile maltraitance. Dès que l’enfant est séparé de
et signature. Il faut toujours chercher
se contente généralement de fantasme et
ce que le criminel a fait “en plus”.
sa mère, les symptômes disparaissent.
passe peu souvent à l’acte. La nécrophilie
Étude de cas
Profiling
Profiling
des informations sur la mobilité de l’agres- dizaines de scènes de crimes, des criminels
seur et peut ensuite indiquer où le criminel et des victimes, les analystes ont découvert
est susceptible de résider (cf. Le profiling que l’on peut remarquer, sur des scènes de
géographique, p. 104). L’heure et le lieu du crimes, ce que l’on appelle des “drapeaux
crime sont choisis par l’agresseur et peuvent rouges” : des éléments très parlants qu’il
donc représenter la manière dont il vit : s’il faut examiner.
travaille, il n’attaquera sans doute que le soir
ou les week-ends ; il pourra n’agir que dans • Lorsqu’un tueur est assez prudent pour se
un quartier qu’il connaît bien… débarrasser du corps de sa victime, il est
probablement d’âge mûr (au moins 30
- Les caractéristiques criminelles ans), car il a de “l’expérience”.
Elles sont utilisées pour permettre à l’ana-
lyste de développer des systèmes pour la • Dans une série de cambriolages affectant
classification en groupes d’agresseurs qui un quartier, si les objets recherchés sont
peut aider à fournir les caractéristiques que du matériel hi-fi, des jeux vidéos, des gad-
le criminel est susceptible de présenter. gets technologiques, etc., et si de la nour-
riture est consommée sur place ou s’il y a
La classification du FBI (organisé/désorga- des actes de vandalisme (tags sur les murs,
nisé, cf. Crime organisé ou désorganisé, déchirure des rideaux…), les cambrioleurs
p. 102) est l’un de ces systèmes. sont sans doute des délinquants mineurs
vivant à proximité des lieux. Les adoles-
- La carrière criminelle cents agressifs des grandes villes veulent
On peut supposer qu’un criminel a pu com- s’attribuer un “territoire” par la force : rue,
mettre des délits ou d’autres crimes dans le cave, grenier, terrain vague… ou domiciles
passé, avant de passer à un niveau supérieur privés. Ils se l’approprient et le marquent.
Le but est de jouir du plaisir de violer
et de commettre un crime grave.
librement un espace.
Déterminer la nature de ces crimes et délits
• Si un objet personnel appartenant à la vic-
passés, et étroitement reliés à la connais- time a été dérobé par son assassin (chaus-
sance des preuves légales. sure, bijou, carte d’identité, sous-vête-
ments, mèche de cheveux), il existe de
- La connaissance des preuves légales grande chance qu’il soit un meurtrier
Un agresseur peut connaître les techniques sexuel car cette volonté de garder un « tro-
de la police scientifique et ainsi porter des phée » est un genre de fétichisme. Si l’on
gants (empreintes digitales), utiliser un fouille l’habitation d’un suspect, il faudra y
préservatif (ADN) ou emporter avec lui chercher ce genre d’objet.
des objets ou vêtements où il aurait pu lais-
ser son sang, sa sueur, son sperme, ses che- • Si l’on découvre une victime habillée ou
veux, etc. maquillée différemment de ses habitudes,
101
il est très probable que son assassin l’ait
Si un criminel agit de cette manière, on vêtue lui-même, de cette façon, avant ou
peut supposer qu’il a déjà pu être arrêté après sa mort. Et il est possible qu’il l’ait
auparavant et condamné parce qu’il avait photographiée pour en garder le souvenir :
laissé de telles preuves sur le lieu de son il faut donc vérifier auprès des photo-
crime. Et, à présent, il ne veut plus “se faire graphes de la région si des clichés douteux
avoir”. S’il porte des gants, il a pu cambrio- n’ont pas été portés à développer.
ler des habitations. S’il nettoie ses victimes
dans leur baignoire, il a pu commettre • Si le corps ou une partie du corps de la
des viols. victime est recouvert lorsqu’on la trouve,
son assassin a pu vouloir “défaire” son personne sous l’influence de l’alcool ou/et
crime, il s’est ressaisi après son acte, s’est de la drogue. Il peut s’en prendre à sa
trouvé déconcerté par la violence dont il a famille, ses amis, ses voisins, ses collègues
fait preuve et son niveau de tension ou des connaissances.
interne s’est abaissé au point qu’il a pu réa-
liser ce qu’il avait fait. C’est souvent le C’est souvent un solitaire qui vit seul ou
visage qui est couvert (cacher le regard avec ses parents. Il agit seul lorsqu’il tue.
“accusateur” de la victime) et les organes
génitaux ou le haut des cuisses (le tueur Mixte
rabaisse la jupe de la femme qu’il vient de La scène de crime peut paraître très prémé-
tuer et de violer). ditée : le criminel amène une arme, un
masque et des gants. Mais elle paraît aussi
désorganisée : les gants ont été abandonnés
Crime organisé ou désorganisé sur place, le meurtre a été très brutal…
En 1978, les profilers du FBI ont créé des Dans ce cas, on peut penser que le criminel
Profiling
dénominations pour décrire comment se avait une idée qu’il avait planifiée mais ne
présente une scène de crime afin d’en s’attendait pas à être confronté à une
déduire les caractéristiques du criminel. Ils seconde personne, ou à ce que sa victime lui
conçurent des termes fonctionnels décri- résiste. Il a perdu le contrôle de la situation.
vant l’apparence du crime : organisé, désor- Il se peut aussi qu’il y ait eu plus d’un seul
agresseur. Une partie du crime peut paraître
Étude de cas
ganisé ou mixte. Depuis, ces dénominations
ont été critiquées car considérées comme très organisée et réfléchie mais une autre
trop simplistes. Elles sont toutefois encore partie est totalement désordonnée : deux
utilisées pour brosser les premièrs contours personnes ont agit ensemble.
Un tueur prévenant
d’un profil.
Une femme avait été poignardée au Dernière possibilité, plus rare : un jeune cri-
cœur et étranglée dans son lit. Le tueur
avait pris soin de l’habiller, de poser
Organisé minel qui “améliore” sa façon d’agir et, de
sa tête sur oreiller et de couvrir son Crime très souvent prémédité. Peu d’in- désorganisé, devient graduellement orga-
cadavre d’une couverture, comme si elle nisé.
faisait simplement la sieste.
dices physiques, voire aucun, sont décou-
verts sur la scène de crime. Le crime a été
Ce comportement dévoilait que son
soigneusement planifié pour minimiser les Ces dénominations peuvent être utilisées
meurtrier s’était montré prévenant avec risques et la possibilité d’être arrêté (le tueur pour tous les crimes violents, uniques ou en
sa victime. C’était une tentative de série.
“défaire” le meurtre. Cet effort accompli
emmène souvent une arme, un masque, des
pour que la victime paraisse confortable,
cordes, avec lui). Le corps est souvent caché
le fait que son assassin ait “prit soin ou abandonné loin du lieu du meurtre.
d’elle” après sa mort, incita les profilers La victimologie
à diriger les policiers vers une personne
Généralement, le criminel organisé est un
proche de la victime, plutôt que vers
psychopathe. Il est sain d’esprit mais ne Les profilers utilisent beaucoup la “victimo-
un étranger. Il s’avéra qu’elle avait
montrera pas le moindre remords. Il est logie” (un historique complet de la victime)
été tuée par son fils. souvent manipulateur et adroit. Il paraît pour dresser le profil psychologique d’un
sympathique en surface, vit souvent en criminel. Déterminer pourquoi une victime
compagnie et paraît sociable, et peut donc a été visée fournit aux enquêteurs le mobile
piéger sa victime en la charmant, en lui de l’agresseur. Il faut chercher “pourquoi”
offrant de l’argent ou une aide. Il s’en prend afin de déterminer “qui”. Certaines per-
le plus souvent à des personnes qu’il ne sonnes se trouvent simplement au mauvais
connaît pas. Il a souvent des antécédents moment au mauvais endroit, d’autres sont
pénaux, généralement pour violence. choisies au hasard mais d’autres sont déli-
bérément ciblées.
Désorganisé
Peu ou pas du tout de préméditation. Le Toute la vie d’une victime peut avoir une
criminel désorganisé sera plus facilement signification importante. Un profiler doit
identifié et appréhendé car il ne prémédite connaître intimement celle-ci s’il veut com-
pas son attaque et laisse souvent des prendre qui est son assassin ou son violeur.
empreintes, du sang ou du sperme, voir
même son arme (qu’il a pu trouver sur Une victimologie complète doit produire
place) sur la scène de crime. La scène du une image aussi précise que possible de la
102
crime montre souvent une grande violence, victime. Elle doit inclure le style de vie, la
la victime peut être horriblement mutilée. personnalité, la famille, les amis, le statut
En cas de viol ou de meurtre, le criminel marital, les habitudes de rencontres, les
utilise souvent une « attaque éclair » qui activités de loisir, l’emploi, les revenus, le
laisse la victime inconsciente… ou morte. moyen de transport, les incapacités phy-
Lorsqu’il y a acte sexuel, il n’est générale- siques, le style d’habillement, le casier judi-
ment pas sadique. La désorganisation du ciaire, l’usage de drogues ou d’alcool, la
crime peut indiquer que le criminel est : un réputation, les habitudes, les goûts, les acti-
adolescent, un malade mental (traitement vités et tous les événements importants
psychotrope insuffisant ou arrêté) ou une ayant eu lieu avant le crime.
Dans cette liste, le profiler peut trouver un connaissait son agresseur ou que celui-ci
détail qui expose cette personne et en fait était assez charismatique et sociable pour la
une cible pour un prédateur. convaincre de le suivre ou assez malin pour
user d’un stratagème (lui faire croire qu’il a
Un des éléments les plus importants de le bras cassé et besoin de son aide pour por-
l’analyse du crime est l’évaluation des ter un objet lourd…).
risques : cette personne avait-elle un grand
ou un petit risque de devenir une victime ? Une victime décédée peut offrir des indices
Certains styles de vie augmentent ou dimi- physiques mais aussi des informations sur le
nuent la vulnérabilité face au crime violent. type de confrontation qui a eu lieu. Elle
Les personnes ayant un style de vie risqué peut indiquer si son assassin a utilisé juste
sont souvent exposées à la violence : une assez de force pour l’assommer ou la sou-
prostituée qui travaille dans un quartier où mettre, puis l’a tuée, ou s’il l’a immédiate-
le crime et la drogue sont courants et où la ment tuée, ou s’il l’a torturée et brutalisée
population est surtout composée de margi- parce que ses souffrances lui procuraient du
Profiling
naux. plaisir.
Une femme au foyer vivant dans un quartier Dans une série de crimes, l’apparence de la
résidentiel, qui reste chez elle avec ses victime peut indiquer les préférences
enfants et sort rarement la nuit, a moins de sexuelles du prédateur : il peut s’en prendre
risques d’être agressée. à des enfants, des femmes blondes, des
infirmières ou des homosexuels noirs. Un
Les profilers doivent déterminer quel type éventail d’indices mis bout à bout peut per-
de criminel pénétrerait dans tel ou tel envi- mettre d’imaginer le déroulement des évé-
ronnement pour trouver cette victime parti- nements et le comportement du criminel.
culière. Il est “facile” pour un agresseur de
s’en prendre à une prostituée, d’autant plus
qu’elle montera volontairement dans son Une aide à l’enquête
véhicule. Par contre, un prédateur devra Les profils du FBI fournissent également
faire preuve d’habileté et d’intelligence s’il aux policiers des conseils pour identifier et
veut agir dans un quartier résidentiel et pas- appréhender le criminel, et interroger
sant, sans être remarqué. convenablement un suspect.
Les profilers considèrent donc le niveau de Ils proposent parfois d’utiliser les médias
risque pris par l’agresseur pour commettre pour toucher la communauté et obtenir des
son crime : le jour est plus dangereux que la informations : portraits-robots, copie de
nuit, une rue fréquentée présente plus de l’écriture d’un tueur, description d’éventuels
risques qu’un endroit boisé et isolé. Le pré- crimes précédents, etc. Une personne qui
dateur qui agresse la prostituée se sent en n’aurait qu’un vague soupçon peut com-
sécurité dans un quartier “rouge” alors qu’un prendre qu’elle connaît en fait un criminel.
citoyen moyen le fuirait : peut-être est-ce En Floride, en 1989, le FBI a fait coller des
parce qu’il le fréquente depuis un moment affiches représentant l’écriture de l’assassin
? d’une mère et de ses deux enfants, qui avait
griffonné quelques mots sur une brochure.
L’agresseur de la femme au foyer pourra Trois jours plus tard, des témoins contactè-
être quelqu’un qu’elle connaît ou un boni- rent la police en affirmant avoir reconnu
menteur expérimenté. L’agresseur est-il l’écriture du suspect. Ils donnèrent tous le
entré chez elle par surprise ou l’a-t-elle même nom et l’homme fut arrêté.
laissé entrer ? Était-elle une cible prémédi- Les profilers peuvent également aider la
tée ou l’agresseur a-t-il saisi l’opportunité ? police à resserrer leur prise sur un suspect.
La police peut suspecter une personne
L’une des caractéristiques qui peut aider à d’être un assassin mais ne pas posséder assez
dresser le profil de l’agresseur est la condi- de preuves (n’avoir qu’un vague témoi-
tion physique de la victime. Si, durant la gnage, par exemple) pour obtenir un man-
reconstruction des événements, on décou- dat de perquisition d’un juge.
vre que l’agresseur a porté sa victime sur
une distance assez longue avant de la dépo- Un profiler peut alors dresser le profil psy- 103
ser dans sa voiture ou de la cacher dans un chologique du criminel inconnu à partir de
buisson, on peut penser que le criminel est ses crimes. Si ce profil correspond à la des-
robuste… ou qu’il n’était pas seul. cription du suspect, le profiler peut ensuite
obtenir des informations sur le suspect afin
Si un agresseur a pu enlever une victime d’indiquer quel genre de tueur il serait et les
sans qu’elle ne se défende, alors que l’on sait preuves qui pourraient être découvertes
par ses amis et sa famille qu’elle était natu- chez lui : d’où la nécessité du mandat de
rellement méfiante, on peut penser qu’elle perquisition.
Le profil peut également aider à prédire de
futures agressions possibles ou l’endroit le
plus probable ou le criminel attaquera ses
victimes. Une grande signification réside
ainsi dans le type d’endroit que choisit un
tueur pour abandonner le corps de sa vic-
time (au bord d’une route de campagne, en
plein centre ville, dans une forêt…). Si, par
exemple, plusieurs corps sont découverts
dans des champs, dans un “cercle” n’ayant
que quelques kilomètres de diamètre, on
peut penser que le suspect utilise toujours
les mêmes routes de campagne pour se ren-
dre du lieu des meurtres au lieu d’abandon
des corps, qu’il possède son propre véhicule
Profiling
104
mis. Les voisins d’un criminel qui pense-
raient alors le reconnaître peuvent télépho- La police peut donc intensifier le nombre
ner à un numéro spécial. Un groupe de de patrouilles et concentrer ses recherches
cambrioleurs a subitement cessé d’agir sur ce quartier précis, ce qui évite des inves-
après qu’un tel courrier a été publié. tigations coûteuses et inutiles.
Le “direct marketing” est devenu l’un des La plupart des criminels commettent des
outils de la police de Vancouver, grâce au crimes dans leur “zone de confort” : le ou les
logiciel de profiling géographique (“Rigel”) quartiers qu’ils connaissent bien et qui n’est
développé par Kim Rossmo, directeur de la souvent pas très éloigné de leur habitation.
On sait qu’un tueur en série commet très La méthode Godwin
souvent son ou ses premiers crimes près de Le Dr Maurice Godwin travaille dans le
chez lui, car il s’y sent en sécurité et peut Centre de Justice de l’Université de l’Alaska
rapidement rentrer chez lui si les choses ne où il enseigne le profiling criminel appliqué
tournent pas comme il le voudrait. spécifiquement aux tueurs en série.
Par la suite, il arrive fréquemment qu’il Il a publié plusieurs ouvrages et a créé son
s’éloigne de son lieu d’habitation, justement propre logiciel de profiling géographique,
pour mettre de la distance entre ses victimes “Predator”.
et lui, mais aussi parce qu’il prend confiance
en lui et agrandit sa “zone de confort”. Selon lui, le profil géographique d’un tueur
en série est développé de deux manières dif-
Rigel est compatible avec le VICLAS, la férentes : en ne prenant en compte que les
base de données canadienne des crimes vio- lieux où les victimes sont abandonnées par
le tueur, ou en prenant en compte à la fois
Profiling
lents (cf. Structures & profiling, p.186). Ron
MacKay et Kim Rossmo ont combiné ces ce lieu d’abandon, mais également l’endroit
deux systèmes pour appréhender un pyro- où elles sont enlevées ou tuées.
mane qui avait provoqué 24 incendies en
Colombie britannique : le VICLAS a lié les Ses recherches avec le professeur David
crimes entre eux, MacKay a développé le Canter concernant 54 tueurs en série amé-
Étude de cas
ricains suggèrent que la deuxième méthode
profil psychologique du pyromane, que
permet d’obtenir un profil géographique
Rossmo a introduit dans Rigel. La per-
bien plus précis. Cela implique de recueillir
sonne arrêtée vivait dans la rue juste en face 3 petits %
plus d’informations (donc un surcroît de
de l’endroit qu’Orion avait désigné.
La police de Recklinghausen, en
travail) mais l’analyse n’en est que plus
Allemagne, enquêtait sur une série
solide. L’endroit où la victime a été tuée,
de 35 agressions sexuelles (des viols,
Le logiciel est coûteux (225 000 $). Il doit enlevée ou vue pour la dernière fois peut
être installé sur des serveurs puissants et des tentatives et des attaques) entre
juillet 1996 et janvier 2001.
être estimé à partir de différentes sources :
Tous ces crimes avaient eu lieu à Marl,
doit être utilisé par un professionnel du les comptes-rendus de témoins oculaires,
une ville de 30 000 habitants située
crime et de l’informatique, spécialement les conversations téléphoniques, les PV, les
formé à Rigel… mais la police pense qu’il dans la Ruhr. 28 de ces agressions
avaient été reliées par l’unité de profi-
réservations d’hôtel, les bulletins de sortie
ling de la police de Düsseldorf.
en vaut largement la peine. de prison, les reçus de carte de crédits, les
factures de péage autoroutier, les additions
Il faut approximativement deux semaines En 2000, le Détective Neil Trainor,
profiler géographique à Bramshill,
de restaurant, etc.
en Angleterre, fournit un profil géogra-
pour obtenir une carte (rassembler les don-
phique aux enquêteurs allemands.
nées utiles, dresser un profil, entrer les Godwin détermine ensuite les coordonnées
exactes des 2 lieux (enlèvement et abandon) Il réduisit la zone de recherche de
la résidence du suspect (59 km carrés)
informations correctement, puis laisser le
à 3 % (1,5 km carrés). Les enquêteurs
logiciel calculer). Rossmo espère que ce avec un GPS, puis les introduit dans
organisèrent un prélèvement d’ADN
délai pourra être réduit à mesure des évolu- “Predator”. David Canter a quant à lui
développé un logiciel nommé “Dragnet” et en masse dans ce périmètre, qui leur
permit d’arrêter le violeur. Il avait vécu
tions du logiciel.
avec sa mère dans la zone des 3 %
l’Institut National de Justice américain a
jusqu’en 1998 et avait déménagé
Il ajoute que son logiciel est un excellent créé “Crime Stat”. Tous ces programmes
juste au bord de cette zone.
outil d’aide à l’enquête mais qu’il ne créent des cartes colorées en 3D comme le
remplace pas cette dernière : sans enquête, “Rigel” de Kim Rossmo.
pas d’informations ni de profil à fournir
Maurice Godwin offre également un profil
à Rigel.
psychologique grâce au profil géogra-
phique, issu du comportement spatial du
criminel.
105
le et un
• Il possède un véhicu
moyen de transp ort pour se
d e profil s les grandes
le rendre dan
Exemp étendues boisées du
Nord
dou te un
Tueur en série d’Anchorage. Sans de
a bea uco up
avion car il y la
n profil le aut our de
Voici l’exemple d’u banc de sab
t ser -
psychologique (ré sum é), dressé Knik River, qui peuven s-
pouvez tte rri
par John Dou gla s. Vou s vir de pistes d’a
même
tenter de le créer
vous-même sage. Peut-être a-t-il ce
t les des- d’a ncr age dan s
en lisant uniquemen un point
Profiling
où il
criptions des cri mes , puis périmètre, un endroit es
avec vic tim
comparer vos rép ons es violenterait ses s
le por- rel âch er dan
celles du profiler et avant de les
trait du criminel. les bois.
aussi
(il est rusé), mais
me con sidé-
qu’il peut lui-mê
femmes s “d éc hets , blanc,
nes co mm e de Robert Hansen, 44 ans
gie
jeu
Scène de crime et victimolo
ps de re r
Criminel
4 cor ou “an ima ux” sur pèr e de 2
sti tué es humains”, des boulanger, mar ié,
blanches, des pro har ger eur com-
des danseuses nues ori
ginaires lesquels il peut déc nt enfants. C’est un vol
été sa colère. Il doi t sûr eme dam né plu-
d’Anchorage (Alaska),
ont pulsif qui a été con
nor d de tai nes san s les a été inculpé
découverts à 35 km au en violer cer sieurs fois ; il
des end roi ts s mai s n’a jamais
cette ville, dans tuer.
cas ier de viol 2 foi
re 1971 • Il a sûrement un
reculés et boisés, ent t à t-ê tre pour
été jugé.
épouse et
Cer tai ns éta ien jud ici air e, peu Il tue lorsque son
et 1983. rap - s et/ ou des abs ents (à
le ion ses enfants son t
moitié enterrés. Selon été
des agress
es, etc.).
es ont vac anc
port d’autopsie, ell de
viols.
rég ion et l’école, en
it avi on et
c un fus il con naî t la sèd e un pet
assassinées ave e)
• Il
à Anc hor age Il pos
boi s, près
calibr habite sûrement une cabane dans les
chasse puissant (gros tan ce che . où il emm ène
dis ou une ville pro er,
et abattues à moyenne t). un cha sse ur de la Knik Riv
les vio ler
t por tan sûr eme nt ses victim es pou r
(et non pas à bou • C’est
est un
e alors et la Knik River puis les chasser.
L’une a été abattu des chas- en (il
qu’elle éta it nue . Les aut res end roi t app réc ié
fem mes L’un des fusils d’Hans bien
il n’y enl ève les !), est
étaient vêtues mais seurs. Il
mais on les
en possède 21
4 meur-
it pas de tro u dan s leurs à Anc hor age celui utilisé pour les
ava - omè tre s ent chas-
vêtements : elles ont
été rha retrouve à des kil - tres. C’est un excell
es. dan s les mon plusieurs
billées après avoir été
tué plus au nord,
ell es seur et il a gagné
ont été 4 d’e ntr e
La plupart des corps tagnes, et
moyenne prix.
sous-sol,
la Knik ont été abattues (à Dans sa maison, au
découverts non loin de qu ’e ll es rent des
physique distance) alors les policiers découv
River. Aucune preuve peu t-ê tre les tes d’iden-
disponible. étaient nues : - bijoux et des car
com me des ani art enu aux vic-
chasse-t-il s- tité ayant app
Il doi t ado rer cha en tou t, don t cer-
maux. times (15
Profil psychologiqu ge moyen,
n’ont jama is été
• Un homme blanc d’â ser. taines
e
sib le de cac her les sen a des -
psychopathe. Il est pos • Puis, il tente
ant : retrouvées). Et Han car te
ple et les ent err sur une
qu’il vive en cou corps en
sé qui siné des croix
où les
qu’il tue durant les
week- c’est un tueur organi ses de vol aux endroits
nif ie
ends ou les vacances. prémédite et pla corps ont été enterrés.
mb le dé te st er le s cri mes .
• Il se il garde
s en • Il est probable qu’
femmes et être trè pris à
Le fait chez lui des objets
colère après elles. - une liste
qu’il choisisse des
prosti ses victimes et/ou des
t des , com me
tuées indique qu’il veu tés de ses crimes
aut ori “trophées de cha sse ”.
victimes que les
106
c zèle
ne chercheront pas ave
Exemple de profil
l’a étranglée
avec la sangle
son sac à main de pour une autr
et s’est mastur
Meurtrier e ra
sur elle. Il a
attaché ses po
bé agi en plein jo ison. Il a
Voici l’exempl gnets avec ses i- ur, sans rien
e d’un profil collants. planifier et a
psychologique Son assassin av laissé de nom-
(résumé) dres ai breux indices
par John Doug
las. Vous pouv
sé du corps et l’av t déféqué près crime.
sur la scène de
ai
tenter de le cr ez le chemisier de t couvert avec • La scène du
ée
lisant uniqueme r vous-même en sa victime. crim
téristique d’un e est carac-
nt les descrip- tueur de type
tions des crim désorganisé, sû
es, puis compar rement psycho-
vos réponses av er • Le tueur est tique (les ex
Profil psychologiqu
ec sûrement blanc.
filer et le po celles du pro- créments). Il
e
rtrait du crim Le type d’agre est probable
ss
nel. i- morsures, poig ion (coups, soit sans empl
que le tueur
net attaché, oi.
objet • Les mutila
Profiling
introdui tions sexuel
indique que so t, etc.), (surtout les mo les
En 1979, une je n fa nt as me est rsures) sur la
déjà bien déve
Scène de crime et
un victime tradui
de 26 ans a ét e femme blanche loppé, ce qui sent une diffi-
victim ol
a
og
dû prendre plus
ie
é retrouvée mo ieurs années : culté relation
sur le toit du rte ce t nelle avec les
bâtiment où es homme doit donc femmes. Le tu
situé l’appa t trentaine d’an avoir une eur est proba-
rtement qu’e nées. blement céliba
partage avec se lle • Le tueur est taire.
s parents, à Ne un familier de
York. w lieux. Il y s
Elle est nue habite, y tra-
va il le ou y connaî Carmine Calabr
Criminel
mais n’a pas o,
violée. Des tr
aces de morsur
été Il sait commen t du monde. célibataire, sa blanc, 32 ans,
sont visibles es t accéder au ns emploi.
sur ses cuisse toit de l’imme Son père vit
un parapluie s, uble, ce qui dans l’un de
a été introdui n’ est pas évid appartements de s
en t l’
dans son sexe
t étranger. po ur un Il est mentalem immeuble.
et en
son corps port
e
tout • Le tueur a
probablement re a déjà été inst t instable et
coups violents des traces de contré sa vict n- Le moulage de
it utionnalisé.
. Son meurtrie ime par hasard sa dentition co
r Il était sûreme . respond aux mo r-
nt sur le toit rs
sur la victime. ures relevées
Profiling
le compagnon est présent, il peut-être
Le tueur sexuel
être impuissant. Bien qu’il puisse lire
obligé de regarder l’agression ou d’y partici-
Playboy, il n’utilise généralement pas
per. Il agit parfois avec des complices, de “colère - excitation”
de supports pornographiques pour
se stimuler. Ses antécédents pénaux :
comme “meneur”. (7 % des tueurs sexuels)
coups et blessures, maltraitance
Il commet un viol et un homicide planifiés,
conjugale, conduite imprudente.
Généralement, l’auteur porte sur lui son pour faire souffrir et terroriser sa victime.
“arme” préférée (couteau, corde…), qu’il Il ne poursuit pas ses études et
s’il s’engage dans l’armée, il est
La torture prolongée fortifie ses fantasmes
souvent renvoyé pour négligence
apporte sur la scène du crime et remporte de domination et de contrôle. Il sélectionne
ou non-respect de l’autorité.
avec lui après les faits. sa victime, homme ou femme, et accroît sa
violence de manière rituelle. C’est typique-
La victime porte souvent de nombreuses ment un agresseur en série. Il approche sa
traces d’ecchymoses ou de contusions, mais victime, exploite sa naïveté, la torture et la
il n’y a généralement pas de mutilation. Le mutile de manière sadique, ce qui lui
tueur laisse souvent derrière lui une scène apporte un plaisir pervers. Il est excité par la
de crime organisée. réalisation d’un scénario répétitif de domi-
nation érotisée. Le meurtre sadique est issu
En raison de son besoin de gloire et de d’un long processus criminel demandant de
reconnaissance, il peut se confier à un ami, l’expérience, de l’énergie et du temps.
un collègue de travail, un collègue de cel-
lule… et parfois même à la police. Son fantasme suit un plan d’action mis
en œuvre au moyen d’un “kit de meurtre” :
il apporte avec lui (et garde souvent dans
son véhicule) une arme, des cordes, un
Profil type du
Le tueur sexuel masque, des bas, etc. Il s’en prend souvent à
“colère - excitation”
Le plus souvent, il commet son premier
de “colère - riposte” une victime inconnue qui correspond à son
fantasme : infirmières, prostituées, enfants, homicide vers 30-35 ans mais il est
possible qu’il soit bien plus jeune.
(34 % des tueurs sexuels)
C’est souvent un homme intelligent
étudiantes, femmes âgées… Il peut égale-
Pour ce tueur, le viol et le meurtre sont pla-
et sociable que personne ne soupçon-
ment être attiré par des critères physiques
nerait. Il peut être marié, avoir des
nifiés. Il tue pour défouler sa colère contre (longs cheveux blonds, talons aiguilles…).
enfants et mener une vie de couple
les femmes en général. Frustré par de rela- C’est souvent un tueur organisé qui se mon-
conventionnelle.
tions indigentes avec les femmes, il se venge tre charmant avec sa future victime afin de
Financièrement, il gagne plutôt bien
violemment sur une victime. L’agression est dissiper ses craintes. Il utilise la ruse pour la
sa vie. Il préfère les emplois où
précipitée par la critique, le rejet ou la répri- manipuler jusqu’à ce qu’elle soit isolée. Puis,
la hiérarchie n’est pas trop présente
mande d’une femme. Il attend patiemment
et peut apprécier le travail manuel.
lorsqu’ils sont seuls, il montre son vrai
sa revanche, puis dirige sa colère contre
Il est souvent compulsif.
visage et peut par exemple lui annoncer
cette femme (sa mère, son épouse, etc.) ou, directement qu’il va la tuer.
Il a pu suivre 2 ou 3 années d’études
plus souvent, une victime de substitution,
qui vit en général dans son quartier ou sur et, s’il a fait l’armée, c’est sans
problème particulier. Son “kit de
Lire la terreur dans ses yeux rentre dans son
meurtre” et ses “trophées” sont
son lieu de travail. Il agressera une victime fantasme. Il va ensuite la torturer méthodi-
souvent rassemblés dans un endroit
qui lui est proche si elle est plus jeune que quement et expérimenter des violences
spécifique : toilettes sombres, chambre,
lui. Il est susceptible de recommencer sexuelles. Il exerce sur elle des dégradations
sous-sol, fosse dans la terre, garage
ou grange abandonnée.
lorsqu’il ressent un stress trop élevé.
109
physiques pour la terrifier et apprécie de
l’attacher. Son imagination est sans limite.
On peut également y trouver des
Il frappe la victime à la bouche et au visage
et, plus l’attaque est violente, plus il utilise Sur le cadavre, on constate des contusions victimes déshabillées et les supports
pornographiques qu’il préfère (bondage
et sadisme).
des armes qu’il trouve sur place (couteau de et des strangulations partielles, des traces de
cuisine, statuette, aérosol…). Il frappe avec coupures, de nettoyage du corps, de rasage
ses poings, des objets tranchants ou et de brûlure. Il n’y a pas toujours viol et on
contondants. Et même lorsque la victime trouve rarement du sperme dans le corps de
est morte, il continue de frapper jusqu’à ce la victime. Il la tue souvent par des coups
que sa colère se calme. et/ou une strangulation.
Après la mort, le sadique exerce souvent des Les profils établis par des soi-disant “profi-
sévices sexuels sur les zones érogènes du lers privés”, lors de l’affaire des snipers de
corps (déchirures, objets insérés). Le tueur Washington en 2002, se sont révélés
peut abandonner le cadavre nu avec parfois inexacts car trop figés dans des modèles
les habits à côté, ou emporter des parties du pré-établis et immuables. Les profilers doi-
corps (des “trophées”). vent penser comme un criminel et non pas
suivre à la lettre les manuels qu’on leur a
Lorsqu’il a satisfait son fantasme, ce tueur fournis.
range soigneusement son “kit” et, soucieux
de ne rien laisser derrière lui, il peut dépla- Le problème reste que les profilers du FBI
cer le corps dans un autre endroit et le dis- sont trop cartésiens et ne laissent pas assez
simuler, voire l’enterrer. Il a tendance à de place à l’âme humaine. Ils classifient,
commettre des agressions dans des zones créent des catégories, rangent les gens dans
éloignées de ses activités quotidiennes. des boîtes, font confiance à des statistiques
Il peut tenter de s’immiscer dans l’enquête. de 20 ans d’âge, se cramponnent à des sté-
Profiling
110
Portrait PNJ
Glenn Harwood
Profiling
Glenn Harwood
Profiler du FBI
43 ans, Profiler du FBI
Américain, 43 ans.
APP 12 Prestance 60 %
CON 12 Endurance 60 %
DEX 13 Agilité 65 %
FOR 11 Puissance 55 %
TAI 12 Corpulence 60 %
ÉDU 16 Connaissance 80 %
INT 15 Intuition 75 %
Grand et mince, ses che
veux grison-
POU 17 Volonté 85 %
nants sont coupés très cou
rts. Il porte
“l’uniforme du BSU” : un
Valeurs dérivées
e chemise très
blanche, une cravate grise
Impact 0
et la cheva-
Points de Vie 12
lière d’une grande universit Il a également obtenu un
é (Harvard, diplôme en
Santé Mentale 85
Yale, Stanford…) à la ma criminologie. Après 5 ans
in droite. de ser vice, il a
demandé à être affecté au
Compétences
BSU, ce qu’il
lui a été accordé. Depuis
Administration 55%
Glenn Harwood a consta 3 ans, il est
mment l’air
Athlétisme 50%
sérieux et pensif. Très pro également instructeur et
fessionnel, il formateur.
Bibliothèque 80%
sourit peu et, lorsqu’il par
Chercher 80%
court les cou-
loirs du BSU, il tient toujou Les personnes qui ne discut
Conduite 65%
rs un dossier ent pas avec
Crédit 50%
sous son bras. Glenn le considèrent
comme un
Criminologie 80%
homme austère. Pourtant
, s’il prenait le
Droit militaire 65%
Titulaire d’une maîtrise temps de le connaître, ils
Enseignement 55%
en science, découvriraient
qu’il est sympathique et
Histoire criminelle 60%
Glenn s’est engagé dans non dénué
l’armée à l’âge
Persuasion 65%
de 23 ans, ce qui lui a permi d’humour. Glenn est passio
s de voyager nné par son
Psychologie 75%
en Allemagne et en Corée travail et peut passer des
Sagacité 80%
. Il a travaillé heures à com-
dans la police militaire du pulser un dossier pour
Renseignement 55%
rant 8 ans, où y trouver LE
détail parlant. Imaginatif
Sciences pures 65%
il a surtout du faire face et intuitif, il
à des crimes
Secourisme 40%
sexuels et des homicides. est également très franc et
ne craint pas
Vigilance 75%
Lorsqu’il a de dire ce qu’il pense. Sû
quitté l’armée, il était cap r de lui, il s’ex-
itaine et bardé
de médailles “pour ser vices prime clairement et sait
Langues
méritoires”. présenter un
Américain 75%
profil ou expliquer un cas
avec convic-
Allemand 60%
Il a ensuite rejoint le tion.
Coréen 50%
FBI en tant
qu’agent spécial et a parcou
ru les États- C’est un excellent profes
Combat
Unis pour mener des enq sionnel qui a
uêtes sur le
Armes de mêlée 40%
crime organisé, la prostit une grande connaissance
ution et les du crime dans
Armes de poing 45%
meurtres. toute sa diversité, et surtou
Bagarre 40%
t des crimes
violents.
111
Histoire tutions coïncida aussi avec la croissance du
nombre d’aliénés mentaux, suite à une
de la psychiatrie hausse de l’alcoolisme (le 19ème siècle a
connu une baisse des prix des boissons
alcoolisées) et du taux de neurosyphilis (la
syphilis est une maladie sexuellement trans-
missible, très répandue à l’époque, qui, dans
sa forme finale, provoque des troubles neu-
La psychiatrie est la spécialité médicale qui rologiques). De nombreux asiles publics
s’intéresse aux symptômes mentaux causés furent créés.
par des troubles du cerveau et de l’esprit.
Dans un même temps, pour le bien des
L’histoire de la psychiatrie peut être (très) patients aisés, les cliniques privées, les sana-
grossièrement divisée en trois périodes : toriums et les centres de traitement rési-
• la période des asiles : 1770-1870 dentiels dans les spas firent leur apparition.
Profiling
Profiling
avant les années 1950. démontrait que les symptômes de psychose
et de schizophrénie (délires, hallucinations,
Toutefois, à partir des années 1930, la psy- agitation…) pouvaient être maîtrisés chi-
chiatrie se rapprocha de la psychothérapie miquement sans (trop) “assommer” les
et s’éloigna de la psychopharmacologie. patients.
Inspirés par le modèle de Freud, les prati-
ciens s’orientèrent vers l’étude des processus La chlorpromazine lança la grande vague
psychiques, s’éloignant un peu plus des des médicaments antipsychotiques basés
théories biologiques du 19ème siècle. sur les phénothiazines, qui fut ensuite ali-
mentée par l’avènement, dans les années
Le succès de la psychanalyse aux États- 1960, d’autres classes chimiques de médica-
Unis fut fortement accéléré par les crimes ments antipsychotiques.
des nazis, car les leaders de la psychanalyse
fuirent l’Europe pour trouver refuge à New Les années 1950 virent également le lance-
York, Washington et Los Angeles. Le pres- ment d’un certain nombre d’“anti-névro-
tige de ces célébrités était tel qu’ils prirent tiques”. En 1960 apparurent les anxioly-
pratiquement le contrôle de la psychiatrie tiques basés sur les benzodiazépines, dont le
américaine. Les Hongrois Sandor Rado diazépam (plus connu sous le nom de
(spécialistes de la toxicomanie) et Franz Valium) qui fut lancé en 1963. Beaucoup
Alexander (fondateur de l’Institut de d’autres suivirent, surpassant les barbitu-
Psychanalyse américain en 1931) et riques.
l’Allemande Hilde Bruch (spécialiste des
troubles alimentaires) acquirent une Le succès des thérapeutiques chimiques
immense autorité au sein de la discipline. contre la dépression et la psychose provo-
qua un énorme questionnement des causes
Dans les années 1950, la psychanalyse était des maladies mentales : étaient-elles des
enseignée dans quasiment toutes les univer- troubles psychiques causés par des conflits
sités américaines. inconscients ou des dérèglements neurolo-
giques du cerveau résultant de “déséquili-
bres chimiques” ?
Emil Kraepelin
(1856-1926)
Profiling
Les “valets” de l’indus-
trie pharmaceutique ?
Psychiatre austro-hongrois, Krafft-Ebing À la fin des années 1970, révisant et
élargissant considérablement le Manuel
diagnostique et statistique des troubles
est surtout connu pour son ouvrage
mentaux (DSM), l’American Psychiatric
Psychopathia sexualis : Étude médico-
légale à l’usage des médecins et des juristes, Association transforma ce qui avait été
un mince manuel à spirales en un gros
Élève de Wilhelm Wundt, il fut la princi-
dictionnaire. Le nombre de diagnostics
pale autorité dans le domaine de la neuro- une étude des perversions sexuelles, publié
explosa littéralement.
logie durant une grande partie du 19ème en 1886. Il popularisa les termes “sadisme”
et “masochisme”.
La première version, publiée en 1952,
siècle. Kraepelin étudia à Munich durant
Il travailla dans plusieurs institutions psy-
diagnostiquait 60 pathologies diffé-
quatre ans, puis continua ses recherches
rentes. La seconde version, publiée
neurologiques à Leipzig où il accomplit chiatriques, mais fut déçu par leur mode de
en 1980, identifiait 292 pathologies.
des autopsies sur des patients décédés de fonctionnement (on ne cherchait pas réelle-
ment à comprendre la nature des problèmes
De manière parfois injustifiée, voire
maladies du cerveau.
totalement improbable, des centaines
psychiatriques), qui le poussa à démission-
de comportements ordinaires ou de
Il distinguait 20 sortes de psychoses mais ner. Il se tourna vers l’éducation et enseigna
simples traits de caractère furent
à Strasbourg, Graz et Vienne, où il devint
désormais définis comme des troubles
les classa en deux grandes catégories :
expert en médecine légale.
psychologiques… traitables par des
la “démence précoce” et “le désordre
médicaments. Ainsi, la timidité devint
maniaco-dépressif ”. Il fut le fondateur de la
psychologie expérimentale (l’étude des un trouble psychologique !
Sigmund Freud
Le résultat fut une aubaine pour
comportements directement observables).
l’industrie pharmaceutique et un
(1856-1939)
En 1890, il s’établit comme psychiatre à énorme conflit d’intérêts pour la
psychiatrie en général. Parmi
les psychiatres, le débat fait encore
Munich. En 1903, il fut nommé professeur
rage de nos jours et certains accusent
de psychiatrie clinique à Munich, poste
le DSM d’inventer purement et
qu’il occupa jusqu’en 1922. En 1923, il
devint président de l’Institut de recherche simplement des “troubles”.
115
Les maladies endogènes, dont la “démence
précoce” et “le désordre maniaco-dépres-
sif ”, étaient pour Kraepelin totalement Freud a eu une influence énorme sur les
incurables et nécessitaient l’enfermement théories cliniques et les techniques théra-
définitif du patient. peutiques.
Diplômé de médecine en 1881, Freud fit
ses armes dans de nombreux hôpitaux. Il
passa quatre mois à Paris, où il rencontra le
professeur Charcot et fut impressionné par
son utilisation de l’hypnose.
Freud ouvrit son cabinet privé en 1886 et Alfred Adler
prit la direction du service de neurologie à (1870-1937)
la clinique des Enfants malades. Il utilisa
l’hypnose, mais finit par l’abandonner en
1889 (résistance de certains sujets, difficul-
tés d’obtenir des transes profondes).
la théorie psychanalytique.
Des dissensions finirent par éclater entre Après la Première Guerre mondiale, de
Freud et ses disciples, qui s’éloignèrent de nombreux services de conseils pour l’éduca-
lui : Alfred Adler en 1911, Wilhelm Stekel tion purent être ouverts à Vienne par Adler
en 1912, Carl G. Jung en 1913, Otto Rank et ses collaborateurs.
en 1926 et Sàndor Ferenczi en 1929.
En 1920, il devint directeur de la première
En 1923, Freud subit les premières mani- clinique viennoise consacrée à la psycholo-
festations de son cancer de la mâchoire. gie de l’enfant. À partir de 1926, Adler se
Suite à une opération, il dut porter une rendit régulièrement aux États-Unis, où il
énorme prothèse qui modifiait son élocu- avait obtenu un poste de professeur à l’uni-
tion et lui causa des douleurs permanentes. versité de Columbia. Fuyant la montée du
nazisme, Adler s’installa aux États-Unis en
Avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, 1934. L’International Journal of Individual
116
les livres de Freud (qui était juif ) furent Psychology fut publié pour la première fois
brûlés à Berlin. Freud quitta Vienne en 1935.
lorsqu’Hitler envahit l’Autriche en 1938 et
se rendit en Angleterre, où il mourut un an
plus tard.
Suisse Carl Gustav Jung
(1875-1961)
Eugen Bleuler
(1857-1939)
Profiling
Psychiatre suisse, Bleuler est célèbre pour
avoir inventé les termes “schizophrénie” et Jung était médecin, psychologue et psychia-
“autisme”. tre. Il fut le fondateur de la “psychologie
Il obtint son doctorat en 1881 et fut engagé analytique” (pour laquelle le psychisme
comme assistant à la clinique psychiatrique d’une personne est influencé par les mythes
du Burghölzli en 1885. De 1886 à 1898, il et symboles universels).
dirigea la clinique psychiatrique de Rheinau
(en Suisse), puis de 1898 à 1927, il fut Jung développa plusieurs concepts clés de la
directeur de la clinique psychiatrique du psychologie et de la psychanalyse, notam-
Burghölzli et professeur de psychiatrie à ment la notion d’inconscient collectif et
Zurich. Il fut, entre autres, le professeur de d’archétype.
Carl Jung et Hermann Rorschach (créateur
du test visuel qui porte son nom). Durant ses études, Jung devint, en 1900,
À partir de 1908, il récusa le terme l’un des assistants d’Eugen Bleuler à la cli-
de “démence précoce” créé par Emil nique psychiatrique universitaire de Zurich.
Kraepelin, et le remplaça par celui de En 1905, il fut nommé professeur à l’uni-
“schizophrénie” (du grec signifiant versité de Zurich. Il fut un enseignant très
“fractionnement de l’esprit”) car il avait populaire.
compris que le schizophrène subit un mor-
cellement de la personnalité. Bleuler pro- Jung avait inventé durant ses études un
posa une classification des différents symp- modèle de galvanomètre (nommé plus tard
tômes de la schizophrénie. le “psycho-galvanomètre”) qui permettait
d’enregistrer le rythme respiratoire, le pouls
Bleuler rencontra Sigmund Freud en 1904. et la transpiration, ainsi que l’activité élec-
Il fut le tout premier professeur d’université trique biologique à la surface de la peau :
à adopter les vues de ce dernier. Il cautionna l’ancêtre du détecteur de mensonge... Le
et répandit les principales thèses de Freud succès de son appareil fut tel que Jung fut
sur la folie (à l’époque, les aliénistes pen- nommé expert-psychiatre auprès des tribu-
saient que la folie était exclusivement héré- naux.
ditaire et organique). Il participa au premier
congrès psychanalytique international à Jung décida de contacter Freud en 1906, qui
Salzbourg, en 1908, et contribua à la créa- était pourtant, à l’époque, un paria dans le
tion de la Société Psychanalytique monde de la psychologie. Leur correspon-
Internationale, en 1910. dance et leur amitié furent intenses mais
conflictuelles, et Freud le considéra long-
Le Burghölzli attira de très nombreux étu- temps comme son “héritier scientifique”.
diants intéressés par la psychanalyse, venant
En 1908, Jung décida d’ouvrir son propre
117
d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de
Grèce, d’Italie, de Hollande, de Hongrie, du cabinet d’analyse, où il soigna de nombreux
Luxembourg, de Pologne, de Russie, de Américains impressionnés par ses théories.
Scandinavie et des États-Unis.
Toutefois, Bleuler et Freud finirent par se Les premiers malentendus avec Freud
brouiller en 1910 lorsque le premier refusa apparurent en 1911 et leur relation se ter-
de suivre la thèse de Freud selon laquelle la mina définitivement en 1914. Jung démis-
sexualité joue un rôle prédominant sur l’in- sionna alors de son poste à l’université de
conscient. Bleuler quitta définitivement le Zurich, reçut beaucoup moins de patients
mouvement psychanalytique en 1911. et commença une “recherche intérieure”.
Après la Première Guerre mondiale, Jung Après la guerre, Jung fut accusé par plu-
constitua un groupe de partisans, notam- sieurs auteurs de collusion avec le régime
ment des médecins, dont Eugen Bleuler. Il nazi, et défendu par d’autres. En 1947, il fut
recommença ses analyses et sa clientèle victime de deux infarctus. En 1948,
augmenta considérablement, notamment l’Institut C. G. Jung ouvrit ses portes à
parmi les célébrités de l’époque (Edith Zurich. En 1953, l’ancienne maîtresse de
Rockefeller le consulta pour une dépression Jung décéda, suivie de son épouse en 1955.
nerveuse). Jung et ses compagnons fondè- Jung se passionna alors pour le phénomène
rent en 1916 l’Association de psychologie des soucoupes volantes. Encouragé par ses
analytique, mais Jung eut lui aussi à faire amis, il commença à écrire son autobiogra-
face à des dissidences et des défections. phie en 1956. Il y travailla jusqu’à sa mort,
luttant contre la dégénérescence et les trou-
Jung, qui s’était toujours intéressé au mysti- bles de mémoire.
cisme, continua ses recherches en théologie,
mythologie, chiromancie, alchimie et astro-
Profiling
118
chopathe lors d’une interview à un journal mait que le psychanalyste devait intervenir
américain, ce qui força Göring à accepter sa de manière chaleureuse au sein de la cure. Il
démission. Ses livres furent interdits en pensait que la technique aussi bien que la
Allemagne et Jung fut confiné en Suisse. théorie pouvaient et devaient s’ajuster à
chaque situation et à chaque sujet.
En 1943, Jung fut contacté par un agent des Fondateur de la Société psychanalytique de
services secrets américains, l’OSS, afin de Budapest ainsi que de l’International
dresser le profil psychologique des diri- Psychoanalysis Association (IPA), Sandor
geants nazis. Selon son diagnostic, Hitler Ferenczi écrivit une somme de recherche
devait finir par se suicider. particulièrement riche.
Grande-Bretagne Il a créé une version de la psychologie qui
décrit la structure de l’esprit, le “structura-
La psychologie scientifique anglaise s’est lisme”. Titchener croyait que si les compo-
constituée hors des universités et à partir de sants de base de l’esprit pouvaient être défi-
la pensée évolutionniste de Charles Darwin nis et classés, alors la structure des proces-
et de la statistique. sus mentaux pourrait être déterminée.
Profiling
une collection de cerveaux humains
Titchener était aussi un “original”. Il consi-
conservés par le département de
déra toujours qu’il vivait dans “les colonies”
psychologie de l’Université de Cornell.
et ne demanda jamais la naturalisation
américaine. Il choisit de ne pas être mem- Elle fut créée par le professeur d’anato-
bre de la American Psychological mie et de neurologie Burt Green Wilder.
120
exposait les cas cliniques de ses patients.
Ses travaux furent consacrés à l’étude des
Parmi les élèves et collaborateurs de processus supérieurs (pensées et intelli-
Charcot, on compte Joseph Babinski (il dif- gence) et au développement de l’enfant. Son
férencia les grandes affections neurolo- travail fut le point de départ des tests d’effi-
giques et les syndromes psychiatriques), cience intellectuelle qui allaient aboutir aux
Georges Gilles de La Tourette (il décrivit la tests de QI. Binet fut d’abord avocat, de
maladie des tics convulsifs qui porte son 1878 à 1884, avant de quitter le barreau de
nom), Eugen Bleuler (le psychiatre suisse), Paris et d’entreprendre des études de méde-
Alfred Binet et Pierre Janet. cine qu’il ne termina pas.
Il poursuivit alors des études de psychophy- Russie
siologie et de clinique psychiatrique durant
lesquelles il rencontra Babinsky et Ribot. Ivan Pavlov
Encouragé par ce dernier, il travailla avec (1849-1936)
Jean-Martin Charcot à l’Hôpital de la
Salpêtrière sur l’hypnose et la suggestion.
En 1892, il fut nommé directeur adjoint du
tout jeune Laboratoire de psychologie phy-
siologique de la Sorbonne (fondé deux ans
auparavant), puis directeur en 1895. En
1892, il commença à étudier les enfants
arriérés (qui, à l’époque, étaient placés seuls
dans des établissements à la campagne). En
1905, il publia une “échelle métrique de
l’intelligence” afin de mesurer l’âge mental
Profiling
des enfants.
Pierre Janet
(1859-1947)
États-Unis
William James
(1842-1910)
Profiling
nous semblent aujourd’hui arriérées ou fas-
cisantes, mais qui étaient novatrices ou
acceptées à l’époque. Il militait pour que les Cattell s’intéressa d’abord à la philosophie
filles reçoivent une éducation basée unique- avant d’aller étudier à Leipzig avec Wilhem
ment sur leur futur rôle de “femme au Wundt en 1883, où il essaya plusieurs
foyer”. Il croyait que les êtres humains drogues sur lui-même (cannabis et has-
étaient, par nature, conduits par l’instinct et chich). Il resta trois ans en Allemagne et
avaient besoin d’un leader charismatique décida de s’orienter vers la psychologie. Il
qui les manipulerait pour le bien-être de la obtint son doctorat en 1886 et devint lec-
société. Il considérait les pré-adolescents teur à l’Université de Cambridge, où il ren-
comme des sauvages et pensait qu’il était contra Sir Francis Galton. Ils travaillèrent
inutile d’éduquer les enfants, qui devaient ensemble sur les probabilités et l’utilité des
simplement être amenés à craindre Dieu, à statistiques dans l’analyse de résultats expé-
aimer leur pays et à développer un corps rimentaux.
fort.
Cattell fut également influencé par l’opi-
Hall n’avait aucune sympathie pour les pau- nion de Galton sur l’eugénisme et la théorie
vres, les malades ou les handicapés. de l’évolution. Selon lui, les délinquants et
Fermement convaincu de l’utilité de l’éle-
les déficients devaient être stérilisés alors
vage sélectif et de la stérilisation forcée,
que les personnes saines et brillantes
Hall pensait que toute charité envers ceux
devaient être incitées financièrement à se
qu’il considérait comme physiquement,
marier entre elles…
émotionnellement ou intellectuellement
faibles ou “défectueux” interférait avec le
En 1889, il retourna aux États-Unis pour
mouvement de la sélection naturelle vers
occuper le poste de professeur de psycholo-
l’élaboration d’une super-race.
gie de l’Université de Pennsylvanie, puis en
1891 il s’installa à l’Université de Columbia
Et pourtant, Hall fut également novateur et
où il devint directeur du département de
généreux. Il invita Sigmund Freud et Carl
Jung à donner une série de conférences en psychologie, d’anthropologie et philosophie
1909. Hall et Freud partageaient les mêmes jusqu’en 1917. Il fut nommé président de
opinions sur l’influence du sexe et l’impor- l’American Psychological Association en
tance de l’adolescence. Ce fut la première et 1895 et fut le premier psychologue élu à
l’unique visite de Freud aux États-Unis. Ce la National Academy of Sciences, à l’âge de
fut également la conférence la plus contro- 40 ans.
versée de l’époque car les recherches de
Freud étaient fondées sur des théories non- Tout au long de sa carrière, Cattell œuvra
scientifiques, que les collègues de Hall cri- pour que la psychologie soit considérée
tiquèrent vivement. comme un domaine aussi digne d’intérêt
que les sciences “classiques”, comme la chi-
Hall encadra également le premier Afro- mie ou la physique. Son opinion était que
l’intellect pouvait être analysé et quantifié
123
Américain à obtenir un doctorat en psycho-
logie, Francis Cecil Sumner, en 1920. en unités standard de mesure.
124
Les thérapies 1860-1940 : Bromure de potassium
En 1857, l’obstétricien britannique Charles
Locock, utilisant du bromure, traita avec
Les principaux manuels de psychiatrie dans
succès des femmes qui, selon lui, avaient
les années 1920 donnaient des exemples
“des crises d’épilepsie de forme hystérique”.
illustrés pour diagnostiquer les différents
Le bromure fit son apparition dans les asiles
troubles mentaux, mais offraient très peu de
d’Europe. À doses thérapeutiques, il a des
conseils en matière de traitements. En l’ab-
propriétés sédatives et anticonvulsives. Au
sence de thérapies recommandées, les
début des années 1900, les médecins pen-
médecins essayaient toutes les thérapeu-
saient que les états incontrôlables d’excita-
tiques, du moment que celles-ci puissent
tion pouvaient être soulagés par l’adminis-
traiter un grand nombre de patients avec un
tration de bromure.
minimum de personnel qualifié, une condi-
tion préalable pour la plupart des hôpitaux
Au milieu des années 1920, de nombreux
psychiatriques.
articles de l’American Journal of Psychiatry
Profiling
Ce manque de ressources amenait les prétendaient que le bromure pouvait soula-
médecins à privilégier des traitements ger les symptômes graves de troubles du
somatiques (physiques) parfois radicaux comportement. Malheureusement, les
aux dépens de la lente approche évolutive et patients devaient être maintenus en perma-
individuelle indispensable au psychothéra- nence sous bromure pour que leur condi-
peute. tion s’améliore, ce qui facilitait la vie du
personnel hospitalier, mais pas celle du
1884-1910 : Cocaïne patient : le bromure s’accumule dans l’orga-
Cette drogue stimulante fut introduite vers nisme et finit par provoquer vomissements,
1884 par Freud qui l’expérimenta sur lui- mal de tête, léthargie, confusion, désorien-
même (elle était à l’époque utilisée comme tation, dépression et insomnie. Le bromure
anesthésiant). Il considéra qu’elle augmen- peut aussi tuer le patient, car ses effets
tait la maîtrise de soi et lui donnait une plus dépendent de la quantité de chlorure conte-
grande énergie pour son travail. La cocaïne nue. Si la proportion de bromure est supé-
fut largement utilisée en Europe dans les rieure à celle du chlorure, le patient meurt
années 1890 car Freud recommanda son dans son sommeil.
utilisation à ses proches. Il se rétracta dès
1887, mais la mode était déjà lancée. La Le bromure fut utilisé contre l’épilepsie
cocaïne fut interdite à la consommation jusqu’à l’apparition du phénobarbital
personnelle aux alentours de 1910. Jusque (années 1930).
dans les années 1920, elle fut employée
comme anesthésique local. En tant que
médicament utilisé pour soulager la mala- 1900-1945 : Psychiatrie endocrinienne
die mentale, elle eut un effet désastreux car Depuis les années 1890, nombre de méde-
on découvrit qu’elle provoquait une forte cins pensaient que certains organes produi-
addiction et qu’elle intensifiait les pro- saient des “sécrétions internes”.
blèmes mentaux (paranoïa, hallucinations,
crise de panique…). En 1905, le Britannique Ernest Starling
introduisit le concept d’hormones, prouvant
Sous forme de poudre pure, une petite que le corps humain sécrète effectivement
quantité est facilement capable de tuer en des substances chimiques par le biais de
moins d’une demi-heure. La cocaïne est glandes endocrines. On comprit que les
l’une des drogues les plus addictives humeurs d’une personne pouvaient être
connues. L’utilisation prolongée favorise un influencées par des déséquilibres hormo-
comportement paranoïaque et psychotique. naux, que la dépression et l’irritabilité pou-
vaient être causées par des dérèglements de
Des prostituées achetant de la cocaïne à un dealer l’activité de la thyroïde ou des glandes sur-
à Berlin, en 1924 rénales.
1838
mentale). Selon cette théorie, les toxines produites par
une bactérie dans la zone infectée étaient
transportées vers le cerveau, où elles cau-
La “loi sur les aliénés” est votée
en France. Cette loi (qui est tou-
1917-1950 : Impaludation saient la maladie mentale. À partir de 1919,
“démence paralytique” causée par la neuro- Cotton commença à mettre en œuvre cette
1845
syphilis (le principal problème psychia- nouvelle théorie de l’infection en retirant
trique de l’époque). Wagner-Jauregg avait des dents à ses patients, car elles étaient
observé que certaines personnes, dévelop- soupçonnées d’abriter des infections. Si le
Le “Lunacy Act” est voté en
Angleterre et au Pays de Galles,
pant de fortes fièvres, voyaient leur état de malade ne guérissait pas, Cotton cherchait
1890
ce qui pouvait transmettre d’autres mala- Les testicules, les ovaires, la vésicule biliaire,
dies. La malariathérapie fut utilisée pour l’estomac, la rate, l’utérus, et le côlon furent
traiter la schizophrénie, le retard mental accusés d’être le foyer d’infections et enlevés
l’emprisonnement.
1919-1930 : Chirurgie des “infections hommes n’étaient qu’occasionnellement
focales” infectées…
En 1907, le psychiatre Henry Andrews
Cotton fut nommé, à 30 ans, directeur du Cotton affirma publiquement obtenir grâce
1893
New Jersey State Hospital de Trenton à ces procédures un taux de guérison de
(appelé depuis Trenton Psychiatric 85 %. À l’époque, ses “recherches” étaient
Hospital). Il resta à ce poste jusqu’en 1930. parfaitement acceptées et ses affirmations
Emil Kraepelin définit la
“démence précoce” (plus tard
Il institua d’abord des méthodes progres- lui apportèrent attentions et louanges dans
renommée “schizophrénie”).
sistes : il abolit les cages et les camisoles, et le monde entier. Il reçut les honneurs de
mit en place des réunions quotidiennes du nombreuses institutions médicales et sa
personnel soignant pour discuter des soins méthode se répandit aux États-Unis et en
aux patients. Europe.
Kraepelin différencie
la “démence précoce” et
“le désordre maniaco-dépressif”.
1899
Sigmund Freud publie
L’Interprétation des rêves.
126
1901
Alois Alzheimer, un neurologue et
psychiatre allemand, identifie le
premier cas de ce qui allait être
nommé “maladie d’Alzheimer”.
Des patients (ou leurs familles) demandè- 1933-1965 : Insulinothérapie
1905
Les psychologues français Alfred
rent à être traités à Trenton, et ceux qui ne (ou cure de Sakel)
Binet et Théodore Simon créent
En 1933, le psychiatre viennois Manfred
l’échelle Binet-Simon pour
le pouvaient pas exigèrent de leurs propres
1908
patients souffrirent d’un taux de mortalité de provoquer par injection des comas insu-
de 30 % à 45 %, en grande partie des infec- liniques afin de “choquer” ses patients schi-
tions post-opératoires. Certains patients, zophrènes. Le but était d’engendrer une
1909
furent opérés sans leur consentement :
à l’époque, l’autorisation de la famille coma générait “un effondrement momen-
Profiling
suffisait. tané de la personnalité du malade” et donc
1920 (années)
thérapie. En 1924, il demanda cependant ainsi qu’une confusion intense et persis-
une évaluation indépendante du travail de tante. La méthode fut particulièrement
Cotton. Le rapport fut accablant : l’hôpital populaire en Autriche, en Suisse et en
Le National Committee for Mental
était “malsain” et le docteur Cotton était Allemagne. Les cures de Sakel, particulière-
Hygiene propose des modèles
qualifié de “très particulier”. L’apparence et ment techniques, onéreuses et délicates,
de lois sur l’internement des
malades, lesquels sont adoptés
le comportement de la quasi-totalité des disparurent peu à peu avec l’apparition des
1927
ler. Les dossiers des patients étaient chao- 1934-1945 : Cardiazol
tiques et les données contradictoires. En Ladislas von Meduna, un neurologue hon-
1925, les critiquent contre l’hôpital de grois, s’intéressait au traitement des schizo-
Julius Wagner-Jauregg gagne
Trenton atteignirent le Sénat du New phrènes. Il remarqua que ces derniers
le prix Nobel pour son invention,
10 ans plus tôt, de la malaria-
Jersey, qui lança une enquête auprès d’an- étaient très rarement épileptiques, et inver-
1929
contre vents et marées. dissous dans l’huile. Il commença à tester
son produit sur des patients catatoniques en
En octobre 1930, Cotton quitta l’hôpital de 1934.
Hans Berger, un neuropsychiatre
Trenton pour ouvrir une clinique privée, et
allemand qui croyait en la
son départ mit fin aux opérations chirurgi-
télépathie, invente l’électro-
L’état de la moitié des “cobayes” s’améliora
encéphalogramme. Sa
cales contre les patients. Il traita, de (la catatonie est un syndrome remarquable-
découverte ne sera reconnue
manière très lucrative, les membres des ment sensible aux crises provoquées).
et utilisée qu’à partir de 1938.
familles riches atteints de troubles men- Meduna découvrit alors que le Cardiazol,
taux.Henry Cotton décéda d’une crise car- un puissant agent convulsivant dérivé du
1930
diaque en 1933. Il fut salué dans le New camphre, était plus efficace et plus rapide
York Times et la presse locale ainsi que dans que le camphre seul.
des publications professionnelles interna-
“Mental Treatment Act”.
La nouvelle loi britannique
tionales, comme ayant été un pionnier dans À partir de 1937, ses résultats furent repro-
1934
Mais cette méthode était d’un maniement
délicat. Le Cardiazol provoquait parfois des
1938
atténuer les convulsions, puis du suxamé-
thonium, une alternative synthétique plus
1940-nos jours : Électrochocs
Ugo Cerletti, neurologue italien,
sûre que le curare, à partir de 1951.
inventent la thérapie
connue sous le nom de “traitement par élec- Dans les premières années d’utilisation, la
par électrochocs.
trochocs”, consiste à délivrer un courant plupart des patients reçurent le traitement 2
Profiling
électrique d’intensité variable sur le crâne. à 3 fois par semaine. Mais quelques psy-
Le but du traitement est de provoquer une chiatres expérimentèrent un traitement plus
crise thérapeutique (la personne perd intensif. Au St James Hospital de
conscience et a des convulsions) qui dure au
1946
Portsmouth, William Liddell Milligan
moins 15 secondes. fit subir à ses patients névrotiques jusqu’à
4 ECT par jour. Son but était de “réduire le
Le “National Mental Health Act”,
De nos jours, elle est plus rarement prati- patient au niveau infantile, dans lequel il est
aux États-Unis, mène à la
quée et uniquement avec le consentement
création du National Institute of
totalement impuissant et incontinent” !
du patient. Elle n’est recommandée que
Mental Health, dont le but est
de soutenir financièrement
pour le traitement de la dépression sévère Le psychiatre américain Donald Cameron
la recherche sur la santé mentale.
(environ 70 % des patients soumis aux élec-
utilisa l’ECT intensive pour “déprogram-
trochocs sont des femmes car elles ont deux
mer” ses patients à l’Université McGill
fois plus de risques de dépression que les
(Canada). On découvrit plus tard que la
hommes). Même si une grande quantité de
CIA finançait les travaux du professeur
recherches a été effectuée, le fonctionne-
1949
Cameron.
ment exact de l’ECT est mal connu.
La croissance régulière de l’utilisation des
• Ses effets secondaires à court terme sont :
Antonio Moniz, neurologue
antidépresseurs ainsi que les représentations
portugais, gagne le prix Nobel
maux de tête, acouphènes, cauchemars,
négatives de l’électroconvulsivothérapie
pour ses travaux sur
courbatures musculaires, nausées, confu-
la lobotomie.
sion. dans les médias entraînèrent une baisse de
• Ses effets secondaires à long terme sont : l’utilisation des électrochocs au cours des
perte de mémoire (de plusieurs semaines à années 1950 à 1970, mais l’ECT resta un
plusieurs mois), baisse des capacités d’ap- traitement largement envisagé en cas de
prentissage, troubles de l’orientation. Les dépression.
1952
troubles de mémoire régressent habituel-
lement au bout de 6 à 10 mois. Dans cer- Aux États-Unis, une étude des années 1980
tains cas, l’ECT efface des pans entiers de a révélé que près de 100 000 personnes
Le premier essai clinique
recevaient des électrochocs chaque année.
de la chlorpromazine, le premier
l’existence du patient et il ne retrouve
médicament antipsychotique,
jamais la mémoire. Au Texas, au milieu des années 1990,
1952
pour les calmer. Cerletti et Bini expérimen- psychiatriques du Royaume-Uni.
tèrent cette technique sur des chiens durant
8 ans. Son abus dans le passé a contribué à l’image
L’American Psychiatric
négative des électrochocs. Utilisée avec un
Association publie le premier
Diagnostic and Statistical Manual
En avril 1938, l’équipe italienne appliqua le courant constant et de courtes impulsions,
1952
médicales pour réprimander certains
À travers les années 1940 et 1950, l’utilisa- patients. Dans les années 1950 à 1970,
tion des électrochocs se généralisa contre la beaucoup de médecins ou d’infirmiers ont
Le premier antidépresseur,
l’iproniazide, est découvert.
dépression, les états maniaques, les délires pratiqué l’ECT de manière brutale et
paranoïaques, les psychoses et les schizo- constante pour punir les patients bruyants
phrénies. ou indisciplinés.
1959
La première benzodiazépine
(psychotrope), la chlordia-
zépoxide, est introduite sous
le nom commercial de Librium.
1963
Le président américain
John F. Kennedy présente
une loi créant des centres com-
munautaires de santé mentale
pour les malades mentaux
ayant quitté les hôpitaux
psychiatriques.
1972
Profiling
Le psychologue américain David
Rosenhan publie L’Expérience de
Rosenhan, une étude contestant
la validité des diagnostics psy-
chiatriques. (Des collaborateurs
de Rosenhan ont simulé des
hallucinations dans le but d’être
admis dans 12 hôpitaux psychia-
triques de 5 États différents. Tous
Walter Freeman ont été admis avec un diagnostic
de troubles psychiatriques. Après
l’admission, les pseudo-patients
ont agi normalement. Tous ont
1945-1965 : Lobotomie La lobotomie fut pratiquée pour traiter les
1973
cerveau. miers neuroleptiques, plus efficaces et
moins dangereux. La lobotomie provoquait
Après la Seconde Guerre mondiale, le neu- très souvent des séquelles neurologiques et
L’American Psychiatric
ropsychiatre américain Walter Freeman cognitives irréversibles : crises d’épilepsie,
Association ne considère plus
créa une procédure simplifiée dans laquelle incontinence, manque d’initiative, prise de
l’homosexualité comme
poids, asociabilité, inadaptabilité, désorien-
un trouble mental.
un pic à glace était introduit dans le cerveau
en passant par l’œil, sans l’aide d’un neuro- tation… Il existait également 20 % de
chirurgien. Il popularisa l’opération en rou- risques de décès par hémorragie cérébrale.
1988
lant d’État en État dans sa “lobotomobile”
équipée pour pratiquer des lobotomies “en (La leucotomie, ancêtre de la lobotomie, fut
série”. inventée par un neurologue portugais, Egas
Le premier antidépresseur inhibi-
Moniz, en 1935. Il opéra des prisonnières
teur de sérotonine, la fluoxétine,
non consentantes de l’asile de Lisbonne,
est commercialisé sous le nom
À défaut, il travailla dans les chambres,
le plus prescrit.
quance” et les ménagères qui ne voulaient toutefois le prix Nobel de médecine en
plus rester sagement “au foyer”. Freeman à 1949 pour sa découverte. L’une de ses vic-
1991
lui seul lobotomisa près de 4 000 patients. Il times lobotomisées lui tira dans le dos et le
fut radié de l’ordre des médecins en 1965, paralysa.)
après avoir tué une patiente chez laquelle il
Le docteur Seiji Ogawa et le
pratiquait une troisième lobotomie...
docteur Kenneth Kwong
réalisent séparément les
premières IRM du cerveau
On estime que 18 000 lobotomies furent
en fonctionnement.
pratiquées aux États-Unis entre 1939 et
1951, puis que plus de 100 000 patients
2000
furent lobotomisés dans le monde entre
129
1945 et 1954, dont la moitié aux États-
Unis.
L’association No Free Lunch
(une organisation qui considère
que les méthodes de marketing
Dans 60 % des cas, ce sont des femmes qui
En pleine Guerre Froide, la CIA En 1957, il publia un article dans Donald Ewen Cameron
commanda des programmes de l’American Journal of Psychiatry sur
recherche visant à manipuler men- le “psychic driving” (la conduite
talement les individus. psychique) qui attira l’attention de
la CIA : Cameron pensait pouvoir
Le projet Bluebird fut lancé en guérir les problèmes mentaux de
1951, puis fut renommé projet ses patients en brisant leur psyché,
Artichoke et enfin projet MK- en leur effaçant la mémoire et en
Profiling
Profiling
tions qui abritaient les “fous”, la création 24 h / 24 les pavillons où sont logés les alié-
d’établissements spécifiquement construits nés criminels ou les suicidaires.
pour offrir des soins aux malades mentaux
n’eut lieu qu’au 19ème siècle. Les aides-soignants et les gardiens, qui
n’ont pas de formation médicale, surveillent
Le traitement des aliénés dans les premiers les patients lorsque les infirmières ne sont
asiles fut parfois brutal et axé principale- pas disponibles. Ils s’occupent des “patients
ment sur la contrainte et l’entrave. Grâce à non coopératifs”. Généralement, ils servent
des vagues successives de réformes et l’in- la nourriture et supervisent les activités des
troduction de traitements plus efficaces, les patients. Ils maintiennent l’ordre dans l’hô-
hôpitaux psychiatriques s’orientèrent peu à pital. Ils sont les premiers à remarquer le
peu vers la thérapie et le soin. changement de comportement d’un
patient.
De nos jours, il existe différents types d’hô-
pitaux psychiatriques, qui accueillent des Enfin, les asiles ont également du personnel
malades mentaux dont les problèmes sont d’appoint. L’employé de bureau gère tous les
plus ou moins graves : unité de crise ou dossiers et les documents administratifs que
d’urgence (tentative de suicide, psychose génère l’asile, les cuisiniers préparent la
grave, comportement violent…), unité nourriture pour tous les résidents, les
ouverte (peu sécurisée, pour les patients qui concierges et les jardiniers s’assurent que
prennent un traitement et pourront bientôt l’asile et son parc sont propres et soignés.
rentrer chez eux), unité de moyen terme Les membres du personnel d’appoint n’in-
(patients nécessitant plusieurs semaines de terfèrent pas avec les aliénés.
soins), unité pour mineurs (pour enfants ou
adolescents ayant des problèmes mentaux Dans l’asile, la vie du patient est strictement
mais aussi des problèmes de drogue, contrôlée. Le contact avec le monde exté-
d’anxiété, de dépression, ou des troubles de rieur est limité et censuré. Le courrier du
l’alimentation), établissement de soins de patient est examiné avec soin par le person-
longue durée (lieu sécurisé, généralement nel, et un courrier qui pourrait le boulever-
de petite taille, dont le but est le traitement ser ne lui est pas remis. Les jours et heures
et le retour dans la société de patients de visites à l’extérieur sont limités. Le télé-
dépressifs ou malades en 2 à 3 ans), unité phone est un privilège particulièrement res-
sécurisée (pour les malades violents et dan- treint.
gereux).
Chaque institution développe un système
Les besoins sont très variables dans un éta- de privilèges. Les résidents sont récompen-
blissement psychiatrique, où le contrôle et sés s’ils sont calmes et obéissants : meilleure
la gestion des patients est un défi quotidien. nourriture, meilleur traitement, libération
Un hôpital psychiatrique se doit souvent anticipée… La violation des règles résulte
d’assurer les soins et le traitement des en l’abolition de ces privilèges, à l’augmen-
tation de la durée de détention et du traite-
131
patients avec des ressources limitées.
ment.
Chaque établissement décide de ses priori-
tés. La décision ne dépend pas uniquement Parfois, le patient récalcitrant peut être
des ressources disponibles, mais aussi du maltraité et humilié : on peut par exemple
climat social de la région, des opinions per- lui interdire l’accès aux toilettes, ce qui
sonnelles des membres de la direction, et l’oblige à se souiller en public. Dans tous les
même de la façon - moderne ou conserva- asiles, le personnel cherche (parfois par tous
trice - dont les administrations précédentes les moyens) à faire comprendre aux patients
ont géré l’établissement. qu’ils doivent se conformer aux règles.
Les Institutions États-Unis Toutefois, le pavillon des malades violents
Kirkbride
Au 19ème siècle, le docteur Thomas
(ouvert en 1980) fut fermé en 1984 après
Kirkbride, directeur de l’Hôpital pour
qu’un soignant eut étranglé un patient. Les
malades mentaux de Pennsylvanie,
Selon l’Institut national pour la santé men- infirmières et les aides-soignants affirmè-
écrivit un ouvrage sur la construction
tale, il y avait en 1923 environ 266 000
et l’organisation des hôpitaux d’aliénés.
rent être abandonnés par leurs supérieurs.
patients dans les hôpitaux psychiatriques
Dans son livre il décrivit sa conception
idéale de l’architecture, du placement
américains. Le personnel n’était pas assez nombreux
et de l’administration de l’hôpital. En 1948, 539 000 patients étaient répartis
dans le pavillon où se trouvaient les 30
l’arrière de la section d’administration. n’a même jamais respecté, les normes mini-
132
À partir de 1886, y furent également admis
des personnes âgées, des handicapés phy-
siques ou mentaux, puis, à partir de 1894,
des détenus (aliénés ou non) provenant de
la prison d’État. En 1956, une unité dédiée
au traitement des prédateurs et délinquants
sexuels fut créée.
Profiling
étaient déshabillés en public, gavés de force,
Worcester State Hospital presque jamais lavés… Certains patients,
internés pour une courte évaluation, deve-
naient résidents permanents sans qu’aucune
décision de justice ne soit prise, et étaient
En 1912, le docteur Ernest Scribner (qui farcis de médicaments. Les malades men-
avait suivi les cours de médecin assistant) taux étaient mélangés avec les détenus et
succéda au docteur Quinby. ces derniers “se défoulaient” sur les patients.
Nombre de prisonniers séjournèrent à
Les sous-sols des bâtiments furent rénovés Bridgewater simplement parce qu’ils ne
dans les années 30 et 40 afin qu’une équipe possédaient pas de compétences juridiques
de médecins puisse y tester des thérapies ou d’argent pour se défendre, ou parce qu’ils
expérimentales, particulièrement l’hydro- étaient mentalement retardés. Plus de 250
thérapie (le patient était plongé dans l’eau prisonniers restèrent à Bridgewater alors
brûlante ou glacée, parfois durant des jour- que leur peine était arrivée à son terme. Un
nées entières). Du carrelage fut posé aux patient nommé Charles, qui avait été
murs afin de faciliter leur nettoyage. Dans condamné en 1910 à deux ans d’emprison-
les années 1950 et 1960, alors que l’hôpital nement, resta en prison jusqu’en 1968. Un
était totalement surpeuplé, une salle de vendeur de fruits condamné en 1938 pour
douche fut transformée en chambre puni- avoir simplement peint des rayures de zèbre
tive : les pommes de douche furent retirées sur un cheval fut condamné pour ivresse…
et remplacées par des tuyaux projetant des et resta à Bridgewater jusqu’à sa mort.
jets d’eau très puissants. Au plus fort de la
surpopulation, certaines caves sans fenêtres Suite à cette enquête, des réformes eurent
furent même utilisées pour héberger les lieu. Dans les années 1970, l’hôpital fut
patients. renommé Massachusetts Correctional
Institution in Bridgewater (MCIB) et
Un terrible incendie ravagea l’édifice en divisé en quatre établissements distincts :
1991, ne laissant debout que le bâtiment l’hôpital pour les malades mentaux crimi-
administratif et une partie de l’aile droite. nels, le centre de traitement pour les délin-
Les bâtiments furent démolis en 2008 pour quants sexuels, le centre pour alcooliques et
laisser la place à un nouvel hôpital psychia- la prison de sécurité minimale.
trique.
Le Bridgewater State Hospital abrite
Bridgewater State Hospital actuellement 395 hommes adultes. Les
(État du Massachusetts) patients admis dans cet établissement sont
accusés ou condamnés pour des crimes
Le Bridgewater State Hospital, situé dans
le sud-est du Massachusetts, est un établis-
sement pour les malades mentaux criminels
et ceux dont la santé mentale est en cours
d’évaluation pour le système de justice 133
pénale.
tion spécifique aux malades mentaux. les années 1890, le directeur du Danvers
Hospital, le docteur Charles Page, déclara
Le film documentaire Titicut Follies fut réa- que les contentions mécaniques étaient inu-
lisé au Bridgewater State Hospital en 1967 tiles, voire nuisibles dans les cas de maladie
par Frederick Wiseman. mentale. Dans les années 1920, l’hôpital
servit de clinique en milieu scolaire afin de
déterminer d’éventuelles déficiences men-
Danvers State Hospital tales chez les enfants.
(État du Massachusetts)
Le manque de financement fut la racine de
En 1873, la nécessité d’un autre hôpital nombreux problèmes qui affligèrent les
psychiatrique destiné à la population de hôpitaux psychiatriques gérés par l’État aux
Boston se fit une fois de plus sentir. Les États-Unis : manque de personnel, bas
asiles construits à Tewskbury, Worcester, salaires, surpopulation, soins de qualité
Taunton et Northampton étaient déjà sur- inférieure. Au lieu de bénéficier de traite-
chargés. Un site bucolique fut choisi à ments modernes et de thérapie, les patients
Danvers pour y construire un nouvel hôpi- de Danvers reçurent les soins les plus élé-
tal : le beau panorama, l’air frais et les kilo- mentaires. Les ailes qui abritaient les
mètres de terres agricoles à travailler fai- patients les plus violents devinrent les lieux
saient partie des traitements thérapeutiques d’abandon des malades incurables et furent
de l’époque. L’hôpital fut ouvert en 1878 comparées à “un cloaque humain” dans une
pour fournir des soins aux aliénés et aux enquête publiée par un journal. Le person-
malades mentaux criminels. nel du Danvers Hospital employa souvent
des traitements comme la lobotomie, la
De “syle Kirkbride”, l’hôpital était constitué thérapie par électrochocs et l’insulinothéra-
de deux bâtiments principaux, qui abri- pie, non pour soigner les patients mais pour
taient l’administration, et de deux ailes les contrôler et les maîtriser.
extérieures. L’aile ouest logeait les hommes
et l’aile est les femmes. Les ailes les plus Dans les 1960, avec l’apparition des psy-
éloignées (A et J) abritaient les patients chotropes, la population hospitalisée com-
mença à diminuer. L’hôpital ferma ses
dangereux. À l’arrière du bâtiment adminis-
portes en 1992 et fut démoli à partir de
tratif se trouvait un très grand édifice qui
2006.
regroupait les cuisines, les buanderies, une
chapelle, et les dortoirs des gardiens. Les Deux films ont été tournés au “DSH” :
autres bâtiments présents sur le campus Home before Dark en 1958 et Session 9 en
étaient : le bâtiment médical Bonner 2001.
134
Ouvert en 1858, le Northampton State
Hospital fut à l’origine composé d’un seul
bâtiment de trois étages qui pouvait
accueillir 250 patients.
Profiling
tion (en 1900, l’hôpital abritait près de 650 psychanalyse).
patients), le bâtiment devint un labyrinthe
déroutant de chambres et de couloirs. L’hôpital accueillait et diagnostiquait les
malades mentaux sévèrement atteints, habi-
Des infirmeries furent ajoutées à chaque tuellement pour une courte période. Après
aile en 1905 et des ailes supplémentaires le diagnostic, les patients étaient transférés
furent construites en 1925, mais la surpo- dans d’autres hôpitaux publics ou libérés.
pulation resta le principal problème de l’hô- L’institution développant une sérieuse
pital. réputation dans la recherche active en psy-
chiatrie, des patients provenant des hôpi-
En 1935 furent construits une buanderie, taux d’État étaient parfois transférés pour
un quatrième pavillon, une cafétéria et un observation ou traitement spécial. Après les
tunnel reliant le nouveau complexe à l’an- premières années de fonctionnement, l’hô-
cien. Le nombre de patients s’élevait à pital offrit également des soins d’urgence et
2 100, et 420 employés. des unités spéciales pour les enfants et les
adolescents.
En 1952, le docteur Jack Ewalt fut nommé
directeur de l’hôpital et tenta d’apporter des À partir de 1943, le BPH n’accueillit plus
améliorations positives à l’établissement. Il de patients et se concentra sur la recherche.
fit réparer et transformer les pavillons, Il fut ensuite rebaptisé Massashusetts
ajouta des cliniques de soins pour les Mental Health Center.
patients et fit ouvrir un salon de beauté
pour les patients de sexe féminin. Le bâtiment ferma ses portes en 2003.
Malheureusement, en 1955, le nombre de
patients culmina à 2 650 (et 309 employés) Lunatic Asylum d’Utica
et l’hôpital servit plus de logement que de (État de New York)
centre de soins.
Ouvert en 1843, il fut le premier édifice de
En 1961, le nombre de patients libérés était l’État de New York conçu pour soigner les
plus élevé que celui des patients admis, et le malades mentaux et l’un des premiers éta-
lent processus de désinstitutionnalisation se blissements de ce genre aux États-Unis.
mit en place. Beaucoup de patients furent
rendus à leurs familles ou transférés dans Le premier directeur de l’asile fut le docteur
des foyers de groupe et des établissements Amaria Brigham, qui encouragea le traite-
de soins infirmiers. ment des malades mentaux, plutôt que de
simplement les confiner. Le docteur
Le Northampton State Hospital ferma Brigham croyait que ses patients pouvaient
finalement ses portes en 1993. travailler dans la ferme et les jardins de
l’asile.
Boston Psychopathic Hospital
135
(État du Massachusetts) En 1850, l’asile proposait 380 chambres
individuelles pour les patients, 24 pour leurs
En 1909, le site de construction de l’hôpital accompagnateurs, 20 dortoirs, 16 salons ou
fut choisi, à cinq minutes de l’école de salles de séjour, 12 salles à manger, 24 salles
médecine de Harvard. L’hôpital ouvrit ses de bain, 24 toilettes. Des fours au bois au
portes en 1912, en tant que département de sous-sol fournissaient de la chaleur dans
l’Hôpital d’État de Boston. En décembre tout le bâtiment. L’eau chaude et l’eau froide
1920, le département devint un hôpital à étaient fournies à chaque étage.
part entière et fut nommé Boston Malheureusement, Utica fut très rapide-
Psychopathic Hospital, sous la direction du ment surpeuplé et sous-financé.
devint le “Binghamton State Hospital”.
Il comprenait une salle de gymnastique, des
salons de lecture, une chapelle, des salles à
manger et des cuisines. De 1924 à 1942, le
directeur de l’asile fut le docteur William
Garvin.
136
Profiling
Bellevue de New York, utilisa les
(2 000 entre 1946 et 1959). place poussa la ville à chercher un autre
électrochocs sur des centaines
endroit où interner les aliénés. L’île de
d’enfants de 3 à 12 ans. Elle continua
Après la Seconde Guerre mondiale, le Ward, à proximité, fut choisie et le nouvel
asile fut ouvert en 1871. les mêmes expériences au Creedmoor
State Hospital (Queens) de 1956 à
Pilgrim State Hospital connut une nouvelle
1969. Bender affirma publiquement que
augmentation de sa population, qui en fit le
les résultats de cette “thérapie” furent
plus grand hôpital psychiatrique du monde Le bâtiment, construit selon le “plan
en 1954 avec 13 875 patients et plus de 4 Kirkbride” pouvait accueillir 500 patients. positifs, mais elle avoua en privé leur
inutilité. Bender utilisa parfois les
électrochocs sur des enfants de moins
000 employés. Toutefois, la population de L’asile de l’île de Ward devint rapidement la
de 3 ans déclarés schizophrènes,
l’hôpital commença à décliner peu après section pour hommes et l’asile de l’île de
avec l’avènement des psychotropes. Blackwell devint la section pour femmes. deux fois par jour, pendant 20 jours
consécutifs. Plusieurs de ces enfants
devinrent violents et suicidaires à la
Malheureusement, ce nouvel hôpital avait
suite du traitement.
Une partie des bâtiments ferma durant les de nombreux défauts d’organisation et
années 1970 et 1980. Au milieu des années d’aménagement. Et la surpopulation fut à
nouveau un problème. À l’école publique Willowbrook pour les
handicapés mentaux de Staten Island,
1990, le Pilgrim State Hospital récupéra les
les docteurs Krugman et McCollum
patients des autres hôpitaux de Long Island
injectèrent le virus de l’hépatite à des
qui fermaient les uns après les autres. En 1892, l’asile de l’île de Ward internait
2 498 patients de sexe masculin, 300 de plus enfants handicapés entre 1963 et 1966.
Après avoir infecté les enfants,
Krugman tenta d’élaborer un vaccin
De nos jours, le Pilgrim Psychiatric Center, qu’il ne le pouvait. La même année, les
pour protéger les militaires américains
la dernière institution de ce genre sur Long 2 500 patientes de l’île de Blackwell furent
de cette maladie souvent fatale.
Island, ne possède plus que trois bâtiments transférées dans le State Emigrant
Les matières fécales des enfants
contaminés furent prélevées et mises
et 400 patients. Les autres édifices sont Hospital, vacant depuis que les services de
dans des milkshakes qui furent ensuite
occupés par un centre commercial, des l’immigration s’étaient installés à Ellis
donnés aux enfants nouvellement
immeubles d’habitation et le New York Island.
Institute of Technology. admis.
qui parvenaient à s’introduire dans le cam- patients chroniques associée à des taux
pus à cause du peu de sécurité mise en d’admission sans cesse croissants remplit les
place. Le maire de New York accusa l’hôpi- dortoirs au-delà de leur capacité. En l’ab-
tal “d’être insalubre, de ne pas tenir de registres sence de ressources financières pour investir
des patients et de mal distribuer les médica- dans d’autres soins que ceux de garde, le
tions”. travail manuel et la détente cédèrent la
place à des techniques de traitement plus
En 1979, le Manhattan State Hospital fut radicales : insulinothérapie, thérapie par
rebaptisé Manhattan Psychiatric Center. électrochocs et lobotomie. Heureusement, à
En 1985, l’un des bâtiments fut séparé du la fin des années 1950, le gouvernement
Manhattan State Hospital pour devenir le commença à fournir des psychotropes aux
Kirby Forensic Psychiatric Center, un hôpi- hôpitaux psychiatriques publics et les
tal de sécurité maximum pour les aliénés patients furent peu à peu rendus au monde
violents et criminels. extérieur.
En 1995, le Manhattan State Hospital À partir de 1955, l’État de New York appela
accueillait 900 patients, et en 2010, 260 à la disparition des hôpitaux publics et à la
patients. construction de centres communautaires.
Les patients les plus atteints furent transfé-
rés à l’hôpital de Pilgrim. Les critères d’ad-
Kings Park Psychiatric Center (New York) mission furent modifiés pour admettre
moins de patients et les patients âgés furent
Au 19ème siècle, les institutions new-yor- redirigés vers les maisons de retraite.
kaises pour les malades mentaux étaient Certains bâtiments fermèrent dès les
extrêmement surpeuplées. Les hôpitaux années 1970. L’hôpital ferma ses portes en
étaient de véritables entrepôts pour les pau- 1996.
vres, les fous et les sans-logis. Dorthea Dix
(une militante pour la création des asiles Camarillo State Hospital
d’aliénés) et d’autres réformateurs promu- (État de Californie)
rent l’idée que les malades auraient une
meilleure chance de se rétablir “à la cam- Le Camarillo State Hospital était le plus
pagne”, par exemple à Long Island, où il y grand hôpital psychiatrique de la côte ouest
avait plus d’espace vert et d’air frais. Leurs des États-Unis lorsqu’il ouvrit ses portes en
recommandations aboutirent à une 1936.
méthode “morale” de traitement où les
patients étaient occupés par un travail Établi sur un terrain de 6 km2 au sud de la
manuel et pouvaient se détendre dans un ville de Camarillo, l’immense complexe
cadre magnifique. accueillait les déficients mentaux et les
malades mentaux. Les criminels violents et
Trois hôpitaux publics furent construits sur les prédateurs sexuels étaient généralement
Long Island pour atteindre ces objectifs : envoyés à l’Atascadero State Hospital et
138 Central Islip, Pilgrim et Kings Park. non au Camarillo State Hospital.
Le Kings Park Lunatic Asylum fut créé en En 1937, 300 femmes furent transférées à
1885 et 55 patients furent transférés dans Camarillo en provenance d’autres hôpitaux
trois maisons en bois. D’autres bâtiments publics californiens. La population ne cessa
furent construits à mesure de l’arrivée de de croître jusqu’aux années 1960 : de 410
nouveaux patients. Une communauté agri- patients en 1936, on passa à 2 501 en 1940,
cole autosuffisante fut mise en place et 4 960 en 1950, 6865 en 1955, et plus de
environ 70 % des patients y travaillèrent. 7 000 patients en 1957.
1940, nombre de patient(e)s furent stéri-
lisé(e)s sans leur consentement (les femmes
qui trompaient leur époux pouvaient être
considérées comme “sexuellement
déviantes” et internées...).
Profiling
nouveaux pavillons. En plus des bureaux Jusqu’en 1959, les adolescents furent
administratifs et des chambres, furent mélangés aux adultes et nombre d’entre eux
construits des routes, une station d’épura- subirent des violences et des viols. Des
tion d’eau, des logements pour le personnel, enfants subirent les mêmes violences dans
un laboratoire de recherche, des cuisines, les années 1960. En 1968, l’Unité pour ado-
des salles à manger, une centrale à vapeur, lescents fut séparée de l’Unité pour enfants.
une laverie, une boulangerie, un magasin, Le Camarillo State Hospital fut accusé à
un garage, un cinéma, deux salles de gym, plusieurs reprises de violences envers les
un terrain de jeux pour les enfants, plusieurs patients, de nombreux décès par négligence,
terrains de sport, un mini zoo, une piscine, d’insalubrité, de mauvaise gestion de l’unité
un bowling et un golf. des enfants...
Toute une frange de la société passa (et par- Dans les années 1970, le personnel de
fois, termina sa vie) à Camarillo entre 1936 Camarillo droguait régulièrement les nou-
et 1996, et nombre des patients ne furent veaux patients avec ce qu’ils appelaient le
pas des malades mentaux : des adolescents “Numéro 1”, un mélange abrutissant de
agités, des femmes qui se rebellaient contre tranquillisants et de psychotropes. Plus de
leur famille, des hommes qui buvaient et se 80 patients (adultes et enfants) en mouru-
droguaient, et parfois même des gens dont rent. Ainsi, un patient qui avait demandé de
le seul problème était qu’ils ne parlaient pas lui-même à être admis pour des problèmes
anglais. de drogues et d’alcool fut retrouvé mort
deux heures après son admission, les pieds
En raison de la proximité de l’hôpital avec et les mains attachés, dans une salle d’isole-
Los Angeles, l’hôpital accueillit également ment du pavillon des psychotiques.
des célébrités hollywoodiennes qui souf- L’autopsie révéla que sa mort était “due à
fraient de maladies mentales, de tubercu- une asphyxie provoquée par la compression
lose, d’alcoolisme ou d’intoxication à la du cou et une surdose médicamenteuse
drogue. Le jazzman Charlie Parker y fut multiple”. D’autres patients moururent de
envoyé pour endiguer son addiction à l’hé- faim, étouffés dans leur vomi, étranglés ou
roïne. asphyxiés.
En 1940, l’insulinothérapie fit son entrée à Une enquête sur les décès fut menée par les
Camarillo, suivie quelques années plus tard autorités locales, qui se termina par la
par les électrochocs. En 1947, le Camarillo condamnation de plusieurs médecins et
State Hospital ouvrit une unité pour techniciens en 1976. En 1969, une loi inter-
enfants handicapés mentaux. Il fallut bien- disant l’internement à durée indéterminée
tôt l’agrandir et le Centre de traitement de malades et handicapés mentaux entra en
pour enfants fut ouvert en 1955. vigueur en Californie. Cette nouvelle loi
encourageait le placement de ces personnes
Au cours des années 1950 et 1960, l’hôpital en dehors de l’hôpital psychiatrique et les
fut considéré comme pionnier dans le trai- patients quittèrent peu à peu les hôpitaux à
tement des maladies que l’on croyait incura- partir de 1972. L’hôpital ferma en 1997. Le 139
bles, notamment la schizophrénie. site fut réaménagé par la California State
Camarillo fut également l’un des premiers University, et accueillait 2 300 étudiants en
hôpitaux psychiatriques qui créèrent une 2006.
unité spécialisée dans l’autisme.
Une grande partie du film The Snake Pit
Malheureusement, Camarillo était loin (1948), avec Olivia de Havilland, fut
d’être l’hôpital parfait que présentait son tournée à l’hôpital de Camarillo. Sa repré-
équipe d’administration. Dans les années sentation affreusement réaliste des traite-
ments utilisés dans les hôpitaux psychia- Hospital, des centaines d’homosexuels,
triques (notamment les électrochocs et l’hy- hommes et femmes, y furent envoyés par
drothérapie) choqua l’opinion publique au leurs familles pour les “guérir”.
point que 26 États américains instituèrent
des réformes dans leurs hôpitaux. Ils y subirent castration, lobotomie et
parfois même des “traitements expérimen-
La scène d’ouverture de Bottle Rocket taux”. En Californie, les homosexuels
(Wes Anderson), des scènes de The Ring purent être internés à vie dans un hôpital
(le remake américain de Gore Verbinski) et psychiatrique jusqu’en 1971 (l’homosexua-
de Buffy contre les vampires ont été filmées lité était alors considérée comme une mala-
dans et autour de l’hôpital. die mentale).
Après sa fermeture, Camarillo fut une des- Les années 1950 étaient aussi celles de la
tination populaire pour les chasseurs de paranoïa anticommunisme et le sénateur
fantômes, alléguant que l’hôpital était McCarthy affirma que les homosexuels
Profiling
En tout état de cause, les autorités califor- En 1960, une douzaine de patients s’évadè-
niennes ont reconnu que plus de 1 000 per- rent mais la majorité fut arrêtée le lende-
sonnes moururent à Camarillo durant les main. En 1968, trois détenus prirent deux
30 dernières années où l’hôpital fonc- aides-soignantes et deux gardiens en otages
tionna ! Elles décédèrent de causes natu- avec des armes à feu et s’échappèrent de
relles mais aussi de “causes suspectes”. l’hôpital. Les otages furent retrouvés blessés
mais vivants. L’un des évadés fut retrouvé à
moitié nu et luttant pour sa vie dans les
Atascadero State Hospital
vagues, sur la côte, au sud d’Atascadero. Les
(État de Californie)
deux autres furent arrêtés à San Francisco.
Situé sur la côte californienne, à mi-chemin
En 1998, l’hôpital reçut un prix pour la
entre San Francisco et Los Angeles,
qualité de l’organisation et de la sécurité de
l’Atascadero State Hospital (ASH) est un
l’établissement.
établissement psychiatrique de sécurité
maximum exclusivement masculin.
En 2006, suite à des accusations de mauvais
traitements infligés aux patients et de mau-
C’est un hôpital complètement autonome vaise tenue de dossiers, la cour fédérale a
construit à l’intérieur d’un périmètre de imposé des changements dans l’organisa-
sécurité, entouré de hauts murs et de barbe- tion des hôpitaux psychiatriques de
lés. Atascadero interne 1 275 patients, dont Californie : réduction drastique de l’utilisa-
250 prédateurs sexuels et 260 criminels tion des médicaments et des dispositifs
dangereux. Ce sont des handicapés ou des d’entrave ou d’isolement pour les patients,
malades mentaux qui constituent une ainsi que des salaires bloqués pour le per-
menace pour les autres ou pour eux-mêmes. sonnel. Des psychiatres ont été licenciés.
La majorité d’entre eux est en détention Une grande partie du personnel a quitté
provisoire pour diagnostic ou en l’attente de Atascadero à la recherche d’un meilleur
leur jugement. Les patients proviennent de salaire et du personnel moins expérimenté
prisons californiennes ou sont transférés à et moins nombreux a été embauché.
partir d’autres hôpitaux publics.
La quantité de documents à remplir a aug-
Atascadero emploie 1 800 médecins, infir- menté démesurément, réduisant de ce fait le
mières, aides-soignants et gardiens, et pro- précieux temps passé avec les patients pour
pose des programmes de formation et de construire un climat de confiance.
stages.
Les agressions contre le personnel et les
Atascadero ouvrit ses portes en 1954 pour autres patients ont augmenté de façon spec-
interner les malades mentaux violents pro- taculaire, à la fois en nombre (près de 50 %)
venant des autres hôpitaux psychiatriques
140
et en gravité. En 2008, un détenu considéré
californiens, quasiment tous surpeuplés. À comme un “prédateur sexuel violent atteint
l’époque, le Ministère de la Santé américain de troubles mentaux” a étranglé un patient
avait décrété que la maladie mentale était non violent à l’aide d’une serviette.
“le problème de santé n° 1 aux États-Unis”.
La même année, une aide-soignante a failli
Mais ce que les autorités désignaient être étranglée, au point que son agresseur
comme “maladie mentale” ne désignait pas lui a brisé des vertèbres. Une enquête a
uniquement la schizophrénie ou la dépres- constaté qu’une moyenne de 10 infirmiers
sion. Dès l’ouverture de l’Atascadero State et aides-soignants ont été agressés chaque
mois entre janvier 2012 et janvier 2013. de violenter les patients, ce qui n’était pas
Atascadero est considéré comme un établis- courant à l’époque. Les visites des proches
sement où travailler est plus dangereux étaient autorisées mais strictement régle-
aujourd’hui qu’auparavant. mentées. À l’insulinothérapie s’ajoutèrent
Plusieurs tueurs en série sont ou ont été l’hydrothérapie, puis, à partir des années
internés à Atascadero, dont Edmund 1950, les électrochocs. Si Stockton ne fut
Kemper, William Bonin et Herbert Mullin. pas le pire hôpital psychiatrique de
Californie, certains membres du personnel
Stockton State Hospital utilisèrent néanmoins les électrochocs pour
(État de Californie) “soumettre” les patients. Plusieurs d’entre
eux en moururent.
Institution psychiatrique la plus ancienne et
la plus importante de Californie, l’Insane Elizabeth Rathjen, jeune mère d’une petite
Asylum of California at Stockton admit ses fille de 2 ans, fut admise à Stockton en
premiers patients en 1851. Ses bâtiments 1953 et diagnostiquée schizophrène. Elle
Profiling
couvraient alors une dizaine de pâtés de fut traitée par électrochocs. Elle disparut en
maisons de la ville et les dortoirs entou- 1956 et l’administration de l’hôpital expli-
raient de grands espaces verts. Un grand qua qu’elle s’était enfuie. Elle ne fut jamais
bâtiment fut construit par la suite pour l’ad- retrouvée.
ministration et les admissions. Les patients
pouvaient travailler dans une usine de L’hôpital ferma en 1996 et les bâtiments
matelas, une fabrique de balais et un atelier furent investis par la California State
de réparation de chaussures. Une salle de University.
bal et un cinéma furent également créés.
L’hôpital possédait également des terres En décembre 2005, plus de 30 corps furent
agricoles à 3 km à l’extérieur de la ville où retrouvés enterrés dans une fosse commune
les patients bénéficiaient de l’air frais, culti- alors que des travaux avaient lieu sur les
vant des pommes de terre et des haricots anciens terrains de l’hôpital psychiatrique.
pour l’asile.
En 1990, 2 238 corps avaient été exhumés
L’asile, comme de nombreux autres, souffrit du cimetière du Stockton State Hospital et
rapidement de surpeuplement. En 1888, il déplacés dans un cimetière municipal avec
internait 1 647 patients pour 1 150 places. une pierre tombale “Personnes non identi-
De nouveaux bâtiments furent construits fiées”. Les corps découverts en 2005 furent
et, dans les années 1920, l’établissement eux aussi transférés dans le cimetière muni-
internait 3 400 patients. cipal et ne furent pas non plus identifiés.
Entre 1890 et 1905, l’asile fut dirigé par le Manteno State Hospital
docteur Asa Clark puis, de 1906 à 1928, par (État de l’Illinois)
son fils le docteur Fred Clark. En 1929,
l’établissement fut repris par le docteur En 1927, les hôpitaux psychiatriques de
Margaret Smythe. Le docteur Smythe, psy- Kankakee et de Chicago étaient surpeuplés
chiatre renommée, fut la première femme et il fut décidé d’en construire un troisième.
directrice d’un hôpital psychiatrique aux 4 km2 de terrain furent achetés à Manteno
États-Unis. pour y créer des “cottages” et les 100 pre-
miers patients arrivèrent par train en 1930.
Elle fut également le premier médecin à Le premier administrateur fut le docteur
utiliser l’insulinothérapie sur les patients et Ralph Hinton et il encouragea les malades
la première à éliminer les mots “asile” et à cultiver les terres agricoles alentour.
“fou” du nom de son hôpital, qui devint le Beaucoup d’habitants de la ville de
Stockton State Hospital. Elle instaura un Manteno trouvèrent du travail à l’hôpital
code de conduite interdisant au personnel alors que la Grande Dépression frappait le
pays.
étaient morts.
Profiling
talla des ascenseurs et l’eau chaude partout.
À la fin des années 1880, chaque patient fut Jusqu’au milieu du 20ème siècle, l’hôpital ne
tenu de payer un droit d’entrée de 20 $. fut accessible que par un chemin de terre et
était donc assez isolé. Mais il possédait une
L’hôpital contenait quinze quartiers qui ferme qui fournissait toute la nourriture
séparaient les hommes des femmes, mais nécessaire : bovins, poulets, porcs ainsi que
aussi les patients qui payaient de ceux qui fruits et légumes.
ne payaient pas. Les patients les moins gra-
vement atteints étaient encouragés à tra- Le complexe possédait également sa propre
vailler dans la buanderie ou à nettoyer les boulangerie, une boucherie, une serre, une
différentes parties de l’installation afin de cave à légumes, une crémerie, un tailleur,
payer leur séjour. une salle de couture, une caserne de pom-
piers, une centrale électrique, une flotte de
Jusqu’en 1903, l’extérieur de l’hôpital fut véhicules, des patinoires, un terrain de ten-
aménagé, avec la création de jardins et de nis et une chapelle. En 1890, il abritait 915
trottoirs. patients et employait 119 personnes.
On construisit en 1927 deux nouveaux Le Hamilton Asylum for the Insane, égale-
pavillons, une cuisine et un cellier. En 1936 ment appelé Ontario Hospital puis
furent construits une salle d’opération, un Hamilton Psychiatric Hospital, fut exploité
service de radiologie et de stérilisation du durant 124 ans par le gouvernement de
matériel. Un électroencéphalogramme fut l’Ontario. En novembre 2000, il fut trans-
installé en 1951. féré à un organisme privé et renommé,
Centre for Mountain Health Services. Les
L’hôpital connut à nouveau une forte
143
bâtiments centraux sont abandonnés.
surpopulation au cours des années 1940 et
au début des années 1950, quand les soldats
de la Seconde Guerre mondiale furent Hospice St Jean de Dieu, Longue Pointe
rapatriés. (Québec)
On créa alors un deuxième hôpital psychia- L’hospice St Jean de Dieu, un grand bâti-
trique, le Centre hospitalier Restigouche, ment de cinq étages, ouvrit ses portes en
qui ouvrit ses portes en 1954 à 1873 à Montréal. On le désigna également
Campbellton. sous le nom d’”asile de Longue-Pointe”, du
Royaume-Uni
nom de l’endroit. Il fut d’abord dirigé par Situé dans un parc boisé du Lancashire, au
les Sœurs de la Providence. Le nombre de nord de l’Angleterre, l’asile de
Profiling
patients gonfla rapidement et les sœurs, qui Whittingham fut l’un des plus grands du
étaient alors les seules infirmières de l’éta- Royaume-Uni.
blissement, ne possédaient pas la moindre
formation en psychiatrie. Les malades En 1866, les trois asiles d’aliénés du
mentaux étaient maintenus par des Lancashire (Prestwich, Rainhill et
menottes, des ceintures et des camisoles de Lancaster) étaient surpeuplés. Pour y remé-
force dans de minuscules cellules. dier, l’asile de Whittingham ouvrit en 1873
et s’agrandit année après année jusqu’en
En mai 1890, environ 75 patients et 1916, construisant sa propre église, ses
5 sœurs perdirent la vie dans un terrible fermes, ses chemins de fer, son central télé-
incendie qui ravagea le bâtiment principal. phonique, son bureau de poste, ses réser-
L’hôpital fut reconstruit et de nouveaux voirs, sa brasserie, sa salle de bal et ses bou-
bâtiments ouvrirent en 1894 pour recevoir cheries. Le plus grand bâtiment (surnommé
les patients (qui avaient été logés dans des par la suite St. Luke’s Division) avait une
tentes en attendant...). En 1897, les sœurs capacité initiale de 1 000 patients, et
perdirent leur monopole sur l’établissement. incluait une église anglicane, une chapelle
catholique et un salon de loisirs.
En 1901, l’asile était devenu un vaste com-
plexe de bâtiments modernes avec quatorze En 1915, le nombre de patients s’élevait à
pavillons avec chauffage et eau chaude, des 2 820, plus du double de la capacité de
cuisines, un château d’eau, de grands l’asile. En 1918, l’un des bâtiments fut
espaces pour l’exercice et les loisirs, des réquisitionné pour le traitement des soldats
salles de soins médicaux, et des lits pour blessés.
En 1923, l’asile de Whittingham devint
2 000 patients.
l’hôpital psychiatrique de Whittingham.
En 1929, l’hôpital commença à accueillir
En 1912, une école d’infirmières fut créée
des patients internés de leur propre volonté.
pour les religieuses de l’hôpital. Les pre-
mières étudiantes laïques y furent acceptées
En 1939, le nombre de patients était de
à partir de 1917.
3 533, avec un personnel de 548 employés,
ce qui en faisait le plus grand hôpital
Face à l’accroissement de la population de
psychiatrique de Grande-Bretagne. Durant
malades, le complexe s’agrandit à nouveau la Seconde Guerre mondiale, l’hôpital fut à
avec la création de nouveaux pavillons en nouveau réquisitionné pour soigner les
1928, 1934 et 1937. blessés, et les patients furent relogés dans
d’autres hôpitaux de la région. Travaillant
Dans les années 1950, l’hôpital accueillit à l’hôpital au cours des années 1950, les
jusqu’à 5 000 patients. docteurs Parker et Breakall construisirent
un électroencéphalogramme à l’aide de
En 1976, l’Hospice St Jean de Dieu devint matériel de guerre en surplus et menèrent
l’Hôpital Louis-Hippolyte Lafontaine.
144
des expériences dans le domaine de
l’encéphalographie et la maladie mentale.
Le nombre de patients diminua à partir
des années 1980 et certaines ailes furent
fermées.
Whittingham Asylum
Le 18 juillet 1967, l’association des élèves Elles ne donnèrent jamais leur consente-
infirmiers dénonça à son tuteur des mauvais ment. Aucune d’elles ne sut qu’il s’agissait
traitements envers les patients et des d’un traitement expérimental.
fraudes à l’hôpital. En réponse, l’infirmier
en chef convoqua tous les élèves infirmiers Certaines patientes moururent et nombre
et les menaça d’une plainte pour diffama- d’entre elles subirent des pertes de mémoire
tion et calomnie. Mais en 1968, le comité irréversibles.
de gestion de l’hôpital annonça une enquête
sur les allégations de corruption et d’abus. Le docteur William Sargant et son
collègue, le docteur John Pollitt, étaient les
Il s’avéra que des patients ne recevaient psychiatres responsables du “pavillon 5” à
aucun traitement. Des patients ne rece- l’Hôpital Royal Waterloo. Le docteur
vaient que du pain ou de la bouillie pour Sargant poursuivit sans relâche ce qu’il
toute nourriture. Des patients avaient été appela de “simples traitements physiolo-
enfermés dans les toilettes, dans des pla- giques” de la maladie mentale.
Profiling
cards ou à l’extérieur malgré le froid ou la
pluie. Des patients avaient été traînés par À l’époque, Sargant était directeur du
les cheveux. Des patients avaient été étran- département de médecine psychologique à
glés avec une serviette humide jusqu’à ce St-Thomas. Il ne devait rendre de comptes
qu’ils perdent connaissance. Des patients à personne. Le comité de direction de
avaient été frappés et enfermés à la cave. St-Thomas’s Hospital n’empêcha pas le doc-
teur Sargant et le docteur Pollitt d’utiliser
Deux infirmiers avaient versé de l’alcool à un traitement inconnu sur des patientes
brûler dans les pantoufles d’un patient et y alors que personne ne savait ce que seraient
avaient mis le feu. Certains pavillons étaient le résultat et les dégâts qu’il pourrait faire.
infestés par la vermine, d’autres étaient gla- La salle de narcose était un secret de poli-
cials car le chauffage ne fonctionnait plus. chinelle. Les infirmières du St-Thomas
Hospital qui gardaient les patientes en vie,
En outre, il fut constaté qu’il existait une les anesthésistes qui menaient les séances
véritable culture de petits larcins dans les d’électrochocs et les jeunes médecins qui
pavillons, ainsi que des fraudes et des mal- visitaient les patientes quotidiennement
versations graves dans certains bureaux savaient tous ce qui se passait.
administratifs : en 1968, 49 000 £ avaient
“disparu” du budget de l’hôpital. À la suite Le docteur Sargant prit sa retraite en 1972,
de l’enquête, les deux infirmiers en chef pri- emmenant avec lui tous les dossiers médi-
rent une retraite anticipée. Deux infirmiers caux du “pavillon 5”. Les autorités du
furent reconnus coupables de vol et un St-Thomas Hospital se contentèrent de
infirmier fut inculpé pour homicide invo- fermer le pavillon après son départ. Ses
lontaire après qu’un patient âgé, qu’il avait patientes n’ont jamais été indemnisées.
agressé, fut mort.
Maudsley Hospital
Au cours des années 1970 et 1980, de nou-
veaux médicaments et thérapies furent Le Maudsley Hospital est situé dans le sud
introduits à Whittingham. Peu à peu, les de Londres. De nos jours, le Maudsley est la
patients retournèrent dans la communauté plus grande institution de formation en
ou furent dispersés dans des unités plus santé mentale du Royaume-Uni. Il travaille
petites. L’hôpital ferma en 1995. en partenariat avec l’Institut de Psychiatrie
du King College de Londres.
St Thomas’ Hospital
Il a toujours possédé une excellente réputa-
L’hôpital St-Thomas, situé au centre de tion en tant que centre de formation des
Londres, abritait autrefois l’Hôpital Royal infirmiers psychiatriques.
Waterloo.
Le Maudsley Hospital fut créé en 1907
Dans les années 1960 et 1970, de jeunes pour traiter les cas “précoces et aigus” et
malades mentales qui n’étaient pas en fournir un établissement d’enseignement et
mesure de se défendre furent soumises à un de recherche. L’hôpital fut réquisitionné 145
traitement expérimental prolongé dans la durant la Première Guerre mondiale pour
salle de narcose du “pavillon 5”, située au soigner les blessés et ne retrouva son statut
dernier étage du bâtiment. Elles furent dro- d’hôpital psychiatrique qu’en février 1923.
guées avec des barbituriques et des antidé-
presseurs pour qu’elles dorment pendant Les années 1920 et 1930 virent une crois-
des mois, et reçurent des électrochocs dont sance rapide du nombre de patients traités.
la fréquence et l’intensité étaient bien supé- À l’origine, il n’y avait aucune disposition
rieures à celles utilisées normalement. pour le traitement des enfants et une cli-
nique spécifique fut mise en place en 1928. comme une institution spécialisée dans le
L’école de médecine du Maudsley Hospital confinement des aliénés à partir de 1460.
fut créée en 1924, et devint plus tard Jusqu’en 1634, les patients ne furent quasi-
l’Institut de psychiatrie. ment pas nourris (mais saoulés à la bière
pour les calmer…).
La croissance du Maudsley Hospital le
mena à construire une unité sécurisée pour L’hôpital fut agrandi en 1667 puis recons-
patients violents en 1931, puis un service de truit plus au nord, à Moorfields, en 1676.
consultations externes en 1933. Lors de la Mais le nouvel hôpital se détériora peu à
Seconde Guerre mondiale, avec la menace peu et, en 1810, cinq hectares furent ache-
de raids aériens, le Maudsley fut fermé. Il tés pour y construire un nouvel hôpital dans
rouvrit en 1945 et, trois ans plus tard, le ce qui était alors une région marécageuse,
Maudsley devint partenaire du Bethlem pauvre, très peuplée et industrialisée de
Royal Hospital au sein du National Health Londres.
Service nouvellement créé. En 1947, une
Profiling
unité d’hospitalisation dédiée aux enfants Les premiers patients s’y installèrent en
fut ouverte. 1815. Mais le nouvel hôpital était aussi mal
conçu que le précédent et les détenus, atta-
Dans les années 1950, le Maudsley parti- chés au mur par des chaînes, nus malgré le
cipa à l’introduction des neurosciences et à froid, moururent en nombre. De nouveaux
l’utilisation des thérapies de groupe de dis- bâtiments furent ajoutés en 1830 et les
cussion. Le Maudsley Hospital est toujours chaînes furent abolies en 1850. Un pavillon
ouvert. pour les aliénés criminels violents fut ins-
tallé dans deux ailes indépendantes mais,
Bethlem Royal Hospital rapidement surpeuplé, il fut vidé en 1864 et
les détenus furent transférés à Broadmoor,
Le Bethlem Royal Hospital est situé à dans le Berkshire.
Londres. Bien qu’il ne soit plus situé à son
emplacement d’origine, il est considéré En 1890, le Bethlem Hospital internait
comme la plus ancienne institution environ 365 patients. Les médecins com-
d’Europe (voire du monde) spécialisée dans mencèrent à mettre davantage l’accent sur
les maladies mentales. Il fut connu sous dif- l’environnement et les possibilités de travail
férents noms : Sainte-Marie de Bethléem, et de loisirs. Les patientes furent encoura-
Bethlem Hospital et Bedlam. Le mot gées à faire les lits, la vaisselle, le nettoyage,
“bedlam”, qui signifie tumulte et confusion, la couture, etc. Les patients pompaient l’eau
est dérivé du nom précédent de l’hôpital. et se mirent au tricotage, à la couture et au
Même s’il est actuellement un établissement raccommodage des vêtements.
psychiatrique moderne, il a longtemps
représenté les pires excès des asiles d’aliénés. Les pavillons devinrent graduellement plus
confortables, meublés avec des volières à
De nos jours le Bethlem Royal Hospital oiseaux, des photos, des fleurs et des livres.
travaille en partenariat avec l’Institut de Des loisirs et des divertissements furent
Psychiatrie du King College de Londres. proposés aux patients (badminton, billard,
cricket, dominos, musique, danse), de même
Le Bethlem Hospital fut fondé en 1247, que des excursions régulières pour les
sous le règne d’Henry III. L’emplacement patients les moins sévèrement atteints. En
d’origine du prieuré était là où se situe de 1912, de nombreux médecins (psychiatres,
nos jours la Liverpool Street Station, dans pharmaciens, chirurgiens, dentistes, etc.)
la City. Le Bethlem Hospital ne fut pas ini- arrivèrent au Bethlem Hospital. En 1930,
tialement conçu comme un hôpital et l’hôpital fut à nouveau déplacé, cette fois en
encore moins comme une institution spé- grande banlieue sud de Londres, sur le site
cialisée pour les malades mentaux. Il sem-
ble que les premiers aliénés furent détenus à
l’hôpital en 1403 et Bethlem fut considéré
146
Profiling
taux de haute sécurité. Le plus célèbre est
Hellingly Asylum celui de Broadmoor.
147
Pauper Lunatic Asylum. L’asile était totale-
ment autonome et possédait une biblio- Pendant la Première Guerre mondiale le
thèque, des bouchers, des crémeries, un tail- pavillon n°1 de Broadmoor fut utilisé
leur, un confiseur, une boulangerie et des comme camp de prisonniers de guerre,
cordonniers, ainsi que son propre chemin appelé Crowthorne War Hospital, pour les
de fer. Il interna jusqu’à 1300 patients. Il fut soldats allemands malades mentaux.
fermé en 2003.
En 1952, John Straffen (qui avait assassiné
deux petites filles) s’évada de l’hôpital et
assassina une troisième fillette.
Alors qu’il était censé nettoyer l’une des psychiatriques de haute sécurité durent
cours, il grimpa sur le toit d’un appentis et modifier leur système de fonctionnement.
se laissa tomber de l’autre côté. Il se rendit Broadmoor dut revoir son niveau de sécu-
dans le village voisin d’Arborfield à bicy- rité à la hausse, de nouvelles normes furent
clette et fut rapidement repris. formulées pour renforcer la sécurité des
procédures, du personnel et des patients
L’hôpital mit en place un système d’alarme (notamment pour réduire la contrebande).
qui se déclenchait pour alerter les personnes
à proximité (y compris dans les villes envi- En raison de l’aspect extérieur des bâti-
ronnantes) lorsqu’un patient potentielle- ments, en particulier ses hauts murs et ses
ment dangereux s’échappait. Lorsque la barbelés, le grand public considère à tort
sirène retentissait, toutes les écoles fer- que l’hôpital de Broadmoor est une prison.
maient leurs portes.
En fait, l’hôpital est géré par le Ministère de
En 1981, Alan Reeve, qui avait été la Santé depuis 1950. Toutefois, la majorité
Profiling
condamné pour avoir poignardé un ami à des employés est composée de personnel
l’âge de 15 ans et qui avait étranglé un autre pénitentiaire.
patient, s’échappa de Broadmoor en escala-
dant le mur d’enceinte à l’aide d’un grappin Depuis 2009, le Ministère de la Santé a
et d’une corde de fortune. Il fut arrêté en décidé de fermer Broadmoor et de
Hollande en 1982 après avoir tué un poli- construire un établissement moderne. Huit
cier. patients se sont suicidés en se pendant aux
barreaux des fenêtres, qui ne peuvent toute-
Au début des années 1990, James Saunders, fois pas être enlevés car l’hôpital est classé
un pédophile, s’évada en sciant un barreau “monument historique”… D’autres pro-
dans la salle de douche de son pavillon. blèmes ont été relevés lors d’une enquête à
Il fut recapturé deux jours plus tard. la fin des années 2000 : pénurie de lits,
mauvaise santé des détenus, manque de
Daniel Gonzales, interné à Broadmoor personnel et manque de formation des gar-
pour quatre meurtres en 2004, fut placé diens. Parmi les patients célèbres internés à
sous surveillance constante par le person- Broadmoor, il y eut Graham Young (libéré
nel. Il tenta trois fois de se suicider en se de l’hôpital car “complètement rétabli”, il
mordant les poignets, et se coupa finale- empoisonna 70 personnes, dont deux mor-
ment les veines avec un CD cassé. tellement), David Copeland (un terroriste
néo-nazi) et les tueurs en série Peter
Robert Maudsley fut envoyé à Broadmoor Sutcliffe (l’éventreur du Yorkshire), Ian
en 1973 après avoir étranglé un pédophile. Brady (Moors murderers) et Kenneth
En 1977, il se barricada dans la cellule d’un Erskine (l’étrangleur de Stockwell).
autre pédophile, le tortura et l’étrangla.
Lorsque le personnel parvint enfin à entrer, Les autres hôpitaux psychiatriques de haute
il découvrit que Maudsley avait mangé une sécurité du Royaume-Uni sont :
partie du cerveau de sa victime. Maudsley
fut transféré à la prison de Wakefield, où il • Ashworth Hospital, à Maghull, dans le
assassina d’autres détenus, et vit maintenant Merseyside (nord-ouest de l’Angleterre).
à l’isolement dans une cage de verre sem-
blable à celle du Silence des Agneaux. Ashworth fut créé par la fusion du Old
Moss Side Hospital (à l’origine une unité
En 1999, suite à une enquête menée à d’apprentissage pour les handicapés men-
l’hôpital de haute sécurité d’Ashworth, taux, qui fut utilisée pour le traitement des
qui constata de graves problèmes de sécu- soldats traumatisés durant la Première
rité et des abus (contrebande de drogue et Guerre mondiale) et du Park Lane
d’alcool, disponibilité de pornographie Hospital, beaucoup plus moderne, ouvert
infantile, passage à tabac des détenus pour soulager le surpeuplement à
les plus faibles, etc.), les trois hôpitaux Broadmoor dans les années 1970.
220 patients hommes y sont internés.
Profiling
gang de patients qui font la loi dans certains institution largement auto-suffisante. La
pavillons, maltraitance de patients, etc.). ferme de l’hôpital prodigua des pommes de
terre, le lait de soixante vaches et la viande
• The State Hospital, à Carstairs, de son propre abattoir. Des hectares de
en Écosse. légumes furent cultivés par les patients sur
les terrains appartenant à l’hôpital. Un mur
The State Hospital, également appelé d’environ 3 m de haut et plusieurs portails
Carstairs Hospital, interne 140 patients entouraient l’hôpital et ses terres. Les
d’Écosse et d’Irlande du Nord. Il ouvrit en portes étaient verrouillées jour et nuit.
1939 en tant qu’installation pour “défi-
cients mentaux” mais fut d’abord utilisé Dans les années 1950 et 1960, Saint Conal
comme hôpital militaire pendant la Hospital possédait trois équipes de football
Seconde Guerre mondiale. Il accueillit à et une équipe de football gaélique. Le ter-
nouveau des “déficients mentaux” de 1948 rain de football existe encore aujourd’hui.
à 1957, lorsque 90 prisonniers aliénés cri-
minels furent transférés de la prison de De nos jours, le bâtiment abrite des cli-
Perth au Carstairs Hospital. Cette nou- niques dentaires et un établissement psy-
velle unité devint The State Hospital. chiatrique. Plusieurs bâtiments sont en
mauvais état et devraient être démolis.
En 1976, deux patients assassinèrent avec
une hache une infirmière, un autre patient St Patrick’s Hospital
et un policier lors d’une tentative d’éva-
sion. Un tout nouvel hôpital a été Cet établissement est situé à Dublin, près
construit et a ouvert en 2011. de la gare ferroviaire de Kingsbridge.
St Patrick’s Hospital for Imbeciles ouvrit
ses portes en 1747. Saint Patrick fut égale-
Irlande ment surnommé Swift Hospital, car il fut
créé grâce à un don de 11 000 £ de l’écrivain
Jonathan Swift, choqué par la brutalité du
St Loman’s Hospital Bethlem Hospital de Londres et inquiet de
sa propre démence sénile naissante.
St Loman’s est situé à Mullingar, au centre
de l’Irlande. Construit en 1886, l’hôpital Deux bâtiments supplémentaires furent
était autonome, possédant sa ferme, sa bou- construits en 1783 et 1793. En 1898, une
cherie, sa crémerie, sa laverie, son potager, grande maison située à Lucan fut achetée
son tailleur, son charpentier… En 1980, St pour être utilisée comme hôpital de conva-
Loman’s accueillait 760 patients. L’hôpital lescence. Elle devint le St Edmundsbury
vieillissant mal, les patients furent peu à peu Hospital. Un terrain attenant à l’hôpital fut
transférés dans d’autres hôpitaux ou des acheté en 1916 et l’extension des ailes d’ori-
centres de soins. gine de l’hôpital fut entreprise. Une exten-
sion supplémentaire fut ouverte en 1936.
149
En 1994, ils n’étaient plus que 270. L’ancien
hôpital fut fermé en 2011. Un hôpital À cette époque, l’hôpital accueillait plus de
moderne a été construit en 2012. 160 patients. En 1941, l’hôpital prit son
nom actuel de Saint Patrick Hospital. Saint
St Conal’s Psychiatric Hospital Patrick devint un centre hospitalier univer-
sitaire en 1947. En 1978, un important pro-
St Conal Hospital est situé à Letterkenny, gramme de construction destiné à moder-
au nord de l’Irlande. Il est le seul hôpital niser l’hôpital fut lancé. De nos jours, Saint
psychiatrique situé dans le comté de Patrick est le plus grand hôpital psychia-
Donegal et est considéré comme “l’un des trique public d’Irlande.
Allemagne En 1910, le pasteur Bodelschwingh mourut
et la direction de l’institution passa à son
Durant le 19ème siècle et jusqu’à la Seconde fils, qui fut directeur jusqu’à sa mort en
Guerre mondiale, l’Allemagne fut le pays 1946.
de la psychiatrie par excellence. 34 écoles de
médecine enseignèrent la psychiatrie de Lorsqu’Hitler arriva au pouvoir en 1933, le
Prague, dans l’Empire austro-hongrois, à pasteur Bodelschwingh rédigea avec d’au-
Strasbourg (qui, après 1871, était redevenue tres hommes d’Église une “confession de
allemande), à Graz, en Autriche, à foi” appelant à résister aux nazis et à refuser
Greifswald dans le nord de l’Allemagne. leurs idéaux. En 1941, le personnel de l’éta-
Munich fut à la pointe dans la recherche blissement s’opposa au programme d’eutha-
anatomique du cerveau et disposa de nasie des handicapés et malades mentaux
l’Institut allemand de recherche psychia- mené par les nazis. Le pasteur
trique. Vienne fournit plus de psychiatres et Bodelschwingh envoya même un courrier
de psychanalystes éminents que n’importe officiel : “Tant que je serai libre, vous ne tou-
Profiling
quelle autre ville au monde. Sur les cherez pas l’un de mes patients”.
19 facultés de médecine de l’Empire alle-
mand, toutes exigeaient une formation de Une partie de l’hôpital fut détruite lors de
6 mois dans une clinique psychiatrique. bombardements par la Royal Air Force en
1940.
Hôpital psychiatrique de Regensburg
(Bavière) Friedrich von Bodelschwingh, le neveu du
pasteur Bodelschwingh, prit la direction de
L’hôpital fut créé en 1852. Une vaste l’institution jusqu’en 1969. De nos jours,
réforme eut lieu entre 1917 et 1933. l’Institution Bethel existe toujours.
L’isolement et les entraves furent abolis.
Les chambres individuelles remplacèrent Martin Gropius Krankenhaus
les dortoirs, des salons et des salles de lec- (Brandebourg)
ture furent créés. Les patients purent ame-
ner des photos personnelles dans leur L’hôpital Martin Gropius est un hôpital
chambre. Dans les années 1920 et 1930, neuro-psychiatrique situé à Eberswalde. Il
l’hôpital accueillait environ 1 200 patients. ouvrit en 1865. À la fin du 19ème siècle, la
Lorsque les nazis arrivèrent au pouvoir, direction de l’hôpital créa un conseil
1 600 patients moururent de faim ou furent consultatif de psychiatres qui proposa des
assassinés. 600 autres furent stérilisés. thérapies différentes selon les troubles spé-
cifiques de chaque patient.
En 1965, une seconde phase de réforme eut
lieu, qui dura jusqu’en 1984. Un départe- Le complexe accueillit les malades mentaux
ment de neurologie et de radio-neurologie de la province du Brandebourg jusqu’en
fut créé en 1973, un scanner et un IRM 1945.
furent installés pour la première fois dans un
hôpital psychiatrique allemand. Depuis Par la suite, l’Armée Rouge l’utilisa comme
1982, l’hôpital accueille des patients violents hôpital militaire jusqu’en 1994. L’hôpital
et dangereux dans une unité spécialisée. psychiatrique fut placé dans des bâtiments
auxiliaires. À partir de 1997, le bâtiment fut
Depuis 2004, l’université de Regensburg a rénové. Depuis 2002, l’hôpital psychiatrique
créé une unité de recherche en psychiatrie est de nouveau logé dans le bâtiment prin-
médico-légale. cipal.
Profiling
patient devait être occupé mais vivre dans le
calme et la sérénité. Le travail représentait
la partie principale de la thérapie.
Autriche
Dans les années 30, les “méthodes de choc”
se développèrent : insulinothérapie, Hospice du Steinhof (Vienne)
Cardiazol, puis, à partir de 1939, les électro-
chocs. L’hôpital est situé dans une banlieue ver-
doyante de Vienne.
Durant la période nazie, des patients furent
stérilisés de force et les conditions sanitaires “L’hôpital d’État, maison de soins infir-
se détériorèrent. À partir de 1940, des mil- miers pour les malades mentaux et neurolo-
liers de patients furent transférés à giques”, rapidement surnommé “Le
Hadamar pour y être assassinés. Steinhof ”, ouvrit en 1907. Le complexe
comprenait alors trente-quatre pavillons
Après la guerre, tout manqua : nourriture, entourés chacun d’un parc, un bâtiment
matériel, médicaments et personnel. administratif, une clinique, une infirmerie
et un sanatorium, une église et un théâtre, et
En 1953, l’hôpital fut parrainé par la région pouvait accueillir 2 200 patients.
et put entreprendre la rénovation des bâti-
ments. Les grands dortoirs firent place à C’était l’une des institutions les plus
des chambres de quelques lits. modernes de ce type à l’époque. Des
champs et des vergers étaient cultivés par
Avec l’invention des psychotropes dans les les patients au nord de l’hôpital. Durant la
années 1950, les patients ne furent plus Première Guerre mondiale, près de 2 800
enfermés dans leur chambre et obtinrent patients moururent de faim ou de maladie.
une plus grande liberté de mouvement. On
sépara les patients par groupe d’âge et l’on Les psychiatres allemands et autrichiens,
sépara les hommes des femmes. À partir principalement dans les années 1920 et
des années 1980, les malades quittèrent peu 1930, étaient les meilleurs au monde.
à peu l’établissement.
152
les malades mentaux soient traités “avec
morale”.
Le Burghölzli
malades s’améliora.
En 1947, on créa une section de psychopa-
thologie de l’enfant. C’est à Sainte Anne, en
1952, que furent découvertes les propriétés
du premier neuroleptique, le Largactil.
Profiling
Les “Unités pour Malades Difficiles” sont
atteintes “d’hystérie”, utilisant notamment des établissements, ou des structures au sein
l’hypnose comme moyen d’étude. Les tra- d’établissements, dédiés aux malades qui
vaux de Charcot aboutirent à la création de présentent un danger potentiel pour eux-
la première chaire mondiale de neurologie mêmes ou pour autrui. Il en existe 10 en
en 1882. Jusqu’en 1892, “l’école de la France, dont 6 ont été construits entre 2008
Salpétrière”, menée par Charcot, représenta et 2012.
l’âge d’or de l’hypnose en France. Jusqu’à la
fin du 19ème siècle, on organisa à la Ces unités accueillent actuellement un total
Salpétrière un “Bal des Folles” au moment d’environ 530 patients dont 40 femmes.
de la mi-carême. Le Tout-Paris y assistait.
L’asile d’aliénées fut fermé en 1921. Service Henri Colin
(Villejuif, Val de Marne)
Hôpital Sainte Anne (Paris)
En 1910, le “quartier de sûreté de Villejuif ”
Le centre hospitalier Sainte Anne, situé ouvrit ses portes à l’asile d’aliénés de
dans le 14ème arrondissement de Paris, est Villejuif avec 48 lits. Il prit le nom de
spécialisé en psychiatrie et neurologie. “Service Henri Colin” de l’hôpital Paul-
Guiraud en 1932. Une unité de femmes de
L’hôpital fut ouvert en 1651 et entièrement 16 lits ouvrit en 1933.
reconstruit en 1788. En 1863, Napoléon III
décida de la création d’un hôpital psychia- Le service est divisé en quatre “structures de
trique à l’emplacement de l’hôpital Sainte soins”, selon la gravité de l’état du patient.
Anne. Il fut dès le départ destiné à être un
lieu de traitement, de recherche et d’ensei-
gnement des maladies mentales. L’“asile” fut
inauguré en 1867.
153
virent aussi l’entrée de la psychanalyse à
Sainte Anne, mais aussi de l’insulinothéra-
pie et l’impaludation.
même permis de piéger le suspect, de jouer Aux États-Unis, depuis la mise en place du
sur ses peurs et sa lassitude. Patriot Act (2001), les conversations aupa-
La garde-à-vue
• Dans les pays anglo-saxons, un
ravant confidentielles entre les prisonniers
avocat peut être présent dès les
Les policiers, lors de l’interrogatoire d’un et leurs avocats peuvent dorénavant être
premières minutes de la garde à vue
suspect, doivent pourtant susciter l’aveu et écoutées.
et reste aux côtés de son client durant non le provoquer par la pression s’ils veu-
l’interrogatoire. lent éviter les faux aveux. Les spécialistes du Des centaines de personnes d’origines
• Au Royaume-Uni, les interrogatoires
“profiling” peuvent leur enseigner les arabes, sud asiatiques ou musulmanes ont
sont filmés et enregistrés sur cassette
moyens d’y parvenir, notamment en analy- été placées en garde à vue, puis détenues
audio depuis 1984. Une garde à vue sant le comportement de l’interrogé pour
dure généralement 24 heures et peut
durant des mois, en secret, sans inculpation
durer au maximum 96 heures après
détecter s’il ment ou dit la vérité. et… sans avocat.
quoi les policiers doivent inculper le
suspect ou le libérer.
Préparer l’entretien
• Aux États-Unis, il n’existe pas de loi
fixant la durée de la garde à vue, mais Il est important de préparer un entretien en
la Cour Suprême a adopté le principe
de 48 heures.
tentant d’en apprendre un peu plus sur le
suspect avant de l’interroger.
• En France, un avocat pouvait être
L’interrogatoire du suspect
appelé dès la première minute de la Connaître le suspect
garde à vue… jusqu’à la loi Perben II.
Lors de l’interrogatoire d’un suspect, l’in-
Il peut depuis fin 2004, n’être requis
terrogateur se trouve dans une position Les interrogatoires les plus productifs sont
qu’au bout de 24 heures (36 heures
dominante qui peut provoquer une soumis- préparés à l’avance afin de recueillir le plus
pour les affaires de “criminalité orga- sion et/ou suggestion, pouvant malheureu-
nisée”). Pour les affaires de terrorisme
d’informations possibles sur le crime, les
et de trafic de stupéfiant, ce délai peut
sement déboucher sur de faux aveux. Il ne indices, les témoignages et le suspect. Au
être porté à 72 heures. Les entretiens
doit être ni dominant, ni passif, mais le plus début d’un interrogatoire, le policier doit
avec les mineurs (suspects ou témoins) neutre possible.
sont obligatoirement filmés depuis l’été
poser quelques questions simples afin de
2001. La garde à vue dure générale-
noter si le suspect répond normalement, s’il
ment 24 à 48 heures, mais peut-être
L’utilisation de contraintes psychologiques comprend la langue, etc.
prolongée jusqu’à 96 heures, dans les
(menaces, mensonges, suggestions…)
affaires graves. provoque chez l’interrogé une grande Mais il doit également enquêter sur le sus-
• Autres pays : Le délai de garde à vue
anxiété et un sentiment de culpabilité qui pect avant même de lui parler. Si un enquê-
est de 24 h en Belgique, au
peut le mener à admettre des crimes qu’il teur pense, par exemple, que son suspect
Luxembourg et en Allemagne, de n’a pas commis.
48 heures au Portugal et en Pologne,
possède un QI peu élevé, il doit vérifier son
de 72 heures en Espagne, de
dossier auprès de l’école qu’il a fréquentée
96 heures en Italie.
Ainsi, suite au meurtre de la jeune anglaise mais également déterminer sa capacité à
Caroline Dickinson, à Pleine-Fougères, en vivre en société : est-il capable de vivre seul
1996, les gendarmes ont arrêté un SDF, et mène-t-il une vie normale ? Un agresseur
Patrice P., qui, sous la pression, a avoué être peut avoir un QI peu élevé mais connaître
le meurtrier. Le juge d’instruction a tout de tous les “trucs” de la rue. L’intelligence
même demandé de comparer son ADN à sociale est bien différente de l’intelligence
celui du meurtrier, trouvé sur la fillette : mesurée par les tests de QI !
154
comparaison négative. “Et pourtant, il avait
avoué”… Un enquêteur, lorsqu’il interroge ce suspect,
doit utiliser les mêmes mots qu’il utilise
Le Terrorisme Act et l’AntiTerrorism Crime avec les criminels ayant un QI normal. Si le
& Security (2001) permettent aux policiers suspect comprend l’interrogateur sans que
britanniques d’arrêter une personne qu’ils l’on ait besoin de lui expliquer les termes, il
suspectent d’être terroriste, sans mandat et faut noter cet état de fait, noir sur blanc : le
pour une durée de 48 heures. Le droit pour suspect peut feindre l’idiotie ou avoir une
la personne de consulter un avocat peut être intelligence sociale qui contrebalance son
retardé. QI peu élevé.
Identifier les vulnérabilités prennent des notes et observent), certains
Certaines personnes possèdent des traits types de criminels, notamment ceux qui se
qui les rendent plus sensibles aux tech- montrent particulièrement arrogants ou
niques d’interrogation de la police, indui- manipulateurs. Un groupe peut les impres-
sant une fragilité qui peut mener à de faux sionner et leur faire perdre leur belle assu-
aveux. Ces personnes, facilement impres- rance.
sionnables, sont les enfants et adolescents,
les personnes âgées, les débiles mentaux et
les handicapés mentaux, les personnes ayant Le comportement
récemment perdu un être cher, celles qui ne de l’interrogateur
parlent pas la langue de l’interrogateur, les Les enquêteurs expérimentés savent qu’il
personnes en manque d’alcool, de drogue faut observer le comportement d’un sus-
ou de sommeil, les analphabètes et les mar- pect, qui peut se trahir par des tics, des pos-
ginaux. tures ou des gestes. Toutefois, ils devraient
Profiling
également réaliser que le suspect les observe
lui aussi. À travers leur propre comporte-
Bien mener ment, ils peuvent encourager ou rebuter le
un interrogatoire suspect à fournir des informations.
Si un enquêteur veut être assuré de mener
son interrogatoire sans commettre d’erreur, Si l’interrogateur croise les bras, fixe dure-
il doit se concentrer sur 3 dimensions ment dans les yeux, fronce ou lève les sour-
importantes : l’environnement de l’entre- cils, etc., il va mettre le suspect sur la défen-
tien, son comportement et les questions sive et ne pourra pas obtenir sa coopération.
qu’il pose. Il peut par contre encourager le suspect à lui
parler en maintenant une position ouverte,
en lui faisant bien face, en gardant un
Le lieu d’interrogatoire contact visuel non agressif avec lui, en
hochant la tête. Et surtout, en ne l’inter-
Dans les films ou les romans, les policiers
rompant pas lorsqu’il s’exprime.
interrogent souvent un suspect sur son lieu
de travail ou dans la rue. Le bruit environ-
Un interrogateur peut, simplement en
nant et les curieux qui les fixent amoindris-
détournant les yeux plutôt qu’en les gardant
sent les capacités de l’enquêteur à conduire
vissés dans ceux du suspect, apaiser et
l’entretien mais aussi la volonté du suspect
détendre ce dernier.
de coopérer. Il est important que l’interro-
gatoire se déroule dans un endroit calme et
sans distraction : au QG de la police, dans
l’habitation du suspect ou dans un endroit Comportement verbal
neutre. Il est par exemple périlleux de ques- La voix d’un interrogateur peut affecter un
tionner un suspect sur son lieu de travail, entretien, particulièrement durant l’étape
entouré par ses collègues et peut-être son pointilleuse du recueil d’informations. S’il
supérieur car l’interrogé se montrera ner- parle d’une voix trop forte ou souligne un
veux même s’il n’a rien à se reprocher. mot particulier dans sa phrase, il influen-
cera et braquera le suspect. Le style de l’en-
quêteur ne doit être ni agressif, ni injurieux,
Le nombre d’interrogateurs ni exigeant. Un enquêteur doit faire atten-
Dans les séries TV, plusieurs enquêteurs tion aux mots qu’il utilise mais également
interrogent tour à tour ou en même temps au ton qu’il emploie.
un suspect.
Pourtant, les gens confessent plus facile- L’une des qualités les plus importantes
ment leurs secrets les plus intimes lorsqu’ils qu’un interrogateur puisse posséder est la
ne parlent qu’à une seule personne : l’inti- capacité à se servir de sa voix pour donner
mité est un principe essentiel. une impression de sincérité. À cette fin, il
doit consciemment et délibérément ralentir
Si les enquêteurs veulent interroger le sus- le débit de ses paroles et parler très douce-
ment. Cela peut se révéler difficile si l’en-
155
pect à deux, l’un d’entre eux doit être “l’in-
terrogateur en chef ” qui fait les présenta- quêteur est nerveux, en colère ou excité car
tions, posent les questions et écrit le rap- il aura tendance à parler vite et fort. Une
port. Le second policier doit concentrer son voix trop forte met un suspect sur la défen-
attention sur le comportement du suspect, sive, une voix douce va le détendre, le met-
les mots précis qu’il utilise, et doit prendre tre en confiance et l’encourager à parler.
des notes sur les questions irrésolues. Il est
cependant possible, voir louable, d’interro- L’enquêteur doit écouter les réponses sans
ger à plusieurs (un ou deux enquêteurs porter de jugement, sans réaction excessive
interrogent le suspect tandis que les autres et sans interrompre la parole du suspect.
Ne pas “contaminer” suspect et de Mlle Dupont, et la nuit du
l’interrogatoire meurtre : “Que portait-elle lorsque vous l’avez
vue pour la dernière fois ?”, “Dans quel état
L’enquêteur doit faire bien attention, d’esprit était-elle ?”, “À quelle heure vous êtes-
lorsqu’il s’adresse au suspect, de ne pas lui vous quittés ?”, “Quelqu’un peut-il témoigner
indiquer les indices qui auraient pu être de vos activités de la nuit dernière ?”, “Où cela
découverts sur la scène de crime ou les a-t-il eu lieu ?”.
résultats de l’enquête. En montrant au sus-
pect des photos particulières de la scène du
crime, il peut lui dévoiler ce qui les inté-
resse, lui apprendre un ou des faits, qu’il ne
connaissait pas. Le suspect innocent peut
alors répéter les faits qu’il a appris, simple-
Savoir écouter
ment pour que la pression de l’interroga- Celui qui sait écouter deviendra celui qu’on écoute.
toire cesse. Vizir Ptahhotep
Profiling
156
mort, l’enquêteur peut continuer avec d’au- enquêteur ne s’attend pas à ce qu’un
tres questions ouvertes telles que “Dites-moi homme innocent se concentre sur l’ab-
ce que vous avez fait hier depuis le moment où sence de changement de son “histoire” car
vous avez quitté votre travail jusqu’à ce que les récits véridiques ne changent pas.
vous vous soyez couché”. Raconter la vérité est un processus simple
puisqu’il provient directement de la
Alors que l’entretien progresse, l’enquêteur mémoire. Un mensonge doit au contraire
peut graduellement incorporer de questions être répété soigneusement, précautionneu-
plus spécifiques pour s’assurer qu’il obtient sement, pour éviter les contradictions avec
tous les détails concernant la relation du les informations fournies précédemment.
• “fait de mal” : Levin a choisi cette expres-
sion vague pour décrire les terribles bles-
sures d’une petite fille battue si sévère-
ment qu’elle en est morte. Levin a mini-
misé l’étendue de la souffrance de cette
fillette, pour diminuer la gravité du crime.
La minimisation peut indiquer qu’un
individu rejette la responsabilité de ses
actions.
• “enfant” : Levin aurait pu utiliser le nom
de la petite Katelynn mais il a choisi de ne
pas le faire. Il est alors important de com-
prendre ce que ce mot impersonnel,
“moins personnel” signifie pour Levin. Il a
Profiling
été démontré qu’il n’éprouvait aucune ten-
dresse pour Katelynn.
Le langage corporel
• “cet enfant” : Les pronoms sont toujours
importants. Levin n’a pas dit “mon Le langage du corps peut dire le contraire
enfant” mais “cet enfant”. Et il est proba- des mots prononcés par un suspect : il faut
alors se demander s’il ment ou s’il est seule-
ble qu’il ait pensé effectivement cet (un
ment stressé ou impressionné. Une seule
enfant) et non cette, ce qui déjà identifiait
attitude ne peut suffire à indiquer une cul-
l’enfant en tant que fillette. “Cet” et “ce”
pabilité, il faut que le suspect en présente
sont ce que les linguistes appellent des plusieurs pour que l’interrogateur puisse
“variations spatiales”, qui révèlent un avoir des soupçons.
espace placé entre le narrateur et la per-
sonne dont il parle. C’est un moyen de Lorsqu’un individu se sent à l’aise, son
mettre de la distance entre lui et comportement a tendance à refléter celui de
Katelynn. Levin ne s’occupait pas de la fil- la personne en face de lui. Par exemple, si
lette et la battait régulièrement. l’interrogateur se penche en avant, l’inter-
rogé le fera aussi. Si le policier met
les mains dans ses poches et croise les pieds,
le suspect innocent fera de même.
Inconsciemment, les gens montrent physi-
quement s’ils se sentent bien avec la per-
Savoir observer sonne avec laquelle ils parlent. Si les enquê-
teurs les touchent, ils pourront les toucher
en retour.
Évaluer le comportement Les gens qui disent la vérité sont souvent
de l’interrogé plus à l’aise parce qu’ils n’éprouvent ni stress
L’objectif d’un entretien est au départ ni culpabilité à cacher. Les menteurs mon-
d’identifier avec certitude le suspect en trent leur inconfort lorsqu’ils n’apprécient
employant des questions inoffensives afin pas ce qui leur arrive, ce qu’ils voient ou
d’établir le nom complet de la personne, s’il entendent ou lorsqu’on leur demande de
utilise un nom d’emprunt, son âge, son parler de choses qu’ils préféreraient garder
adresse, etc. L’utilisation de questions secrètes. Leur rythme cardiaque s’accélère,
ouvertes permet non seulement de recueil- leurs cheveux se dressent, ils se mettent à
lir des informations mais aussi de détermi- transpirer et respirent plus rapidement.
ner le “comportement de base” du suspect.
Ils ont tendance à bouger leur corps en se
S’il ne perçoit pas une question comme un
réajustant (remonter ses lunettes, resserrer
piège ou une menace, il ne va pas modifier
sa cravate, passer la main dans ses cheveux),
sa manière de parler ou de se comporter.
en battant des pieds, en manipulant un
stylo, en remuant, en tambourinant des
Si le suspect dévie de son comportement de
157
doigts.
base, c’est l’indice que la question est plus
sensible, qu’elle le met mal à l’aise. Il faut Si, alors que l’enquêteur reste calme et posé,
non seulement écouter la réponse, mais l’interrogé regarde sa montre ou l’horloge,
observer le comportement de l’interrogé. est tendu sur sa chaise ou ne fait pas le
moindre geste (il est “congelé”), s’il
Ainsi, si l’on accuse directement un suspect demande constamment quand l’entretien va
d’un crime, un innocent s’insurge et jure de se terminer ou cherche à l’interrompre, l’en-
sa bonne foi alors qu’un coupable reste quêteur peut penser que cet inconfort est dû
généralement passif et ne répond pas. au stress du mensonge.
Les gens ont tendance à s’éloigner des per- les gens “appuient” de cette manière
sonnes qui les mettent mal à l’aise. Assis lorsqu’ils sont honnêtes. La majorité des
côte à côte, un menteur va inconsciemment menteurs bougent peu lorsqu’ils parlent, ou
se pencher de l’autre côté de l’enquêteur, même, se cachent inconsciemment derrière
bougeant son torse ou même simplement leurs mains : ils sont concentrés sur ce qu’ils
ses pieds dans la direction opposée ou vers doivent dire mais pensent rarement à la
la porte. présentation physique de leur mensonge.
Pour l’interrogateur, “l’emphase” reflète la
De la même manière, les gens créent des réalité ou la vérité. Si un menteur appuie ses
barrières artificielles avec leurs épaules, dires, il le fera généralement au mauvais
leurs bras ou un objet devant eux. Au cours moment, sur des sujets peu importants ou
d’un interrogatoire, un suspect malhonnête de manière stéréotypée.
et incommodé peut créer une véritable bar-
rière en face de lui en utilisant des canettes Un menteur prend souvent un air pensif, en
de soda, un pot à crayons et des documents se touchant le menton ou les joues des
Profiling
Profiling
L’interrogateur doit alors utiliser les mêmes
Certains criminels violents cherchent à gar- techniques que celles dont le criminel use
der une certaine distance sociale avec les car elles permettent au coupable de sauver
autres, une “bulle d’espace personnel” plus la face et de ressentir plus de facilité à
importante que chez d’autres criminels. avouer.
159
L’interrogateur peut se présenter comme
Souvent, à ce stade, l’interrogé croise et une “maman qui pardonne à son fils”, une
décroise les bras et/ou les jambes, puis se figure toute puissante à qui tout peut être
penche en arrière sur son siège, comme dit sans craindre la loi et le regard des
pour s’éloigner. L’interrogateur peut même autres, à qui l’on peut se confier pour calmer
poser sa main sur l’épaule du suspect. sa conscience ou son anxiété.
L’inconfort devient tel pour lui qu’il préfère Il peut également “prendre la place” de
avouer plutôt que de subir de longues l’interrogé, qui n’est alors plus le suspect
heures encore, cette présence intrusive. ou le coupable mais un simple
auditeur/raconteur. Le policier discute avec
lui comme s’il avait déjà avoué, sans le juger,
en lui demandant simplement de raconter
ce qui s’est passé “pour qu’il en arrive là”.
L’interrogé est plus susceptible de se confier
si on s’intéresse à qui il est et à ce qui l’a
poussé à commettre un crime, plutôt que si
on le questionne uniquement sur le
“Pourquoi ? Comment ? Quand ?”
doit pouvoir se faire une idée de la vision du Maîtriser parfaitement toutes ces informa-
monde de l’interrogé, et donc adapter sa tions, pourra convaincre le criminel que
communication avec lui. Il faut savoir écou- vous vous intéressez vraiment à lui. Il
ter des paroles qui choquent ou qui déplai- pourra alors croire que vous lui montrez du
sent. Le shérif qui a interrogé Gary respect : l’objectif premier si vous voulez
L’empreinte digitale Ridgway, le “tueur de la Green River” (au établir un rapport de confiance avec lui. Ce
du cerveau
Le gouvernement américain et des moins 48 victimes dans les années 1980) rapport peut exister lorsque l’enquêteur
sociétés privées ont mis au point
un appareil capable d’indiquer si
l’appelait par son prénom et lui a tout comprend le monde du tueur.
un suspect est coupable, uniquement en
d’abord fait remarquer qu’ils étaient nés le
analysant ses réactions neurologiques.
même jour et dans la même région. “Tu Lorsqu’un interrogateur montre du respect
Des mots ou des images concernant
envers un tueur, celui-ci passe moins de
un crime sont présentés au suspect sur
aurais pu être moi… J’aurais pu être toi”.
160
prendre ses agissements mais peut aussi Mais cela en vaut la peine si, à la fin de l’en-
l’amener à parler d’autres crimes. tretien, le profiler a obtenu des informa-
tions essentielles sur les valeurs, les
Il faut étudier le crime avant d’en discuter croyances et le système de pensée du tueur,
avec son instigateur et comprendre com- voire des aveux. Le tueur finira souvent –
ment il a été accompli si l’on veut saisir pour se vanter –, par expliquer à quel point
pourquoi. Il faut examiner les photos de la il a été intelligent en faisant ceci ou cela. Il
scène de crime et de l’autopsie, et les rap- donnera d’excellents renseignements sur
ports de police. Il faut également bien son comportement avant, pendant et après
connaître la ou les victimes. le meurtre.
Ces interrogatoires sont très utiles pour les Ne sont présents lors de l’audition que le
profilers. Ils leur apprennent à affiner leur spécialiste en polygraphie (un policier spé-
technique d’entretien. Ils leur permettent de cialisé) et l’interrogé. Les enquêteurs sui-
comprendre comment agit telle ou telle vent l’entretien par vidéo mais ne peuvent
sorte de tueur et donc de mieux appréhen- intervenir, afin d’éviter tout stress parasite.
der d’autres tueurs semblables. Ils peuvent
obtenir des informations de tueurs incarcé- Le polygraphiste pose d’abord des ques-
rés concernant des crimes pour lesquels ils tions d’ordre général (Quel temps fait-il ?
ont été condamnés… et des affaires irréso- Quel jour sommes-nous ? Votre date de
lues. Un tueur pervers qui a admis avoir naissance est-elle bien… ?), et fait un test
assassiné 10 personnes et a été condamné, blanc (on demande à la personne de men-
peut très bien en avoir tué 10 autres et n’en tir) qui permet d’évaluer le comportement
avoir rien dit à personne. de base du suspect. Les questions, plus ou
moins directes et précises, sont posées
Les familles des victimes veulent et doivent 3 fois, dans un ordre différent.
Profiling
savoir qui est l’assassin de leur fille, de leur
frère, de leur mère. Les membres des com- Le polygraphiste analyse ensuite les résul-
missions de libération sur parole peuvent tats et fournit son avis aux enquêteurs (10 %
changer d’opinion sur un psychopathe qui des tests sont non concluants).
semble réhabilité s’il finit par avouer des
crimes supplémentaires. Il faut savoir que les analyses ne sont
exactes que dans 70 % des cas, des per-
sonnes étant déclarées innocentes pouvant,
Le polygraphe, ou détecteur parfois, se révéler coupables. Ce n’est pas un
de mensonge outil infaillible mais un bon indicateur pour
la suite de l’enquête.
Le “détecteur de mensonge” est couram-
ment utilisé aux États-Unis, au Canada, en Une personne peut refuser d’être interrogée
Belgique et en Russie. Cet appareil, avec un polygraphe. Les enquêteurs ne peu-
le polygraphe, enregistre les variations de vent l’y forcer mais ce refus pourra augmen-
4 fonctions physiologiques incontrôlables ter leurs soupçons.
(en principe) qui permettent de détecter si
une personne ment :
• Les pulsations cardiaques, qui augmen-
tent en cas de stress Interroger un psychopathe
• La respiration, qui se saccade ou devient Bien que les enquêteurs doivent souvent
apnée de quelques secondes, en cas de interroger des suspects présentant les carac-
mensonge téristiques du psychopathe, les cours visant
• La transpiration, qui a lieu même dans à étudier la psychopathie ne font pas habi-
une pièce tempérée si le sujet est anxieux tuellement partie de la formation des poli-
• Le volume sanguin, qui s’accélère. ciers. Par conséquent, il peut être très utile
de posséder une meilleure compréhension
Le principe de base du polygraphe repose sur de ces caractéristiques et de la manière dont
le fait que mentir entraîne des manifestations elles peuvent influer sur les enquêtes et les
physiologiques que l’on peut détecter. interrogatoires.
161
Les méthodes traditionnelles d’interroga-
toire sont-elles applicables aux suspects
psychopathes ? Non. Il faut élaborer une
stratégie spécifique qui va parfois à l’encon-
tre des techniques couramment utilisées.
Profiling
Cette absence de traumatisme et ce manque tionnelle et conflictuelle. Les enquêteurs
d’affect furent évidents lorsque Christopher tentèrent de lui faire ressentir de la culpabi-
Porco voulut parler à la police, moins de 24 lité, sans résultat.
heures après le meurtre. Il se montra sûr de
lui et chercha à savoir quelles informations Au bout de 6 heures d’interrogatoire,
révélant des preuves de sa culpabilité la Christopher Porco demanda la présence
police possédait. d’un avocat. Les enquêteurs continuèrent
de l’interroger, violant ses droits : tout l’in-
Au milieu de l’interrogatoire, un nouvel terrogatoire perdit sa valeur et fut refusé
enquêteur fit son entrée. Il posa des ques- lors du procès.
tions très directes et se montra calme,
rassurant :
Inspecteur : Je ne comprends pas encore tout à Les psychopathes apprécient généralement
fait pourquoi vous dites aux gens que vous de parler à des enquêteurs. Ils tentent de les
avez tout cet argent. Ça me déroute. manipuler et de les berner pour se montrer
“plus malins”. L’enquêteur doit donc pous-
Porco : Non, je…
ser le psychopathe à parler et le battre à son
Inspecteur : Vous présentez une façade.
propre jeu. Toutefois, il faut garder à l’esprit
Porco : C’est vrai. Et je l’ai fait depuis plu-
que l’interrogatoire d’un psychopathe n’est
sieurs d’années.
pas destiné à obtenir des aveux et la vérité,
Inspecteur : Qu’est-ce que ça dit sur votre
mais, au contraire, à souligner les men-
caractère ?
songes, les informations non plausibles ou
Porco : Exactement…
incompatibles avec les preuves physiques.
Inspecteur : Chris ? Sérieusement. Qu’est-ce
que ça dit sur votre caractère ?
Lorsque l’enquêteur donne les faits et les
Porco : Je suppose que c’est de l’insécurité en détails qui réfutent les affirmations du psy-
quelque sorte. chopathe, il ne doit pas s’attendre à ce que
Inspecteur : Est-ce que ça dit que vous êtes ce dernier acquiesce ou se rétracte, ni même
une personne honnête ? affiche une quelconque anxiété ou un
Porco : Non, à cet égard, non. inconfort.
Inspecteur : Digne de confiance ?
Porco : Je pense que je suis digne de confiance, Les déclarations du psychopathe mettent
je suppose. Si je dois répondre en référence à ça, en lumière les contradictions et les men-
non, je suppose que je ne le suis pas. songes qui influenceront les jurés lors de
Inspecteur : Je veux dire, si je suis un étudiant son procès.
et que je vous rencontre et vous me dites que
vous allez acheter une maison parce que vous
avez des millions de dollars de votre grand-
mère.
Porco : C’est vrai.
Inspecteur : Vous mentez à ces gens, non ?
Porco : Eh bien, ça s’éloigne de...
Inspecteur : Non, on ne va pas détourner les 163
mots.
Porco : Je sais que c’est mal.
Inspecteur : Estimez-vous mentir ?
Porco : Oh, absolument, oui. Vous savez, je
leur dis quelque chose qui n’est pas vraiment
vrai.
Inspecteur : Êtes-vous un menteur patholo-
gique ?
L’échelle de psychopathie On confond souvent la psychopathie et la
de Hare personnalité antisociale. Selon Hare, la psy-
chopathie est un syndrome qui doit être
L’échelle de psychopathie du psychologue distingué du trouble de la personnalité anti-
Robert Hare (“PCL-R”) est l’outil de diag- sociale.
nostic le plus couramment utilisé pour éva-
luer la psychopathie. Hare affirme que le 85 % des criminels souffrent de troubles de
test ne doit être considéré comme valide personnalité antisociale, alors que seuls
que s’il est administré par un clinicien qua- 20 % de ces criminels peuvent être consi-
lifié et expérimenté dans des conditions dérés comme des psychopathes selon la
contrôlées scientifiquement. PCL-R. Ces 20 % de criminels représen-
La PCL-R repose sur un ensemble de vingt tent les auteurs de la moitié de tous les
questions. Chacune des questions est notée crimes les plus graves, dont les tueurs et les
sur une échelle de 3 points selon des critères violeurs en série.
spécifiques. Une valeur de 0 est attribuée
Profiling
si la question ne s’applique pas, 1 si elle Hare décrit les psychopathes comme des
s’applique un peu, et 2 si elle s’applique sans “prédateurs intra-espèces qui utilisent le
réserve. En plus des modes de vie et du charme, l’intimidation, la manipulation, le
comportement criminel, l’échelle évalue la sexe et la violence pour contrôler les autres et
mégalomanie, le mensonge pathologique, la pour satisfaire leurs propres besoins égoïstes.
ruse, l’absence de remords, l’impulsivité, le Manquant de conscience et d’empathie, ils
déni, etc. Les scores sont utilisés pour pré- prennent ce qu’ils veulent et font comme bon
Le syndrome leur semble, ne respectent aucune norme sociale,
post traumatique ou dire le risque de récidive criminelle et la
probabilité de réadaptation. L’édition sans culpabilité ni remords”.
“névrose traumatique”
Suite à un traumatisme,
actuelle de la PCL-R présente trois facteurs
un choc violent, un événement terrifiant, qui résument les vingt domaines évalués par
la personne ne peut plus se débarrasser
des terribles images qui lui viennent
l’analyse.
à l’esprit, elles l’obsèdent de manière L’audition du témoin
chronique et la tourmentent.
Facteur 1 :
Personnalité “narcissique agressive” Il est important de ne pas accepter sans le
Elle devient extrêmement anxieuse - désinvolture et charme superficiel
et tombe dans la dépression,
moindre doute les déclarations des victimes
qui peut mener au suicide.
- mégalomanie et des témoins car plusieurs phénomènes
- mensonge pathologique altèrent la qualité de leurs témoignages.
- ruse et manipulation
- absence de remords ou de culpabilité De nombreux facteurs influent sur la
- affect superficiel (véritable émotion de mémoire, tant lors de l’enregistrement que
courte durée) sur la restitution de l’information : le stress,
- dureté / manque d’empathie un traumatisme, l’émotion du moment, les
- refus d’accepter la responsabilité de ses préjugés ou valeurs du témoin, sa connais-
actions sance du monde, l’intérêt porté à l’événe-
ment, la durée d’exposition, le niveau de
Facteur 2 :
tension psychologique…
“Style de vie socialement déviant”
- besoin de stimulation / propension à
Les souvenirs ne sont pas stockés dans le
l’ennui
cerveau comme si une caméra enregistrait
- mode de vie parasite
les événements, la mémoire sélectionne les
- mauvais contrôle du comportement
informations.
- manque d’objectifs à long terme réalistes
- impulsivité
Plus une personne est exposée longtemps
- irresponsabilité
à un événement, plus son témoignage est
- délinquance juvénile
précis.
- problèmes de comportement précoces
- révocation de la libération conditionnelle
Facteur 3 :
Traits non reliés aux autres facteurs
- Comportement sexuel « immoral »
164
- Nombreuses relations de courte durée
- Condamnations pénales diversifiées
- Acquisition de sociopathie comporte-
mentale
Grossièrement, on peut dire que :
- Le facteur 1 décrit les traits liés à la
psychopathie.
- Le facteur 2 décrit les traits liés au
comportement antisocial.
L’influence des émotions Une personne peut être “honnêtement
• Un choc peut diminuer la fidélité des pro- trompée” et jurer avoir été témoin d’un
pos d’un témoin. S’il ne semble pas trou- événement qui n’a jamais eu lieu ou qui a
blé par ce qu’il a vécu, mieux vaut l’audi- eu lieu de manière différente, et cela sans
tionner immédiatement, alors que ses sou- volonté d’abuser les enquêteurs.
venirs sont “frais”, si possible sur le lieu
même des faits. Si le témoin est en état de • “L’effet de race” joue également un rôle
choc ou troublé, mieux vaut attendre 2 ou non négligeable sur les témoignages : il est
3 heures avant de l’interroger, pour que les plus difficile de différencier des visages de
effets du choc émotionnel diminuent. personnes appartenant à une autre ethnie
que la sienne. Pour un Asiatique, “tous les
• Une victime traumatisée peut éprouver blancs se ressemblent”.
des difficultés à reconnaître un suspect et
il est important de ne pas rajouter à sa • Des recherches ont également montré que
confusion en l’influençant. Elle peut être les témoins d’une agression à l’arme
Profiling
persuadée qu’une seconde personne, com- blanche ou avec une arme de poing se
plice de son agresseur, l’a frappée ou ne lui focalisent automatiquement sur l’arme,
est pas venue en aide, confondre son plutôt que sur le visage de l’agresseur.
agresseur et un simple témoin s’ils se res-
semblent, ou même penser qu’on l’a agres- Le témoin est généralement incapable de
sée alors qu’elle a fait une chute. mémoriser un visage précis, il ne s’en sou-
vient que vaguement. Le risque d’erreur
Une personne dépressive, alcoolisée, sous est donc élevé.
l’influence de médicaments ou mentale-
ment atteinte peut avoir tendance à penser
que des événements imaginaires (souvent
liés à sa vie personnelle) ont réellement
eu lieu.
166
mise au point pour aider la victime ou le L’enfant ment rarement lors des révélations
témoin à se remémorer le plus d’informa- spontanées d’abus sexuels (1 à 3 % seule-
tions possibles. L’enquêteur demande à la ment). La majorité des enfants avouant
personne de recréer mentalement le avoir été abusés, tentent au contraire de
contexte qui entourait le crime, de “revenir minimiser l’intensité et la fréquence des
en arrière” jusqu’aux minutes précédant abus. L’exagération serait inexistante. Les
l’événement. Si un témoin se concentre uni- fausses allégations sont presque exclusive-
quement sur un indice qu’il a vu, il peut ment rencontrées dans les affaires de
aussi se souvenir d’informations voisines, divorce ou de séparation, lors des requêtes
puis de tout le déroulement des faits. de garde d’enfant ou de droit de visite.
Elles peuvent alors être nombreuses mais il Les entretiens avec un mineur doivent être
ne s’agit pas d’un mensonge conscient, plu- enregistrés. Cela permet :
tôt d’une contamination du récit par la • de lui éviter d’avoir à expliquer et décrire
mère, soit volontairement malhonnête, soit plusieurs fois ce qu’il a vu ou subi
de bonne foi, mais inutilement angoissée. • d’analyser son discours et son comporte-
ment (repli sur soi, jambes qui se nouent,
Les critères de validation du témoignage visage qui se ferme…)
d’un adulte (clarté, précision, cohérence et
consistance) sont totalement différents de
ceux de l’enfant. C’est justement lorsque ces
critères sont absents que le discours de l’en-
fant peut être considéré comme sincère. L’hypnose forensique
La première tentative d’utilisation de l’hyp-
nose dans le système judiciaire américain
remonte à 1894.
Profiling
Recueillir le témoignage Depuis, l’hypnotisme est apparu dans d’au-
d’un enfant tres affaires. Ainsi, en 1959, l’avocat d’un
Il peut être très difficile pour les jeunes accusé de meurtre demanda à la cour que
enfants de s’exprimer. Il est alors judicieux son client soit hypnotisé pour préparer sa
d’avoir recours à d’autres moyens d’expres- défense.
sion, comme le dessin ou le jeu. Mais ce fut l’enlèvement d’un bus d’enfants
en Californie en juillet 1976 qui fut le
• À partir de 1 an, le dessin de l’enfant est “catalyseur” qui poussa sous le feu des pro-
figuratif et narratif, avant ce n’est qu’un jecteurs l’utilisation de l’hypnose par les
gribouillage. Entre 2 et 3 ans, l’enfant se forces de police. Sous hypnose, le chauffeur
met à expliquer ses dessins. À partir de du bus parvint à se souvenir de la plaque
4 ans, il est capable de concevoir un d’immatriculation de la voiture des kidnap-
dessin à partir d’un projet. Après cet âge, peurs, qui furent arrêtés et condamnés.
le dessin devient une représentation
objective de la réalité. L’utilisation de l’hypnose dans une enquête
est appelée “Forensic hypnosis”. Au cours
Le dessin libre permet à l’enquêteur de des 40 à 50 dernières années, l’hypnose
déterminer le niveau de connaissance de forensique s’est révélée une aide précieuse
sexualité de l’enfant (s’il différencie un dans de nombreuses enquêtes. Ce n’est pas
garçon d’une fille) – qui sera suspect s’il un « outil miracle » qui fonctionne à chaque
est trop développé –, et de recueillir sa fois mais il a gagné sa place aux États-Unis
parole, car l’enfant peut montrer ce qui lui comme outil de lutte contre la criminalité.
est arrivé.
Le témoignage sous hypnose est admis offi-
• Les jouets rassurent l’enfant et le déten- ciellement dans les cours de justice de plu-
dent face aux policiers. En utilisant des sieurs États américains depuis une jurispru-
personnages en plastique, une maison, des dence des années 1980, si la “séance” a été
meubles et des accessoires, l’enquêteur menée par un expert qualifié. Une enquête
peut demander à l’enfant de lui décrire les de 1986 révéla qu’environ 800 agents des
faits qui se sont produits, leur localisation forces de l’ordre avaient reçu une formation
et les différents acteurs. L’entretien mené à l’application légale de l’hypnose.
avec l’enfant est un exercice délicat. Il doit
se dérouler dans un endroit calme. Mais en dépit de ces succès, l’hypnose a
souvent une mauvaise image devant les tri-
L’enquêteur doit expliquer à l’enfant les bunaux, au point que certains pays l’ont
consignes à suivre : “Donne-moi simplement bannie.
la bonne réponse si tu la connais. Si tu ne la
connais pas, dis-moi simplement que tu ne sais
pas. Ce n’est pas grave si tu ne connais pas la
réponse. Si je te demande de me parler de
167
quelque chose et que tu n’as pas envie de le
faire, dis-moi simplement que tu n’aimes pas
cette question. Il vaut mieux ne pas répondre
plutôt que de dire “non” si la réponse est “oui”.
Si tu ne comprends pas ma question, dis-le-
moi, n’essaie pas de deviner la réponse”.
mémoire. L’hypnose peut aider un témoin Mais si l’hypnotiseur suggère qu’il aimerait
ou une victime à se souvenir d’une informa- une certaine réponse, il est très probable que
tion oubliée ou refoulée. la personne hypnotisée dira ce que l’hypno-
tiseur veut entendre.
Lorsque vous utilisez l’hypnose pour
“rafraîchir la mémoire” d’un témoin, vous En raison de ces problèmes, les tribunaux et
pouvez obtenir des informations correctes, les forces de l’ordre à travers le monde ont
des informations incorrectes, ou une com- mis en place des procédures très strictes à
binaison des deux. Il faut donc obtenir une suivre chaque fois que l’hypnose médico-
confirmation des informations obtenues légale est utilisée. L’interrogation du témoin
sous hypnose pour soutenir leur fiabilité. sous hypnose doit notamment être filmée,
et une transcription doit être écrite. Le
Les informations incorrectes ne sont pas le témoin doit être pleinement coopératif
fait de l’hypnose en elle-même. Les enquê- pour que l’hypnose fonctionne.
teurs savent qu’en interrogeant les témoins
d’un crime, ils peuvent obtenir des informa- L’hypnose forensique est radicalement dif-
tions incorrectes dues, par exemple, à l’affo- férente de l’hypnose clinique. Dans l’hyp-
lement. nose clinique, le patient veut changer
quelque chose : arrêter de fumer ou de
Parfois, ce qu’un témoin est persuadé avoir boire, perdre du poids, etc. Dans l’hypnose
vu peut être différent de ce qui s’est réelle- forensique, il est crucial de ne rien changer.
ment passé.
Comment l’endroit doit-il être configuré ? Sans barrière (plantes, verre, grand bureau),
entre l’enquêteur et le suspect.
Qui doit conduire l’entretien ? Un seul interrogateur engendre plus facilement la confiance.
Dans un duo, un enquêteur doit poser les questions
et l’autre prendre des notes.
Quelle est la bonne manière de poser des questions ? Comme un entonnoir : en commençant par des questions
168 ouvertes, suivies par des questions de plus en plus précises.
Quels sont les bénéfices des questions ouvertes ? Obtenir des informations complètes, minimiser le risque
d’imposer son point de vue au suspect, et aider à établir
son “comportement de base”.
Quels sont les bénéfices des questions fermées ? Obtenir des détails spécifiques, s’assurer de leur exactitude,
détecter les changements de sujet.
Quelles sont les précautions à prendre ? Ne jamais poser de questions qui révèlent des informations
de l’enquête et mènent le suspect vers la réponse désirée.
Portrait PNJ Hervé Letellier
Hervé Letellier
Profiling
38 ans, Négociateur
APP 16 Prestance 80 %
Négociateur en chef
CON 15 Endurance 75 %
DEX 15 Agilité 75 %
au GIGN
FOR 13 Puissance 65 %
TAI 13 Corpulence 65 %
38 ans, Français
ÉDU 15 Connaissance 75 %
INT 12 Intuition 60 %
POU 14 Volonté 70 %
Valeurs dérivées
Impact +2
Points de Vie 14
Santé Mentale 70
Hervé Letellier, fils de gen
darme, n’était
pas passionné par les études
Compétences
, aussi s’est-
Administration 75%
il engagé chez les fusilie
rs marins dès
Athlétisme 60%
ses 18 ans. Ça a été pour lui une rév
Baratin 75%
élation. Il s’est
Bibliothèque 50%
alors intéressé à la négoci
ation et a suivi
Conduite 65%
Très sportif, courageux et des formations durant
aventurier, il a
Crédit 70%
été accepté chez les lesquelles il a
Commandos retenu l’attention de ses
Criminologie 40%
Marine 4 ans plus tard. supérieurs
Culture générale 65%
grâce à sa maîtrise de lui
-même et… à
Discrétion 70%
sa voix grave et apaisante
.
Droit 55%
Durant 5 ans, en tant qu
e nageur de
Garder son sang-froid 65%
combat (“commando Hu Il a beaucoup de sang-f
Kayak 70%
bert”), il a roid, est très
voyagé à travers le mond
Parachutisme 50%
e pour partici- résistant au stress et sait
per à de nombreuses op contrôler ses
Persuasion 95%
érations sous- émotions. Il s’exprime ave
c facilité, tant
Pilotage 45%
marines. À la fin de son en français qu’en anglais.
engagement
Plongée 80%
chez les commandos, il Il a de bonnes
connaissances en sciences
Psychologie 65%
s’est naturelle- du comporte-
ment tourné vers la gendar
Recherche 60%
merie, où il ment, en psychologie et
en évaluation
Renseignement 70%
est devenu gendarme mo des risques.
bile durant 2
Sabotage 60%
ans, puis a demandé
à intégrer le
Sagacité 60%
GIGN. Il a réussi le con
Secourisme 40%
cours d’entrée Très volontaire, il est
et, vu son expérience pas disponible
Vigilance 85%
sée, a d’abord 24h sur 24 et 7 j sur
été plongeur d’intervention 7, et travaille
. souvent la nuit, au sein d’u
Langues
ne équipe de
5 personnes.
Un jour, on lui a demand Français 70%
Anglais 55%
é de rejoindre
des négociateurs qui tentai
ent d’apaiser
Combat
un militaire, justement un
ancien fusi-
Armes automatiques 40%
lier marin. Hervé Le
Armes d’épaules 50%
tellier, après
2 heures de discussion, est
Armes de mêlée 45%
par venu à le
Armes de poing 65%
convaincre de se rendre san
s violence.
Bagarre 60%
Esquive 80%
169
Situations de crise
Depuis que les médias ont la possibilité de
montrer aux spectateurs des situations de
crises (années 1970), les décideurs ont pris
en considération les réactions de l’opinion
publique. Fini les bains de sang et les otages
sacrifiés. La négociation est devenue un
outil indispensable.
à travers le monde, tout en réduisant le nom- de la crise pour y apporter les solutions adé-
bre de tués (policiers, otages et forcenés). quates. Le plus souvent, les causes de la
crise (perte d’un emploi, faillite, retrait du
Utilisée pour la première fois par la police droit de visite d’un enfant, refus d’aller en
de New York, la négociation présente la prison, départ du conjoint, décision d’expul-
première approche “douce” pour résoudre sion…) entraînent des besoins à satisfaire,
les conflits. qui peuvent faire partie des solutions à pro-
poser.
Elle consiste principalement à “calmer” un
incident, à donner le temps et la possibilité Il est important de posséder une vision glo-
à un forcené d’exprimer ses sentiments bale des interactions possibles avec les dif-
(colère, frustration, anxiété), et donc férentes personnes impliquées dans la crise :
d’identifier les éléments qui sont à l’origine le ou les forcenés, la ou les victimes, les
de la crise. Le forcené peut alors ventiler ses équipes de négociation et d’intervention, les
émotions négatives sans avoir recours à la témoins, le public, les médias (qui infor-
violence. ment en direct), les autorités politiques.
170
sens mais l’écoute est un art. professionnel important, capable d’aider à
Goethe résoudre la crise, mais aussi d’influencer le
choix des forces de l’ordre.
Face à une situation de crise (prise d’otage,
enlèvement contre rançon, détournement Lorsqu’un forcené exprime une volonté de
d’avion, etc.), la meilleure solution est parler plus longtemps avec le négociateur,
d’aboutir à un compromis négocié et, si cela quand il parle d’autre chose que de la crise,
n’est pas possible, de parvenir à neutraliser, ou encore, lorsqu’il envisage l’avenir, on
plutôt que de tuer. Tout ceci, sans mettre en peut estimer que la situation commence à
danger la vie d’éventuels otages. s’améliorer.
Recueillir les informations Il ne doit pas exister de position domi-
Obtenir des informations permet d’analy- nant/dominé. Ce n’est que progressivement
ser le problème et les risques, de choisir les que le rapport de force doit évoluer pour
options à envisager et le type de négociation s’équilibrer, puis s’inverser. L’attitude du
à utiliser. négociateur doit donc être mesurée, d’au-
tant plus que le forcené peut avoir une
Il faut tout d’abord recueillir des informa- vision très négative et de nombreux préju-
tions de situation : Qui est le forcené ? Qui gés sur les forces de l’ordre.
sont les otages ? Où est-il/sont-ils situé(s)
précisément ? Quand la situation de crise a- Une personne qui provoque une situation
de crise a toujours une raison profonde et
t-elle commencé ? Comment le forcené est-
des problèmes insurmontables, et fait face à
il entré ? Comment communique-t-il avec
un événement déclencheur qui va la pousser
les forces de l’ordre ? etc.
à franchir la ligne. Elle ne demande souvent
qu’à être écoutée et a toujours des exigences
L’équipe de situation de crise prend des
Profiling
à formuler. Le négociateur doit répondre de
mesures immédiates (périmètre de sécurité,
manière appropriée à ces exigences : obtenir
plans d’évacuation des otages…) et prépare
un droit de visite pour les enfants, ne pas
les options de résolution (négociation,
aller en prison, faire connaître des revendi-
assaut, neutralisation sélective ou utilisation
cations politiques, etc. Le négociateur ne
de gaz neurotoxiques).
doit pas demander, c’est le forcené qui doit
dire ce qu’il veut.
Enfin, elle cherche à obtenir le plus d’infor-
mations possibles sur le/les forcenés et Le ou les conseillers qui accompagnent le
le/les otages. Il est important de posséder négociateur, écoutent leurs conversations
une description physique précise du forcené afin d’analyser la progression de la négocia-
afin d’éviter toute méprise en cas d’inter- tion, qui peut durer des heures, voire des
vention, mais également de connaître jours entiers. Ils cherchent par exemple à
l’identité, le profil psychologique, l’état de savoir si la violence des propos du forcené a
santé, le casier judiciaire, etc., de chaque augmenté ou a diminué avec le temps, si la
personne. durée de parole du forcené s’est accrue et s’il
parle plus volontiers avec le négociateur, si
Ces informations peuvent être trouvées sur le rythme des propos et le niveau sonore du
les lieux de l’événement (témoignages, forcené se sont atténués… Il est également
observation, etc.), grâce à une équipe tra- intéressant de noter si le forcené parle
vaillant sur des bases de données (police, davantage de lui-même et de ses problèmes,
justice, services de renseignement, hôpi- plutôt que de la crise.
taux, presse et médias, établissements sco-
laires, mairies…), ou par l’intermédiaire
d’enquêtes menées par des policiers Choisir ses mots
(Interpol, les familles, les collègues, les Un négociateur cherche avant tout à com-
amis, les voisins, les professeurs, le médecin, muniquer et à faire passer ses idées. Ce doit
la concierge…). être quelqu’un qui sait reformuler et
convaincre. Le but d’une négociation est de
Les informations découvertes doivent rapi- diminuer les émotions du forcené pour aug-
dement être transmises à l’équipe de négo- menter, au contraire, sa rationalité.
ciateurs, qui va classer les informations par
priorité, intérêt et indice de fiabilité. Il faut, à cet effet, utiliser des stratégies ver-
bales afin d’établir un rapport de confiance
tout en abaissant le niveau émotionnel du
forcené :
Savoir écouter • Paraphrase : répéter le message du forcené
Savoir écouter, c’est posséder, outre le sien, avec ses propres mots (“Il est pas question
le cerveau des autres. que je relâche qui que ce soit mainte-
Leonard deVinci nant !” : “Si je comprends bien, vous me
dites que vous ne désirez par libérer un
171
Le négociateur doit écouter son interlocu- otage”).
teur et comprendre ses motivations, ses • Nommer les émotions : coller une éti-
peurs et ses désirs. Il doit en quelque sorte quette sur les émotions exprimées ou
se mettre à sa place et tenter d’assimiler son impliquées par les mots ou les actions du
point de vue. Il faut mettre de côté sa pro- forcené.
pre personnalité, sa morale et ses opinions, • Effet de miroir : utiliser des phrases indi-
et ouvrir son esprit. L’objectif n’est pas de quant la capacité à comprendre le forcené,
faire respecter la loi mais de trouver un et voir les choses comme il le fait. Répéter
compromis satisfaisant pour sortir de la ses derniers mots ou les idées principales
crise. de son message.
• Questions ouvertes : afin de pousser le
forcené à s’exprimer. Pendant qu’il parle, le
négociateur peut non seulement gagner
du temps mais également comprendre ses
ennuis, ses désirs et ses motivations. Il
peut par la suite utiliser ce qu’il a appris
pour atténuer la crise. Le négociateur peut
inviter le forcené à exprimer sa colère :
“Dites-moi ce qui s’est passé”.
L’usage de mots connotés peut permettre Il peut également arriver qu’un négociateur
de réduire le niveau de tension du forcené. ait affaire à un psychopathe particulière-
Lorsque ce dernier redevient rationnel, n’est ment dangereux qui s’amuse à utiliser le
plus aveuglé par sa colère et qu’une relation pouvoir qu’il a sur la vie des otages pour
de confiance s’installe, le négociateur peut humilier la police. Le négociateur doit gar-
utiliser des mots plus précis, afin d’obtenir der son sang-froid, en toutes circonstances
des informations plus claires, notamment et ne surtout pas répondre à ses provoca-
pour se faire préciser certains aspects d’une tions par la colère ou la frustration : cela ne
demande. ferait qu’augmenter la satisfaction du for-
cené. Il faut au contraire rester imperturba-
La connaissance des cultures est également ble et ne formuler aucune critique, afin
primordiale pour le négociateur. On ne d’éviter l’escalade. Garder le contact avec ce
s’adresse pas du tout de la même manière à genre d’individu permet de gagner du
un asiatique, un européen ou un arabe. temps… pour que l’équipe d’intervention se
mette en place.
Le négociateur doit arriver à convaincre
le forcené qu’il désire sincèrement l’aider :
“Il a dû vous arriver quelque chose de terrible
Exigences et compromis
172
pour que vous en arriviez là. Racontez-
moi…”, “Je voudrais vraiment vous aider. On Les forcenés peuvent parfois avoir des
va trouver une solution tous les deux”. demandes extravagantes ou irréalisables.
Il doit également valider, légitimer le senti- Robert Ressler, ex-profiler au FBI et ins-
ment de colère du forcené, en racontant une tructeur en négociation, a dû un jour, faire
expérience vécue ou imaginaire : “Moi aussi face à un jeune noir qui voulait que “tous les
j’ai un fils du même âge. Comme toi je n’ai plus blancs disparaissent de la surface de la
le droit de le voir, je suis vraiment furax, il y a terre” et désirait en discuter avec le
des jours où ça me rend dingue. Il me manque Président des États-Unis. Jimmy Carter
tellement…” était prêt à saisir son téléphone mais Ressler
a refusé. Ça aurait été inutile car les exi- En acceptant certaines choses relativement
gences du forcené étaient inapplicables. banales, sans conséquences, le forcené se
Il existe des demandes moins fantaisistes met en position d’accepter des choses plus
mais sur lesquelles les négociateurs s’enten- importantes à l’avenir. Le négociateur, au
dent pour ne jamais transiger : échanger des départ de la crise, va par exemple lui
otages, introduire de nouveaux otages dans demander s’il est d’accord pour continuer à
le bâtiment, fournir des armes ou de la utiliser cette ligne de téléphone pour parler.
drogue. Il y a en fait des demandes négocia-
bles (nourriture, cigarettes, boissons, argent, Par la suite, il tentera de le convaincre de
couverture médiatique, moyens de trans- prendre des décisions qu’il pensera adopter
port, chauffage, médicaments) et d’autres de sa propre volonté. Pour cela, le négocia-
qui ne le sont pas (le négociateur ne dit teur dispose de plusieurs stratagèmes :
jamais “non” directement mais demande du • Concéder des faveurs au forcené au bout
temps et assure qu’il doit obtenir l’aval de d’un certain temps, sans rien demander en
ses supérieurs…). Il existe également des retour… pour le moment. Le ravisseur ne
Profiling
demandes qui ne sont pas de la compétence s’attend pas à ce que la police lui fasse le
du négociateur : ne pas faire de prison, moindre cadeau et considère donc ce que
obtenir un sauf-conduit, faire libérer des le négociateur lui offre, comme ayant plus
prisonniers, etc. de valeur que cela n’en a réellement (ne
pas couper l’eau ou l’électricité). Mais,
Certains forcenés demandent que le chef de lorsque le négociateur exigera des conces-
l’État fasse une déclaration solennelle à la sions du forcené, il pourra lui rappeler les
télévision ou veulent obtenir eux-mêmes un faveurs accordées afin qu’il lui rende la
temps d’antenne lors du journal de 20h. Ces pareille.
demandes ont longtemps été non négocia- • Proposer au forcené de prendre une déci-
bles mais grâce aux évolutions technolo- sion importante pour la résolution de la
giques, il est à présent possible de manipu- crise, en précisant qu’il existe un délai de
ler les images, de les transmettre avec un validité. C’est une excellente opportunité
léger différé ou des les diffuser dans un qu’il ne faut pas manquer. “Mon chef est
espace géographique limité. On peut alors d’accord pour la nourriture, mais à condition
donner l’illusion au forcené d’avoir satisfait que tu relâches quelqu’un. Il a besoin de ta
à sa demande. réponse dans les 5mn, sinon, il n’y aura plus
de marché après… J’ai eu beaucoup de mal à
obtenir son accord”. Le négociateur l’oblige
Suggérer et persuader à raisonner en termes de coût et d’avan-
Lorsque le négociateur réussit à persuader tage. On suggère au forcené qu’il est celui
le forcené qu’il comprend sa colère et sa qui décide. Il a l’impression de participer à
frustration, un rapport de confiance peut l’évolution de la situation et d’avoir une
s’établir entre eux. Par ce biais, le négocia- prise importante sur les événements. En
teur induit un processus de responsabilisa- lui suggérant de prendre son temps avant
tion et d’engagement. Il renforce l’estime de de répondre à une proposition, le négocia-
soi du forcené et peut ainsi lui faire com- teur l’amènera à penser que sa réponse à
prendre que si les choses se déroulent bien, de l’importance… même si ce n’est pas le
c’est grâce à lui : il aurait pu tirer sur tout le cas.
monde et ne l’a pas fait, c’est donc un • Un autre moyen de convaincre un forcené
homme bien, etc. Le négociateur transfère qu’on le prend au sérieux et qu’il joue un
progressivement la responsabilité de la rôle décisif dans les transactions, est de lui
situation sur le forcené et le rend solidaire demander de préciser sur quoi il est
de son évolution. Tout ne repose pas sur les d’accord et sur quoi il ne souhaite pas
épaules de la police, tout ne sera pas “la transiger.
faute” des forces de l’ordre. • Le forcené se sent en position de force,
alors que le rapport de force est justement
en train de changer. Le négociateur doit
alors le faire basculer à son avantage. Il
peut pour cela insinuer qu’une interven-
tion risque d’être imminente. En consé-
quence de son attitude, la police pourrait 173
mal réagir et vouloir intervenir. Le négo-
ciateur fait ainsi monter la pression sur le
forcené, en ajoutant que l’activité des
forces de police autour de lui est intense.
Le négociateur signifie alors au forcené
que quelque chose de grave va arriver (“Ça
fait trop longtemps que ça dure”) et que la
fin de la crise ne dépend plus que de lui.
Savoir gérer le temps En général les CNT s’occupent rarement
Le temps est l’allié du négociateur et peut des incidents où un forcené prend
même devenir un outil de négociation. quelqu’un en otage afin d’obtenir de l’argent
Lorsqu’un forcené finit par admettre que ses ou une concession de la police ou du gou-
exigences ne seront pas satisfaites immédia- vernement, ou des mutineries de prisons.
tement, le dialogue peut commencer. Les CNT se consacrent plutôt aux sujets en
crise, aux personnes qui font face à un pro-
Le temps qui passe peut aussi être utilisé blème ou à une perte qui leur semble insur-
pour contenter graduellement les besoins montable et sont dans un état émotionnel
du forcené. Celui-ci a d’abord faim et soif, extrême, en colère, dépressifs ou frustrés :
puis il a besoin d’être rassuré, de se sentir en un homme violent qui se barricade chez lui
sécurité, et enfin, il apprécie d’être compris et prend ses enfants en otage, un évadé de
et considéré. Ces besoins deviennent des prison ou un criminel en fuite, une tentative
outils de négociation que l’on utilise selon le de suicide ou des incidents impliquant des
profil psychologique du forcené. malades mentaux.
Profiling
À mesure que le temps passe, le négociateur Les SWAT sont des unités d’élite de la
va aussi tenter de rationaliser la situation, de police d’intervention américaine, créées en
Étude de cas
comprendre le forcené pour l’aider à trouver décembre 1969, fortement armées et au
un moyen de sortir de la crise sans perdre la personnel très entraîné. Elles interviennent
face. Il doit pour cela chercher à connaître les lors de situations présentant des risques
Un père indigne
En 1989, un groupe de gangsters
intérêts, les croyances ou les valeurs du for- trop élevés pour des agents de police non
avait pris en otage la famille
cené et s’en servir pour l’amener à reconsidé- spécialisés.
d’un banquier en Belgique. rer la situation. Cela demande du temps…
De nombreux pays possèdent leur force
La négociation avait duré 5 jours
que le forcené ou les autres acteurs de la crise
et les preneurs d’otage regardaient
ne sont pas toujours prêts à donner. d’intervention : SAS britannique, Spetsnaz
les informations à la télévision.
russe, GSG9 allemand, NOCS italien, GTI
Une chaîne diffusa une interview canadien… Mais la plupart ne sont pas
du père du chef des gangsters,
Le temps permet aussi de planifier une
qui lui demandait de se rendre.
intervention si le négociateur réalise que la dotées d’une unité de négociation. En
crise ne débouchera pas sur une issue paci- Belgique, le DSU (Direction Unités
Les négociateurs n’y trouvèrent rien à
Spéciales, le GIGN belge), créé en 1974,
redire, jusqu’à ce qu’ils apprennent que
fique.
possède une quarantaine d’hommes et
ce père ne s’était jamais occupé
de son fils lorsqu’il était enfant et que
Le temps, d’un autre côté, peut également bénéficie d’une section de négociateurs très
ce dernier avait très mal pris de recevoir favoriser le Syndrome de Stockholm chez performante.
des leçons de ce “père indigne”. les otages (cf. Traumatismes de victimes,
p. 176) et augmenter le stress des acteurs de La France dispose de 3 unités principales :
la résolution (qui doivent se relayer toutes
les 8 heures).
Le GIGN
174 Les équipes de négociation Depuis 2002, son effectif a dépassé la cen-
taine d’hommes, dont 11 officiers. Ses mis-
de crise sions principales sont de libérer les otages et
Aux États-Unis, les forces de police des d’arrêter les terroristes. Il est souvent appelé
grandes villes possèdent chacune leur CNT à neutraliser des forcenés barricadés chez
(Crisis Negotiation Team) et leur SWAT eux, sur leur lieu de travail ou dans une
(Special Weapon And Tactics), pour la neutra- école. Il intervient également lors des muti-
lisation lorsque la négociation ne peut pas neries de prison. Le GIGN n’agit pas qu’en
aboutir. France et dans ses DOM TOM.
Il peut également venir en aide à des pays L’un des membres de l’équipe intervient
étrangers (Djibouti, Arabie Saoudite, comme négociateur en chef et engage le
Liban, Soudan, Comores…). Le GIGN dialogue avec le forcené. Le second négo-
tente toujours de négocier avant d’interve- ciateur l’assiste en l’aidant à choisir les tech-
nir de façon plus « musclée ». niques de communication et les mots spéci-
fiques. Le 3ème membre, sorte de chef
d’équipe, précise la stratégie globale de
Le RAID négociation et sert d’interface avec les
autres composantes de la crise tels que
l’équipe d’intervention, le chef de la police,
les enquêteurs, les politiques, la famille du
forcené, etc., afin de collecter les informa-
tions vers les 2 négociateurs.
Profiling
“référent”, souvent un psychologue, qui
conseille les deux négociateurs avec un
autre point de vue, ainsi qu’un “supervi-
“Recherche, Assistance, Intervention, seur”, qui assure le bon fonctionnement des
Dissuasion” est un service de la police natio- moyens techniques et logistiques.
nale qui agit sur l’ensemble du territoire
français depuis 1985. Ses missions princi- Seul le négociateur entre en contact avec le
pales sont la gestion de crise en cas de prises forcené. Mais il ne décide pas du tournant
d’otages, de mutineries ou de forcenés, et que doit prendre une négociation ou de
l’interpellation de terroristes. l’opportunité d’une intervention.
C’est le rôle du commandant en chef de la
Il possède un groupe “crise négociation et cellule de crise.
assistance médico-psychologique” chargé Un climat de cohésion et de confiance
de la phase de négociation. Cette section est totale, règne dans l’équipe de négociation.
composée de psychologues et psychiatres
ainsi que de criminologues. Le RAID coo-
père avec les unités du GIPN.
Enlèvement avec demande
de rançon
Le GIPN L’une des expériences les plus traumatiques
qu’une famille ait à subir, est l’enlèvement
de l’un de ses membres. Dans de telles cir-
constances, la police peut demander l’aide
d’une équipe de négociation de crise. Cette
équipe joue un rôle essentiel qui bénéficie
aux enquêteurs mais également à la famille
des victimes. Elle saura leur indiquer com-
ment négocier avec le ou les kidnappeurs,
comment la transaction pourra se passer,
quoi répondre au téléphone, comment per-
Le Groupe d’Intervention de la Police sonnaliser leurs messages, comment com-
Nationale a été créé à la même époque que muniquer efficacement…
le GIGN. En fait on devrait dire “Les
Groupes” (16 à 24 hommes) car ils sont L’équipe de négociation de crise doit égale-
répartis dans 9 régions françaises pour ment fournir une aide à l’enquête. Elle éta-
intervenir rapidement dans des missions blit un centre d’opérations (généralement
d’envergure réduite : Lille, Strasbourg, chez la famille même), conseille et épaule la
Lyon, Nice, Marseille, Bordeaux, Rennes, famille tout au long du processus. Elle
Nouvelle-Calédonie et Réunion. développe des stratégies afin de réduire les
attentes du kidnappeur, pour répondre aux
175
Chaque groupe entre en action uniquement éventuelles menaces et demandes, dans le
dans sa zone régionale, généralement dans but final de trouver ou de faire libérer la vic-
des prises d’otages, des barricades ou des time.
émeutes de prison. Le GIPN est une force
d’intervention et non de négociation. Les membres de l’équipe vivent 24h sur 24
avec la famille, l’observe et discute avec elle
Un négociateur n’agit jamais seul. La Crisis afin de recueillir des informations sur la vic-
Negotiation Unit du FBI recommande aux time (comportement et habitudes). Cette
agences d’utiliser au moins 3 professionnels immersion totale limite les mouvements
lors d’une situation de crise. autour et à l’intérieur de la maison, démon-
tre l’engagement de l’équipe, à tout faire négociateurs conseillent également au
pour le retour de la victime, et permet aux porte-parole de parler au ravisseur de la
enquêteurs de se consacrer uniquement à famille de la victime, de ses parents ou de
l’enquête car c’est le chef d’équipe qui ses enfants. Il doit aussi l’informer de pro-
obtient et fournit les informations à mesure blèmes médicaux éventuels et exploiter ces
qu’elles arrivent. Les négociateurs servent informations. Une épouse peut dire “Mon
d’interface entre les enquêteurs et la mari a des problèmes de cœur et il a besoin de
famille. ses médicaments. Je détesterais qu’il lui arrive
quelque chose simplement parce qu’il n’a pas pu
L’équipe de négociation doit être bien prendre ses pilules. Ni vous ni moi n’aurions
entraînée, disciplinée et organisée. Elle doit alors ce que nous voulons”.
être présente dès le départ et participer au
compte rendu initial avec les membres de la Ce genre de phrase indique que la respon-
famille. Elle installe immédiatement les sabilité du bien être de la victime et de la
équipements destinés à enregistrer et pister résolution de l’enlèvement reposent sur les
Profiling
176
laquelle elle est encore en vie. Le mieux est
de pouvoir parler directement à la victime Mais elle peut également affronter ce trau-
en lui posant une question à laquelle seule matisme en “s’identifiant” avec son ou ses
elle pourrait répondre (le nom de son pre- agresseurs. Ce phénomène, qui n’est pas
mier chat, son programme télé préféré, rare, se produit lorsqu’une personne crée un
etc.). lien émotionnel avec un autre. Il y a alors
“introjection”, par laquelle la victime modi-
Pour personnaliser la victime (pour que fie sa personnalité et même ses caractéris-
l’agresseur la visualise comme une personne tiques physiques afin d’imiter la personne
et non un simple “monnaie d’échange”), les avec laquelle elle s’identifie.
En s’identifiant avec ses agresseurs et en
imitant leurs agressions, la victime de crime
se transforme, passant de la personne
menacée (ce qui est insupportable) à la per-
sonne menaçante. Cette transformation
mentale permet à la victime de ressentir une
certaine force dans une situation humiliante
et terrifiante.
Profiling
En plus de son utilité psychique, l’identifi- Mais, poussée à son extrême, elle peut pro-
Étude de cas
cation avec l’agresseur remplit une impor- voquer une conduite antisociale. S’identifier
tante fonction de survie. Instinctivement, avec son agresseur produit des modifica-
une victime sent que si elle apaise son tions psychologiques susceptibles de perdu- L’ancien héros dépressif
Un homme de 77 ans appela la police
et demanda à la jeune femme qui
agresseur, ses chances de survie augmente- rer bien après que l’agresseur ait relâché sa
répondit, s’il était “contre la loi” de se
ront. Les agresseurs à qui l’on affirme qu’ils victime.
suicider. Alarmée, l’agent commença
“ont raison” et dont les fantasmes de domi-
nation et de contrôle sont appuyés par une Une victime peut même éprouver un stress à discuter avec lui et comprit qu’il avait
menacé son épouse de son arme et
que celle-ci s’était échappée.
victime docile tueront moins facilement ce post-traumatique : amnésie, dépression,
“soutien positif ”. L’identification de la vic- tendances suicidaires…
time en tant d’individu, peut donc en Elle avait alerté la police, qui avait
envoyé des SWAT, et le vieil homme
était aussi affolé que déprimé.
quelque sorte, avoir un effet contrôlant sur De façon générale, la menace traumatique
La jeune policière l’écouta durant près
l’agresseur. imposée à une victime par un agresseur
de 2 heures alors qu’il racontait ses
peut créer des “anormalités” psychologiques
et comportementales durables. souvenirs de la Seconde Guerre
mondiale, lorsqu’il était un jeune soldat,
Certains spécialistes pensent que l’identifi-
viril, courageux et indestructible… mais
cation avec l’agresseur, résulte du fait que la
aussi terrifié.
victime apprécie de rester en vie. Lorsque le L’identification peut être si intense que la
kidnappeur change d’avis et ne parle plus victime va projeter l’agression sur celles et
ceux qui tentent de l’aider. Il se montra charmant et ses histoires,
bien que lugubres, étaient souvent
de tuer sa victime, celle-ci ressent de la gra-
intéressantes et amusantes.
titude envers lui.
Il remercia la policière de son écoute
attentive et de son attention, et
lorsqu’elle lui demanda s’il avait
En 1973, à Stockholm, le cambriolage
l’intention de se suicider, il lui expliqua
d’une banque qui avait mal tourné aboutit à
qu’il venait de quitter la vie active et
une longue prise d’otages. Le temps passa et Utiliser le syndrome
de Stockholm se sentait inutile. Ses actions durant
la guerre et sa vie de chef d’entreprise
les otages montrèrent des signes d’impa-
lui semblaient nettement plus intéres-
tience et de frustration. Ils s’identifièrent La négociation est un jeu délicat et le négo-
santes comparées à sa vie présente,
avec le preneur d’otage et finirent par l’aider ciateur doit aiguillonner le forcené tout en
contre la police. C’est de cette affaire qu’est sa petite pension et sa santé
déclinante.
s’assurant qu’il ne va pas tuer ses otages. Les
issue l’expression “Syndrome de spécialistes ont découvert que le meilleur
La policière l’aida à se concentrer sur
Stockholm”. moyen de s’en garantir était de développer
la situation, à “faire la paix” avec sa
“splendeur passée” et à accepter son
chez eux, volontairement, un syndrome de
présent. Elle se montra très franche
Le cas le plus célèbre d’identification avec Stockholm. Lorsqu’un preneur d’otage est
et évita de s’adresser à lui comme
son agresseur est celui de Patty Hearst. Fille retranché dans un bâtiment et que ce n’est
s’il était fou ou sénile. Il finit par
d’un millionnaire, elle avait été enlevée et pas un malade mental ou un dépressif, mais
séquestrée nue dans un placard durant 2 plutôt un délinquant pris à son propre se rendre sans incident.
mois, violée, privée de nourriture et de som- piège, il faut tenter d’influencer les rapports
meil, humiliée et menacée de mort. existants entre le ravisseur et ses otages, afin
Finalement, ses ravisseurs la laissèrent sortir qu’ils se rapprochent les uns des autres.
du placard et se montrèrent plus sympa-
thiques avec elle.
177
La pression qui pèse sur le preneur d’otages
doit être maintenue à la limite du point de
Elle se joignit alors à eux pour cambrioler rupture (faire traîner les choses, donner
des banques. Selon les témoignages, elle l’impression de ne pas comprendre ce qu’il
semblait adorer agir ainsi et le faisait de son dit). Face à cette situation qui semble sans
plein gré. issue, les otages finissent généralement par
se convaincre que les forces de l’ordre seront
L’identification avec l’agresseur est un bon incapables de les sortir de la crise et qu’elles
mécanisme de défense. Elle permet aux vont irriter le ravisseur au point qu’il risque
gens de survivre à une situation menaçante. de les tuer.
Progressivement et inconsciemment, les L’équipe de négociation partage également
otages se mettent à détester la police et ses NPP avec l’équipe de commandement
identifient leur situation à celle de leur et l’équipe d’intervention, afin que ces 3
ravisseur, considérant que ce dernier est, lui composantes soient continuellement,
aussi, otages des forces de l’ordre. pareillement informées. Mais les NPP
aident aussi l’équipe de négociation en elle-
Les otages doivent s’attacher à leur ravis- même : tous contribuent en apportant leurs
seur pour qu’il puisse en retour s’attacher à idées et leurs opinions, restent concentrés et
eux. Ainsi, si la prise d’otage se prolonge et connaissent les derniers développements de
qu’il faut faire parvenir de la nourriture aux la situation.
otages, les sandwichs ne doivent pas être
préparés et emballés pour être livrés. Le
ravisseur doit être contraint de demander
aux otages de préparer son propre sandwich Situations de crise
avec le pain et la garniture séparés.
et personnes âgées
Profiling
Le but final est d’influencer l’esprit du Les personnes âgées sont de plus en plus
ravisseur afin qu’il ne soit plus capable de nombreuses dans les sociétés occidentales
tuer les personnes qui sont “dans la même et il n’est pas rare qu’une situation de crise
galère” que lui, qui le soutiennent et le com- implique une personne de plus de 65 ans.
prennent. Ce processus doit cependant être
utilisé avec précaution, car les négociateurs Les études montrent que les personnes
ne pourront plus alors, compter sur la coo- âgées doivent souvent faire face à la dépres-
pération des otages dans le processus de sion, à l’abus d’alcool ou de médicaments,
négociation. voire au suicide, et ces éléments se répercu-
tent en situation de crise, altérant le juge-
ment et les pensées de la personne, qui peut
alors avoir recours à la violence. Les per-
Les “Negotiation Position sonnes âgées menaçant de se suicider, se
Papers” barricadant chez eux et/ou prenant une
personne en otage, sont majoritairement
Les négociateurs de crise doivent influencer des hommes, souvent déprimés, sous l’em-
et persuader un agresseur en utilisant des prise de l’alcool, et ayant déjà tenté de se
techniques et des stratégies de communica- suicider.
tion. Mais il leur est parfois difficile de
transmettre simplement leurs conseils et
leur stratégie au commandant en charge de Une période difficile
la situation.
Dans les situations de crises avec des per-
À cette fin, il leur est possible d’utiliser des sonnes âgées, il faut donc prendre en
Negotiation Position Papers (NPP, document compte des éléments spécifiques. Les négo-
indiquant l’orientation de la négociation), ciateurs emploient des stratégies qui intè-
afin d’exprimer clairement leurs opinions grent les effets du vieillissement.
durant un incident. L’unité de négociation
des situations de crise du FBI utilise sou- • Ils doivent encourager la personne âgée à
vent des NPP, particulièrement lors de prise parler et à se remémorer son passé. Se
d’otage ou de barricade. souvenir d’événements dont la personne
se sent fière, d’une époque où elle était
Le commandant en charge de la situation plus forte, avait plus d’espoir en la vie et
de crise se repose sur le coordinateur de en elle-même, peut aider les négociateurs
l’équipe de négociation pour offrir des à trouver des pistes fructueuses à creuser,
comptes-rendus sur le statut (une descrip- tout en renforçant l’ego souvent blessé de
tion générale de l’incident), une évaluation cette personne.
(une analyse de l’incident) et des recom-
mandations (des conseils et une stratégie). Les souvenirs de famille, les diplômes, les
réussites sportives, les amours, le mariage,
178
Lors d’une situation de crise, la communi- le service militaire, la carrière, la sécurité
cation peut se révéler difficile car le niveau financière, etc., tout ce qui a eu lieu avant
de stress de tous les participants est élevé. les vicissitudes de la vieillesse, de la
Le commandant en chef, qui subit énormé- retraite voire de la mort du conjoint, sont
ment de pression, peut lui aussi être en à exploiter.
situation de crise !
• Prendre connaissance d’événements dont
Les NPP peuvent être un complément la personne a honte ou envers lesquels elle
visuel pour les briefings entre le coordina- exprime des regrets, mène les négociateurs
teur et le commandant en chef. à trouver d’autres secteurs à explorer.
Ils peuvent l’aider à comprendre qu’il lui • Pousser la personne âgée à exprimer ses
reste des choses à accomplir : rétablir les pensées et ses sentiments sur la mort lui
liens avec des membres de sa famille ou permet de se distancier par rapport à sa
des amis perdus de vue, se faire pardonner crainte de l’échéance, et d’apprécier encore
certains actes, trouver un but aux années à la vie présente.
venir. Les négociateurs doivent faire compren-
dre à la personne que l’alcool, les médica-
Amener la personne à s’imaginer en train ments ou la dépression altèrent son juge-
de remplir cette “mission” peut la projeter ment et qu’elle ne devrait donc prendre
positivement dans l’avenir. aucune décision irréversible, dans cet état.
Negotiation Positio
n Papers
Profiling
Heure : 21 h 00
Date : 20 mars 2005
Plusieurs contacts
téléphoniques ont eu
et 20 h 30. lieu entre l’équipe de
négocia tion de crise et un ho
mme, entre 17 h 00
Statut
1. Le sujet est dans
une résidence privé
un pistolet semi-aut e, où il est entré 12
omatique 9 mm. heures auparavant
2. Le sujet tient la po en fuyant la police.
lice à distance en te Il possède
Il ne les a, ni menac nant en otage deux
és ni blessés. enfants qu’il ne conn
3. Le sujet n’a dem aît pas (âgés de 2
andé un moyen de et 5 ans).
4. La ligne télépho transport qu’une se
nique du suspect a ule fo is, au début du siège
5. Le sujet refuse de été capturée. , sans fixer d’heure
sortir de la résiden limite.
ce privée ou de se
rendre.
Évaluation
1. C’est une situatio
n de prise d’otage.
2. Le sujet est un cr
iminel de carrière av
planification, ni par ec un passé violen
expérience. t, mais il n’est pas
préparé à cette situa
3. Le sujet semble tion, ni par
confus, effrayé, et
« un plan ». inquiet pour sa prop
re vie, bien qu’il aff
irme contrôler la sit
4. Le sujet utilise les uation et avoir
enfants pour se prot
5. Le sujet n’a pas éger de la police et
insisté pour obtenir non pas pour négo
sages sont positifs un moyen de trans cier.
. po rt et n’a pas menacé
6. Malgré la présen ses otages. Ces de
ce de signes positifs ux mes-
nir, semble indiquer , la référence du sujet
un suicide potentiel à « un plan », sans
7. L’équipe de négo . aucune référence à
ciation de crise évalu son ave-
considère que le su e le niveau de risqu
jet présente un risqu e pour les otages
e modéré de suicide comme : peu élevé
. . L’équipe
Recommandations
1. L’équipe de négo
ciation de crise doit
avec le sujet et explo utiliser une stratég
rer ses préoccupat ie et une écoute sp
2. En communiquan ion s et ses motivations écifique pour établir
t avec le sujet, pour . un rapport
et lui offrir un scén l’encourager à se re
ario qui réduirait so ndre, l’équipe doit te
3. L’équipe doit cons n embarras. nter de minimiser se
idérer la possibilité s crimes
potentiel suicidaire d’utiliser un membr
du sujet augmente e de sa famille com
4. L’équipe devrait . me intermédiaire, su
coordonner une liv rtout si le
aussi pour permettre raison de nourriture 179
à l’équipe d’interve au sujet, afin de cr
ntion de s’approcher éer un rapport de co
5. Puisque le sujet du site de crise. nfiance mais
regarde les informat
positifs au travers de ions à la télévision
s médias concerna , le commandemen
nt la volonté de la po t devrait envoyer de
6. Pour le moment, lice d’aboutir à une s messages
il ne semble pas ut résolution pacifique
la situation, basée ile d’employer une de la crise.
sur son utilisation de équipe SWAT. Le su
s enfants comme ot jet exerce un certa
ages. in contrôle de
Des situations délicates
Crise familiale/domestique
Michel Peltier, 30 ans, a enlevé sa concubine, Marie, et La police a localisé le véhicule et les a découverts dans
leur fils. Marie a obtenu un jugement qui empêche Peltier la ferme. Michel Peltier a alors saisi une arme à feu.
de voir son fils. Elle a rejeté à plusieurs reprises ses • “ Je ne vais pas la laisser me prendre mon fils”
demandes de réconciliation. Il l’a suivie et harcelée, par le • “ J’ai essayé, essayé, j’ai tout fait pour qu’elle revienne
passé. Il les a enlevés au beau milieu de la nuit, alors que avec moi”
Marie logeait chez ses parents, et les a conduits jusqu’à • “Mon fils… C’est uniquement pour lui que je vis”
Profiling
une ferme inoccupée, lorsque sa voiture est tombée en • “Je crois que… je ne peux plus supporter tout ça”
panne d’essence.
Lieu de travail
Gert Müller, 37 ans, est fou de rage : la société dans Il affirme avoir été traité “comme une merde” et ne pas
laquelle il a travaillé durant 10 ans a licencié la plupart des avoir reçu le respect qu’il mérite après 10 ans de dur
employés les plus âgés afin de réduire le coût salarial et labeur.
d’augmenter ses profits. Müller accuse directement le • “ J’ai donné 10 ans de ma vie à cette foutue boutique !”
directeur de la société de la perte de son emploi. • “C’est la faute de ce pourri de directeur”
• “Ils n’avaient pas le droit de me faire ça”
Il a amené un pistolet dans son bureau et menace de tuer • “Si je ne travaille plus, comment voulez-vous que je nour-
le directeur si on ne lui rend pas son poste. risse ma famille ?”
Suicide
Peter Coley, 45 ans, était un banquier à succès qui menait Il est désespéré et se sent abandonné. Il croit que le seul
moyen de s’en sortir est de se suicider. L’un de ses
la belle vie. Malheureusement, plusieurs de ses investisse-
employés, à la banque, le voit entrer dans son bureau avec
ments et de ses décisions financières ont échoué et il est
un pistolet et appelle la police.
ruiné. Il pense que cet échec va apporter la honte à sa
• “Je suis ruiné… Ma vie est foutue”
famille, que son épouse va le quitter et que la justice va sai- • “Ma famille va avoir tellement honte de moi”
sir tout ce qu’il possède. • “Il n’y a aucun espoir. Je ne peux pas continuer”
• “La seule solution, c’est que je me tue”
Malade mental
Un homme qui dit s’appeler Théo a pris des enfants en • “Il me faut ce million ! D’habitude à Noël, ma mère me donne
otage, dans un bus. Il menace de le faire exploser si on ne un cadeau mais là j’ai eu un accident de moto”.
lui donne pas 1 million de dollars. • “Vous m’observez, je sais que vous m’observez ! Je veux que
vous fassiez partir les satellites ou je fais tout sauter”.
• “Je vous traînerai devant les tribunaux. Je sais ce que vous
Il s’avère rapidement que Théo est totalement délirant
avez fait. Et Paul aussi, c’est parce qu’il a perdu son
(schizophrénie paranoïde), que ses revendications chan-
boulot mais lui aussi ils l’ont emmené”.
gent continuellement… mais qu’une ceinture d’explosifs • “Les Russes doivent arrêter leurs essais nucléaires et tous leurs
(réels ou factices ?) est effectivement attachée autour sous-marins. C’est à cause d’eux que j’ai ce tatouage…”
de sa taille.
Terrorisme
Une équipe de gendarmerie veut contrôler un véhicule • “Vous pouvez entrer avec vos flingues, je m’en fout ! Je vous
180 suspect mais les deux occupants du véhicule leur tirent tuerai tous et j’embrasserai la mort sacrée”.
dessus. Le conducteur est abattu, le passager fuit et se • “Quel âge vous avez ? ... Êtes-vous croyant ?… À votre âge,
réfugie dans une habitation où logent deux jeunes vous n’avez pas encore rencontré Dieu ?”
femmes, dont une mère de famille. • “Allah me protège, je ne crains rien. As Salam… Il n’y a de
L’homme, dénommé Karim, les menace avec son pistolet, Puissance ni de Force qu’en Allah”.
en hurlant. Les gendarmes identifient le conducteur • “Le djihad ne fait que commencer. Partout où la charia n’est
abattu, il est membre d’un réseau islamiste récemment pas appliquée, nous lutterons pour faire triompher la volonté
démantelé. Les deux hommes étaient en fuite et tentaient d’Allah”.
de rejoindre leur base.
Le terrorisme Si ces personnes sont pauvres, elles Les mouvements
terroristes
Il existe 4 courants majeurs
Alors que rien n’est plus simple que de dénoncer peuvent facilement ressentir de la rancœur
du terrorisme :
celui qui fait le mal, rien n’est plus difficile et de l’injustice.
que de le comprendre. • Ensuite, parce que l’injustice résulte géné-
ralement d’un comportement injustifié, Religieux
Al Quaida, le GIA, la Secte Aum
Feodor Dostoïevski
Profiling
financières ou sont embauchées plus faci-
Extrême droite
Contrairement à la majorité des criminels, lement, et sont donc la cause des souf-
Les “suprémacistes” blancs du sud des
les terroristes sont guidés par leurs objectifs frances des familles blanches pauvres.
États-Unis ou les opposants au régime
politiques et non par le profit pécuniaire. Il • Enfin, ils décrivent la personne ou le
existe plusieurs types de terrorisme dont les fédéral américain (Timothy McVeigh),
le NAR italien…
groupe responsable de l’injustice comme
motivations vont du politique au religieux, “mauvais”. Après tout, des personnes
en passant par l’ethnique, le social et le convenables n’infligeraient pas intention-
technologique. nellement de telles conditions aux autres.
L’agression devient peu à peu justifiable
Afin de prévenir et combattre ce genre de
lorsqu’elle est dirigée vers de “mauvaises”
violence extrême, les forces de l’ordre
personnes. Les extrémistes décrivent alors
acquièrent sans cesse, de nouvelles connais-
les responsables comme “le mal”, car dés-
sances et capacités. Ils ne doivent pas uni-
humaniser la cible facilite l’agression. Eux,
quement considérer l’idéologie spécifique
évidemment, ne se voient pas comme
de ceux qui commettent ou soutiennent le
“mauvais”, ce qui permet d’identifier la
terrorisme mais aussi tenter de comprendre
personne ou le groupe responsable comme
le processus par lequel ces idées et doctrines
étant totalement différent, ce qui facilite
se développent, ainsi que les divers facteurs
d’autant plus l’agression.
qui influent sur le comportement des
groupes et/ou individus extrémistes.
Lorsqu’ils observent les comportements
d’extrémistes, les enquêteurs doivent diffé-
rencier les personnes facilement recrutables
L’origine de l’idéologie (“Ce n’est pas juste”), les personnes endoc-
Il n’existe pas de méthode universelle de trinées (“C’est votre faute”) et les extré-
développement d’idées extrémistes qui jus- mistes violents (“Vous êtes le mal”).
tifient les actes de violence terroristes. L’objectif de cette analyse est de tenter de
comprendre et, ainsi, de prévenir des actes
Toutefois, il existe 4 étapes d’un processus de terrorisme.
de développement idéologique commun à
Connaître l’idéologie
Il est par important de connaître
beaucoup d’individus et de groupes terro- Le défi pour les analyses est d’apprendre
l’idéologie du groupe terroriste auquel
ristes : pourquoi les terroristes agissent comme ils
appartient un forcené ou des preneurs
• Un individu ou un groupe extrémiste le font, puis d’expliquer pourquoi nous ne
pouvons pas approuver leurs agissements, d’otages :
• Quelle est l’idéologie du groupe terro-
identifie un événement ou une condition
riste auquel le sujet appartient ?
indésirable. Elle peut être économique (la même lorsque leurs motivations sont com-
• Quel aspect de cette idéologie le sujet
pauvreté, le chômage, etc.) ou sociale (des préhensibles.
soutient-il le plus fortement ?
Le moins fortement ?
restrictions des libertés individuelles
• Le sujet comprend-il totalement l’idéo-
imposées par le gouvernement, un
logie du groupe ? Peut-il verbalement
manque d’ordre ou de morale, etc.).
la défendre ?
La nature de cette condition peut varier, Comprendre les motivations
• L’idéologie de ce groupe est-elle
rationnelle ?
mais les extrémistes la perçoivent toujours Connaître son “ennemi”, le comprendre,
comme « quelque chose qui ne devrait pas
181
anticiper et prévoir ses actions, ne demande
exister, qui n’est pas bien ». pas seulement une compréhension de son On peut également interroger
la structure et les règles du groupe,
l’engagement des membres de ce
• Ils assimilent cette condition indésirable à idéologie, mais aussi de son comportement.
groupe, les relations avec les familles
une « injustice » car elle ne s’applique pas
et les appuis extérieurs.
à tout le monde : “Ce n’est pas juste”. Savoir comment quelqu’un va résoudre un
Certains utilisent les États-Unis comme dilemme ou traiter une situation particu-
point de comparaison pour créer un senti- lière implique de considérer que toute la
ment d’injustice économique : ils voient perception de cette personne est influencée
ce pays comme une caricature de la non seulement par ses valeurs et ses
richesse et de l’excès inutile. croyances, mais aussi par d’autres facteurs,
tels que les informations à laquelle elle a été D’autres croient réellement en des idées
exposée, ses préjugés et son expérience de la extrêmes, mais les motivations de leurs
vie : sa manière de voir le monde. actes peuvent être plus diversifiées. Au sein
de certains mouvements fondamentalistes
Tout le monde agit selon sa propre vision islamistes (dont Al Qaida), il existe une
de la réalité et non de la réalité elle-même. lutte pour le pouvoir qui se mélange avec les
Si l’analyste comprend la vision du terro- opinions religieuses, concernant le
riste, il lui devient plus facile d’appréhender “Caliphate” (chef d’un empire, d’une
et d’anticiper ses actions. nation) qui unira “dar al Islam” (la maison
de l’Islam).
Un bon exemple de ce principe peut s’ap-
pliquer au malentendu commun concernant Un dirigeant fondamentaliste peut vouloir
les “attentats suicide” utilisés par les extré- imposer l’Islam et détruire ceux qui s’oppo-
mistes islamistes. L’utilisation du terme sent au royaume d’Allah sur terre, mais il
“suicide” pour caractériser ces attaques peut aussi participer à la lutte de pouvoir.
Profiling
182
Pour schématiser, on peut classer les terro-
ristes en 3 catégories : les criminels, les fous
et les croisés.
Profiling
Virginie. “Unité d’analyse du comportement”)
s’associèrent avec les polices du nord
du Texas pour développer un système
• Le Child Abduction Serial Murder
Au sous-sol de Quantico est logée la BSU
d’alerte précoce, afin de prévenir les
Investigative Resources Center (CAS-
éventuels témoins le plus rapidement
(Behavioral Science Unit), qui développe et MIRC : “Le centre de ressources pour les
possible. Ce système fut baptisé
offre des programmes d’entraînement et de enquêtes concernant les enlèvements
recherche sur les sciences du comporte- d’enfants et les meurtres en série” la “Amber Alert”.
Étude de cas
résolues des dizaines d’années plus tard !
Profiling
activités, apprendre de quelle manière inter- négociateurs dans 56 agences locales.
Étude de cas
roger spécifiquement un suspect, sur ces L’unité est basée – comme toutes celles du
meurtres, etc. Critical Incident Response Group –, à
l’Académie de Quantico.
Des os identifiés
En 2001, un analyste du VICAP
Le VICAP peut aussi préparer une “Vicap
lut une publication d’une agence
Alert” qui sera notamment publiée dans le La CNU offre un entraînement périodique
de police mentionnant la découverte
FBI’s Law Enforcement Bulletin (la revue à ses agents, mais aussi aux agents des
mensuelle du FBI) et la Law Enforcement d’un squelette par des chasseurs
dans une forêt bordée par la mer,
autres unités, aux négociateurs des autres
dans un état de l’Est. La victime était
On-line Newsletter. Cette alerte décrit le agences, et aux polices du Royaume-Uni, du
un homme blanc, d’environ 40 à 60
ou les crimes, son déroulement, le mode Canada, d’Australie, d’Israël, d’Allemagne
opératoire et la signature du criminel et et d’Afrique du Sud. ans, mesurant environ 1m80 à 1m83.
La cause de la mort était un coup
violent à la tête. On avait également
peut inclure des plans, des dates et des pho-
découvert une bague de 24 carats
tographies (notamment du suspect et de Le CNU effectue de nombreuses
gravée de deux lettres.
son véhicule). Elle peut être consacrée à un recherches afin d’améliorer ses capacités à
meurtre, une série de meurtres et/ou de résoudre les situations de crise. Elle gère le La police n’avait aucune piste.
185
L’OSB (Branche de support aux opéra- Département de la Défense, l’Agence de
tions) du CIRG est formée de la Crisis Protection de l’Environnement, le
Negotiation Unit (CNU : Unité de négocia- Département de la Santé, le Bureau des
tions de crise) et de la Crisis Management Prisons et l’Agence de Contrôle des
Unit (CMU : l’Unité de contrôle de crise). Urgences.
L’OSB a différentes fonctions. La première
est de fournir rapidement un personnel spé- La CMU s’occupe principalement du côté
cialisé sur un site, que ce soit pour une prise logistique et administratif, notamment le
d’otage, ou une enquête sur un enlèvement transport, l’assistance sur le terrain (équipe-
d’enfant. ment, nourriture, etc.) et le budget.
Le Canada Le VICLAS
Face à son voisin américain, le Canada n’a Au milieu des années 1980, à la suite de
pas à rougir de ses moyens : cet immense plusieurs enquêtes sur des crimes en série
pays possède lui aussi des spécialistes expé- catastrophiquement menées, les autorités
rimentés et, surtout, une excellente base de canadiennes décidèrent qu’un système
données, fille prodigue du VICAP. commun était indispensable afin de relier
les crimes violents, à leurs auteurs. La
Gendarmerie royale du Canada analysa lon-
guement le fonctionnement, les avantages
Analyse des enquêtes criminelles et les inconvénients du VICAP, et d’autres
L’Analyse des enquêtes criminelles ou bases de données des polices américaines.
Criminal Investigative Analysis (CIA) En 1993, elle élabora finalement le
désigne simplement le “profiling”. Les spé- VICLAS (Violent Crime Linkage Analysis
cialistes de l’AEC sont des enquêteurs System).
Profiling
186
leurs enquêtes, à leur demande. rapports afin, peut-être, d’en dégager des
Le SAC travaille dans trois domaines diffé- liens.
rents mais complémentaires : la polygra-
phie/hypnose, le VICLAS et le profilage Un outil précieux
criminel. Il existe un centre du VICLAS dans chaque
province du Canada. Sept sites sont main-
La SAC se situe dans les locaux de la tenus par la Gendarmerie Royale du Canada.
Direction des services de soutien aux La police provinciale de l’Ontario, la Sûreté
enquêtes de la Sûreté du Québec, à du Québec et la Police de la Communauté
Montréal. Urbaine de Montréal en gèrent un chacun,
ce qui en fait dix en tout. Le plus grand Belgique
centre est dirigé par la police provinciale Des analystes comportementaux travaillent
de l’Ontario à Orillia : 41 spécialistes y au Service central des sciences comporte-
travaillent. Contrairement aux États-Unis mentales de la Direction Générale de la
(ou certaines villes ou certains états utilisent police Judiciaire, à Bruxelles. Ils intervien-
leur propre système au détriment du nent à trois niveaux : les profils psycholo-
VICAP), le VICLAS est devenu la seule giques, les auditions de mineurs et la poly-
base de données de ce genre, au Canada. graphie. Les équipes (une francophone, une
néerlandophone) sont constituées d’un psy-
En mai 1997, environ 20 000 affaires chologue et d’un policier. Elles vont régu-
avaient été introduites dans la base de don- lièrement sur le terrain, visitent les lieux du
nées, permettant d’en relier 3 200 entre crime, rencontrent le ou les suspects, assis-
elles. 80 % de ces liens ont été confirmés par tent aux reconstitutions, dans le but de
les enquêtes qui ont suivi. Un pédophile recueillir un maximum d’informations.
responsable de dizaines de viols durant 11
Profiling
ans, a été arrêté grâce au VICLAS : il avait Elles travaillent principalement pour la
utilisé près de 40 fausses identités et ne res- police fédérale car le profiling criminel est
tait jamais au même endroit, mais le sys- mieux adapté aux crimes violents et com-
tème est parvenu à lier des affaires le plexes.
concernant dans 3 provinces différentes.
Le VICLAS, dont le siège est situé à
Le VICLAS connaît pourtant le même Bruxelles, est utilisé depuis janvier 2004.
problème que le VICAP : beaucoup de
policiers refusent de passer au moins 2
heures de leur temps de travail, pour rem-
Suisse
plir entièrement le questionnaire. Les diri-
geants de la Gendarmerie Royale mènent Elle utilise le VICLAS depuis 2003.
une campagne quasiment publicitaire afin Y figurent les homicides non élucidés,
d’expliquer les bénéfices pouvant résulter du les actes d’ordre sexuel avec violence ou
menace, les disparitions, les enlèvements
VICLAS. Ils proposent des formations et
et les approches suspectes d’enfants ou
ont publié un guide pour aider les enquê-
d’adolescents.
teurs.
La centrale nationale n’est pas du ressort de
la Confédération mais de la Police canto-
nale bernoise. Fribourg abrite l’antenne
Les autres pays romande et tessinoise du VICLAS, géré par
la Brigade d’analyse criminelle. Les autres
régions sont rattachées à la centrale natio-
Australie nale.
The Australian Bureau of Criminal
La Suisse utilise également l’AFIS et
Intelligence a été créé à Camberra en 1981
le CODIS (cf. Glossaire p. 408).
pour faciliter les échanges entres les diffé-
rentes law agencies australiennes : Police de
Victoria, Police Fédérale Australienne, ainsi
que les polices des 5 provinces australiennes France
et de Tasmanie.
Il comprend plusieurs départements, dont La base de donnée SALVAC intègre les
homicides, viols et agressions sexuelles et
une Behavioural Analysis Unit (créée en
leurs tentatives, les disparitions de per-
1994), qui offre les services de profilers
sonnes, dont l’origine criminelle est suppo-
aidant les enquêteurs sur des affaires d’ho-
sée, ainsi que les découvertes de cadavres
micide, de viols en série, d’enlèvement, d’ex-
non identifiés.
torsion et de personnes disparues. Elle est
également responsable de 2 projets : Depuis 2003, les autorités françaises ont
• Le VICLAS : homicides résolus ou non,
187
décidé d’utiliser l’analyse criminelle comme
agressions sexuelles résolues ou non, per- outil d’enquête… en imposant que les “pro-
sonnes disparues de manière inquiétante, filers” soient policiers ou gendarmes.
corps non identifiés, enlèvements non
parentaux Pour le moment, deux analystes criminelles
• The National Missing Persons Unit : (l’une dans la gendarmerie et l’autre dans la
offre une aide à l’enquête sur tous les ter- police) travaillent chacune en binôme avec
ritoires australiens et maintient à jour les un enquêteur d’expérience, sur les meurtres
données concernant les personnes dispa- et des viols en série, mais aussi sur les dis-
rues, dans le VICLAS paritions d’enfants.
Royaume-Uni
• Le Serious Crime Analysis Section
(SCAS) offre son aide aux enquêteurs par
le biais d’analyses comparatives de cas,
dans des affaires de meurtres, de viols et
d’enlèvements. Le SCAS utilise le
VICLAS, qu’il nourrit grâce à d’autres
bases de données.
• L’Operational Support Section (OSS) est
une unité d’aide aux enquêteurs qui tra-
vaillent sur des meurtres, des viols, des
agressions sexuelles et des enlèvements.
L’OSS emploie notamment trois
Behavioural Investigative Advisors (des
profilers) et un psychologue spécialisé
Profiling
188
VICAP Alert • 2001 - 36 ans
Attention : Homicide, Crimes sexuel
s et Ca mbriolage
Lawrence Bingham est actuellement
incarcéré dans le comté de Travis, Texa
pensent qu’il a commis ou tenté de com s, et inculpé de meurtre. Les autorités
mettre, d’autres homicides ou viols dan judiciaires
s d’autres États.
Le 15 septembre 2003, Lawrence Bing
ham a été arrêté chez lui, à Austin, Texa
Virginie de l’Ouest, en 1992. s, pour deux meurtres commis à Hun
tington,
Il devrait bientôt être inculpé du meurtre
d’une jeune femme blanche de 24 ans
Lawrence Bingham a été lié à ces 3 meu à Savannah, Tennessee, en 1996.
rtres grâce à son ADN. Le 10 mars 200
1992, il a été condamné à la prison à 4, après avoir plaidé coupable des meu
perpétuité avec une possibilité de libér rtres de
ation sur parole dans 7 ans.
Crimes
Le 18 juin 1992, le corps d’une jeune
femme blanche de 21 ans a été découver
Profiling
bre, allongée sur le dos. Son visage était t dans son appartement, sur le sol de
recouvert par un sous-vêtement féminin sa cham-
était entouré plusieurs fois autour de qui ne lui appartenait pas. Le fil du télép
son cou. Des bougies parfumées brûl hone
été fouillé mais il semble que la victime aient encore dans la chambre. L’appart
et son assassin ne se soient pas battus. ement avait
répandu sur le sol du salon, mais ni arge Le contenu du porte-monnaie de la victi
nt, ni bijou n’avaient été volés. L’assass me était
time avait été étranglée manuellemen in n’avait emporté qu’un appareil photo.
t. Elle avait également été violée, ce qui La vic-
sin. a permis de dresser le profil ADN de son
assas-
Le 2 juillet 1992, des voisins ont ente
ndu une femme appeler à l’aide dans
homme de 58 ans, décédé, allongé sur son appartement. La police a d’abord
le dos, sur le sol de la chambre. L’autops découvert un
à la tête, ce qui avait causé sa mort. L’arm ie révéla qu’il avait été frappé plus de
e, une clé à mollette, a été retrouvée dan 20 fois
du premier, était une femme de 52 ans. s l’appartement. La seconde victime, épo
Elle était allongée sur le dos, sur le sol use
lit. L’assassin avait emmené le portefeu de la chambre, les mains attachées au
ille du mari. La femme avait été violée, pied du
sassin. ce qui a permis de dresser le profil ADN
de l’as-
Le 8 mai 1996, une jeune femme blan
che de 28 ans a été aperçue pour la dern
avait repris des études. Le 22 mai 199 ière fois alors qu’elle quittait l’université
6, son corps fut découvert dans un plac où elle
rénovation, près de l’université. L’autops ard à l’intérieur d’un appartement en
ie a révélé que la victime avait été frap cours de
décès, son assassin lui avait coupé un pée plusieurs fois au visage et qu’après
mamelon qui n’a pas été retrouvé. Les son
papier d’identité de la victime, avaient vêtements, bijoux, porte-monnaie, chéq
été volés. Le 9 mai 1996, le lendemain uier et
encaissé un chèque pris dans le chéquier de la disparition de la victime, un hom
de la victime et a tenté d’utiliser sa cart me blanc a
de Savannah. La cause de la mort était e de crédit dans des commerces dans
une strangulation par ligature. La victi la région
profil ADN de l’assassin. me avait été violée, ce qui a permis de
dresser le
En plus de ces meurtres et viols, Law
rence Bingham a été reconnu coupable
entre avril et septembre 1991. Bingham de plusieurs agressions sexuelles en
approchait ses victimes chez elles ou Georgie,
ans. Si la jeune femme était accompa dans la rue. Il agressait des femmes de
gnée d’un homme, Bingham l’assomm 17 à 35
vait sur place. Ensuite, il frappait la jeun ait en le frappant à la tête avec une arm
e femme de ses poings ou l’étranglait e qu’il trou-
Dans certains cas, il a utilisé le fil du télép jusqu’à ce qu’elle perde conscience, et
hone ou la corde des rideaux pour étra la violait.
dans la rue, il brandissait un couteau ngler ses victimes. S’il agressait la jeun
et la menaçait. Bingham fouillait les hab e femme
prenait des objets appartenant aux victi itations, les portefeuilles et les porte-m
mes. Il a utilisé leur carte de crédit et onnaie et
Lawrence Bingham était un représentant a falsifié des chèques.
et a voyagé dans de nombreux États
du sud.
Alerte envers les Polices
Les forces de police doivent porter ces
informations concernant Lawrence Bing
minelle et aux officiers enquêtant sur ham
des homicides, des agressions, des crim à l’attention de leur personnel d’analyse cri-
çons. Les agences ayant connaissance es sexuels, des cambriolages et des
de crimes similaires résolus ou non, contrefa-
Brown du bureau de San Antonio, Texa doivent contacter l’Agent Spécial du
s, au 874-658-4215 ou l’Analyste Crim FBI Randy
profil ADN de Bingham est disponible inel Anna Curtell du VICAP au 123-954
auprès de l’Agent Spécial Brown. -3668. Le
Description
- Date de naissance : 20/08/1965
- Lieu de naissance : Norfolk, Virginie
- Taille : 1m78
- Poids : entre 82 et 88 kg
- Cheveux : noirs et courts
- Race : blanc
- N° de Sécurité Sociale : 3 12-02-83 189
26
- N° de permis de conduire : DLN 571
502506
- Tatouage : Une croix et une épée sur
son épaule droite
- Dernière adresse connue : 147, Bren
twood Street, Austin, Texas
- Entrées dans le NCIC pour Lawrenc
e Bingham : Alabama, Dakota du
Nouveau Mexique, Tennessee, Texas Nord, Floride, Georgie, Louisiane,
et Virginie de l’Ouest Missouri,
Serial Killers
“Les gens aiment chanter la chanson de mort,
vous savez, les gens aiment chanter la chanson de mort”
Herbert Mullin
Serial Killers
L
Le Silence des agneaux est considéré comme LE film de tueur en série. Il est adapté du livre
homonyme de Thomas Harris qui, pour l’écrire, s’est inspiré, pour son héroïne, de l’Unité
d’analyse du comportement du FBI (les fameux profilers), et pour son tueur, de 3 serial kil-
lers réels.
Ce film est à la fois totalement fantaisiste (la petite stagiaire chargée d’une enquête,
le génial Hannibal Lecter) et très réaliste (le tueur Buffalo Bill et sa manière d’opérer).
Il existe de nombreux clichés sur les tueurs en série et peu de gens savent réellement qui
ils sont. Soyons clairs : ce sont des êtres humains qui ne sont monstrueux que par leur bana-
lité, leur total égoïsme et leur lâcheté.
Ils sont abjects et répugnants. Ils sont ce qui existe de pire, de plus ignoble, de plus
immonde, dans l’espèce humaine. Il n’existe aucune raison d’être fasciné par ces minables.
Ce sont de pauvres types qui se prennent pour les maîtres du monde mais qui s’attaquent
à des personnes faibles (femmes seules, enfants, personnes âgées, etc.) parce qu’eux-mêmes
sont faibles. Ils se trouvent toujours des excuses foireuses et accusent leurs victimes de
l’avoir cherché.
Apprenons à mieux les connaître, pour avoir une chance de les appréhender.
Serial Killers
Serial Killers
On pense souvent qu’il faut être extrême-
des “rituels”, et non pas en attaquant
Malheureusement, ces techniques sont peu
ment intelligent pour pouvoir commettre
une victime qui possède une caractéris-
utilisées car elles requièrent une formation
tique particulière.
des meurtres sans être arrêté. Mais c’est en
spécifique, de l’argent et du temps.
fait la nature même des crimes des serial
Mieux vaut s’attacher au fait que
Certaines villes doivent faire face à plu-
killers qui leur permet de paraître si bril-
le tueur a attaché sa victime après
sieurs homicides par jour et ne peuvent se
sa mort, ou qu’il l’a laissée nue dans
lants. La plupart d’entre eux opèrent dans
permettrent, surtout si leurs effectifs ne
une position dégradante.
de grandes villes où l’anonymat de la foule
sont pas assez élevés, de faire ce genre
leur permet de passer inaperçu.
d’effort.
Ed Kemper (cf. Ed Kemper, p.238) avait un
QI de 136. Il se considérait comme un
génie. Il n’a pas suivi d’études, occupait un Ils sont tous fous
emploi subalterne à la Division des auto- L’immense majorité des tueurs en série est
routes (qu’il perdit suite à une chute de “psychopathe” et non “psychotique”. La
moto : il conduisait toujours trop vite) et psychopathie est un “désordre de personna-
passait son temps à boire dans les bars. lité”, pas une maladie mentale (cf. La psy-
chopathie, p.99). Les psychopathes sont
Ted Bundy (cf. Ted Bundy, p.241) avait un sains d’esprit et peuvent différencier le bien
QI de 124 et a poursuivi des études de du mal. Ils savent pertinemment que “tuer
droits… sans les rattraper. Il conduisait une est mal” et que leurs actes sont réprouvés
Coccinelle dorée (très discrète) et appro- par la société. Mais ils s’en moquent totale-
chait des jeunes femmes en plein jour en se ment. Dénués d’empathie, foncièrement
présentant sous sa véritable identité ! égoïstes, ils ne se préoccupent que d’eux-
mêmes. Les “trophées”
Les tueurs en série fantasment
Lorsqu’il a été arrêté pour un excès de
vitesse, après avoir commis des dizaines de Les malades mentaux, contrairement à ce presque constamment sur les meurtres
qu’ils ont commis ou qu’ils vont
commettre. Lorsqu’ils tuent, certains
meurtres, il a autorisé le policier à fouiller que l’on pourrait penser, tuent moins que les
prélèvent ce que les profilers appellent
son coffre… qui contenait son “kit de viol” : gens “mentalement sains”.
un masque, des gants, des cordes, etc. des “trophées”, sur leurs victimes :
une mèche de cheveux, des bijoux,
193
Jeffrey Dahmer, un tueur homosexuel, a
une carte d’identité, un sac,
un sous-vêtement, etc. Ils les gardent
étranglé ses victimes, il les a démembrées
Les enquêtes de police chez eux, généralement dans un endroit
dans sa baignoire, a pris des photos, a eu des
relations sexuelles avec les cadavres, a can- secret, et les ressortent quelques jours
permettent de les arrêter plus tard, pour revivre le meurtre
en pensée, pour fantasmer sur
nibalisé certains corps, gardait les morceaux
la sensation de plaisir qu’ils ont
La majorité des policiers font de leur mieux dans de l’acide, a même gardé un squelette
ressenti à ce moment-là.
lorsqu’ils enquêtent sur les meurtres com- blanchi et s’était fabriqué un autel… Mais
mis par un tueur en série. Mais, la plupart Dahmer, lorsqu’il a violé ses victimes a tou-
du temps, ils n’arrêtent pas les tueurs en jours utilisé un préservatif, car l’épidémie du
série. Sida était galopante.
Et lorsque des policiers lui ont demandé ce On les repère facilement
qu’il faisait – alors qu’il était en compagnie
Jeffrey Dahmer à Milwaukee et Dennis
de l’une de ses victimes qui s’était échappée
Nilsen à Londres ont fait chacun 17 et 15
–, il n’a pas “pété les plombs”, il ne s’est pas victimes avant d’être arrêtés…par hasard.
enfui en hurlant. La police n’enquêtait pas vraiment sur les
disparitions des jeunes gens qu’ils avaient
Il est resté très calme, il les a embobinés tués : des homosexuels ou des fugueurs.
avec assurance, et il est tranquillement Grâce à la ténacité des familles des 31 vic-
reparti chez lui avec l’adolescent… qu’il a times de Robert Pickton (presque toutes
étranglé 5mn après. des prostituées), la police canadienne a
enfin daigné enquêter… et a diligemment
découvert le coupable, qui vivait près de
Ce sont tous de jeunes Vancouver.
hommes blancs
Il a fallu attendre la quatrième victime du
Cette affirmation est issue des premières tueur de Bâton Rouge, Derrick Todd Lee,
études du FBI sur les tueurs en série… qui pour que la police locale reconnaisse ce que
date des années 1980 : “Statistiquement, le les journalistes rapportaient depuis des
tueur en série “classique” est un homme blanc semaines : un tueur en série agit en ville !
provenant d’une famille de classe moyenne, qui C’est triste à dire, mais les polices ont ten-
a entre 20 et 40 ans”. dance à nier l’existence d’un tueur en série
dans leur communauté, particulièrement si
La population des États-Unis est blanche à les victimes sont des prostituées ou des
80 %. La majorité des tueurs américains homosexuels, car cela attire l’attention. La
sont donc logiquement blancs. En Afrique mauvaise publicité ruine le tourisme et les
du Sud, la majorité des tueurs en série sont citoyens se mettent à critiquer (à tort ou à
Serial Killers
Quant à l’âge, il est basé sur des statistiques À la décharge des enquêteurs, les tueurs en
et des études psychologiques : les tueurs série n’utilisent pas toujours le même mode
sexuels commencent à tuer vers 25-27 ans, opératoire (contrairement à ce que l’on
lorsque leurs fantasmes ont atteint leur croit). Un tueur peut utiliser un couteau,
paroxysme. Mais on découvre parfois de puis un pistolet, puis peut étrangler, peut
très jeunes tueurs, à peine majeurs ou, au déshabiller sa première victime, laisser la
contraire, des tueurs qui ont dépassé l’âge seconde totalement vêtue, etc. Ses victimes
de la retraite. peuvent être sensiblement différentes, d’ap-
parence, d’âge et de couleur. Il est alors dif-
Par contre, il est vrai que la grande majorité ficile de relier les meurtres entre eux. Mieux
des tueurs en série sont des hommes (les vaut ne pas se focaliser sur le mode opéra-
femmes ne représentent que 8 % des serial toire mais étudier l’éventuelle signature lais-
killers). sée par le tueur pour relier ses crimes.
Serial Killers
blanc”. Ce n’est pas toujours vrai. Mais un falloir que je la tue d’abord”.
tueur choisit de tuer dans un quartier où il
se sent bien et où il se fera moins remar- La majorité des tueurs en série ont été abu-
quer. S’il est blanc, il tuera plutôt dans un sés, psychologiquement et/ou physique-
quartier blanc. Mais il est tout à fait possi- ment durant leur enfance et l’on ne s’étonne
ble qu’un tueur blanc ne s’en prenne qu’à pas qu’une fois adulte, ils soient devenus des
des victimes noires. Aux États-Unis, Larry monstres. Cela influe certainement sur leur
Bright, blanc et roux, n’a tué que des prosti- comportement, mais il faut garder à l’esprit
tuées noires… simplement parce qu’il pré- que leurs frères et sœurs, ayant subi les
férait les Afro-Américaines. mêmes abus, ne sont pas devenus des assas-
sins récidivistes. La plupart des enfants bat-
tus deviennent des adultes responsables et
tranquilles.
Ils tuent à cause de la Lune
ou de la Bible À un moment de leur vie, les tueurs en série
choisissent, décident, consciemment, de
Un tueur en série ne tue pas les jours de tuer : “ Je suis le fils de pute le plus froid que
pleine lune, puis attend patiemment la lune vous ayez jamais rencontré, a dit Ted Bundy.
suivante pour tuer sa prochaine victime. J’aimais tout simplement tuer, je voulais tuer”.
C’est du cinéma.
195
lui plait ou va la chercher dans un endroit d’enfants, de trolls rôdant sous les ponts et
où il sait qu’il pourra la trouver (campus de sorcières dans la forêt, qui s’en prennent
pour une jeune femme, quartier « rouge », tous à des victimes innocentes, nous rappel-
pour une prostituée…). Il n’attend pas la lent nos “monstres” contemporains.
pleine lune ni une date correspondant à un • La “lycanthropie” est un concept ancien,
verset de la Bible. créé pour décrire l’horreur de meurtres
sexuels insensés. Le “loup-garou” était un
De la même manière, “l’antre” dans laquelle homme, un prédateur sexuel, qui terrori-
les tueurs en série emmènent leurs victimes sait les villages du XVIème siècle, à tel point
est simplement leur voiture, leur chambre, que les autorités le considéraient comme
469 l’un des problèmes sociaux les plus pres- Margaret Davey, une cuisinière anglaise, fut
Zu Shenatir
sants de l’époque. Parmi les plus célèbres ébouillantée vivante en 1542 pour avoir
de ces “hommes loups”, on connaît sur- empoisonné plusieurs de ses employeurs
tout Gilles Garnier, un Français, et Peter sans raison apparente. Au moins cinq can-
Stubbe, un Allemand. Tous deux s’atta- nibales furent condamnés en tant que
1440
quaient aux enfants, les éventraient et les “loup-garou”, en France et en Allemagne
dévoraient. Stubbe en vint même à muti- entre 1573 et 1590. En 1661, la Comtesse
ler sauvagement son propre fils et à man- hongroise Erzebeth Bathory fut condam-
Gilles de Rais
ger son cerveau. née à être emmurée vivante parce qu’elle
• L’un des surnoms de monstre les plus avait torturé des centaines de jeunes
célèbres pour les tueurs en série est “vam- femmes “pour s’amuser”. L’empoisonneuse
pire”. Dans le drame gothique, les vam- française Marie de Brinvilliers pratiqua son
1542
pires représentent la sexualité réprimée de “art” sur des invalides, puis s’en prit à son
la société Victorienne puritaine, des créa- propre père, ses amis et ses voisins. Elle fut
tures de la nuit conduites par des désirs exécutée pour ses crimes en 1676.
Margaret Davey
bestiaux.
Le motif du vampire est tellement fré- Quatre ans plus tard, la France fut ébranlée
quent que nous avons des vampires “loca- par le scandale de la “chambre ardente”,
lisés” : le Vampire de Düsseldorf (Peter impliquant la maîtresse du Roi Louis XIV
Kürten), le Vampire d’Hanovre (Fritz et un prêtre catholique, qui avaient tué des
Haarmann), le Vampire de Sacramento dizaines de bébés dans des meurtres rituels.
1661
(Richard Chase).
En 1719, les autorités italiennes exécutè-
rent une femme, La Tofania, parce qu’elle
Erzebeth Bathory
avait empoisonné près de 600 personnes !
Aux États-Unis, les frères Harpe terrorisè-
Un phénomène rent la “piste sauvage” dans les années 1790,
Serial Killers
1676
De nombreuses personnes pensent que
l’apparition des tueurs en série est un phé- L’Allemande Gessina Gottfried, fut déca-
nomène récent, mais ils existent en fait pitée en 1828 pour avoir empoisonné 20
personnes à partir de 1815.
Marie de Brinvilliers
depuis des siècles. Ils sont simplement plus
nombreux à notre époque et, surtout, on en
parle beaucoup plus qu’auparavant. “Jack En Angleterre, les “résurrectionnistes”
l’Éventreur” est devenu mondialement célè- Burke et Hare, fatigués d’exhumer des
bre grâce aux nombreux journaux qui rela- cadavres dans les cimetières pour fournir
taient ses méfaits avec délectation, chaque des médecins anatomistes peu scrupuleux,
1680
jour en Angleterre, mais aussi dans toute tuèrent 11 personnes avant d’être arrêtés en
l’Europe et aux États-Unis. 1828. En 1850, un mendiant autrichien
nommé Swatow nourrit sa famille avec au
La chambre Ardente moins six enfants qu’il avait tués.
Depuis l’Antiquité
La cuisinière bretonne Hélène Jegado fut
En fait, le premier cas de meurtre en série
“consigné” concernait une femme, Locusta, exécutée un an plus tard, accusée d’avoir
exécutée par ordre de l’empereur romain empoisonné 60 personnes en 20 ans. Joseph
1719
Galba en 69 après Jésus Christ. Philippe assassina des prostituées françaises
vers 1860, et “Jack l’Éventreur” fit de même
à Londres 20 ans plus tard, inspirant de
La Tofania
Près de 400 ans plus tard, dans le Yémen du
Vème siècle, le riche Zu Shenatir attirait des nombreux imitateurs à Moscou, Vienne, au
garçons chez lui en leur promettant de la Nicaragua et au Texas, jusqu’en 1900.
nourriture et de l’argent. Il les violait avant
de les jeter par la fenêtre la plus haute de Samuel Green, assassin de la Nouvelle
1828
son habitation. Le nombre de ses victimes Angleterre, fut condamné à mort pour “de
n’est pas connu, mais les archives disent que nombreux meurtres” en 1822. Stephen
Richards, le “Démon du Nebraska”, tua au
196 Gessina Gottfried
Zu Shenatir fut tué avec un couteau par un
des garçons qu’il tentait de violer, chez lui. moins neuf personnes avant d’être arrêté en
En Europe, les premiers tueurs en série 1879. Jack l’Éventreur tue au moins 5 pros-
connus sont apparus aussi bien dans les tituées à Whitechapel en 1888. À Chicago,
1828
rangs de la noblesse que parmi les paysans. le sadique Herman Mudget (alias Docteur
Le baron Gilles de Rais, homme le plus H.H. Holmes) construisit un “château de
riche de France et ancien compagnon de torture” pour assassiner les femmes qui visi-
Burke et Hare
Jeanne d’Arc, fut pendu et brûlé vif en 1440 taient l’Exposition Universelle de 1893.
pour avoir violé et assassiné des centaines Condamné pour un meurtre, il en avoua
d’enfants lors de rituels sataniques pervers. 26 autres.
Comment bien mener Toujours prélever/ramasser, emmener et
1851
Hélène Jegado
garder précieusement tous les objets décou-
une enquête sur un verts sur une scène de crime ou sur une
scène d’abandon du corps. Un objet qui
tueur en série peut sembler anodin ou inutile peut par la
1860
suite se révéler essentiel.
Les tueurs en série organisés (intelligents et
sain d’esprit, ils préméditent leurs crimes, cf. Noter les objets que la victime possédait sur
Joseph Philippe
Crime organisé ou désorganisé, p.102) sont les elle et/ou chez elle et qui ont disparu
plus nombreux. Ils laissent généralement (demander à la famille et aux amis et les
peu de preuves physiques derrière eux et leur faire identifier officiellement, comparer
connaissent très rarement leurs victimes, ce avec des photos). Il faudra vérifier chez un
1888
qui rend leur appréhension d’autant plus suspect, même des années plus tard, si cet
difficile. objet ne s’y trouve pas.
Jack l’Éventreur
Dans tous les pays, différents éléments que Personne d’autres que la police scientifique
l’on retrouve sur chaque enquête concernant ne doit avoir accès à une scène de crime ou
un tueur en série, sont à prendre en compte à l’endroit où une victime a été abandonnée
: ou vue pour la dernière fois : ni sa famille, ni
• Identifier une série de meurtres (par la femme de ménage, ni le propriétaire…
la signature plus que par le mode opé-
1893
Les enquêteurs eux-mêmes doivent atten-
ratoire). dre que “le labo” ait terminé avant de faire
• Prendre en considération les familles, qui quoi que ce soit. Ils peuvent en profiter, pen-
Docteur
estiment, et c’est normal, que l’on n’arrête dant ce temps, pour interroger les témoins et
H.H. Holmes
jamais assez vite le coupable. les voisins. Des policiers peu ou pas formés
• La communauté terrifiée et les politiques peuvent involontairement détruire des
qui veulent absolument rassurer. preuves rien qu’en délimitant le périmètre de
Serial Killers
• Des problèmes de communication entre sécurité ou en arrivant sur les lieux : en mar-
les différentes law enforcement agencies chant ou en roulant sur une trace de pneu ou
(polices et gendarmerie en France ; forces
1896
de pas du tueur, par exemple.
de police de ville, de comté, d’état…,
agences fédérales, bureaux des procureurs Par contre, si la scène de crime se situe à
Amelia Dyer
locaux, de comté et d’état, police militaire l’extérieur et qu’il apparaît qu’il va pleuvoir
et services de sécurité des grandes univer- ou si le vent de lève, etc., si les conditions
sités aux USA, etc.), qui ne partagent pas climatiques peuvent détruire une belle
leurs informations. preuve, l’enquêteur doit protéger cet indice,
• Les médias, qui peuvent créer la panique par exemple en le protégeant avec un car-
et répandre des rumeurs. ton, une boîte ou autre, afin de le préserver.
1900
Toutefois cette protection ne doit en aucun
cas risquer de “contaminer” les indices : elle
Jane Toppan
doit ne pas avoir été utilisée auparavant.
Des règles à respecter
Les différentes études menées aux États- Demander au “labo” de comparer les
Unis par des enquêteurs ayant ratés ou preuves physiques découvertes sur plusieurs
réussi ce genre d’enquête démontrent tout scènes de crimes différentes peut permettre
1930
d’abord qu’il est essentiel de créer une “task d’identifier une série de meurtres reliés
force” : un groupe d’enquêteurs (représen- entre eux par l’ADN, les empreintes, le
tant les différentes forces de polices) qui se sang, etc., d’un même assassin.
Le Boucher
consacrera uniquement à cette enquête,
de Cleveland
24h/24 et 7j/7, et à aucune autre.
L’enquête
Il est également primordial de respecter Travailler en équipe, échanger les informa-
certaines règles si l’on veut enquêter de la
1960
tions entre les membres des différents
meilleure manière possible et résoudre une départements/forces de police, et coopérer.
série de meurtres.
1967
Impliquer la police scientifique dès le en égoïste à la recherche de gloire.
départ, et le plus tôt possible dans l’enquête.
Les laisser travailler, fouiller, chercher Une telle personne se retrouvera rapide-
L’Etrangleur
autant qu’ils le veulent. Ils peuvent décou- ment mis de côté et n’aura plus accès aux
de Boston
vrir des indices cachés que les enquêteurs ne informations de ses collègues. La confiance
trouveraient pas au premier coup d’œil. se gagne, elle n’est pas acquise d’office.
Un enquêteur peut également démolir une S’ils décident qu’une information doit être
affaire en voulant aller trop vite, en ne pre- suivie, la troisième personne enquête plus
nant pas soin des preuves, en bousculant un profondément, sur le terrain, pour trouver
suspect… etc. Le système judiciaire améri- de quoi il retourne exactement. Une infor-
cain permet de faire libérer un suspect pour mation intéressante doit être ré-examinée
une virgule : ne l’oubliez pas. tous les 15 jours pour déterminer si les faits
ont évolué.
La coordination est le maître-mot d’une
telle enquête. Si les enquêteurs découvrent Les noms de tous les suspects doivent être
un seul crime qui leur paraît particulier, ils disponibles dans une base de données,
doivent chercher si un crime présentant des même ceux qui semblent “les moins sus-
éléments similaires ou une signature sem- pects”. On a souvent découvert que des
blable n’a pas été commis dans les 5 années tueurs en série, une fois arrêtés, figuraient à
précédentes. Ils ne doivent pas se restrein- la 100ème ou la 200ème place sur une liste de
dre à leur juridiction mais chercher dans les suspects potentiels. S’il existe le moindre
villes, les comtés, voir les états frontaliers. doute, le moindre indice, la personne doit
S’ils découvrent un témoin de ce crime ou rester sur la liste jusqu’à la conclusion de
une victime qui a survécu (les tueurs en l’affaire.
série “ratent” parfois leur tout premier
crime), ils devront l’interroger : lors de leur
premier meurtre, par manque d’expérience, Le suspect
les tueurs en série commettent parfois des Les tueurs en série organisés sont générale-
erreurs qui manque de les perdre. ment des hommes qui s’expriment bien. Ce
sont d’excellents menteurs. Lorsqu’on les
Évidemment, ne pas hésiter à avoir recours interroge, ils offrent toujours un bon alibi et
aux bases de données : ADN, empreintes proteste de leur innocence. Il faut donc
Serial Killers
digitales mais aussi crimes irrésolus - vérifier l’alibi d’un suspect dans ses moin-
VICAP et VICLAS -, enfants disparus, etc. dres détails et ne jamais croire sans vérifier
(cf. Structures & Prof iling, p.183, et un homme qui paraît sympathique et hon-
Le VICAP, p.184) nête. Souvent, lorsqu’un tueur en série est
arrêté, sa propre famille est la première sur-
Interroger le plus de personne possible. prise.
Toujours vérifier scrupuleusement les dires
des témoins, et recouper les détails donnés, Ne pas hésiter à faire passer un polygraphe
les horaires, etc. Un témoin peut se tromper (détecteur de mensonge). Même si le résul-
involontairement ou volontairement : si le tat n’est pas concluant, le comportement du
suspect est un ami ou un membre de la suspect pourra donner de bonnes indica-
famille (“Il ne ferait jamais ça”), pour des tions aux enquêteurs.
questions de bienséance, pour cacher l’exis-
tence d’un petit ami ou d’un amant, parce Lorsque l’on organise une confrontation
qu’il se sent responsable de ne pas avoir visuelle, il faut :
réagi, parce qu’il a un casier judiciaire et a • Éviter que le ou les témoins ne croisent le
peur d’être soupçonné, pour éviter d’être suspect peu auparavant.
impliqué, parce qu’il n’aime pas la police… • Ne pas montrer le suspect seul ou une
Un témoin peut mentir pour des raisons qui photo du suspect, aux témoins, aupara-
peuvent paraître idiotes ou ridicules aux vant.
enquêteurs. • Ne faire entrer qu’un témoin à la fois dans
la salle, les uns après les autres, et ne pas
Ceux-ci doivent faire comprendre aux laisser les témoins discuter entre eux
témoins que seule la vérité importe pour avant.
eux et que leur seul but est de trouver le Le suspect et les autres hommes (au
coupable, sans se soucier du reste. La vie moins 5, des policiers uniquement, physi-
privée des gens ne les intéresse pas si elle n’a quement ressemblant, vêtus de la même
aucun rapport avec l’affaire. Ils doivent manière) doivent tous être en place et pré-
amener les témoins à leur faire confiance. sents lorsque le témoin arrive.
Mais, encore une fois, la confiance se
198
On peut à la rigueur montrer une photo
mérite. parmi d’autres (en respectant les mêmes
règles) mais une vision “réelle” est préfé-
Créer un “comité de contrôle” formé de rable.
3 personnes afin d’analyser les témoi-
gnages, les appels téléphoniques à la police, Les tueurs en série intelligents utilisent
les dénonciations anonymes, etc. Deux de souvent la ruse pour attirer ou convaincre
ces personnes doivent être des enquêteurs leur victime. Ils ont une capacité naturelle à
expérimentés qui vont analyser chaque manipuler et utiliser les gens, même leurs
information individuellement. amis ou leur famille.
Il n’est pas rare, par exemple, qu’ils utilisent peut empêcher les spécialistes (ou soi-
le véhicule d’un ami ou d’une connaissance disant) “privés” (profilers, criminologues,
pour commettre un crime. experts psychiatres, etc.) de s’exprimer à la
télévision et à la radio, bien que ceux-ci
Le véhicule du suspect (ou celui qui lui a été puissent créer la confusion ou la panique.
prêté) doit être examiné dans les moindres Les enquêteurs ne doivent pas se soucier
recoins pour y chercher des cheveux, des des médias mais uniquement de l’enquête.
fibres, du sang et des empreintes des vic- C’est au porte-parole et à lui/elle seul(e) de
times. résoudre ce genre de problème.
Serial Killers
Mieux vaut les surveiller étroitement. cette victime, et de placer l’endroit sous sur-
veillance (appareil photo à portée de main,
Lorsqu’un suspect est arrêté pour meurtre chiens pisteurs, voitures prêtes à prendre un
et qu’il semble possible qu’il puisse être relié suspect en chasse…). Le tueur en série
à d’autres meurtres similaires, il faut alors Arthur Shawcross (11 victimes entre 1989
utiliser tous les témoignages et toutes les et 1990, toutes prostituées) a été arrêté de
preuves physiques obtenues auparavant, cette manière.
savoir si le suspect s’est débarrassé d’une
arme qui aurait pu servir pour l’un des Éviter les rumeurs, aussi bien sur le tueur
meurtres (ou s’il l’a donné à un ami), s’il a que sur la victime. Laisser les médias affir-
revendu un véhicule, s’il a vécu près de l’une mer que le tueur doit être un blanc de 30
de ses victimes, etc. ans, si les témoignages laissent à penser
qu’il est noir et à plutôt 20-25 ans, poussera
les gens à se méfier du mauvais type de per-
Les médias sonne. Laisser les médias insinuer que la
Ne pas fournir trop d’informations aux dernière victime d’une série de meurtres est
médias mais ne pas hésiter à demander leur “une pute” parce que les victimes précé-
aide, pour faire appel au public (pour diffu- dentes étaient des prostituées, alors qu’il
ser un portrait-robot, par exemple). s’avère que cette victime est une étudiante
sérieuse et prudente, est le meilleur moyen
Ne pas révéler de détails que seul le tueur de perdre la confiance de sa famille.
doit connaître, afin de confondre un suspect
trop bavard mais aussi d’écarter les malades
mentaux qui s’accusent. La victime
Informer la famille de la victime du dérou-
En fait, il faut en dire le moins possible. Si lement de l’enquête afin d’éviter la frustra-
la “task force” communique beaucoup avec tion. La famille, si elle a l’impression (justi-
les médias au début de l’enquête puis – fiée ou non) que l’enquête n’avance pas,
199
lorsqu’elle suspecte une personne –, préfère pourra s’en plaindre aux médias et provo-
ne plus rien dire, les médias pourront deve- quer un scandale en critiquant l’incompé-
nir hostiles et l’accuser de cacher quelque tence supposée (ou non…) de la police.
chose.
Montrer de la considération pour les vic-
Une seule personne doit servir de porte- times et leurs familles : les prévenir si le sus-
parole pour les forces de police afin que les pect s’échappe ou s’évade, expliquer la pro-
médias n’entendent “qu’un seul son de cédure à suivre si le suspect/accusé menace
cloche”. Aucun autre policier ne doit la victime ou sa famille, expliquer qui
s’adresser aux médias. Par contre, on ne contacter (police et procureur).
Prélever dans l’habitation de la victime dis- Quand Albert DeSalvo confessa les
parue des preuves qui permettront de 13 meurtres de “l’Étrangleur de Boston” en
l’identifier ou de la relier, plus tard, à un 1967, les autorités avaient reconnu les
suspect : cheveux sur une brosse, salive sur signes avant-coureurs de ce que l’un des
la brosse à dents, poils pubiens dans les porte-parole du FBI avait appelé “une épi-
sous-vêtements, empreinte sur un livre de démie de folie homicide”.
chevet, radios dentaires, etc.
En fait, bien que le meurtre en série ne soit
Lorsque l’affaire est terminée, rendre aux pas un phénomène moderne, le nombre de
familles des victimes les objets appartenant tueurs et leurs victimes a, par contre, dra-
à ces dernières. matiquement augmenté durant le dernier
quart du XXème siècle.
Amelia Dyer, une “fermière de bébé” (baby
farmer) britannique, fut condamnée en Entre 1900 et 1959, la police des États-
1896 pour les meurtres d’au moins 15 nour- Unis enregistrait une moyenne de deux
rissons. tueurs en série par an dans tout le pays.
Quelques années plus tard, le Français À partir de 1969, les autorités comptaient
Joseph Vacher fut exécuté pour avoir mas- six cas par an, et ce nombre tripla dans les
sacré 14 personnes en 3 ans. L’infirmière de années 1970.
Nouvelle Angleterre Jane Toppan com-
mença à empoisonner ses patients en 1880. En 1985, de nouveaux tueurs en série
Durant son procès, 20 ans plus tard, elle étaient signalés avec une moyenne de 3 par
admit en avoir tué 31, mais le procureur mois (!!!). Un “taux” qui est resté assez sta-
affirma que le “compte juste” approchait ble durant les années 1990.
plutôt de 100.
Serial Killers
200
Types de tueurs en série
Les tueurs en série ne s’en prennent pas Le tueur qui a des visions
Herbert Mullin & Ed Gein
tous à leurs victimes pour les mêmes rai-
sons. Certains tuent pour le pouvoir, d’au-
tres pour le sexe, certaines tuent pour l’ar-
Psychotique, souffrant d’une rupture totale
gent… et certains entendent des voix qui les avec la réalité, ce type de serial killer reçoit
“poussent” à tuer. Beaucoup de tueurs en des ordres provenant de voix ou de visions,
série entrecroisent ces motivations et tuent qui lui demandent de tuer. Ils sont une
aussi bien pour le sexe que pour le pouvoir. minorité chez les tueurs en série.
Serial Killers
Les indices psychologiques,
championnes des comfort killers sont les
jeu. Il adore l’attention que lui portent les
les preuves physiques et les points
“veuves noires”, qui tuent leurs maris,
importants des enquêtes figurent
médias et la police, et le fait d’être capable amants et enfants pour hériter ou toucher
en italique gras dans les textes
d’échapper aux autorités. Il a tendance à l’assurance-vie.
garder une sorte de “registre” de ses meur- de sorte à pouvoir les exploiter
tres, par exemple, des coupures de presse Tout comme l’immense majorité des au cours d’un scénario.
Le tueur qui tue pour le sexe Le tueur qui tue Mais s’il est créé par un agent qui a
Jerry Brudos & Harvey Glatman pour le pouvoir peu d’expérience, un profiler “privé”,
un criminologue qui n’est pas spécialisé
Ted Bundy & Ed Kemper dans les tueurs en série, etc., le profil
restera vague et pourra même
comporter quelques erreurs…
Le “lust killer” est un prédateur sexuel attiré
autant par les victimes vivantes que par les La motivation de ce type de tueur est cen-
cadavres. Il tue principalement pour le plai- trée sur le besoin de pouvoir et de domina- Note : Ces profils peuvent se révéler
un véritable outil scénaristique
de par leurs manques.
sir sexuel que lui procure le meurtre et pos- tion. Bundy était motivé dans une grande
sède souvent diverses perversions sexuelles mesure par des facteurs sexuels, comme on
(fétichisme, nécrophilie, sadisme, etc.). le voit dans ses actes de sadisme et de
nécrophilie. Toutefois, le vrai plaisir était
d’être maître du destin de la victime, entiè-
L’ange de la mort rement entre ses mains.
Genene Jones & Le Docteur Shipman
Ces tueurs sont plus excités par la vue de
leur victime terrorisée et par ses cris, que
“Ange de la mort” est le surnom donné aux
par le meurtre lui-même. Parmi les tueurs
meurtriers et meurtrières en série apparte-
en série, ils sont les plus nombreux.
201
nant aux professions médicales et qui s’en
prennent à leurs patients. Ils s’attaquent
systématiquement aux patients faibles et
sans défense, dont la mort pourra être expli-
quée par leur maladie.
202
prises à son nom doublaient leur valeur. éventuels” dans sa ferme. Aucun ne lui
convint… et aucun ne fut revu par la suite.
Belle Sorenson collecta l’assurance vie de Toutes ces disparitions auraient pu provo-
son défunt mari (une très grosse somme) et quer la suspicion, mais Belle Gunness était
quitta Chicago pour s’installer à La Porte, une femme appréciée, polie et sympathique.
dans l’Indiana, avec les trois enfants qui lui Dotée d’un physique “généreux”, elle atti-
restaient. Deux étaient ses filles naturelles : rait les hommes et personne ne s’étonnait
Myrtle, née en 1897 et Lucy, née en 1899. que des prétendants viennent chez elle. Les
La petite dernière, Jennie Olsen, avait été gens de La Porte se mêlaient de leurs
adoptée. affaires.
Jennie Olsen disparut en 1906. Belle Elle lui avait écrit des lettres où elle parlait Belle Gunness
Gunness assura que sa fille adoptive avait de famille et de mariage, puis, de plus en
Intelligente et manipulatrice, Belle
Gunness est une grande blonde aux yeux
été “envoyée en Californie, dans une école plus, d’argent.
bleus, au physique “généreux”. On la
spécialisée”.
considère comme une femme aimable et
Le frère alla creuser à la ferme avec des
Très tôt, le matin du 28 avril 1908, la ferme hommes du shérif. Ils finirent par découvrir gentille alors qu’elle est en fait obsédée
par l’argent et pense que le bonheur ne
peut être que pécuniaire. Elle en veut
des Gunness fut ravagée par le feu. En peu le corps décomposé et démembré d’Andrew
toujours plus et est prête pour cela à tuer
de temps, il ne resta plus rien. La ferme, les Helgelein emballé dans des sacs de farine.
les membres de sa famille ou à se “débar-
bâtiments d’habitation et même les arbres Les hommes déterrèrent 4 autres corps,
alentours, tout avait brûlé. Des volontaires, 2 hommes et 2 femmes, démembrés et rasser” des enfants qu’elle considère
creusant dans les débris, découvrirent qua- emballés. L’une des femmes était la jeune comme de vulgaire “bouches à nourrir”.
43 ans en 1902
tre corps carbonisés à la cave. Trois étaient Jennie Olsen, la fille adoptive qui aurait du
de toute évidence des enfants. Le quatrième être en Californie.
APP 15 Prestance 75 %
CON 14 Endurance 70 %
corps, une femme décapitée, fut considéré
DEX 15 Agilité 75 %
comme celui de Belle Gunness. Tout le Les fouilles continuèrent à la ferme et cer-
FOR 12 Puissance 60 %
monde soupçonna immédiatement Ray tains des ouvriers ou des prétendants “dis-
Lamphere, qui avait proféré des menaces parus” furent découverts, démembrés TAI 10 Corpulence 50 %
ÉDU 12 Connaissance 60 %
INT 14 Intuition 70 %
contre Belle Gunness après qu’elle l’ait ren- comme les autres. On trouva également, à
POU 14 Volonté 70 %
voyé de sa ferme, en février de la même un autre endroit, des chaussures de femme,
année. Il n’avait pas d’alibi et fut inculpé des un sac à main vide et un corset, qui appar-
Valeurs dérivées
Impact 0
meurtres. tenaient probablement à la femme décapi-
Points de Vie 12
tée et non identifiée découverte avec les
Santé Mentale 70
Mais le corps sans tête était moins rond et enfants de Belle Gunness.
plus petit que celui de Belle. Les gens com-
Compétences
Arts Domestiques 75%
mencèrent à douter. Début mai, des volon- Le coroner de la ville identifia 10 hommes,
Baratin 65%
taires fouillant les gravas de la ferme décou- 2 femmes… et de très nombreux fragments
Comédie 65%
vrirent des montres d’hommes, des boutons d’os (cf. L’anthropologie légale, p.46). Il est
Crédit 75%
Serial Killers
de manteaux, des portefeuilles vides. Puis, possible que le total des victimes soit de 30
Poisons 40%
Polices d’assurances 90%
une cage thoracique d’homme. Puis un bras à 40 hommes, venus de tous les états du
Sagacité 75%
de squelette. Et enfin, un squelette complet. Midwest, entre 1903 et 1908.
Tous récemment enterrés. Séduction 85%
On ne put jamais établir que le corps déca- Usages 65%
Langues
Le lendemain, le frère d’Andrew Helgelein, pité était bien celui de Belle Gunness.
Américain 80%
qui avait courtisé Belle Gunness, vint voir le Lamphere ne fut pas reconnu coupable de
shérif. Andrew était arrivé à La Porte en son meurtre. Si Belle Gunness a effective- Norvégien 80%
Combat
janvier 1908, pour retirer tout l’argent de ment “survécu à sa mort”, elle n’a laissé der-
Armes de mêlée 40%
son compte en banque avec Belle Gunness, rière elle que des rumeurs et des chansons
puis avait disparu. populaires.
Profil de :
Belle Gunness
• Les hommes dispar
us ont tous expliq
leur proche qu’ils ué à
all
femme pour l’épouser aient rencontrer une
âge, cette femme doi à LaCrosse. Vu leur
t être âgée d’environ
40 ans.
• Les lettres de «
Belle » révèlent qu’
est obsédée par l’a ell
rgent : typique de e
« veuve noire ». la
Le profit, l’argent,
obtenu grâce aux
assurances-vie ou
héritages, est fréque aux
crimes de ces femmes mment le mobile des
, bien qu’il puisse
pas être le seul. ne
• Elle a sûrement
déjà
plus souvent avec du tué auparavant, le
silencieuse qui peu poison, une « arme »
t
mort naturelle. Cherch faire croire à une 203
« d’accident » domest er également des cas
asphyxie. ique et des morts par
• Ces hommes ont dis
par
ont sûrement été brû u corps et âmes. Ils
lés et/ou enterrés
leur meurtrière. par
• Intelligente, elle
par
mais elle est froide aît douce et gentille
et cupide.
1915-1919
Henri-Désiré Landru
Serial Killers
maîtresse.
Profil de :
entré en contact avec 283 femmes par le
biais des annonces matrimoniales, toujours
Henri-Désiré Lan
dru
sous de faux noms, et en avait escroqué plus
es
ou épouser un « monsie allaient vivre avec
l’absence ou la présence de fortune soup-
ur X » (nom différent
çonnée et écrit une fiche descriptive pour
à chaque fois).
• Homme blanc.
chacune de celles qu’il avait rencontrées !
• Entre 40 et 55 ans
(la majorité des vic
times est composée -
Landru avait également gardé des agendas,
mé « La Barbe Bleue
Gambais », du nom du de
compagne.
économies.
de deux chiens. Les policiers passèrent les
villas au peigne fin et trouvèrent finalement
des débris d’os calcinés et des dizaines de
dents dans la cheminée et dans la cuisinière,
puis des épingles, des boutons et des mor-
ceaux de corsets.
Le tueur à la hache de Ils découvrirent que trois meurtres et un cer-
1918-1919
tain nombre d'attaques contre des commer-
La Nouvelle-Orléans çants d’origine italienne avaient déjà eu lieu
en 1911 en Louisiane. Les meurtres ressem-
blaient aux meurtres des Maggio car une
hache avait été utilisée. À l’époque, ces
“Ils ne m'ont jamais vu, car je suis invisible, crimes avaient été considérés comme une
autant que l'éther qui entoure votre terre. vendetta organisée par la Mafia. Il fut un
Je ne suis pas un être humain, mais un esprit temps à La Nouvelle-Orléans où le crime
et un démon du plus brûlant des enfers.” organisé était une force dominante responsa-
Le tueur à la hache ble de nombreux meurtres. Peut-être les vic-
times n'avaient-elles pas payé leurs “cotisa-
Le mois de mai 1918 marqua le début d’une tions”. Certains habitants d’origine italienne
période de terreur à La Nouvelle-Orléans, avaient nommé une organisation appelée
laissant derrière elle douze victimes et un “La Main Noire”, un groupe dissident
mystère non résolu jusqu’à aujourd'hui. De mafieux.
nombreux habitants de la ville pensèrent que Le 27 juin 1918, Louis Besumer, un épicier
le tueur était une créature surnaturelle qui de 59 ans qui vivait derrière son magasin, et
pouvait apparaître et disparaître à volonté.
sa concubine, Annie Harriet Lowe, 28 ans,
Le 22 mai 1918, un épicier italien du nom de
furent découverts par des voisins, gisant dans
Joseph Maggio et son épouse Catherine
une mare de sang. Ils étaient tous deux griè-
furent massacrés alors qu'ils dormaient dans
vement blessés, mais avaient survécu. Tous
leur appartement au-dessus de l'épicerie
deux avaient été agressés avec une hache.
Maggio. Le tueur leur coupa la gorge avec un
L'arme, qui appartenait à Besumer, était
rasoir et leur défonça le crâne avec une
posée sur le sol de la salle de bains, couverte
hache. La gorge de Catherine fut coupée si
de sang. Un panneau de la porte de la cuisine
profondément que sa tête fut presque sépa-
Serial Killers
Le tueur à la hache
En réponse, le tueur leva à nouveau sa hache, témoins aient décrit un “grand homme” alors
tuant la petite fille et fracturant le crâne de sa que seule une personne petite ou mince
mère. Rien n’avait été volé. La porte de der- aurait pu se glisser à travers les panneaux
rière avait été découpée et une hache san- découpés dans les portes ? Le tueur devait y
glante fut retrouvée à côté. L’assassin avait parvenir par des moyens surnaturels car les
empilé du bois près de la clôture pour portes avaient toujours été découvertes ver-
s’échapper. La police chercha des empreintes rouillées. Le 14 mars 1919, le rédacteur en
digitales appartenant au tueur et n’en trouva chef du New Orleans Times-Picayune reçut
aucune. une lettre d'un homme qui prétendait être le
tueur à la hache. (cf. ci-dessus)
Lorsque Rosie Cortimiglia reprit conscience
quelques jours plus tard, elle accusa son voi- Les habitants de La Nouvelle-Orléans firent
sin et son fils, Iorlando et Frank Jordano, de de leur mieux pour suivre à la lettre les ins-
les avoir agressés. Iorlando, 69 ans, était tructions du tueur. Les restaurants et les
malade, et son fils, un grand gaillard large clubs de toute la ville furent engorgés de
d’épaules, n’aurait sans doute pas pu se faufi- fêtards. Amis et voisins se rassemblèrent
ler par la découpe de la porte. Bien que dans leurs maisons pour écouter du jazz, et à
Charles Cortimiglia niât les affirmations de minuit la ville fut en effervescence. Des
son épouse, la police arrêta les deux voisins, groupes grattèrent banjos, guitares et man-
qui furent accusés de meurtres et reconnus dolines toute la nuit. Joseph Davilla, un com-
coupables. Charles Cortimiglia divorça de positeur bien connu de la région, avait créé la
son épouse après le procès et, un an plus tard, chanson thème de cette nuit. Il avait intitulé
Rosie annonça qu'elle avait faussement sa composition Le Jazz du mystérieux tueur à
accusé les deux voisins par dépit et jalousie. la hache et elle eut un énorme succès.
Ils furent libérés peu après.
208
Lorsque le soleil se leva le lendemain matin,
La police tournait en rond et des rumeurs on apprit que pas une seule attaque n’avait eu
selon lesquelles le tueur à la hache n'était pas lieu cette nuit-là. On peut douter que toutes
un homme commencèrent à circuler. les maisons de la ville aient écouté du jazz, le
Certains prétendirent qu'il était une femme, tueur à la hache avait dû être satisfait de la
ou un nain, ce qui lui permettait de passer à célébration qui avait lieu en son honneur...
travers le petit espace qu'il découpait dans les
portes. Mais d'autres certifièrent qu'il était en Le 10 août 1919, l’épicier Steve Boca sortit
fait une créature venue de l'au-delà. De quelle en titubant de son domicile, une hache ayant
autre façon pouvait-on expliquer que tous les fendu son crâne. Dégoulinant de sang, il
réussit malgré tout à marcher jusqu’à la mai- nouvelle attaque poussa l'hystérie vers de
son de son ami, un pâté de maisons plus loin. nouveaux sommets. Sarah Laumann n'était
L'ami soigna ses blessures du mieux qu'il le pas propriétaire d'un commerce, elle n'était
pouvait et appela à l'aide. Les policiers fouil- pas d’origine italienne et son agresseur n'était
lèrent la maison de Steve Boca et y trouvè- pas entré par la porte de derrière, mais par
rent les indices à présent bien connus : le une fenêtre. En d'autres termes, s'il pouvait
panneau de porte découpé et la hache san- attaquer Sarah Laumann, aucune personne
glante laissée sur le sol. n'était en sécurité. Mais était-ce vraiment
l’œuvre du tueur à la hache ou celle d’un imi-
Le 2 septembre, un pharmacien nommé tateur ?
William Carson tira plusieurs coups de feu
sur un intrus qui avait fait irruption dans sa Le 27 octobre 1919, le tueur à la hache com-
maison. L'intrus laissa une porte découpée et mit son dernier meurtre. Un épicier italien
une hache derrière lui, mais réussit à s'échap- nommé Mike Pepitone fut assassiné dans
per sans être blessé. son lit durant la nuit. Sa femme et ses six
enfants, endormis dans la chambre d'à côté,
Le lendemain, Sarah Laumann fut attaquée ne furent pas agressés. Son épouse, réveillée
dans la nuit. Ses voisins découvrirent la jeune par le bruit, découvrit un grand homme armé
femme inconsciente, allongée sur son lit, d’une hache qui s’enfuyait. Le tueur laissa
souffrant d'un traumatisme crânien, les derrière lui les indices habituels, la hache
dents cassées. Son agresseur avait pénétré ensanglantée et le panneau de bois de la
dans son appartement par une fenêtre porte de derrière. Ce fut le dernier meurtre
ouverte. Une hache sanglante fut découverte attribué au tueur à la hache.
sur la pelouse devant le bâtiment. Bien que la
jeune femme survécût à ses blessures, cette On n’entendit plus jamais parler de lui à
La Nouvelle-Orléans.
Serial Killers
Profil de :
Le tueur à la hache
• Homme. Selon le
s témoignages : gr
mince, soit mass and, peut-être no
if ir ou métis. Soit
se glisser par le . Toutefois, un homme corpulent
• Entre 25 et 35 panneau découpé des port n’aurait pas pu
es de derrière.
• Tueur mixte (o ans.
rg
• Vivant sûrement anisé/inorganisé) et intelligen
à t.
bien la ville (i La Nouvelle-Orléans ou, en tout
l s’est toujours ca
plus est dans l’ échappé sans être s, connaissant
• Célibataire (i obscurité). retrouvé, qui
l so
en semaine que le rt et tue au beau milieu de la
• Possède/posséd week-end). nuit, aussi bien
ait un emploi ma
hache et/ou un nuel, sans doute
en rapport avec
• Le ciseau à bo ciseau à bois : charpentier, me un
is est la « sign nuisier, bûcheron e
Il représente un ature du tueur », .
plus que la hach
atteindre » ses effort, une complication supplé e.
victimes. De pl mentaire pour «
laissé le ciseau us, le meurtrie
à bois sur le r a très souven
signifie qu’il a pa t
• Le tueur a-t- dû trouver un no nneau de porte retiré, ce qui
il écrit la lett uvea u ciseau pour chaque
teur ? L’écritu re meurtre.
re est celle d’ du 14 mars ou est-ce un impos-
dérangé, ou dési un homme éduqué
rant paraître dé mais visiblement
ment.
Note 1 : La su
perstition et le
Nouvelle-Orléans vaudou sont monn
et la possibilit aie courante à
surnaturel est co é que le tueur à La
nsidérée sérieuse la hache soit un
ment. être
Note 2 : Il a égal
ement été suggér
La Nouvelle-Orléa é que le tueur a
ns a été la prem un lien avec la Ma 209
la coupe d’une fa ière ville aux Ét fia.
mille mafieuse (1 ats-Unis à tomber
mafieux de La 879), et au débu sous
Nouvelle-Orléans t du 20ème siècle
comme « façades ut , le
» pour l'extorsio ilisaient couramment les épicer s
Les victimes assa n de fonds. ies
ss
pas toutes), et inées étaient en majorité d’orig
travaillaient pr ine
Cependant, à l’ép
oque, la Mafia ne esque toutes co italienne (mais
n’était pas son tuait ni femme ni mme commerçants.
arme de prédilec enfant, et une ha
tion. che
1918-1924
Fritz Haarmann 1918, il souffrit comme beaucoup d’autres
Allemands de la terrible pauvreté provo-
quée par la défaite de l’Empire germanique.
Fritz Haarmann redevint rapidement un
“Je ne suis pas malade. Il m'arrive seulement criminel et un informateur : le dénuement
d'avoir des lubies de temps en temps. poussait de nombreuses personnes vers le
Je demande à être décapité. Ça ne prendra crime et la police de Hanovre avait besoin
qu’un moment. Après, j'aurai la paix.” de délateurs tels que lui.
Fritz Haarmann
Entre 1918 et 1924, Haarmann assassina au
moins vingt-quatre adolescents et jeunes
Fritz Haarmann Friedrich Heinrich Karl Haarmann, hommes. Sa première victime fut Friedel
Le “Boucher de Hanovre” dit Fritz Haarmann, fut surnommé Rothe, 17 ans, qui disparut en septembre
“le Boucher de Hanovre”. 1918. Un ami affirma avoir vu Rothe avec
APP 10 Prestance 50 % Né en 1879 à Hanovre, Haarmann eut une
CON 10 Endurance 50 %
Haarmann et la police se rendit chez ce der-
DEX 11 Agilité 55 %
enfance sans histoire, si ce n’est qu’il fut trop nier. Les enquêteurs le trouvèrent au lit avec
FOR 15 Puissance 75 %
“couvé” par sa mère, une femme simple d’es- un autre adolescent. Il fut accusé d’agression
TAI 13 Corpulence 65 %
prit à la santé fragile, qu’Haarmann aima
ÉDU 08 Connaissance 40 %
sexuelle et condamné à neuf mois d’empri-
INT 15 Intuition 75 %
tendrement. Par contre, il ne s’entendit sonnement. La police ne fouilla pas son
POU 14 Volonté 70 %
jamais vraiment avec son père, un conduc- appartement alors que la tête de Friedel
teur de train alcoolique et coureur de
Valeurs dérivées
Rothe y était cachée… Haarmann fit appel
jupons. Avec l’âge, leur mésentente se trans-
Impact +2
et, dans l’attente de la décision de la justice,
Points de Magie 14
forma en haine. il rencontra un jeune fugueur et voleur
Points de Vie 12
Fritz Haarmann, un enfant calme et assez nommé Hans Grans, qui devint son ami,
Santé Mentale 70
craintif. Lorsqu’il eut 16 ans, ses parents le
son amant et son complice. Haarmann fut
Compétences
poussèrent à s’enrôler dans une académie
emprisonné en 1920 et, libéré en décembre,
Athlétisme 40%
militaire. Il y resta un an, avec de bons
Serial Killers
210
s’attira les bonnes grâces de certains enquê- “Quand dois-je revenir ?”
teurs et devint informateur pour la police
de Hanovre, offrant des renseignements sur Les victimes d’Haarmann furent en majo-
le crime organisé. rité de jeunes banlieusards, des fugueurs et,
parfois, des prostitués qu'il rencontrait à la
En 1914, alors que la Première Guerre gare centrale de Hanovre. Il attira ses vic-
mondiale commençait, Haarmann fut times dans son appartement en leur pro-
emprisonné pour une série de vols et d’es- mettant un toit, de la nourriture, de l’alcool,
croqueries. Il échappa donc à la boucherie puis il les viola et les assassina en leur
des tranchées mais, lorsqu’il fut libéré en déchiquetant la gorge avec ses dents.
Haarmann démembra ses victimes et jeta juin 1924. Poussées par la population qui se
les morceaux dans la rivière Leine. Il garda plaignait de l’inaction de la police face à des
certains objets ayant appartenu à ses vic- centaines de disparitions d’enfants et d’ado-
times, et en offrit parfois à son amant. lescents dans la région d’Hanovre depuis la
Haarmann allait par la suite expliquer que fin de la guerre, les autorités décidèrent de
Grans n’avait pas participé aux meurtres, draguer la rivière. On découvrit plus de 500
bien qu’il l’ait parfois poussé à tuer des vic- autres ossements qui, selon les médecins,
times afin de s’emparer de leurs vêtements provenaient de vingt-deux personnes diffé-
ou d’un bijou. Des rumeurs affirmèrent rentes. La police interrogea tous les délin-
après son arrestation qu’Haarmann avait quants sexuels connus. Le casier judiciaire
vendu la chair de ses victimes comme de la d’Haarmann et les soupçons qui avaient
conserve de porc au marché noir. Bien pesé sur lui après la disparition de Friedel
qu'aucune preuve physique n’ait été trouvée, Rothe en 1918 attirèrent l’intérêt de la
on sait qu’Haarmann vendit effectivement police. Interrogé, il se montra tout aussi
de la viande de contrebande. souriant et affable qu’à son habitude, mais
lorsque les policiers commencèrent à parler
Entre mars et décembre 1923, Haarmann des jeunes victimes, Haarmann devint ner-
fit douze nouvelles victimes : Wilhelm veux, puis très bavard, cherchant désespéré-
Schulze, 17 ans, qui voulait être écrivain. ment à attirer la sympathie.
Roland Huch, un lycéen de 16 ans. Hans
Sonnenfeld, un fugueur de 19 ans. Ernst Haarmann fut placé sous surveillance et fut
Ehrenberg, 13 ans, le fils d’un voisin de arrêté le 22 juin 1924, alors qu’il essayait de
Haarmann. Heinrich Struß, un violoniste ramener un garçon à son appartement
de 18 ans. Paul Bronischewski, 17 ans, qui depuis la gare de Hanovre. Les enquêteurs
rentrait chez lui après avoir rendu visite à fouillèrent son appartement et découvrirent
son oncle. Richard Gräf, 17 ans. Wilhelm de nombreuses taches de sang sur les murs.
Serial Killers
Erdner, 16 ans, le fils d’un serrurier. Haarmann tenta de les convaincre que les
Hermann Wolf, 15 ans. Heinz Brinkmann, traces provenaient d’animaux qu’il avait
13 ans, qui avait raté son train. Adolf tués pour vendre leur chair au marché noir.
Hannappel, 17 ans, un apprenti charpen- Mais la police trouva également des
tier. Adolf Hennies, 19 ans. De nombreux dizaines de vêtements et des objets qui
témoins virent la majorité des victimes dis- avaient appartenu aux victimes.
cuter avec Haarmann (et, souvent, Grans)
et partir avec lui. Cependant, les deux Haarmann fut interrogé, et, après sept jours
hommes avaient gagné une telle considéra- de dénégations et de crises de rage, il finit
tion de la population qu’ils ne furent jamais par avouer les viols, meurtres et démembre-
dénoncés. ments de ses victimes. Lorsque la police lui
demanda combien de jeunes hommes et
Les meurtres recommencèrent en janvier garçons il avait tués, Haarmann affirma
1924, jusqu’à l’arrestation de Haarmann. “entre cinquante et soixante-dix”. Les
Ernst Spiecker, 17 ans, disparut alors qu’il enquêteurs ne purent toutefois le relier à la
allait témoigner lors d’un procès. Heinrich disparition “que” de vingt-sept victimes.
Koch, 20 ans, qui connaissait Haarmann. Seul un quart des objets personnels décou-
Willi Senger, 19 ans. Hermann Speichert, verts dans l’appartement d’Haarmann fut
16 ans, un apprenti électricien. Alfred identifié par les familles des victimes.
Hogrefe, 16 ans, un apprenti mécanicien. Haarmann mena les enquêteurs dans diffé-
Hermann Bock, 22 ans. Wilhelm Apel, 16 rents endroits d’Hanovre, leur montra des
ans. Robert Witzel, 18 ans, qui se rendait au morceaux de cadavre cachés dans des buis-
cirque. Heinrich Martin, 14 ans, un sons, et leur indiqua où trouver des osse-
apprenti serrurier. Fritz Wittig, 17 ans, ments dans un lac. Des personnes qui
aperçu avec Haarmann et Grans dans un avaient obtenu des vêtements ou de la
bar. Friedrich Abeling, 10 ans, la plus jeune viande de la part de Haarmann ou de Grans
victime, il retournait chez lui après l’école. vinrent enfin témoigner contre eux.
Friedrich Koch, 16 ans, disparut alors qu’il
se rendait au lycée. Erich de Vries, 17 ans, Le procès de Fritz Haarmann commença le
un apprenti boulanger. La ville de Hanovre 4 décembre 1924 et fut l'un des premiers
vivait dans la peur. Le “loup-garou”, comme grands événements médiatiques modernes 211
le surnommait la population, avait fait dis- en Allemagne. Haarmann fut surnommé le
paraître vingt-sept jeunes gens en moins de “loup-garou”, le “vampire”, le “boucher”.
seize mois : une moyenne de presque deux L'implication de la police dans cette affaire
par mois ! fit scandale : grâce à son statut d’informa-
teur, Haarmann était en contact avec la
Les crimes d’Haarmann furent enfin police qui ne l’avait pourtant jamais soup-
découverts lorsque quatre crânes firent sur- çonné d’être le tueur en série qu’elle recher-
face sur les berges de la Leine entre mai et chait, bien que certaines victimes aient été
1920-1928
vues pour la dernière fois en sa compa-
gnie. Haarmann se montra nonchalant
Carl Panzram
et immature durant le procès. Il s’indi-
gna du trop grand nombre de femmes
dans le tribunal puis, lorsque la mère de “ Je n’ai aucune envie de m’améliorer. Mon
l’une de ses victimes se mit à pleurer en seul désir est de changer les gens qui essayent
témoignant de sa disparition, Haarmann de me changer. Et je crois que la seule manière
affirma qu’il s’ennuyait et demanda s’il de changer les gens, c’est de les tuer.
pouvait fumer un cigare. Ma devise, c’est “Vole-les tous, viole-les tous
et tue-les tous’”
Le 19 décembre 1924, Haarmann fut Carl Panzram
reconnu coupable de vingt-quatre des
vingt-sept meurtres et condamné à la
peine capitale, et acquitté de trois meur- Né en 1891 dans le Minnesota, Panzram
tres qu’il avait niés, bien que les posses- était le fils d'immigrants prussiens qui tra-
sions des victimes aient été découvertes vaillaient dans une ferme. Ses parents
chez lui ou chez des amis. Il fut exécuté étaient pauvres, honnêtes et sévères, comme
le 15 avril 1925. le furent ses frères et sœurs. Quand Carl
Panzram eut 7 ans, son père les quitta et ne
Hans Grans fut d’abord reconnu coupa- revint jamais à la ferme. Panzram commit
ble d’incitation au meurtre, pour l’assas- son premier cambriolage à 8 ans et sa mère
sinat d’Adolf Hannappel, un apprenti l’envoya en maison de correction à l’âge de
charpentier de 17 ans disparu le 11 11 ans. L’établissement “accueillait” 300
novembre 1923. Haarmann avait affirmé garçons de 10 à 20 ans, à la merci de geô-
que Grans avait insisté pour qu’il tue liers qui pouvaient se permettre toutes les
Hannappel. Grans fut condamné à mort violences. Panzram affirma avoir été violé et
mais, après l’exécution d’Haarmann, on battu durant les deux années de son séjour
Serial Killers
ment).
tuent.
• Tueur organisé et
intell
disparaissent « corps igent. Ses victimes
• Il se peut que le et biens ».
Peu de temps après, Panzram fut à nouveau
tue
souvenirs ayant app ur garde chez lui des
envoyé en maison de correction pour vol,
art
Il se débarrasse com enu à ses victimes.
donc il lui faut que plètement des corps,
dans le Montana. Il avait déjà le corps et la
Valeurs dérivées
la majorité des hommes qu'il rencontra. Il
Impact +4
mit le feu à tout ce qu’il put trouver, églises,
Points de Magie 12
maisons, granges ou même des champs. Il
envisagea même de saborder un navire de Points de Vie 17
guerre britannique amarré dans le port de Santé Mentale 60
Compétences
New York dans le but de provoquer une
guerre entre l'Angleterre et les États-Unis. Athlétisme 50%
Baratin 50%
Discrétion 75%
Endurer les sévices 80%
Panzram purgea des peines de prison en
Imposture 55%
Parvenus dans l’ouest du Minnesota, armés Californie, au Texas, dans l’Idaho, le
de pistolets volés, ils décidèrent de se sépa- Métier : pyromanie 75%
Métier : serrurerie 60%
Montana, l’Oregon, le Connecticut, à New
Navigation 45%
rer. Panzram se fit appeler Jefferson York, à Washington DC et au Kansas, où il
Négociation 30%
Baldwin et continua sa route à travers les agressa les autres détenus de manière systé-
vastes plaines du Dakota du Nord. matique. Il s’évada plus d’une fois. Se cacher 60%
Survie 45%
Torturer 85%
Trouver Objet Caché 65%
En décembre 1907, Panzram fut convaincu En juin 1915, Panzram cambriola une mai-
Vigilance 60%
Serial Killers
par un recruteur de l’armée, mentit sur son son à Astoria, dans l’Oregon, et fut arrêté
Langues
âge et s’enrôla dans l’infanterie. Mais dès peu de temps après, alors qu'il tentait de
Anglais 45%
son premier jour sous l’uniforme, Panzram vendre une partie des objets volés. Il fut
Prussien 45%
fut accusé d’insubordination pour avoir condamné à sept ans de prison, à purger au
refusé un travail d’équipe. Au cours du mois
Combat
pénitencier d'État de l'Oregon, à Salem. Le
• Bagarre 75%
suivant, il fut emprisonné à plusieurs pénitencier était dirigé par un ancien shérif,
Dégâts 1D3 + Impact
reprises pour divers délits mineurs. Harry Minto, un homme dur et brutal, qui
Constamment ivre et impossible à contrô- considérait que les coups, la faim et l’isole- • Couteau 75%
Dégâts 1D4+2 + Impact
• Pistolet 55%
ler, Panzram n'était pas en mesure de se ment faisaient partie intégrante de la vie
Dégâts 1D10
conformer à la discipline militaire. des détenus.
En avril 1908, il vola des vêtements puis Panzram fut sanctionné à plusieurs reprises
tenta de quitter le camp d’entraînement. pendant son incarcération et passa soixante
Arrêté par la police militaire, il fut et un jours en isolement. Il aida un détenu
condamné à trois ans de travaux forcés et à s’évader (le détenu tua Minto pour éviter
renvoyé de l’armée. Panzram, qui n’avait d’être capturé), avant de s'échapper à son
alors que 16 ans, fut envoyé dans la prison tour le 18 septembre 1917. Panzram fut
fédérale de Fort Leavenworth, dans le impliqué dans deux fusillades avant d'être
Kansas. La discipline y était particulière- renvoyé en prison. Le 12 mai 1918, il s'en-
ment sévère et brutale, les détenus n’avaient fuit à nouveau en sciant les barreaux de sa
pas le droit de parler et le fouet était sou- cellule. Cette fois, il sauta dans un train de
vent utilisé. L’incontrôlable Panzram mit le marchandises en direction de l’est. Il rasa sa
feu à l’un des ateliers de la prison, sans être moustache et se fit appeler John O'Leary. Il
identifié. Il enfreignit constamment les ne revint jamais dans le nord-ouest du pays.
règles de la prison, et en retour, il fut frappé
et isolé, puis enchaîné à un boulet d’acier de Durant l’été 1920, Panzram s’installa à New
20 kg. “J'ai été libéré de prison en 1910. J'étais Haven, Connecticut, où il cambriola de
l'esprit de la méchanceté personnifiée...” écri- nombreuses habitations. En août, Panzram
vit-il plus tard. cambriola une belle maison bourgeoise,
emportant avec lui des bijoux et des obliga-
Devenu adulte, Panzram fut un pyromane tions, ainsi qu’un Colt M1911, qu’il allait 213
et voleur prolifique, et il fut condamné à la ensuite utiliser pour commettre plusieurs
prison à plusieurs reprises. Pendant ses meurtres.
incarcérations, Panzram agressa les gardiens
et refusa obstinément de suivre les règles. La maison et l’arme étaient celles de
Les gardiens ripostèrent en le tabassant ou William Howard Taft, l’homme qui l’avait
en l’enfermant à l’isolement durant des fait condamner à trois ans de travaux forcés
mois. Il s’évada de prison au Texas et dans en 1907, et qui avait ensuite été Président
l’Oregon. entre 1909 et 1913.
Panzram se rendit ensuite à New York pour gardiens. Il demanda alors à son avocat de
vendre les produits de ses larcins. Il acheta vendre son bateau pour payer sa caution. Il
un yacht, le Akista, et navigua entre Long fut libéré avant que l’avocat et la police ne
Island et le Connecticut. En chemin, il réalisent que le bateau avait en fait été volé.
cambriola des dizaines de bateaux amarrés, Panzram resta dans le Connecticut. Le 9
volant les boissons alcoolisées, les armes, et août 1923, il viola et assassina un jeune
tout ce qui lui tombait sous la main. mendiant de 14 ans, Alexander Luszzock,
près de New Haven.
À Manhattan, Panzram remarqua les
hordes de marins dont les bateaux étaient Dans la nuit du 26 août 1923, Panzram
amarrés le long de l’East River, et réalisa tenta de voler des bagages dans le dépôt de
qu’un grand nombre d'entre eux recherchait train de Larchmont, dans le Connecticut.
du travail sur les cargos ou les bateaux Un policier le surprit et Panzram l’attaqua
locaux. Panzram attira des marins jusqu’à avec une hache. Le policier parvint à le
son yacht, les enivra, les viola puis les abat- maîtriser et Panzram fut accusé de trois
tit avec le Colt de William Taft. Il jeta leurs cambriolages dans les environs. Il expliqua
corps alourdis d’une pierre près d’un phare aux policiers qu’il était recherché dans
de Long Island. Il affirma par la suite en l’Oregon pour avoir abattu un homme. Les
avoir tué une dizaine en tout. Il s’arrêta policiers vérifièrent et les autorités de
lorsque le Akista fit naufrage près l’Oregon répondirent par l’affirmative.
d'Atlantic City et que ses deux dernières
victimes potentielles lui échappèrent. Toutefois, il ne fut pas renvoyé dans
l’Oregon mais condamné à cinq ans de pri-
En 1921, Panzram purgea six mois de pri- son, et envoyé au pénitencier de Sing Sing,
son dans le Connecticut pour cambriolage. à New York. Il se montra tellement agressif
Une fois relâché, il adhéra à un syndicat qu’il fut rapidement transféré à la Prison de
Serial Killers
maritime impliqué dans une grève. Il parti- Clinton surnommée “le trou de l’Enfer”,
cipa à plusieurs rixes avec des briseurs de où les gardiens traitaient les détenus avec
grève, et fut arrêté pour avoir été impliqué cruauté et brutalité. Panzram tenta de met-
dans une fusillade avec la police. Il s’enfuit tre le feu aux ateliers mais fut surpris par
et, quelques jours plus tard, il embarqua des gardiens. Il fracassa le crâne d’un gar-
clandestinement sur un navire. Il se dien alors que ce dernier s’était assoupi. Il
retrouva en Angola, sur la côte ouest de tenta de s’échapper en escaladant l’enceinte
l'Afrique. Dans la ville côtière de Luanda, de la prison, et se brisa les jambes en retom-
Panzram viola et tua un garçon de 11 ans. Il bant. Il ne reçut aucun soin médical.
affirma également avoir loué un bateau à À peine remis, il viola un détenu. Il passa
rames, avoir abattu les six rameurs et avoir deux années en isolement.
jeté leurs corps aux crocodiles.
Il sortit en juillet 1928, handicapé par le
Durant l’été 1922, de retour aux États- manque de soins médicaux, ivre de rage et
Unis, Panzram s’en prit à George Henry de vengeance.
McMahon, 12 ans, qu’il viola et assassina le
18 juillet 1922 à Salem. Il partit ensuite En deux semaines, il commit une douzaine
pour New York où il travailla durant de cambriolages et tua un homme lors d'un
quelques mois comme gardien de nuit. vol à Baltimore. Il fut arrêté pour cambrio-
lage à Washington DC et donna son nom
réel pour la première fois depuis des années.
Au cours de l'été au début de 1923, Durant les premiers jours à la prison de
Panzram se rendit à Providence, Rhode DC, il expliqua avoir tué des enfants. Les
Island, où il vola un petit bateau. Il s’amarra gardiens prévinrent les autorités, qui lancè-
à New Haven pendant des semaines, et ne rent des enquêtes dans plusieurs États et
sortit que la nuit, sillonnant les rues pour réalisèrent que Carl Panzram était recher-
violer et voler ses victimes. Il cambriola des ché pour d’innombrables crimes et délits.
maisons et des bateaux dans le Au même moment, un jeune gardien de 26
Connecticut. ans, Henry Lesser, tenta d’engager la
conversation avec Panzram. Étrangement,
214 En juin 1923, il accosta la nuit à Yonkers, au le jeune homme eut pitié de Panzram,
nord de New York. Là, il convainquit “l’homme en colère qui détestait tout le
George Walosin, 15 ans, qu'il pourrait tra- monde”. Il lui donna un dollar pour acheter
vailler sur son bateau. Panzram le viola mais des cigarettes et de la nourriture supplé-
ne le tua pas. Quelques jours plus tard, mentaire. Cet acte fut comme une révéla-
George sauta à l’eau et nagea jusqu’au tion pour Panzram, car il n'avait jamais reçu
rivage. Il prévint la police et Panzram fut le moindre geste de compassion. Les deux
arrêté le 29 juin. À peine emprisonné, il hommes devinrent amis et Panzram se
tenta de s’évader mais fut surpris par les confia à Lesser.
Le gardien donna du papier et un crayon à Au regard de son casier judiciaire déjà bien
Panzram, et ce dernier décida d’écrire son rempli, Panzram fut condamné à une peine
autobiographie, détaillant ses crimes. de vingt-cinq ans au pénitencier fédéral de
Leavenworth. Panzram affirma aux gar-
“Dans ma vie, j'ai tué vingt et un êtres diens : “Je tuerai le premier homme qui me
humains, j'ai commis des milliers de cambrio- dérange”. Le 20 juin 1929, il assassina
lages, de vols, de larcins, d’incendies criminels Robert Warnke, employé de la buanderie de
et j'ai commis la sodomie sur plus de mille la prison, le frappant à mort avec une barre
hommes. Pour toutes ces choses, je ne suis pas le de fer. Panzram fut condamné à mort. Il
moins du monde désolé.” refusa de faire appel, menaçant même de
tuer les défenseurs des droits de l’homme
Les crimes avoués par Panzram furent qui tentèrent de faire appel en son nom.
ensuite confirmés auprès des autorités
locales, car il en fournit les dates et les lieux. Panzram fut pendu le 5 septembre 1930.
À l’époque, la communication entre les dif- Lorsque le bourreau lui demanda s'il avait
férentes polices du pays était quasi inexis- un dernier mot à prononcer, Panzram cria :
tante. Les criminels étaient souvent en “Oui, dépêche-toi, bâtard ! Je pourrais pendre
mesure de disparaître en changeant simple- une douzaine d'hommes pendant que tu te
ment de noms et en se faisant discrets. tournes les pouces !”
Serial Killers
New York.
Profil de :
Carl Panzram
• Les victimes sont
fort diverses mais
sont toutes des hom ce
mes ou des garçons.
s’en prend souvent Il
aux faibles, aux san
défense. C’est s
pe
effrayant, très lai ut-être un homm
d ou très impressio e
nant : des victimes n-
« classiques » (jeune
femmes) l’auraient s
fui ou ne l’auraien
même pas laissé approc t
• Homme blanc entre her.
25
• Tueur organisé et et 35 ans, célibataire.
intelligent.
• Les victimes ont
été
différentes et des tuées dans des villes
Éta
tueur est un voyageur, ts différents. Le
d’emploi fixe. il n’a sûrement pas
• Le tueur a sûreme
nt été
sions sexuelles aupara arrêté pour agres-
pour des cambriolages vant, peut-être aussi
, du voyeurisme et/
des incendies volont ou
aires.
• Carl Panzram est
l’un
qui n’ait jamais exi des pires criminels
violeur, pyromane sté. Tueur en série, 215
et cambrioleur, il
assassiné au moins vin a
gt-deux personnes.
1924-1934
Albert Fish
En 1890, à l’âge de 20 ans, Albert Fish par- Le père de Francis, un policier, organisa les
tit vivre à New York et y travailla comme recherches. Ils trouvèrent le corps du garçon
peintre. Lorsqu’il eut assez d’argent pour dans un bois, caché sous des branches. Ses
louer un appartement, il fit venir sa mère à vêtements avaient été arrachés et il avait été
New York, où ils vécurent ensemble. Il étranglé avec ses bretelles. Il avait été frappé
commença à violer des enfants, générale- si violemment que la police douta que le «
ment de tous jeunes garçons, et fréquenta vieux clochard » ait pu être aussi âgé et aussi
de plus en plus souvent les bordels où il frêle qu’il en avait l’air. À moins que le vieil
pouvait être fouetté et frappé. homme ait eu un complice…
En 1898, sa mère arrangea pour lui un En peu de temps, des experts en empreintes
mariage, avec une femme plus âgée que lui digitales et 250 policiers en civil furent assi-
de neuf ans, avec qui il eut six enfants. Fish gnés à cette affaire. Cette immense chasse à
fut capable de maintenir une façade de nor- l’homme permit de découvrir plusieurs sus-
malité car le mariage dura vingt ans. pects prometteurs, mais aucun ne ressem-
Toutefois, en janvier 1917, alors que leur blait au “clochard” moustachu aux cheveux
gris. Malgré les énormes efforts de la police
216
plus jeune enfant n’avait que 3 ans, l’épouse
de Fish le quitta pour un autre homme. Ils et des habitants de Charlton Woods, l’as-
emmenèrent les meubles avec eux, mais pas sassin ne fut pas retrouvé.
les enfants. Albert Fish dut s’en occuper
seul et se montra un père aimant. En février 1927, à Brooklyn, Billy Gaffney,
4 ans, jouait dans l’allée devant son appar-
Cependant, peu après le départ de son tement avec l’un de ses voisins, Billy
épouse, Fish commença à souffrir d’halluci- Beaton, 3 ans. Les deux garçons disparu-
nations et à entendre des voix. Il commença rent. Un peu affolé, monsieur Beaton les
à se faire souffrir délibérément, notamment chercha un moment et finit par trouver son
fils, seul, sur le toit de l’immeuble. Le gar- La grammaire et la graphie laissaient pen- Albert Fish
çonnet expliqua qu’un “croque-mitaine” ser que monsieur “Howard” avait de l’édu- Monstre à l’apparence
avait emmené Billy Gaffney. cation, voire même du raffinement. insignifiante
APP 12 Prestance 60 %
CON 13 Endurance 65 %
Le lendemain, lorsque les policiers com- La police localisa également la boutique où
DEX 13 Agilité 65 %
mencèrent à chercher Billy Gaffney, ils “Frank Howard” avait acheté la crème
ignorèrent le jeune témoin. Les enquêteurs fraîche qu’il avait offerte aux Budd. Le FOR 12 Puissance 60 %
TAI 12 Corpulence 60 %
ÉDU 11 Connaissance 55 %
pensèrent d’abord que Billy avait erré bureau et la boutique se situaient tous les
INT 14 Intuition 70 %
jusqu’à des bâtiments industriels proches, deux à East Harlem, un quartier sur lequel
ou pire, qu’il était tombé dans le canal, un se focalisèrent les recherches. Les enquê- POU 08 Volonté 40 %
Valeurs dérivées
peu plus loin. Des voisins organisèrent des teurs songèrent d’abord à fouiller chaque
Impact +2
recherches et l’on dragua le canal, mais Billy maison de ce quartier puis abandonnèrent
Points de Magie 08
ne fut pas retrouvé. Finalement, quelqu’un l’idée, faute de personnels disponibles.
écouta Billy Beaton, qui décrivit le “croque- Points de Vie 13
mitaine”. C’était un vieil homme gracile, La disparition de Gracie Budd déclencha Santé Mentale 15
Compétences
avec des cheveux gris et une moustache des recherches de grande envergure à tra-
grise. La police ne relia pas la disparition de vers toute la ville de New York. La photo de Baratin 60%
Cuisiner la viande humaine 50%
Discrétion 50%
Billy Gaffney à celle de Francis Gracie apparut sur la première page de tous
Dissimulation 55%
McDonnell. les journaux, permettant de recueillir des
Écrire des horreurs 60%
centaines de pistes et de conseils de la part
Imposture 55%
Inspirer confiance 70%
Le 25 mai 1928, Edward Budd publia une d’une population paniquée.
Mutiler un corps 75%
annonce dans le New York World, propo-
Pister 55%
sant ses services comme garçon de ferme. Des milliers de mémos furent imprimés et
Le 28 mai, un vieux monsieur portant des distribués aux départements de police à tra- Se cacher 70%
Trouver Objet Caché 60%
Vigilance 60%
cheveux gris et une moustache grise se pré- vers les États-Unis et le Canada, malheu-
senta à ses parents sous le nom de Frank reusement sans résultat. Les Budd se
Langues
Serial Killers
Howard, un fermier de Farmingdale, Long découragèrent à mesure que chaque piste
Island, qui voulait l’embaucher. Il fut menait à une impasse. Anglais 55%
Combat
convenu qu’il reviendrait pour emmener
• Bagarre 55%
Edward à la ferme. Le dimanche, Frank En 1930, Fish fut inculpé pour avoir envoyé
Howard revint à l’appartement des Budd des lettres obscènes à des femmes. Il fut Dégâts 1D3 + Impact
• Couteau 50%
Dégâts 1D4+2 + Impact
avec des fraises et un pot de crème fraîche : envoyé à l’hôpital psychiatrique de Bellevue
“Ce sont des produits qui viennent directement pour une observation de dix jours. En fait,
de ma ferme”. Durant le déjeuner, monsieur il resta presque un mois, durant l’hiver
Howard se montra charmant et affable, 1930. Il était poli et coopératif, les médecins
mais ne quitta pas des yeux la jeune Gracie, jugèrent qu’il était sain d’esprit bien que
la benjamine des Budd, une ravissante fil- frappé par des problèmes sexuels qu’ils
lette de 10 ans. attribuaient à une démence causée par son
âge… Considéré inoffensif, il fut libéré et
Frank Howard expliqua alors qu’il allait confié à la garde de sa fille Anna. Il envoya
revenir chercher Edward, mais qu’il devait d’autres lettres en 1934.
d’abord se rendre à la fête d’anniversaire
que sa sœur organisait pour l’une de ses En novembre 1934, un seul policier,
filles. Alors qu’il s’apprêtait à partir, il invita William King, continuait encore l’enquête
Gracie à l’accompagner à l’anniversaire. sur la disparition de Gracie. Il demanda à
Madame Budd demanda à monsieur un journaliste de publier un article conte-
Howard où vivait sa sœur et il répondit nant une fausse allégation selon laquelle
qu’elle possédait un appartement entre l’enquête avançait. Dix jours plus tard,
Columbus et la 137ème Rue. Les parents madame Budd reçut une lettre par télé-
acceptèrent que monsieur Howard emmène gramme, que son manque d’éducation ne lui
Gracie. Ils ne la revirent plus jamais. permit pas, heureusement, de lire. Son fils
Edward la lut à sa place et courut immédia-
Le lendemain matin, les Budd se rendirent tement la donner au détective King. La let-
au poste de police pour déclarer la dispari- tre était tout simplement abominable (cf.
tion de la fillette. On leur annonça que p.218).
l’adresse que “Frank Howard” avait donnée
pour la maison de sa soi-disant sœur… Personne ne voulait croire que cette lettre 217
n’existait pas. Il n’y avait aucun Frank atroce soit autre chose qu’un détestable
Howard possédant une ferme à Farmingale, canular. Mais le détective King remarqua
Long Island. Rien de tout cela n’était vrai. que les détails de la rencontre entre Gracie
La police trouva toutefois quelques pistes et son assassin étaient tous exacts : le pot de
solides. “Frank Howard” avait envoyé son crème, les fraises, le prétexte de la fête d’an-
message aux Budd depuis un bureau de la niversaire… King découvrit rapidement
Western Union et les enquêteurs mirent la l’original du télégramme : l’écriture de cette
main sur la note manuscrite originale. lettre était identique à celle du courrier
Chère Madame Budd,
Serial Killers
qu’il lui était arrivé “d’emprunter” les lettres février 1927. L’homme tentait de calmer un
et enveloppes de l’association pour les petit garçon assis à côté de lui dans le tram.
emmener chez lui. Il en avait laissé dans la
“pension de famille” où il vivait auparavant. Le petit garçon était Billy Gaffney.
Interrogé, Albert Fish avoua les actes
La propriétaire de la pension affirma que innommables qu’il avait fait subir à Billy. Il
l’ancienne chambre du chauffeur avait été avait battu et assassiné le garçon avant de
récemment occupée par un homme qui res- découper son corps en morceaux, qu’il avait
semblait à la description de “Frank jetés dans des mares d’eau vaseuses. Il avait
Howard”. Son nom était Albert Fish. ramené certains morceaux chez lui et les
avait mangés.
L’inspecteur King vérifia scrupuleusement
la signature de Fish dans le registre et fut Quelques jours plus tard, un homme de
convaincu que l’écriture était la même que Staten Island vint identifier Fish comme
celle des lettres envoyées aux Budd. l’homme qui avait tenté d’enlever sa fille de
L’homme avait quitté la pension deux jours 8 ans pour l’emmener dans les bois, non loin
plus tôt. de l’endroit où Francis McDonnell avait été
assassiné trois jours plus tard en 1924.
La propriétaire mentionna toutefois que La fille, à présent adolescente, vit Albert
Fish lui avait demandé si elle avait reçu une Fish dans sa cellule et le reconnut.
lettre qu’il attendait de son fils, en Caroline “L’homme gris” avait enfin une identité.
du Nord. Le fils envoyait régulièrement de Fish fut examiné par le docteur Fredric
l’argent à son vieux père... Le détective Wertham (senior psychiatrist du départe-
King décida d’attendre patiemment ment des hôpitaux de New York) qui fut
qu’Albert Fish fasse son apparition. Un jour surpris que Fish soit “humble, doux, bienveil-
passa, puis un second. lant et poli”. “Si vous cherchiez quelqu’un en
qui vos enfants puissent avoir confiance, il
Le 13 décembre 1934, la propriétaire aurait été celui que vous auriez choisi.”
appela le détective King. Albert Fish était à
la pension, pour recevoir sa lettre. Le vieil Au départ, le docteur Wertham se demanda 219
homme buvait tranquillement un thé si Fish lui mentait, surtout lorsqu’il lui
lorsque King ouvrit la porte. expliqua qu’il avait enfoncé des aiguilles
dans son corps durant des années, dans la
Le détective King écouta en premier les région située entre le rectum et le scrotum.
aveux de Fish. Ce dernier lui expliqua cal- “Il m’affirma l’avoir également fait à d’autres
mement qu’il avait emmené Gracie au personnes, surtout des enfants. Au début, me
“Wisteria Cottage”, au beau milieu d’un dit-il, il avait juste planté ses aiguilles et les
bois. avait enlevées.
1940-1941
Ensuite, il en avait enfoncé d’autres si pro-
fondément qu’il a été incapable de les enle-
Paul Ogorzow
ver et elles sont restées là.”
Le docteur Wertham fit passer une “Un tueur d’une nature totalement froide
radio à Albert Fish… et découvrit et calculatrice, qui a exploité sans vergogne
que vingt-neuf aiguilles étaient effec- le couvre-feu afin de satisfaire ses pulsions
tivement enfoncées dans sa région sexuelles perverses.”
pelvienne. Le juge, durant le procès d’Ogorzow
Le docteur Wertham affirma que Fish Paul Ogorzow a été surnommé le “S-Bahn
souffrait d’une “psychose religieuse”. Il mördrer” (l’assassin du train de Berlin). En
témoigna pour la défense, tout comme pleine Allemagne nazie, il a violé et assas-
deux autres psychiatres, que Fish était siné des jeunes femmes à Berlin. Né en
aliéné et non responsable de ses actes. 1912, Paul Ogorzow était le fils illégitime
d’une domestique qui travaillait dans une
Les quatre psychiatres de l’accusation ferme, issue d’une famille pauvre et illettrée.
témoignèrent au contraire que Fish était En 1924, le garçon fut adopté par Johann
sain d’esprit. L’un de ces psychiatres était Ogorzow, un ouvrier agricole d’un village
le directeur de l’hôpital psychiatrique voisin. Le jeune garçon prit son nom et tra-
Bellevue où Fish avait été interné pour vailla lui aussi à la ferme. À l’adolescence, il
observation deux années après le meur- travailla dans une fonderie d’acier à
tre de Gracie Budd et où il avait été jugé Brandebourg.
“inoffensif et sain d’esprit”…
En 1931, Paul Ogorzow rejoignit le parti
Albert Fish fut jugé pour le meurtre de nazi, puis la SA en 1932.
Gracie Budd en mars 1935 et reconnu
Serial Killers
Profil de :
déménagèrent à Karlshorst. Ses voisins
racontèrent par la suite qu’ils le voyaient
Albert Fish souvent jouer avec ses enfants ou s’occuper
de son jardin, tel un bon père de famille.
• Les victimes dis
parues sont toutes
enfants. Le tueur est des
Mais son épouse affirma quant à elle que
ell
les enfants avec des igent. Il « séduit »
bon
suivent, il s’est cré bons pour qu’ils le
En 1940, il obtint le grade de “Scharführer”
Mais il choisit s.
collègues des chemins de fer. Ils pouvaient
cer
hasard et la premiè taines victimes au
re
de temps après le meu a été retrouvée peu
compter sur lui, tant pour les signaux lumi-
(pourtant de jeunes e
enfants incapables
maisons de vacances de Friedrichsfelde, au
se défendre) en les de
att ach ant. Cela fait
travers duquel la S-Bahn passait. À
sans doute partie
d’u
qu’il a pu utilis n fantasme pervers,
l’époque, le quartier était principalement
Serial Killers
Combat
objet contondant. Trente et une femmes immédiatement qu’un tueur en série était à
l’œuvre. Rien qu’en décembre 1940, il y eut • Bagarre 60%
Dégâts 1D3 + Impact
déposèrent plainte pour viol et agression
• Arme contondante 55%
sexuelle, et toutes firent mention de l'uni- vingt-huit décès enregistrés sur les chemins
Dégâts 1D8 + Impact
forme de chemin de fer porté par leur de fer de la capitale - presque une victime
• Armes de poing 45%
par jour. La grande majorité était morte à
Dégâts 1D10
agresseur.
cause du couvre-feu : des personnes tom-
Un soir, alors que Paul Ogorzow agressait baient des plates-formes à cause de l'obscu-
une femme, deux hommes vinrent à sa res- rité, ou étaient frappées par les trains à
cousse. Il fut violemment battu mais par- pleine vitesse alors qu’elles traversaient les
vint à s’enfuir. Échaudé par les coups, il voies.
décida qu’il tuerait ses prochaines victimes.
En septembre 1940, portant toujours son Deux des victimes d’Ogorzow, qui furent
violées et jetées sur la S-Bahn, survécurent
uniforme de travail, Ogorzow décida qu’il
pour décrire leur agresseur, un employé de
attendrait tranquillement ses victimes
la S-Bahn portant un uniforme noir.
potentielles dans un wagon vide.
En décembre 1940, la police avait compris
Les voitures des passagers n’étaient pas illu-
qu’un tueur sévissait, mais les autorités
minées à ce moment-là, à cause du couvre-
nazies censuraient toutes mauvaises nou-
feu sur Berlin. En raison des bombarde- velles et Goebbels lui-même ordonna que
ments alliés sur la capitale allemande, le l’on dissimule la série de meurtres de la S-
couvre-feu était déclaré pour protéger les Bahn. Par conséquent, le commissaire
cibles stratégiquement importantes, plon- William Lüdtke, chef de la police crimi-
geant la ville dans l’obscurité. Ces condi- nelle de Berlin, ne put demander publique-
tions étaient également favorables à l'acti- ment des informations sur les viols ou les
vité criminelle. meurtres, ni même avertir les femmes voya-
geant à bord des trains de nuit. Lüdtke
La recrudescence de la criminalité pendant ordonna donc à ses enquêteurs de traiter
le couvre-feu était si importante qu'une l'affaire en toute discrétion.
unité de police spéciale fut créée pour lutter
contre ce phénomène. Ogorzow, quant à L'antisémitisme et la xénophobie frappant 221
lui, exploita l’obscurité pour traquer ses vic- la Kriminalpolizei empêchèrent tout
times, puis disparaître. d’abord les enquêteurs de soupçonner que
l'auteur des crimes fût un citoyen allemand,
Prévoyant qu’une femme seule ne se méfie- plutôt qu'un ouvrier italien, polonais ou
rait pas d'un employé en uniforme de la S- français en STO dans l'une des usines
Bahn, Ogorzow approchait innocemment proches du réseau ferroviaire, ou un juif.
ses victimes en leur demandant leur billet. Il Ogorzow était un membre du parti nazi et
les violait puis les frappait à la tête avec un un SA, sans casier judiciaire…
Les camps des travailleurs étrangers furent La police ne le crut pas et s’apprêtait à le
placés sous couvre-feu, et des vérifications faire inculper lorsque Paul Ogorzow fut
approfondies furent effectuées sur le per- dénoncé par un collègue. Ce dernier, cho-
sonnel étranger travaillant pour le chemin qué par les commentaires misogynes
de fer. Ensuite, 5 000 des 8 000 employés d’Ogorzow sur les meurtres, expliqua à la
ferroviaires de Berlin furent interrogés. Les police que ce dernier escaladait souvent la
patrouilles de police furent doublées sur la clôture du dépôt des chemins de fer pen-
S-Bahn et le parti nazi envoya des soldats dant les heures de travail. Ogorzow répon-
pour protéger les femmes seules qui se ren- dit aux enquêteurs qu'il rencontrait furtive-
daient dans la région. Des femmes officiers ment une maîtresse dont le mari était à la
de police furent utilisées comme appât à guerre.
bord des wagons de seconde classe et d’au-
tres policiers se vêtirent comme des ouvriers Toutefois, le commissaire Wilhelm Lüdtke
des chemins de fer. examina les uniformes d’Ogorzow et réalisa
que chacun d’entre eux était taché de sang.
Ogorzow se porta volontaire pour escorter L’une de ses victimes survivantes l’identifia.
les femmes seules durant la nuit mais pré- Confronté à Lüdtke, lui aussi officier SA,
féra finalement se faire oublier. Il ne com- Ogorzow avoua ses crimes, mais expliqua sa
mit aucun crime durant presque cinq mois, frénésie meurtrière par un mauvais traite-
entre mi-février et fin juin 1941. Mais ses ment contre la gonorrhée qu’il avait reçu
pulsions reprirent le dessus et, le 2 juillet d’un médecin juif...
1941, il viola Frieda Koziol, 35 ans, puis lui
fracassa le crâne, à Friedrichsfelde, le quar- Le 21 juillet 1941, Paul Ogorzow fut ren-
tier où il avait violé des dizaines de femmes voyé du parti nazi.
auparavant. Les enquêteurs relevèrent une
empreinte de chaussure de marque Ogorzow plaida coupable de huit meurtres,
Salamander et de taille 40. six tentatives de meurtre et trente et un
Serial Killers
Profil de :
Paul Ogorzow
• Homme. Selon les tém
oignages, il porterait
forme de la S-Bahn. un uni-
• Entre 25 et 35 ans
: les victimes sont
entre 19 et 46 ans des femmes
mais la plupart d’e
sont jeunes. ntre elles
• Tueur organisé et
int
ticulièrement intell elligent. Il n’est pas par-
ige
times survivantes exp nt ou charmeur car les vic-
liq
elles juste après leu uent qu’il s’est jeté sur
r avoir demandé leur
sans chercher à les billet,
amadouer ou à les «
à lui. attirer »
• Le tueur est un vio
leu
Il a sûrement démont r particulièrement brutal.
envers les femmes aupré un comportement violent
exprime ouvertement aravant et, au minimum, il
• Célibataire. Il tue son mépris envers les femmes.
ind
les week-ends, la nui ifféremment en semaine ou
t. Cependant, s’il occ
poste de nuit, il se upe un
doute de rien. S’il peut que sa compagne ne se
est effectivement mar
épouse doit subir sa ié, son
• Tous les meurtres violence.
ont été commis le
section de 9 km de long d’une
222 long de la S-Bahn,
stations Betriebsbahnhof entre les
Friedrichshagen. Tro Rummelsbur
is de ses premières g et
ont été découvertes victimes
à Karlshorst. Cinq
nières victimes (me des der-
urt
découvertes à Friedr res et tentatives) ont été
ichsfelde. On peut pen
le lieu d’habitation ser que
du
vail se situe soi tueur ou son lieu de tra-
Friedrichsfelde. t à Karlshorst,
soit à
Le Cleveland
1935-1938
Torso Murderer
Serial Killers
pauvres s’entassaient dans les maisons déla-
brées qui bordaient le terrain. plus âgée mais la police pensa trouver faci-
lement l’assassin d’Edward Andrassy en
Le 23 septembre 1935, deux jeunes garçons suivant la trace de ce dernier dans les bars
qui s’amusaient dans le terrain vague louches et les salons de jeu qu’il avait fré-
remarquèrent une forme blanche dans des quentés. Les policiers considéraient que les
buissons. C’était un corps décapité. Le crimes étaient l’œuvre du crime organisé ou
médecin légiste déclara qu’il appartenait à une vengeance. Mais l’enquête ne les mena
un jeune homme blanc et mince, vêtu uni- nulle part.
quement d’une paire de chaussettes. Le
La presse trouva rapidement un surnom au
corps avait été émasculé. Les enquêteurs
tueur : “Le boucher fou de Kingsbury Run”.
fouillèrent la zone et découvrirent un
second corps une dizaine de mètres plus Quatre mois plus tard, le 26 janvier 1936,
loin, celui d'un homme plus âgé, qui avait un couple remarqua un chien qui tentait
lui aussi été décapité et émasculé. Un peu d’ouvrir un grand panier posé contre le mur
plus tard, une touffe de cheveux dépassant d’une usine, non loin de Kingsbury Run. Le
du sol fut remarquée par un policier. Les panier contenait un bras humain. Ils retirè-
enquêteurs creusèrent et mirent à jour l’une rent un sac de jute du panier et découvrirent
des têtes manquantes. Plus loin, le tueur le torse d’une femme, dont la tête, le bras
avait jeté l’autre tête et les organes génitaux gauche et le bas des jambes manquaient.
tranchés. Les deux hommes avaient été Les policiers identifièrent le corps grâce à
assassinés dans un autre endroit, vidés de ses empreintes digitales : Florence “Flo”
leur sang et lavés, puis transportés jusqu’à Polillo, une ancienne prostituée de 41 ans,
Kingsbury Run. On ne trouva de sang ni bien connue dans les bars locaux, et très
sur les cadavres ni sur le sol. L’autopsie appréciée pour sa gentillesse.
révéla que le corps de l’homme plus âgé
avait été abandonné au moins deux Là aussi, les enquêteurs suivirent de
semaines auparavant. Sa peau avait été nombreuses pistes mais sans résultat. Le
décolorée par une solution chimique utili- 7 février, le bras droit et les jambes de
223
sée soit pour préserver le corps, soit pour Florence Polillo furent découverts dans un
l’abîmer. terrain vague, mais sa tête ne fut jamais
retrouvée.
La plus jeune des deux victimes était morte
depuis trois à quatre jours seulement et ses La découverte de ce corps de femme modi-
empreintes permirent de l’identifier : fia complètement l’orientation de l’enquête.
Edward Andrassy, un beau jeune homme de Les policiers s’étaient jusque-là convaincus
28 ans. Il vivait près de Kingsbury Run, que le tueur était homosexuel et avaient
avait perdu son emploi comme beaucoup enquêté presque uniquement dans cette
d’autres à cause de la Grande Crise, et avait direction.
La population de Cleveland crut que les
meurtres allaient être résolus rapidement
lorsque le célèbre Eliot Ness fut nommé
directeur de la sécurité publique pour
superviser les services de police de la ville.
Ness avait arrêté des dizaines de gangsters à
Chicago quelques années plus tôt et s’était
taillé une belle réputation avec son équipe
d’”Incorruptibles”. Mais il était venu à
Cleveland pour combattre le crime orga-
nisé, le jeu illégal et la corruption, non pour Elle ne fut pas retrouvée. La victime était
chasser un tueur en série. Poursuivre un un homme de 25 à 30 ans plutôt musclé.
tueur sadique sans mobile compréhensible
était très différent de combattre le crime Le chapeau fut identifié par une femme
organisé, motivé par l’argent et le pouvoir. vivant dans le voisinage car elle l’avait offert
Le “boucher fou” frappait au hasard, ne lais- à un sans-logis. Non loin de l’endroit où le
sait aucun indice matériel, et semblait corps avait été trouvé se situait un camp de
n’avoir aucune relation avec ses victimes.
clochards, qui y dormaient et y mangeaient.
Le tueur y avait apparemment trouvé sa
Les meurtres recommencèrent durant l’été.
victime.
La tête d’un homme emballée dans un pan-
talon fut découverte sous un pont à
Plusieurs mois passèrent sans qu’aucun
Kingsbury Run le 4 juin. Le corps fut
corps ne soit découvert. Les journaux de
retrouvé quelques centaines de mètres plus
tout le pays continuèrent toutefois de
loin, quasiment en face du poste de police
publier des articles sur le Torso Murderer.
local. L’homme avait été attaché et décapité
Cleveland avait accueilli la convention
alors qu’il était vivant, vidé de son sang,
Serial Killers
224
était coupé en deux. En draguant la mare, reposait dans un grand sac de jute, avec un
les enquêteurs retrouvèrent les deux jambes journal daté de juin 1936. Les bras et les
et la cuisse droite, ainsi qu’un chapeau en jambes manquaient, mais la tête était pré-
feutre portant la marque d’un fabricant de sente, a priori décapitée. Selon le médecin
l’Ohio. légiste, la victime était une petite femme
noire qui possédait de nombreuses dents en
Des centaines de curieux vivant dans les or. La famille d’un dentiste décédé proposa
maisons avoisinantes s’amassèrent autour un nom pour la victime : Rose Wallace, une
de la mare alors que la police cherchait la prostituée. Après enquête, la police rejeta
tête de la victime. cette identification.
Un mois plus tard, le 6 juillet, le torse d’un La photo fut publiée dans les journaux et la
homme décapité fut retrouvé dans la pièce fut identifiée comme la chambre d’un
Cuyahoga River. Ses deux cuisses étaient homosexuel d’âge moyen qui vivait avec ses
encore attachées au torse. Dans les deux sœurs.
semaines qui suivirent, on retrouva ses bras,
ses mains et ses jambes, mais pas sa tête. La Les enquêteurs fouillèrent sa maison. Ils
victime était un homme mince d’une qua- trouvèrent du sang sur les murs de la cham-
rantaine d’années, avec des ongles propres bre ainsi qu’un grand couteau de boucher
et bien coupés. Il ne fut pas identifié. La caché dans une malle. Il s’avéra que le sang
décapitation était la cause du décès, mais était celui du suspect (il saignait facilement
pour la première fois, le tueur avait enlevé du nez) et que le couteau ne présentait
les organes abdominaux et le cœur, de aucune trace de sang. De plus, une victime
manière assez maladroite. du “boucher” fut découverte alors que le
suspect était emprisonné.
Un témoin affirma avoir vu deux hommes
dans un bateau la nuit précédente, à l’en- En janvier 1939, un journal de Cleveland
droit où le corps avait été retrouvé. Mais imprima une lettre qui avait été envoyée de
cette piste ne mena nulle part. Le 8 avril Los Angeles, et qui avait soi-disant été
1938, une jambe fut sortie de la Cuyahoga écrite par le Torso Murderer. L’expéditeur
River et, trois semaines plus tard, deux sacs affirmait être le tueur et s’être installé en
de jute qui contenaient un torse coupé en Californie pour l’hiver. Il considérait les
deux, des cuisses et des pieds. Le médecin victimes comme des cobayes de laboratoire
légiste détermina que le corps était celui qui ne manqueraient à personne.
d’une femme mince d’environ 25 ans. Elle Sa dernière victime lui avait permis de
ne fut pas identifiée. prouver sa théorie. Sa tête serait découverte
à Los Angeles sur Century Boulevard.
Le 16 août 1938, le torse d’une femme fut
Serial Killers
découvert dans une décharge le long du lac Mais aucune tête ne fut retrouvée à
Érié. Les enquêteurs trouvèrent sa tête et Los Angeles et la chasse à l’homme recom-
ses mains, puis le corps d’un homme mença à Cleveland.
quelques mètres plus loin, à l’état de sque-
lette, et son crâne. Les enquêteurs trouvèrent un nouveau sus-
pect en retraçant les derniers jours de Flo
La femme avait entre 30 et 40 ans, était
Polillo et Rose Wallace. Elles fréquentaient
mince et de taille moyenne. Elle était morte
le même saloon, où Edward Andrassy avait
aux environs de mars 1938. L’homme avait
lui aussi été vu. Un certain Frank Dolezal,
sensiblement le même âge et la même sta-
qui portait des couteaux et menaçait sou-
ture, et portait des cheveux longs. Aucun
vent les gens lorsqu’il était saoul, fréquen-
des deux corps ne fut identifié.
tait ce même saloon. Et il avait vécu avec
Florence Polillo pendant quelque temps. Il
Considérant que le « boucher fou » choisis-
fut arrêté. Les enquêteurs trouvèrent une
sait ses victimes parmi les sans-abri et la
substance brune semblable à du sang séché
population pauvre de Kingsbury Run et
que l’endroit était donc la “cause” des meur- sur le sol de sa salle de bain, ainsi que plu-
tres, Ness prit une mesure radicale. Les sieurs couteaux présentant des traces de
policiers investirent le bidonville qui se sang séché. Interrogé avec insistance,
trouvait sur le terrain. Ils arrêtèrent des cen- Dolezal avoua le meurtre de Flo Polillo et
taines de vagabonds et incendièrent les les journaux annoncèrent l’arrestation du
cabanes, plongeant cette population déjà “boucher fou”. Malheureusement, les ana-
très affectée dans le désespoir. Coïncidence lyses médico-légales démontrèrent que la
ou bonne initiative, les meurtres cessèrent. substance brune dans la salle de bain n’était
pas du sang. Les aveux de Dolezal étaient
Les meurtres du “Cleveland Torso Murderer” criblés d’erreurs, notamment sur la descrip-
ne furent jamais officiellement résolus. tion des corps. En août 1939, Dolezal se
Certains des enquêteurs ayant travaillé sur pendit dans sa cellule. Son autopsie révéla
l’affaire affirmèrent par la suite avoir iden- qu’il avait quatre côtes cassées, suggérant
que ses “aveux” avaient peut-être été obte-
225
tifié le tueur, sans pouvoir toutefois l’appré-
hender. Ils passèrent des heures à chercher nus par la force…
le “laboratoire” du tueur, pensant qu’il
découpait ses victimes dans un endroit isolé En décembre 1939, trois corps décapités
et pratique. Ils pensèrent l’avoir trouvé furent découverts dans des wagons de train
lorsqu’ils mirent les mains sur un négatif près de Pittsburgh. Eliot Ness envoya trois
photo qui avait été trouvé chez l’une des enquêteurs pour examiner les cadavres et ils
premières victimes, Edward Andrassy : la conclurent que ces meurtres n’étaient pas
photo montrait Andrassy allongé sur un lit l’œuvre du “boucher fou”. Ces trois meur-
dans une pièce inconnue. tres ne furent pas résolus.
Le “Cleveland Torso Murderer” fut égale- Les autres victimes qui, selon Merylo,
ment soupçonné par certains du meurtre étaient reliées au tueur furent découvertes
d’Elizabeth Short (le Black Dahlia) en dans un endroit surnommé “Murder
1947 en Californie. Le corps de la jeune Swamp” (le marais des meurtres), situé à
femme avait été coupé en deux, comme la New Castle, près de Pittsburgh. Merylo
septième victime du “boucher fou”. était persuadé que le tueur utilisait les che-
mins de fer, expliquant comment il dispa-
Le 23 juillet 1950, le corps d’un homme raissait avec tant de facilité après avoir
décapité et émasculé fut découvert à déposé les corps.
quelques kilomètres de Kingsbury Run. On
retrouva la tête quatre jours plus tard et la Au moins trois corps, deux hommes et une
victime fut identifiée comme étant Robert femme, avaient été retrouvés dans le marais
Robertson. Le médecin légiste Samuel en 1925, tous décapités. Le terrain autour
Gerber, qui avait pratiqué la plupart des du marais était très semblable à celui
autopsies des victimes du tueur, affirma que de Kingsbury Run. Merylo pensa que le
“ce travail ressemblait exactement à celui du “Murder Swamp” était l’endroit où le “bou-
Torso Murderer”. cher fou” avait tué ses premières victimes.
Il semble que cette victime fut la dernière Il passa des semaines sur les rails, se faisant
du “Cleveland Torso Murderer”. passer pour un voyageur ou un clochard,
L’un des enquêteurs d’Eliot Ness, Peter entre New Castle et Cleveland, mais ne mit
Merylo, un homme intelligent et tenace, jamais la main sur le tueur.
poursuivit l’enquête jusqu’à son décès en
1947. Il fut convaincu que le tueur avait fait
plus de cinquante victimes, dont les trois
corps retrouvés dans des wagons à
Pittsburgh et Robert Robertson. Merylo
Serial Killers
Profil de : Le Cleveland
• Homme.
Torso Murde
• Entre 25 et 40 ans
.
rer
• Tueur organisé et
intelligent. À mesure
il s’est « amélioré des meurtres,
» et n’a plus abando
et les mains de ses nné les têtes
vic
moyen de les identifie times, qui étaient le meilleur
• Le tueur choisit r.
ses victimes parmi
clochards, les prosti les pau
des proies faciles tuées… Soit parce qu’ vres, les
pour lui (peut-être elles sont
il avec de l’alcool les
ou de la nourriture), attire-t-
qu’il considère « net soit parce
toy
nant. Ce sont des vic er » la ville en les assassi-
times anonymes, non
non réclamées, pour identifiées,
• Le tueur doit pos la plupart.
séder sa propre mai
isolée (arrière-sal son ou une pièce
le
médecin…), afin de pou d’une boucherie, cabinet de
crètement. voir démembrer ses vic
times dis-
• Considérant les mut
ilations : le tueur
certaine habileté et/ possède une
Il doit être chirur ou des connaissances médicales.
gien, étudiant en méd
rinaire, chasseur ou ecine, vété-
• Une empreinte de cha boucher.
ussure de taille 45
sur l’une des scènes fut
de crime, le tueur a découverte
victimes de manière déc
très nette et il a por apité ses
226 times, parfois sur té ses vic-
de
doit être un homme gra longues distances : le tueur
• Le tueur doit avoir nd et robuste.
un
l’une de ses victim égo surdimensionné. Il a déposé
es juste en face d’u
police et l’a tuée n poste de
apprécier les nombre sur place. Il doit grandement
ux articles publiés
naux sur l’affaire. par les jour-
Il
et les garde chez lui est possible qu’il les découpe
.
Martha Beck et Raymond Fernandez
1947-1949
Don Juan criminel
Raymond Fernandez
APP 12 Prestance 60 %
CON 11 Endurance 55 %
DEX 12 Agilité 60 %
FOR 13 Puissance 65 %
TAI 12 Corpulence 60 %
“Qu'importe qui est à blâmer. Mon histoire est
ÉDU 10 Connaissance 50 %
une histoire d'amour. Mais seuls ceux qui sont
tourmentés par l'amour peuvent savoir ce que INT 13 Intuition 65 %
je veux dire [...] L'emprisonnement dans POU 14 Volonté 70 %
Valeurs dérivées
le couloir de la mort n'a fait que renforcer
Impact +2
mes sentiments pour Raymond… ”
Martha Beck Points de Magie 14
Points de Vie 12
Raymond Fernandez et Martha Beck Santé Mentale 60
Compétences
furent surnommés “The Lonely Hearts
Baratin 75%
Criminalistique 25%
Killers” (Les tueurs des petites annonces de
Discrétion 45%
rencontre).
Dissimulation 65%
Exploiter les femmes 80%
Né en 1914 à Hawaï, Raymond Fernandez La plupart furent trop gênées pour signaler
les vols. L’une de ses conquêtes mourut Imposture 50%
Métier : mécanique 40%
avait des parents espagnols. Lorsqu’il eut
Navigation 60%
trois ans, la famille déménagea dans le dans des circonstances suspectes en novem-
Sciences occultes 25%
Connecticut. En 1932, devenu adulte, il bre 1947, et il hérita de son appartement
Se cacher 45%
grâce à un testament contrefait.
Séduction 55%
partit pour l’Espagne, où il se maria et eut
En décembre 1947, il répondit à une
Trouver Objet Caché 65%
quatre enfants. Il travailla dans la marine
Vigilance 55%
marchande espagnole puis pour le rensei- annonce publiée par une certaine Martha
gnement britannique durant la Seconde Beck.
Langues
Serial Killers
Née Martha Seabrook en 1920 en Floride,
Anglais 50%
Guerre mondiale, qui affirma par la suite :
Espagnol 55%
“Il était absolument fidèle à la cause des Alliés Martha Beck avait un problème glandulaire
et a très bien exercé ses fonctions, bien que par- qui provoqua chez elle une surcharge pon-
Combat
dérale et une puberté prématurée. Durant
• Bagarre 50%
fois difficiles et dangereuses.”
Dégâts 1D3 + Impact
En 1945, Fernandez décida de repartir aux son procès, elle allait affirmer avoir été vio-
• Couteau 45%
États-Unis pour trouver un emploi mieux lée par son propre frère à l’âge de 13 ans,
Dégâts 1D4+2 + Impact
rémunéré, afin d’envoyer de l’argent à sa puis avoir été battue par sa mère qui l’avait
rendue responsable de l’agression. Sa mère • Pistolet 50%
Dégâts 1D10
famille qui resterait en Espagne.
Cependant, à bord du navire qui le condui- la suivit partout où elle se rendit par la suite.
sait en Amérique, il reçut une trappe d'acier Si un garçon montrait un intérêt pour
sur le crâne et fut gravement blessé. Il se Martha, sa mère le faisait fuir avec des
remit mais ne fut plus jamais le même insultes et des menaces. Durant toute son
homme. Avant son accident, c’était un jeune adolescence, Martha souffrit des blagues et
homme ordinaire, ouvert, sociable et cour- des insultes des jeunes de son âge. Elle
tois. Il devint distant, déprimé et prompt à devint solitaire et n’eut quasiment aucun
la colère. Il passait son temps à marmonner ami.
et ne souriait plus. Elle fit des études d’infirmière et fut major
À sa sortie de l'hôpital, en mars 1946, de promotion, mais éprouva des difficultés à
Fernandez vola tout un stock de vêtements trouver un emploi à cause de son poids. Elle
et fut emprisonné pendant un an, période devint assistante d’un entrepreneur de
durant laquelle son compagnon de cellule, pompes funèbres et prépara les femmes
un Haïtien, lui fit découvrir le vaudou et la décédées pour leur enterrement. En 1942,
magie noire. Fernandez affirma par la suite elle décida de changer de vie et partit pour
que la magie noire lui avait donné un pou- la Californie où elle travailla comme infir-
voir et un charme irrésistible sur les mière dans un hôpital de l’armée. Elle eut
femmes. une aventure avec un soldat et tomba
enceinte. Elle tenta de convaincre le père de
Après avoir purgé sa peine, Fernandez s'ins- l’enfant de l’épouser mais il refusa.
talla à New York avec sa sœur. Il s’enferma
Déprimée, elle rentra seule en Floride et
227
dans sa chambre et se plaignit d’incessantes
migraines. Il commença néanmoins à affirma que le père de son enfant était un
répondre à des annonces de rencontres. Il soldat qu’elle avait épousé mais qui était
n’était pas particulièrement séduisant, il mort durant la guerre. Toute la ville soutint
était devenu chauve et la cicatrice sur son “la pauvre veuve”. Peu après la naissance de
crâne était bien visible. Mais il avait un cer- son enfant, elle tomba de nouveau enceinte,
tain charme et du bagou. Il invita à dîner d’un chauffeur de bus nommé Alfred Beck.
des dizaines de femmes seules, fit parfois le Ils se marièrent en 1944, mais divorcèrent à
gigolo, puis vola leur argent, leurs bijoux et peine six mois plus tard, et elle donna nais-
leurs chèques. sance à un garçon.
Martha Beck Sans emploi et mère de deux jeunes Fernandez. Esther Henne et Raymond
Meurtrière fleur bleue enfants, Martha Beck se créa un monde Fernandez se marièrent dans la semaine
féerique, passant son temps à lire des puis s’installèrent dans l’appartement de
APP 09 Prestance 45 %
CON 14 Endurance 70 %
romans ou voir des films à l’eau de rose. En New York. Quelques jours plus tard,
DEX 08 Agilité 40 %
1946, elle trouva un emploi à l’hôpital de lorsqu’Esther Henne refusa de lui donner
FOR 12 Puissance 60 %
Pensacola pour les enfants. Elle se montra si procuration sur sa pension d’enseignante et
TAI 16 Corpulence 80 % professionnelle et efficace qu’elle fut bientôt ses polices d’assurance, Fernandez se fit
ÉDU 08 Connaissance 40 %
INT 11 Intuition 55 %
nommée infirmière en chef. Elle réussissait plus agressif et lui expliqua que sa précé-
POU 10 Volonté 50 %
enfin sa vie professionnelle. Mais elle vou- dente maîtresse était morte. La toute nou-
lait également rencontrer “le grand amour”. velle madame Fernandez prit peur et s’en-
Valeurs dérivées fuit, laissant à son époux sa voiture et des
Impact +2
Elle fit publier une annonce de rencontre
Points de Magie 10
en 1947, à laquelle Raymond Fernandez centaines de dollars.
Points de Vie 15 répondit. Fernandez expliqua dans sa lettre
Santé Mentale 50 qu’il était un entrepreneur fortuné et qu’il Plusieurs autres femmes suivirent Esther
Henne. L’une d’elles, Myrtle Young, origi-
Compétences
possédait un grand appartement, “bien trop
Baratin 30%
grand pour un célibataire”. Sa lettre était naire de l’Arkansas, épousa Fernandez en
Discrétion 40% courtoise, gentille et bien écrite. Martha août 1948 dans l’Illinois. Martha se présenta
Dissimulation 50% comme la sœur de Fernandez et veilla à ce
Imposture 50%
Beck tomba immédiatement amoureuse. Ils
Instinct maternel 05%
échangèrent des courriers durant deux que le mariage ne soit pas “consommé”, au
Se cacher 40% semaines et elle accepta même de lui point qu’elle dormit dans le même lit que
Tomber amoureuse du mauvais gars 85%
Myrtle ! Cette dernière protesta et Fernandez
Trouver Objet Caché 50%
envoyer une photo.
lui donna des somnifères. Il lui vola 400 $
Vigilance 40%
Vivre dans un monde fantasmé 75%
Le 28 décembre 1947, Fernandez rendit puis, avec l’aide de Martha, la porta dans un
bus qui se rendait dans l’Arkansas. Mais
Langues
visite à Beck en Floride. Ils couchèrent
Fernandez avait forcé sur la dose de médica-
Anglais 45%
ensemble dès la première nuit. Il resta
ments car, arrivée à destination, la police dut
quelques jours et Martha Beck affirma à
Combat
sortir Myrtle Young inconsciente du bus et
Serial Killers
Serial Killers
rendre au cinéma avant de partir, mais des Fernandez et Beck furent reconnus coupa-
voisins déclarèrent à la police la disparition bles du meurtre de Janet Fay et condamnés
de la mère et de son enfant. La police se à mort. Ils furent exécutés le 8 mars 1951,
présenta chez Delphine Downing le 28 après s’être échangé des dizaines de lettres
février 1949. d’amour.
Profil de :
Raymond Fernande
z
• Homme. Selon les
témoignages : grand
chauve. et
• Entre 35 et 50 ans
: les victimes sont
femmes d’âge mûr. des
• Tueur organisé et
intelligent.
• Tueur itinérant :
les victimes ont dis
dans plusieurs États paru
n’a pas d’emploi fix différents. Soit il
e, soit son emploi
permet de voyager. lui
• Célibataire. Toutef
ois, la famille d’u
victime a parlé d’u ne
ne « sœur » qui acc
pagnait le tueur. om-
• Le tueur a attiré
des
âge possédant de l’a femmes d’un certain
rgent et donc a pri
méfiantes. Ce doit ori 229
intelligent et habile donc être un homme
menteur. , un charmeur et un
• Peut-être a-t-il
donc été arrêté ou
çonné auparavant soup-
pour escroquerie,
et/ou cambriolage. vol
1954
Ed Gein Ed Gein Mais elle mourut peu de temps après, le
2 décembre 1945, après une série d’attaques
Petit, timide, solitaire et toujours très
calme, il lui arrive de rire sans raison et à
qui l’avait laissée paralysée. La vie entière
des moments inappropriés. Gein est un
d’Ed Gein fut chamboulée et anéantie par
peu considéré comme “l’idiot du village”, “Comment se fait-il qu’à chaque fois ce décès. À 39 ans, il se retrouva complète-
“un peu excentrique mais pas méchant”, ment seul et abandonné pour la première
“honnête et travailleur” mais “bizarre”.
que quelqu’un disparaît, tu sois toujours
dans les parages ?” fois de sa vie, dans un monde qu’il ne
Il est schizophrène et affirme qu’il voit “des
Une cousine à Ed Gein connaissait pas.
visages dans les feuilles” et “sent des
odeurs étranges”. Edward Gein est né en 1906, sept ans après Il scella les portes des pièces de la maison
son frère Henry, dans une petite ville du que sa mère avait le plus utilisées et les pré-
48 ans en 1954 Wisconsin, un État fortement boisé, à serva comme des reliques sacrées de sa
défunte mère, les laissant en état, sans plus
APP 13 Prestance 65 %
l’époque principalement peuplé de fermiers
CON 12 Endurance 60 %
et de chasseurs. La mère de Gein, Augusta, jamais y toucher, durant les années qui sui-
DEX 13 Agilité 65 %
était fanatiquement religieuse et était déter- virent. Il n’utilisa plus que la cuisine et la
FOR 12 Puissance 60 % minée à élever ses garçons selon un code petite chambre attenante. Seul, sans per-
TAI 13 Corpulence 65 %
ÉDU 10 Connaissance 50 %
moral très strict. Elle leur répéta que les sonne pour le surveiller, il glissa lentement
INT 09 Intuition 45 %
femmes étaient toutes des créatures immo- dans la psychose et laissa libre cours aux
POU 09 Volonté 45 % rales, espérant ainsi décourager chez eux fantasmes qu’il avait étouffés. Il était fasciné
par ce que sa mère l’avait empêché d’appro-
Valeurs dérivées
tout désir sexuel, de peur qu’ils aillent en
Impact +2
enfer. Elle était dure et dominatrice. Son cher : les femmes. Ayant la maturité et les
Points de Vie 13 mari. George Gein, un homme faible et connaissances d’un enfant, il voulut tout
Santé Mentale 45 alcoolique, n’avait pas son mot à dire dans apprendre. Il passa tout son temps libre à
Compétences
l’éducation de ses garçons. lire des histoires de rites mortuaires
Athlétisme 60%
anciens, des magazines pornographiques et
Chasse 60% En 1914, ils s’installèrent à 9 km de des livres d’anatomie. Il devint complète-
Contes macabre 70% ment obsédé par ces histoires et les racon-
Culture générale 25%
Serial Killers
Serial Killers
champ.
Des psychologues tentèrent de comprendre
L’habitation de Gein était poussiéreuse le comportement de Gein. Il devint le cas
mais impeccablement rangée, excepté la documenté le plus célèbre impliquant la
cuisine et la chambre de Gein, où du bric- nécrophilie, le travestissement et le féti-
à-brac, des cartons, des vêtements sales, des chisme.
boîtes de conserve vides, des magazines
pornographiques et des piles de détritus Après que Gein ait passé 30 jours dans une
pourrissant couvraient le sol. Il était institution psychiatrique, il fut déclaré
presque impossible de marcher à travers ces mentalement incompétent et il ne fut plus
deux pièces. L’odeur de saleté et de décom- possible de le juger pour meurtre.
position était suffocante. Le shérif Schley
inspecta la cuisine avec sa lampe torche. Gein fut envoyé à l’hôpital central
Lorsqu’il leva les yeux, il vit une grande d’État de Waupun.
forme qui se balançait, pendue à l’envers à
une poutre. Elle avait été décapitée, éven-
trée et vidée de ses entrailles. C’était
Bernice Worden.
• Tueur désorganisé,
crânes. Les adjoints découvrirent des sexes
sans doute psychotiq
• Les deux victimes ue.
de femmes desséchés dans une boîte à
de
des dames d’âge moy Plainfield étaient
chaussures, une ceinture faite de mamelons,
en, un peu enrobées,
dominatrices et aya
nt du caractère. Une
des têtes humaines réduites (en fait des
personne importante
dan
doit leur ressembler, s la vie du tueur
“masques de peau” remplis de chiffons), et
• Fétichiste, nécrop
hile
à cacher ses fantasmes : doit avoir du mal
saient non loin, recouvertes d’un vieux cos-
morbides.
tume. Ils mirent finalement la main sur un
costume entièrement en peau humaine,
présentant des “jambières” ainsi que de véri-
tables seins et un sexe féminin.
1957
Harvey Glatman graphes : elle avait besoin d’argent pour
payer son avocat dans la bataille qui l’oppo-
sait à son ex-époux pour la garde de leur fil-
lette. Glatman avait obtenu son numéro de
“Vous savez que je les ai tuées. téléphone grâce à l’agence pour laquelle elle
Vous ne sauriez pas si vous n’aviez pas trouvé travaillait. Il lui proposa de faire des photos
la boîte à outils ” pour un magazine de détectives mais lui
Harvey Glatman demanda si elle accepterait de poser dans
son “studio”, plutôt que chez elle. Il l’em-
Né en 1928, Harvey Glatman était le fils mena chez lui et se comporta normalement,
d’un couturier strict qui possédait un maga- parvenant même à la convaincre de se lais-
sin dans le Bronx. Solitaire, rêveur, timide, ser attacher “pour les photos”. Il sortit
ne montrant aucun intérêt pour quoi que ce ensuite un pistolet (en 1957, on pouvait
soit, il inquiéta ses parents dès son plus obtenir très facilement une arme, en
jeune âge. Adolescent, Glatman se mastur- Californie, et personne ne vérifiait votre
bait et se pendait dans le grenier de ses casier judiciaire). Il la viola plusieurs fois,
parents, jusqu’à l’inconscience, afin d’obte- puis, lorsque la nuit fut venue, la conduisit
nir un orgasme (ce que l’on nomme l’as- près de 150 km plus à l’Est, à Indio, au beau
phyxie autoérotique). milieu du désert, où il la photographia atta-
chée, en sous-vêtements. Il l’étrangla avec
Ses parents et lui déménagèrent dans le
La Une du Los Angeles Times d’octobre 1958,
une corde, prit encore des photos, puis enterra
consacrée à H. Glatman
Colorado en 1938. Malgré ses obsessions, il son corps.
obtint d’excellents résultats au lycée et ne
posa pas de problème majeur… si ce n’est Les deux colocataires de Judy, son ex-époux
qu’il ne sortit avec aucune fille de son âge. et son agence prévinrent la police de sa dis-
Petit, maigrichon, doté d’oreilles décollées parition. L’une des colocataires avait vu le
Serial Killers
Harvey Glatman et d’un nez proéminent, il n’avait rien d’un “photographe”, un certain “ Johnny Glynn”
séducteur, et certaines filles se moquaient partir avec elle vers 14 heures, et le décrivit à
Petit et laid, Glatman n’ose pas approcher
les femmes, qui le lui rendent bien. Il res-
même de lui. Il commença alors à s’intro- un policier avec assez de détails pour qu’il
sent une énorme frustration sexuelle et
duire chez les jeunes filles, la nuit, et à les puisse en dresser un portrait-robot. Les poli-
une grande confusion car il désire ardem- menacer avec un pistolet en plastique pour ciers ne trouvèrent nulle part trace d’un pro-
ment les femmes tout en les détestant.
Timide, solitaire, peu attirant et peu sûr
les attacher et les caresser, sans (pour le fessionnel nommé Glynn. Le 29 décembre
de lui, Glatman est toujours vêtu de vête-
moment) aller plus loin. 1957, un squelette à demi enterré fut décou-
ments froissés.
vert dans le désert près d’Indio par un garçon
En 1945, à Boulder (Colorado), une jeune qui promenait son chien. Malheureusement,
Il loue un appartement sur Melrose Avenue
et possède une Dodge Cronet noire 1951
femme porta plainte et il fut condamné à le légiste qui l’examina se trompa sur l’âge et
de seconde main.
un an de prison. À sa sortie, il partit à New le poids du squelette et l’ex-époux de Judy
York, où il donna libre court à ses pulsions Dull ne put identifier l’anneau qu’elle portait
31 ans en 1957
agressives envers les femmes en les dévali- au doigt. La police conclut qu’il ne s’agissait
sant et les agressant, arme au poing. Il fut pas du cadavre de Judy…
APP 08 Prestance 40 %
rapidement arrêté et emprisonné pour cam-
CON 11 Endurance 55 %
DEX 10 Agilité 50 %
briolage. Il fut libéré sur parole en 1952, à Le 7 mars 1958, Glatman rencontra dans
FOR 10 Puissance 50 %
condition de trouver un emploi et de se un club de célibataire, Shirley Bridgeford,
TAI 09 Corpulence 45 %
“tenir à carreau”. Habitant de nouveau chez 24 ans, récemment divorcée et mère de
ÉDU 11 Connaissance 55 % sa mère, il apprit à réparer les télévisions. deux garçons. Il se présenta sous le nom de
INT 16 Intuition 80 %
POU 12 Volonté 60 %
Les 4 ans de probations terminés, en sep- “George Williams” et ils prirent rendez-
tembre 1956, il partit s’installer à Los vous. Le lendemain soir, il arriva chez elle à
Valeurs dérivées Angeles. Grâce à l’argent que lui avait 19 h 45 et se montra charmant avec ses fils
Impact 0
Points de Vie 10
donné sa mère, il s’installa à son compte. et la nounou. Une fois dans sa voiture, il
Santé Mentale 60
expliqua à Shirley qu’il avait mal à la tête et
Si durant 4 ans, il n’avait plus agressé per- préférait ne pas aller danser. Il préférait se
Compétences
Baratin 60%
sonne, ses fantasmes, eux, n’avaient fait promener et l’emmener au restaurant. Elle
Conduite 50%
qu’empirer. Ayant découvert la photogra- accepta et ils dînèrent à Oceanside. Il la
Culture générale 60%
phie, il avait eut le temps de réfléchir à un conduisit ensuite au sud, vers les montagnes
Lieu : désert californien 50% stratagème : il se présenterait devant les Vallecito. Lorsque Shirley lui demanda de
Milieu : mannequinat 60%
Photographie 60%
femmes comme un photographe et les rentrer, il arrêta sa voiture et sortit son pis-
232 encourageait à poser attachées et bâillon- tolet. Il la força à se dénuder et la viola.
Langues nées en leur affirmant que les photos Puis, il la poussa vers le désert et la photo-
Américain 80% étaient destinées à un magasine policier. graphia en sous-vêtements, attachée et
Combat
Elles se retrouveraient à sa merci. bâillonnée. Il attendit même, que le soleil se
• Armes de poing 25%
lève de nouveau, le lendemain matin, pour
Le 1er août 1957, Glatman se rendit chez prendre des photos en plein jour.
Judy Dull, une jeune divorcée de 19 ans Finalement, il l’étrangla avec la même corde,
habitant West Hollywood qui acceptait prit encore quelques photos, et abandonna
tous les rendez-vous avec tous les photo- son corps derrière un cactus.
Le lendemain, sa disparition fut signalée à Glatman fut emmené au commissariat de
la police et la nounou le décrivit aux enquê- Santa Anna. Il avoua avoir tenté d’agresser
teurs, qui réalisèrent que “Johnny Glynn” et Lorraine Vigil mais avait agi sous le coup
“George William” étaient sans doute un d’une pulsion subite. Un communiqué
seul et même homme. décrivant l’agression fut toutefois envoyé à
tous les policiers de la région.
Le 23 juillet, Glatman s’en prit à Ruth
Mercado, 24 ans, qui avait accepté des pho- Les enquêteurs d’Hollywood reconnurent
tos pour un magazine policier. Elle travail- la description de leur “Johnny Glynn” et
lait comme strip-teaseuse et posait pour des transmirent une copie de leur portrait-
photos déshabillées. Il entra chez elle et robot, qui s’avéra très ressemblant. Le len-
sortit immédiatement son arme. Il la força à demain, Glatman accepta de se soumettre
se déshabiller, l’attacha et la viola sur son lit. au détecteur de mensonge (cf. p.161), mais
Puis il l’emmena dans le désert, à 45 km de échoua lamentablement.
l’endroit où il avait assassiné Shirley
Bridgeford. Cette fois-ci, il emporta de la Il finit par avouer les trois meurtres. Les
nourriture et des boissons pour un pique- enquêteurs trouvèrent la corde dans sa voi-
nique. Il viola de nouveau la jeune femme et ture. Chez lui, ils mirent la main sur les
la prit en photo. Puis, il l’étrangla avec la chaussures de Judy Dyll, le slip de Shirley
corde et prit encore des photos. Bridgeford et celui de Ruth Mercado, ainsi
que des centaines de photographies des trois
La propriétaire de son appartement de victimes, vivantes ou mortes, cachées
West Pico Boulevard signala sa disparition. dans une boîte à outils.
Durant l’été 1958, Glatman entra en Avec l’aide de Glatman, les policiers
contact avec une agence réputée de manne- localisèrent les squelettes de ses deux
dernières victimes, dans le désert
Serial Killers
quins “Diane Studio” sur Sunset Boulevard.
Les filles qui travaillaient pour le studio d’Anza.
étaient toutes très jolies et certaines
posaient pour de grands magazines.
Profil de :
de l’agence lui proposa une jeune femme
qui avait signé son contrat la semaine pré-
Har vey Gla
tman
cédente : Lorraine Vigil, 27 ans, une secré-
taire qui tentait de “percer” dans le monde
te
victimes étaient man comme un photographe : deux des
sortirent de la ville. Lorraine commença à
nequins et avaient
avec un « photographe rendez-vous
s’inquiéter et lui demanda de faire demi-
s envie de retourner
appela des renforts. Lorraine lui expliqua ce
en prison.
qui s’était passé et le motard arrêta
Glatman.
1969
Jerry Brudos Jerry Brudos
Jerry Brudos est un homme rondouillard et
souriant, que tout le monde considère
comme un charmant, affable et généreux.
Mais c’est un menteur invétéré et son
épouse subit certaines de ses perversions
“Est-ce que tu ressens des remords, Jerry ?
sexuelles.
Est-ce que tu es désolé pour tes victimes ?
Jerry prit une feuille de papier,
la froissa et la jeta sur le sol.
30 ans en 1969 - Autant que ça. Je m’inquiète de ces filles
APP 12 Prestance 60 %
autant que de ce bout de papier ”
CON 13 Endurance 65 %
DEX 09 Agilité 45 %
FOR 12 Puissance 60 % Né en 1939, dans le Dakota du Sud, Brudos
TAI 13 Corpulence 65 %
ÉDU 11 Connaissance 55 %
déménagea en Californie à 3 ans. Il grandit
INT 13 Intuition 65 %
avec une haine profonde pour sa mère
POU 13 Volonté 65 % dominatrice. À l’adolescence, il développa
Valeurs dérivées
une obsession pour les chaussures à talon
Impact +2
haut et se mit à voler celles de sa sœur. À 16
Points de Vie 13
ans, il déménagea dans l’Oregon et com-
Santé Mentale 65
Le 26 novembre 1968, Jan Whitney, une
mença à s’introduire dans des habitations étudiante de 23 ans habitant Eugene, dis-
Compétences
pour y voler des chaussures et des sous- parut alors qu’elle se rendait dans la ville de
Bricolage 50%
vêtements féminins. Il en posséda une
Conduite 40%
McMinnville (au sud de Portland) en voi-
incroyable collection, sur laquelle il fantas-
Contrefaçon 35%
ture. Celle-ci, en panne, fut retrouvée en
Crédit 50%
mait durant des heures. bordure d’autoroute, au Nord d’Albany.
Culture générale 60%
Discrétion 40%
Un an après, il agressa et frappa une jeune
Électronique 60%
La voiture de Jan était tombée en panne.
femme qu’il avait prise en stop mais fut
Mécanique 60%
Serial Killers
234
son épouse n’y mettait pas les pieds). Il l’ha-
billa comme une poupée avec les sous-vête- Son épouse étant absente avec les enfants,
ments qu’il avait volés durant des années, Brudos “joua” avec Karen durant un
puis coupa son pied gauche, qu’il plaça dans moment. Il la viola, la força à poser pour lui,
un congélateur. Il jeta son corps dans la lui attacha les mains, puis la pendit. Il viola
Willamette River, lesté avec une culasse en son cadavre puis découpa ses seins. Il aban-
fonte. donna son corps dans la Long Tom River.
Quelque temps plus tard, l’épouse de
En juillet 1968, Stephanie Vikko, 16 ans, Brudos mis la main sur des photographies
disparut à Portland. qu’il avait prise de lui-même habillé en
femme. Elle découvrit également une “poi- Ils découvrirent également qu’il avait tenté
trine en plastique” que Brudos lui assura d’enlever une adolescente de 15 ans en la
être un presse-papiers (c’était en fait celle de menaçant d’une arme, un mois auparavant.
Karen Sprinker, qu’il avait traitée avec du Il était électricien et réparateur de voitures.
sel et un produit chimique).
Il avait travaillé ou vécu non loin de l’en-
Le 23 avril 1969, Linda Salee, 22 ans, dis- droit où Jan Whitney et Karen Sprinker
parut en allant retrouver son petit ami à avaient disparu.
Portland. Brudos lui avait affirmé être poli-
cier (il possédait un faux badge) et l’avait Le 30 mai, Brudos tenta de quitter l’État
arrêtée pour vol à la tire. Il l’avait ramenée avec sa famille mais fut arrêté. On lui
dans son garage, où il l’avait étranglée et demanda de se changer pour passer la com-
violée. binaison des détenus : sous ses vêtements, il
portait des sous-vêtements féminins.
Il tenta ensuite d’électrocuter le corps pour
“le faire danser” mais ne parvint qu’à brûler Les policiers l’interrogèrent durant 5 jours
sa peau. Brudos garda le corps durant une avant qu’il ne commence à parler de son
journée et le viola à nouveau. Il fit un moule intérêt pour les hauts talons et les soutiens-
en résine de ses seins puis, durant la nuit, gorge. Il finit par craquer et avoua les
jeta son corps dans la Long Tom River. 4 meurtres. Il indiqua aux enquêteurs où
trouver les photos et les vêtements des
Son corps, lesté avec une boîte de vitesse de victimes, chez lui.
voiture (attachée avec du f il électrique), fut
repêché le 10 mai. Le médecin légiste
découvrit qu’elle avait été étranglée avec une
corde et que son corps était resté dans l’eau
Serial Killers
durant au moins deux semaines. Quelques
centimètres au-dessous de chaque aisselle, il
discerna ce qui semblait être un trou d’ai-
Profil de :
guille entourée d’une zone de peau brûlée.
ds
cher les lests aux compliqués pour atta-
corps de ses victim
Il est intelligent. es.
La police interrogea les étudiantes sur le
• Il a sûrement des
antécédents pénaux,
campus de l’université où Karen Sprinkler
moins de comportement ou au
asocial.
étudiait, à Corvallis, à 120 km au sud de
• Il n’a pas d’hora
ires réguliers car
Portland. Elles parlèrent d’un homme ron-
jeunes femmes ont les
disparu à des heu
diverses de la jou res
douillard, qui disait être “un vétéran du
• Psychologiquement,
sur le campus pour leur demander de sortir
il est fétichiste
nécrophile (seins cou et
Ses perversions doi pés, pieds coupés…).
avec lui.
uels.
bizarre” car il avait quasiment avoué les
meurtres de Linda Salee et Karen
Sprinkler. À leur demande, elle accepta de
sortir de nouveau avec lui lorsqu’il la rap-
pela. Les policiers l’attendirent et l’interro- 235
gèrent lorsqu’il entra dans la résidence étu-
diante, le dimanche 25 mai.
Serial Killers
homme qui lui avait vendu de la marijuana
et avait “détraqué son cerveau”, Jim
Gianera. Il se rendit à son ancienne adresse,
où il rencontra Kathy Francis, 29 ans, qui
s’était installée là récemment avec son
époux (absent) et ses deux fils de 9 et 4 ans.
Elle lui donna la nouvelle adresse de
Gianera. Mullin abattit et poignarda son
ancien ami puis son épouse, dans la salle de
bain. Il retourna ensuite chez Kathy Francis
et ouvrit brusquement la porte. Il lui tira
dans la tête et la poignarda, ainsi que ses
deux fils.
de :
Profil
La police pataugeait et les habitants de
Herbert Mullin
Santa Cruz étaient terrifiés : depuis avril
1972, des étudiantes étaient assassinées par
Ed Kemper (cf. p.238), également à Santa
blants.
• Célibataire, sans
amis.
• Sans emploi.
Ils refusèrent et se moquèrent de lui. Il les
• Il semble posséder
abattit les uns après les autres, puis vola leur
237
un
times ont été tuées véhicule car les vic-
fusil et leur argent. Le 13 février, alors qu’il
à
quentes les unes des des distances consé-
conduisait dans le quartier où habitaient ses
et possède donc un
Fred Perez, 63 ans. Il gara sa voiture et lui
minimum de contrôle
sur lui-même.
tira dans le cœur avec le fusil d’un des ado-
lescents du parc, puis repartit.
Langues
adorait son jeune fils, qui le lui rendait bien. 21 ans), en pleine vague “hippie”, les chan-
Américain 80%
gements qui s’étaient déroulés furent pour
Jargon psychiatrique 80%
Mais Kemper se montra sinistre et austère,
provoquant un malaise qui ne se dissipa lui un énorme choc. Il eut l’impression
Combat
plus. Invoquant des difficultés financières, d’être un extraterrestre et se sentit terrible-
Armes d’épaule 70% son père le renvoya finalement chez sa mère ment mal. Il commença par s’inscrire dans
Bagarre 60%
un centre universitaire près d’Atascadero et
Couteaux 50%
et Kemper se sentit rejeté par la seule
personne qu’il aimait. obtint de très bons résultats. Après trois
mois à ce régime, il fut placé en liberté
Durant les vacances de Noël 1963, Kemper conditionnelle.
fut finalement confié à ses grands-parents,
des fermiers qui possédaient un ranch à Contrairement à l’avis des psychiatres
North Fork. Sa grand-mère avait le même d’Atascadero, Kemper fut renvoyé chez sa
caractère que sa mère : pour Kemper, elle mère, qui s’était installée près de Santa
était la même… en pire. Il s’inscrivit toute- Cruz, une ville côtière et estudiantine. Elle
fois au collège et se montra un élève calme était devenue assistante d’un principal de
et discipliné, peut-être un peu trop, en fait. l’Université de Californie de Santa Cruz. Ils
La situation chez ses grands-parents était commencèrent immédiatement à se dispu-
tendue. Il passait beaucoup de temps dehors ter. Elle le sermonnait et le critiquait
avec son chien, à chasser les taupes avec le constamment. Alors qu’il avait encaissé ses
brimades en silence lorsqu’il était enfant,
238
fusil 22 long rifle que son grand-père lui
avait offert. Durant les grandes vacances, la Kemper, à présent adulte, ne craignait plus
tension s’accrut. Kemper se montrait plus de lui répondre. Elle voulait qu’il aille à
maussade et sinistre que jamais et sa grand- l’université (elle considérait que les étu-
mère le brimait constamment. diantes étaient “trop biens pour lui”) et
obtienne un diplôme. Kemper était intelli-
Le 27 août 1964, Kemper, qui avait alors gent et aurait pu le faire, mais il rêvait seu-
14 ans, tira 3 fois dans le dos de sa grand- lement d’être policier. Mais il fut évincé aux
mère attablée à la cuisine, avec son fusil. Il tests d’admission en raison de sa trop
traîna le corps jusqu’à sa chambre, où il le grande taille (2m10). Ed Kemper occupa
plusieurs emplois d’ouvrier et obtint finale- Il plaça ensuite les morceaux dans des sacs
ment un travail qui lui permit de quitter sa poubelles, qu’il enterra dans les montagnes
mère et de déménager dans un appartement de Santa Cruz. Il garda les têtes des jeunes
à Alameda, qu’il partagea avec un ami. Il femmes un moment chez lui, puis les jeta
s’acheta une voiture… qui ressemblait dans un ravin. Lorsque le corps de Mary
beaucoup à une voiture de police banalisée. Ann fut découvert et identifié en août
Il se procura plusieurs couteaux, et parvint 1972, Kemper ne s’inquiéta pas outre
même à obtenir des armes à feu, en ache- mesure. Les enquêteurs ne pouvaient plus
tant le pistolet de son patron. Il se mit éga- découvrir d’indice réellement concluant
lement à boire, plus que de raison. Entre deux longs mois après sa disparition.
1970 et 1971, Kemper eut plusieurs “petits Personne ne suspecta “Big Ed” de quoi que
boulots” et s’acheta une voiture qu’il utilisa ce soit.
pour prendre en stop des dizaines d’étu-
diantes. Il s’entraîna littéralement à enlever Le 14 septembre 1972, Kemper prit en stop
ses futures victimes, raffinant son approche, une lycéenne de 15 ans, Aiko Koo. Il la
apprenant comment se comporter et quoi conduisit jusqu’aux montagnes surplom-
dire pour ne pas les effrayer malgré son bant la ville. Il parvint à la convaincre de se
physique imposant. Il bricola sa voiture laisser attacher et bâillonner puis tenta de la
pour ses futurs desseins : une cachette était suffoquer en plaçant sa main sur son nez.
aménagée sous son siège pour un couteau et Aiko se débattit de toutes ses forces mais
un pistolet, et la porte du côté passager pos- finit par perdre connaissance. Elle se
sédait un système qui l’empêchait de s’ou- réveilla quelques moments plus tard.
vrir de l’intérieur. Stupéfait, Kemper essaya de nouveau de
l’étouffer et continua cette fois à appuyer
Il passait la plupart de ses soirées à boire jusqu’à ce qu’elle cesse totalement de respi-
dans les bars et s’était même lié d’amitié rer. Il la sortit ensuite de la voiture, l’allon-
Serial Killers
avec des policiers qui le considéraient gea sur le sol et la viola. Il mit le corps dans
comme un “gentil géant”, un jeune homme son coffre et alla boire quelques bières dans
souriant, honnête et sérieux, comparé à un bar. Puis, il la ramena à son apparte-
“toute cette racaille hippy”. ment, où il la décapita. Il la démembra,
coupa sa tête et ses mains, et découpa des
Le 7 mai 1972, Kemper prit en stop deux lambeaux de chair qu’il mit au réfrigérateur.
étudiantes de 18 ans, Mary Ann Pesce et Puis, il glissa le reste de son corps dans des
Anita Luchessa. Il les conduisait jusqu’à un sacs poubelles. Le lendemain, il cuit la chair
cul-de-sac isolé puis les menaça avec un dans une casserole de macaronis avec du
pistolet. Il enferma Anita, tétanisée, dans le fromage. Il allait expliquer par la suite : “Je
coffre de la voiture. Il menotta Mary Ann possède à nouveau ma victime en la man-
et la fit s’allonger, sur le ventre, sur le siège geant”.
arrière. Il mit un sac plastique sur sa tête et
tenta de l’étrangler avec la cordelette d’une Il laissa sa tête dans son coffre durant plu-
robe de chambre. Mais elle perça le sachet sieurs jours. Elle y était toujours lorsqu’il
avec ses dents et, en bougeant la tête, elle rendit visite aux psychiatres qui le suivaient
empêcha Kemper de lui passer la cordelette depuis sa sortie d’Atascadero… et qui le
autour du cou. Frustré, Ed Kemper sortit déclarèrent définitivement guéri et sain
alors son couteau et la frappa à plusieurs d’esprit. Ils recommandèrent que son casier
reprises. Mais Mary Ann ne mourut pas sur judiciaire de mineur soit effacé : Kemper
le coup et continua de se débattre. Il la poi- put acheter une arme en toute légalité.
gnarda de nouveau mais elle tenta encore de
lui parler. Stupéfait, ne sachant trop quoi Il avait eu un accident de moto et son bras
faire, Kemper lui coupa finalement la gorge. ne guérissant pas : il se retrouva au chômage
Puis, il ouvrit le coffre et Anita le vit cou- et dut se résoudre à revenir chez sa mère, où
vert de sang. Terrifié, elle obéit pourtant les disputent recommencèrent aussitôt. Il se
lorsque Kemper lui ordonna de sortir du remit donc à boire. Il était presque toujours
coffre. Avec un couteau plus large, Kemper ivre et ingurgitait chaque jour des litres et
la poignarda elle-aussi. des litres de bières.
Elle se débattit et hurla, mais resta debout, Le 8 janvier 1973, il pleuvait à torrents 239
mordant les doigts de Kemper qui tentait quand Kemper prit en stop une étudiante
de la faire taire. Kemper s’affola et la frappa de 18 ans, Cindy Schall. Il la menaça avec
à la poitrine et au cou jusqu’à ce qu’elle s’ef- un pistolet, affirmant qu’il voulait se suici-
fondre. Il mit leur corps dans son coffre der mais pas la tuer. Il conduisit durant 2 ou
puis les ramena dans son appartement. Il 3 heures, jouant avec elle, calmement, alors
prit des photos, puis décapita et démembra qu’elle le suppliait de ne pas la tuer. Il la
les corps avec lesquels il eut des rapports convainquit de monter dans son coffre.
sexuels nécrophiles. Lorsqu’elle se tourna pour s’allonger, il lui
tira dans la tête. Il revint chez sa mère et Dans la nuit du 5 février 1973, Ed Kemper
porta le corps de la jeune femme jusqu’à sa et sa mère eurent une terrible dispute.
chambre. Le lendemain, il viola le cadavre Kemper sortit et prit en stop Rosalind
puis le décapita et le démembra. Il récupéra Thorpe, 23 ans, puis Alice Liu, 21 ans.
la balle dans le crâne de Cindy et garda sa
tête dans son placard. Il garda également Il les abattit toutes deux avec son pistolet,
l’une de ses bagues “en souvenir”. dans sa voiture, sans même s’arrêter, puis les
mis dans son coffre. Il revint chez sa mère,
Puis, il roula sur l’autoroute et jeta les sacs dîna avec elle et attendit qu’elle aille se cou-
poubelles du haut d’une falaise. Le lende- cher. Puis, il sortit et décapita les deux corps
main même, les sacs furent découverts par dans le coffre de sa voiture. Le lendemain,
un motard et le corps de Cindy Schall fut il porta le corps d’Alice Liu dans sa cham-
identifié (cf. Odontologie légale, p.41). bre et le viola. Il coupa les mains des deux
jeunes femmes, mais ne démembra pas les
Lorsqu’il appris la nouvelle, Kemper, affolé, corps, car cela ne “l’excitait plus”. Vers 2 h
alla immédiatement enterrer la tête de la du matin, il se rendit près d’un canyon, où il
jeune femme dans le jardin, sous la fenêtre jeta les corps décapités. Puis, il continua
de la chambre de sa mère. La population de jusqu’à Pacifica, où il abandonna les têtes et
Santa Cruz, qui subissait les mains des deux jeunes femmes.
également la folie meur-
trière d’Herbert Mullin La police forma une équipe pluri-juridic-
(cf. p.236) était terrifiée. tionnelle (Kemper avait tué dans 4 comtés
Mais aucun policier ne différents) pour tenter de trouver le tueur,
soupçonnait Ed Kemper sans résultat. Malgré tout, Kemper décida
des meurtres et certains de se séparer de certains “trophées” qu’il
discutaient même avec lui avait gardé de ses victimes et les jeta à la
des (non) progrès de leur mer.
Serial Killers
enquête.
Sur les nerfs, totalement alcoolique,
Kemper commençait vraiment à sombrer.
Profil de :
Le week-end de Pâques, durant la nuit, il
Ed Kemper
fracassa le crâne de sa mère avec un mar-
teau puis l’égorgea. Il la décapita, la viola,
décapitation. C’est
pour lui. Ce sont trè
ses premiers meurtr s important
Sara Hallett, et l’invita à “un dîner surprise”
aît
témoins ont affirmé re effrayant ou crasseux : des
dormit dans la chambre de sa mère.
r un « kit de meurtr
sans s’arrêter, exténué et totalement à bout
let, couteau…) dans e » (pisto-
• Il a démembré ses son coffre.
de nerfs, Kemper s’arrêta à Pueblo, dans le
vic
corps soient plus diftimes, sans doute pour que les
Colorado. D’une cabine téléphonique, il
240
connaissances par des rtres. Il a sûrement obtenu ces
le reconnut et crut que “Big Ed” lui faisait
APP 16 Prestance 80 %
croire que “Ted” était leur fils, né sur le tard.
CON 12 Endurance 60 %
Il ne connut jamais son véritable père et fut
DEX 13 Agilité 65 %
élevé par ses grands-parents en croyant que
sa mère était sa grande sœur. Sa mère, FOR 12 Puissance 60 %
TAI 12 Corpulence 60 %
ÉDU 14 Connaissance 70 %
Louise, et lui s’installèrent à Tacoma, dans
INT 15 Intuition 75 %
l’état de Washington. Ted détesta cette ville
qu’il trouvait affreuse et minuscule. Il ne se POU 15 Volonté 75 %
Valeurs dérivées
départit jamais d’un dédain arrogant pour
tout ce qu’il considérait comme “quel- La Volkswagen Coccinelle modèle 1968 de Ted Bundy, Impact 0
exposée depuis 2012 au National Museum Points de Vie 12
of Crime & Punishment
conque”.
Santé Mentale 75
Compétences
Un an plus tard, Louise épousa un cuisinier
Administration 55%
de l’armée nommé John Bundy et Ted pris
le nom de son “beau-père/beau-frère”. Il le Athlétisme 60%
Comédie 80%
Conduite 40%
Serial Killers
trouvait “balourd” et ne l’appréciait pas. Il Fletcher, candidat Républicain au poste de
Contrefaçon 40%
fut un adolescent normal mais très timide : gouverneur. Bundy accepta et utilisa avec
on se moquait souvent de lui et il était le Crédit 70%
Culture générale 70%
efficacité ses talents de beau parleur. Il
Discrétion 60%
souffre-douleur de certains gamins au col- acquit de l’assurance.
Droit 50%
lège. Bundy ne se sentait heureux qu’en
Persuasion 60%
classe, car il pouvait y briller grâce à ses Il rencontra une jeune femme, Meg
Politique 55%
Psychologie 60%
connaissances. Anders, avec qui il commença une relation
Ski 65%
suivie. Elle l’encouragea à reprendre des
Usages 60%
C’est à cette époque qu’il découvrit que sa études, en psychologie, cette fois. Il eut de
“grande sœur” était en fait sa mère. Ce fut très bonnes notes et, au printemps 1972, il Vigilance 55%
Langues
pour lui un énorme choc. Il ressentit beau- obtint son diplôme. Il avait toutefois décidé
Américain 85%
coup de colère envers elle (il pensait qu’elle qu’il voulait devenir… avocat. Il rata pour-
l’avait humilié) mais l’exprima peu. Il eut tant le test d’entrée et se sentit terriblement Chinois 50%
Combat
l’impression d’être “un bâtard” et sa relation humilié.
Armes improvisées 65%
avec son beau-père devint difficile.
En 1972, il travailla dans la campagne de
Il se révéla immature et ne sortit avec réélection du gouverneur républicain Dan
aucune fille. Il obtint son bac avec une Evans. Les jeunes femmes qui travaillèrent
moyenne juste assez correcte pour être avec lui furent fascinées par son allure. Meg
admis à l’université locale. Il ne s’y sentit Anders, elle, commençait à avoir des soup-
pas à l’aise et, l’année suivante, il obtint son çons, car il se montrait parfois cruel.
transfert à l’université d’état de Seattle, pour
y étudier le chinois. Il obtint d’excellentes Grâce au soutien du gouverneur, Bundy fut
notes et se fit de nouveaux amis. accepté à l’école de droit pour la rentrée de
septembre. En juillet 1973, il tomba sur…
Durant l’été 1966, il rencontre une belle Stephanie Brooks. Elle fut abasourdie par la
jeune femme brune nommée Stephanie transformation de son ex petit ami. Il était
Brooks, dont il tomba immédiatement bien plus mûr et sûr de lui, il possédait une
amoureux. Elle était d’une classe sociale que sorte de magnétisme et même son appa-
Bundy admirait et enviait. Bundy voulu
241
rence physique s’était modifiée.
trop en faire pour l’impressionner et ses
résultats s’en ressentirent. L’été suivant, En septembre 1973, Bundy commença son
Stephanie le quitta, agacée par sa puérilité année à l’université avec de grands espoirs
et ses mensonges. Bundy, déprimé, obsédé mais il essuya immédiatement un échec
par la jeune femme, se mit à sombrer. Il complet à l’école de droit.
commença à voler dans les magasins et
devint un voyeur. Heureusement pour lui, il Meg Anders étant partie dans sa famille,
rencontra un ami du lycée qui lui proposa Bundy passa Noël avec Stephanie Brooks.
de travailler dans la campagne d’Art Ils parlèrent même mariage.
Le 4 janvier 1974, Joni Lenz, fut violem- Le 7 septembre 1974, des chasseurs décou-
ment battue dans son lit, le 4 janvier 1974. vrirent des squelettes dans les bois, à plu-
Elle survécut mais subit de graves lésions sieurs kilomètres du lac Sammamish. Des
cérébrales. radios dentaires permirent d’identifier
Janice Ott et Denise Naslund. Le corps
Le 31 janvier 1974, quelques pâtés de mai- d’une troisième femme ne put être identifié.
son plus loin, Linda Healy, 21 ans, disparut Quelques jours plus tard, Bundy fit ses
de son appartement de Seattle. Ses amis ne bagages et partit pour Salt Lake City, dans
découvrirent que des draps et une chemise l’Utah, où il devait commencer de nouvelles
de nuit ensanglantés. En février, Stéphanie études de droit.
Brooks appela Bundy pour lui demander
pourquoi il ne l’avait pas re-contactée. Il ne Le 12 octobre, Nancy Wilcox, 16 ans, dis-
s’excusa pas, n’offrit aucune explication et parut à Salt Lake City, dans l’Utah. Le 18
lui dit simplement qu’il ne voulait plus la octobre, Melissa Smith, 17 ans, fille du shé-
voir. Il s’était vengé. Stephanie Brooks ne rif, disparut à Midvale. Son corps fut
revit jamais Ted Bundy… mais toutes ses découvert 9 jours plus tard dans le parc
victimes lui ressemblèrent. Summit. Elle avait été violée, étranglée et si
violemment battue que son père ne put
Le 12 mars, Donna Manson, 19 ans, dispa- reconnaître son visage. Le 31 octobre,
rut sur le campus d’Evergreen. Le 17 avril, Laura Aime, 17 ans, disparut alors qu’elle
Susan Rancourt, 18 ans, disparut alors rentrait chez elle après une soirée entre
qu’elle allait voir un film au cinéma à amis. Son corps fut retrouvé un mois plus
Ellensburg. Le 6 mai, Roberta Parks, 22 tard, le 27 novembre, dans les montagnes
ans, disparut alors qu’elle allait rejoindre des Wasatch, près d’une rivière. Elle avait été
amis de l’université de l’Oregon. Le 1er juin, frappée à la tête avec un pied-de-biche, puis
Brenda Ball, 22 ans, quitta un bar de Seattle violée. Le 9 novembre, un homme qui s’était
Serial Killers
avec un inconnu qui avait un bras dans le fait passer pour un policier tenta d’enlever
plâtre et disparut. Le 10 juin, Georgann Carol Da Ronch, 18 ans, d’un centre com-
Hawkins, 18 ans, disparut sur le chemin mercial à Murray, mais elle parvint à lui
entre son logement étudiant et l’apparte- échapper en le griffant, bien qu’il ait réussi
ment de son petit ami, à Seattle. à attacher une menotte à l’un de ses poi-
gnets. Quelques jours plus tard, des spécia-
La police soupçonna qu’un tueur en série listes parvinrent à retrouver du sang de
était à l’œuvre. Toutes les femmes disparues l’agresseur sur le manteau de Carol, qui
étaient jeunes, jolies et portaient des che- avait dû l’éclabousser lorsqu’elle l’avait
veux longs séparés par une raie. Elles se res- griffé. Ce sang était du groupe O positif,
semblaient beaucoup. celui de Ted Bundy. (cf. Sérologie et analyse
de traces de sang, p.35)
Le 14 juillet, de nombreuses personnes
s’amusaient autour du lac Sammammish. À Le même soir, Debbie Kent, 17 ans,
la fin de la journée, deux autres jeunes fut enlevée de l’auditorium du lycée
femmes avaient disparu : Janice Ott, 23 ans, Viewmont, à Salt Lake City.
et Denise Naslund, 19 ans.
Les polices de l’Utah pensèrent, avec raison,
Des témoins se rappelèrent avoir vue Janice que le tueur de l’état de Washington avait
parler avec un jeune homme brun qui avait déménagé chez eux. Bundy adorait skier et
un bras dans le plâtre. Il s’était présenté sous le Colorado possède de superbes mon-
le nom de “Ted”. Les enquêteurs découvri- tagnes… Le 12 janvier 1975, Caryn
rent que d’autres jeunes femmes avaient été Campbell, 23 ans, disparut de son hôtel à
accostées par ce “Ted”. À chaque fois, il leur Snowmass, au Colorado, alors qu’elle pas-
avait demandé de l’aider à attacher une sait des vacances avec son fiancé. Un mois
planche à voile sur le toit de sa Volkswagen. plus tard, à quelques kilomètres de là, on
La police fit dresser un portrait robot. Des trouva son corps nu figé dans la neige. Le
centaines de personnes appelèrent la police 15 mars, Julie Cunningham, 26 ans, dispa-
et une jeune femme expliqua qu’elle pensait rut alors qu’elle se rendait dans un bar, à
que “Ted” pouvait être un étudiant nommé Golden, Colorado. Le 6 avril, Denise
242 Ted Bundy. Oliverson, 25 ans, disparut alors qu’elle se
rendait en vélo à Grand Junction, dans le
Les enquêteurs vérifièrent mais découvri- Colorado.
rent que Bundy était un jeune homme “bien
sous tous rapports”, un étudiant en droit et Le 16 août 1975, Ted Bundy fut arrêté à
un jeune Républicain qui avait participé à la Salt Lake City pour cambriolage. Il condui-
campagne électorale du gouverneur. sait doucement, de nuit, dans un quartier
Le nom de Bundy disparut tout au fond de résidentiel, ce qui avait attiré l’attention
la pile. d’un policier.
Celui-ci avait examiné sa Coccinelle Le 15 février, un policier de Pensecola
Volkswagen et y avait découvert un pied- remarqua une Coccinelle Volkswagen
de-biche, une cagoule de ski, un masque vaguement orange qui roulait doucement
taillé dans un bas, une corde, des menottes dans un quartier résidentiel. Il apprit que
et du fil de fer. les plaques du véhicule avaient été volées
quelques jours plus tôt. Le policier prit la
Des enquêteurs découvrirent chez Bundy voiture en chasse et Bundy finit par s’arrê-
des factures de carte de crédit le reliant à la ter, pour tenter de s’enfuir à pieds. Le poli-
station de ski de Snowmass, Colorado, le cier le rattrapa et le menotta.
jour de la disparition de Caryn Campbell.
Carol Da Ronch reconnut Bundy comme On fit un moule de la mâchoire de Bundy
l’homme qui l’avait agressée en novembre pour la comparer avec les traces de morsures
1974 et il fut inculpé de tentative d’enlève- du corps de Lisa Levy. Elle correspondait
ment. Les témoins du lac Sammamish le parfaitement (cf. Odontologie légale, p.41).
reconnurent comme le “jeune homme au
plâtre” et on l’inculpa finalement de plu- En juillet 1979, Bundy fut reconnu coupa-
sieurs meurtres. ble des meurtres de la fraternité Chi
Omega et condamné à mort. Il reçut la
Un examen approfondi du corps de Caryn même sentence pour le meurtre de
Campbell montra que les “marques” de Kimberly Leach. On le soupçonne de
lésions sur son crâne avaient été faites par dizaines de meurtres jamais résolus dans
un objet pointu, et que ces “marques” cor- plusieurs États différents.
respondaient au pied-de-biche découvert
dans le véhicule de Bundy (cf. Autopsie,
p.31). En avril 1977, il fut extradé au
Colorado pour le meurtre de Caryn
Serial Killers
Campbell.
Te d Bundy
s’échappa de nouveau et partit immédiate-
ment vers l’est. Il arriva finalement en
Floride en janvier 1978. Il s’établit non loin
ans
est brun et assez gra . D’après les témoignages, il
janvier 1978, il pénétra de nuit dans la mai-
• Il parvient à manipu
ler les femmes avec
Thomas, 20 ans, qu’il frappa également à la
le
Une Coccinelle Volksw pour transporter ses victimes.
d’enlever une adolescente.
Serial Killers
Compétences
À l’intérieur, on découvrit leurs corps. Elles f ibres découvertes sur Lauren Wagner pro-
Athlétisme 55%
avaient été violées et étranglées. venaient de la maison de Buono à Glendale.
Baratin 70%
(cf. Poils, cheveux et fibres, p.29).
Chasse 45%
Conduite 55%
Connaissance de la Rue 35%
Profil de : Crédit 30%
Angelo Buo Déguisement 55%
no & Discrétion 55%
Droit 45%
Kenneth Bi Intimidation 50%
• Il n’existe pas de
anchi Lieu : Glendale 65%
tra
tirés et le corps d’L ce sur le sol montrant que les corps
Séduction 70%
issa Kastin a été pas ont été Vigilance 55%
Selon le médecin lég sé
iste, les victimes ont par-dessus une rambarde.
deux hommes : nous toujours été violées
• L’un d’eux ou les sommes en présence de deux tueurs. par
Langues
deux, vivent sûrement
Anglais 75%
la plupart des vic à
times ont été abando Glendale car les corps de
Italien 75%
Glendale. Certains
corps ont été découv nnées dans la région de
ciles d’accès et peu erts dans des coins Combat
vis diffi-
être familier des lie ibles de la route : l’un d’eux au moi Armes de poing 45%
• Les deux tueurs son ux. ns doit Bagarre 35%
t organisés et sains Garrot 55%
vers sexuels qui lai d’esprits. Ce sont des
ssent très peu d’indi per-
times sont torturées ce
• Ils sont sûrement à un endroit, puis aba derrière eux. Les vic-
blancs et sûrement cél ndo nnées dans un autre.
détestent tous deux iba
les femmes et doiven taires ou divorcés : ils
à maintenir une relati t éprouver des diffic
• Ils occupent sûreme on durable. ultés
nt des emplois subalt
casier judiciaire pou ernes et ont sûreme
r nt un
viols sur des femmes des cambriolages ou des agressions et/
• Ils doivent être trè . ou des
• Comme il existe une s pro che s, un lie n for
grande différence d’â t doit les unir.
est possible que les ge
tueurs aient au moins entre les victimes, il
être 25-35 ans pour 10-15 ans d’écart, peu
• Ils utilisent san l’un est 35-45 ans pour l’autre. t-
s doute un stratagèm
pour attirer les vic e, un équipement partic 245
tim
méfiantes dans des qua es car ils parviennent à enlever des ulier
rti ers résidentiels. femmes
ils comme des person
nes d’autorités (po Peut-être se présentent-
king…). liciers, gardiens de
• La signature : le par-
garrottage et les tra
gnets et les chevilles ces de ligatures sur
. les poi-
• Le garrot est une
tradition méditerranée
d’origine espagnole nne : ils sont sans
ou
• Il est probable que italienne. doute
l’un d’eux ou les deu
de leurs meurtres. x gardent des « trophé
es »
1977
Genene Jones Genene Jones
Genene Jones a un besoin maladif
d’attention qui la pousse à provoquer
des situations d’urgence afin de
se mettre en valeur, un “Syndrome “Ils vont commencer à croire
de Munschausen” et un “Syndrome
de Munschausen par procuration”.
que je suis l’infirmière de la mort”
Genene Jones
Valeurs dérivées
son bac, elle épousa un jeune homme qui et une diarrhée. Genene Jones s’occupa de
Impact 0
s’engagea dans la marine après 7 mois de lui et il subit un arrêt cardiaque. Il fallut
Points de Vie 10
mariage. Genene Jones, qui frôlait la nym- presque une heure aux médecins pour le
Santé Mentale 65
Serial Killers
phomanie, le trompa avec de nombreux sauver et ils remarquèrent que son sang ne
Compétences
hommes. coagulait pas. Ce problème disparu mais,
Administration 65%
durant la nuit (le poste de Jones), le bébé
Comédie 75% Sa mère la poussa à entrer dans une école recommença à saigner et son cœur cessa à
Crédit 55%
Intimidation 45%
d’esthéticienne. Elle eut un enfant de son nouveau de battre. Il mourut tôt le matin.
Médecine 65%
époux mais, après 4 ans de mariage, ils Le nouveau médecin chef demanda une
Pharmacologie 65% divorcèrent et elle eut un second enfant autopsie et l’on découvrit de l’héparine dans
Premiers soins 65%
Usages 65%
d’un autre homme. Peu après, le grand frère le sang du petit garçon, un médicament
de Jones mourut lui aussi d’un cancer. anticoagulant. Le médecin chef demanda
Langues
Genene Jones abandonna ses enfants à alors que l’utilisation de ce médicament par
Américain 80% l’adoption, décida de changer de carrière et les infirmières soit mieux contrôlé et que les
commença des études d’infirmière. Elle enfants à la santé déclinante subissent des
obtint son diplôme en 1977 et travailla tests sanguins.
d’abord au San Antonio’s Methodist
Hospital, d’où elle fut renvoyée au bout de En novembre 1981, une série d’enquêtes
8 mois pour avoir pris des décisions sur internes fut menée, sans qu’il en ressorte
lesquelles elle n’avait pas autorité et parce quoi que ce soit de précis. La direction de
qu’elle traitait trop rudement les patients. l’hôpital décida de… ne rien faire.
Elle trouva rapidement un autre emploi Peu après, Joshua Sawyer, 11 mois, eut un
dans la section des soins intensifs du dépar- arrêt cardiaque après avoir inhalé les fumées
tement de pédiatrie de l’hôpital du comté d’un feu. Les docteurs lui prescrivirent du
de Bexar, à San Antonio Les bébés admis Dilantin (un anticonvulsif ). Il tomba dans
au “Bexar” se mirent à mourir à un rythme le coma et Genene Jones assura à
effrayant. Entre mai et décembre 1981, au ses parents qu’il serait “mieux pour lui de
moins 20 enfants décédèrent d’arrêt car- mourir” car il risquait de graves lésions au
diaque ou d’hémorragie interne. Dans la cerveau. Peu après, le petit Joshua eut un
majorité des cas, les morts avaient lieu alors nouvel arrêt cardiaque et mourut. Les tests
que les bébés étaient aux bons soins de montrèrent une quantité mortelle de
Genene Jones. Dilantin dans son sang.
246
Toutefois, elle était considérée comme une Rolando Santos, un petit bébé de 1 mois
excellente professionnelle, une femme qui se traité pour une pneumonie, eut soudaine-
consacrait totalement aux petits et tombait ment un arrêt cardiaque et des saignements
dans un état de grande dépression dès que inexpliqués. Ses problèmes s’intensifiaient
l’un d’eux mourrait. Elle avait pourtant lorsque Jones s’occupait de lui et disparu-
commis plusieurs erreurs, harcelait les nou- rent durant ses 3 jours de congés.
velles venues et refusait de suivre des for- Lorsqu’elle revint, il eut une hémorragie
mations importantes, mais l’infirmière en interne et un arrêt cardiaque.
Les tests montrèrent une quantité excessive de les transférer au Sid Peterson Hospital :
d’héparine dans son sang. Un médecin tous s’en remirent et l’on pensa juste à une
décida alors de le transférer hors de l’unité infection, sans soupçonner Genene Jones.
de soin pédiatrique et le plaça en surveil- Mais un médecin du Sid Peterson Hospital
lance intensive 24h sur 24. Le bébé se remit apprit qu’elle avait été soupçonnée au Bexar
et put bientôt rentrer chez ses parents. et en parla avec la responsable de la clinique
Plusieurs médecins poussèrent la direction de Kerrville, avant de prévenir les Texas
de l’hôpital à mener une enquête sur Rangers.
Genene Jones mais le Bexar craignait un
scandale et une mauvaise presse. En septembre, la responsable de la clinique
Finalement, un groupe d’experts de plu- examina les flacons de succinylcholine (une
sieurs hôpitaux américains et canadiens fut drogue paralysante, dérivée du curare),
nommé pour examiner les causes des décès. qu’elle utilisait très rarement, et découvrit
Ce groupe interrogea tous les membres du que certains étaient à moitié vides. Genene
personnel du Bexar et eut la surprise de Jones ne put lui donner aucune explication.
découvrir qu’une infirmière accusait ouver- Elle la licencia et une enquête fut menée
tement Genene Jones de meurtre. mais plus personnes ne voulut fréquenter la
Cependant, le groupe – comme c’est sou- clinique de Kerrville. En octobre, les médias
vent le cas – ne prit pas de décision ferme s’en mêlèrent et indiquèrent que cette
et recommanda seulement à la direction de enquête impliquait les morts de 47 bébés au
l’hôpital de se séparer à la fois de Jones et de Kerrville et au Bexar.
l’infirmière qui l’accusait des meurtres…
Genene Jones préféra démissionner. Genene Jones fut finalement inculpée de
meurtre lorsque l’on découvrit de la succi-
Peu de temps après, Jones fut embauchée à nylcholine dans le corps de la petite Chelsea
la clinique de Kerrville, dans le tout nou- McClellan (cf. La toxicologie, p.49), grâce à
un test qui venait d’être développé par une
Serial Killers
veau service de pédiatrie. En janvier 1982,
Chelsea McClellan, une petite blonde aux équipe suédoise.
yeux bleus de 8 mois qui avait des pro-
blèmes respiratoires depuis sa naissance, Jones fut jugée en 1984 et, accablée par
d’innombrables témoignages d’ex collègues,
arriva à l’hôpital. Alors que la mère discu-
elle fut reconnue coupable et condamnée à
tait avec le médecin chef, Jones jouait dans
99 ans d’emprisonnement.
une autre pièce avec la petite. Elle revint
quelques minutes plus tard expliquant que
Chelsea ne respirait plus et qu’elle avait du
lui poser un masque à oxygène. La petite fut
conduite au Sid Peterson Hospital. Au sou-
lagement de la famille et de l’équipe médi-
de :
Profil
cale, Chelsea s’en remit. Ses parents remer-
cièrent chaudement Genene Jones pour sa
Genene Jones
compétence et sa promptitude à réagir.
Neuf mois plus tard, ils ramenèrent Chelsea
pour qu’on la vaccine contre la rougeole et
• La personne qui
s’en
éprouve un grand pla prend à ces bébés
les oreillons. Genene Jones lui fit la pre-
isir, un sentiment
mière injection et Chelsea commença à
pouvoir immense car de
c’est elle qui décide
de la vie ou de la
éprouver des difficultés à respirer. Elle avait
APP 11 Prestance 55 %
était le fils d’un vétéran alcoolique et d’une
CON 14 Endurance 70 %
mère démissionnaire qui le confiait à son
DEX 15 Agilité 75 % grand-père, un pédophile notoire. Enfant,
FOR 14 Puissance 70 %
TAI 14 Corpulence 70 %
Bonin commit de petits délits et fut envoyé
ÉDU 10 Connaissance 50 %
en maison de correction où il fut brutalisé
INT 11 Intuition 55 %
et violé. Lorsqu’il revint chez lui, le sadisme
POU 13 Volonté 65 % et le viol étaient les seules formes de sexua-
Valeurs dérivées
lité qu’il connaissait. Il partit pour le
Impact +2
Vietnam à 18 ans et en revint avec les hon-
Points de Vie 14 neurs… jusqu’à ce qu’on découvre qu’il avait
Santé Mentale 65 violé deux jeunes recrues.
Compétences
Administration 55% Il fut incarcéré dans un hôpital psychia-
Athlétisme 65%
Autoroutes californiennes 70%
trique en 1969 pour avoir violé cinq garçons
Baratin 55%
dans le comté de Los Angeles entre novem-
Chasse 70%
bre 1968 et janvier 1969. Il fut libéré en tard. Il avait été violé et étranglé avec son t-
Conduite 65%
Serial Killers
Darin Lee Kendrick, 19 ans, disparut le 29 On découvrit que Bonin avait souvent tué
avril 1980 du parking du magasin de avec des complices différents, à peine plus
Stanton où il travaillait. Il fut violé et étran- âgés que ses victimes : Vernon Butts, 21 ans
glé, mais Bonin l’avait également forcé à (inculpés de 6 meurtres, se suicida en cel-
ingérer de l’hydrate de chloral qui provoqua lule), James Munro, 19 ans (Steven Wells)
des brûlures chimiques. Lorsque son corps et Gregory Miley, 19 ans (Charles Miranda
fut découvert, le lendemain, près de la et James McCabe).
Artesia Freeway, il avait également un pic à
glace planté dans l’oreille droite, qui avait Bonin fut également suspecté d’au moins
provoqué une blessure fatale au cerveau. 20 meurtres supplémentaires de jeunes
gens, dont les corps furent retrouvés non
Finalement, les meurtres se succédèrent loin d’autoroutes dans les comtés voisins de
Kern, Riverside, San Diego et San
Serial Killers
avec une telle fréquence que la police du
admettre l’existence du “Freeway Killer” et Bernardino.
commença enfin à coordonner les activités
des nombreux départements de police
impliqués.
de :
William Pugh. Il avait accompagné Bonin
lorsque celui-ci avait assassiné Harry
Profil
William B onin
Turner. Apeuré, Pugh expliqua aux policiers
• Un
que William Bonin était sûrement le
homme blanc, 30-35 ans
Pervers sexuel sad , célibataire.
“Freeway Killer”. Il lui avait présenté un
iqu
arrêté pour des agress e. A sûrement été
article qu’il avait découpé dans le journal
• Psychopathe, il
prémédite ses crimes
lui avait expliqué comment il les avait tués
abandonne ses victim et
es nues pour éviter
et avec qui. La boite à gants de son van était
laisser des indices. de
• Signature : il étr
bourré d’autres articles sur le “Freeway
ang
leur t-shirt et att le les victimes avec
Killer”.
e mép
times, qu’il abandonne ris pour ses vic-
Le matin du 2 juin 1980, Steven Jay Wells,
ou à côté de bennes
ordures. Il a san à
corps fut découvert derrière la benne à
s doute lui-même
méprisé et violé à été
ordures d’une station service proche
Ce dernier était un homme brutal et leur l’avoir drogué pour lui voler son argent. Il
Connaissance de la Rue 20%
mariage, qui dura 14 ans, fut violent. En avait rencontré Puente dans un bar et ils
Contrefaçon 50%
1960, elle fut arrêtée dans une maison close étaient revenus à son appartement mais il
Crédit 55% et fut condamnée à 90 jours d’emprisonne-
Droit 50%
s’était soudain senti vaseux et s’était affalé
Médecine 45%
ment dans le pénitencier du comté de dans son canapé. Puente en avait profité
Persuasion 60%
Sacramento. À sa sortie, elle fut arrêtée pour pour fouiller son appartement et lui voler
Séduction 70% vagabondage et condamnée à 90 jours sup- une collection de monnaies rares. Elle fut
Usages 60% plémentaires. Lorsqu’elle fut libérée, son reconnue coupable de 3 vols et, vu ses anté-
Langues
époux ne voulut plus subvenir à ses besoins cédents, condamnée à 5 ans de prison.
Américain 80% et elle se retrouva impliquée dans des délits
Espagnol 80% qui, avec le temps, s’aggravèrent. Au pénitencier, elle commença à correspon-
dre avec un retraité de 77 ans qui vivait dans
Mais ses activités criminelles cessèrent rapi- l’Oregon, Everson Gillmouth. Elle était à la
dement lorsqu’elle trouva un emploi d’aide recherche d’argent et de respectabilité, et il
soignante dans une maison de repos pour les possédait les deux. Une amitié se développa
personnes âgées et handicapées. Elle tra- entre eux et lorsque Puente fut libérée sur
vailla dans plusieurs pensions et acquit une parole en 1985, il l’attendait dans sa Ford
bonne réputation. Elle divorça de Johanson rouge. Leur relation se développa rapide-
en 1966 et épousa Roberto Puente, un ment et le couple fit bientôt des projets de
homme de 19 ans son cadet, à Mexico City. mariage. Ils ouvrirent un compte joint et
Mais il se mit rapidement à la tromper et le payèrent 600 $ par mois pour louer une belle
mariage ne dura que deux ans. Peu avant leur maison victorienne à 2 étages, à Sacramento.
divorce, Dorothea Puente acquit une grande Puente en fit immédiatement une pension
maison de 3 étages et 16 chambres à pour indigents.
Sacramento, où elle accueillit les SDF et les
indigents du quartier. Elle se montrait ferme Elle était considérée comme une gentille
mais agréable. Pour Pâques et Noël, elle invi- veuve qui tentait d’aider les personnes en
tait souvent les pauvres mais aussi les difficulté. Celles et ceux qui vivaient chez
employés des services sociaux, qui avaient elle se portaient rapidement mieux : ils pre-
tous une haute opinion d’elle. naient soin d’eux-mêmes, suivaient leur
250 prescription médicale, etc. Les services
Ses voisins commencèrent toutefois à se sociaux pensaient que Puente avait une
poser des questions lorsqu’ils notèrent les excellente influence sur ses pensionnaires.
étranges activités d’un SDF alcoolique sur-
nommé “le Chef “ que Puente avait “adopté” En novembre 1985, Puente embaucha
et qui travaillait pour elle. Elle lui avait Ismael Florez pour installer des lattes de
demandé de creuser dans la cave de la mai- bois dans la pension. Pour ce travail et 800 $
son et le sol avait été couvert par une dalle de de plus, Puente lui donna une Ford rouge en
ciment. Chef abattit ensuite un garage dans bon état qui, selon elle, appartenait à son
petit ami de Los Angeles qui n’en avait plus Finalement, le 7 novembre, Judy Moise
besoin. Elle demanda ensuite à Florez un alerta la police de la disparition de Bert
dernier service : construire une boîte de Montoya. La police se rendit à la pension
1m80 sur 90cm pour y “ranger des livres et pour questionner Puente et l’un des rési-
d’autres objets”. Il accepta ensuite de porter dents leur glissa un bout de papier sur lequel
la boîte remplie et fermée par des clous il avait écrit que Puente lui avait ordonné de
jusqu’à un dépôt de stockage et ils partirent mentir. Quatre jours plus tard, la police
en voiture. Mais, en chemin, elle lui dit d’ar- revint avec un mandat pour fouiller la mai-
rêter sur l’autoroute et de jeter la boîte dans son et creuser le jardin (cf. L’anthropologie
la rivière. Puente assura à Florez que la boîte légale, p.46). Sept corps furent découverts,
ne contenait en fait que des déchets. dont celui de Bert Montoya. Le corps de
Betty Palmer était décapité, on lui avait aussi
Le 1er janvier 1986, deux pêcheurs découvri- coupé les pieds et les mains. Les analyses
rent la boîte, à demi immergée dans la démontrèrent que les pensionnaires étaient
rivière. Une odeur nauséabonde s’en échap- morts d’overdose de Flurazepam (un somni-
pait. Ils prévinrent la police. Dans la boîte, fère) et la police découvrit des dizaines de
les enquêteurs découvrirent le corps décom- prescriptions médicales dans les papiers per-
posé d’un vieil homme en sous-vêtements, sonnels de Puente. Les enquêteurs apprirent
enveloppé dans un drap et attaché avec du f il ensuite que Puente avait encaissé plus de 60
électrique. Il n’allait être identifié que 3 ans chèques appartenant à ces pensionnaires
plus tard : c’était Everson Gillmouth. après leur décès.
Puente continua de percevoir la pension Ils se décidèrent à arrêter Puente mais, à leur
d’Everson Gillmouth et écrivit des lettres à grand embarra, elle avait disparu sans que
sa famille pour expliquer qu’il ne les avait pas quiconque ne le réalise. Ils demandèrent
contactés parce qu’il était malade. Elle conti- l’aide du FBI pour la retrouver, lancèrent un
nua également de diriger sa pension, accueil- avis de recherche national… et tournèrent en
Serial Killers
lant 40 nouveaux locataires, la plupart des rond un moment. Elle logeait en fait à Los
alcooliques et des drogués. Bien qu’elle Angeles sous le nom de Dorothea Johanson.
engrangea un bon bénéfice, elle en voulait Mais elle se rendit finalement dans un bar
encore plus et recommença à parcourir les où elle engagea la conversation avec le
bars pour trouver de nouveaux pension- patron. “Dona” s’enquit de sa situation finan-
naires. Chaque mois, Puente collectait le cière et lui indiqua des “tuyaux” pour l’amé-
courrier des locataires avant qu’ils ne le liorer. Après plusieurs heures de discussion
voient et ne leur donnait qu’une petite partie sur le même thème, l’homme devint suspi-
de leur argent. Invariablement, ils gaspil- cieux. Lorsqu’ils se séparèrent, il vit l’avis de
laient ce petit pécule dans les bars les plus recherche à la télévision et appela la police.
proches, étaient arrêtés par la police suite à Puente fut reconnue coupable de 3 meurtres
des appels anonymes et emprisonnés durant et condamnée à la perpétuité.
30 jours. Puente continuait toutefois de tou-
cher leur pension.
de :
Des pensionnaires commencèrent également
Profil
à disparaître. Le 19 août, Betty Palmer, 77
Dorothea Puente
ans, ne revint jamais de son rendez-vous avec
son médecin. Quelques semaines plus tard,
Puente utilisa sa carte d’identité pour encais-
• Les personnes dis
parues ont toutes un
ser sa pension. En février 1987, Leona
assez moyen, voire âge
avancé. Leur assass
doit être âgé de 40 in
Carpenter, 78 ans, s’installa dans la pension
• Leurs possessions
dis
Il semble que ces meuparaissent également.
rtres soient motivé
En octobre, Vera Martin, 62 ans, arriva et
par le profit. s
• L’assassin est plu
disparut aussi rapidement.
• Intelligente, paraît
douce et gentille mai
Puente. Il disparut peu après et Puente
Compétences
telles que la morphine pour soulager les le Donneybrook Medical Center. Il assura
Administration 60%
terribles douleurs de sa mère et cela le fas- s’être débarrassé de son addiction et
Athlétisme 35%
Serial Killers
Langues
d’amis : son sentiment de supériorité, de employant son épouse comme secrétaire. Il
Anglais 70%
plus en plus présent, l’empêcha de se lier attira de nombreux patients par son affabi-
avec les autres. Il eut toutefois une petite lité et son attention. Il s’occupait de ses
amie, Primrose, 17 ans, qui tomba rapide- patients avec sollicitude et n’hésitait pas à se
ment enceinte. Il l’épousa et elle accoucha déplacer chez les personnes âgées. Les
du premier de leurs 4 enfants. Shipman pompes funèbres Massey s’occupaient des
devint médecin en 1970 et obtint son pre- patients décédés de Shipman et finirent par
mier emploi à l’Infirmerie Générale de remarquer que nombre d’entre eux étaient
Pontefract (une petite ville proche de des dames seules qui mourraient soudaine-
Leeds). ment. Elles étaient presque toutes assises
dans leur fauteuil, habillées, et non dans
Quatre ans plus tard, il rejoignit un cabinet leur lit en robe de chambre.
médical à Todmorden (un nom allemand
qui signifie “morts de meurtres” !), toujours Les médecins du cabinet Brooke, situé en
près de Leeds, comme médecin généraliste. face du cabinet de Shipman, s’étonnaient
Ses collègues le trouvaient arrogant et eux aussi du nombre élevé de décès parmi
agressif. Il ne suivait pas les conseils des les patientes âgées du Docteur Shipman.
médecins expérimentés. Il commença à res- Début 1998, l’un des médecins contacta la
sentir des malaises, des sortes de “trous police pour lui faire part de ses inquiétudes.
noirs”. Ses collègues soupçonnèrent une Une enquête fut menée durant 6 semaines
épilepsie mais découvrirent rapidement que mais s’arrêta, faute de preuves solides
252
Shipman consommait en fait de la drogue. (Shipman avait re-écrit la plupart de ses
Il se prescrivait de la péthidine, un dérivé de certificats de décès).
la morphine. Confronté aux fausses pres-
criptions par ses supérieurs, il nia tout, entra En juin 1998, Angela Woodruff fut cho-
dans une colère noire et menaça de démis- quée d’apprendre le décès de sa mère,
sionner. Shipman fut écarté du cabinet et Kathleen Grundy, une veuve dynamique de
dut rejoindre un programme de traitement 81 ans. Un appel téléphonique de la police
de la toxicomanie à York. Il ne fut lui annonça que des amis l’avaient trouvée
condamné qu’à une amende et put conti- morte chez elle, après l’avoir vainement
nuer à pratiquer la médecine. attendue pour le déjeuner.
Elle était simplement assise dans le fauteuil La police se mit alors à enquêter sur les
de son salon. Angela Woodruff savait que sa décès d’autres patients du médecin et les
mère était en bonne santé pour son âge et familles les contactèrent les unes après les
qu’elle ne présentait aucune maladie chro- autres pour leur faire part de leurs soup-
nique qui aurait pu provoquer son décès çons. Shipman fut tout d’abord inculpé des
aussi soudainement. meurtres de 15 d’entre eux mais la police
découvrit l’existence de dizaines de morts
Angela appela le cabinet du Docteur inexpliquées. Elle dut convaincre nombre
Shipman, le médecin traitant de sa mère, de familles d’accepter l’exhumation de leur
pour obtenir un rendez-vous. Lorsque le défunt, essuyant souvent des refus.
médecin la rappela, il lui assura qu’une
autopsie ne serait pas nécessaire car il avait À chaque fois, Shipman avait rendu visite à
rendu visite à sa mère peu avant son décès. ses patientes chez elles, leur avait injecté
Elle souffrait alors de douleurs dans la poi- une overdose de diamorphine sous un pré-
trine… mais elle n’avait pas voulu affoler les texte, puis avait laissé la drogue faire son
gens qu’elle aimait. effet. Les victimes s’endormaient pour ne
jamais se réveiller.
Quelques jours plus tard, Angela Woodruff
fut contactée par des notaires concernant Shipman fut condamné à la perpétuité
les biens de sa mère (habitations et assu- en janvier 2000 pour les meurtres des
rance vie), pour un total de 385 000 £. À sa 15 “premiers” patients assassinés à Hyde.
grande surprise, elle apprit que sa mère
avait modif ié son testament peu avant sa En juillet 2002, un rapport officiel conclut
mort, faisant du Docteur Shipman l’unique que Shipman avait tué entre 215 et 260
bénéf iciaire de tous ses biens. patients durant 23 ans, à Hyde et à
Todmorden (West Yorkshire), dont 80 %
étaient des femmes.
Serial Killers
Le testament était fort mal rédigé (pauvreté
de la phraséologie, de la dactylographie et
de la qualité du papier : cf. Examen de docu- Le 13 janvier 2004, Harold Shipman s’est
ments, p.63), ce qui était contraire à la pendu dans sa cellule de la prison de
Wakefield.
nature méticuleuse de sa mère. Il mention-
nait également le fait que le corps de
Kathleen Grundy devait être incinéré,
ce dont elle n’avait jamais fait mention
auparavant.
de :
Profil
Avocate de profession, Mme Woodruff porta
plainte auprès de la police, qui commença
Dr Shipman
une enquête. Le testament révéla une
empreinte du Docteur Shipman mais
aucune de Kathleen Grundy, qui était pour-
tant censée l’avoir signé (cf. Empreintes
pouvoi
sur la vie et la mor r et la domination
Toxicologie, p.49).
t, le contrôle absolu
La police découvrit peu après une machine .
à écrire et du papier qui se révélèrent être 253
ceux utilisés pour le faux testament de Mme
Grundy (cf. Examen de documents, p.63).
la Nouvelle-Orléans en 1876,
police indépendante disponible 24 h/24. En
August Vollmer étudia la comptabilité, aux États-Unis 1835, le Texas mit sur pied ce qui allait
la dactylographie et la sténographie.
devenir les Texas Rangers. Jusqu’en 1844,
Lorsque sa famille déménagea à
Berkeley, Californie, en 1891, Vollmer
New York posséda deux forces de police, le
rejoignit les pompiers volontaires.
Les États-Unis ont hérité la plupart de service de jour et la veille de nuit. En 1858,
Quand la guerre hispano-américaine
leurs institutions de la Grande-Bretagne Boston et Chicago décidèrent que les poli-
éclata en 1898, il s’engagea et fut car les Anglais représentaient la majorité ciers porteraient des uniformes et, en 1863,
décoré deux fois pour son courage.
Revenu à la vie civile, il travailla comme
des premiers Européens qui ont débarqué Boston leur confia des pistolets. Durant
postier puis fut élu marshal en 1905,
sur les côtes du Nouveau Monde. Ainsi, le cette période, les services de police furent
lorsque la ville décida de réorganiser le maintien de l’ordre dans les treize premières dirigés par des chefs de police nommés et
département de police suivant des
méthodes militaires. Vollmer occupa ce
colonies fut confié à des Justices of Peace, donc redevables envers les dirigeants poli-
poste jusqu’en 1932 et révolutionna le
des hommes élus ou nommés par la popu- tiques. La corruption était monnaie cou-
travail de police aux États-Unis.
lation, et dont le nom et les fonctions rante.
Vollmer prit ses fonctions à un moment remontent au roi Richard Cœur de Lion.
crucial : la police de Berkeley était cor-
rompue et brutale, si inefficace que la
Le 16 décembre 1891, l’inspectrice des ser-
violence des gangs de rue à l'ouest de
Toutefois, les colonies se transformèrent en vices de santé, Marie Owens, fut nommée
Berkeley avait forcé la Southern Pacific villages et les villages en villes, à mesure que agent de police à Chicago, au bureau des
Railroad à abandonner son dépôt local.
Au lieu d'embaucher plus de “gros
de nouveaux immigrants arrivaient, et le detectives, devenant la première femme
bras”, Vollmer dénonça publiquement
système des Justices of Peace ne fut bientôt policière du pays. Un autre héritage du sys-
l’utilisation excessive de la force et de la
plus suffisant. En 1635, la ville de Boston tème judiciaire britannique est le shérif
peine capitale, réclamant plutôt une établit le tout premier service de police à (rappelez-vous le shérif de Nottingham et
attaque concentrée sur les racines
sociologiques du crime.
travers la Night Watch (veille de nuit), un Robin des Bois). Lorsque l'Amérique se
En 1908, Vollmer ouvrit l'école de police
groupe de bénévoles. Ce système fonc- lança dans la conquête de l'Ouest, le shérif
de Berkeley, où il fut instructeur en chef. tionna correctement tant que la région fut fut souvent l’unique représentant de la loi
En 1930, les recrues y recevaient trois
cent douze heures de formation. Les
rurale et agraire. New York établit la Shout des villes les plus isolées. Il pouvait être
innovations tactiques de Vollmer com-
and Rattle Watch (veille cris et crécelle) en recruté par la communauté locale, et le plus
prenaient l'utilisation de la bicyclette,
1651. En 1705, Philadelphie jugea néces- souvent, un shérif était choisi pour sa répu-
puis des automobiles (en 1914, la police saire de diviser la ville en dix zones de tation.
de Berkeley fut la première à posséder
des agents patrouillant en voiture), et
patrouilles tant la cité s’était étendue.
enfin des radios. Il ouvrit également la
Aujourd’hui, les forces de l’ordre sont des
voie à l'utilisation des empreintes digi- En 1712, Boston engagea les premiers poli- organismes très spécialisés. De nombreuses
tales, à la classification de l’écriture et à
l'utilisation de “détecteurs de men-
ciers professionnels des treize colonies et, forces de police sont nées avec le temps :
songes” pour dépister les suspects. Il fut
en 1789, le Congrès américain créa la pre- fédérales, d’État, de comté, et municipales.
l’un des premiers à employer des
mière force de police fédérale, les US mar-
agents de sexe féminin. Lors du recrute-
ment, Vollmer donnait la priorité
shals.
aux diplômés d’université et enseigna
La police de New York
lui-même les sciences de la police
Durant les presque cent ans qui s’écoulèrent
à l'Université de Californie
Le service de police de la ville de New York
entre la guerre d’indépendance et la guerre
de 1916 à 1932.
fut créé en 1844. À l'époque, la population
Vollmer créa le premier laboratoire
Enquête
Enquête
sciences et la technologie, la police put créer femme à travailler au siège de la police,
de nouvelles unités, comme le Bomb Squad Minnie Gertrude Kelly, fut nommée secré-
(les démineurs) en 1905, les patrouilles à taire de la commission de police.
moto en 1911, la patrouille automobile en
1919, l'unité des services d'urgence en En 1912, Isabella Goodwin fut la première
1926, l'unité aéronautique en 1929, et elle femme nommée detective de première
classe. En 1917, deux femmes furent affec-
tées à des patrouilles de rue.
257
conscription de police féminine) fut formé
avec vingt policières en patrouille. En 1924,
le bureau féminin du département de la
police de New York fut créé avec à sa tête
Mary Hamilton.
En 1961, Felicia Shpritzer du NYPD porta Voici la liste des commissioners qui eurent
plainte en justice pour forcer le departe- en charge le service de police de New York
ment à accorder aux femmes le droit de entre 1918 et 1945 :
passer l'examen de sergent. À la suite de ce
procès, cent vingt-six policières passèrent • Richard Edward Enright : 1918-1925.
cet examen pour la première fois en 1964. Président du syndicat de lieutenants de la
Felicia Shpritzer et Gertrude Schimmel police de New York, il avait soutenu la
devinrent les premiers sergents féminins, candidature du maire John Hylan. Il
puis les premiers lieutenants féminins en refusa pourtant que ce dernier lui dicte la
1967. Schimmel devint le premier capitaine conduite du NYPD et, par vengeance,
de police féminin en 1971 et le premier ins- Hylan licencia des policiers proches
pecteur adjoint féminin en 1972. d’Enright. Enright permit un jour de
congé après six jours de service, améliora
En 1973, le bureau féminin fut supprimé, et le système de retraite, réduisit le nombre
le premier examen neutre pour les deux de precincts pour une meilleure gestion,
sexes fut instauré. La même année, policiers réorganisa le système de mérite fondé sur
et patrouilleurs furent officiellement rebap- le nombre d’arrestations, établit le premier
tisés police officers (agents de police). camp où les policiers malades ou blessés
pouvaient récupérer jusqu'à ce qu'ils
En 1974, Gertrude Schimmel fut nommée soient en mesure de retourner au travail,
première femme inspector. En 1976, le fit fonctionner le bureau des personnes
capitaine féminin Vittoria Renzullo fut disparues 24 h/24, et augmenta le nombre
nommé aux commandes du premier pre- de policières. Il lutta également contre la
cinct. En 1977, les premières femmes furent corruption.
intégrées à l’Homicide Unit. En 1978,
Gertrude Schimmel fut la première deputy • George Vincent McLaughlin : 1926-1927.
chief de la police de New York. La même Ancien banquier, il fut nommé commis-
année, le NYPD s’engagea à embaucher sioner à 40 ans. Il tenta de contrer la cor-
ruption du Tammany Hall, qui le fit rem-
plus de detectives femmes.
placer par Jo Warren.
En 1984, Irma Lozada fut la première
• Joseph A. Warren : 1927-1928.
femme police officer tuée dans l’exercice de
En pleine Prohibition, il fut plus préoc-
ses fonctions.
cupé par le “mélange des races” dans les
bars que par les bootleggers.
En 1994, Joyce A. Stephen devint la pre-
Enquête
258
logique et combattit les gangs. York dans sa création d’une école de sur-
• William Stephen Devery : 1898-1901. veillants pénitentiaires.
Nommé par le Tammany Hall, il était cor-
rompu et négligent. • James S. Bolan : 1933.
Il passa trente-sept ans dans la police en
Depuis 1901, le NYPD est dirigé par un tant qu’inspector avant d’être nommé
seul commissioner, nommé par le maire. commissioner. Il était rigoureux, morne et
Bon nombre des personnes nommées dans robuste. Il n’occupa le poste de commis-
les premières décennies du XXème siècle sioner que durant huit mois, puis créa une
avaient peu ou pas d'expérience dans l'ap- agence de détectives privés en 1934.
• John Francis O'Ryan : 1934. • George Samuel Dougherty (1865-1931) :
Avocat, il s’engagea dans la National Il travailla comme imprimeur avant de
Guard et fut général durant la Première rejoindre l’agence de détectives privés
Guerre mondiale. Il fut ensuite directeur Pinkerton en 1888. Il se révéla un excel-
des transports de l’État de New York. En lent enquêteur et arrêta de très nombreux
1934, il décida de présenter sa candidature criminels durant ses vingt-trois ans dans
à la mairie de New York, mais accepta de l’agence. Il devint directeur de la branche
se retirer lorsque Fiorello LaGuardia (qui new-yorkaise de l’agence jusqu’à ce que le
fut élu maire) proposa de le nommer com- maire de New York le nomme commissio-
missioner. Il démissionna après quelques ner adjoint du NYPD en 1911. Adepte
mois, en désaccord avec LaGuardia. d’une discipline stricte, il exerça un
contrôle considérable sur ses hommes. Il
• Lewis Joseph Valentine : 1934-1945. dirigea une équipe de detectives qui, en
Policier depuis l’âge de 21 ans, il passa dix 1913, appréhendèrent une centaine de
ans en patrouille avant d’intégrer le bureau gangsters en vingt-quatre heures à la suite
des affaires internes, où il enquêta sur les d'une fusillade durant laquelle un greffier
actes répréhensibles commis par ses col- avait été tué. Dougherty quitta le NYPD
lègues. Une fois nommé commissioner, il en 1913 et créa sa propre agence de détec-
combattit la corruption dans la police et le tive privé.
crime organisé avec l’aide active du maire
LaGuardia. • Cornelius W. Willemse (1871-1942) :
Il quitta les Pays-Bas en 1888 pour s’ins-
Particulièrement honnête et sévère, il taller à New York. Willemse travailla
licencia plus de 300 agents, en réprimanda comme videur dans un saloon avant de
plus de 4 000 et astreignit une amende à rejoindre la police en 1900 comme
8 000 agents. Par ailleurs, il recommanda patrouilleur. Il resta dans la police durant
à ses hommes de traiter les gangsters avec vingt-cinq ans. Il publia deux ouvrages,
brutalité. Il resta au poste de commis- Behind the Green Lights en 1931 et A
sioner plus longtemps qu’aucun autre Cop Remembers en 1933, où il décrivit
et démissionna uniquement lorsque l’évolution du NYPD, d’une institution
LaGuardia quitta son poste de maire. archaïque et corrompue à un département
de police moderne et assaini. Behind the
Green Lights décrit l’évolution de
Willemse jusqu’au grade de capitaine de
Les figures de la police l’Homicide Squad, dans un NYPD majo-
ritairement composé d’Irlandais. Dans A
de New York
Cop Remembers, Willemse révèle les
méthodes policières souvent brutales utili-
• Giuseppe “Joe” Petrosino (1860-1909) : sées à l'époque, notamment lors des inter-
Né en Italie, il entra dans la police en rogatoires.
Enquête
1883. Il fut un pionnier dans la lutte
contre le crime organisé. Il devint ami • John D. Coughlin (1874-1951) :
avec le commissioner Roosevelt, qui le Il entra dans la police en 1896 et après
promut au poste de detective sergeant en onze ans de patrouille, il fut nommé capi-
charge de l’Homicide Division en 1895. Il taine de la direction jointe des detectives
enquêta particulièrement sur le crime de Brooklyn et du Queens. Il servit en
organisé : Petrosino considérait la mafia tant que chef de la division des detectives
comme la pire honte pour les Italo- du NYPD à partir de 1920 jusqu'en 1928.
Américains et arrêta de nombreux Il fut ensuite démis de ses fonctions à la
mafieux. suite d'accusations de laxisme (a priori
infondées) après l'assassinat d’une figure
En décembre 1908, il fut nommé lieute- de la pègre, Arnold Rothstein.
nant et placé à la tête de la légendaire
Italian Squad, un groupe d’élite de cinq • Samuel Battle (1883-1966) :
detectives italo-américains créé spécifi- Il fut le premier policier noir du NYPD,
quement pour combattre la mafia. En en 1911. Il était surnommé “Big Sam” par
259
1909, il décida de se rendre en Sicile pour ses collègues car il était grand et imposant.
obtenir des renseignements. Il gagna leur respect après avoir sauvé la
vie de l’un d’eux au début des années 1920,
Malheureusement pour lui, en raison au point qu’ils firent une pétition pour
de l'incompétence du commissioner qu’il puisse passer l’examen de sergent.
Theodore Bingham, le New York Herald
publia un article sur sa “mission secrète”. Il devint le premier sergent afro-améri-
Petrosino fut assassiné à Palerme. Plus de cain en 1926, puis lieutenant en 1935. Il
200 000 personnes assistèrent à ses funé- fut le premier commissaire aux libérations
railles à New York. conditionnelles afro-américain en 1941.
L’agence Pinkerton
Enquête
261
Les precincts
Un precinct est un espace délimité dans un
quartier. Le terme a plusieurs usages différents. Il
peut, par exemple, se référer à une circonscription
électorale.
en 1972
91 PCT 41 PCT 82 PCT Supprimé en 1963
25 PCT 8A PCT 15 PCT Supprimé en 1964
97 PCT 48A PCT 83 PCT
16 PCT Supprimé en 1968
93 PCT 45 PCT 84 PCT
29 PCT 10 PCT 17 PCT
102 PCT 50 PCT 85 PCT Supprimé en 1954
26 PCT 9 PCT 18 PCT Renommé “Midtown North”
105 PCT 51A PCT 87 PCT Supprimé en 1971
en 1972
96 PCT 46 PCT 88 PCT
31 PCT 10A PCT 19 PCT
101 PCT 49 PCT 90 PCT
28 PCT 9A PCT 20 PCT
103 PCT 49A PCT 92 PCT Supprimé en 1971
33 PCT 11 PCT 22 PCT Renommé “Central Park
104 PCT 51 PCT 94 PCT
Precinct” en 1968
3 PCT 72 PCT 96 PCT N’existe plus de nos jours
39 PCT 13 PCT 23 PCT
123 PCT 52 PCT 100 PCT
32 PCT 12 PCT 24 PCT
125 PCT 53 PCT 101 PCT
43 PCT 13A PCT 25 PCT
118 PCT 56 PCT 102 PCT
37 PCT 14 PCT 28 PCT
120 PCT 58 PCT 103 PCT
27 PCT 73 PCT 29 PCT N’existe plus de nos jours
116 PCT 54 PCT 104 PCT
40 PCT 15 PCT 30 PCT
105 PCT
38 PCT 16 PCT 32 PCT
106 PCT
42 PCT 17 PCT 34 PCT
Queens
Enquête
263
produisaient généralement dans les pre- Entre 1919 et 1923, huit chefs de la police
mières heures de la matinée. À partir de furent nommés et démissionnèrent, impuis-
1920 et pendant la majeure partie des vingt sants à améliorer la situation, à l’exception
années qui suivirent, la corruption conta- d’August Vollmer, directeur du service de
mina le gouvernement local et le LAPD. police de Berkeley, qui accepta de diriger le
Ce fut l'époque de la Prohibition puis de la LAPD pendant un an. Vollmer, réforma-
Grande Dépression, et Los Angeles attira teur et administrateur dévoué, réorganisa
les pires éléments. Politiciens véreux, complètement le département.
racketteurs, gangsters et bootleggers jouirent
d’une immunité quasi totale. Il améliora les conditions de travail, établit
de nouvelles normes de professionnalisme,
La ville fut presque totalement entre les et jeta les bases de ce qui devint le départe-
mains des mafieux qui contrôlaient les élus, ment des enquêtes scientifiques. Il forma
dictant les nominations et les promotions également une “division d’écraseurs du
au sein de la police, tout en profitant des crime” de trois cents hommes, qui concen-
énormes bénéfices engendrés par l'alcool, le tra les ressources et le personnel sur les
jeu et la prostitution. zones à forte criminalité.
Toutefois, un système de promotion au Mais lorsque son année de présence fut ter-
mérite fut mis en place en 1920, suivie en minée, la politique prit de nouveau la relève
1922 par des augmentations de salaire et la et écrasa le LAPD de son influence jusqu'à
nomination du premier chef adjoint et ins- ce que Fletcher Bowron ne devienne maire
pecteur des detectives. en 1938 et qu’une série de réformes
majeures ne soient instituées.
conduite.
Enquête
police, il travailla à l’amélioration du profes- geait le LAPD en sous-main, effectuant des
sionnalisme et de la discipline, demanda transferts de personnel sans même consulter
que le public soit informé du travail du Lee Heath. The Combination était connue
LAPD, rationalisa les dépenses, créa des des médias de l’époque et surnommée “le
groupes spécialisés dans les narcotiques, et gang de la mairie”.
plaida pour l’autonomie du department face
à l'administration civile. Il mena le LAPD James Edgar Davis : 1926-1931, puis
avec rigueur jusqu’en 1966. 1933-1938. Davis avait deux facettes. L’une
sous laquelle il se présentait comme un
défenseur de la loi zélé et rigoureux. Et une
Ainsi, le scandale “Bloody Christmas” en
autre, où il se révélait être aussi corrompu
1951 (sept hommes, dont cinq Latinos,
que ses prédécesseurs. Durant son premier
furent violemment tabassés par des poli-
mandat, il souligna l’importance de l’entraî-
ciers) conduisit les journaux et les habitants
nement au tir. Durant son second mandat,
de Los Angeles à réclamer la fin des bruta- il institua un règlement interdisant la solli-
lités policières. citation de récompenses ou l'acceptation de
265
gratifications par des policiers. Il licencia
Huit policiers furent inculpés pour agres- deux cent quarante-cinq agents de police
sion, cinquante-quatre furent transférés et pour inconduite. Il créa l’académie de police
trente-neuf furent suspendus. en 1935.
Le Dahlia noir
Enquête
Enquête
rejoindre l'armée.
phones furent installés en 1878.
En 1903, le BPD fut le premier à obtenir L’unité canine fut fondée en 1963. Elle
une “voiture de patrouille” (une voiture à emploie actuellement vingt et un chiens
vapeur Stanley). À l'époque, aucun policier formés pour récupérer des preuves comme
ne sachant conduire, la ville embaucha un des fusils et des douilles d'obus, flairer les
chauffeur. L'agent de police en patrouille stupéfiants et les composés explosifs, locali-
s’asseyait sur un siège surélevé afin de voir ser et arrêter les fugitifs, et pour protéger
par-dessus les hautes clôtures qui entou- leurs maîtres. Les six premiers chiens furent
raient les propriétés. Le premier fourgon de offerts au BPD par un magazine allemand
police fut acheté en 1912. qui couvrait l’affaire de “l’étrangleur de
Boston” (un tueur en série qui assassina
En 1919, 1 117 policiers se mirent en grève treize femmes à leur domicile entre 1962 et
durant des mois. Ces policiers (les trois 1964).
quarts du department) furent licenciés et
remplacés par de nouveaux policiers (sou- Le nouveau QG est équipé des dernières
technologies en identification des images et
267
vent de jeunes militaires qui revenaient de
la guerre en Europe) qui reçurent les avan- en balistique, et d’un laboratoire ADN
tages que les agents grévistes avaient tenté (seuls dix-huit services de police aux États-
d'obtenir. Les salaires furent augmentés, les Unis possédant leur propre laboratoire
jours de congé furent plus fréquents et les ADN).
uniformes furent fournis aux frais du BPD.
En 1900, le BPD employait près de 1 000
Dans les années 1920, le BPD dut lutter policiers patrouilleurs. En 2013, le BPD
comme toutes les autres forces de police emploie un peu plus de 2 100 agents de
contre les crimes nés de la Prohibition. police.
Les districts de Boston Son refus d’autoriser les policiers à s’unir
ème
Au XIX siècle et jusqu’au début du en syndicat provoqua l’immense grève de
XXème siècle, Boston annexa les villes adja- 1919. Il refusa de réintégrer les grévistes.
centes de South Boston (1804), East
Boston (1836), Roxbury (1868), • Herbert A. Wilson : 1922-1930. Il tenta
Dorchester (1870), Brighton (1874), West de faire respecter les lois de la Prohibition
Roxbury (1874), Charlestown (1874), et tout en réclamant des lois plus sévères sur
Hyde Park (1912), qui devinrent des quar- la vente des armes.
tiers de Boston. Les districts qui, au départ,
• Eugene Hultman : 1930-1934. Ancien
ne couvraient que le vieux Boston, furent
chef des pompiers de Boston, il fit doubler
modifiés au fil des années et des annexions.
les patrouilles en voiture pour harceler les
gangsters. Il fut licencié après que des
De nos jours, la ville de Boston est divisée
policiers eurent frappé des étudiants et
en onze districts, l’équivalent des precincts
des enseignants de Harvard lors d’une
new-yorkais :
manifestation.
A-1 : Downtown/Beacon
Hill/Chinatown /Charlestown
• Eugene M. McSweeney : 1935-1936. Il
A-7 : East Boston
mit en place une assurance-vie pour tous
B-2 : Roxbury/Mission Hill
les policiers, ainsi qu’une retraite à 50 ans.
B-3 : Mattapan/North Dorchester McSwenney fut accusé de “protéger les
C-6 : South Boston racketteurs” (les gangsters) et remplacé
C-11 : Dorchester par Timilty.
D-4 : Back Bay/South End/Fenway
D-14 : Allston/Brighton • Joseph F. Timilty : 1936-1943. Membre
E-5 : West Roxbury/Roslindale du personnel militaire du gouverneur du
E-13 : Jamaica Plain Massachusetts. En mars 1943, Timilty et
E-18 : Hyde Park six de ses subordonnés furent inculpés de
“complot en vue de permettre l'exploita-
tion de maisons de jeu et l'enregistrement
Les commissioners de paris”. Le gouverneur le licencia.
Depuis 1903, la police de Boston est dirigée
par un commissioner, nommé par le gouver- • Thomas F. Sullivan : 1943-1957. Il fut
neur de l’État. directeur de la Works Progress
Administration (programme de travail
• Edwin Upton Curtis : 1918-1922. pour les chômeurs) puis “conservateur
Avocat, il fut maire de Boston en 1895 de la nourriture et de l’essence” du
puis directeur des impôts de Boston. Massachusetts au début de la guerre.
Enquête
268
Histoire de la police Surnommé “le Tigre”, il fut élu président du
Conseil quelques mois plus tard. Il réprima
en France les grèves et il mit en place une importante
réforme de la police. À l’époque, la police
était divisée en cantons.
Enquête
police en uniforme de France, les “sergents police judiciaire qui remplaça définitive-
de ville”, qui furent sans doute les premiers ment l'ancien “contrôle général des services
policiers en uniforme dans le monde. de recherches judiciaires” (et donc, les bri-
gades mobiles). Vichy créa également les
Sous Napoléon III, la police politique pros- groupes mobiles de réserve (GMR, des uni-
péra aux dépens de la police judiciaire. Les tés paramilitaires ancêtres des CRS) et
“commissaires spéciaux” (ancêtres des ren- l'école nationale supérieure de la police, à
seignements généraux) furent créés en 1855 Saint-Cyr-au-Mont-d'Or.
pour surveiller l’opinion publique et traquer
les opposants. À la fin de l’année 1941, les brigades
mobiles devinrent des services régionaux de
À la fin du XIXème siècle, la France se trouva police judiciaire (SRPJ) chargés de surveil-
confrontée aux attentats anarchistes et à ler le territoire.
une augmentation de la criminalité. En
1870, toutes les préfectures de police furent Après la Libération, 7 000 policiers col-
supprimées, sauf celle de Paris. labo-rateurs furent renvoyés mais la police
269
nationale conserva son rôle. Les GMR
Au début du XXème siècle, des bandes de furent dissous en novembre 1944, et rem-
jeunes délinquants surnommés “les placés en décembre par les compagnies
Apaches” semèrent la terreur à Paris. Selon républicaines de sécurité (CRS). En janvier
Le Petit Journal, en 1907, ils étaient 70 000 1947, les SRPJ furent fixés au nombre de
pour 4 millions d’habitants. Georges dix-sept : Versailles, Lille, Rouen, Angers,
Clémenceau, nommé ministre de l'Intérieur Orléans, Clermont-Ferrand, Bordeaux,
en 1906 pour contrer une vague de grève et Toulouse, Marseille, Lyon, Dijon, Reims,
de criminalité, se désigna lui-même comme Rennes, Montpellier, Nancy, Strasbourg et
le “premier flic de France”. Limoges.
En 1949 apparurent les groupes de répres- d’identifier les récidivistes. Il freina cepen-
sion du banditisme (GRB) dans la plupart dant l’utilisation de la dactyloscopie (étude
des SRPJ, afin de combattre le crime des empreintes digitales) qu’il considérait, à
organisé. tort, comme moins efficace et moins sûre
que son propre système.
En 1966, le président Charles de Gaulle
dota la France d'une police nationale telle En 1893, les services anthropométriques et
qu’on la connaît de nos jours, comportant photographiques fusionnèrent pour créer le
une Direction centrale de la police judi- service de l'identité judiciaire dont le direc-
ciaire (DCPJ). teur fut Alphonse Bertillon. En 1902, un
service dactyloscopique fut créé au sein de
En 1985 fut créée une Sous-direction de la l’identité judiciaire. Le laboratoire de
police technique et scientifique (SDPTS) l'identité judiciaire fut créé deux ans après
qui supervise les laboratoires de police le décès de Bertillon, en 1916.
scientifique de Paris, Lille, Lyon, Marseille
et Toulouse ainsi que les services de l'iden- La préfecture de police de Paris, dirigée par
tité judiciaire. le préfet Lépine depuis 1893, fit à Paris une
guerre souterraine à la sûreté générale.
Enquête
Enquête
• Paul Guichard : Né en 1870, il fut York en mai 1925.
employé de commerce avant d’intégrer la
2ème brigade de recherches de la préfecture
de police en tant qu’inspecteur en 1892. Il • André Benoist : juin 1928 - avril 1930.
devint commissaire de police de la ville de
Paris en mars 1903.
• Paul Guichard : voir plus haut. Il resta
Il fut nommé chef de la 3ème brigade de directeur jusqu’en mars 1934.
recherches chargée de la lutte contre les
anarchistes en décembre 1911 puis com-
missaire divisionnaire, chef du service de • Charles Meyer : mars 1934 - mars 1941.
sûreté le 30 décembre 1911. Il resta à son Il est né en 1877, son père était inspecteur
poste jusqu’en 1913. principal à la préfecture de police. Il entra
à la préfecture de police comme inspec-
Par la suite, il devint inspecteur général teur en 1900. Il devint lui aussi inspecteur
des services de la préfecture de police en principal de gardiens de la paix en 1908,
1919 et enfin directeur de la police judi-
271
puis commissaire de police de la ville de
ciaire de la préfecture de police en 1930. Paris en 1914. Il fut nommé commissaire
divisionnaire en 1924, directeur adjoint de
la police municipale en 1931, puis direc-
Directeurs de la police judiciaire teur de la police judiciaire de la préfecture
• Henri Mouton : août 1913 - juin 1921. de police en 1934.
Né en 1873, avocat, juge d'instruction,
puis procureur de la République, il fut Il devint directeur général de la police
attaché au cabinet du préfet de police municipale de la préfecture de police en
Louis Lépine de 1912 à 1913. 1941 et prit sa retraite un an plus tard.
Les brigades du Tigre
272
mobile. En 1941, elles devinrent des
services régionaux de police judiciaire.
La bande à Bonnot
La gendarmerie
La gendarmerie est le descendant direct de Durant la Première Guerre mondiale, les
la “maréchaussée” de l'ancien régime. gendarmes furent, entre autres, chargés de
poursuivre les déserteurs.
Au Moyen Âge, deux grands officiers du
royaume de France avaient des responsabi- En 1918, l’école des officiers de la gendar-
lités de police : le maréchal de France et le merie vit le jour. Après la Première Guerre
connétable de France. Les responsabilités mondiale, des forces de gendarmerie mobile
de police militaire du maréchal de France furent créées. En 1920, une direction auto-
étaient déléguées au prévôt du maréchal, nome de la gendarmerie fut créée au sein du
dont la force était donc surnommée “maré- ministère de la Guerre.
chaussée” puisque son autorité provenait du
maréchal. Les pelotons mobiles de gendarmerie
devinrent la garde républicaine mobile en
Durant la Révolution, la maréchaussée ne 1926 (rebaptisée gendarmerie mobile en
fut pas dissoute car elle jouissait d’une 1954).
grande popularité. Elle fut simplement
rebaptisée gendarmerie nationale en février Durant la Seconde Guerre mondiale, la
1791 et devint un corps exclusivement gendarmerie, comme la police, fut dépen-
militaire, perdant les quelques missions de dante du régime de Vichy.
justice qu'elle détenait jusqu'alors.
Dans les années 1970, la gendarmerie créa
La gendarmerie fut alors “une force insti- des brigades de recherches (BR) et le
tuée pour assurer dans l’intérieur de la GIGN et commença à accepter des femmes
République le maintien de l’ordre et l’exécu- dans ses effectifs.
tion des lois” par “une surveillance continue La direction générale de la gendarmerie
et répressive constitu[ant] l’essence de son nationale naquit en 1981.
service”.
En 2009, la Direction générale de la gen-
Napoléon Ier mit en place une Inspection darmerie nationale a quitté le ministère de
générale (l'ancêtre de la Direction générale la Défense pour être rattachée au ministère
de la gendarmerie nationale). de l'Intérieur (avec la police nationale et les
sapeurs-pompiers).
Sous Napoléon III et la IIIème République,
les effectifs furent augmentés. La gendar- Elle reste toutefois une force militaire et la
merie se modernisa comme la police, avec Direction générale de la gendarmerie natio-
les bicyclettes puis l’automobile. nale reste au ministère de la Défense.
Enquête
273
274
matraque et une crécelle pour donner
l'alerte. En 1864, les célèbres casques furent La tâche d'organiser et de concevoir une
introduits et les sifflets remplacèrent les nouvelle police fut confiée au colonel
moulinets. Charles Rowan et à Richard Mayne, qui
furent nommés commissioners. Ils s’installè-
En 1858, le premier véhicule de police était rent au 4, Whitehall Place, derrière lequel
tiré par des chevaux. Plus tard, des véhicules se situait une cour (a courtyard) dénommée
de police sécurisés furent introduits et le “Great Scotland Yard”. C’est cette cour qui
grand public les surnommait Black Marias donna son nom au siège de la police londo-
car les voitures étaient noires. nienne, Scotland Yard.
En 1887, le siège de la police s’étalait aux logeaient les policiers non mariés devinrent
3, 4, 5, 21 et 22 sur Whitehall Place, au 8 et plus confortables, Tenchard modifia le sys-
9 sur Great Scotland Yard, au 1, 2 et 3 sur tème de recrutement et de promotion…). Il
Palace Place, et diverses écuries et dépen- créa également le Metropolitan Police
dances ainsi qu'un bâtiment isolé au centre College en 1934. Le Metropolitan Police
de la cour qui fut successivement occupé Forensic Laboratory ouvrit ses portes en
par les magasins, le bureau des fiacres puis 1935.
les bureaux du CID.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les
Ce siège, trop exigu, fut supprimé en 1890 policiers de la Met tentèrent de protéger la
et déménagea sur le quai Victoria, où il population et quatre-vingt-dix-huit d’entre
devint connu sous le nom de New Scotland eux moururent en 1940 lors des raids
Yard. aériens. Plusieurs postes de police furent
détruits en 1941. À partir de 1942, les poli-
En 1967, en raison de la nécessité d'un ciers furent autorisés à s’engager dans l’ar-
siège plus grand et plus moderne, un nou- mée.
veau déménagement eut lieu à l'emplace-
ment actuel, sur 10 Broadway, qui est égale- En 1947, la Metropolitan Police réalisa que
ment connu sous le nom de New Scotland plus de 4700 hommes étaient morts et, en
Yard. 1951, le commissioner Harold Scott intro-
duisit l’entraînement des cadets, âgés de 16
En 1888, le commissioner Sir Charles à 18 ans, afin qu’ils deviennent policiers.
Warren, responsable de la répression san- Toutefois, la Met continua à souffrir d’un
glante d’émeutes et rendu responsable de grave manque de personnel durant les
l’incapacité de la police à arrêter Jack années 1950. En 1963, le premier ordina-
The Fingerprint Branch
Le bureau des empreintes digitales
l’Éventreur, démissionna et fut remplacé teur utilisé par la Met fut installé dans un
de New Scotland Yard commença à tra-
par James Monro. grand bureau et fut utilisé pour les salaires
vailler avec seulement trois personnes.
Le service d'identification est assuré
et les statistiques de la criminalité.
actuellement par 600 agents techniques
En 1894, la Metropolitan Police commença
et administratifs.
à utiliser le système d’anthropométrie En 1967, Norwell Roberts fut le premier
d’Alphonse Bertillon.
Aujourd'hui, il existe deux bureaux
agent de police noir à rejoindre la
des empreintes digitales à New
Metropolitan Police. Il prit sa retraite en
Scotland Yard : l'Office national des
En 1901, le bureau des empreintes digitales 1997 avec le grade de detective sergeant.
fut créé et l’importance de l’anthropométrie empreintes digitales (qui, avec l'Office
national du casier judiciaire, constitue
le Bureau national d'identification) et
commença à décliner. En 1973, le commissioner Robert Mark tra-
la Metropolitan Police Scenes of Crime
vailla contre la corruption et la brutalité
Branch, qui intègre les services
Avec le départ de nombreux soldats durant dans la Metropolitan Police, et quatre-
la Première Guerre mondiale, le manque de d’examens des empreintes digitales,
des photographies et des scènes
vingt-dix policiers furent licenciés. Il établit
de crime.
personnel se fit rapidement sentir et la Met également de meilleures relations avec les
Enquête
embaucha des femmes pour s’occuper des médias et intégra les femmes en tant
mineurs et des prostituées. qu’agents à part entière dans la Met. En
1975, il appela les personnes d’origine
En 1918, l’immense majorité des agents de étrangère à rejoindre la police.
la Metropolitan Police se mirent en grève
pour obtenir un meilleur salaire et la possi- Les années 1980 virent la mort de plusieurs
bilité de s’unir en syndicat. Ils obtinrent la policiers lors d’attentats (notamment de
première revendication mais pas la seconde. l’IRA) et d’émeutes.
En 1919 fut créée la Flying Squad, une bri- En 1995 fut créé le Crime Report
gade volante rattachée au siège du CID. La Information System (CRIS), un système
brigade fut élargie au cours des années 1920 informatique d’enregistrement des crimes,
et obtint quarante agents supplémentaires puis en 1997, le National Automated
en 1929. En 1948, elle devint une brigade Fingerprint Identification System
indépendante directement rattachée au (NAFIS), un système informatisé d’em-
siège de Scotland Yard. Elle existe toujours. preintes digitales.
Jack l’Éventreur
Charles Vincent hérita d'un petit groupe de • Colonel Sir Edward Bradford (1890-
detectives à Scotland Yard, les autres restant 1903) : Le Baron Bradford fut officier
dans les divisions sous le commandement dans l’Armée des Indes puis officier poli-
des superintendents. Vincent proposa alors la tique auprès des princes du Rajput. De
création de sections permanentes de detec- retour en Angleterre, il fut nommé aide de
tives au sein des divisions, qui assureraient camp personnel de la reine Victoria. Sa
la liaison avec la direction centrale du CID première préoccupation lorsqu’il fut
à Scotland Yard. Soixante patrouilles de nommé commissioner fut de rétablir une
divisional detectives et vingt patrouilles spé- certaine stabilité à la Met après les
ciales commandées par cent cinquante-neuf émeutes, les attentats et les démissions en
sergents et quinze detective inspectors consti- cascade de ses prédécesseurs. Son autorité
tuèrent une immense amélioration par rap- et son expérience furent appréciées.
port aux petites patrouilles en civil occa- La réputation de la police dans l'opinion
sionnelles qui travaillaient auparavant dans publique s’améliora grandement.
chaque division. Bradford régla avec succès la grève de la
police de 1890 en visitant chaque station
À Scotland Yard, la CID fut dirigée par de police et en écoutant ses hommes. Il
un superintendent commandant, trois chief tenta d'améliorer le niveau de formation
inspectors et vingt inspectors, ainsi qu’un des nouvelles recrues. Il s’assura que
bureau de six sergents et constables. toutes les stations soient équipées du télé-
graphe et encouragea les activités spor-
tives parmi ses hommes. Il prit sa retraite
Les commissioners en 1903.
Enquête
général Warren fut officier des British baron Henry était né de parents irlandais.
Royal Engineers avant d’être nommé com- Il fut fonctionnaire des impôts en Inde
missioner de la Met suite à la démission de puis secrétaire du gouverneur du Bengale.
son prédécesseur. À l’époque, les commis- En 1891, il devint inspector general de la
sioners étaient souvent choisis au sein de police du Bengale. Il échangea des cour-
l’armée. Il était proche des superintendents riers avec Sir Francis Galton concernant
mais se tenait à l’écart des autres policiers. l’utilisation des empreintes digitales à des
Sa réputation fut entachée par le Bloody fins d’enquêtes criminelles. La prise d'em-
Sunday de novembre 1887 lors duquel il preintes digitales et palmaires était fré-
envoya 4 000 policiers et 300 fantassins quente dans la bureaucratie du Bengale
réprimer brutalement une manifestation à comme moyen d'identification, mais
Trafalgar Square. Mais son pire problème n’était pas utilisée par la police car il n'y
fut l’enquête ratée sur les crimes de Jack avait pas de système de tri simple pour
l’Éventreur. Il était accusé, souvent à tort, permettre une identification rapide d'une
de tous les maux, alors qu’il ne maîtrisait empreinte. Avec l’aide de deux officiers
pas le CID (responsable de l’enquête) bengali, Henry développa en 1897 un sys-
tème de classification des empreintes
277
dirigé indépendamment par l’assistant
commissioner James Monro. Il démis- digitales selon leur forme. Son système se
sionna et retourna à la vie militaire. répandit rapidement en Inde, au point
qu’il fut rappelé à Londres en 1901 pour y
• James Monro (1886-1890) : Écossais être nommé assistant commissioner en
d’origine, il fut avocat puis juge en Inde charge du CID. Il créa le Metropolitan
avant d’être nommé assistant commissioner Police Fingerprint Bureau en juillet 1901,
responsable du CID. Il s’occupa d’abord qui permit l’inculpation d’un cambrioleur
d’attentats commis par les “Fennians” (les dès 1902. Henry introduisit d'autres inno-
indépendantistes irlandais) avec tant de vations : il acheta les premières machines
à écrire pour Scotland Yard, et fit installer agents, des clubs de sport et un système de
une ligne de télégraphe (puis de téléphone retraite. Durant la Première Guerre mon-
en 1904) directe entre le poste de police diale, il fut nommé deputy assistant adju-
Paddington Green (en plein centre de tant-general au ministère de la Guerre.
Londres) et son domicile. Nommé com-
missioner lorsque Sir Bradford prit sa En septembre 1918, le général Sir Nevil
retraite, Henry fit passer la Metropolitan Macready devint commissioner et nomma
Police d’un service archaïque à une force Horwood assistant commissioner en charge
moderne. Il fit installer des téléphones de l’administration et des policiers en uni-
dans toutes les stations et répandit l'utili- forme. Horwood créa la première police
sation de “boîtes de police” (des cabines féminine et mit en place les premières
téléphoniques bleues reliées directement à patrouilles mobiles. Lorsque Macready fut
la police, pour les appels d’urgence). Il envoyé en Irlande en 1920, Horwood prit
embaucha 1 600 hommes et créa la pre- sa place en tant que commissioner.
mière formation adéquate pour les nou-
veaux agents. Il démissionna suite à la Horwood était un bon administrateur,
grande grève de la police de 1918. mais fut considéré comme un personnage
sans humour, grossier et arrogant par ses
• General Sir Nevil Macready (1918- hommes. En tant que soldat, il préférait la
1920) : Le baron Macready fit une longue compagnie d'autres militaires à celle des
carrière militaire dans tout l’Empire bri- policiers de carrière, et en nomma plu-
tannique (Égypte, Inde, Afrique du sieurs à des postes supérieurs. Il ne cher-
Sud…) avant d’être nommé adjudant cha jamais à connaître ses hommes, et, en
general au sein du ministère de l’Armée en retour, il fut dédaigneusement surnommé
1907. Il eut la responsabilité de “l'aide “The Chocolate Soldier” (le soldat au
militaire au pouvoir civil” mais se montra chocolat) après qu’un malade mental eut
toujours pacifique et respectueux des tenté de l'assassiner en 1922 en lui
manifestants, ce qui évita sans doute des envoyant une boîte de chocolats empoi-
bains de sang parmi les Irlandais sépara- sonnés à l'arsenic.
tistes, les grévistes et les manifestants. Il
participa à la Première Guerre mondiale Horwood ne s’opposa pas aux baisses
jusqu’en 1916, date à laquelle il fut de salaire et suspendit les recrutements,
faisant perdre 1 000 hommes à la Met.
nommé adjudant general des Forces cana-
diennes. Il fut un partisan enthousiaste de
À partir de 1923, de nombreux journaux
l'emploi de main-d'œuvre féminine pour
publièrent des articles sur l'inconduite
permettre aux hommes d’aller au front.
policière et la corruption. Horwood les
traita de ragots et refusa d'enquêter sur les
Il fut nommé général en 1918 et, en août,
activités de la Met.
il accepta à contrecœur le poste de com-
Enquête
Enquête
279
Historique du FBI
Enquête
criminels qui, jusque-là, leur échappaient en fiscale (le Trésor public) qui l’inculpa pour
passant la frontière d’un autre État. fraude.
moitié nord. Il a déjà enlevé, torturé et assas- rations contre les ennemis étrangers” durant
siné deux hommes qui s’opposaient à lui. Ils ont la Première Guerre mondiale et avait aidé la
disparu mystérieusement à Mer Rouge. Et il en division du Renseignement à enquêter sur
a menacé beaucoup plus. Les autorités locales les communistes et les anarchistes.
sont absolument inactives et je crains que les
juges locaux soient corrompus.” Intelligent, éduqué, doté d’une excellente
mémoire, organisateur efficace des hommes
Le Bureau envoya rapidement quatre et des ressources, Hoover était également
agents qui travaillèrent avec le procureur un fin connaisseur de la politique et de la
général de Louisiane afin de rassembler des bureaucratie. Il avait une force de travail
preuves de crimes fédéraux. Les agents sans limites… et un intérêt sans bornes
découvrirent les corps des deux opposants pour la recherche des “vilains petits secrets”
et désignèrent certains membres du Klan de ceux qui pourraient se révéler, à l’avenir,
qui les avaient enlevés et assassinés. Ils utiles ou nuisibles à l'organisme qu'il diri-
identifièrent également le leader du geait : politiciens, journalistes, activistes,
groupe : l’ancien maire de la ville de Mer artistes... Hoover devint directeur du
282
Rouge. Bureau en mai 1924 (il n’avait que 29 ans).
En novembre, le Bureau apprit que les À l’époque, 650 employés, dont 441 agents
klansmen avaient pour intention d’assassi- spéciaux, travaillaient dans neuf grandes
ner les quatre agents qui enquêtaient. Ce villes. En 1929, le nombre s’élevait à trente
complot était encouragé par le procureur bureaux de terrain, dont des sièges de divi-
fédéral, un membre actif du KKK, qui avait sion à New York, Baltimore, Atlanta,
auparavant ordonné aux agents de quitter la Cincinnati, Chicago, Kansas City, San
Louisiane “sous peine d’être arrêté car cette Antonio, San Francisco et Portland. Mais
affaire ne les concern(ait) en rien”. en 1924, l’une des premières décisions de
et de porter des chemises colorées. Selon lui,
le fait de boire du café entrait en contradic-
tion avec l’image des surhommes qui ne pre-
naient jamais la moindre pause contre le
crime… Résultat : les agents s’absentaient
pour aller chercher un café à l’extérieur au
lieu de le boire au bureau ! Hoover voulait
absolument que le Bureau gagne le respect et
la coopération de la population et désirait, à
ce titre, que les agents soient des profession-
nels irréprochables.
Plus de soixante riches Indiens Osages famille Osage avaient été commis par
furent assassinés en Oklahoma entre un gang dirigé par William Hale, un
Enquête
1921 et 1925 par des hommes blancs riche éleveur de bétail, dans le but de
avides de récupérer les richesses des récupérer les redevances annuelles
Indiens dont les terres riches en pétrole grâce à de faux testaments. Des avocats
leur rapportaient de lucratives rede- et des hommes d’affaires blancs avaient
vances annuelles. également récupéré les terres d’autres
victimes dont ils étaient les “tuteurs”
désignés. Trouver des preuves s’avéra furent condamnés à la perpétuité pour
En 1907, chaque membre de la tribu avait
nettement plus difficile. Les locaux ne ces crimes. La plupart des meurtres
reçu un terrain de 2,6 km2, qu’il pouvait par
parlaient pas. Hale avait menacé ou demeurèrent cependant irrésolus, en
la suite léguer à des héritiers, Osages ou non.
payé la majorité d’entre eux, et les raison de la corruption profonde des
Quelques années plus tard, du pétrole avait
autres se méfiaient des étrangers. représentants locaux de la loi : impos-
été découvert sur ces terres. En 1921, une loi sibilité d’obtenir des examens post-
avait été votée obligeant chaque Indien mortem, certificats de décès falsifiés
Le Bureau décida de se montrer créa-
Osage à avoir un “tuteur blanc nommé par par le bureau du coroner, faux témoi-
tif. Quatre agents spéciaux se mêlèrent
le tribunal, jusqu’à ce qu’il soit compétent”... gnages et autres fraudes. Les hommes
à la population locale en tant que ven-
En 1925, les policiers locaux du bureau de loi corrompus cherchèrent d’ailleurs
deurs d’assurance, négociants de bétail
des Affaires indiennes, ne semblant pas
283
ou docteurs, et travaillèrent durant à se venger du policier qui avait révélé
pressés de résoudre un nombre crois- deux ans pour amasser des preuves. les meurtres, au point que ce dernier
sant de meurtres, les anciens de la tribu Avec succès. dut fuir avec sa famille à des milliers de
- aidés d’un policier - s’adressèrent au kilomètres.
FBI. Le policier présenta les preuves Des procès fédéraux eurent lieu entre
des meurtres et d’une conspiration, et En 1925, le Congrès vota une loi qui
1926 et 1929. Malgré des changements
interdisait à un non-Osage d’hériter
demanda une enquête. Le FBI envoya de lieux, des parjures, des intimida-
d’un Osage.
des agents dans la réserve. Ils découvri- tions, des désaccords parmi les jurés,
rent assez rapidement que les meurtres des appels et des verdicts annulés
de plusieurs membres d’une même en appel, Hale et deux complices
Le FBI et la mafia Le New Deal (1933-1939)
La Prohibition permit au crime organisé, et
notamment à la mafia, de contrôler le com- La vague de crimes qui avait commencé au
merce de l’alcool… et de corrompre la début des années 1920 avec la Prohibition
police afin d’avoir les mains libres. En ins- avait atteint son apogée au début des
tillant la peur par des règlements de années 1930. Des villes comme Saint Paul,
compte, la mafia prit également le contrôle Minnesota, étaient devenues des terrains
de grands syndicats ouvriers et de pans d’entraînement pour les jeunes escrocs, alors
entiers de l’industrie américaine, de la que Hot Springs, Arkansas, s’était trans-
construction à la collecte des ordures, en formé en lieu de villégiature pour la pègre.
passant par la confection et les transports Al Capone fut emprisonné en 1931, mais
routiers, dans la plupart des grandes villes. ses anciens camarades et ennemis continuè-
À mesure que le crime organisé gagnait en
rent leurs activités sans lui. Les “cinq
John Dillinger
puissance, il fit son entrée en politique. La
familles” de la mafia de New York émer-
mafia décidait de la nomination des juges et
geaient également à la même époque,
des chefs de la police. À cause de ses
“Lucky” Luciano fondant la Commission
alliances, le crime organisé était considéré
afin d’unifier la pègre et Murder Inc pour
comme intouchable.
exécuter les contrats de meurtres. (Cf. La
Alors que la mafia resserrait son emprise Mafia, page 345)
sur les États-Unis, Hoover nia constam-
ment ce que tout le monde savait : le crime La Prohibition fut abrogée en 1933, mais la
organisé était la plus grande menace crimi- crise de 1929 et la Grande Dépression pro-
nelle aux États-Unis. Hoover affirma que voquèrent une terrible pauvreté aux États-
les grandes figures de la mafia n’étaient que Unis. Les emplois honnêtes étant presque
des voyous locaux, et ne faisaient en aucun impossibles à trouver, nombre d’Amé-
cas partie d’un “syndicat du crime” national. ricains trouvaient les “boulots malhonnêtes”
Il préféra nier l’existence même de la mafia plus attractifs que la soupe populaire… Les
plutôt que d’admettre que le bureau était années 1930-1933 virent le règne de gangs-
incapable de la combattre. ters violents qui semaient la terreur dans le
pays, principalement dans le Midwest.
Pour Hoover, les statistiques, et non la qua-
lité des affaires résolues, démontraient le John Dillinger parvint à charmer la presse
succès du FBI. Tous les crimes se valaient, et le public, les convaincant qu’il était une
du simple vol d’enjoliveur au meurtre avec sorte de Robin des bois inoffensif. En réa-
préméditation. De plus, la majorité des lité, Dillinger et ses hommes braquaient des
agents du FBI étant d’anciens militaires, ils banques, terrorisaient les clients, volaient
préféraient s’attaquer aux voleurs de voi- des milliers de dollars et tuèrent un policier.
tures, aux braqueurs de banques, aux kid- Clyde Barrow et Bonnie Parker, les insépa-
Enquête
nappeurs, tous lourdement armés (syno- rables, volèrent des banques, des stations
nymes de danger et d’honneurs…), plutôt essence et des épiceries avec leur gang.
qu’au blanchiment d’argent, à la corruption,
aux détournements de fonds et aux fraudes Ils assassinèrent neuf policiers et quatre
fiscales des discrets dirigeants de la mafia. civils. L’impitoyable braqueur “Baby Face”
Nelson travailla aussi bien avec Roger le
Il fallut attendre 1957 et la découverte de la “terrible” Touhy, qu’Al Capone ou
réunion secrète de soixante-trois dirigeants Dillinger. Il n’hésitait jamais à tuer un poli-
de la mafia dans l’État de New York, pour cier : il abattit trois agents du Bureau en
que le FBI commence enfin à combattre “la sept mois. Alvin Karpis et les frères Barker
pieuvre”. cambriolaient eux aussi les banques et les
Entraînement au tir dans les années trente
trains, et enlevèrent deux riches hommes
d’affaires du Minnesota.
Enquête
de Kansas City, fut enlevée en mai 1933 kidnapping de Gettle et purent localiser
par un gang de quatre hommes. Son père la maison où ce dernier était retenu. Les dres, correspondant aux numéros de
paya une rançon de 30 000 $ et elle fut policiers la prirent d’assaut et arrêtèrent série des billets de la rançon. Waley
libérée. Charles Urschel, un magnat du tous les membres du gang. avoua alors son crime, commis avec
pétrole, fut enlevé en juillet 1933 par l’aide d’un complice rencontré en prison,
“Machine Gun” Kelly et son gang. Les En mai 1935, George Weyerhaeuser, William Dainard. Mais celui-ci avait
kidnappeurs le relâchèrent après que sa 9 ans, fils d’un riche entrepreneur, fut pris la fuite. Il fallut attendre mai 1936
famille eut payé une rançon de kidnappé à Tacoma, dans l’État du pour le retrouver à Los Angeles, toujours
200 000 $. Washington. Une demande de rançon grâce aux numéros de série des billets.
287
Conçue grossièrement mais mortelle, cette « bombe dans un tuyau de gaz » était destinée à l’habitation d’un gangster
de Chicago qui tentait de prendre possession du territoire d’un gang rival. Un policier explique sa construction.
L’un des avantages principaux de la mitrailleuse Thompson pour les gangsters est qu’elle peut être dissi-
mulée sous un manteau, comme illustré à gauche. Le dessin au-dessus montre la construction de cette
mitrailleuse mortelle. L’arme asperge littéralement une victime de balles qui sortent quasiment bout à
bout. Les cartouches de calibre .45, de 1cm de diamètre, tuent instantanément.
avait un intérêt financier. Lorsque les enquêteurs ont La mitrailleuse légère est plus petite et peut-être
voulu vérifier, le vendeur d’armes a affirmé que toutes tenue à bout de bras. C’est l’arme de prédilection des
les archives avaient été perdues et qu’il ne pouvait gangsters.
donc rien leur dire. La police savait que les armes Les armes à tir rapide sont actionnées soit par l'éner-
étaient passé aux mains de criminels mais n’a rien pu gie du recul consécutive au tir, soit par la pression du
prouver, par manque de preuves. gaz dégagé par la poudre. Les mitrailleuses Vickers,
Cet épisode a été suivi par une série de cambriolages Browning, Maxim, et Thompson, sont actionnées
et de braquages dans lesquels des mitraillettes ont été manuellement par le recul ; les mitrailleuses automa-
utilisées. Peu de temps après, une camionnette de tiques Browning, Hotchkiss et Lewis sont actionnés
gangsters a dépassé un camion blindé transportant les par la pression du gaz.
salaires d’une grosse société et a tiré dans les roues, qui En raison de sa grande taille et de son poids, la
ont explosé. Le camion s’est renversé. Lorsque l'équi- mitrailleuse classique est utilisée presque exclusive-
page a tenté de livrer bataille, il a été abattu et une ment par l’armée.
somme importante volée. Les gangsters préfèrent la mitrailleuse Thompson.
Il existe deux types de mitrailleuses : la lourde et la Si vous étudiez cette arme, vous vous rendrez
légère. La mitrailleuse lourde est une arme imposante compte à quel point elle est terrible, et vous compren-
pesant une cinquantaine de kilos et nécessitant l’utili- drez sa puissance. Petite, trapue, assez légère pour être
sation d’un trépied. Elle utilise des munitions de cali- utilisée par un seul homme, c’est un fusil automatique
bre .30, bien que les calibre .45 et .50 soient utilisé qui déverse des balles à la vitesse fantastique de 400 à
par l’armée. Les balles sont tirées depuis une bande de 800 par minute, les crachant quasiment en continu.
cartouches ou un chargeur.
288
Les munitions de calibre .45 (environ 12mm de Le gaz lacrymogène est plus efficace et ne tue pas. Ce
diamètre) donne à cette arme une plus grande « puis- n’est que lorsqu’un criminel désespéré est barricadé
sance d’arrêt » qu’aucune autre mitrailleuse ou fusil. dans une maison, par exemple, que la mitrailleuse
L'impact de ces lourdes balles inflige un terrible choc peut être utilisée par la police.
qui arrête net l’homme le plus solide. Se déplaçant à « J'ai souvent utilisé la mitrailleuse pour ma protec-
la vitesse de 280m/seconde, les balles de calibre .45 tion personnelle », a déclaré un detective lieutenant
ont une force de 90kg par cm_. A 100m, elles pénè- dont le travail l'amène au contact constant avec des
trent un arbre à une profondeur de 14cm. gangsters. « Pour cela, une mitrailleuse Thompson,
Un chargeur de 100 balles peut être tiré en moins plus du gaz lacrymogène, c’est l’idéal.
de quinze secondes. Tirez 100 billes de plomb - ce Récemment, j'ai dû arrêter un grand baron de la bière
qui représente plus d’un kilo - dans les parties sensi- qui venait d'arriver en ville et était recherché par la
bles d’un corps humain, et vous mettez n'importe police. Soupçonné de plusieurs meurtres, il était tou-
quel homme hors d’état de nuire. jours accompagné par des gardes du corps lourdement
armés.
La précision du tir n'est pas le point fort de la Quand je suis arrivé devant sa chambre d'hôtel, je
mitrailleuse. « Nul besoin d'être précis », m’a dit un portais la « machine à écrire » dans mes mains. Visant
policier. « Cette arme tire des balles si vite qu'elles droit devant moi, j'ai ouvert la porte d’un grand coup
courent presque les unes sur les autres. Vous ne met- de pied. Lorsque le baron de la bière et ses gardes du
tez pas l’arme à l'épaule et visez, comme avec un corps ont vu le canon hideux de mon arme, ils ont
fusil. Vous la tenez seulement au niveau de la taille, immédiatement levé leurs mains vers le ciel. Aucun
vous pointez dans une direction générale, et vous homme ne prend la peine de discuter avec un de ces
pulvérisez l’endroit de balles. C’est comme utiliser bébés ».
un tuyau d'arrosage. Le recul lève le canon et le dirige
vers la gauche, de sorte que la mitrailleuse dessine
un trais de balles qui monte en diagonale vers le
haut. Rien ne peut survivre dans cette ligne de tir. »
A droite. Certaines des armes découvertes dans l’arsenal de Schemer Drucci, un gangster de Chicago, célèbre pour son habilité en tant qu’assassin. La
mitrailleuse et le fusil à canon coupé étaient ses armes favorites. A gauche. Des balles de calibre .30 et .45.
289
290
endroits appartenant à l’armée comme lieu
d’entraînement au tir, notamment autour de
Washington DC. Durant l’automne 1934, le
FBI obtint un espace distinct au sein de l’im-
mense base du corps des Marines à
Quantico, en Virginie. Les Marines aidèrent
les agents du Bureau, installés sous de sim-
ples tentes, à construire des stands de tir en
Charles Appel
bois, leur prêtèrent des armes et fournirent
également des instructeurs.
Des agents en formation à Quantico en 1935
En 1935 fut créée la FBI National
Academy, un programme de formation
ayant pour but de former les agents de
police du pays aux méthodes d'investigation
modernes : à cette époque, peu d’États ou
de villes fournissaient une formation offi-
cielle à leurs enquêteurs.
Les cours incitaient à l’utilisation des En 1935, le Bureau obtint enfin le nom
sciences forensiques dans la détection du sous lequel il est connu de nos jours, le
crime, encourageaient les innovations dans Federal Bureau of Investigation, le FBI.
les enquêtes criminelles, et formaient à l'ad-
ministration de la police. Au cours de la À la fin des années 1930, le Bureau
Seconde Guerre mondiale, des cours sur employait 654 agents spéciaux et 1 141
l'espionnage et le sabotage furent ajoutés. administratifs.
Enquête
lité : Cowley aux renseignements et
était décrit comme “fade mais travail- deux dans le torse. Il ne portait pas son
Purvis sur le terrain. Leur travail
leur”. L’histoire a surtout retenu le gilet pare-balles, le jugeant inconforta-
ble… Il mourut le lendemain, à l’âge d’équipe leur permit de trouver
nom de l’agent Melvin Purvis, plus Dillinger, et de l’abattre.
flamboyant, mais Cowley a joué un de 35 ans.
rôle clé dans les enquêtes qui ont per-
En 1935, les trois célèbres gangsters
mis de mettre un terme aux activités
étaient morts et Purvis était devenu
de gangsters brutaux tels que
l’un des hommes les plus célèbres des
Dillinger, “Pretty Boy” Floyd et “Baby
États-Unis. Son visage figurait sur les
Face” Nelson. Cowley évitait les
médias et n’a donc pas reçu les boîtes de céréales et dans les bandes
louanges qu’il aurait pourtant méri- dessinées. Il semble que Hoover n’ap-
tées. Son peu d’expérience et son atti- précia pas la gloire de son ancien pro-
tude ne correspondaient pas à l’image tégé : il éluda les réussites de Purvis et
de “dur à cuir” des G-Men créée par ordonna que ses activités soient
Hollywood : il avait un diplôme en constamment surveillées.
agriculture, il était peu sportif, s’en-
291
traînait rarement au tir, et s’habillait Mortifié, Melvin Purvis démissionna
mal. Mais il était également diplômé du FBI en juillet 1935 et devint avo-
en droit, très intelligent, organisateur cat. Durant la Seconde Guerre mon-
né et possédait une éthique à toute Melvin Purvis diale, il servit dans l’armée comme
épreuve. Cinq ans après son entrée en colonel.
tant que simple agent, il devint direc- Né en Caroline du Sud, Melvin
teur des enquêtes au siège de Purvis était le fils d’un éleveur de Il mourut en 1960 en se tirant une
Washington DC. Il fut envoyé à cochons. Diplômé en droit, il rejoi-
balle dans la tête avec le pistolet que
Chicago par J. E. Hoover pour gnit le FBI à l’âge de 24 ans. Il réso-
ses anciens collègues du FBI lui
conseiller les agents qui devaient lut sa première affaire au bout de
avaient offert en 1935.
UN MEURTRE A ÉTÉ COMMIS LA NOUVELLE SE RÉPAND LE CHEF MET SES HOMMES SUR LA PISTE
COMMENT LE FBI TRAQUE SES CIBLES EN QUELQUES CLICHÉS
L’ÉQUIPEMENT EST PRÊT
Un homme est retrouvé mort et les forces de l’ordre s’attellent à la tâche Le crime est annoncé par téléphone au ministère de la Justice, J. Edgar Hoover, directeur du FBI, consulte l’immense carte de son bureau, qui lui
sans tarder. Le FBI s’occupe immédiatement de l’affaire. Dans la photo ci-des- où des opérateurs téléphoniques formés préviennent instantané- Cet agent a à sa disposition une trousse complète
apprend où chacun de ses hommes se trouve. En quelques minutes, il aura l’agent au
sus, la scène se déroule dans la « Salle d’Oscar » du FBI à Washington, où un ment les officiels concernés. Des numéros spéciaux sont réservés qui lui donnera un équipement supérieur à celui des
téléphone, et l’aura mis au travail. Une parfaite coopération entre tous les agents du FBI
mannequin représente la victime. Des apprentis relèvent les preuves. aux enlèvements. criminels. Ici, un agent vérifie sa trousse pour s’assu-
est nécessaire.
rer qu’elle contient tous les articles nécessaires.
LES PHOTOS
ENREGISTRENT PLACE AUX LES BALLES LIVRENT LES RAYONS X DES MOULAGES PRÉSERVENT
LES PREUVES ÉPROUVETTES LEURS SECRETS VOIENT TOUT LES PREUVES ÉPHÉMÈRES
Toutes les preuves essentielles sont immédia- Les tests sanguins et une analyse Les balles sont plus expressives que les mots et, Les machines à rayons X permettent aux
tement photographiées pour archivage. Ici, l’appa- Lorsque les preuves sont périssables, des moulages en plâtre sont faits pour en préser-
chimique des vêtements, des parti- sous ce microscope balistique, chaque balle indique agents du FBI de voir au travers d’un colis pour
reil photo est pointé sur un mouchoir taché de ver l’apparence exacte pour utilisation au tribunal, privant ainsi les criminels de l’un de
cules de sol, d’encre et autres, par- clairement par quelle arme elle a été tirée. La moindre en inspecter le contenu. Même une porte fer-
sang trouvé sur les lieux du crime. leurs alliés de taille : la disparition des preuves. Les empreintes de pas, comme dans l’af-
lent aux enquêteurs. Un chimiste marque laissée par le canon sur la balle est révélée. mée ne bloquera pas la vue perçante de cet faire Lindbergh, peuvent être gardées indéfiniment. Des masques mortuaires et des mou-
effectue les tests en laboratoire. appareil efficace. lages de mains ou d’autres parties du corps peuvent ainsi être préservés.
LES EMPREINTES DIGITALES LES FAUSSES IDENTITÉS UNE MACHINE CLASSIFIE
IDENTIFIENT LE COUPABLE SONT CATALOGUÉES LES EMPREINTES DIGITALES L’INFORMATION EST DIFFUSÉE
Toutes les empreintes digitales relevées par le FBI et les départements de police sont Chaque surnom, alias ou autre nom utilisé par un Cette machine surhumaine trie et identifie automatiquement les Une fois identifiées, les empreintes sont reproduites sur des
soigneusement archivées et préservées. Il en existe actuellement cinq millions, classées criminel se trouve dans un dossier, ce qui aide les empreintes digitales. Des perforations différentes identifient et distin- feuilles, avec des images et toutes les données disponibles sur la
avec les dossiers judiciaires et les informations collectées sur leurs propriétaires. Des agents sur le terrain qui cherchent des indices quant à guent chaque carte d’empreinte. En deux minutes, n’importe quelle personne recherchée. Ces feuilles sont distribuées partout dans le
experts, comme celui qui apparaît en mortaise, étudient chaque empreinte sous une la localisation d’un homme recherché. empreinte peut être retrouvée. pays, par avion, dans certains cas en plus d’un million de copies.
loupe avant de la classifier. C’est l’un des plus importants fichiers d’empreintes au
monde.
Les agents du FBI se trouvent fréquemment sur les bancs d’école du quartier général Les agents du FBI choisissent leurs armes dans un Dans une salle insonorisée et climatisée du sous-sol du ministère de la Justice, les La fin d’un ennemi public est annoncée par cette
à Washington, la moitié étant des nouveaux, l’autre moitié des agents expérimentés arsenal moderne. Jusqu’à récemment, ils n’avaient pas agents apprennent à se servir de leurs armes. L’entraînement inclut de tirer des balles cible, dans laquelle un agent a tiré vingt balles, et
venus se mettre à jour. Chaque nouvel engin ou procédure est ainsi présenté aux agents. le droit d’être armés, mais maintenant les agents sont traçantes dans une pièce sombre. Toutes sortes de cibles mouvantes ou immobiles sont presque chaque balle a atteint un organe vital. Le
Voici une classe assistant à une conférence aux bureaux de Washington. mieux équipés que les criminels qu’ils traquent. disponibles pour le tir à l’arme de poing. cycle est complété.
Enquête
Les poupées traîtresses
Au début de l’année 1942, cinq let- poupée… J’ai parcouru tout Seattle Toutes ces femmes étaient clientes
tres furent écrites et envoyées par des pour trouver quelqu’un pour la répa- d’une boutique de poupées sur
personnes différentes, dans diffé- rer”. Le FBI découvrit que les cinq Madison Avenue, à New York, dont
rents endroits des États-Unis, à une lettres utilisaient un code parlant de la propriétaire était Velvalee
seule et même personne habitant poupées afin de décrire des informa- Dickinson. Cette dernière était née
Buenos Aires, en Argentine. tions vitales sur les forces navales en Californie et vivait à New York
L’adresse du destinataire était mal américaines. avec son époux depuis 1937. Sa bou-
écrite et les lettres avaient toutes tique n’était guère florissante.
été “renvoyées à l’expéditeur”. Le laboratoire du FBI détermina Velvalee Dickinson avait également
Cependant, ces “expéditeurs”, des que toutes les signatures étaient une longue et étroite collaboration
femmes de l’Oregon, de l’Ohio, du fausses, recopiées à partir de signa- avec la mission diplomatique japo-
Colorado et du Washington, tures originales, et que les lettres naise aux États-Unis, qui lui avait 295
n’avaient jamais envoyé ces lettres. avaient été tapées par la même per- versé plus de 10 000 $.
sonne sur des machines à écrire dif-
Le FBI ouvrit une enquête. L’une férentes. L’une des expéditrices mal- Mme Dickinson avoua avoir recueilli
des lettres disait “L’épouse d’un gré elle, au Colorado, expliqua au des renseignements sur les chantiers
important associé d’affaires lui a FBI qu’elle collectionnait les pou- navals américains et avoir utilisé le
donné une vieille poupée allemande pées. Il s’avéra que les autres expédi- code fourni par l’attaché naval japo-
en porcelaine vêtue d’une jupe trices étaient elles aussi collection- nais Yokoyama Ichiro afin d'élaborer
hawaïenne… J’ai brisé cette affreuse neuses de poupées. les lettres.
Les Silver Legion
William Dudley Pelley, fondateur Pelley lança également un magazine,
du groupe fasciste Silver Legion, fut Liberation, qui présentait des articles
arrêté par le FBI en 1942 et inculpé sur le Christ, les Grandes Pyramides
pour “instigation au soulèvement ou les opposants invisibles, écrits
contre le gouvernement américain”. sous “instruction hyper dimension-
Il fut condamné à 15 ans de prison. nelle” reçue via “radio mentale”…
Jeune journaliste, il avait voyagé en Lorsqu’Adolf Hitler devint chance-
URSS après la Première Guerre lier de l’Allemagne en janvier 1933,
mondiale et avait développé une Pelley, grand admirateur du Furher,
haine profonde contre les commu- créa les Silver Legion, dont les mem-
nistes et les juifs qui, selon lui, vou- bres portaient des uniformes sembla- Les premières accusations furent
laient “conquérir le monde”. À son bles à ceux des nazis, mais de couleur portées contre les Silver Legion en
retour aux États-Unis, Pelley était argentée (silver). 1940. Roosevelt demanda à J. Edgar
devenu scénariste à Hollywood. Hoover d’enquêter sur Pelley pour
Déçu par “l’industrie du cinéma”, il calomnie. Pelley dissolut les Silver
Pelley fonda des groupes de Silver
était parti en Caroline du Nord en Legion après l’attaque contre Pearl
Legion dans quasiment tous les
1929. Pelley allait expliquer par la Harbor en 1941 mais continua d’at-
États et séduisit un nombre consé-
suite qu’il avait eu une expérience de taquer le gouvernement au travers de
quent de partisans. Il traversa les
mort imminente “hypno-dimen- la presse. Pelley fut arrêté en avril
États-Unis pour organiser des ras-
sionnelle” en 1928. Durant cet évé- 1942, et inculpé pour haute trahison.
semblements de masses, des lectures
nement, il avait rencontré Dieu et Pelley a sans doute été le premier
et des discours publics afin d’attirer
Jésus Christ, qui lui avaient extrémiste américain à combiner
les plus grands nombres dans son
demandé “d’entreprendre la trans- l’antisémitisme, le para-militarisme,
organisation. Au milieu des années
formation spirituelle des États- le survivalisme, le mysticisme et le
1930, les Silver Legion comptaient
Unis”. Cette expérience lui avait millénarisme en un seul mouvement.
près de 15 000 membres dans 22
donné la capacité de léviter, de voir En fait, certains pensent même que
États différents. Pelley était anti-
à travers les murs et de sortir de son ses aspirations politiques passaient
communiste, antisémite, raciste,
corps… Lorsque la Grande après son obsession de l’Apocalypse
patriote à l’extrême et isolationniste.
Dépression frappa l’Amérique en et sa conviction que son organisation
Il s’opposait à Franklin Delano
1929, Pelley entra en politique. Il jouerait un rôle important dans le
Roosevelt et à son New Deal et,
fonda le Galahad College en 1932, retour du Christ sur terre. Il fut libéré
après avoir fondé le parti chrétien, il
qui donnait des cours de “métaphy- en 1950 et termina sa vie en écrivant
se présenta à l’élection présidentielle
sique sociale” et d’“économie chré- des ouvrages sur ses contacts avec les
en 1936, qu’il perdit.
tienne”. extra-terrestres…
This Is Your FBI était un feuilleton Des acteurs jouaient les rôles des
radiophonique qui fut diffusé aux agents du FBI et des gangsters.
États-Unis sur ABC du 6 avril 1945
au 30 janvier 1953. Le chef du FBI, This Is Your FBI fut parrainée par la
J. Edgar Hoover, lui donna son compagnie d'assurances Equitable
approbation, l'appelant “le meilleur Life, maintenant connue sous le
programme dramatique à la radio”. nom d'AXA. Il y eut 217 émissions
Le producteur et réalisateur Jerry de This Is Your FBI et donc 217
Devine eut accès aux dossiers du affaires présentées.
FBI par Hoover lui-même.
Enquête
ciers sont en mesure de prendre leur retraite
à la quarantaine. Chaque département gère un service d'ar-
chives qui contient à la fois les dossiers
résolus (closed cases) et non résolus (cold
Leurs familles reçoivent également une
cases). Seul un crime grave sur cinq est
généreuse assurance décès si le policier
résolu, en moyenne.
vient à mourir dans l'exercice de ses fonc-
tions.
Devenir sergent
Obtenir le grade de sergent est une marque
de prestige et de respect au sein de la police.
Les fonctions des policiers Auparavant, le policier était considéré
Il existe de nombreuses spécificités propres comme un “bleu” et n’avait probablement
à chacune des forces de police. pas pu choisir le service où on l’avait affecté.
La distinction la plus évidente est le travail Une fois sergent, un policier peut commen-
des policiers en uniforme et celui des poli- cer à se spécialiser et choisir les tâches qu’il
ciers en civil, même si les uns peuvent par- préfère. Il a ainsi la possibilité de se former
303
fois faire le travail des autres. afin de devenir :
• Detective (enquêteur criminel)
Policier en uniforme • Technicien de scène de crime
• Formation à l’utilisation des armes à feu • Psychologue criminel
• Identification des empreintes digitales
• Patrouille en voiture ou à cheval
• Patrouille portuaire (surveillance, accès à
tous les terminaux maritimes et aux car-
gaisons au port, sonar sous-marin, équipe
de plongée, détecteurs d'explosifs)
Brebis galeuses
En dépit de tous ces tests et exa- • les tirs mortels sur Clifford Glover audio qu’il avait secrètement réali-
mens, certains services embauchent (10 ans) en 1973 et Randolph sés durant son service au 81ème pre-
des “brebis galeuses”, parfois à cause Evans (15 ans) en 1976, l’étouffe- cinct.
de pressions politiques, le plus sou- ment de Michael Stewart en 1983,
vent par pénurie de personnel. les tirs mortels sur Eleanor Ces enregistrements démontraient
Bumpers en 1984 et Edmund que des policiers détenaient des
Certains services de police ont éga- Perry en 1985, la torture par pisto- innocents sans les inculper uni-
lement nommé et armé des policiers let électrique de Mark Davidson quement pour atteindre leur quota
qui avaient des antécédents de vio- en 1985, l’étouffement d’Anthony d’arrestation, mais qu’ils omet-
lence ou d'inconduite dans leurs Baez, la torture et le viol d’Abner taient de déclarer des crimes
précédents services. Louima en 1997, les tirs mortels graves, notamment des viols, afin
sur Amadou Diallo en 1999, de prétendre que leur bon travail
Plusieurs affaires ont révélé de Patrick Dorismond en 2000, permettait de réduire le taux de
graves bavures policières dues à ces Timothy Stansbury en 2004 et criminalité.
recrues pernicieuses, qui ont souvent Sean Bell en 2006, par des mem-
bénéficié de non-lieux : bres du New York Police Lorsque le NYPD apprit que
Department (toutes les victimes Schoolcraft enquêtait en privé sur
• la torture de suspects par le étaient noires) ; ces comportements, il fut sus-
Chicago Police Department entre pendu sans salaire. Puis, des poli-
1972 et 1991 ; • dans les années 1970, le ciers l’arrêtèrent en prétextant de
Philadelphia Police Department a graves problèmes mentaux et le
• le passage à tabac de Rodney King torturé des suspects pour les forcer firent interner de force dans un
par des policiers du Los Angeles à avouer, augmenter artificielle- hôpital psychiatrique. Schoolcraft
Police Department en 1991, le ment le taux de résolution d’af- a déposé plainte contre la police de
scandale Rampart du LAPD (cor- faires et améliorer la réputation du New York.
ruption, meurtres, vol de drogue, maire de l’époque, Frank Rizzo ;
braquage de banque, dissimulation
de preuves et violence de la divi- • en mai 2010, un policier du
sion antigang) à la fin des années NYPD, Adrian Schoolcraft, confia
1990 ; à un journal des enregistrements
Enquête
Off icer / Deputy / Caporal : Un officer (agent de police) Lieutenant : Il supervise deux ou trois sergents, et peut
et un deputy (shérif adjoint) ne portent aucun insigne de superviser les gardes d’un poste de police ou d’une bri-
grade. Les caporaux, qui peuvent être des officers ayant gade de detectives (narcotiques, homicide, etc.) dans les
de l’expérience ou un certain âge, portent généralement grands services de police ou plusieurs precincts dans les
deux chevrons inversés. petits services. Il porte un galon, doré ou argenté.
Detective / Investigator : Le detective est un spécialiste Capitaine : Il supervise souvent un poste de police mais
de l'enquête, qui travaille habituellement en civil. Il peut peut superviser une division ou une unité (detectives,
exister plusieurs classes, qui correspondent à des grades patrouilles, etc.) dans les petits services de police et seu-
supérieurs. Au NYPD, c’est une désignation technique, lement certaines sections dans les grands services de
un titre, et non un grade : les detectives ne se situent pas police. Au NYPD, les capitaines commandent les pre-
304
à un grade plus élevé que les agents de police, bien qu'ils cincts. Ils portent généralement deux galons, dorés ou
aient en charge des affaires criminelles et qu’ils aient argentés.
souvent plusieurs années de service.
Enquête
Suprême en 1966, qui décida que les droits Pour obtenir un mandat de perquisition, le
d’Ernesto Miranda n’avaient effectivement policier doit prouver à un juge que des
pas été respectés. soupçons existent, sur la base d’informa-
tions directes (obtenues par le policier lui-
Depuis, avant qu’un policier ne questionne même), d’un témoignage oral (en face à face
qui que ce soit, il doit l’informer de ses ou par téléphone) ou d’un informateur ano-
droits en récitant l’avertissement Miranda. nyme.
Le policier doit ensuite s'assurer que le sus-
pect a tout compris. À ce stade, le policier Si un policier ment pour obtenir un mandat
peut tenter d'obtenir la coopération du sus- de perquisition et que l’avocat de la défense
pect, et peut même demander la permission s’en rend compte, toutes les preuves que le
de fouiller la propriété ou la personne sans policier pourra trouver seront par la suite
mandat, mais le suspect peut refuser et rejetées lors du procès.
demander un avocat. En réalité, la majorité
des suspects coopèrent, car la plupart des Le propriétaire d’un appartement en loca-
gens sont désireux de contribuer à une tion peut refuser d'autoriser les policiers à
305
enquête et de démontrer leur innocence. fouiller l'appartement d'un locataire sans
mandat de perquisition.
Les mandats
Depuis le milieu du XIXème siècle, les poli- Toutefois, la police n’a pas besoin d'un
ciers doivent demander des mandats pour mandat de perquisition pour :
chercher des preuves ou arrêter un suspect. • fouiller un véhicule garé sur la route ou
Cette obligation est fondée sur le qua- dans une zone non résidentielle si l’enquê-
trième amendement de la Constitution teur est amené à penser qu'il peut conte-
américaine qui restreint les recherches et les nir de la drogue, un objet volé ou la preuve
saisies par le gouvernement. d'un crime ;
• fouiller les vêtements d'une personne si Non seulement il pourrait être accusé de
celle-ci est soupçonnée de porter une brutalité ou de harcèlement, mais une lutte
arme ; pourrait contaminer la scène de crime, voire
• fouiller la pièce d’une habitation dans détruire des preuves.
laquelle un suspect a été arrêté et procéder
à un “balayage” des lieux s’il existe une Parfois, le criminel est encore présent sur les
possibilité que d'autres personnes s’y lieux lorsque le crime est signalé. La situa-
cachent ; tion se transforme alors en un “crime en
• fouiller une poubelle sur la voie publique cours”.
(mais pas dans le jardin ou sur le palier
d’une maison). Crime en cours
Un crime en cours est une situation où soit
Le mandat d’arrêt le suspect est pris en flagrant délit alors qu’il
Les policiers sont tenus d'avoir un mandat commet un crime, soit il fuit la scène. Si un
d'arrêt pour appréhender un suspect. Si le policier, qu’il soit en service ou au repos, est
policier avait une “cause probable” de soup- témoin d'un crime, il doit intervenir. Il doit
çonner un suspect et l’a déjà arrêté, il peut faire tout ce qui est en son pouvoir pour
demander le mandat alors que le suspect est empêcher le crime et arrêter les personnes
en garde à vue. Il a 24 à 48 heures pour le impliquées.
faire. Sans mandat, il doit libérer le suspect.
Les policiers n'ont pas besoin d'un mandat
Si un policier possède les preuves de la cul- de perquisition pour entrer dans un bâti-
pabilité d’une personne, il peut demander le ment s'ils sont amenés à croire qu'un crime
mandat avant d’appréhender le suspect. Les est commis à l'intérieur. Ils ont le droit
mandats d’arrêt sont délivrés par un juge, d’enfoncer les portes ou les fenêtres pour
mais ne sont pas accordés automatique- pénétrer dans un lieu s’ils voient ou enten-
ment. Le juge examine l’ensemble des dent une lutte, des cris ou des signes de vio-
preuves et indices au regard du casier judi- lence. Ils peuvent également arrêter n'im-
ciaire du suspect. Le juge peut très bien porte qui s’ils considèrent “raisonnable-
refuser et recommander à la police de pour- ment” que cette personne peut être impli-
suivre son enquête, si les enquêteurs n'ont quée dans le crime.
pas suffisamment de preuves pour arrêter le
suspect. Les policiers peuvent avoir à poursuivre le
suspect, à pied ou en voiture, et la procédure
La découverte d’un crime standard est alors de demander du renfort.
Une fois présent sur la scène de crime, l’of- En réalité, la majorité des policiers pren-
ficier en patrouille décide si du personnel nent les suspects en chasse sans avoir le
supplémentaire est nécessaire : des enquê- temps de demander des renforts.
teurs criminels, l'unité des stupéfiants ou
Enquête
Enquête
autant que ceux des grandes localités. Le mais en cas de décès ou de licenciement,
temps de réponse peut également être plus c'est le coroner du comté qui prend le relais
long et il faudra sans doute attendre des jusqu'à la prochaine élection.
heures si on fait appel à une équipe spécia-
lisée, telle que le SWAT ou les démineurs. Les state troopers
Les services de police au niveau des États
Les services de police ruraux, par contre, sont appelés les state troopers ou agents de
sont beaucoup plus petits et ont donc des patrouille routière. Leur compétence se
ressources limitées et peu de personnel. Ils limite principalement aux autoroutes et ils
n'ont souvent accès qu'à un seul véhicule de traitent surtout les infractions à la circula-
patrouille. Généralement, ces petits services tion. Ce travail est plus dangereux qu'il n'y
de campagne ont seulement un ou deux paraît à première vue. Les criminels ont
policiers à temps plein et quelques autres à tendance à rouler trop vite ou à ne pas
temps partiel. Ces policiers doivent s’occu- entretenir leur véhicule, ce qui les rend plus
per de tout : répondre au téléphone, enquê- susceptibles d'être arrêtés par un trooper.
ter sur une scène de crime, calmer l'ivrogne
local... En fonction de la région, ces poli-
ciers peuvent avoir des spécialités particu- 307
lières telles que la conduite en motoneige,
l'équitation, le contrôle des animaux, le
pilotage d’avion, la conduite de chiens, etc.
Certains postes de police disposent égale- à toutes les preuves physiques que les
ment d’une pièce pour les examens médi- enquêteurs peuvent trouver, ils examinent
caux, de dortoirs, de douches, d’une salle de en détail l’enquête en elle-même à la
sport, d’un garage et même d’un centre des recherche d’erreur, d’incident ou de raté qui
médias (pour répondre aux questions des pourrait nuire à leur affaire. C’est dans l’in-
médias lors d’une affaire importante). térêt de la police de coopérer avec le procu-
reur puisqu’ils sont du même côté et veulent
obtenir la condamnation du suspect.
L’armoire à scellés Souvent, une affaire n’est pas jugée tant que
Tous les postes de police ont une armoire à le procureur n’est pas certain de posséder
scellés où les enquêteurs enferment les assez de preuves et/ou de témoignages pour
preuves relevées sur la scène de crime. Dans obtenir une condamnation.
un petit bureau de shérif, elle peut n’être
qu’un petit coffre-fort semblable à ceux Tous les public attorneys doivent être diplô-
présents dans certaines chambres d’hôtel. més en droit et être inscrits au barreau. Les
Dans les postes de police de grandes villes, procureurs travaillent à tous les niveaux : les
308
l’armoire est en fait une pièce contenant des procureurs de la ville (qui travaillent pour le
étagères sur lesquelles sont alignés des conseil municipal), les procureurs de l'État
boîtes ou des sacs fermés et cachetés. La (ils sont élus tous les quatre ans), et les US
plupart du temps, c’est simplement une ran- attorneys (les procureurs fédéraux qui sont
gée de casiers en acier avec de bonnes ser- nommés par le président et s’occupent uni-
rures et des cadenas. quement des crimes fédéraux). Les procu-
reurs de l'État, appelés district attorneys,
Aucun policier ne peut ni ne doit garder des poursuivent les affaires pénales et rendent
preuves sur lui, au risque d’être accusé des comptes au procureur général de l'État
d’avoir contaminé les preuves. (qui est également élu tous les quatre ans).
Chaque US attorney couvre un des quatre-
vingt-treize districts judiciaires des États-
Unis. Il fait appliquer la loi fédérale dans
son district et a donc une grande liberté
d’action.
Enquête
empoisonnement ; ration de police avec Interpol lors de la
• maladie contagieuse suspectée ; poursuite de fugitifs et lorsque des crimes
• la mort a eu lieu en garde à vue ; sont commis à l’étranger ou aux frontières.
• toute mort non naturelle (suicide, acci-
Le Federal Bureau of Investigation (FBI)
dent, etc.).
Le ministère de la Justice est le principal
Les équipes forensiques employeur des fonctionnaires fédéraux et le
La police utilise les sciences forensiques FBI emploie la plupart d'entre eux. En
pour l’aider dans ses enquêtes. Le médecin 2013, le FBI, dont le QG est basé à
légiste pratique des autopsies pour détermi- Washington DC, emploie environ 12 000
ner la cause et l'heure de la mort. Les autres agents de terrain et 18 000 personnels de
spécialistes en sciences médico-légales se bureau pour le soutenir. Le travail d’enquête
spécialisent dans toutes sortes de domaines et de renseignement se fait dans les cin-
: l’odontologie, les traces de sang, l'archéolo- quante-six bureaux régionaux, situés dans
gie et l’entomologie, entre autres. Les les grandes régions métropolitaines.
experts forensiques, les techniciens de
Le FBI enquête sur la violation des lois
309
scènes de crime et les policiers travaillent
souvent ensemble sur une scène de crime. fédérales, mais est également très impliqué
dans les questions de sécurité nationale. Le
Les associations professionnelles FBI ne s’occupe que des crimes fédéraux,
En plus de leur travail quotidien, de nom- généralement des crimes complexes et/ou
breux policiers appartiennent également à de grande envergure : de la criminalité en
des groupes ou des organisations profes- col blanc à l'enlèvement, en passant par le
sionnelles où ils peuvent apprendre de nou- trafic de drogue. Les agents travaillent en
velles techniques et discuter de sujets d'in- étroite collaboration avec les autres forces
térêt commun. de police sur le terrain.
Le FBI a pour missions principales : US Marshals Service (USMS)
• la protection des droits civiques ; Le service des US Marshals est l’une des
• le contre-terrorisme ; plus anciennes agences fédérales car elle fut
• le contre-espionnage ; créée en 1789. Les marshals ont pour mis-
• la lutte contre le crime organisé (national sion : la recherche et l'arrestation des fugi-
et international) ; tifs fédéraux, le transfert des prisonniers
• la lutte contre les crimes violents et les cri- fédéraux, la protection des tribunaux fédé-
minels dangereux ; raux et la protection des témoins menacés
• la lutte contre la criminalité financière. lors d'une procédure fédérale.
Le FBI traque également les fugitifs les L’USMS possède un groupe des opérations
plus violents du pays, avec une liste spéciales (SOG), qui est l'équivalent du
moyenne de 12 000 recherchés. SWAT.
Ressources en ligne
La Drug Enforcement Administration Les policiers ont accès à un certain nombre
(DEA) de bases de données locales et nationales.
310 Depuis 1973, la Drug Enforcement Les principales sont Law Enforcement
Administration fait appliquer les lois Online, la base de données du National
concernant les stupéfiants et le trafic de Crime Information Center (NCIC) et le
drogue. National Instant Criminal background
check (NICS).
Elle est présente aux États-Unis mais éga-
lement en Amérique du Sud (Colombie, Ces trois services sont fournis par la
Bolivie, Pérou, Panama, Mexique) et dans Criminal Justice Information Services
d’autres États du monde. Division (CJIS) du FBI.
Law Enforcement Online Le NCIC contient des données sur tous les
Law Enforcement Online (LEO) est un détenus condamnés, ainsi que les personnes
système informatique national de commu- en période de probation ou libération
nication et d'information géré par le CJIS conditionnelle. Il peut croiser ses informa-
depuis 1995. C'est en fait un immense tions pour établir des liens entre les crimi-
intranet accessible exclusivement aux forces nels qui ont pu “travailler” ensemble aupa-
de police - locales, d’État ou fédérales – qui ravant. La base de données signale égale-
leur permet de communiquer les unes avec ment toute personne extérieure aux forces
les autres. LEO n’est donc pas accessible en de l’ordre ayant fait des demandes de ren-
dehors du poste de police. seignements similaires sur les cinq derniers
jours.
Ses services comprennent une page d’actua-
lité pour les alertes nationales, plus de 1 000 La base de données NCIC liste les objets et
groupes sur des sujets spécifiques, des voitures volés, les armes impliquées dans
groupes de discussion et un chat instantané. des crimes, les numéros de série de billets
Il maintient également un calendrier des de banque volés, les personnes en liberté
conférences et des cours dans chaque État, surveillée, les délinquants sexuels, les fugi-
ainsi qu'une grande partie de la formation tifs, les victimes de crime non identifiées,
en ligne. LEO fournit également une fonc- les gangs, les terroristes connus ou présu-
tion d'e-mail sécurisé au sein de la commu- més, les personnes recherchées, etc.
nauté policière. Lorsqu'un policier est
confronté à un problème de piratage ou à National Instant Criminal background
un collègue douteux, LEO fournit un check
moyen discret de communiquer en toute La “loi Brady” permet aux armuriers
confiance. d’obtenir des informations sur un individu
qui tente d'acheter une arme à feu, en utili-
National Crime Information Center sant le Système national de vérification ins-
Le FBI National Crime Information tantanée des antécédents criminels
Center (NCIC) est la base de données la (National Instant Criminal Background
plus utile (et la plus utilisée) pour les repré- Check System, NICS, lancé en 1998).
sentants de l’ordre aux États-Unis.
Les règles d’utilisation de cette base de
Il a été lancé en janvier 1967 avec 356 784 données varient légèrement selon les États.
dossiers. En 2011, le NCIC contenait 11,7 Certaines exigent l’envoi d’un e-mail, d’au-
millions de dossiers actifs, avec une tres un appel téléphonique. La réponse
moyenne de 8 millions de recherches par prend environ trente secondes.
jour !
Une recherche permet de savoir si une per-
Le NCIC couvre l'ensemble des États- sonne est ou a été :
Enquête
Unis, ainsi que Puerto Rico, les Îles Vierges • Un criminel condamné
américaines et le Canada. Il est accessible à • Un fugitif
partir du poste de police mais aussi depuis • Un utilisateur de drogues illicites
les voitures de police, avec un ordinateur • Interné dans une institution pour malades
portable. La base de données permet égale- mentaux
ment de mettre en contact les policiers à • Un étranger en situation irrégulière
travers le pays par chat ou appel télépho- • Renvoyé de l'armée
nique. • Condamné à une injonction d’éloigne-
ment pour violence
La base de données du NCIC est particu- • Reconnu coupable d'un crime violent
lièrement vaste. Non seulement elle peut
signaler le casier judiciaire d'une personne, Si une personne tombe dans l'une de ces
mais elle peut aussi spéculer en recherchant catégories, le NICS indique simplement
les noms phonétiquement similaires, dans que la vente de l’arme à feu ne doit pas être
le cas où l'utilisateur dispose d'une ortho- menée à terme.
graphe incorrecte ou partielle. Le NCIC
stocke les empreintes digitales de l'index Une demande de permis de vente d'armes à
droit et peut les comparer avec toutes les feu peut s'avérer une bonne stratégie pour 311
empreintes digitales connues (notamment obtenir des informations sur une personne.
celles des criminels recherchés et des per- Toutefois, les appels sont surveillés et de
sonnes disparues). Il contient également trop fréquents appels au NICS peuvent
une base de données de photos d’identité éveiller l'attention.
de criminels, qui précise les éléments
d'identification tels que les cicatrices et les Le NICS n’est pas disponible le jour de
tatouages. Il peut même lister les véhicules Noël et de Thanksgiving (quatrième jeudi
ou les bateaux connectés à un criminel. de novembre).
Exemples de grands services
de police américains
nom l'indique, ils effectuent des enquêtes. est celui des services de patrouille, qui com-
Les detectives ne supervisent pas les agents mande les huit arrondissements de
de police, contrairement aux sergents. patrouille : Manhattan Nord, Manhattan
Sud, Queens Nord, Queens Sud, Brooklyn
Les grades au-dessus de capitaine sont, Nord, Brooklyn Sud, le Bronx et Staten
dans l’ordre hiérarchique, deputy inspector Island. En moyenne, chaque arrondisse-
(inspecteur adjoint), inspector (inspecteur), ment englobe une dizaine de precincts.
deputy chief (chef adjoint), assistant chief
(chef assistant) et bureau chief (chef de Le Detective Bureau
bureau). Ses responsabilités incluent la prévention et
la détection des crimes. Il est divisé en cinq
Ils sont nommés par le commissioner, et ont
divisions.
tous obtenu le grade de capitaine.
• Central Investigation and Resource
Les grades de la police de New York Division : Unité d'analyse des homicides,
Grade Insigne Couleur de la chemise de l’uniforme unité de photographie, équipe de négocia-
Chief of department ............. 4 étoiles dorées ………… Blanche
312
tion des prises d’otage, Crime Stoppers
Bureau chief .......................... 3 étoiles dorées …………
Assistant chief ....................... 2 étoiles dorées ………… (avis de recherche et récompenses en
Deputy chief (adjoint) .......... 1 étoile dorée ………… échange d’informations), unité d’entraîne-
Inspector ............................... Un aigle ……………… ment.
Deputy inspector (adjoint) .... Une feuille de chêne……
Capitaine .............................. 2 galons dorés ………… • Forensic Investigation Division :
Lieutenant ............................ 1 galon doré …………… Démineurs, laboratoire de la police, unité
Sergent .................................. 3 chevrons bleu clair…… Bleu marine balistique, unité de scènes de crime
Detective (grades 3 à 1) (homicides et agressions sexuelles), unité
Police officer
des empreintes digitales, unité ADN.
• Fugitive Enforcement Division : Unité L’unité de scènes de crime
des affaires non classées (cold case), brigade Cette unité est composée de detectives (et
des mineurs, section des mandats d’arrêt. parfois d’agents de police en attente de leur
nomination au titre de detective), et non de
• Special Investigation Division : Brigade techniciens civils comme la plupart des uni-
des Major Case (affaires importantes : vol tés de scènes de crime d'autres régions des
d’objets d’art, enlèvements, extorsion, gros États-Unis.
cambriolages…), brigade des fraudes, bri-
gade des personnes disparues, brigade des Elle couvre tous les arrondissements de la
incendies et explosions criminels, brigade ville de New York, mais est dotée de moins
de surveillance, force antiterroriste, force de 1 % du nombre total de “detectives” du
antibraquage, équipe anticambriolage, NYPD.
force contre les crimes haineux.
L'unité de scènes de crime a à sa disposition
• Special Victims Division (créée en 2003) : de nombreux outils pour prélever des
Équipe de liaison des unités spéciales aux indices. Elle est également formée pour
victimes (crimes sexuels), unité de surveil- traiter une scène de crime dans un environ-
lance des criminels sexuels, unité de nement à risque, suite à une attaque
recherche des ADN. nucléaire, biologique ou chimique.
Enquête
dans le sol. La corruption des gardiens placés là temporairement en attente dans le pénitencier, puis, entre 1920 et
y était monnaie courante. d’un transfert. De nos jours, Rikers 1941, le directeur Lewis Lawes moder-
Island ne détient pas de criminels pur- nisa la prison en créant des équipes
The Tombs II, 1902-1941 : Manhattan geant une longue peine, mais entre 1935 sportives, des programmes éducatifs,
House of Detention. The Tombs I fut et 2 000, certaines unités formèrent un de nouvelles méthodes disciplinaires,
démoli et remplacé par un nouveau établissement à sécurité maximale. etc.
bâtiment moins imposant, directement
relié à la Cour de justice située en face. Le seul et unique accès à l’île est un De nos jours, la prison détient environ
pont de 1,3 km venant du Queens. 2 000 prisonniers surveillés par un mil-
The Tombs III, 1941-1974 : Avant sa construction, en 1966, le seul lier de gardiens. Jusqu’en 1963, 614
Manhattan House of Detention. The moyen d’accès était le ferry. hommes et femmes furent exécutés sur
Tombs II fut vidé et les détenus furent la chaise électrique à Sing Sing.
logés dans un édifice juste en face du Rikers est une véritable ville avec des
précédent, au 125 White Street. écoles, des cliniques médicales, des ter-
rains de sport, des chapelles, des gym-
The Tombs IV, 1974 à nos jours : nases, des épiceries, des salons de coif-
313
Manhattan Detention Complex. Une fure, une boulangerie, une laverie, une
partie des bâtiments furent fermés en centrale électrique, un atelier de cou-
1974 pour des raisons de santé et de ture, une imprimerie, un dépôt de bus
sécurité. La structure fut ensuite et même un lavage de voiture. Rikers
démolie et remplacée par un nouveau Island est le plus grand pénitencier au
bâtiment. De nos jours, la prison com- monde. À titre de comparaison, le plus
prend deux édifices reliés entre eux par grand établissement pénitentiaire
une passerelle, une tour de 381 lits et d’Europe, la prison de Fleury-Mérogis,
une tour de 500 lits. détient 3 800 prisonniers.
Le LAPD (Los Angeles)
Le service de police de Los Angeles fonc-
tionne en utilisant une structure de bureau
centralisé qui couvre toute la région de Los
Angeles, avec des bureaux dans des
domaines spécialisés (enquêteurs, opéra-
tions spéciales, etc.) et dans les grandes
zones géographiques (centre, nord, etc.). Le
bureau des enquêteurs (quartier général,
stupéfiants, vol/homicide, délinquance
juvénile, criminalité organisée, mœurs, etc.)
travaille avec les bureaux locaux pour résou-
dre des crimes.
314
division des opérations spéciales et la divi-
sion des enquêtes, relève également du chief • Bureau Ouest : Le bureau Ouest couvre
of police. la plupart des quartiers les plus célèbres de
Los Angeles, dont Hollywood,
La majorité des agents du LAPD sont assi- Westwood, Hollywood Hills, le campus
gnés au bureau des opérations, qui est dirigé de l’Université de Californie et Venice.
par un deputy chief. Le LAPD utilise vingt Par contre, il ne couvre ni Beverly Hills ni
et un postes de police, nommés officielle- Santa Monica, qui sont séparés de Los
ment “zones” mais appelés communément Angeles et possèdent leurs propres forces
“divisions”. de police autonomes.
Les grades de la police de Los Angeles
Grade Insigne Notes
Chief of police ....................... 4 étoiles argentées ………………… Nommé par le maire, après approbation par
les commissioners. Le chief doit avoir passé
au moins douze ans dans la police et être
diplômé d’université.
Deputy chief I et II .............. 2 étoiles et 3 étoiles argentées …… Au moins 1 an de service en tant que
commander avant de devenir deputy chief I.
Commander......................... 1 étoile argentée
Capitaine I à III................. 3 galons argentés
Lieutenant I et II ............... 2 galons argentés ………………… Au moins deux ans en tant que sergent II
ou detective III avant de pouvoir être promu
lieutenant I.
Sergent II / Detective III
Sergent I / Detective II....... 3 chevrons / 3 chevrons et un losange
Detective I........................... 2 chevrons gris et un losange
Sergent............................... 2 chevrons gris …………………… Un an de service en tant qu’officer III
avant de pouvoir devenir sergent I ou
detective I (qui nécessite de réussir
un examen et une entrevue).
Detective I
Police officer I à III.............. Police officer 3 : 2 chevrons gris … Passage au grade d’officer II après dix-huit
mois de service puis officer III après trois ans
de service.
Le bureau Ouest possède cinq divisions • Bureau des detectives : Il possède plu-
de patrouille : Division Hollywood sieurs divisions et sections qui enquêtent
(Hollywood Hills, Hollywood Boulevard sur différents crimes : division de l’analyse
et le Sunset strip), Division Wilshire, de l’enquête, division de l’enquête scienti-
Division Pacific (certains des agents assi- fique (dont le laboratoire), la division
gnés à la Pacific Division travaillent avec homicide et cambriolage (section homi-
la police de l’aéroport de Los Angeles, cide, section cambriolage, section agres-
surnommée le LAX), la Division West sions sexuelles, section crimes non résolus,
Los Angeles (dont l’Université et les stu- section surveillance), la division des
dios de la 20th Century Fox), Division crimes commerciaux, la division des
Olympic (depuis 2009). mœurs, le support aux detectives (évalua-
tion psychologique et gestion des
• Bureau des opérations spéciales : Il a été menaces), la division des mineurs, la divi-
créé en 2010. Il gère la division de la pro- sion des gangs et narcotiques.
Enquête
priété, la division des prisons, le bureau
des detectives, et le bureau du contre-terro-
risme et des opérations spéciales (support
aérien, SWAT, unités canines…).
315
Le BPD (Boston) • Le Bureau des services administratifs,
Le service de police de Boston fonctionne dirigé par un civil.
en utilisant une structure de bureaux et
d’unités spécialisées. Les deux principaux • Le Bureau des normes professionnelles et
bureaux sont le bureau des services de ter- du développement : la division de la for-
rain (commandement, unité spéciale) et le mation et de l'enseignement, les affaires
bureau des services d'investigation (homi- internes et l’unité anticorruption.
cides, cambriolages, sciences forensiques...).
Il existe également deux unités spécialisées :
Structure
Le service de police de Boston emploie • L’unité du port de Boston, dirigée par le
environ 2 000 policiers et 800 employés capitaine du port, chargée de s'assurer que
civils. Le BPD exige que tous les agents les utilisations commerciales et récréatives
du port se déroulent sans encombre.
embauchés depuis 1995 vivent à Boston, ce
qui a conduit à des demandes d’augmenta-
• L’équipe de plongée “sauvetage et récupé-
tion de salaire face au coût de la vie élevé de
ration”. Elle compte vingt-deux membres
la ville.
(des agents du BPD qui travaillent dans
Boston étant une ville assez conservatrice, toute la ville) et est supervisée par un ser-
le personnel du Boston Police Department gent. L'équipe réagit à tous les incidents
se divise en 87 % d'hommes pour 13 % de sous-marins de la ville et du port : elle
femmes, en grande majorité blancs (68 %). récupère et préserve les preuves trouvées
dans l’eau, et organise les recherches des
Le BPD est divisé en trois zones et onze coques de navire à la recherche de drogue,
districts. Chaque zone est supervisée par un d’explosifs ou de dommages. En outre,
deputy superintendent (Surintendant l'équipe est la principale unité d'enquête
adjoint) et chaque district est dirigé par un pour les crimes survenant sur les Harbor
capitaine. Islands (les nombreuses petites îles situées
au large de Boston).
Le BPD est organisé en bureaux, sous la
supervision du bureau du commissioner : L’unité des opérations spéciales
Elle possède plusieurs fonctions, dont la
• Le Bureau of Field Services (BFS, bureau patrouille routière, le contrôle des foules et
des services de terrain) : les commande- le SWAT. L’unité utilise des Ford Crown
ments de zone et les districts de police, Victoria Police Interceptor et des Harley-
l'unité des opérations spéciales et la force Davidson dans ses patrouilles quotidiennes.
de frappe contre la violence chez les
jeunes (les gangs). C'est le plus grand L'unité canine, les démineurs, l’unité d'in-
bureau et sa principale responsabilité est tervention contre les matériaux dangereux
la patrouille et la prévention du crime. appartiennent à l’unité des opérations spé-
Enquête
ciales.
• Le Bureau of Investigative Services (BRI,
bureau des services d'investigation) :
l'unité des homicides, l’unité de lutte
contre la drogue, le centre de justice pour
la famille (crime contre les enfants, vio-
lences conjugales, agressions sexuelles,
trafic d’êtres humains) et la division des
sciences forensiques (dont le laboratoire
criminel).
La police nationale
Recrutement
Les gardiens de la paix sont recrutés sur tité judiciaire (ils prélèvent les indices sur
concours entre 17 et 35 ans. Il faut être les scènes de crime, puis analysent les
citoyen français, avoir le baccalauréat et un traces et indices trouvés) et dans les ser-
casier judiciaire vierge. Si elles sont reçues vices de l'informatique et des traces tech-
au concours, les recrues entrent à l’école de nologiques (téléphonie mobile et infor-
police. En fin de scolarité, elles choisissent matique).
leur première affectation pour cinq ans. • Ingénieur : Ils travaillent au sein des labo-
ratoires de la police technique et scienti-
Il est possible de rejoindre la police directe- fique, et dans les différentes entités de
ment aux grades d’officiers (bac +3) ou de l’institut national de police scientifique.
commissaire (bac +5, puis école de Saint Ils peuvent encadrer des services ou des
Cyr au Mont d’Or), en réussissant les unités de police technique ou scientifique.
concours nécessaires.
Les procédures
Les candidats subissent des épreuves Les officiers de police judiciaire (OPJ de
écrites, orales, psychologiques et physiques. police nationale ou de gendarmerie) et les
agents de police judiciaire (APJ) habilités
Les gardiens de la paix sont au contact sont autorisés à mener une enquête dans
direct de la population, sur la voie publique leur territoire. Un OPJ de la police judi-
ou en intervention. Ils portent un uniforme. ciaire de Nantes peut enquêter dans toute
Enquête
sa région mais ne peut pas, sauf dérogation,
Depuis 1995, les inspecteurs de police sont mener une enquête à Marseille.
devenus des officiers de police. Les lieute-
nants, capitaines, et commandants peuvent Ils peuvent pour cela arrêter un suspect,
diriger certains services, peuvent être char- placer un suspect en garde à vue, perquisi-
gés d’enquêtes, de missions d’information tionner ou réquisitionner.
et de surveillance. Ils exercent leurs mis-
sions en tenue ou en civil. La perquisition
En France, contrairement au Royaume-
Les commissaires de police dirigent des Uni, au Canada et aux États-Unis, la
services dont ils assument la responsabilité recherche de preuves peut avoir lieu chez un
opérationnelle et administrative. Ils portent suspect sans son consentement. Le “mandat
un uniforme. de perquisition” n’existe pas en droit fran-
çais. La police ou un juge d’instruction peut
Les grades de la police technique perquisitionner le domicile d’une personne,
et scientifique : mais aussi son entreprise, sa caravane de
317
• Agent spécialisé : Les agents spécialisés camping, sa chambre d’hôtel, l’appartement
de police technique et scientifique sont d’une autre personne si le suspect y vit, etc.
chargés de tâches techniques ou scienti-
fiques dans les laboratoires. Des indices ou preuves trouvés par les OPJ
• Technicien spécialisé : Les techniciens peuvent être saisis et doivent être placés
sont affectés pour la majorité dans les sous scellés.
laboratoires (ils assistent les ingénieurs,
participent aux analyses et examens, et En principe, une perquisition ne peut avoir
encadrent les agents), et pour quelques- lieu chez un particulier entre 21 h le soir et
uns d'entre eux dans les services de l'iden- 6 h le lendemain matin (excepté pour les
lieux se livrant à la prostitution, au trafic de Organisation
drogue ou dans des crimes organisés). Mais Depuis juillet 1966, la France possède une
si la perquisition commence avant 21 h, elle police nationale qui comporte la Direction
peut durer jusqu’à 23 h. Il faut que la per- centrale de la police judiciaire (DCPJ), éga-
sonne dont le domicile est perquisitionné lement appelée “Police Judiciaire” ou “PJ”, à
(ou des témoins) soit présente. qui dix-neuf services régionaux (les SRPJ)
ont été rattachés jusqu’aux années 2000. De
En raison du secret professionnel, les domi- nos jours, ce sont douze services territoriaux
ciles, le cabinet d’un avocat, d’un médecin (neuf directions interrégionales de la police
ou d’un huissier, le bureau d’un journaliste judiciaire et trois directions régionales de la
ne peuvent être perquisitionnés que par un police judiciaire).
magistrat et ce dernier ne peut saisir que les
documents en rapport avec le crime. De ce fait, les policiers de la police judiciaire
ont une compétence territoriale qui n’est
L'expertise pas limitée à leur ville ou leur département,
Un juge peut faire appel à un ou des
mais étendue soit à une zone, soit à l’ensem-
experts extérieurs à la police pour l’aider
ble du pays.
dans son enquête. Ce sont très souvent des
experts techniques ou scientifiques choisis
La PJ comprend également des services
parmi une liste (les experts auprès des tri-
centraux (trafic de stupéfiant, traite des
bunaux) et particulièrement qualifiés dans
êtres humains, grand banditisme…) situés
leur profession : architecture, assurance,
au ministère de l'Intérieur, et des sous-
chimie, criminalistique, explosion, incendie,
directions :
santé, psychiatrie, informatique, etc.
• La sous-direction de la lutte contre la cri-
L'expert judiciaire est indépendant. Il doit minalité organisée et la délinquance
remettre au juge un rapport circonstancié. financière
• La sous-direction antiterroriste
La garde à vue • La sous-direction de la police technique
Dans le cadre d’une enquête, un suspect et scientifique, depuis 1985
peut être “maintenu à disposition” en cel- • La sous-direction des ressources, de l’éva-
lule, au poste de police ou de gendarmerie, luation et de la stratégie
pour être interrogé et/ou en attendant que • Le service central des courses et jeux
les enquêteurs trouvent des preuves supplé- • La division des relations internationales,
mentaires et/ou pour l’empêcher de mena- qui gère Interpol, Schengen et Europol.
cer une victime ou un témoin.
Les directions régionales
L’OPJ doit prévenir rapidement le procu- Au niveau régional, la PJ possède :
reur de la République du placement en • neuf directions interrégionales de police
garde à vue d’un suspect. judiciaire (Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon,
Enquête
Enquête
sur : matisé de recherches balistiques, CIBLE,
• les homicides et les viols qui permet de comparer les ressemblances
• les enlèvements avec demandes de rançon entre les balles et les douilles.
• les attentats et les incendies volontaires
Ses enquêteurs travaillent parfois sur des Le laboratoire d'analyse et de traitement de
affaires non résolues. signal (LATS) comprend deux sections : la
section audio-vidéo et la section de l'infor-
Une “brigade du chef ” fut créée en 1912 par matique, des télécommunications et de
le préfet de police Louis Lépine pour l'électronique (extraction des données
concurrencer les brigades mobiles. Cette contenues dans cartes SIM effacées, identi-
section criminelle nommée “brigade spé- fication des bornes relais téléphoniques,
ciale n° 1” et chargée d’enquêter sur les réparation de composants endommagés,
crimes de sang comprenait à l’origine 200 exploitation de données effacées d’un
enquêteurs équipés d’automobiles. Elle disque dur, restauration de supports
devint par la suite la brigade spéciale crimi- endommagés...).
nelle puis, en août 1944, la brigade crimi-
Des services régionaux de l'informatique et
319
nelle.
des traces technologiques (SRITT) ont été
Il existe une brigade criminelle dans toutes créés dans l'ensemble des directions régio-
les directions régionales mais la plus célèbre nales de la PJ.
est celle de la DRPJ de Paris. Elle est située
au légendaire 36, quai des Orfèvres, sur l’île L'Institut National de Police Scientifique
de la Cité, à Paris (3ème et 4ème étages, esca- L'INPS, créé en 2004, est un réseau de
lier A), où se situent également le siège, laboratoires pluridisciplinaires sous tutelle
l'état-major et les services communs de la de la Direction générale de la police natio-
DRPJ. nale. Il regroupe les six laboratoires de la
police nationale (Lille, Lyon, Marseille, Les Renseignements généraux /
Paris et Toulouse, ainsi que le laboratoire de La Direction de la surveillance du territoire
toxicologie de la préfecture de police), tous La Direction centrale des Renseignements
dotés d'une compétence nationale. Il exerce généraux (DCRG), souvent appelée
ses missions conjointement avec la sous- Renseignements généraux (RG), était un
direction de la police technique et scienti- service de renseignement français.
fique, qui appartient quant à elle à la direc-
tion centrale de la police judiciaire (DCPJ). Créés en 1911, les RG devaient, comme
L’INPS est dirigé par un policier. leur nom l’indique, renseigner le gouverne-
ment sur la “vie politique, économique et
sociale” du pays : surveiller les groupes ter-
Les autres organismes roristes, anarchistes, nationalistes et extré-
mistes, surveiller la presse et les partis poli-
Les GIPN tiques, veiller sur les jeux d’argent. Ils
Les groupes d’intervention de la police employaient environ 3500 personnes dans
nationale sont des unités régionales qui toute la France. Créée en 1934, la Direction
interviennent lors de situations d'extrême de la surveillance du territoire (DST) était
violence ou à haut risque : prises d'otages, chargée du contre-espionnage et de la lutte
actes de terrorisme, mutineries dans les pri- antiterroriste en France. Elle arrêta de
sons, interpellations de forcenés, grand ban- nombreux espions allemands peu avant la
ditisme, escorte de détenus dangereux. Les Seconde Guerre mondiale, identifia des
premiers GIPN furent mis en place en espions russes durant la guerre froide et
1972, après la prise d’otage sanglante des arrêta le terroriste Carlos. Des antennes de
Jeux Olympiques de Munich. Le premier la DST se situaient dans les sept grandes
groupe fut créé à Marseille. villes ainsi que dans les DOM-TOM.
En 1985, il existait sept GIPN, à Bordeaux,
Les Renseignements généraux et la
Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes et
Direction de la surveillance du territoire
Strasbourg. Puis en 1992 et 1993 furent
(DST) ont fusionné en 2008 pour devenir
créés les GIPN de La Réunion et de
la Direction centrale du renseignement
Nouvelle-Calédonie, et en 2007 celui
intérieur (DCRI). Son siège est situé à
d’Antilles-Guyane. Chaque GIPN est
Levallois-Perret. Une majorité des
compétent sur une zone qui comprend plu-
employés est composée de policiers habili-
sieurs départements autour de la ville où il
tés secret-défense et de commissaires de
est basé. Ainsi, le GIPN de Lille est com-
police. La préfecture de police de Paris pos-
pétent du Nord à la Somme, alors que le
GIPN de Nice est compétent des Alpes sède ses propres agents des Renseignements
jusqu’à la Corse. généraux au sein de la Direction du rensei-
gnement (DRPP), qui compte presque 700
Pour intégrer un GIPN, il faut être gardien agents.
Enquête
Enquête
Le fichier national automatisé des mais font appel à un personnel spécialisé de
empreintes génétiques (FNAEG) l’Office central pour la répression des vio-
Créé en 1998, ce fichier est géré par la sous- lences faites aux personnes.
direction de police technique et scientifique
à Écully. Il contenait au départ les ADN de Le SALVAC a permis de très nombreux
personnes inculpées pour des infractions rapprochements à partir des 10 000 affaires
sexuelles et des personnes condamnées enregistrées dans la base. Depuis septembre
pour meurtre, violence, crime sexuel et acte 2009, un psychologue travaille auprès du
terroriste. groupe SALVAC en analysant les dossiers.
321
de 1 400 000 personnes. gendarmerie.
322
existe environ 3 600 brigades en France. Les terrorisme (détournement d'avion et de
brigades d'un arrondissement forment une navire, attaque nucléaire, chimique ou biolo-
compagnie. Chaque compagnie est comman- gique), les prises d'otages de ressortissants
dée par un officier. français à l'étranger.
La gendarmerie départementale possède éga- Pour les actes non terroristes (prise d’otage, for-
lement des unités spécialisées : cené, etc.), le GIGN et le RAID se répartissent
• les pelotons de surveillance et d’intervention les missions selon le lieu : le GIGN intervient
(renfort en cas d’interpellations, de dans le milieu rural et les aéroports, le RAID
recherche de criminels…) intervient en milieu urbain et dans les gares.
Les unités de gendarmerie spécialisées ANACRIM
Il existe également des unités spécifiques au sein Cet outil créé en 1994 est utilisé par la gen-
des différentes formations de gendarmerie : darmerie nationale pour l'analyse criminelle
• le groupe d'investigation cynophile (équivalent du SALVAC).
• les forces aériennes de la gendarmerie (héli-
coptères) Il permet de rechercher et de mettre en évi-
• le peloton de gendarmerie de haute mon- dence des relations entre des faits criminels ou
tagne délictueux par des recoupements de données.
• la brigade nautique et la brigade fluviale Il peut représenter les données sous forme de
• le groupe spéléo (spéléologues) schémas explicites, de manière spatiale et
temporelle. Il est donc utilisé pour les affaires
de crimes en série mais aussi de criminalité
Le réseau “Rubis” de la gendarmerie organisée. La gendarmerie dispose d’environ
La gendarmerie nationale dispose d’un réseau 400 analystes en recherches criminelles (en
radio depuis 1978 (Saphir), et d’un réseau majorité des OPJ) formés à l’utilisation de cet
numérique cellulaire (Rubis) depuis 2000. outil, et implantés dans les unités de
Toutes les transmissions de Rubis sont sécuri- recherche. Les informations enregistrées dans
sées par un chiffrement logiciel classé secret ANACRIM sont particulièrement variées :
défense. Il est possible de transférer la voix personnes (criminels, victimes, témoins, mais
mais aussi des données. aussi avocats, experts et magistrats) et leurs
relations ; lieux ; documents visuels et sonores
L'institut de recherche criminelle (photos, appels téléphoniques…) ; habitudes,
de la gendarmerie nationale (IRCGN) lieux fréquentés, réputation et comportement
La gendarmerie créa en 1987 une section d’un suspect ou d’une victime ; description de
technique d'investigation criminelle de la crimes (mode opératoire, victime, auteur si
gendarmerie (STICG) suite à l'affaire connu, résultats d’enquête, procès verbaux),
Grégory et au désarroi créé par le manque de mouvements d’argent, etc.
moyens scientifiques de la gendarmerie. La
section fut renommée institut de recherche Base de données de sécurité publique (BDSP)
criminelle de la gendarmerie nationale en Créée en 2011, la BDSP est présentée comme
1990. Il est situé à Rosny-sous-Bois (Seine- “un outil de commandement et d'informa-
Saint-Denis) et compte actuellement 250 tions”. Il offre à tous les gendarmes un
personnes, dont une trentaine de civils. module d'aide à la décision en cas d’appel
d’urgence relié à une cartographie interactive
L'institut possède trois divisions : qui permet de localiser l'adresse de l’appelant,
• physique et chimie (incendies, explosifs, une base de données des interventions réali-
toxicologie, balistique…) sées avec les incidents et les personnes à
• ingénierie et numérique (informatique, élec- risque, un moteur de recherche d’informa-
tronique, image parole, véhicules, docu- tions et un outil d’analyse.
ments)
Enquête
• identification humaine (biologie, empreintes Fichier alphabétique de renseignements (FAR)
digitales, entomologie, anthropologie, odon- Le FAR est un fichier non officiel et non
tologie). déclaré qui compterait 60 millions de fiches. Il
a pour vocation de “permettre aux militaires
L'unité de gendarmerie d'identification des des unités opérationnelles d’acquérir une
victimes de catastrophes (UGIVC) fait par- connaissance approfondie de leur population
tie de l'IRCGN. résidente, en particulier sur leur dangerosité”.
Les fiches contiennent des renseignements
Les ressources en ligne personnels sur le comportement des per-
Le fichier automatisé des empreintes digitales sonnes, la possession d’armes blanches ou à
(FAED), le fichier des personnes recherchées feu, les propriétaires de chiens dangereux…
(FPR) et le traitement d'antécédents judi- La CNIL (Commission nationale de l'infor-
ciaires (TAJ) sont communs à la police et à la matique et des libertés) a déclaré ce fichier
gendarmerie (voir plus haut). illégal et a demandé sa suppression pour 2010.
323
Les grades de la gendarmerie nationale
Grade Insigne Grade Insigne
Général de division........................... 3 étoiles Sous-lieutenant.................................1 barrette blanche
Général de brigade ........................... 2 étoiles Adjudant-chef ..................................1 barrette blanche avec un liseré rouge central
Colonel ............................................. 5 barrettes blanches Adjudant...........................................1 barrette jaune avec un liseré rouge central
Lieutenant-colonel .......................... 3 barrettes blanches et 2 barrettes jaunes Maréchal des logis-chef....................3 chevrons blancs ou jaunes
Chef d'escadron / commandant........ 4 barrettes blanches Gendarme, garde ..............................2 chevrons blancs ou jaunes
Capitaine ......................................... 3 barrettes blanches Brigadier-chef...................................2 chevrons bleus et 1 chevron blanc
Lieutenant ....................................... 2 barrettes blanches Brigadier...........................................2 chevrons bleus
La police au Royaume-Uni Depuis octobre 2013, elle est appelée
National Crime Agency et prend en charge
le crime organisé, la police des frontières, la
La police au Royaume-Uni est organisée
criminalité économique et le centre pour la
différemment dans chacune des “nations
protection des enfants (antipédophilie sur
constitutives” (home countries) : l’Angleterre
Internet).
et le Pays de Galles, l’Irlande du Nord et
l'Écosse.
Les autres forces de police
La création de la plupart d’entre elles
Juridictions remonte au Moyen Âge. Elles ont la res-
La grande majorité des constables (agents de ponsabilité de surveiller des zones ou des
police) jouissent des pouvoirs d'arrestation activités locales spécifiques, telles que les
et de recherche, de par la loi “Police and installations portuaires, certaines voies fer-
Criminal Evidence” de 1984. Si les poli- rées, des forêts et des parcs. Les jardins
ciers possèdent des pouvoirs plus ou moins botaniques royaux de Kew, près de Londres,
importants, ils sont par contre soumis aux possèdent par exemple leur propre force de
mêmes lois que le grand public. Il existe police depuis 1872. L’aéroport de Belfast,
également des restrictions juridiques sup- l’université de Cambridge, le port de
plémentaires aux agents de police britan- Liverpool, la forêt d’Epping, etc., possèdent
niques telles que l’absence de droit de grève leur propre police. Avant l'adoption de la
et l'interdiction de prendre part à la vie législation récente comme la loi “Serious
L’interdiction politique. Organised Crime et Police Act” de 2005,
ces forces étaient souvent désignées comme
du droit de grève
En 1870 et 1890, certaines forces Les nouvelles recrues rejoignent les forces des “forces spéciales de la police”, il ne faut
de police britanniques firent grève donc pas les confondre avec celles créées
afin d’obtenir de meilleures conditions
de police comme constables et doivent prê-
de travail et des augmentations
ter serment d'allégeance à la Reine en pré- depuis 2005.
de salaire. En 1913, des milliers de sence d'un magistrat.
policiers joignirent un syndicat national
des policiers. En 1918, le commissioner Les forces de police territoriales
de la police de Londres, soutenu par
le ministère de l’Intérieur, ordonna que
Les différentes forces de police
le syndicat soit interdit et que
Angleterre et Pays de Galles
ses membres soient licenciés.
Il existe trois différents types de police :
Excepté à Londres, chaque force de police
En réaction, la quasi-totalité de
Les forces de police territoriales territoriale couvre une zone comprenant un
la Metropolitan Police de Londres Elles effectuent la majorité des services de ou plusieurs comtés, établis en 1974 lors de
se mit en grève, ainsi que d’autres réorganisations administratives. Ces forces
services de police à travers le pays.
police et couvrent chacune une région don-
née (souvent appelée constabulary). Jusqu’en fournissent la majorité des services de
Effrayé par l’ampleur de la grève,
2012, elles étaient soumises à une autorité police à la population de l'Angleterre et du
le gouvernement accorda aux policiers Pays de Galles. Toutes ces forces de police
les améliorations qu’ils demandaient.
policière indépendante (Angleterre et Pays
Mais, en 1919, il mit en place une loi
de Galles), ou une autorité locale ou une sont indépendantes et dirigées chacune par
interdisant aux policiers de se réunir
Enquête
Enquête
Compétences transfrontalières la création de ce qui allait devenir la pre-
Les agents de police territoriaux ont cer- mière force de police officielle du pays en
tains pouvoirs d'arrestation dans d’autres 1829, mais se sont peu à peu standardisés à
nations constitutives que celle où ils ont été partir de la fin du XIXème siècle.
nommés. Il existe quatre dispositions qui le
leur permettent : le mandat d'arrêt, l’arres- Une variété d’uniformes “faits maison”, des
tation sans mandat pour une infraction bicyclettes, des épées et des pistolets furent
commise dans leur nation, l'arrestation sans peu à peu remplacés ou interdits, jusqu’à la
mandat pour une infraction commise dans création de l'uniforme moderne : chemise
une autre nation, et l'aide mutuelle. blanche, cravate noire (ou foulard pour les
femmes), vestes jaunes réfléchissantes, gilets
Le mandat d’arrêt pare-balles.
Il peut être exécuté par des constables,
même en dehors de leur juridiction, et L’armement
englobe le mandat d'arrêt d’un suspect, le Contrairement aux forces de police de la
mandat d'arrêt d'un témoin et le mandat plupart des autres pays, la grande majorité
d'incarcération. Le mandat délivré dans une
325
des policiers britanniques ne portent pas
nation peut être exécuté dans une autre d'arme à feu lors des patrouilles standard,
nation par un agent originaire de la nation mais une matraque et un pulvérisateur de
où il a été délivré. Un mandat d’arrêt peut gaz incapacitant. Lors de la formation du
être délivré par un magistrat pour un sus- Metropolitan Police Service à Londres au
pect, mais aussi pour un témoin (pour for- XIXème siècle, les policiers n'étaient pas
cer ce dernier à donner des informations, armés, notamment pour contrer les craintes
pour conclure une transaction officielle et les objections du public qui avait vu l'ar-
avec lui ou si ce dernier ne s’est pas présenté mée britannique maintenir l'ordre de
au tribunal lors d’un procès). manière brutale, voire sanglante.
La tradition s’est ancrée et, depuis, les forces Organisation des forces de police
de police britanniques ne sont toujours pas Comme toutes les forces de police britan-
armées (à l’exception du service de police niques sont autonomes, il existe de nom-
d'Irlande du Nord et de deux des forces breuses variations dans l'organisation et la
spéciales que sont le Civil Nuclear nomenclature. Il existe cependant des
Constabulary et la Police du ministère de la points communs.
Défense). Toutefois, depuis 1991, toutes les • Toutes les forces de police possèdent des
forces territoriales disposent d'une unité des équipes d'agents qui sont chargés des
armes à feu, qui entretient une flotte de tâches générales et de répondre aux appels
véhicules d'intervention armés pour répon- d'urgence du public. En général, ces
dre aux appels d'urgence en cas d’utilisation agents patrouillent en véhicule (à pied ou
d’armes à feu. à vélo dans les zones urbaines) dans une
division de la “zone” de police ou, dans le
Toutes les forces de police du Royaume- cas du Metropolitan Police Service, dans
Uni possèdent des agents formés à l’utilisa- un arrondissement. Presque tous les poli-
tion des armes à feu et disponibles en cas de ciers commencent leur carrière en
besoin. La Metropolitan et City of London patrouille, puis certains se spécialisent.
Police (les deux forces de police de • La plupart des forces de police au niveau
Londres) opèrent avec trois agents par local déploient depuis 2002 au moins un
Une police non armée véhicule armé : un pilote, un navigateur et agent de police qui essaie de créer des
La question de l'armement des agents un observateur qui recueille des informa-
de police a été soulevée après l'affaire
liens avec la communauté locale et de
Derek Bentley en 1952, dans laquelle
tions sur l'incident et assure la liaison avec résoudre les problèmes à long terme. À
un constable fut tué et un sergent
les autres unités. Londres, le Metropolitan Police Service a
gravement blessé, et de nouveau après créé des “équipes pour des quartiers plus
le massacre de Braybrook Street
en 1966, au cours duquel trois policiers
En 2008, les forces de police britanniques sûrs”. Chaque quartier de Londres pos-
furent tués à Londres.
employaient 6 780 policiers autorisés à uti- sède un sergent de police, deux constables
liser des armes à feu (sur un total d’environ et quelques police community support officer
En conséquence, environ 17 % 140 000). Depuis 2009, des Tasers ont éga-
des agents à Londres furent autorisés
(des agents civils de la police) qui doivent
à porter une arme.
lement été délivrés aux membres des résoudre des problèmes et créer des liens
Mais après la mort d'un certain nombre
équipes d'intervention pour une utilisation communautaires dans leurs quartiers res-
de personnes tuées par des policiers lorsque la force meurtrière ne peut être jus- pectifs. D'autres forces de police ont des
dans les années 1980, le contrôle
fut considérablement renforcé et de
tifiée. systèmes similaires, qui sont nommés
nombreux agents virent leur autorisation
agents locaux, agents de quartier, etc.
de porter une arme leur être retirée. L’uniforme • Un Criminal Investigation Department
La formation fut également
grandement améliorée.
Jusqu’aux années 1990, il était généralement (CID, département d’investigation crimi-
admis que les policiers puissent patrouiller nelle) est présent au sein de chaque force
En 2005, environ 7 % des officiers
“en bras de chemise”, ce qui signifiait que les de police. En général, les agents du CID
à Londres sont formés à l'utilisation agents ne portaient pas de veste ni de gilet
des armes à feu. Des sondages lancés
traitent les enquêtes importantes ou com-
par la Police Federation of England and
de protection. En 1994, le ministère de plexes. La plupart des policiers du CID
Wales montrent depuis des années
Enquête
Enquête
au CID (Criminal Investigation Les services forensiques
Department).
Le Forensic Science Service
Pour devenir detective constable, le constable Le Forensic Science Service (FSS) était une
doit passer au moins deux ans en uniforme entreprise d’État gérée par le gouvernement
et en patrouille. qui fournissait des services de police scien-
tifique aux forces de police et aux orga-
• Le sergent : c’est le premier grade ayant nismes gouvernementaux d'Angleterre et
un pouvoir de supervision. Le sergent gère du Pays de Galles. Le gouvernement bri-
le travail quotidien des constables et est tannique a annoncé la fermeture de la FSS
souvent responsable d'une équipe. en décembre 2010, se justifiant par des
Les detective sergents sont habillés en civil pertes mensuelles de 2 millions de livres
et ne portent pas l’uniforme, ce sont des sterling. La FSS a finalement fermé le
enquêteurs rattachés au CID (Criminal 31 mars 2012. Les archives du FSS (une
Investigation Department). collection de dossiers contenant des lames
• L’inspector : Les inspecteurs en uniforme de microscope, des échantillons de fibres et
des échantillons d'ADN) sont maintenues
327
supervisent une équipe composée de
constables et de sergents qui travaillent en pour permettre l’examen d’enquêtes non
quart, ou possèdent un rôle spécialisé tel résolues. Les services forensiques sont à
que la surveillance du trafic routier. Les présent sous-traités par le secteur privé.
detective inspectors en civil sont des enquê-
teurs rattachés au CID. Créé en 1991, le FSS avait lancé l'utilisation
• Le chief inspector : sa fonction varie selon les de profils ADN à grande échelle pour
forces de police. Il peut assister le comman- l'identification de criminels. Il avait égale-
dement d’une division, commander une ment mis en place la première base de don-
unité ou occuper un poste administratif. nées ADN au monde, en avril 1995 (elle est
à présent supervisée par la National • la préparation de documents requis par le
Policing Improvement Agency). Mais l'uti- tribunal pour un procès. La présentation
lisation croissante des appels d'offres par les graphique permet au système d'être utilisé
forces de police pour les services foren- au tribunal pour montrer comment les
siques avait entraîné la perte de parts de flux d'informations complexes sont liés.
marché du FSS au point que le gouverne- Il existe une version mobile de HOLMES
ment britannique avait dû injecter 50 mil- 2 qui peut être utilisée sur un ordinateur
lions de livres sterling dans l'entreprise. portable.
Enquête
nelles :
Les polices de Londres - Homicide and Serious Crime
La ville de Londres utilise deux services de Command (SCD 1) : les homicides, les
police indépendants. personnes disparues, les enlèvements…
- Rape and Serious Sexual Offences
Le service de police métropolitaine (SCD2) : les viols et les agressions
Le Metropolitan Police Service (MPS, sur- sexuelles.
nommé le Met) est la force de police terri- - Fingerprint Services : responsable de la
toriale responsable du Grand Londres (les collecte et de l’archivage des empreintes
trente-deux arrondissements de Londres, digitales.
dont douze à Londres même et vingt en - Forensic Services Command Unit
banlieue), excepté la City, qui est sous la (SCD 4) : fournit des services medico-
responsabilité de la City of London Police. légaux aux trente-deux unités de com-
mandement opérationnel d'arrondisse-
La police métropolitaine de Londres est ments et aux autres services.
également appelée Scotland Yard, d’après - Child Abuse Investigation Command
l’endroit où se situait son siège original dans (SCD 5) : abus sexuels, physiques ou
une rue appelée Great Scotland Yard à émotionnels des mineurs. Des équipes 329
Whitehall. Le siège actuel de la d’investigation spéciales enquêtent éga-
Metropolitan Police est à New Scotland lement sur les meurtres d’enfants et la
Yard, dans le quartier Victoria. pédophilie par internet, et une unité
psychologique s’occupe des victimes.
Géographiquement, le Met est divisé en - Economic and Specialist Crime
trente-deux unités de commandement opé- Command (SCD 6) : les crimes écono-
rationnel d'arrondissements, un pour miques. Plusieurs unités enquêtent sur le
chaque arrondissement de Londres. blanchiment d’argent, les chèques en
bois, les véhicules volés, les œuvres d’art • Les agents de la circulation
volées, le trafic d’animaux exotiques, etc. • Les agents chargés de délivrer les autori-
- Trident and Trafalgar Operational sations de port d'armes à feu
Command Unit (SCD 8) : les crimes • Les agents administratifs responsables du
par armes à feu au sein de la commu- maintien des archives de l'identité crimi-
nauté noire de Londres. Elle se concen- nelle (empreintes digitales, photos, etc.)
tre sur les morts par armes à feu où le • Les detectives du CID chargés des
suspect ou la victime est noir. enquêtes criminelles
- Serious and Organised Crime Group • Etc.
(SCD 7) : enlèvement, crime organisé,
braquage de banque, vol de bijoux, prise La plupart des stations de police possède
d’otage, trafic d’arme et de drogue... des cellules pour assurer la détention provi-
- Covert Policing/Intelligence (SCD 10) : soire des suspects.
cette unité fournit des équipes de sur-
veillance et d’infiltration au reste du Met La City of London Police
en moins de 90 minutes. La City of London Police (CoLP), souvent
appelée City Police, est une force de police
• Direction des opérations spéciales territoriale qui a la responsabilité du quar-
Elle fournit des services de protection tier des affaires de la ville de Londres, la
personnelle armés pour la famille royale, City. Ce quartier situé dans le cœur histo-
les ministres, les chefs d’État invités, les rique de Londres est de nos jours un centre
personnalités publiques et les ambassa- financier à la population résidente réduite
deurs. Elle lutte contre le terrorisme en (10 000 personnes) mais qui grouille
prévenant les activités terroristes, en col- chaque jour de milliers d’employés (environ
lectant et exploitant des renseignements à 300 000) et de touristes. Avec 833 policiers
Londres. et trois stations de police, la City of London
Police est la plus petite force territoriale de
• Direction de l'information Grande-Bretagne. Elle est dirigée par un
commissioner.
• Direction des ressources
La City Police est organisée en cinq unités
de commandement :
Chaque direction est dirigée par un
• La direction des crimes économiques
assistant commissioner.
• La direction de la criminalité
• La direction de la police en uniforme
Les stations de police
• La direction de l'information et du rensei-
En plus de son siège à New Scotland Yard,
gnement
il existe 140 stations de police à Londres,
• La direction des services aux entreprises
du grand siège d'arrondissement ouvert
24 h/24 aux petites stations ouvertes au En raison du rôle de la City en tant que
Enquête
public pendant les heures de bureau. La centre financier mondial, la City of London
plus ancienne station de police opération- Police a développé une grande expertise
nelle (1895) se situe à Wapping. C’est éga- dans la lutte contre la fraude et les crimes
lement le siège de l'unité de police mari- financiers. La direction des crimes écono-
time qui est responsable de la Tamise. Elle miques inclut la brigade contre la répres-
abrite également une morgue. sion des fraudes, l'unité des cartes de crédit
et des chèques, l'unité des enquêtes sur le
Les stations de police métropolitaine peu- blanchiment d'argent, l'équipe de dévelop-
vent abriter divers services et unités : pement du renseignement sur la fraude et
• Les constables des patrouilles l'unité contre la corruption à l'étranger.
• Les agents communautaires de soutien à
la police qui tissent des liens dans la com-
munauté et aident aux tâches policières
Les grades : La plupart des forces de police du Royaume-Uni utilisent des Les grades de l'époque ont été délibérément choisis de sorte qu'ils ne correspondent
grades standardisés, avec une légère variation dans les plus hauts rangs de la Police pas aux grades militaires (à l'exception du sergent) afin de bien les distinguer de
330 Métropolitaine de Londres et la City of London Police. La plupart des grades de la l’armée.
police britannique qui existent aujourd'hui ont été choisis par Home Secretary Sir Les insignes de grade sont généralement portés sur les épaulettes (excepté les
Robert Peel, le fondateur de la police métropolitaine, en 1829. sergents, qui portent souvent leur insigne de grade sur leurs manches supérieures).
Enquête
Cette procédure semble simple mais elle ne Le mode opératoire
l’est pas. Les gens mentent, des preuves phy- Le modus operandi (MO) peut être très utile
siques disparaissent, les enquêteurs font face à lorsqu'il s'agit d’un récidiviste, car il offre
un complot ou une dissimulation… La police parfois un grand nombre d'informations sur
ne doit pas seulement trouver le criminel, l'auteur du crime. Les caractéristiques d'un
mais également être en mesure de prouver mode opératoire sont basées sur le type de
qu'il est coupable devant un tribunal. crime. Les criminels ont tendance à faire ce
qu'ils savent bien faire. Les braqueurs de
banque sont peu susceptibles de cambrioler
Les suspects des maisons. Un criminel ne va s’en prendre
Pour déterminer si une personne peut être qu’aux jeunes femmes seules, ou voler uni-
considérée comme un suspect, il faut établir quement les personnes âgées. Certains
si cette personne a un mobile, les moyens et types de biens peuvent également fournir
l’opportunité de commettre le crime. Ces un lien : si un pyromane ne brûle que des
trois considérations doivent être réunies pour salles de musculation ou des gymnases, on
inculper et faire condamner un suspect. La peut penser qu’il a eu des problèmes avec
des personnes musclées ou des gymnastes,
331
police analyse également le mode opératoire
afin d’établir si un crime particulier corres- ou contre une chaîne de club de sport. Le
pond au style connu d’un criminel. MO peut également être basé sur la
manière dont le criminel exécute son crime.
Le mobile S'agit-il toujours du même type d'arme ?
On le trouve habituellement en interro- Le crime a-t-il un cérémoniel ? Le crime a-
geant les suspects. On dit souvent que pour t-il une “carte de visite” qui le différencie
trouver le mobile d’un crime, il faut suivre des autres ? Même l’heure où le crime a été
l'argent. L'argent, bien que n'étant pas commis peut être pertinente, car elle peut
nécessairement la racine de tous les maux, indiquer les heures de travail du criminel.
Les preuves
Les preuves sont tout ce qui peut être sou-
mis comme preuve recevable devant un tri-
bunal : objets, témoignages, déclarations
sous serment, etc. Les preuves peuvent être
utilisées pour relier un suspect à un crime,
établir la nature ou la cause du crime, prou-
ver la méthode ou fournir le mobile.
332
Exemple : une grosse somme d’argent est • Les écoles et universités
volée dans le coffre-fort d’un riche homme • Le casier judiciaire
d’affaires, qui est retrouvé assassiné. Les
empreintes digitales du suspect sont retrou- Si les enquêteurs peuvent accéder à
vées sur le mur du coffre-fort mais pas à l’habitation du suspect, ils peuvent aussi
l’intérieur. Le suspect s’est récemment chercher :
acheté une voiture de sport en payant en • Des documents officiels : acte de
liquide. Les preuves mènent à penser que le propriété, reconnaissance de dettes, etc.
suspect est le voleur, mais rien ne prouve • Permis de conduire, acte de mariage,
qu’il ait tué la victime. passeport, etc.
• Transactions commerciales
• Factures
• Billets de train ou d’avion
Enquête
est toutefois extrêmement difficile de faire oculaires du crime mais aussi de l’éventuel
accepter des preuves provenant d'un infor- transport du corps.
mateur anonyme dans un tribunal. Les
juges ont tendance à se méfier des sources Ils doivent aussi chercher à corroborer les
anonymes. renseignements obtenus sur le suspect.
333
dent leur propre programme pour 1971 et 2013, 8 500 témoins ont gang puis fuit Chicago.
les crimes non couverts par le pro- bénéficié du programme et de la
gramme fédéral. protection des US Marshals. Il prit également avec lui des dos-
siers détaillant les activités illégales
Ce programme est destiné aux L’immense majorité des témoins est du gang. Tolomeo contacta le FBI,
témoins cruciaux d’affaires impor- formée de criminels repentis. Le qui lui fit bénéficier du programme
tantes (souvent le crime organisé) programme est uniquement basé sur de protection des témoins. Son
dont le témoignage les met en dan- le volontariat. Les témoins peuvent témoignage permit la condamnation
ger immédiat de mort. Grâce à ce quitter le programme et retrouver de deux membres dirigeants de la
programme, les témoins et leur leur identité originelle dès qu’ils le Calabrese crew.
Si les enquêteurs ont de la chance, la pre-
mière personne présente sur la scène de
crime sera un agent de police. Il aura bou-
clé la zone et empêché qui que ce soit de
s’en approcher. Après avoir appelé des ren-
forts, sa priorité aura été d'interroger toutes
les personnes présentes autour de la scène
de crime et de déterminer les faits, autant
que possible. Il aura également appelé
l’équipe scientifique.
Il n'est pas facile d'enquêter sur une scène Certains éléments disparaissent rapide-
de crime car tout peut mal se passer dès les ment, tels une odeur dans une pièce ou l’al-
premières minutes. Le même protocole ne cool dans le sang d’un suspect. Les enquê-
peut pas être utilisé systématiquement : teurs doivent noter si quoi que ce soit est
chaque scène de crime est unique, elle pré- abîmé, altéré, modifié ou en cours de chan-
sente son propre ensemble de problèmes et gement, et prendre des notes par écrit dès
de défis. Une scène de crime ne reste pas que possible. Les enquêteurs expérimentés
bien sagement à attendre que les enquêteurs savent quoi noter, mais les procédures peu-
l’examinent. Elle est rapidement contami- vent parfois être ignorées dans le début fré-
née par les suspects, les passants et les poli- nétique d'une enquête. Un policier inexpé-
ciers eux-mêmes. Les preuves physiques rimenté peut utiliser le téléphone de la vic-
disparaissent ou sont détruites, les objets time et couvrir les empreintes digitales du
sont déplacés et les gens commencent à tueur avec les siennes. Un membre de
oublier ce qui s’est passé. l'équipe peut manger dans la zone scellée en
laissant des miettes partout. La zone la plus
Il est important de se rappeler que dès que
Enquête
Enquête
l'endroit où les preuves doivent être collec- Ils doivent souvent attendre plusieurs jours
tées : un corps peut être découvert dans le avant d’obtenir les résultats des analyses
jardin mais le meurtre peut avoir eu lieu au envoyées au laboratoire scientifique. Ils sont
grenier. souvent obligés d'établir des priorités, de
décider quelle preuve doit être traitée en
premier. Il faut à la fois être objectif et ne
Documenter la scène de crime pas faire trop d'hypothèses tout en extrapo-
Alors que les techniciens marquent l’empla- lant une théorie plausible sur le court des
cement des indices (et donc avant qu'ils ne événements. Sans une théorie plausible,
commencent à les prélever) un photo- toutes les preuves sont examinées les unes
graphe doit enregistrer chaque aspect de la après les autres, sans priorité, et l’on peut
scène de crime et recueillir autant de alors perdre du temps et laisser un suspect
preuves visuelles que possible sans bouger s’évanouir dans la nature.
quoi que ce soit. Un technicien doit égale-
ment dessiner un croquis de la zone, mon-
trant la disposition générale de l’endroit
335
avec des mesures précises, en indiquant où
se trouvent tous les objets importants et
leur relation avec d'autres objets, comme un
corps allongé sur le sol du salon et une arme
à feu sous le canapé.
Voici des scènes de crime décrites pour chacun des monstres de L’Appel de Cthulhu.
Vous pouvez les lire telles qu’elles sont présentées ici, les modifier pour qu’elles correspondent
à votre scénario ou utiliser les informations présentées pour inventer votre propre scène de crime.
Abhoth : “Nous ne l’avons plus jamais revu. La Chthonien : “Il y avait une grande ecchymose cir- moelle, et l’arrière du crâne avait été défoncé pour
seule allusion à son sort tragique fut des rumeurs culaire, d’environ 45 cm sur son torse. La base de atteindre le cerveau. Son ventre avait été ouvert en
au sujet d’une horrible chose, une sorte de ver sa gorge était percée d’un trou aux bords irréguliers deux et complètement vidé. Ce qui l’avait tué consi-
géant, aperçu des semaines plus tard sur les ver- tellement profond que je pouvais y insérer ma main. dérait ses entrailles comme un met de choix.”
sants de la montagne. Cette chose arborait son Son corps tout entier était recouvert d’une épaisse
visage.” couche de vase putride.” Gug : “La colonne vertébrale était brisée en mor-
ceaux et une grande morsure déchiquetée coupait
Atlach-Nacha : “Le cadavre était couvert d’un Cthugha : “Le cadavre était complètement carbo- quasiment le corps en deux. Il avait arraché à son
matériau épais ressemblant à un enchevêtrement nisé. Son squelette aux os noircis était toujours agresseur des touffes de poils noirs et raides,
de fils mais aussi dur que l’acier et pourtant doux assis sur le siège fumant de la voiture calcinée. La encore visibles entre ses doigts.”
au toucher. Il y avait deux trous très fins sur son forêt, à des kilomètres à la ronde, était encore en
visage. L’intérieur de son corps semblait avoir été feu.” Habitants des sables : “Allongé sur le ventre, son
liquéfié et aspiré car il ne restait plus que l’enve- corps donnait l’impression que quelqu’un l’avait vio-
loppe de ce pauvre homme, telle une coquille vide.” Cthulhu : “Tout ce qui restait de son corps était lemment frappé à coups répétés avec un râteau
une tache rougeâtre au centre de cette énorme traî- aiguisé. Lorsque nous l’avons retourné sur le dos,
née verte à travers la route.” nous avons réalisé que ce qui avait percé un grand
trou dans son dos avait également mâché et griffé
Cyaegha : “Le corps était cloué la tête à l’envers jusqu’à son foie.”
sur la porte d’entrée, la gorge tranchée et les poi-
gnets ouverts. Mais il n’y avait pas la moindre Homme Serpent : “Il était mort. Deux grands trous
goutte de sang sur le sol.” perçaient sa gorge, d’où coulait seulement un filet
de sang. Autour des perforations, sa peau était tel-
Dhole : “Une grosse masse de mucus couvrait la lement abîmée qu'elle cédait sous les doigts, lais-
moitié avant de la voiture, et une trajectoire gluante sant couler un filet de liquide verdâtre. Si on le tou-
était visible à travers des kilomètres de forêt. Mais chait, ce liquide provoquait une sensation dés-
de notre ami, il n’y avait pas le moindre signe.” agréable, presque douloureuse, sur les mains. Et,
Autre dieu inférieur : “Son corps gisait, face même si on le lavait facilement, il laissait une sorte
contre terre. Son dos était partiellement dissous, Hastur : “Tous les os de son corps avaient été de picotement durant quelques minutes. La peau
mangé par l’acide, de sorte que sa colonne verté- réduits en miettes et sa peau n’était plus qu’une du cadavre était bleue, sa langue noire et gonflée,
brale et ses côtes étaient à nu. Ses côtes étaient énorme contusion, du sang violacé dégoulinant de et ses yeux entièrement noirs.”
brisées en plusieurs endroits. Son crâne était frac- son visage.”
turé et, lui aussi, corrodé par l’acide. Son visage et Horreur chasseresse : “Le cadavre semblait avoir
le devant de son corps étaient intacts, bien qu’en- Ghast : “Le cadavre semblait avoir été battu avec été mis en pièces par un animal sauvage. Sans but
Enquête
foncés de plusieurs centimètres dans le sol.” de lourds bâtons puis rongé par des animaux sau- apparent, des parties de son corps étaient
vages. De grands morceaux de chair avaient été absentes, comme si un être possédant une logique
Azathoth : “La maison tout entière avait été rasée, arrachés de ses bras et de ses flancs. Ce qui lui étrange l’avait mutilé de manière irrégulière.”
comme par une énorme catastrophe. Même les avait fait ça avait dû venir pendant la nuit.”
arbres sur plusieurs centaines de mètres alentour Ithaqua : “Le corps a été retrouvé complètement
étaient abîmés ou brisés. Dans les ruines de la Ghatanothoa : “Son corps ressemblait à une congelé, à moitié enterré dans la toundra, comme
maison, nous trouvâmes son corps – uniquement momie millénaire, bien qu’il n’ait pas pu être mort si on l’avait jeté d’une grande hauteur et qu’il s’était
reconnaissable par l’alliance tordue sur ce qui res- depuis plus de quelques jours. Sa peau était aussi enfoncé dans le sol. Lorsque nous l’avons déterré,
tait de sa main gauche.” ferme que du cuir séché et sa chair aussi dure que nous avons remarqué que ses deux pieds sem-
la pierre. Son visage présentait l’expression de la blaient étrangement brûlés jusqu’aux moignons,
Bête lunaire : “Celui qui l’avait tué, quel qu’il fût, plus terrible peur.” bien que des croûtes de glace s'y accrochent
l’avait lentement torturé avant sa mort. Des bles- encore.”
sures pénétrantes étaient visibles sur son torse, Gnoph-Keh : “Le corps était complètement
ainsi que des brûlures sur ses bras. La cheminée congelé, aussi dur que la glace. Mais le cadavre Larves amorphes de Tsathoggua : “Tout ce que
près de lui était sans doute la source de ses terri- gelé avait été brisé, l’épaule et le bras gauche nous avons trouvé, ce sont ses os, un tas d’os sans
bles blessures.” avaient été cassés net et emmenés par la chose le moindre morceau de chair. Une traînée humide
dans la neige.” s’éloignait du squelette.”
Byakhee : “Son corps tordu gisait au beau milieu
de la route. Sa gorge avait été déchiquetée mais, Grand Ancien : “Son cadavre était littéralement Larve stellaire de Cthulhu : “Une grande écla-
étrangement, il y avait peu de sang. Le reste de déchiqueté, bien qu’il n’y ait ni coupures ni perfora- boussure de sang et d'entrailles gisait au sol,
son corps était lacéré, presque écorché, et ses tion. Ses membres avaient été arrachés de son mélangée à une flaque de bave verte. De notre
336 vêtements étaient en lambeaux. Le cadavre sem- corps et jetés au loin. D’étranges marques circu- ami, aucun signe, mais le sang et les organes muti-
blait étrangement pâle et rabougri.” laires étaient visibles sur ses jambes et autour de lés étaient sans doute tout ce qu'il restait de lui.”
son torse.”
Chiens de Tindalos : “Il était couché sur le dos, Lloigor : “Le corps gisait sur le ventre dans une
une fine couche d’une sorte de bave bleutée cou- Grande Race de Yith : “Son corps était intact, mare d’eau bleue verdâtre. Il avait dû mourir d’une
vrant son corps. Sa tête avait été coupée et repo- excepté sa tête qui avait été coupée très propre- crise cardiaque car aucune blessure n’était visible.
sait sur son torse.” ment, avec une précision chirurgicale.” Étrangement, l’autopsie ne montra toutefois aucun
signe de sclérose sur les artères.”
Goules : “Le corps avait été rongé et mâché. Les
yeux avaient été proprement arrachés de leurs
orbites, les os longs brisés pour en extirper la
Mi-Go : “L’abdomen et la poitrine de la victime Serviteurs des dieux extérieurs : “Son cadavre Vampire de feu : “La chaise sur laquelle il s’était
avaient été ouverts par ce qui semblait être des était lacéré et ensanglanté. Des bandes de peau assis était intacte, mais son crâne était carbonisé
ciseaux perçant des dizaines de minuscules cou- avaient été arrachées, comme si un grand fouet en une affreuse grimace, tout comme le haut de
pures et d’entailles profondes. Le cadavre, allongé l’avait frappé avec une force telle qu’il avait non son corps. Étrangement, ses bras et ses jambes
sur le côté, baignait dans une large flaque de seulement enlevé sa peau, mais aussi brisé ses os. étaient indemnes.”
sang.” De ces marques de fouet coulait encore du sang
mais aussi une sorte de jus vert clair qui sentait les
marais.”
Enquête
chair semblait desséchée, comme cuite dans un Shudde M'ell : “Un trou avait été percé à travers
four, mais elle n’était que légèrement rougie.” son torse, et tout le sang et les organes semblaient
avoir été aspirés. Le corps était enterré sous 40 cm Zoth-Ommog : “Son corps était étrangement ava-
d'un slime translucide et puant.” chi, comme si l’intérieur de son torse avait été mis
au pilon et écrasé en une seule masse solide. Ses
côtes avaient été littéralement pulvérisées.”
Sombre rejeton de Shub-Niggurath : “Du pus noir
couvrait le visage de la victime et sortait de sa
bouche. Des plaies ouvertes, tels des ulcères, cou-
vraient la moitié de son corps, suintant encore d’un
liquide huileux transparent. L’expression de son
visage était indescriptible.”
Profonds : “De profondes entailles incisaient soi- Tsathogghua : “Sur le sol gisait un sac ridé, flétri,
gneusement la gorge de la victime, comme si imberbe, crevé de multiples trous, et rempli unique-
quelqu'un avait enfoncé quatre lames de rasoir en ment d'os, qui sonna creux lorsqu'on le secoua. Le
même temps sur son cou. Quatre balafres simi- sac était la peau de notre camarade.”
laires entouraient son bras, qui avait également été
brisé. Quelque chose de puissant l’avait empoigné
et tailladé sans la moindre pitié.” Vagabond dimensionnel : “Nous avons entendu
son hurlement et avons couru jusqu’à sa chambre. 337
Mais lorsque nous avons ouvert la porte, tout ce
que nous avons trouvé a été une éclaboussure de
sang sur le tapis et son cri désespéré qui résonnait
faiblement dans le vide.”
Collecter les preuves
Une fois que toutes les preuves potentielles
sont identifiées, elles sont prélevées. Il s'agit
de la dernière étape, qui est souvent la plus
longue. Les preuves matérielles sont collec-
tées et emballées. Les témoignages sont
enregistrés et les suspects sont interrogés.
Cela requiert des compétences différentes,
et une bonne équipe nécessite d’excellentes
compétences techniques et d'observation.
Le Ku Klux Klan
Enquête
hommes n’osaient faire à visage découvert et
en plein jour, ils l’accomplissaient masqués, Plus de 2 000 personnes furent assassinées,
la nuit. blessées ou agressées en Louisiane durant
les quelques semaines précédant les élec-
Le KKK était un ensemble de groupes opé- tions présidentielles en novembre 1868. Le
rant de manière autonome, bien qu’ayant KKK assassina ou blessa plus de 200 répu-
les mêmes buts et les mêmes traditions. blicains noirs, les chassant dans les bois et
empilant leurs corps. Treize d’entre eux, qui
Il n’y avait pas de hiérarchie ou de quartier avaient été placés en prison, furent sortis de
général. Les membres du Klan utilisaient la leurs cellules et abattus.
violence “pour restaurer la domination
blanche” mais aussi pour régler de vieilles Les klansmen tuèrent des centaines de
querelles locales ou se venger d’offenses Noirs en Floride, principalement des
personnelles… affranchis. Ils assassinèrent également
James Hinds, membre du Congrès de
Les klansmen désiraient empêcher les l’Arkansas, trois membres de l'assemblée
législative de Caroline du Sud, et plusieurs
339
changements drastiques survenus avec la fin
de la guerre (fin de l’esclavage, droit de vote politiciens ayant travaillé sur la rédaction de
pour les Noirs, distribution de terre à labou- conventions constitutionnelles.
rer aux affranchis, hausse des impôts,
construction d’écoles publiques…), et mul- En avril 1868, 1 222 personnes votèrent
tiplièrent les expéditions punitives, les pil- pour les républicains dans le comté de
lages et les vengeances privées. Ils brûlaient Columbia, en Georgie, lors de l’élection
les maisons, agressaient, voire assassinaient gouvernatoriale. En novembre 1868, seule
les Noirs, laissant leurs corps bien en vue au une personne eut le courage de voter pour le
milieu des routes. candidat républicain, Ulysses Grant.
inonde, des hommes et des femmes qui ont
apporté sur nos rives et dans notre politique
leurs vieilles habitudes et des idées favora-
bles à l’alcool”. Elle est un exemple parmi
tant d’autres. La nature majoritairement
anti-étrangers, anti-catholique, anti-noire,
anti-allemande, antisémite et anti-urbaine
du mouvement de tempérance est à présent
bien connue. Ce n’est pas un hasard si des
lois restreignant l’immigration ont été
votées à l’apogée de la puissance du mouve-
ment pour la tempérance et du Ku Klux
Klan. Ce n’est pas non plus une coïncidence
si le KKK était l’un des plus fervents avo-
cats de la Prohibition.
Mais dès 1874, d’autres organisations Dans les années 1920, alors que la
racistes fondées par d’anciens confédérés, Prohibition était nationale, l'une des activi-
telles que la White League et les Red tés principales du KKK fut de chasser et
Shirts, commencèrent un nouveau cycle de livrer les bootleggers aux autorités, et de
violence visant à supprimer le vote des démembrer les speakeasies. En 1922, 200
Noirs (en les intimidant) et à chasser les klansmen incendièrent les saloons qui
républicains de la Maison Blanche. avaient fleuri dans Union County
(Arkansas) avec l’arrivée des chercheurs de
Ils contribuèrent de fait à la reconquête du pétrole. Dans un comté du Sud de l’Illinois,
pouvoir politique par les démocrates ségré- la guerre qui se menait entre les bootleggers
gationnistes dans tous les États du Sud en et le KKK fit quatorze morts en 1924 et
1877. Parvenu à son but, le Klan entra en 1925.
Faites ce que je dis…
Le KKK souhaitait de ses membres
sommeil.
Enquête
Enquête
Oberholtzer, le Klan perdit encore des mil-
Le second Klan était beaucoup plus orga- liers de membres. Lorsque les accusations de
nisé que le premier, avec une structure crime et de corruption entachèrent le Klan,
nationale et étatique. À son apogée, au ceux qui s'inquiétaient de leur avenir poli-
milieu des années 1920, le Klan représentait tique eurent soudain moins de raisons de
15 % de la population votante, soit environ travailler pour le compte du Klan et le KKK
4 à 5 millions d’hommes. perdit de nombreux soutiens politiques.
342
cool aux États-Unis étaient d’origine ger-
manique.)
Les défenseurs de la libre consommation
d’alcool manquaient cruellement d’organi-
sation alors que les prohibitionnistes étaient
particulièrement efficaces. L'intimidation
politique, combinée avec les effets de
décennies de propagande pour la tempé-
rance, fit le reste.
Le jus de raisin était couramment vendu
comme “brique de Vin du Rhin”, parfois
avec cet avertissement : “Après avoir dissous
la brique dans quatre litres d’eau, ne placez
pas le liquide dans un récipient dans une
armoire durant vingt jours, car alors il se
transformerait en vin”. Le maire de New
York envoya même des instructions sur la
vinification à ses électeurs !
De l’alcool mortel
Les bootleggers assassinaient la concurrence,
les policiers et les agents de la Prohibition.
Mais ils provoquaient également la mort ou
l’infirmité par procuration : la majorité de
l’alcool frelaté était coupé avec de l’alcool
Une loi criminogène
de bois hautement toxique. Lorsque l’alcool Durant treize années, l’alcool se vendit à
industriel dénaturé n’était pas suffisamment prix d’or et fit la fortune de nombreux
dilué, ou consommé en trop grande quan- délinquants et criminels : distilleries clan-
tité, il provoquait la paralysie, la cécité ou la destines, passeurs transfrontaliers (bootleg-
mort. gers), revendeurs, patrons de speakeasies (qui
En 1927, près de 12 000 décès furent attri- vendaient souvent de l’alcool frelaté),
bués à des empoisonnements à l’alcool fre- marins et capitaines qui transportaient de
laté, la plupart des victimes étant des cita- l’alcool et, surtout, gangsters.
dins pauvres qui ne pouvaient pas s’offrir du
vrai whisky importé. En 1930, le ministère La production, l’importation et la distribu-
de la Santé estima que 15 000 personnes tion d’alcool furent prises en charge par des
étaient atteintes de jake foot, une paralysie gangs criminels, qui s’entretuaient pour
des mains et des pieds causée par la contrôler ce marché juteux. Le nombre
consommation d'alcool frelaté parfumé à la d’homicides augmenta dramatiquement
entre 1920 et 1934, durant la Prohibition, et
racine de gingembre. De nombreux alam-
baissa de manière tout aussi drastique
bics utilisaient des bobines ou des soudures
lorsque la Prohibition cessa. (Le taux d’ho-
au plomb, qui exhalaient de l’acétate de
micides demeura assez bas par la suite, au
plomb, un poison dangereux. Certains trafi-
moins jusqu’à la Seconde Guerre mon-
quants d'alcool utilisaient dans leurs
diale.) De nombreux gangsters firent non
recettes des produits toxiques tels que
seulement fortune grâce à la Prohibition
l’iode, la créosote de bois ou de houille, ou
mais devinrent également des célébrités
même du fluide d'embaumement !
Enquête
locales, voire nationales.
Mais les bootleggers n’étaient pas les seuls à Les gangs devinrent tellement riches qu’ils
vendre sciemment de l’alcool empoisonné. furent en mesure de corrompre les services
L’alcool destiné à être utilisé à des fins de police de villes entières (les policiers
industrielles pouvait être produit en toute étaient souvent sous-payés et en sous-effec-
légalité, et il était relativement aisé de le tif ) et d’employer de coûteux avocats.
transformer en boisson alcoolisée potable.
Le bureau de la Prohibition décida alors de Dans plusieurs grandes villes, les gangs pos-
rendre cet alcool imbuvable en y addition- sédaient également un pouvoir sur les
nant des dénaturants. Certains, comme le représentants politiques. Lorsque la police
savon noir, étaient inoffensifs, mais d’au- d’État du Michigan effectua une perquisi-
tres, comme l’acide sulfurique ou l’alcool de tion lors d’une fête alcoolisée à la Deutsches
bois, étaient totalement toxiques. Les repré- Haus de Détroit (une association culturelle
sentants de l’État de New York demandè- pour les immigrés d’origine germanique),
rent au Congrès d’interdire l’utilisation de elle y découvrit le maire John Smith, le shé-
ces dénaturants toxiques. Mais l’Anti-
343
rif Edward Stein et un membre du
Saloon League et la Women’s Christian Congrès, Robert Clancy.
Temperance Union défendirent l’utilisation
de l’alcool de bois et d’autres poisons. L’un C’est principalement dans les grandes villes
des leaders du mouvement pour la tempé- frontalières ou portuaires servant de plaque
rance affirma même que “le gouvernement tournante pour l’importation d’alcool
n’a aucune obligation à fournir un alcool (Chicago, Détroit, New York…) que les cri-
potable aux gens alors que la constitution minels devinrent les plus riches et les plus
l’interdit. La personne qui boit cet alcool puissants, tels Tom Dennison à Omaha et
industriel commet un suicide délibéré.” Al Capone à Chicago.
Al Capone, qui était “entre autres” un boot- La fin de la Prohibition
legger, gagna 60 millions de dollars par an Non seulement la Prohibition n’empêcha
(non imposables) durant la Prohibition, aucunement la consommation d’alcool mais
alors que le salaire moyen d’un ouvrier de elle conduisit à une production très impor-
l’époque était de 1 000 $ par an. Lorsque la tante d’alcool frelaté (et non taxé), au déve-
Prohibition cessa en 1933, 800 gangsters loppement du crime organisé, à l’accroisse-
s’étaient entre-tués dans la seule ville de ment de la violence, et à une corruption
Chicago. massive, tant policière que politique.
Le “Volstead Act” fut établi le 28 octobre Cette loi força de nombreux producteurs de
1919 et appliqué à partir du 16 janvier 1920.
vins et de bières à fermer leurs portes, et des
Le lendemain même, à Chicago, des
milliers de personnes se retrouvèrent au
hommes armés volèrent 100 000 $ de whisky
chômage.
“médicinal” dans des wagons de marchan-
dises. En vérité, nombre de gangsters avaient La fabrication d’alcool à des fins person-
commencé à cacher de l’alcool dès le début nelles n’étant pas punie par le “Volstead
de l’année 1919, en prévision de l’application Act”, les gens produisirent eux-mêmes de la
du “Volstead Act”, alors que la surveillance bière, du whisky et du vin, mais la qualité de
de la police n’était pas encore effective. Mais ces alcools était souvent très mauvaise.
même lorsque la loi fut adoptée, il n’y eut
que 134 agents dans l’unité chargée de sur- Certains créaient des alcools si forts ou si
veiller l’Illinois, l’Iowa et le Wisconsin (un toxiques qu’ils laissaient les buveurs aveu-
territoire de 465 530 km²). Et selon Charles gles ou paralysés.
Fitzmorris, le directeur de la police de
Chicago, “60 % de la police locale faisait de Vers la fin des années 1920, le soutien
la contrebande d’alcool”. populaire à la Prohibition s’était érodé et
nombreux étaient ceux qui demandaient sa
La plupart des gens pensaient que la loi suppression. Au début des années 1930,
était trop sévère et n’avaient rien contre les l’opposition à cette loi était devenue écra-
bootleggers. Les speakeasies avaient un côté sante. En 1933, le vingt et unième amende-
défendu et excitant qui attirait nombre de ment abrogea le dix-huitième, mettant fin à
personnes tout à fait respectables. Les cock- la Prohibition.
tails devinrent même à la mode parmi les
classes aisées de la société américaine qui La Federal Alcohol Administration (une
s’encanaillaient dans les bars clandestins. La branche du ministère du Trésor) fut créée
Prohibition perdit ses défenseurs à mesure en 1935 mais uniquement dans le but de
que boire de l’alcool devenait un comporte- veiller au recouvrement des taxes sur l’alcool
ment socialement accepté, mais surtout pour le gouvernement fédéral. En 1968, elle
parce que cette loi provoqua la croissance devint le Bureau of Alcohol, Tobacco and
Enquête
Enquête
associée au parti démocrate.
Philadelphie et La Nouvelle Orléans.
Chicago
Becker utilisa sa position pour
redistribuer à la police et à des
Au début du XXème siècle, Chicago était une
Par la suite, des criminels originaires d’au-
politiciens les bénéfices du jeu illégal
ville particulièrement violente, saturée de
et de la prostitution. Il employait
tres pays vinrent grossir les rangs de la
bars et de maisons closes, et où tous
une escouade spéciale ainsi
pègre américaine, mais certaines familles
que des gangsters pour faire
les politiciens ou policiers pouvaient être
mafieuses restèrent spécifiquement italo-
respecter les règles.
achetés.
américaines.
En 1912, un joueur, Henri Rosenthal,
tenta de le dénoncer à la presse et
Le premier chef mafieux fut Giacomo “Big
au procureur républicain de Manhattan,
La Nouvelle Orléans Jim” Colosimo, qui créa l'Outfit (la famille
Whitman. Becker fit libérer un
De nombreux immigrants siciliens s’instal- du crime organisé de Chicago) en 1910. Né
lèrent en Louisiane et la région en elle- en Italie, il fut d’abord homme de main de dangereux chef de gang, Big Jack
Zelig, pour qu’il fasse assassiner
Rosenthal. Une enquête fut ordonnée,
même attira les mafieux : la corruption y la Mano Nera, avant de devenir l'un des
et le commissioner Waldo la confia à…
était endémique, la mentalité des habitants plus importants proxénètes du pays. En
les poussait à se méfier des autorités et des 1909, la Cosa Nostra tenta de lui extorquer Becker. Ce dernier ordonna à ses
enquêteurs de “perdre” le numéro
d'immatriculation de la voiture des
dirigeants fédéraux, et les labyrinthes de de l’argent et il demanda de l’aide à son
meurtriers et tenta d’emprisonner
bayous offraient d’excellentes caches.
345
neveu, Johnny Torrio, alors à la tête d’un
un témoin. Grâce à un informateur,
gang de New York. Torrio assassina les
Les nouveaux arrivants s’organisèrent rapi- le procureur Whitman apprit l’existence
du témoin. Les assassins furent
hommes qui avaient menacé son oncle et
appréhendés et désignèrent
dement en bandes ou en gangs. Il semble décida de rester à Chicago.
le commanditaire du meurtre, Zelig,
que la Nouvelle Orléans fût, historique-
ment, la première ville américaine où s’im- Il établit des liens entre les familles crimi- qui, à son tour, impliqua Charles
Becker. Zelig fut libéré sous caution
et rapidement exécuté par un gangster,
planta la mafia, dès 1869. nelles de New York et Chicago, puis fit
à la demande de Becker.
assassiner Colosimo en 1920, pour prendre
À la fin du XIXème siècle, les frères sa place avec l’aide de son lieutenant, un Whitman parvint néanmoins à faire
Matranga dominaient le port de la ville. certain Al Capone. condamner Becker à la peine capitale.
Les figures de la mafia minelles irlandaises et juives de New York.
américaine Elle fut conçue pour régler tous les diffé-
rends et décider quelles familles contrô-
laient quels territoires, afin d’éviter de nou-
Charlie “Lucky” Luciano velles guerres de gangs. Luciano y régnait
sans équivoque.
Enquête
de ses jours jusqu'à sa mort en 1947.
Frank Costello
Né Francesco Castiglia en Italie en 1891,
Costello joignit son premier gang à l’âge de
13 ans. Après avoir passé quelque temps en
prison dans sa jeunesse, il prit la décision de
rejoindre la pègre en tant que gangster, mais
un gangster qui utilisait son cerveau plutôt
que la violence.
Meyer Lansky
La famille Bonanno
Histoire : La famille Bonanno est née après
Enquête
Famille Gambino
Histoire : La famille Gambino fut créée
avec les gangs napolitains en 1916, mais la
famille telle qu’elle existe de nos jours est
apparue comme les cinq autres après la
Vito Genovese
guerre Castellammarese en 1929. Vincenzo
“Vincent” Mangano fut le premier parrain
de la famille, et fut assassiné sur ordre Histoire : L’origine de la famille Genovese
d’Albert Anastasia. Mais c’est Carlo dans le crime remonte au début des années
Gambino qui donna finalement son nom à 1900, lorsque plusieurs gangs des rues
la famille et en fit l’une des plus puissantes s’unirent pour devenir la famille Morello.
familles mafieuses : il fit assassiner Au début des années 1920, Giuseppe “Joe
Anastasia en 1957. the Boss” Masseria prit le contrôle de cette
Premier parrain : Vincenzo “Vincent” famille, attirant de futures célébrités du
Mangano, considéré comme un représen- crime telles que Carlo Gambino, Lucky
tant de la mafia “à l’ancienne”. Vincent Luciano, Frank Costello et Vito Genovese.
Mangano et son frère, Filippo, furent tués Masseria fut assassiné durant la guerre
en 1951. Castellammarese et Luciano devint le nou-
Alliances : En son temps, Carlo Gambino veau parrain de la famille, avec Vito
fut le plus puissant des parrains des cinq Genovese comme underboss et Frank
familles. Il semblerait qu’il ait dirigé en Costello en tant que consigliere (conseiller).
coulisses la famille Lucchese. Ce dernier hérita de la famille, puis ce fut
Pire moment : Quand Gambino mourut en Vito Genovese, qui renomma la famille
1976 et que son beau-frère, Paul avec son patronyme.
Castellano, devint parrain, le FBI s’inté- Premier parrain : Giuseppe “ Joe the Boss”
ressa de plus près à la famille, persuadé Masseria.
qu’elle serait la plus facile à infiltrer. De fait, Alliances : La famille Genovese s’allia briè-
le Bureau parvint à placer des micros chez vement avec la famille Gambino dans les
Castellano. En 1983, treize membres de la
Enquête
années 1970, mais cet arrangement disparut
famille furent inculpés pour trafic de avec l’arrivée du flamboyant et peu discret
drogue. En 1985, la famille Gambino fut John Gotti à la tête des Gambino. Le par-
“récupérée” par John Gotti, un puissant rain de la famille Genovese, Vincent
caporegime (capitaine) de la famille, qui fut
Gigante, ordonna même que John Gotti
lui aussi condamné à vie, en 1992.
soit assassiné.
De nos jours : Depuis la mort de John
Pire moment : En 1959, Vito Genovese fut
Gotti en prison en 2002, la direction de la
condamné à quinze années de prison. En
famille Gambino a changé de main plu-
son absence, Carlo Gambino accrut son
sieurs fois. La famille reste forte, avec 200 à
pouvoir parmi les familles mafieuses. En
250 membres, mais elle n’a plus l’éclat de
prison, Genovese menaça de mort son
ses jours passés.
ancien chauffeur, Joseph Valachi, qui cher-
cha la protection du FBI en lui révélant de
nombreux secrets de la mafia. Genovese
mourut en prison après avoir purgé dix ans
de sa peine.
349
De nos jours : Comme les cinq autres
familles de New York, la famille Genovese
a été systématiquement poursuivie et
démolie par les autorités, à mesure que ses
membres étaient condamnés à de longues
peines de prison. Il semble néanmoins que
la famille Genovese soit la plus puissante
des États-Unis, possédant des intérêts à
New York, dans le New Jersey, à Atlantic
Carlo Gambino
City et en Floride.
L’arbre généalogique de la famille Genevose
Famille Lucchese
Histoire : La famille Lucchese est apparue Son assassinat, ordonné par Lucky
après la guerre Castellammarese, avec Luciano, fut le catalyseur de la guerre
Gaetano “Tommy” Gagliano nommé Castellammarese.
comme parrain et Gaetano “Tommy” Alliances : Dans les années 1980, le parrain
Lucchese en tant qu’underboss. La famille Vittorio “Vic” Amuso et l’underboss
Enquête
était alors connue pour ses incursions réus- Anthony “Gaspipe” Casso étaient très
sies dans des secteurs tels que le transport proches du parrain de la famille Genovese,
routier et l’habillement. Vincent “Chin” Gigante. Les deux familles
Après la mort de Gagliano en 1953, décidèrent de l’assassinat de John Gotti, qui
Lucchese prit la tête de la famille durant de échoua.
nombreuses années, avec une réputation Pire moment : Le règne d’Amuso et Casso
vierge : il ne fut jamais condamné durant ses dans les années 1980 et au début des années
quarante-quatre années dans la mafia. 1990 marque la période la plus agitée de
Premier parrain : Avant la guerre l'histoire de la famille.
Castellammarese et la création officielle de La tentative d’assassinat ratée sur John
la famille Lucchese, Gaetano “Tom” Reina Gotti suscita des tensions entre les familles
régnait en maître. concernées, et fut suivie par une série de
contrats qui attirèrent l'attention des auto-
rités et du public. Amuso et Casso furent
arrêtés par le FBI dans les années 1990 et
condamnés à la prison à vie.
350
De nos jours : Officiellement, le parrain
Vittorio Amuso continue de diriger la
famille depuis sa prison, même si les opéra-
tions quotidiennes sont menées par un
comité de trois hommes de confiance, dont
Aniello “Neil” Miglore, le plus puissant, qui
a apporté de la stabilité et des bénéfices
substantiels à la famille Lucchese.
Tom Lucchese
Les “mafia cops”
Louis Eppolito et Stephen d’utiliser des méthodes inappro-
Caracappa, des detectives du NYPD, priées pour obtenir des résultats
furent à la solde de la famille dans leur travail. Malheureusement,
Lucchese à partir des années 1980. durant des années, rien ne put être
Louis Eppolito était le fils de Ralph prouvé formellement.
Eppolito, un membre de la famille
Gambino. Son oncle et son cousin La famille Lucchese donna
étaient également membres de la 357 000 $ en pots-de-vin et en
contrats d’assassinat aux deux asso-
Louis Eppolito - Stephen Caracappa
famille Gambino. Lorsqu’il présenta
sa candidature pour entrer dans la ciés. En 1986, les deux policiers
police de New York en 1969, enlevèrent et amenèrent aux
Eppolito mentit en déclarant qu’il Gambino un homme qui avait tenté Ils gardèrent leurs “relations de tra-
n’avait aucun lien avec le crime orga- d’assassiner Anthony Casso, l’under- vail” avec la mafia new-yorkaise et
nisé. En 1983, il fut soupçonné de boss de la famille Lucchese. Il fut tentèrent d’assassiner l’underboss de
transmettre des renseignements à brutalement assassiné par les la famille Gambino, Salvatore
Rosario Gambino, un parent éloigné Gambino. Gravano, qui avait témoigné contre
de Carlo Gambino et Paul En 1990, Eppolito et Caracappa John Gotti et bénéficiait du système
Castellano, les anciens chefs de la assassinèrent également un membre de protection des témoins.
famille Gambino, mais fut inno- de la famille Lucchese, Bruno
centé. Il prit sa retraite de la police à Facciolo, sur ordre d’Anthony Casso Après une longue enquête, la police
la fin des années 1990. Stephen qui le soupçonnait d’être une parvint à convaincre Burton Kaplan,
Caracappa travailla dans l'unité de balance. Le meurtre de Facciolo un criminel proche d’Anthony
lutte contre le crime organisé de la devint célèbre pour le canari Casso, de témoigner contre Eppolito
police de New York, à partir des empaillé que la police retrouva dans et Caracappa. Les deux ex-policiers
années 1970. Il prit sa retraite avec sa bouche, et qui fut considéré furent arrêtés en 2005 et, un an plus
une pension d'invalidité en 1992. Il comme un message aux autres infor- tard, ils furent reconnus coupables
travailla ensuite comme détective mateurs. La même année, ils assassi- de racket, d'extorsion, de trafic de
privé jusqu’en 1998, puis déménagea nèrent Eddie Lino, un capitaine de stupéfiants, d’obstruction à la justice
à Las Vegas, avec Eppolito, où il tra- la famille Gambino. En 1991, ils et de huit meurtres, dans les années
vailla dans l'établissement péniten- fournirent des informations qui 1980 et 1990 à New York, et dans les
tiaire pour femmes de Las Vegas. aboutirent au meurtre de Bobby années 2000 à Las Vegas.
Boriello, un “soldat” de la famille
Dès 1985, les autorités américaines Gambino. En 1992, ils assassinèrent Eppolito et Caracappa furent
savaient qu’Eppolito et Caracappa Patrick Testa, un ancien gangster de condamnés à la perpétuité dans un
travaillaient pour la mafia. Ils utili- la famille Gambino. Après que des pénitencier fédéral. Ils furent égale-
saient notamment les fichiers du inculpations en masse eurent été ment condamnés à une amende de
NYPD pour traquer les ennemis de émises contre toutes les familles du 4 millions de dollars. Ils recevaient
la famille Lucchese. Leurs supé- crime de New York au milieu des un salaire mensuel de 5 000 $ de la
Enquête
rieurs savaient également que les années 1990, Eppolito et Caracappa famille Lucchese.
deux hommes avaient la réputation déménagèrent à Las Vegas.
351
Faire un centime (a dime) : passer dix ans en prison que vous n'avez pas commis, quitte à aller en prison, sinon vous
Faire un Houdini : découper un corps en morceaux, puis les aban- pouvez vous retrouver dans un cercueil…
donner dans des endroits différents afin que le corps disparaisse Rat : un informateur, un traître, une personne qui répand
Feebs : agents du FBI des rumeurs
Graisse à essieux : un pot-de-vin Sénile : décrit un membre de la mafia de haut rang dont
Homme à la pelle : le membre de la mafia désigné pour creuser la maison ou la voiture a été mis sur écoute par les autorités
la tombe d’une victime Stone cop (flic en pierre) : un gardien de prison qui ne veut
Joint : la prison pas accepter des pots-de-vin et suit toujours les règles
King’s Man (homme du roi) : un membre de la mafia qui est Undertaker (croque-mort) : une peine de prison à vie sans
autorisé à traiter directement avec le parrain plutôt qu’avec possibilité de libération conditionnelle
ses sous-fifres Université : la prison
Les règles et habitudes de la mafia cette façon, les niveaux supérieurs de l'orga-
nisation ont beaucoup moins de risque d’être
À New York, la mafia a créé des coutumes et importunés par la justice si les membres de
traditions que les membres doivent respecter. niveau inférieur sont arrêtés. Une famille a
Si un membre brise plusieurs de ces règles, un boss, un parrain (capofamiglia). Il est assisté
les dirigeants de la famille peuvent ordonner par un underboss (sotto capo) qui gère les
son meurtre, et il est commis par un autre affaires quotidiennes, et un ou plusieurs
membre de la famille, généralement la per- conseillers (consigliere) qui servent de média-
sonne la plus proche du fauteur de trouble. teur lors des conflits entre familles. Sous ce
comité de direction, des capitaines (capore-
Les règles sont : gime) gèrent chacun une équipe d'environ dix
• Le code du silence, plus connu sous le nom à vingt soldats et reversent un pourcentage de
d’Omerta : on ne parle jamais aux autorités. leurs gains au boss. Les soldats n’ont de
• L’ethnicité : seuls les hommes d’origine ita- contact qu’avec le caporegime. Seul un made
lienne peuvent devenir des membres à part man peut recommander un nouveau soldat à
entière, des made men (également appelés la famille, un soldat ne peut pas proposer ses
“hommes d’honneur” ou goodfellas). Cette services de lui-même. Généralement, l’under-
limite ne s’applique pas aux associés, aux boss devient boss lorsque ce dernier décède ou
partenaires, aux alliés… est emprisonné. Mais selon les familles, le
• Les secrets de famille : les membres ne sont boss peut aussi être choisi par vote des under-
pas autorisés à parler des affaires de la bosses ou des caporegimes de la famille. En plus
famille aux non-membres. de ses membres attitrés, la mafia a de nom-
• Œil pour œil : si un membre de la famille breux associés.
est tué par un autre membre, personne ne Vous ne pourrez jamais être autre chose
peut se venger sans obtenir la permission du qu’un associé dans la hiérarchie de la mafia
parrain. italienne si vous n'avez pas de sang italien
• Aucun combat entre les membres : pas dans les veines. Les associés travaillent habi-
même une bagarre à mains nues. tuellement avec une famille (avocats, comp-
• Hommage : chaque mois, les membres doi- tables, chefs d'entreprise, politiciens corrom-
vent verser une partie de leurs gains au par- pus, flics véreux, gangsters n’étant pas d’ori-
rain. gine italienne, etc.) mais ne sont pas considé-
• Adultère : les membres ne doivent pas com- rés comme des membres à part entière. Le
mettre l’adultère avec la femme d’un autre plus grand des bosses est appelé le capo di tutti
membre. capi (le boss de tous les bosses) et il mène la
Commission.
L'homosexualité est incompatible avec le
code de conduite de la mafia américaine. En Symbolisme des meurtres
1992, John d'Amato, acting boss de la famille
DeCavalcante, fut assassiné lorsque sa En avril 1980, Antonio Caponigro, de la
mafia de Philadelphie, fit assassiner son pro-
Enquête
Enquête
commença des études d’infirmière en 1885
à l’hôpital de Cambridge, près de Boston. Les On Leongs commencèrent à célébrer
Elle utilisa ses patients comme cobayes leur victoire sur les Hip Sings, en défilant
pour tester sur eux les effets de différentes dans Chinatown. Mais lorsque la porte de
drogues, selon leur dosage. Devenue infir- la chambre d’Ah Hoon fut ouverte le len-
mière en hôpital puis à domicile, Jane demain matin, ses gardiens le trouvèrent
Toppan tua ses patients en les empoison- mort, une balle dans la tête.
nant avec de la morphine ou de l’atropine.
Elle assassina également les propriétaires de L'enquête révéla qu’un membre des Hip
son logement en 1895, puis sa sœur adop- Sings avait été descendu sur une chaise
tive Elizabeth en 1899. attachée à une corde depuis le toit et avait
tiré sur Ah Hoon à l'aide d'un pistolet muni
En 1901, Jane Toppan assassina l’épouse d'un silencieux.
d’Alden Davis, un vieil homme, puis
emménagea chez lui. En quelques Les Hip Sings paradèrent dans Chinatown
semaines, elle tua Davis et deux de ses filles. et l'assassin d’Ah Hoon ne fut jamais
retrouvé.
Ces morts successives attirèrent les soup- 353
çons de la famille Davis, qui demanda des
examens toxicologiques. Il s’avéra que les Les malles sanglantes
victimes avaient bien été empoisonnées, à la Le 26 juillet 1889, Michel Eyraud et
strychnine. Jane Toppan avoua trente et un Gabrielle Bompart, un couple d’escrocs,
meurtres mais fut soupçonnée de nombreux assassinèrent un huissier pour lui voler son
autres. Elle fut reconnue coupable de onze argent. Gabrielle, une jolie jeune femme de
d’entre eux et fut internée dans un asile 21 ans, avait l’habitude d’user de ses
d'aliénés, où elle mourut en 1938. charmes pour attirer les hommes riches.
Cette dernière rentra en France pour nier le
meurtre et accuser son ancien amant et
complice. Michel Eyraud fut arrêté à Cuba
en 1890 après une longue cavale entre les
États-Unis, le Canada et le Mexique.
Michel Eyraud fut condamné à mort et
guillotiné.
La malle portait une inscription en anglais, Chez Mancini, ils remarquèrent immédia-
aussi la police lança-t-elle un des premiers tement l’odeur et le liquide brunâtre qui
mandats d'arrêt international. s’échappaient d’une malle : ils y trouvèrent
L'identification de la malle par un auber- le cadavre de Violette Kaye. Mancini fut
giste londonien permit de remonter jusqu’à arrêté à Londres et condamné à la peine
Michel Eyraud et Gabrielle Bompard. capitale.
John Magnuson Il identifia le bois comme étant de l'orme.
Le sol de l’atelier de Magnuson était cou-
Lorsque, le 27 décembre 1922, M. et
vert de copeaux d’orme présentant la même
Mme Chapman ouvrirent un paquet qu'ils
structure cellulaire que les morceaux de la
pensaient être un cadeau de Noël arrivé en
bombe. John Magnuson fut condamné à la
retard, le colis explosa au visage de
prison à vie.
Mme Chapman, la tuant et blessant son
mari.
Enquête
diplômé de l'Université du Michigan, et
Tyrell détermina par la suite que l’adresse Nathan “Babe” Leopold, 19 ans, avaient
avait été écrite à l’aide d’un stylo-plume à la perpétré plusieurs délits mineurs avant
pointe douce de taille moyenne. L'encre qu'ils ne se décident à commettre un meur-
utilisée était un mélange étrange d’encre tre qui, pensaient-ils, serait “un amusant
noire Carter avec un peu d'encre bleu som- défi intellectuel, digne de leurs capacités
bre Sanford. mentales supérieures”.
Lorsque les enquêteurs inspectèrent la mai- Préparant leur crime durant sept mois, ils
son de Magnuson, ils constatèrent que la choisirent leur victime : Bobby Franks, le
fille de ce dernier possédait un stylo-plume fils de l’homme d'affaires millionnaire Jacob
à pointe douce de taille moyenne. Elle uti- Franks et un cousin éloigné de Loeb.
lisait toujours de l'encre Sanford mais avait Bobby, toujours heureux lorsque les deux
prêté sa bouteille d’encre à une camarade de étudiants lui adressaient la parole, ne se fit
classe qui, lorsqu’elle fut vide, l’avait remplie pas prier pour monter dans leur voiture
avec de l'encre bleue Carter, produisant le lorsqu’ils s’arrêtèrent en face de son école.
355
mélange exact que Tyrrell avait décrit. Ils conduisirent le garçon à quelques pâtés
de maisons de la résidence des Franks, puis
Les restes de la bombe furent remis à deux l'attachèrent, le bâillonnèrent et lui fracas-
professeurs de l'Université du Wisconsin, sèrent le crâne à plusieurs reprises avec un
qui les analysèrent et révélèrent que leurs burin.
propriétés correspondaient au métal trouvé
dans l'atelier de la grange de Magnuson. Après le meurtre, Leopold et Loeb condui-
Des fragments des parties en bois de la sirent jusqu’à une friche marécageuse et
bombe furent envoyés à Arthur Qu’ailée, un portèrent le corps le long des voies de che-
expert du bois. min de fer.
Ils versèrent de l'acide chlorhydrique sur le Charles Henry Schwartz
visage de l’adolescent dans l’idée d’empê-
Pour ses voisins de Berkeley, en Californie,
cher son identification, puis cachèrent le Charles Henry Schwartz était une per-
corps dans un tuyau d'évacuation des eaux sonne remarquable. Père de famille de 36
usées. ans, c’était un grand chimiste et, pendant la
Première Guerre mondiale, il avait été
Satisfait de son travail, le duo se rendit à la espion en Allemagne pour les Alliés. Après
maison de Léopold, où ils brûlèrent leurs la guerre, il avait obtenu un poste important
vêtements tachés de sang, jouèrent aux dans une usine chimique allemande, où il
cartes et burent de l’alcool. avait découvert un procédé de fabrication
de soie artificielle. Il avait ramené clandes-
À minuit, ils appelèrent le père de Bobby tinement le processus aux États-Unis et mis
Franks pour lui indiquer que son fils avait été en place un laboratoire expérimental, dans
enlevé et qu’il recevrait bientôt des instruc- lequel il travaillait souvent tard dans la nuit.
tions sur la façon de fournir une rançon. Mais
lorsque la note dactylographiée exigeant Tout cela n’était que des mensonges et
10 000 $ fut reçue par Franks, des ouvriers Schwartz n’était pas chimiste. Mais
avaient déjà trouvé le corps du garçon. Schwartz convainquit de nombreuses per-
sonnes de lui donner de l'argent en échange
En dépit de leur soi-disant génie, les deux de cette fameuse soie artificielle. Quand la
jeunes tueurs étaient de piètres criminels. soie ne fit pas son apparition, cependant,
Ils furent rapidement capturés. Leopold certains de ses partisans commencèrent à se
avait laissé tomber ses lunettes près de l'en- plaindre de fraude.
droit où le corps de Bobby Franks avait été
caché : les lunettes présentaient un méca- En 1925, Schwartz commença à s’intéresser
nisme de charnière inhabituel. à une autre science : l’anatomie humaine. Il
se lia d’amitié avec un évangéliste itinérant
À Chicago, seules trois personnes avaient nommé Warren Gilbert Barbe. Bien que les
acheté des lunettes avec un tel mécanisme, visages des deux hommes fussent très diffé-
dont Nathan Leopold. rents, ils étaient de la même taille et du
même poids.
En outre, la police put prouver que la
demande de rançon avait été tapée avec une Vers la fin juillet, Barbe disparut, mais per-
machine à écrire d’une marque et d’un sonne ne s’en inquiéta. Il avait probable-
modèle bien particuliers. Leopold, qui écri- ment été “appelé par Dieu”, comme d’habi-
vait pour le club de droit de l’Université, tude, et était “parti dans le désert” pour prê-
était le seul étudiant à en posséder une à cher.
l’époque.
Charles Schwartz, de son côté, expliqua à
Enquête
Enquête
de difficultés à apprendre que le manteau
plié dans la valise provenait des États-Unis :
il présentait un “soufflet d’aisance” et une
broderie élaborée qui n’avaient pu être
manufacturés qu’aux États-Unis, puisqu’à
l’époque, c’était le seul pays qui possédait les
machines pour le faire.
Également connue sous le nom de “Mystère Mais ni ses radios dentaires, ni ses
de l’homme de Somerton”, cette affaire non empreintes digitales ne permirent de l’iden-
résolue commença lorsqu’un homme fut tifier, et il ne correspondait à aucune per-
découvert mort le 1er décembre 1948 sur la sonne disparue aux États-Unis ou en
plage Somerton, à Adelaïde, en Australie. Australie. Sa photo et ses empreintes furent
L’expression “Taman Shud” provient de la publiées dans les journaux et envoyées aux
dernière page du Rubaiyat (le Rubáiyát est différentes polices à travers le monde, sans
le titre qu’Edward Fitzgerald donna à sa tra- succès. Plus de 250 personnes affirmèrent
reconnaître la victime rien qu’en Australie
357
duction de poèmes attribués à Omar
Khayyam, un poète du 12ème siècle), dont un mais l’identification se montra finalement
morceau fut trouvé dans une poche cachée négative, à chaque fois.
du pantalon de l'homme.
Les policiers retrouvèrent un morceau où
Une cigarette non allumée était coincée les mots “Taman Shud” (signifiant “ter-
derrière l’oreille de la victime et une ciga- miné”, “fini”) étaient imprimés. Le morceau
rette à demi consumée reposait sur le col de de papier semblait avoir été arraché à un
son manteau et sa joue. Dans ses poches livre. Il s’avéra qu’il provenait effectivement
furent retrouvés un ticket de bus de Saint- d’un ouvrage, une traduction spécifique et
extrêmement rare du Rubaiyat publiée en Bien que des centaines de personnes eus-
1859 en Nouvelle-Zélande : après un appel sent été interrogées, le tueur ne fut jamais
à témoin, un homme expliqua avoir trouvé arrêté.
le livre sur le siège arrière de sa voiture
(pourtant fermée) alors qu’elle était garée à Dennis Termini, un pompier accusé du viol
Glenelg, peu avant la découverte du corps. d’une mineure et considéré par la police
comme “un suspect intéressant” se suicida
Le morceau de page avait bien été arraché à six semaines après le dernier meurtre. Mais
ce livre, sur le dos duquel les enquêteurs il fut innocenté par des analyses ADN en
découvrirent une sorte de code, cinq lignes 2007. Un oncle de Carmen Colon fut éga-
de lettres majuscules dont la seconde était lement considéré comme un suspect possi-
rayée. Ce code n’a toujours pas été décrypté. ble jusqu’à ce qu’il tire sur sa femme et son
beau-frère, puis se suicide en 1991.
Des rumeurs circulèrent selon lesquelles
En avril 2011, Joseph Nato, un criminel
l’inconnu était un espion soviétique empoi-
sexuel de 77 ans qui vécut à Rochester
sonné par des ennemis inconnus car
durant les années 1970 fut arrêté à Reno,
Adélaïde était la ville la plus proche de
dans le Nevada, pour quatre meurtres com-
Woomera, un site de lancement de missile
mis en Californie en 1977. Ses victimes
top-secret.
s’appelaient Roxene Roggash, Pamela
Parsons, Tracy Tofoya, et Carmen Colon
(une homonyme de la jeune fille de
Les “alphabets murders” Rochester).
Cette affaire troublante tire son surnom des
initiales des trois jeunes victimes qui furent Les quatre femmes étaient a priori des
assassinées entre 1971 et 1973, près de prostituées. Joseph Nato gardait chez lui un
Rochester (État de New York). agenda dans lequel il avait décrit les viols et
les meurtres qu’il avait commis, et notam-
Colon Carmen, 11 ans, fut la première à ment celui d'une jeune fille dans les “bois de
mourir, en novembre 1971. Wanda Buffalo”, à une centaine de kilomètres à
Walkowicz, 10 ans, fut assassinée en avril, et l’ouest de Rochester. Naso était un photo-
Michelle Maenza, 10 ans, en novembre graphe professionnel qui voyagea entre
1973. New York et la Californie durant des
décennies.
L'approche « alphabet » fut soulignée par le
tueur lui-même car il abandonna chaque
victime dans une ville voisine de Rochester John Leonard Orr
dont le nom commençait par la même let- Orr est un ancien capitaine des pompiers et
tre que les noms et prénoms des jeunes enquêteur d’incendies criminels pour les
filles : Colon à Churchville, Walkowicz à sapeurs-pompiers de Glendale, en
Enquête
358
avoué avoir assassiné dix jeunes femmes à lement une cigarette allumée et trois allu-
Los Angeles avec son cousin Angelo mettes enveloppées dans du papier à lettres
Buono. et maintenues par un élastique.
Il mit le feu à des magasins alors qu'ils
Les autorités avaient noté que Bianchi avait étaient ouverts et remplis de monde. Il
quitté Rochester en janvier 1976 au volant alluma de petits incendies dans les collines
d'une voiture qui ressemblait à un véhicule herbeuses autour de Glendale, afin d'attirer
vu près du site d’un des “alphabets mur- les pompiers, puis alluma des feux dans des
ders”. Bianchi ne fut cependant pas inculpé zones plus peuplées alors laissées sans sur-
dans l'affaire, faute de preuves. veillance.
En octobre 1984, un énorme feu ravagea un En 1991, une autre série d’incendies eut
magasin de bricolage situé dans une zone lieu dans le sud de la Californie et autour de
commerciale à South Pasadena. Le magasin Los Angeles. Une force spéciale fut mise en
fut complètement détruit et quatre per- place pour arrêter le pyromane et Casey fit
sonnes, dont un enfant de 2 ans, moururent part de ses soupçons concernant un enquê-
dans l’incendie. Le lendemain, des enquê- teur d’incendies criminels. Le directeur de
teurs d’incendies criminels se rendirent sur la force spéciale récupéra le morceau de
les lieux. Ils déclarèrent que le feu avait été papier et l’empreinte digitale du pyromane,
causé par un problème électrique. qu’il confia au laboratoire de la police de
Cependant, John Orr les contredit : selon Los Angeles. L’empreinte fut cette fois
lui, le feu était l’œuvre d’un pyromane. reliée à John Leonard Orr, qui fut alors sur-
veillé durant des mois par l’ATF. Il fut sur-
Une enquête démontra par la suite que le pris non loin d’un incendie criminel en
feu avait effectivement été provoqué par novembre 1991 et arrêté, puis inculpé en
l’inflammation de produits polyuréthane décembre.
hautement inflammables, causant un
embrasement très rapide. Après sa condamnation pour une série d'in-
Enquête
cendies, Orr fut inculpé de l’incendie
En janvier 1987, une convention d’enquê- volontaire du magasin de bricolage en
teurs d’incendies criminels se tint à Fresno, 1984, après que les enquêteurs eurent rééva-
en Californie. Pendant et après la conven- lué les causes de l'incendie, les preuves
tion, plusieurs incendies suspects furent matérielles… et une description très détail-
allumés à Bakersfield. Une empreinte digi- lée d'un incendie similaire écrite par Orr
tale fut retrouvée sur un morceau de papier, dans le manuscrit d’un roman jamais
une partie d’un dispositif de “temporisation publié, qui présentait plusieurs similitudes
incendiaire”. Le capitaine Marvin Casey, du presque parfaites avec l’incendie réel de
service des pompiers de Bakersfield, soup- 1984. Orr fut reconnu coupable et
çonna que l'un des enquêteurs en incendies condamné à la prison à vie en 1998.
criminels de la convention était responsable.
Selon l’ATF, John Orr alluma près de 2 000
En mars 1989, une autre série d’incendies incendies entre 1984 et 1991 et, après son
eut lieu sur la côte californienne, durant une arrestation, le nombre de feux de brous-
conférence d’enquêteurs en incendies cri- sailles dans le sud de la Californie diminua
de 90 %.
359
minels à Pacific Grove. En comparant la
liste des participants à la conférence de
Fresno avec celle des participants à la
conférence de Pacific Grove, le capitaine
Casey créa une liste de dix suspects. John
Orr était sur la liste de Casey, mais toutes
les personnes figurant sur cette liste furent
mises hors de cause car leurs empreintes
digitales ne correspondaient pas à celle
trouvée sur le morceau de papier en 1987.
Scénarios
Scénario 1
Esprits criminels
Un scénario pour L’Appel de Cthulhu de Philippe Auribeau
A l’affiche
En quelques mots…
Eliana Helmsworth Les investigateurs sont amenés à enquêter sur un crime et sur la disparition mystérieuse de
Femme du sénateur Nathanael
Helmswoth, un homme politique très en
la femme d’un sénateur ambitieux. Leurs observations les amèneront à une conclusion plus
vogue, elle a subi en quelques mois
que surprenante.
deux accidents infortunés. Le premier,
en voiture, aurait dû la laisser morte. Le
deuxième, qui lui sauva la vie, la lia à
jamais avec ce qui restait de Donald
Mull, un tueur de sinistre mémoire.
Docteur Yelps
Du chirurgien brillant mais perturbé, il
ne reste qu’un cerveau et un corps dis-
Scénarios
Valeurs dérivées
Près de la grille : les investigateurs ne man- que la plupart du sang et tous les organes
Impact +2
queront pas de remarquer, à une trentaine appartiennent bien à Henriet, mais que le
de mètres du pavillon, un portillon en fer sang répandu à l’entrée du pavillon est d’un Points de Magie 10
Points de Vie 13
Santé Mentale 50
forgé rouillé partiellement dissimulé par un groupe différent. Si le corps de Del Santo
bosquet d’arbres touffu. Le portillon, est retrouvé, il s’avère que son sang corres-
hérissé de pointes, est ouvert, et un test pond à ce groupe. Une réussite spéciale de Compétences
Athlétisme 35 %
Discrétion 40 %
réussi de Métier : Serrurerie indiquera que T.O.C. permet également de prélever une
Écouter 40 %
la serrure a été régulièrement actionnée. Del autre goutte de sang ne correspondant à
Pister 30 %
Santo puis Torrisi ont garé leurs voitures aucun groupe humain connu.
Se cacher 35 %
Trouver Objet Caché 35 %
non loin de là, des traces de pneus sont visi- Note au gardien : cette dernière goutte appar-
Vigilance 40 %
bles. Une recherche en utilisant l’espace- tient à Eliana. Le travail des nanoparticules
ment des roues et le poids approximatif Mi-Go a considérablement altéré la structure
Combat
• Bagarre 50 %
permet de déterminer qu’il s’agissait d’une sanguine de la jeune femme en intégrant des
Dégâts 1D3 + Impact
longue berline, une Chrysler 75 Roadster composantes rendant possible la compatibilité
• Couteau 45 %
(celle de Del Santo), et d’une Duesenberg J d’organes.
(celle de Torrisi, que l’on pourra admirer Dégâts 1D4+2 + Impact
• Revolver cal38 35 %
Dégâts 1D10
devant son restaurant). On peut également
• Mitraillette Thompson 35 %
trouver les mégots de cinq cigarettes, de La demeure des Helmsworth
marque Luciani. Elles ont été fumées par le Dégâts 1D10+2
chauffeur de Torrisi, Ciro Nita, qui ne
quitte que rarement la voiture.
Note au gardien : c’est par là que Mme
Helmsworth quittait sa demeure pour rejoin-
dre la ville en taxi. Mull a jeté la clé après être
parti.
Green Ferns
La victime Si le gardien le souhaite, il peut ajouter
lors de la visite des agents au Donny’s un
intermède musclé qui renforcera la para-
Le cadavre de la femme de chambre,
noïa de ses joueurs. Tandis qu’ils s’entre-
tiennent avec des habitués des lieux, une
Henriet Lawson, une jeune personne d’en-
Scénarios
Valeurs dérivées
moustachu et taciturne, qui vivra très mal domaine Helmsworth. Voici les indices
Impact +2
les critiques éventuelles formulées par les qu’ils pourront collecter :
Points de Magie 12
investigateurs.
Points de Vie 13
Santé Mentale 55
Les compagnies de taxi : une recherche
Il marmonnera : auprès des compagnies de taxi révélera que
Compétences
“J’ai fait ma ronde de dix heures, Henriet était de nombreux appels ont été passés pour
Athlétisme 50 % toujours éveillée. Elle préparait une tisane pour l’adresse indiquée. Les chauffeurs se sou-
Baratin 75 %
Discrétion 65 %
Madame. Tout était calme. J’ai refait ma viendront avoir récupéré à maintes reprises
Écouter 60 %
ronde au milieu de la nuit, comme j’ai l’habi- une femme blonde, qui faisait en sorte de
Jeu 65 %
tude, rapport à ce qu’il faut que je me lève cacher son visage. Sa destination était un
Négociation 70 %
Persuasion 50 %
pour… enfin, vous comprenez. J’ai pris le restaurant du quartier italien, le Donny’s.
Psychologie 70 %
chien. Il a commencé à s’agiter près du pavillon Le soir du meurtre, aucun appel n’a été
Se cacher 65 %
égyptien. Il n’aime pas cet endroit, ça file la effectué pour réclamer un taxi.
Trouver Objet Caché 60 %
Scénarios
Esprits crimine
jamais trop prudent.
ls #1 : Un article
de journal
D’évidence, les pou-
voirs publics y sont bien reçus et bien trai-
tés, au vu des deux agents de police qui, sans
avoir l’air d’y toucher, patrouillent réguliè-
rement devant l’entrée et éloignent les
gêneurs. Un passage en force des investiga-
teurs pourra donner lieu à un affrontement
avec la police de Providence
qui, mouillée jusqu’au
cou, n’hésitera pas à faire Mull
à
Mort de Donald
nt échappé
a finaleme
disparaître des personnes
Donald Mull . La nuit
der-
électrique
la chaise us le sobri-
trop curieuses.
le tu eur connu so effet été
nière, a en
épeceur”
La presse : les articles susceptibles d’aider
quet de “d ns de la pri-
les gardie
À l’intérieur, passée une
abattu par l tentait
les investigateurs concernent essentielle-
qu ’i
ord, tandis péni-
son de Conc té s
première salle bondée où
to ri
er. Les au
ment Donald Mull et son modus operandi.
de s’échapp é qu e Mull
ont indiqu
des hommes debout se
tentiaires rmerie de la
Une recherche dans les journaux et un test
mi s à l’ in fi
avait été ad c-
massent autour d’un
nalement su
de Bibliothèque réussi amènent les investi-
il avait fi
prison où
comptoir rutilant pouvant
s bles su re s.
gateurs sur la piste de Mull, un tueur bosto-
combé à se gouverneur
ce sujet, le
basculer pour faire dispa-
Interrogé à quer que
nien arrêté en 1927 et mort un an plus tard
d’ in di
contenté sponsa-
raître les bouteilles, tout
s’est à sa re
fait face
lors d’une tentative d’évasion de la prison
“l’État a s citoyens”.
iller sur se
semble dévoué à accueillir
bilité : ve été reconnu
d’État de Concord, Massachusetts (voir
ai t
e Mull av
les clients dans un climat
Rappelons qu es sordides,
aides de jeu numéros 1 et 2).
six meurtr
coupable de
social à la fois classieux et
à mort.
et condamné
D’autres informations pourront se révéler endiablé. Une grande salle
assez éclairantes pour les investigateurs. de bal propose une nuée de
journal
#2 : Un article de
tables rondes laquées autour
Esprits criminels
Ainsi, un article consacré à la mort du frère
aîné du sénateur Helmsworth, normale- desquelles se massent le soir
ment héritier de l’empire, dans un attentat venu des personnalités issues
anarchiste, et un autre consacré à la mort de la bonne société de Providence et parfois
Le speakeasy
même de Boston.
tragique de Conrad Davis, écrasé par une
Scénarios
Le speakeasy
Le speakeasy connu sous le nom de
Donny’s est un établissement tout ce qu’il y
a de plus officiel dans les rues de
Providence. Il voisine un restaurant italien
Au fond de la salle, niché sur une scène Obtenir des informations
décorée de dorures et de sculptures se vou- Une approche frontale ne donnera que de
lant d’inspiration romaine, un orchestre de piètres résultats. Les hommes de main de
jazz se produit dans l’atmosphère surchauf- Torrisi sont d’une loyauté sans faille, et ses
fée. Habituellement, c’est le quartet de Fats employés ne savent pas grand-chose.
Guerrig, un trompettiste noir, qui se pro- Exhiber une photographie de
duit et attire le plus les foules. Mme Helmsworth ne fera qu’empirer les
choses et confronter les investigateurs à un
long défilé de visages fermés. S’ils utilisent
une approche plus fine, les investigateurs
pourront a contrario obtenir des informa-
tions prononcées à demi-mot, qui laissent
entendre qu’elle est une habituée des lieux.
En réussissant quelques tests de Baratin, il
est possible d’apprendre qu’elle ne fréquen-
Donald Mull tait pas la salle principale, mais qu’on la
(dans le corps d’Eliana Helmsworth),
44 ans
voyait en général aux côtés de Torrisi,
Valentino et Loccatelli.
Mull était un acteur de théâtre à l’esprit
dérangé qui, après avoir lu des études Elle s’installait en général dans le grand
sur Jack l’Éventreur, a complètement
perdu la raison pour se lancer dans une
salon de l’étage, dansant et buvant parfois
carrière meurtrière. Ses talents d’acteur
plus que raison. Toutefois, toute la clientèle
sont malheureusement intacts, et il les de l’établissement faisait mine de ne pas la
mettra à profit pour échapper à ses pour-
suivants. Et tuer. Encore. Il utilise le
remarquer, les contrevenants ayant été par
corps d’Eliana Helmsworth comme un
le passé vertement sermonnés par les gros
outil, qu’il n’hésite pas à malmener, la
bras de la maison.
douleur qu’il ressent alors ne faisant que
renforcer son impression de puissance. En interrogeant Fats Guerrig, un homme
De son point de vue, il est revenu à la vie
Circulant au-dessus de la salle de bal, une mélancolique d’une trentaine d’années, les
pour poursuivre une œuvre divine.
terrasse en balcon ceinture les lieux et investigateurs pourront apprendre que le
accueille un espace restauration directe-
Il convient de noter que Mull a accès non
soir du crime, Torrisi a fait irruption dans la
seulement à sa propre mémoire mais
ment alimenté par les cuisines du restaurant salle de bal et a tiré de sa torpeur l’un de ses
également aux souvenirs de la malheu-
voisin. Là, on peut déguster une authen- hommes de confiance, alors attablé. Ce der-
reuse Eliana. Il utilise ces informations tique cuisine italienne confectionnée par le nier est parti immédiatement, et n’est pas
pour se repérer dans Providence. chef Guido Roma et servie par un groupe reparu de la soirée. Fats pourra indiquer
d’hôtesses ayant autant de sang italien que qu’il s’agissait de Del Santo.
APP 05 Prestance 25 %
le chef Sitting Bull. Sur un côté de la ter-
CON 13 Endurance 65 % rasse, au-dessus du bar, de petits salons peu-
DEX 13 Agilité 65 %
Des agents vraiment soupçonneux pourront
FOR 09 Puissance 45 %
vent accueillir en toute discrétion réunions demander quelle était la serveuse qui s’oc-
TAI 11 Corpulence 55 %
de travail et couples en mal d’intimité. On cupait d’eux ce soir-là. Ils apprendront que
ÉDU 06 Connaissance 30 % peut, en s’y hasardant, croiser un conseiller
INT 15 Intuition 75 %
la déesse en question se nomme Delila, et
POU 17 Volonté 85 %
municipal, un avocat célèbre ou encore un qu’elle ne travaille pas ce soir. Son adresse
homme d’affaires en villégiature. Tous aux n’est pas bien difficile à obtenir, elle loge,
mains de ravissantes créatures louées par la
Valeurs dérivées
comme la majorité des serveuses, dans un
Impact 0
maison. Un autre salon, plus grand et doté immeuble borgne où Torrisi loge ses
Points de Magie 17
de son propre bar, permet à Torrisi d’ac- hôtesses (qui arrondissent leurs fins de mois
Points de Vie 12
cueillir ses proches tout en profitant de la par des activités annexes pour payer le
Santé Mentale 0 musique. loyer). Delila (dont le vrai nom se trouve
Compétences
être Joan) accueillera quiconque n’est pas lié
Athlétisme 45 %
Au rez-de-chaussée, derrière le bar, une à Torrisi avec méfiance.
Baratin 75 % porte discrète dessert un office sobre, dans
Discrétion 60 %
Scénarios
Écouter 85 %
lequel un mécanisme situé sous le plateau Un test de Psychologie permettra de remar-
Éviscérer 95 %
du bureau permet d’ouvrir une trappe reliée quer qu’elle semble très affectée par quelque
Imposture 70 % à un passage souterrain aboutissant à un chose. Des agents psychologues parvien-
Pister 50 %
Se cacher 85 %
garage voisin, où sont effectuées les livrai- dront peut-être à lui faire cracher le mor-
Trouver Objet Caché 65 %
sons. On parvient également dans le bureau
368
ceau : Valentino, le bras droit de Two Dime,
Vigilance 70 %
de Torrisi par ce biais. lui a annoncé avec la chaleur humaine d’une
Langues
chambre froide que son petit ami et protec-
Anglais 50 %
Celui-ci se trouve aménagé dans l’arrière- teur, Del Santo, était mort.
Italien (via Eliana) 60 %
salle du restaurant. Le reste du passage est
sans fioritures, aménagé entre les caisses Elle pense qu’il a été assassiné, mais
Combat
• Bagarre 75 %
d’alcool et de cigares de contrebande. Les Valentino ne s’est pas donné la peine de lui
Dégâts 1D3 + Impact
papiers importants sont tous rangés dans le expliquer. Il lui a donné sa journée. Et une
• Couteau 75 % coffre du restaurant. Torrisi ne garde rien grande gifle pour lui faire reprendre ses
Dégâts 1D4+2 + Impact de compromettant dans le speakeasy. esprits.
L’immeuble est constamment surveillé par L’accident
deux porte-flingues, qui signaleront toute Si l’épisode de l’accident est abordé, Torrisi
visite à Valentino. Si celui-ci sent un risque, pourra admettre que c’est bien lui qui est
même minime, il confiera le corps gracile allé enlever Eliana de l’Hôpital St James.
de Delila aux poissons. Il expliquera son geste par la gravité des
traumatismes de sa sœur et la nécessité de
Carlo Torrisi la confier à un vrai spécialiste. Il finira par
Rencontrer Torrisi n’est pas de la plus admettre qu’elle a été acheminée vers la
extrême facilité, mais si les agents devien- clinique de Pine Woods, à quelques kilomè-
nent un peu trop pressants, il préférera les tres de Providence, où ses blessures ont pu
rencontrer de visu pour savoir ce qui les être soignées. Il ajoutera que Helmsworth
motive. Carlo fera tout pour protéger sa lui-même a été mis au courant et qu’il a Salvatore “Ruddy” Valentino,
sœur, qu’il croit victime d’un enlèvement et validé son choix. 32 ans, beau gosse malfaisant
qu’il tâche de retrouver par tous les moyens.
Locatelli, l’un de ses hommes de confiance, Ruddy est un homme de grande taille,
L’Hôpital de Providence aux cheveux bruns et au regard péné-
trant. Sa beauté naturelle et son patro-
cuisine en ce moment même l’un des lieu-
nyme lui ont valu le surnom par lequel
tenants des Green Ferns à cette fin dans les
tout le monde l’appelle. Valentino paraît
souterrains reliés au speakeasy.
de prime abord être un bon camarade
rieur et spirituel. Mais c’est surtout un
manipulateur sans pitié et volontiers
Si les investigateurs rencontrent Locatelli,
cruel. Il ajoute à son charme vénéneux
ils pourront remarquer l’impressionnante
mâchoire de métal qui a remplacé l’origi- une aptitude aux armes certaine.
Valeurs dérivées
costume rayé est impeccablement taillé, pas partie du corps médical. Toutefois,
Impact +2
mais un test réussi de T.O.C. permettra de quelques tests de Persuasion pourront
Points de Magie 11
discerner çà et là des traces légères de cam- ouvrir certaines portes de l’endroit.
Points de Vie 14
Santé Mentale 50
bouis et de sciure de bois (Torrisi passe Plusieurs indices pourront être obtenus
régulièrement par le souterrain et le auprès du personnel de l’hôpital.
Compétences
garage). En examinant ses pieds, on pourra
également observer que ses chaussures sont L’accident de Mme Helmsworth : les inves- Athlétisme 60 %
Baratin 65 %
Discrétion 75 %
des Ferragamo dont la pointure semble cor- tigateurs pourront obtenir la fiche d’admis-
Écouter 55 %
respondre avec les traces laissées dans la sion de Mme Helmsworth, qui révélera la
propriété des Helmsworth. nature et la gravité de ses blessures. Le Interroger 50 %
Jeu 45 %
Pister 55 %
médecin qui l’a prise en charge, le docteur
Se cacher 65 %
Il accueillera les agents avec courtoisie, s’ex- Lemon, travaille toujours à l’hôpital. C’est
Trouver Objet Caché 60 %
cusera avec un sourire aux lèvres de ne pas un médecin calme et expérimenté, dont les
leur proposer d’alcool. Il écoutera leurs épaules massives ne cessent de se soulever Vigilance 65 %
questions et tâchera d’y répondre sans trop quand il parle. Il se souvient parfaitement
Langues
en dévoiler. Si Mme Helmsworth est abor- du cas, et indiquera avec certitude que les
dée, il indiquera que bien des notables vien- blessures de Mme Helmsworth étaient bien Anglais 50 %
nent au Donny’s, et qu’il serait de bon ton trop graves pour être traitées. Pour lui, la Italien 60 %
Combat
qu’une femme aussi importante puisse y mort ne faisait aucun doute. Mais avant
• Bagarre 65 %
Scénarios
être vue. À moins d’y être contraint, il ne qu’il ne puisse tenter quoi que ce soit, des
révélera en aucun cas ses liens de famille hommes ont fait irruption dans l’hôpital et Dégâts 1D3 + Impact
• Couteau 65 %
Dégâts 1D4+2 + Impact
avec Eliana. ont emmené sa patiente après l’avoir
• Revolver cal. 38 55 %
menacé. L’homme qui les dirigeait était un
Dégâts 1D10
369
Si l’on aborde la question du cadavre, Carlo grand et bel individu à l’accent italien.
• Mitraillette Thompson 65 %
Dégâts 1D10+2
ne niera pas fréquenter De Santo, qui Il correspond à la description de Valentino.
appartient à la communauté italienne de Le docteur Lemon a vu le corps de Mme
Providence et qui est un habitué du club. Helmsworth chargé dans une ambulance
Toutefois, il ignore tout de ses activités. flambant neuve, de marque Lewinston. Il
ignore où elle a été emmenée, mais ne s’ex-
Il est pratiquement impossible d’en tirer plique toujours pas sa guérison miraculeuse.
plus de Torrisi tant que sa sœur est vivante. Un test de Psychologie réussi permet de
Une fois persuadé qu’elle est morte, il se deviner qu’il a certainement reçu des
laissera aller à de plus amples confidences. menaces pour ne pas s’étendre sur le sujet.
Lewinston est une petite entreprise bosto- La scène de crime présente des similitudes
nienne qui produit de luxueuses ambu- avec la première, mais sa localisation a
lances. Si les investigateurs ont l’idée de considérablement altéré les indices. Mull a
consulter ses registres, ils pourront remar- éventré sa victime et a disposé ses organes
quer que ces ambulances sont presque tout autour d’elle. Malheureusement, rats et
exclusivement vendues à des cliniques pri- chiens errants se sont depuis repus de ces
vées, dont l’une d’elles se trouve dans la restes et il ne subsiste qu’une partie des
banlieue de Providence. La clinique Pine organes éparpillés dans toute la ruelle. Le
Woods. cadavre du client, quant à lui, gît dans une
mare de sang, le pantalon sur les chevilles.
372
saura feindre avec talent le regard implorant
d’Eliana, qui pourrait attirer une forme de
sympathie chez les investigateurs.
Le docteur Yelps
Quoi qu’il en soit, Eliana sera transférée à Les investigateurs qui se rendront à la cli-
l’Hôpital St James, au département de nique souhaiteront sans doute rencontrer le
psychiatrie. Sous bonne garde. maître des lieux. Ils seront alors amenés
Toutefois, Mull est plein de ressources, et le dans un bureau sobre mais élégant, où un
gardien peut s’il le souhaite orchestrer une individu entre deux âges, portant barbe et
évasion sanglante. monocle, les accueillera avec courtoisie.
Il se présentera comme étant le docteur fait don de son existence et de son corps à
Yelps, et se montrera coopératif aussi long- la science. Ce qui reste de son corps consti-
temps que les investigateurs se cantonnent tue le centre névralgique de toute l’installa-
aux sujets de surface. S’ils se montrent tion, qu’il peut diriger grâce à de simples
menaçants ou prononcent des mots tels que impulsions mentales. Suspendu au niveau
“trafic d’organes” ou “opérations mysté- du plafond, juste au-dessus de la table
rieuses”, le docteur les priera de quitter sa d’opération, il semble de prime abord
clinique, faisant si besoin appel aux aides- constituer le cœur d’une immense araignée
soignants dévoués pour l’aider. Il sollicitera mécanique. Son corps disloqué est traversé
alors un avocat qui fera en sorte de barrer la de tuyaux et de fils électriques, qui ont laissé
porte aux investigateurs. de longues traces noirâtres sur la peau deve-
nue glabre. Ses bras et ses jambes ont été
L’homme n’est bien entendu pas le véritable tranchés et remplacés par de lourds appa-
docteur Yelps. C’est en réalité un médecin reillages d’acier, terminés par des instru-
raté nommé Thomas Arqueston, que Yelps ments chirurgicaux d’une finesse exquise.
a engagé pour le remplacer auprès du
public, prétextant un besoin de solitude Le visage de Yelps est tourné vers le bas, les
pour ses travaux. Arqueston se complaît yeux tenus exorbités par des appareillages,
dans ce rôle inespéré pour lequel il est gras- tandis que d’innombrables tiges membra-
sement payé. neuses s’enfoncent profondément dans son
Il a tant et tant lu de documents médicaux cerveau partiellement à nu, assurant la liai-
qu’il a accumulé une réelle connaissance son directe avec les instruments complexes
médicale, mais son esprit reste fruste. Une de la salle d’opération. Le corps du docteur
réussite spéciale obtenue lors d’un test de est tenu en vie – optimisé, dirait-il – grâce à
Médecine permettra de comprendre que des sondes enfoncées directement dans les
l’homme ne fait que réciter des comptes organes et les orifices et assurant le main-
rendus plus ou moins abscons pour épater tien des fonctions vitales par injection de
son auditoire. nutriments et lavements réguliers.
Mis en face de ses incohérences, Arqueston Le cerveau de Yelps a été coupé de toute
perdra subitement de sa superbe. Des douleur par une opération savante prati-
menaces précises l’inciteront à raconter quée par Fr-Zat, qui a profité de l’aubaine
toute l’histoire et à amener les investiga- pour éliminer du corps de l’humain tout ce
teurs vers la salle d’opération du véritable qui ne présentait pas d’intérêt.
docteur Yelps. Il ne sait pas plus que qui-
conque dans la clinique quel monstre est Le chirurgien n’est à présent qu’une enve-
devenu Yelps. Pour lui, c’est juste un indi- loppe partiellement vide, suspendue en l’air
vidu étrange, allergique au genre humain, et ne pouvant compter que sur son esprit
qui vit cloîtré dans son laboratoire entre brillant et surexploité pour diriger les appa-
deux opérations. reillages et se vouer totalement à sa passion.
373
multitude de tuyaux, cuves, récipients réfri-
gérés et suspensions mécaniques. Les investigateurs se trouveront à un
moment ou un autre confrontés à Yelps. Ce
Au centre de la pièce, une cuve emplie à dernier peut, grâce à ses pattes articulées,
moitié d’une substance gélatineuse légère- saisir un investigateur imprudent et le plon-
ment luminescente est destinée à l’accueil ger dans la table d’opération avant de lui
des patients en épousant leur corps et en faire subir des opérations peu agréables
assurant une stabilité optimale. La subs- (gardez à l’esprit que Yelps peut figer ou
tance peut être durcie ou liquéfiée à l’envi liquéfier la substance à volonté, s’en extraire
par ce qui reste du docteur Yelps. Celui-ci a requiert une réussite de Puissance -20 %),
mais ne se montrera pas forcément hostile,
surtout si les investigateurs montrent un
intérêt scientifique pour l’installation. Fr-
Zat, quant à lui, peut être aperçu volant près
du plafond de la salle, son corps difforme de
crustacé et ses ailes membraneuses le por-
tant vers une trappe aménagée dans le pla-
fond et donnant sur un mur aveugle de la
clinique. Elle sert également à réceptionner
les organes en toute discrétion.
Conclusion
Les investigateurs se rendront sans doute
compte des avancées technologiques que
représente l’installation du docteur Yelps.
Dès lors, il se peut qu’ils se retrouvent
confrontés à un dilemme. Éliminer cette
aberration de la nature, ou l’utiliser à leurs
propres fins. S’il est consulté, Hoover
ordonnera aux agents de garder Yelps en vie
et enverra une équipe pour sécuriser l’en-
droit. Quelques jours plus tard, la clinique
serait soi-disant victime d’un incendie, et
ses patients survivants relogés dans d’autres
structures.
Au final, j’ai réussi à impressionner Mavericks). D’autres que c’est parce que
quelques huiles, et à faire tomber quelques je suis et resterai le seul noir jamais
têtes. Un beau jour, un petit homme irasci- Cercles d’influence : engagé par Hoover. Ils ont peut-être tous
ble est venu me trouver. Edgar Hoover. Forces de l’ordre, Affaires, Pègre raison, après tout.
On a beau dire, ça fait quelque chose. J’ai Équipement fétiche : Dans l’équipe, je suis celui qui prend le
intégré le BOI, comme si c’était naturel. une paire de petites lunettes rondes, qui volant, et qui garde la voiture sur la route. 375
confèrent un bonus de 10 % en Baratin J’ai au fil du temps développé une vraie
La formation l’a été beaucoup moins (natu- avec tous les avocats et financiers des technicité en mécanique, et je peux, en
relle), mais j’ai survécu, en me découvrant États-Unis. tripatouillant une épave, déterminer si les
au passage des qualités physiques que freins ont été sabotés ou le moteur trafi-
je ne me connaissais pas. qué. Je commence à répertorier les
dessins laissés par les pneus, et les espa-
Et Hoover m’aime bien. Il m’a intégré à cements. À partir de ça, on peut souvent
une unité particulière, qu’il nomme les retrouver des véhicules présents sur les
Mavericks, avec d’autres gars au parcours scènes de crime.
sortant du moule fédéral.
s’est un jour présenté devant lui pour Cercles d’influence :
un entretien. Lorsqu’il a demandé à Neil Forces de l’ordre, Cinéma, Pègre
de revenir dans son bureau pour lui signi-
fier son engagement, c’est Nelly qui a Équipement fétiche :
débarqué. une caisse renfermant un mini labora-
toire d’analyse, avec son lot de produits
Le pauvre homme s’en est presque étouffé chimiques, éprouvettes et substrats
sur le moment. Mais au final, et après divers.
m’avoir copieusement insultée, il m’a inté- Procure un bonus de 10 % en
grée dans une unité spéciale, les Criminalistique quand la chimie est
Mavericks. On m’a même dit qu’il avait concernée.
depuis visionné Le Pirate noir.
Valeurs dérivées
Valeurs dérivées Impact +2
Impact +2 Points de Magie 12
Points de Magie 10 Points de Vie 14
Points de Vie 15 Santé Mentale 60
Santé Mentale 50
Compétences
Compétences Athlétisme 60 %
Athlétisme 35 % Baratin 40 %
Baratin 35 % Bibliothèque 35 %
Bibliothèque 65 % Bureaucratie 50 %
Bureaucratie 30 % Conduite :
Thomas Ellis Jefferson
36 ans,
Lloyd Etheridge
35 ans, Contact et Ressources 30 % Cheminement : officier, aviateur, agent - Automobile 35 %
Cheminement : médecin généraliste, Crédit 25 % Contact et Ressources 20 %
fédéral
médecin légiste, agent fédéral Criminalistique 55 % Crédit 25 %
Discrétion 40 % Criminalistique 40 %
Mon nom est Thomas Jefferson, comme
Je suis né à Londres, fils d’un ambassa- Dissimulation 20 %
l’autre, le grand, le célèbre. Il paraîtrait
Discrétion 55 %
deur américain en mission dans ce pays. Droit 30 % Dissimulation 30 %
que je fais partie de sa lignée, c’est du
J’y suis resté durant plusieurs années, le Écouter 40 % Droit 35 %
moins ce qui a incité mes parents à me
temps de fréquenter les universités de Imposture 20 % Écouter 35 %
donner aussi son prénom. Bref. Il semble
médecine les plu Interroger 40 % Interroger 55 %
que mon nom a orienté ma carrière pen-
Médecine 60 % Orientation 50 %
dant longtemps. Études brillantes, individu
s prisées de la capitale anglaise. Mon Médecine légale 60 % Piloter :
Métier : Dissection 50 % de tout premier ordre, etc. Ma mère me - Avion 65 %
diplôme obtenu, j’ai fait le choix de m’éloi- voyait déjà Président des États-Unis.
gner de mon père – qui ne manque pas Premiers soins 70 % Pister 35 %
une occasion de me rappeler à quel point Psychologie 40 % Savoir-vivre 45 %
Sciences Humaines : J’ai intégré West Point, la grande école Sciences Formelles :
mes études étaient onéreuses – et je suis d’officiers de l’armée américaine. Discipliné
allé m’établir dans une petite ville améri- - Administration 30 % - Physique 35 %
Sciences de la vie : et studieux, j’en suis sorti avec mon grade Sciences Humaines :
caine, Plutahassee, dans le Tennessee. sur l’épaule et le désespoir de m’être
- Biologie 55 % - Administration 40 %
- Chimie 50 % classé avant-dernier de ma promotion. - Géographie 45 %
Là, j’ai commencé une carrière peu glo-
rieuse de médecin rural, qui me permit - Pharmacologie 65 % Se cacher 65 %
Se cacher 35 % De fait, je me suis rué vers le corps d’ar- Stratégies militaires 50 %
sinon de m’enrichir, au moins de vivre
Trouver Objet Caché 55 % mée le plus spectaculaire qui soit : Survie 35 %
dans des conditions satisfaisantes. Peu
Vigilance 65 % l’aviation. La guerre faisait rage, et j’ai par- Trouver Objet Caché 65 %
goûté par la société de cette bonne ville,
ticipé en 1918 à la libération de l’Europe Vigilance 65 %
en raison de mes manières par trop bri-
Langues en abattant plusieurs avions au passage.
tanniques, je me suis toutefois lié avec le
chef de la police locale, avec lequel j’ai Allemand 25 % Langues
Anglais 65 % Le retour a été glorieux, et j’ai alors obtenu Allemand 25 %
été amené à collaborer lors d’une enquête
Latin 35 % le grade de capitaine. J’avais enfin tou- Anglais 75 %
compliquée.
ché du doigt la gloire que l’on m’avait
En effet, Plutahassee se trouvant à des Combat toujours promise. Mais tout cela a été de Combat
dizaines de miles de la capitale de l’État, Corps à corps : bagarre 50 % courte durée. Le ciel ne regorgeait plus Corps à corps : bagarre 70 %
on m’a prié de pratiquer des autopsies dégâts 1D3 + Impact d’ennemis, et nos avions restaient la plu- dégâts 1D3 + Impact
préliminaires sur des corps mutilés dans Armes blanches : couteau 40 % part du temps au sol. Notre prestige s’est Armes blanches : sabre 65 %
une affaire concernant un tueur vicieux dégâts 1D4+2 + Impact évanoui aussi vite qu’il s’était imposé à dégâts 1D8 + Impact
qui ne serait appréhendé que deux ans Armes à feu : revolver cal. 38 55 % l’opinion publique. Je ne pouvais me satis- Armes à feu :
plus tard, après que les fédéraux se sont dégâts 1D10 faire de cela. Mon grade m’a permis de revolver cal. 38 70 %
enfin emparés de l’affaire. Mes analyses Armes à feu : fusil de chasse 55 % rejoindre un chemin moins spectaculaire dégâts 1D10
ont permis de relier de façon indiscutable dégâts 1D10+2 mais bien plus prometteur : la politique. Armes à feu :
les crimes entre eux et mon travail a été mitraillette Thompson 65 %
salué publiquement par le procureur durant Je suis entré au service de Joseph Warner, dégâts 1D10+2
les audiences. Cercles d’influence : Procureur général du Massachusetts, en
Forces de l’ordre, Milieu médical, Pègre tant qu’homme de confiance (certains
C’est à la suite de cette audience que le diraient homme à tout faire - des jaloux). Cercles d’influence :
bras droit de J. Edgar Hoover est venu Équipement fétiche : J’y ai développé les bases politiques que Forces de l’ordre, Politiciens, Militaires,
me trouver. Mes rapports avaient suscité une caisse en métal contenant l’équipe- mon père m’avait inculquées, en faisant Pègre
l’émoi en interne en étant bien plus précis ment nécessaire pour effectuer des preuve d’un esprit d’initiative qui n’a pas
détections, prélèvements et tests san- Équipement fétiche :
Scénarios
Les Ravages du temps Un scénario pour L’Appel de Cthulhu par Cyril Puig
Les victimes
Les cadavres des victimes amènent les
investigateurs sur la voie de l’horreur. Ils Implication des investigateurs Enjeux et récompenses
sont un défi aux sciences forensiques
et affectent leur environnement proche
de manière inédite. Les investigateurs font partie d’un groupe Obadia est un personnage pathétique.
d’opération spécial (“task force”) composé Pourtant, avec l’aide de Patricia Goodwell,
de légistes, de profilers et d’inspecteurs. Ce il peut redevenir un individu au pouvoir
groupe, placé sous les ordres du procureur sans égal. Les investigateurs ont ici la pos-
général de San Diego, a pour mission sibilité de tuer cette menace dans l’œuf et
d’identifier et d’appréhender un hypothé- peut-être de récupérer le grimoire du
tique tueur en série qui s’en prend aux per- mythe avant qu’il ne tombe entre de mau-
sonnes âgées. vaises mains.
Scénarios
La qualification
Fiche technique
Investigation lllll
Action
des indices
lllll
Ce scénario utilise pour les indices Exploration lllll
la catégorisation décrite dans le chapitre Interaction lllll
“Gérer les recherches” du livre de règles
378 de L’Appel de Cthulhu 6ème édition
Mythe lllll
française (pages 166-167), qui va Style de jeu horreur
d’évident (que les investigateurs Ambiance lovecraftienne
découvrent automatiquement), Durée estimée æææææ
à secret (que seuls des experts Le scénario est un polar sombre et tragique où la vieillesse et ses maux sont Difficulté confirmé
peuvent dénicher) ! au centre de l’intrigue. La peur de la mort pousse l’homme à se tourner vers Nombre de joueurs ÄÄàÄÄÄÄÄÄ
le mythe mais l’immortalité est une malédiction bien plus terrible que le froid Type de personnages Personnages
glacial du tombeau. prétirés ou
investigateurs
Le film Les prédateurs (Tony Scott, 1983) joue sur cette ambivalence et orientés sciences
constitue une bonne source d’inspiration. forensiques
Époque contemporaine
Obadia Geronimus les animaux. Compte tenu de son grand L’option Delta Green
Dans l’ombre de l’influent procureur de
San Diego, Val Lime, son jeune et
âge, le juge l’assigne à résidence dans une
Campbell maison de retraite sous contrôle d’un brace-
talentueux assistant est un agent de la
conspiration.
let électronique. Les biens d’Obadia sont
Il garde un œil attentif au développe-
ment de l’enquête et, si nécessaire,
vendus et le sorcier perd son édition du
intervient directement. Ses objectifs
Testament de Carnamagos.
Grandeur et décadence sont les suivants :
Dans la maison de retraite de Resthill, • Empêcher la communication aux
médias ou à la hiérarchie policière de
toute preuve impliquant une menace
Obadia Geronimus Campbell est né à Obadia ne tarde pas à se faire remarquer et
paranormale.
lie une étrange relation avec le docteur
• Avancer masqué en poussant les
Salem en 1840. Sa fortune familiale et sa
Patricia Goodwell. Il devine en elle les qua-
investigateurs à neutraliser une éven-
passion pour les sciences l’amènent à s’inté-
tuelle menace paranormale.
resser à l’alchimie puis à la sorcellerie. Ses lités nécessaires pour devenir son assistante
• Évaluer le potentiel des investigateurs
connexions sur cinq continents et sa soif et lui révèle les secrets du mythe. Patricia se
et, le cas échéant, les recruter comme
montre à la hauteur et offre à son mentor
sympathisants ou agents.
insatiable de pouvoir lui permettent de ras-
sembler rapidement une impressionnante un environnement adéquat pour progresser
bibliothèque occulte et d’acquérir des pou- sur le chemin des sciences interdites.
voirs magiques terrifiants. Val Lime
34 ans, assistant du procureur
Les premières expériences sont menées
et manipulateur au service
de Delta Green
Le sorcier sait redonner vie à un cadavre à imprudemment sur les résidents de la mai-
partir des sels originels, commande aux son de retraite et éveillent les soupçons des
Compétences
services sociaux. Patricia Goodwell parvient
Bureaucratie 40 %
êtres silencieux et fait plier la volonté de ses
à étouffer l’affaire avec l’aide de Luis
Contact et Ressources 35 %
opposants par un simple geste de la main.
Manipuler le procureur 75 %
Montoya, un homme de main aussi bête
Ses recherches contre-nature l’obligent plu- que violent. L’enquête enterrée, Obadia et
sieurs fois à changer de nom et à fuir mais, Patricia poursuivent leurs recherches d’une
aidé par Benjamin Braddock, son fidèle manière plus discrète sur des cadavres ou
apprenti, il parvient toujours à échapper à la des animaux. En mai 2012, Patricia, angois-
vindicte populaire. sée à la perspective de la mort, réclame l’im-
mortalité. Obadia se montre réticent car il
Au début du XIXème siècle, les deux n’est plus en possession du Testament de
hommes commencent à sentir le poids des Carnamagos et il sait que la moindre erreur
années sur leurs épaules. Ils utilisent un sor- sera fatale à son disciple. Goodwell
tilège décrit dans le Testament de demande alors à Montoya de lui présenter,
Carnamagos, afin d’invoquer Quachil de manière régulière, de jeunes Mexicaines
Uttaus, un Grand Ancien qui peut leur en situation illégale pour que le sorcier
offrir l’immortalité. s’exerce sur elles. Jusqu’ici, sept jeunes filles La conurbation
ont fait les frais de ses erreurs. Les cadavres San Diego / Tijuana
ont été confiés à Montoya qui devait les San Diego est la seconde métropole de
l’État de Californie. Si son centre-ville
L’invocation est malheureusement impar-
moderne et policé n’a rien à envier à
faite et les sorciers en subissent les consé- faire disparaître. Par bêtise et par paresse, il
une cité comme New York, il n’en est
quences. Benjamin Braddock meurt de s’est contenté de leur couper les mains et les
pieds avant de les abandonner dans le pas de même lorsque l’on s’éloigne
vers le sud. Les buildings de verre et
vieillesse en quelques secondes et son maî-
d’acier cèdent vite la place à des
tre est condamné à vivre pour l’éternité dans désert aux griffes des charognards qui y
“suburbs” miteuses où la loi des gangs
le corps d’un vieillard malade. pullulent. Il ignorait cependant que les ani-
règne en maître. La continuité avec
maux et les insectes s’éloigneraient instinc-
Tijuana s’impose d’elle-même. On
arrive à “TJ” par un poste douanier
C’est le déclin pour Obadia qui va connaî- tivement des victimes de Quachil Uttaus.
saturé d’automobilistes. De l’autre côté
tre plusieurs décennies de tristesse absolue.
de la frontière, on découvre une ville
Isolé, seul et en décalage avec son temps, il Le 7 juin 2012, les corps sont découverts.
Alors que l’enquête débute, Goodwell et lépreuse. Un amas de baraques
construites sans ordre en plein cœur
est incapable de faire appel à sa puissance
d’un paysage désolé de collines déser-
magique ou à son réseau de correspondants. Obadia, pris de panique, invoquent un
tiques. Des hôtels, des cantinas, des
Ses ressources financières s’épuisent et il fait Byakhee afin d’éliminer Luis Montoya.
bars et autres bouges miteux…
Impossible d’oublier que Tijuana est
l’amère découverte de la frustration et de
Scénarios
Benett Mc Bold
55 ans, procureur haut
À une petite dizaine de mètres de la route,
en couleur
près d’un amas rocheux, deux corps de
vieilles femmes dénudées reposent sur le sol
Compétences
Baratin 75 %
caillouteux du désert. Elles ont été très
Bureaucratie 80 %
sommairement ensevelies et il semble que
Contact et Ressources 75 % leurs mains et leurs pieds aient été section-
Crédit 50 %
Humilier 80 %
nés. Aux investigateurs de prendre la scène
Intimider 80 %
de crime en main et de mettre au boulot les
Politique 55 % agents du SDPD. Sans leur aide, ils ne
manqueront pas d’être dérangés par les
7 juin 2012, en route journalistes qui vont commencer à affluer.
pour le désert Avant la fin de la matinée, la zone grouillera
de camions de télé, d’hélicoptères et de
Le 7 juin 2012, peu avant 6 h, les investiga- journalistes. L’arrivée du procureur et de
teurs sont appelés par Norman Red, le chef son assistant sera le point d’orgue de ce
de la police scientifique de San Diego. grand fouillis. Travailler sereinement mal-
gré cette agitation relève de l’exploit.
Plusieurs cadavres de vieilles femmes ont
été trouvés en plein désert, à proximité de la Pourtant, les indices suivants attendent les
frontière mexicaine. Il leur demande de investigateurs :
rejoindre immédiatement cette scène de
• Un examen préliminaire montrera que les
crime et les informe que le chef de la police
victimes ont entre 90 et 110 ans. Il n’y a
et le procureur général ne tarderont pas à se
pas de trace de sang sur la scène de crime,
Scénarios
mettre en route.
ce qui laisse penser que les corps ont été
démembrés sur un autre site. (évident)
• Les mains et les pieds ont été sectionnés
avec un objet lourd et peu coupant tel
380
qu’une hache ou une cognée. (dissimulé)
• Les corps ne présentent ni lividité cadavé-
rique, ni rigidité. Les dépouilles n’ont été
touchées par aucun animal charognard ni
aucune larve d’insecte. (dissimulé)
• Quelques fibres peuvent être découvertes
sur les cadavres. Elles sont disséminées de
manière éparse sur les corps et ressem-
blent à des poils de chien. (secret)
Interroger Liam Brightside été abandonnés dans le désert. 1 à 2 jours Jack Coldman,
pour la scène de crime n° 1, 5 à 10 jours journaliste
Jack Coldman est un journaliste free-
lance. Il est presque toujours accompa-
pour la scène de crime n° 2 et 2 à 5 jours
Liam Brightside est un agent de l’USICE.
gné de Peter Stevenson, son camera-
pour la scène de crime n° 3. (secret)
man attitré. Les deux hommes s’enten-
Il a de l’expérience, de l’intuition et effectue
• Dans le bitume brûlant, à proximité de la
dent comme larrons en foire et ne res-
des patrouilles dans le désert depuis plus de
troisième scène de crime, on pourra
pectent rien ni personne. Jack Coldman
20 ans. Son visage buriné par le soleil en
est égocentrique et mégalo.
découvrir l’empreinte de deux pneus.
atteste. Il a découvert les cadavres de
Compétences
mal aiguisée dont la lame est partielle-
Contact et Ressources 65 %
De nouvelles scènes de crime ment rouillée. (évident)
• Les caractéristiques anatomiques des vic- Imposture et mensonge 70 %
Technique de journalisme 40 %
Vexer 55 %
La première scène de crime se situe à times laissent penser que toutes sont
quelques mètres d’une voie goudronnée et mexicaines. [évident)
deux autres routes carrossables se situent à • La cause de la mort semble être naturelle.
proximité. Les investigateurs seraient bien (dissimulé)
inspirés d’étendre la zone de recherche car • Il est impossible de dater la mort des vic-
cinq autres cadavres répartis sur deux zones times. Pour une raison inexplicable, ces
distinctes les attendent. Si les investigateurs corps ne semblent subir aucune altération
ne prennent pas cette initiative, les nou- liée au temps. Il n’y a ni rigidité, ni lividité,
velles scènes de crime seront découvertes ni décomposition. (dissimulé)
par des journalistes, qui n’hésiteront pas à
manipuler les cadavres, quitte à les abîmer.
381
les cadavres ne présentent aucune rigidité
cadavérique, aucune lividité et n’abritent
aucune larve. Pourtant, les sédiments qui Identification judiciaire
recouvrent les corps laissent penser que
les dépouilles ont été disposées ici depuis Les recherches ADN, sur la base des
plusieurs jours. (dissimulé) fichiers dentaires ou à partir du fichier des
• Une analyse du sable et des sédiments qui personnes disparues, ne permettent pas
recouvrent les cadavres de chacune des d’identifier les victimes. Une approche plus
scènes de crime permet de dater, approxi- subtile, basée sur les particularités phy-
mativement, le moment où les corps ont siques des deux cadavres, est plus efficace :
• Une première victime porte un tatouage Les empreintes de pneus trouvées à proxi-
qui correspond à celui d’un gang œuvrant mité de la scène de crime sont celles d’un
à Tijuana. Cette même personne a sans pick-up Ford Ranger. Dans le seul État de
doute été hospitalisée il y a moins de six Californie, plus de 4 500 véhicules de ce
mois pour une intervention chirurgicale modèle sont en circulation. (évident)
assez rare à la hanche. Un hôpital de
Tijuana permet d’identifier Isabela Des recherches dans différentes bases de
Aldoncia. (secret) données fédérales permettent d’identifier
• La dentition d’une deuxième victime Luis Montoya comme le seul propriétaire
comporte un très grand nombre de plom- de Ford Ranger qui possède également un
bages réalisés dans un alliage utilisé quasi terrier noir et feu et corresponde au profil
exclusivement dans les dispensaires de du criminel. (secret)
Tijuana. Une prise de contact avec ces dis-
pensaires permet d’identifier le dossier
d’Evita Garcia. (secret) Les disparues de Tijuana
Et si Luis meurt ?
Une femme demande à Luis de venir au
Jusqu’au 10 juin, les investigateurs auront à plus vite afin de s’expliquer sur les raisons
faire face à un suspect prêt à tout pour ne de “cette incroyable connerie”. Une ana-
pas avoir à retourner à Lompoc. lyse du portable permettra d’identifier
l’auteur de l’appel.
L’altercation pourrait fort bien se solder par • Les effets des victimes (notamment les
la mort de Luis Montoya. bijoux) portent les empreintes d’un indi-
Par ailleurs, le 10 juin, à la tombée de la vidu fiché pour trafic de cadavres. Il se
nuit, Luis est attaqué par un Byakhee. Les nomme Obadia Geronimus Campbell et
investigateurs ne trouveront que le cadavre est assigné à résidence dans la maison de
de son chien et sa dépouille au milieu de la retraite Resthill. Usual Suspects (fausses
cour. Le chien semble avoir été lacéré par pistes optionnelles)
Les indics et les dossiers de la police
renvoient vers les “usual suspects”.
des lames d’étrange facture (SAN 0/1). Le
Interroger Luis Montoya
Par ailleurs, l’affaire étant médiatisée,
cadavre de Luis n’est qu’une bouillie
immonde de viscères et d’os brisés. Il sem- de nombreux témoignages spontanés
ble avoir été jeté d’une hauteur improbable Si Montoya est arrêté, il négocie ses révéla- se manifestent.
En voici un panel :
Malheureusement, seul le procureur peut
La fouille de la planque et du pick-up de exaucer ses souhaits et Benett Mc Bold n’est • Ximena Rudy est un gérontophile et un
nécrophile récemment libéré de prison.
• Pepito Yanel est un escroc à
Luis permet de découvrir de nombreuses pas du genre à négocier (voir ci-dessous).
l’assurance vie, condamné pour
preuves physiques qui le relient aux sept Les investigateurs doivent ainsi faire preuve
le meurtre de plusieurs vieilles
cadavres de vieilles femmes (effets person- de finesse pour arracher à Montoya les
nels des victimes, fibres, ADN des victimes révélations suivantes : femmes.
• Ab al Hamid Baghila est dénoncé par
une prostituée. C’est un
dans l’estomac du chien…). • Luis a agi pour le compte de Patricia
fétichiste des mains et des pieds
Goodwell, la directrice de la maison de
Par ailleurs, le travail des enquêteurs révèle repos Resthill. Il lui a souvent donné des potentiellement violent.
• Mel Kisha se dénonce et prétend avoir
Scénarios
383
• Récemment, Patricia lui a demandé de
faire disparaître des corps de vieilles
femmes. Luis leur a coupé les mains et les
a abandonnés aux charognes du désert.
• Luis sait que Patricia est dangereuse. Sans
qu’il en connaisse la raison, cette femme le
terrorise. Il l’a souvent vue accompagnée
d’un vieux bonhomme en chaise roulante
qui avait l’air aussi pervers qu’elle. Luis
pense que Patricia va chercher à l’éliminer.
Planque de Montoya
Un suspect parfait Les pensionnaires
Avec Luis Montoya mort ou vif, Benett de la maison de retraite
Mc Bold tient un suspect parfait et une vic- Quarante-trois pensionnaires habitent cette
toire éclatante qui devrait lui assurer une maison de retraite. Ils sont tous répartis dans
réélection facile. Le procureur annonce en trois ailes du bâtiment. La quatrième aile est
fanfare le dénouement “heureux” de l’en- exclusivement réservée à Obadia. Les pen-
quête. Que le principal suspect ait parlé ou sionnaires sont terrorisés par le sorcier. Ils
non, les investigateurs ressentiront, de leur vivent dans la peur et la soumission, tels les
côté, la nécessité de poursuivre l’enquête prisonniers d’un camp de concentration.
afin de lever les zones d’ombre de l’affaire.
Malheureusement, le procureur est très clair Voici quelques personnalités :
Luis Montoya sur la question : “the case is closed”.
31 ans, truand toxicomane
• Madame Myers : Elle a perdu l’usage de
la parole et s’exprime uniquement par le
Luis Montoya est américain. Il a grandi
Les enquêteurs sont donc contraints à la dessin. Elle peint des fresques effrayantes
dans la banlieue sud de San Diego aux
clandestinité et doivent poursuivre leurs et morbides.
côtés d’un père violent et d’une mère
investigations sans le soutien logistique et • Monsieur Abramowitz : Ancien pasteur
alcoolique. Il a cherché une famille de
substitution en se rapprochant des gangs
juridique du SDPD. complètement sénile. Il arpente les cou-
mais personne n’a vraiment misé sur
loirs en chantant des cantiques.
ce gosse à la dérive et à l’intelligence
La tentation d’abandonner l’enquête pour- • Madame Dominguez : Elle affirme que
limitée. Il a ainsi exécuté quelques mis-
sions pour la plupart des gangs du sud
rait être grande, mais dans ce cas, nul doute Rodrigo, son mari défunt, la visite tous les
de Los Angeles et du nord de Tijuana
que tôt ou tard des corps flétris fleuriront à soirs pour la mettre en garde contre les
sans jamais gagner ses galons.
nouveau dans le désert. maléfices de cet établissement.
Surveillance, convoyage, extorsion… • Madame Chung : Complètement folle,
Valeurs dérivées
champignon noir constelle les murs et les Resthill et ses occupants permettent d’obte-
Impact -2
vitres. nir les informations suivantes :
Points de Vie 7
• Le 8 mai 2008, Obadia Geronimus
Obadia est le seul occupant de l’aile sud- Campbell est arrêté par la DEA à son Santé Mentale 0
Compétences
est. Cette partie du bâtiment est presque domicile. Il effectue six mois de prison en
attente de son procès au pénitencier de Alchimie 48 %
Baratin 31 %
toujours plongée dans l’obscurité. Personne
Chimie 61 %
n’en assure la maintenance et le ménage n’y Lompoc puis est jugé coupable de trafic
Imposture 43 %
est pas fait. de cadavres, détention de stupéfiants et de
cruauté envers des animaux. Il est (passer pour un vieillard sénile)
Médecine 21 %
Mythe de Cthulhu 22 %
On descend au sous-sol par la cage d’esca- condamné à liquider ses biens puis est
Négociation 32 %
lier la plus au sud. Une porte fermée par un assigné à résidence à la maison de retraite
Sciences occultes 79 %
de Resthill pour une durée minimum de
Scénarios
Psychologie 49 %
seul occupant de l’aile sud-est. C’est un magique s’il se retrouve isolé avec un
Séduire 69 %
criminel qui porte un bracelet électro- enquêteur.
Sciences occultes 24 %
Science de gestion 61 %
Langues
386 Anglais 84 %
Espagnol 41 %
Latin 28 %
Combat
Armes de poing 38 %
Dégâts calibre 45 1d10+2
Sortilèges
Flétrissement, Résurrection, Signe de
Voor, Épuiser le pouvoir, Trou de
mémoire.
Le final membre du personnel. Enfin, ils peuvent
être contactés par les pompiers ou les mar-
shalls. En effet, ces derniers sont immédia-
tement alertés lorsqu’Obadia se défait de
La journée du 13 juin son bracelet électronique. En fonction du
dispositif de surveillance mis en œuvre par Le Testament de
Carnamagos
(Necronomicon et autres ouvrages
Se sentant menacée par l’enquête en cours, les investigateurs, l’incendie est plus ou
impies, p. 95)
Patricia Goodwell décide d’agir. Le 12 juin moins avancé lorsqu’ils rejoignent Resthill.
Copie rédigée en grec à l’encre rouge,
au soir, elle fait savoir qu’elle offrira Alors que les enquêteurs pénètrent dans
l’établissement, ils sont vite assaillis par les ce livre date de 935 APJC. Sa reliure
étrange a été réalisée en peau de
10 000 $ à celui qui lui apportera le
requin et son fermoir est en os humain.
Testament de Carnamagos. Cette somme pensionnaires qui demandent assistance.
Il s’agit sans doute de la seule copie
motive sans difficulté les petites frappes de Plusieurs personnes âgées sont impotentes
San Diego et de Tijuana qui se mettent en et ne peuvent s’en sortir sans l’aide des encore consultable de nos jours.
Mythe 8
chasse de l’ouvrage. Les indics des investi- investigateurs. Par ailleurs, Goodwell et
SAN 1
gateurs en sont également informés. Le 13 Campbell semblent avoir quitté les lieux.
juin dans la matinée, l’actuel propriétaire du Des témoins affirment qu’ils ont pris le
livre est assassiné et le grimoire volé par chemin qui mène à la plage.
cinq junkies venant de “TJ”.
Ce qui se passe au bord de l’océan, sous la
Le crime est grossier et violent. La victime, lune gibbeuse, est laissé à la discrétion du
un vieil excentrique vivant seul au milieu du gardien. Patricia est armée de son revolver
désert, a été lardée de coups de couteau. Le 45 et est accompagnée de plusieurs pen-
lien entre cette scène de crime et l’enquête sionnaires de l’établissement. Elle compte
conduite par les investigateurs est rapide- les utiliser comme otage ou comme
ment établi. En effet, la victime collec- offrande à Quachil Uttaus. Obadia, de son
tionne les coupures de presse sur l’affaire côté, est prêt à tout pour offrir l’immortalité
qui les concerne ainsi que les informations à Patricia Goodwell. Y parviendra-t-il ?
relatives à Obadia Geronimus Campbell. Jusqu’ici, il n’est jamais arrivé à invoquer Le pacte
proprement le Grand Ancien. de Quachil Uttaus
Le sorcier doit tout d’abord appeler
Quachil Uttaus en utilisant l’invocation
appropriée. S’il y est parvenu, il doit
La nuit de Quachil Uttaus Quelle est sa réaction si son manque de
alors conclure un pacte en offrant au
maîtrise des arts magiques est directement
responsable de la mort de son âme sœur ? Grand Ancien plusieurs litres de son
propre sang.
En début de soirée, les cinq criminels rejoi-
Dans cette hypothèse, il est probable
gnent Resthill et échangent grimoire contre
Le sorcier doit alors poursuivre
qu’Obadia, au désespoir, implore l’aide des
les invocations sans faiblir ni s’évanouir.
dollars. Ils quittent ensuite la maison de
investigateurs et réclame à son tour la mort.
Un échec est synonyme de mort.
retraite, sauf si Patricia voit la nécessité de
Les enquêteurs doivent alors se tourner vers
s’attacher les services d’une “milice privée”.
Si l’invocation est réussie,
Quachil Uttaus qui, seul, peut libérer le
le sorcier perd 1D50 PM, 3 POU
La nuit risque en effet d’être agitée
vieillard immortel de son pacte. La perfidie
et 3 CON et arrête de vieillir.
puisqu’elle a prévu de détruire Resthill et,
du Grand Ancien ira-t-elle jusqu’à négocier
avec l’aide d’Obadia, d’être bénie par
l’immortalité d’Obadia contre celle de l’un
Quachil Uttaus.
des investigateurs ? Les enquêteurs le
mesurent mieux que quiconque, l’immorta-
En plein milieu de la nuit, les deux sorciers
lité est une malédiction. Le dénouement de
se glissent dans le sous-sol du bâtiment et
cette enquête sera nécessairement tragique.
incendient la maison de retraite. Le feu
progresse vite en se propageant par les
gaines d’aération. Si nécessaire, Obadia
choisit une manière expéditive d’arriver à Et après ?
ses fins en invoquant plusieurs vampires de
feu. À la faveur du chaos ambiant, Obadia Si la conclusion de cette affaire risque d’être
et Patricia quittent discrètement Resthill et dramatique pour le couple de sorciers, elle
Scénarios
gagnent la plage, à dix minutes de marche l’est également pour les investigateurs. Ces De l’immortalité
derniers auront sans doute du mal à expli- Les sorciers qui ont conclu un pacte
avec Quachil Uttaus arrêtent de vieillir
en contrebas. C’est là qu’ils invoquent
et sont également immunisés contre
Quachil Uttaus. quer les évènements de Resthill et l’étrange
toute forme d’attaque, physique ou
scène de crime de la plage. Par ailleurs, ils
magique. Seul le dieu peut donner la
387
ont vraisemblablement désobéi à un ordre
Les investigateurs dans le du procureur et leur carrière en subira les mort à un sorcier qui a conclu le pacte.
En tant que fils de flic, les valeurs de sacri- Orphelin, fils de l’assistance publique, tu
fice et d’héroïsme ont un sens pour toi. t’es engagé dans l’armée et as connu
Tu es entré en 1963 dans la police de San l’opération tempête du désert en 1992. En
Diego et tu as toujours appliqué la devise 1994, tu suis une formation dans le
“to protect and serve”. Dans cinq mois tu domaine de l’identification criminelle et es
Quachil Uttaus seras à la retraite. Tu appréhendes gran- affecté à une unité spécialisée dans l’iden-
(cf. Malleus Monstrorum, p. 228) dement ce changement que tu perçois tification des corps de Marines. En 2006,
comme une sorte de mort avant la mort. brisé et dépressif, tu as quitté l’armée et as
Le corps de Quachil Uttaus est petit rejoint la Crime Scene Unit de la Police
comme celui d’un enfant mais sa de San Diego.
peau est flétrie comme celle d’un
vieillard. Sa tête est disproportionnée
par rapport à son cou squelettique et Caractéristiques Caractéristiques
son corps abominablement atrophié. APP 7 Prestance 35 % APP 12 Prestance 60 %
CON 8 Endurance 40 % CON 11 Endurance 55 %
Ses bras et ses jambes se terminent DEX 10 Agilité 50 % DEX 13 Agilité 65 %
par de longues griffes effilées. FOR 12 Puissance 60 % FOR 13 Puissance 65 %
TAI 13 Corpulence 65 % TAI 14 Corpulence 70 %
Quand Quachil Uttaus est appelé, ÉDU 17 Connaissance 85 % ÉDU 18 Connaissance 90 %
une lumière verte apparaît juste au- INT 16 Intuition 80 % INT 11 Intuition 55 %
dessus de sa cible. Le dieu descend POU 15 Volonté 75 % POU 10 Volonté 50 %
alors en silence et touche la victime
qui vieillit et meurt. Valeurs dérivées Valeurs dérivées
Impact +2 Impact +2
Points de Vie 11 Points de Vie 13
CON 20 Santé Mentale 38
Santé Mentale 71
DEX 3
FOR 12 Compétences
Compétences
TAI 6 Anatomie 80 %
Baratin 45 %
INT 19 Anthropologie 70 %
Bureaucratie 50 %
POU 35 Art forensique 35 %
Contact et Ressources 90 %
Crédit 30 % Balistique 45 %
Valeurs dérivées Bibliothèque 50 %
Criminalistique 60 %
Impact N/A Biologie 40 %
Discrétion 50 %
Points de Vie 13 Criminalistique 60 %
Droit 60 %
Attaque 100 % Mort instantanée Explosif 20 %
Écouter 50 %
Armure Imposture 20 % Médecine 45 %
Quachil Uttaus est immunisé contre Interroger 75 % Trouver Objet Caché 65 %
toutes les attaques magiques ou phy- Photographie 60 %
siques. Pister 30 % Langues
Psychologie 30 % Anglais 90 %
Sorts Se cacher 40 % Espagnol 40 %
Scénarios
Combat
Smith et Wesson calibre 32 55 %
Dégâts 1d8
Bagarre de rue 30 %
Dégâts 1d2+impact
John E. Douglas David Gaines Mary Serano Will Miller
36 ans, profiler 28 ans, spécialiste 41 ans, spécialiste 49 ans, spécialiste en autopsie
en scène de crime en entomologie légale
Ta vie est bâtie sur une série de coups de Tu es un jeune prodige doté d’un Q.I. Tu es un génie au Q.I. de 170. Cette intel- Tu es la mascotte de la police scientifique
tête que tu passes ensuite des heures à supérieur à 140. Diplômé du M.I.T à 22 ligence supérieure fait de toi un être à part, de San Diego. Ton humour décalé, ton
regretter. Après ta formation à Quantico ans, tu as tourné le dos à l’industrie et la incompris et incapable de t’intégrer dans énergie et ta bonne humeur permanente
tu t’es marié sur une décision impulsive recherche pour rejoindre la police scienti- un groupe. La biologie et la science du sont essentiels à l’équilibre du service.
et, récemment, tu as décidé de quitter le fique. Tu t’es marié avec une starlette de vivant sont tes seuls intérêts. Tu n’as Cependant, derrière le personnage public
FBI sans réfléchir. Tu as suivi ta femme cinéma et tu mènes une vie dispendieuse aucun humour, aucun tact et aucune com- se cache un individu brisé par l’horreur de
sur la côte ouest et vis désormais avec faite de jeu et d’insouciance. Seule ombre passion. Tu dis les choses de la manière la sa pratique professionnelle. La perspec-
ton épouse et sa vieille mère impotente. Il au tableau, tu es atteint d’une tumeur céré- plus précise et la plus directe possible. tive de la mort te terrifie au quotidien. Tu
n’y a pas un jour où tu ne regrettes ce brale et tes jours sont comptés. David Gaines est ton seul ami. donnes le change, mais pour combien de
choix. temps encore ?
Combat
Armes de poing 40 %
Bagarre de rue 35 %
Scénario 3
L’Homme creux
Un scénario pour L’Appel de Cthulhu par Tristan Lhomme
En quelques mots…
Les personnages sont tous des détectives de la Sûreté enquêtant sur un crime commis
dans un village normand. Le criminel, une créature unique, va s’avérer compliqué à
appréhender.
A l’affiche
Implication des investigateurs Enjeux et récompenses
Jean Trentin,
l’homme creux
Monstre malgré lui.
Fiche technique
Ambiance Investigation lllll
Action lllll
390 Le scénario commence comme un Agatha Christie, avec la réunion de la Exploration lllll
famille qui tourne mal, des petits-bourgeois qui n’aiment pas la police et pro- Interaction lllll
tègent leurs petits secrets… Mythe lllll
La différence est que les meurtres, loin d’être des empoisonnements bien Style de jeu horreur
élevés comme dans un Hercule Poirot, sont des boucheries. Une petite dose lovecraftienne
de Grand Guignol sera d’ailleurs la bienvenue dans leur description. Difficulté éprouvé
Durée estimée ææææææææ
Une fois le criminel identifié, reste à l’arrêter. Ce sera l’enjeu d’une traque qui Nombre de joueurs ÄÄÄÄÄ
conduira les investigateurs fort loin de la campagne normande, sur les Type de personnages cf. prétirés
champs de bataille de la Grande Guerre. Époque années 1920
Mise en place Les faits pour le Gardien Variations
Scénarios
391
Tout s’est à peu près bien passé jusqu’à la revanche, se voyait assez bien élucider une
réunion de famille. Mis en présence d’un affaire criminelle et grimper dans la hiérar-
grand nombre de “vrais” Trentin, Jean a chie. Biniot ne sabote pas activement l’en-
découvert, sinon la vérité sur son compte, quête, mais il pourrait laisser filtrer des
du moins un terrible sentiment de vide, informations dans la presse, omettre de
l’impression d’être faible, incomplet, inexis- transmettre des informations aux Parigots,
Journalistes tant. et ainsi de suite, juste ce qu’il faut pour créer
Le crime et l’intervention de policiers de un climat détestable.
Paris sont susceptibles de produire de Peu à peu est montée en lui la certitude
la bonne copie, mais l’affaire n’est pas
encore assez importante pour mériter
qu’il pourrait s’achever, devenir vraiment Lambert dispose d’autant de braves gen-
autre chose que les honneurs de la
lui-même, à condition de se salir les mains. darmes que nécessaire. Tous sont costauds,
presse locale. Si les investigateurs lais- Ce désir s’est fixé sur des organes qui, dans
sent les cadavres s’empiler, les journa-
réglementairement moustachus, ennemis
listes parisiens débarquent et commen-
son esprit, représentent tout ce qui lui des complications et efficaces juste ce qu’il
cent à raconter n’importe quoi.
manque. Il ne reste plus qu’à les récupérer. faut pour maintenir l’ordre dans un coin de
Agathe était malade du cœur, aussi lui a-t-
En début de scénario, le quatrième pou-
campagne bien tranquille.
il prélevé les poumons. Ce premier meurtre
voir est représenté par Léonard Sellier,
de l’Indépendant de Seine-Maritime, un
était purement instinctif. Il s’y est pris
brave quinquagénaire qui ne demande
comme un boucher, ce qu’il regrette. Ses
pas mieux que de coopérer avec la prochaines “acquisitions” seront mieux
police, et par Norbert Vambert, du
Premières constatations
Crieur de Dieppe, un petit jeune qui
conduites.
rêve de monter à Paris et compte bien
se payer la tête des policiers. Quelle Lorsqu’il aura assez d’organes, son instinct • Lambert présente aux investigateurs le
que soit la stratégie du groupe, Vambert docteur Blavy, le médecin légiste de
défend l’opposé, crie à l’incompétence
le poussera à récupérer son âme. Le fan-
et use la patience des investigateurs.
tôme de Jean erre encore sur le champ de Dieppe, qui a procédé à l’autopsie. Blavy
bataille de Verdun. est relativement jeune, dynamique et pas-
sionné par ce qu’il fait. Il couvre avec
talent l’angle médico-légal de l’enquête.
Son rapport sur la mort d’Agathe Trentin
établit qu’elle a été frappée au visage, assez
Acte I : Affaires fort pour s’assommer contre la tête de lit.
suspects.
bonder dans le pays, à la recherche
d’un petit boulot. Si les PJ ne s’intéres-
sent pas à cette “piste”, au bout d’un ou
Pour ce que ça vaut, il y avait énormément
deux meurtres, un garde champêtre
de sang et l’assassin devait en être couvert,
prend sur lui de l’arrêter et de le livrer
mais personne n’a rien remarqué – soit le
392 aux gendarmes. À partir de là, son sort
est entre les mains des investigateurs.
tueur avait prévu le coup, soit il a eu beau-
coup de chance. Lors de la fouille, il n’y
avait de sang dans aucune des chambres.
Jérôme Trentin,
deuxième victime
396
− compléter
J ean
arnet de
1 : La p age du c
L’Homm e creux #
POU 14
s’enfermer à double tour tant que la police Âgé d’une quarantaine d’années le sergent
n’aura pas fait son travail.
Compétences
Virgile Lécuyer a été mutilé et défiguré à
soldats français ou allemands enterrés par son âme, en l’occurrence le fantôme de Jean.
des explosions.
La variable de l’affaire est le fantôme. La
plupart du temps, il n’est pas assez lucide
401
pour avoir des objectifs. Répéter encore et
encore les mêmes gestes lui suffit. Mais l’ar-
rivée des investigateurs et de l’homme creux
lui rend un semblant de lucidité. La solu-
tion la plus simple pour priver l’homme
creux de sa victoire est d’exorciser le fan-
tôme ou de l’envoyer vers sa destination
finale, quelle qu’elle soit. Si son corps est à
plus de deux jours de distance, c’est assez
simple.
Un officier qui lui dit quelque chose comme
“vous pouvez disposer, soldat” et remporte
Conclusion
une lutte POU/POU suffit. Si l’homme
creux est plus proche, Jean répond poliment
et prolongements
qu’il va rester là jusqu’à l’arrivée des ren-
forts, “si cela ne vous dérange pas, mon lieu- • Pour le grand public, un meurtrier dément
tenant”. Ensuite, il ignore les investigateurs. appréhendé sur les lieux où il a subi un
grave traumatisme fait une histoire accep-
Chasser le fantôme prive l’homme creux table. Reste à dissuader la presse d’y regar-
d’une destination, ce qui veut dire qu’il va se der de trop près. Quant aux supérieurs des
fondre dans la foule, inachevé à jamais… investigateurs, il faudra leur raconter
mais singulièrement plus difficile à captu- quelque chose, mais quoi ?
rer. D’autres Trentin mourront d’ici
quelques mois. • Même si Jean est redevenu Jean et que les
investigateurs trouvent un moyen de lui
Et qui sait, Jean a peut-être le moyen de se épargner la peine de mort, ils ne peuvent
compléter autrement. L’âme d’un nouveau- pas être tout à fait sûrs que ce ressuscité
né pourrait lui convenir, et justement, soit bien ce qu’il semble être. Jean dans
Noémie Weller est tombée enceinte pen- une cellule capitonnée, dessinant des sym-
dant la réunion de famille… boles bizarres avec son sang et leur don-
nant des tuyaux sur le surnaturel, est une
Si les personnages préfèrent attendre et voir possibilité intrigante pour un prochain
ce qui se passe, une nuit, ils verront scénario. Jean en cavale après avoir étran-
Et si… la fusion n’était l’homme creux arriver par le no man’s land glé une infirmière avec ses propres tripes
pas si anodine ? et se faufiler dans la tranchée jusqu’au fan- est aussi du domaine du possible.
Si vous préférez une fin plus
tôme… Selon toute probabilité, il file droit
spectaculaire, l’homme creux peut être
dans une souricière. • Cette version de l’homme creux est un
la forme larvaire d’une entité indicible, phénomène unique, une aberration pro-
qui convoite l’âme de Jean parce
qu’elle va servir de carburant à sa
Reste à le neutraliser avant les 1d6 rounds duite par la guerre. Ce n’est pas forcément
métamorphose finale. Dans ce cas, s’il
dont il aura besoin pour fusionner avec le le cas. Peut-être y avait-il une magie
parvient à la consommer, il devient
fantôme. Les investigateurs optent-ils pour rémanente là où il a été tué. La ferme a
autre chose, une horreur affamée la capture, ou tentent-ils de l’abattre sans
qui considère les investigateurs
peut-être appartenu à un sorcier, au siècle
comme un agréable apéritif.
sommation ? L’homme creux ne leur prête dernier… À moins qu’une bande de
qu’un minimum d’attention, le fantôme est goules ne se soit livrée à des rituels mal-
Le malheureux Lécuyer, incapable de son seul objectif. sains dans des tunnels, non loin de là.
courir, y passe le premier. Ou que l’obus qui l’a tué ait été gravé de
Vient ensuite une séquence de traque
S’il parvient à l’absorber, tous les deux se symboles pré-humains et que sa mort
dans les tranchées, ponctuée d’escar-
fondent l’un dans l’autre. Il en résulte un fasse partie d’un rituel. Qui commandait
mouches avec le monstre, jusqu’au nouveau “Jean”, entièrement mortel, sans
moment où les investigateurs le
l’artillerie allemande dans ce secteur ?
renvoient chez lui à l’aide d’un de
pouvoirs paranormaux, qui a tout oublié de
ces fameux obus allemands qui
ce qu’il a vécu depuis 1916. D’un point de Enfin, aberration ou pas, il est possible
jonchent les alentours…
vue surnaturel, c’est certainement la meil- qu’il ne soit pas unique, et que d’autres
leure solution. hommes creux peuplent les rues des
anciens belligérants, assoiffés de sang sans
D’un point de vue policier, en revanche, cela même s’en rendre compte.
soulève de nouveaux problèmes. Ce Jean
n’est plus l’homme creux, mais il a son Combien sont-ils ? Des dizaines ?
visage, ses empreintes digitales… est-il juste Des centaines ? Des millions ?
de l’envoyer à la guillotine ou à l’asile pour
des crimes qu’il n’a pas commis ?
Scénarios
402
A i de s de j
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Esprits criminels
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Achev ir −
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termin −
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devenir
Scénarios
f in ir − ac hever
mourir −
− compléter 403
J ean
arnet de
1 : La p age du c
L’Homm e creux #
Annexes
A lire, à consulter & à regarder
Si vous voulez aller plus loin, si le sujet vous passionne… ou pour des idées de scénarios :
406
• Quai des ombres de Dominique Lecomte
• Agent spécial au FBI : J’ai traqué des serial killers et • Le Parrain, de Francis Ford Coppola (l’épopée d’une
Agent spécial du FBI : Enquêtes sur les serial killers, de famille mafieuse new-yorkaise originaire de Sicile)
• Les Affranchis, de Martin Scorsese (l'ascension et la
John Douglas
chute d’un associé de la famille Lucchese et de ses
• Chasseur de tueurs, de Robert Ressler
amis entre 1955 et 1980)
• Le Profilage criminel, de Thierry Toutin • Les Incorruptibles, de Brian De Palma (la lutte
• Psychanalyse du crime, de James Brussel d’Eliott Ness contre le crime à Chicago durant la
• Les ouvrages de Stéphane Bourgoin, notamment Prohibition)
Annexes
Serial Killers, 100 ans de serial killers, Le Livre noir des • Miller’s Crossing, des frères Coen (les crimes d’un
Serial Killers gangster irlandais durant la Prohibition)
• Crimes en série, de Véronique Lesueur-Chalmet • Public Enemies, de Michael Mann (le gangster John
• La France des tueurs en série, de Frédéric Vezard Dillinger et les efforts du FBI pour l’arrêter)
• Scarface, de Howard Hawkes (l’histoire de Tony
Le langage de la police américaine
Argot
Camonte, alias Al Capone, durant la Prohibition à
Chicago)
• Un après-midi de chien, de Sidney Lumett (des gangs- Code bleu Crise cardiaque
13-69 Personne qui a un casier pour des
ters débutants ratent leur braquage de banque et
tances à agent”
nés par la police et les médias)
à pied
criminelle), USA
• Im Namen des Gesetzes (En quête de preuves),
Allemagne Verbal Avertissement / Sommation
Wire Fil : micro caché
• Blue Murder (En quête de preuves), Canada
• Millenium
• Profiler
Acronymes
• La fureur dans le sang, série britannique sur Canal +,
inspirée des romans de Val McDermid
AKA Also known as : également connu sous
• Crimes en série, série française produite par France 2
le nom de…
• Profit, série américaine en 8 épisodes, mettant en
mie
• Les Sopranos, de David Chase (inspirée par plusieurs
pause pipi
• Boardwalk Empire, de Terence Winter (la
Prohibition et ses gangsters dans les années 1920 à
DOA Dead on arrival : mort à notre arrivée
Atlantic City)
DOB Date of birth : date de naissance
DOJ Department of Justice : ministère de la
Justice
Filmographie FI Field interrogation : interrogatoire sur le
terrain
GSW Gun shot wound : blessure par balle
• Le Silence des agneaux, de Jonathan Deme
voiture
• Le Voyage de Felicia, d’Atom Egoyan
• The Ugly, de Scott Reynolds
Description
Parfois, quand les forces de l'ordre décrivent une personne (un fugitif, une personne disparue…), elles utilisent des
abréviations pour décrire cette personne. Par exemple, un HMA est un Hispanic Male Adult (mâle adulte hispanique),
et une BFJ est une Black Female Juvenile (Mineure noire).
410
411
Annexes
R
RAID ...................................................................320
Recherches des toxines .......................................51
Ressources en ligne ...........................................320
Richard Freiherr von Krafft-Ebing .......................115
Rôle des médias.................................................174
S
SALVAC ..............................................................321
Sandor Ferenczi..................................................118
Sarbacane ..........................................................321
Savoir écouter.....................................................156
Savoir observer...................................................157
Scène de crime.....................................................24
Sciences forensiques............................................24
Sculpture forensique.............................................44
Sécréteurs ............................................................40
Serial killers ...................................................... 192
Sérologie et analyse de traces de sang ...............35
Service d’analyse du comportement ..................186
Sherlock Holmes ................................................ 92
Sigmund Freud ...................................................115
Signature du criminel............................................99
Signature du tueur ..............................................193
Silver Legion...................................................... 296