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Médecine Alternative : Médecine Traditionnelle Africaine

OBJECTIFS
1. Définir les expressions suivantes : Médecine traditionnelle, Médecine parallèle,
alternative ou douce, Médicaments à base de plantes

2. Énumérer 03 obstacles et 03 opportunités d’amélioration pour la mise en place de la


médecine traditionnelle dans le monde

3. Décrire les caractéristiques des praticiens de la médecine du travail en Afrique, en


Europe et en Inde

4. Énumérer les 03 principaux schémas généraux de recours à la médecine traditionnelle

5. Commenter les 04 objectifs de la stratégie mondiale 2014-2023.

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PLAN

INTRODUCTION

1. GENERALITES
a. DEFINITIONS
b. INTERETS
c. RAPPELS
2. CARACTERISTIQUES DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE
a. BASES ET PRINCIPES DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE
b. LA MÉDECINE TRADITIONNELLE À TRAVERS LE MONDE
c. OBSTACLES ET OPPORTUNITES D’AMELIORATION POUR LA
PRATIQUE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE
3. PRATIQUE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE
a. LES PRATICIENS DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE
b. LE RECOURS A LA MEDECINE TRADITIONNELLE
c. BIENFAITS DU RECOURS A LA MEDECINE TRADITIONNELLE
d. STRATEGIE MONDIALE 2014–2023

CONCLUSION

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INTRODUCTION
La médecine traditionnelle existe depuis la création de l’humanité et elle est très populaire
dans le monde. Elle constitue très souvent le principal mode de prestation des soins de santé,
ou alors est utilisée en complément. Elle est parfois qualifiée de médecine "parallèle ou
"douce" et ses praticiens ont beaucoup apporté à la santé humaine, surtout en tant que
prestataires de soins de santé primaires au niveau communautaire.
Depuis le début des années 1990, elle a fait une apparition remarquée dans de nombreux pays
développés et en développement à travers le monde. Dans les pays d’Afrique noire
subsaharienne et au Cameroun en particulier, elle constitue généralement la 1ère option en cas
de maladie, et même pour des besoins d’ordre socio-anthropologique, particuliers ou d’ordre
général.
Bien que la médecine traditionnelle existe depuis des temps immémoriaux, et que sa
popularité ne cesse d’augmenter, elle souffre de reconnaissance officielle dans la plupart des
pays, car pratiquée de façon informelle. D’où les déficits observés en matière de formation et
de recherche et qui se caractérisent par un manque de données quantitatives et qualitatives sur
l’innocuité et l’efficacité de la médecine traditionnelle pour justifier sa reconnaissance et son
adoption partout dans le monde.
Au Cameroun, la médecine traditionnelle est reconnue et fait partie intégrante de
l’organisation du système de santé dont elle constitue le 3ème sous-secteur.

1. GENERALITES
1.1. Définitions
Ces définitions sont extraites des Principes méthodologiques généraux pour la recherche
et l'évaluation de la médecine traditionnelle publiés en 2000 par l'OMS.
• Médecine traditionnelle
La médecine traditionnelle est la somme totale des connaissances, compétences et
pratiques qui reposent sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et
qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé ainsi que pour prévenir,
diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales.
• Médecine parallèle, alternative ou douce
Dans certains pays, les appellations médecine parallèle, alternative ou douce sont
synonymes de médecine traditionnelle. Elles se rapportent alors à un vaste ensemble de

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pratiques de soins de santé qui n’appartiennent pas à la tradition du pays et ne sont pas
intégrées dans le système de santé dominant.
• Médicaments à base de plantes
Les médicaments à base de plantes sont des produits médicinaux finis qui contiennent
comme principes actifs exclusivement des plantes, d’autres matières végétales ou des
associations de plantes, à l’état brut ou sous forme de préparations.
✓ Plantes : elles comprennent les matières végétales brutes telles que feuilles, fleurs,
fruits, graines, tronc, bois, écorce, racines, rhizome et autres parties, entières,
fragmentées ou en poudre.
✓ Matières végétales : outre les plantes, elles comprennent les sucs, gommes, huiles
grasses, huiles essentielles, résines et poudres. Dans certains pays, ces matières
sont préparées selon divers procédés locaux: passées à la vapeur, grillées ou sautées
au miel, ou préparées sous forme de boissons alcoolisées.
✓ Préparations à base de plantes : elles comprennent les matières végétales en
fragments ou en poudre, les extraits, teintures et huiles grasses, dont la production
fait intervenir des opérations de fractionnement, de purification, de concentration
ou d’autres procédés physiques ou biologiques. Elles comprennent également des
préparations obtenues en faisant macérer ou chauffer des matières végétales dans
des boissons alcoolisées et/ou du miel, ou dans d’autres matières.
✓ Produits finis à base de plantes : ce sont des préparations obtenues à l’aide d’une
ou plusieurs plantes. Quand plus d’une plante intervient dans la composition, on
peut parler d’un mélange. Les produits finis et les mélanges peuvent contenir, outre
les principes actifs, des excipients. Toutefois, si l’on y a associé des principes actifs
chimiquement définis, notamment des composés synthétiques et/ou des
constituants chimiquement définis, isolés de plantes, ces produits ne sont pas
considérés comme des médicaments à base de plantes.
✓ Utilisation traditionnelle des plantes médicinales
Les médicaments à base de plantes comprennent des plantes, des matières végétales, des
préparations à base de plantes et des produits finis qui contiennent comme principes actifs
des parties de plantes, d’autres matières végétales ou des associations de plantes. Par
utilisation traditionnelle, on entend une utilisation de fort longue date de ces médicaments
à base de plantes dont l’innocuité et l’efficacité ont été bien établies et qui sont même
agréés par certaines autorités nationales.
a) Activité thérapeutique

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Par activité thérapeutique, on entend la prévention, le diagnostic et le traitement de
maladies physiques et psychiques, l’amélioration d’états pathologiques, ainsi que le
changement bénéfique d’un état physique ou mental.
b) Principes actifs
Ce sont les principes qui ont une activité thérapeutique. Quand ils sont connus, il convient
d’en normaliser le dosage si l’on dispose de méthodes analytiques appropriées. Dans les
cas où il n’est pas possible d’identifier les différents principes actifs, la préparation peut
être considérée comme formant un seul principe actif.

1.2. Intérêts
Cette leçon présente un triple intérêt :
- intérêt thérapeutique (apprentissage des méthodes thérapeutiques alternatives)
- intérêt méthodologique (apprentissage des méthodes utilisées en médecine traditionnelle)
- intérêt pratique (apprentissage des pratiques utilisées en médecine traditionnelle).

1.3. Rappels
Les pratiques de la médecine traditionnelle varient grandement d’un pays à l’autre et d’une
région à l’autre, influencées par des facteurs culturels, historiques et individuels (attitudes et
philosophie personnelles). Dans bien des cas, leurs théories et applications sont très
différentes de celles de la médecine conventionnelle. Le recours au long des siècles à un
grand nombre de pratiques préconisées par la médecine traditionnelle et l’expérience
transmise de génération en génération sont des preuves de l’innocuité et de l’efficacité de
cette médecine.
Cependant, il est nécessaire de procéder à des recherches scientifiques pour étayer ces
constatations. La recherche et l’évaluation à ces fins doivent se faire dans le respect des
connaissances et de l’expérience acquises au travers de pratiques établies de longue date. Bien
que la médecine traditionnelle existe depuis des temps immémoriaux, la plupart des pays ne la
reconnaissent pas officiellement. C’est pourquoi la formation et la recherche dans ce domaine
n’ont pas reçu l’attention et le soutien qu’elles méritent. Les données sur l’innocuité et
l’efficacité de la médecine traditionnelle sont trop insuffisantes sur le plan tant quantitatif que
qualitatif pour justifier que l’on préconise son adoption partout dans le monde. Le manque de
données est dû aussi bien aux politiques sanitaires qu’au fait que l’on ne dispose pas de
méthodes de recherche adéquates ou agréées pour évaluer la médecine traditionnelle. Il
convient également de noter qu’il existe dans un certain nombre de pays des données de
recherche publiées et non publiées sur la médecine traditionnelle, mais qu’il est nécessaire de

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promouvoir de nouvelles recherches sur l’innocuité et l’efficacité et améliorer la qualité de la
recherche. a L’expression « médecine parallèle et alternative » se rapporte dans certains pays
à un vaste ensemble de pratiques de soins de santé qui n’appartiennent pas à la tradition du
pays et ne sont pas intégrées dans le système de santé dominant. Principes méthodologiques
généraux pour la recherche et l’évaluation relatives à la médecine traditionnelle 2 Les
méthodes de recherche et d’évaluation de la médecine traditionnelle doivent se fonder sur les
principes de base suivants. D’une part, elles doivent établir l’innocuité et l’efficacité des
médicaments à base de plantes et des thérapies traditionnelles. D’autre part, toutefois, elles ne
doivent pas faire obstacle à l’application et au développement de la médecine traditionnelle.
C’est sur cette question complexe que les autorités sanitaires nationales et les scientifiques se
sont penchés ces dernières années. Les méthodes de recherche et d’évaluation de la médecine
traditionnelle sont examinées dans deux chapitres distincts : l’un traite des médicaments à
base de plantes, l’autre des thérapies traditionnelles. Dans la pratique, toutefois, c’est grâce à
la synergie de ces deux modes de traitement que la guérison se fait. Il faut donc évaluer
l’efficacité de la médecine traditionnelle de manière intégrée, en tenant compte des thérapies
en jeu. Par conséquent, cette évaluation peut être très différente de celle de la médecine
conventionnelle. L’approche de la médecine traditionnelle étant holiste, les mesures courantes
d’évaluation de l’effet peuvent ne pas s’appliquer.

2. CARACTERISTISTIQUES DE LA MEDECINE
TRADITIONNELLE
2.1. Bases et principes de la médecine traditionnelle
La Médecine Traditionnelle (MT/MC) constitue un pan important et souvent sous-estimé des
soins de santé. Elle existe dans quasiment tous les pays du monde, et la demande de services.
La Médecine Traditionnelle (MT/MC) constitue un pan important et souvent sous-estimé des
soins de santé. Elle existe dans quasiment tous les pays du monde, et la demande de services
dans ce domaine est en progression. Les pouvoirs publics et les consommateurs ne
s’intéressent pas uniquement aux médicaments à base de plantes : ils commencent à se
pencher sur certains aspects des pratiques de MT/MC et à s’intéresser à certains praticiens et
se demander s’ils ne devraient pas être intégrés à l’offre de services de santé.
La MT, dont la qualité, la sécurité et l’efficacité La MT, dont la qualité, la sécurité et
l’efficacité sont avérées, participe à la réalisation de l’objectif d’un accès aux soins universel.

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Aujourd’hui, de nombreux pays reconnaissent la nécessité d’adopter une approche cohésive et
intégrative des soins de santé, qui permette aux pouvoirs publics, aux professionnels et,
surtout, aux personnes qui recourent aux services de santé, d’avoir accès à une MT/MC qui
soit sûre, respectueuse, efficiente par rapport aux coûts et efficace.

2.2. La médecine traditionnelle à travers le monde


La Médecine Traditionnelle est largement employée à travers le monde et appréciée pour un
certain nombre de raisons, et il ne fait aucun doute qu’elle suscite un intérêt grandissant qui
continuera probablement à croître partout dans le monde. Partout dans le monde, les systèmes
de santé doivent faire face à un accroissement des maladies chroniques et à une flambée des
coûts de santé. Les patients tout comme les prestataires de santé demandent à ce que les
services de santé soient revitalisés, et donnent la priorité aux soins personnalisés et centrés sur
la personne. Il s’agit donc d’élargir l’accès aux produits, pratiques et praticiens de Médecine
Traditionnelle en Afrique, en Asie, en Australie et en Amérique du Nord beaucoup d’autres
utilisateurs de Médecine Traditionnelle.
L’adoption mondiale de la Médecine Traditionnelle a déclenché une dynamique significative
au cours de la dernière décennie. Pour plusieurs millions de personnes, les médicaments à
base de plantes, les traitements traditionnels et les praticiens traditionnels constituent la
principale voire l’unique source de soins de santé.
Les principaux motifs qui poussent les gens à recourir à la MT/MC sont la proximité des
soins, la facilité d’accès, leur acceptabilité culturelle, les coûts financiers qui sont
financièrement abordables et les rend d’autant plus attrayants à l’heure où les frais de santé
explosent et où l’austérité est quasiment universelle ; le fait qu’elle apparaît également comme
un moyen de faire face à l’inexorable montée de maladies chroniques non transmissibles.
De nombreux pays ont leurs propres formes de soins traditionnels ou indigènes, profondément
ancrés dans leur culture et leur histoire. D’autres telles que l’Ayurvéda, la médecine
traditionnelle chinoise ou la médecine unani, sont populaires dans leur pays et utilisés partout
dans le monde. Dans le même temps, certaines formes de MC, telles que la médecine
anthroposophique, la chiropratique, l’homéopathie, la naturopathie ou l’ostéopathie, sont
également largement utilisées.
- Le marché des produits
Certaines données laissent à penser que ce marché est substantiel, même s’il est difficile
d’évaluer la taille du marché pour les produits de MT/MC sur l’ensemble des États Membres
avec un tant soit peu d’exactitude du fait de la diversité des réglementations et des catégories

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réglementaires auxquelles répondent les produits de MT/MC. Selon les estimations, la
production de materia medica chinoise se montait à US $83,1 milliards en 2012. En
République de Corée, les dépenses annuelles consacrées à la Médecine Traditionnelle ont
augmenté de US $4,4 à $7,4 milliards entre milliards en 2004 et 2009. Aux États-Unis, les
débours directs des ménages consacrés à des produits naturels se sont chiffrés à US $14,8
milliards en 2008.
- Demande de pratiques et de praticiens de MT/MC
On observe une demande significative de pratiques et de praticiens de Médecine
Traditionnelle partout dans le monde. En Australie, les consultations chez des praticiens de
médecine complémentaire (acupuncteurs, chiropraticiens et naturopathes) ont augmenté de
d’environ 30 % entre 1995 et 2005. En Chine, les résultats d’une enquête ont révélé qu’en
2009, le nombre de consultations en médecine traditionnelle chinoise (MTC) représentait 18
% (907 millions) de l’ensemble des consultations médicales dans les établissements
interrogés. Au Laos, 80 % de la population vit dans des zones rurales, qui totalisent 9113
villages, et chaque village compte un ou deux tradipraticiens, soit un total de 18 226
tradipraticiens qui délivrent une grande partie des services de santé à 80 % de la population.
En Arabie saoudite, une récente étude a montré que les habitants payaient US $560 par an de
débours personnels pour des services de Médecine Traditionnelle.

2.3. Obstacles et opportunités d’amélioration pour la mise en


place de la Médecine Traditionnelle
• Obstacles rencontrés
Malgré des avancées significatives dans le déploiement de la Médecine Traditionnelle à
travers le monde, certains États Membres rencontrent des difficultés concernant :
c) l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et réglementations ;
d) l’intégration, en particulier l’identification et l’évaluation de stratégies et de
critères permettant l’intégration de la MT au système de santé national et aux soins de santé
primaires
e) la sécurité et la qualité, notamment l’évaluation des produits et services, la
qualification des praticiens, la méthodologie et les critères permettant d’évaluer
l’efficacité ;
f) la capacité à contrôler et à réglementer la publicité et les allégations de la MT et de la
MC ;
g) la recherche et le développement ;

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h) l’éducation et la formation des praticiens de MT ;
i) l’information et la communication, par exemple la diffusion d’informations
concernant les politiques, la réglementation, les profils de services et les données de
recherche, ou l’obtention d’informations objectives et fiables par les patients.
• Opportunités d’amélioration
Pour y remédier, des solutions sont proposées par l’OMS avec le soutien des états membres.
L’OMS devra s’acquitter de ces fonctions en :
j) facilitant l’intégration de la MT/MC aux systèmes nationaux de santé, en aidant les
États Membres à développer leurs propres politiques nationales dans ce secteur ;
k) publiant des directives pour la MT/MC, en développant et mettant à disposition de
normes internationales, directives techniques et méthodologies pour la recherche sur
les produits, les pratiques et les praticiens ;
l) encourageant la recherche stratégique dans le domaine de la MT/MC par l’appui à des
projets de recherche clinique sur sa sécurité et son efficacité ;
m) préconisant l’usage rationnel de la MT/MC via la promotion d’un usage fondé sur des
preuves ;
n) diffusant l’information sur la MT/MC en faisant office de centre d’échange
d’informations.
Quant aux états membres, ils devront organiser leurs activités dans les trois secteurs
stratégiques suivants :
1. Renforcer la base de connaissances pour une gestion active de la MT/MC via des
politiques nationales appropriées qui comprennent et reconnaissent le rôle et le
potentiel de la MT/MC.
2. Renforcer l’assurance-qualité, la sécurité, l’usage approprié et l’efficacité de la
MT/MC en réglementant les produits, pratiques et praticiens grâce à l’éducation et à la
formation à la MT/MC, au développement des compétences, aux services et thérapies.
3. Promouvoir la couverture sanitaire universelle en intégrant de façon adéquate les
services de MT/MC dans la prestation des services de santé et l’auto-prise en charge
sanitaire, en capitalisant sur leur contribution potentielle à l’amélioration des services
de santé et des résultats sanitaires, et en donnant aux utilisateurs les moyens de faire
des choix éclairés concernant l’auto-prise en charge sanitaire.

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3. PRATIQUE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Afin de mettre en place une politique pour la MT/MC sur la base du savoir, il est impératif
d’obtenir et d’analyser les informations suivantes : qui pratique la médecine traditionnelle,
pourquoi ce type de médecine est-il utilisé, quels sont ses bienfaits, qui le pratique et avec
quelles qualifications ?

3.1. Les praticiens de la médecine traditionnelle


• Catégories des praticiens
Les praticiens de la MT/MC peuvent être des praticiens de la MT ou de la MC, des médecins
allopathes (médecine conventionnelle) ou d’autres professionnels de santé. Les différences de
réglementation ne permettent guère de déterminer le nombre absolu de praticiens à travers le
monde. Dans beaucoup de pays en développement, et surtout dans les zones rurales, les
praticiens de la Médecine Traditionnelle sont les principaux prestataires de soins de santé au
sein de leur communauté, voire les seuls.
• Qualifications des praticiens
Les qualifications des praticiens de la Médecine Traditionnelle varient en fonction des pays,
selon le type de formation effectuée et du statut sous lequel ils sont enregistrés les praticiens.
Le savoir et les qualifications du praticien influent directement sur la sécurité du patient. Les
praticiens de MT/MC acquièrent leurs connaissances et leurs compétences d’une manière
différente d’un pays à l’autre. Dans plusieurs pays, certaines pratiques de MT/MC sont
désormais établies et les praticiens sont tenus d’avoir achevé un cursus officiel d’études/de
formation. Par exemple, dans nombre de pays d’Europe et en Amérique du Nord, les
chiropraticiens, naturopathes, phytothérapeutes et ostéopathes doivent avoir suivi des études
de niveau universitaire. De même, dans les pays d’Asie telles que la Chine, l’Inde, la
République de Corée et le Vietnam, les médecins pratiquant certains types de MT/MC doivent
être diplômés de l’université. Outre les études/la formation, beaucoup d’États Membres se
sont dotés d’une réglementation qui s’applique aux praticiens de MT/MC.
Cependant, dans bien des pays en développement, les connaissances et les compétences en
MT se transmettent oralement d’une génération à l’autre, d’où la difficulté à identifier les
praticiens qualifiés. Il faudrait donc que les États Membres réfléchissent à leur propre
situation et déterminent leurs besoins spécifiques.
Certains pays comme l’Inde disposent d’un système de formation bien établi. Le pays compte
508 établissements d’enseignement supérieur répartis en 06 systèmes officiels de formation en
Médecine Traditionnelle médecine qui offrent un enseignement institutionnalisé. Ainsi, on

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dénombre deux catégories de praticiens de la MT enregistrés en Inde, avec 785 185 praticiens
AYUSH (Ayurvéda, yoga, naturopathie, unani, siddha et homéopathie) (32) et un million
d’agents de santé communautaires traditionnels AYUSH qui travaillent au niveau des
villages.
Dans l’Union européenne, la Médecine Traditionnelle est dispensée par quelque 160 000
praticiens non médecins et par 145 000 médecins.
Dans les pays africains, la transmission des connaissances Médecine Traditionnelle se fait très
souvent par voie orale.

3.2. Le recours à la médecine traditionnelle


• Pourquoi recourt-on à la Médecine Traditionnelle ?
Les schémas d’utilisation de la MT/MC diffèrent entre et dans les États Membres en fonction
de plusieurs facteurs, tels que la culture, l’importance historique et la réglementation. Même
s’il n’existe pas de méthode unique pour examiner les schémas d’utilisation, il peut être utile
de déterminer comment la population recourt à la MT/MC.
On distinguera à cette fin trois schémas généraux :
- Utilisation dans les pays où la MT constitue l’une des sources premières de soins de
santé.
Ces pays sont habituellement ceux où les services de santé qui s’appuient sur la médecine
conventionnelle sont, dans l’ensemble, peu disponibles et/ou peu accessibles. Sa présence
locale et son coût abordable expliqueraient pourquoi la MT est d’un usage répandu en Afrique
et dans certains pays en développement. Ainsi, en Afrique, on dénombre 1 guérisseur pour
500 personnes, contre 1 médecin pour 40 000 personnes. En milieu rural, les guérisseurs
locaux restent donc les prestataires de santé de millions de gens
- Utilisation de la MT en raison d’influences culturelles et historiques.
Dans certains pays, comme Singapour et la République de Corée, où le système de soins de
santé conventionnel est relativement bien établi, respectivement 76 % et 86 % des habitants
recourent encore couramment à la MT
- Utilisation de la MT/MC comme thérapie complémentaire.
Ce schéma est fréquent dans les pays développés où la structure du système de santé est en
général mature, par exemple en Amérique du Nord et dans une grande partie de l’Europe.
Sur la dernière décennie, pour tous les schémas d’utilisation, beaucoup d’usagers se tournent
vers les produits et les pratiques de Médecine Traditionnelle en considérant que ce qui est
naturel est sans danger, ce qui n’est pas forcément vrai.

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• Quand recourt-on à la Médecine Traditionnelle ?
Les besoins individuels déterminent souvent quand la MT/MC est utilisée. Il ressort de
plusieurs études que les patients atteints de certaines pathologies chroniques recourent plus
fréquemment aux services de la MT/MC. Ces pathologies sont entre autres :
- Etats-Unis ; douleurs musculo-squelettiques qui nécessitent le recours aux consultations
d’ostéopathie dans un contexte de médecine familiale
- En France : les TMS chroniques qui ont motivé des consultations de médecins proposant
des solutions autres que la médecine conventionnelle. Le taux d’utilisation de traitements
de la médecine complémentaire et parallèle (MCP) des patients souffrant d’une sclérose
en plaques varie de 41 % en Espagne à 70 % au Canada et à 82 % en Australie.
- En Chine : les 05 premiers problèmes de santé ayant conduit à une admission dans un
hôpital de MT en 2008 étaient l’accident vasculaire cérébral, le déplacement d’un disque
intervertébral, les hémorroïdes, les cardiopathies ischémiques et l’hypertension essentielle
- En République de Corée : les principaux motifs d’hospitalisation étaient les troubles
osseux, articulaires ou musculaires, la dyspepsie, l’ostéo-arthrite du genou et les troubles
nerveux de la face
- Dans les pays en développement : la MT joue un rôle important dans la couverture des
besoins de santé primaires, et certaines catégories de MT sont pratiquées depuis
longtemps.

3.3. Bienfaits du recours à la médecine traditionnelle


Pour la population, les principaux bienfaits résultant pour la médecine traditionnelle résident
dans les économies de coûts potentielles.
Ainsi, les résultats d’une étude ont démontré que l’état de santé du groupe traité par thérapie
manuelle s’améliorait plus rapidement que celui du groupe traité par physiothérapie/médecine
générale, et que le traitement par thérapie manuelle serait plus efficace et moins onéreux que
la physiothérapie ou que la médecine généraliste pour le traitement des douleurs cervicales.
Une autre étude récente indique que les patients dont le médecin généraliste a reçu une
formation supplémentaire en médecine complémentaire et parallèle affichent des dépenses et
un taux de mortalité plus faibles (moins d’hospitalisations et de prescriptions de
médicaments).

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3.4. Stratégie mondiale OMS 2014–2023
La nouvelle stratégie mondiale mise en place par l’OMS pour la période 2014–2023 a été
adoptée pour aider les responsables de la santé à développer des solutions qui participent
d’une vision plus large favorisant l’amélioration de la santé et l’autonomie des patients.
Cette stratégie a déterminé 04 quatre objectifs :
1) Politique – intégrer la MT aux systèmes nationaux de soins de santé, de manière
appropriée, en développant et en mettant en œuvre des politiques et programmes de
MT.
2) Qualité, sécurité et efficacité – promouvoir la sécurité, l’efficacité et la qualité de la
MT en étendant la base de connaissances sur la MT et en conseillant sur la
réglementation et les normes de l’assurance de la qualité.
3) Accès – augmenter la disponibilité et l’accessibilité financière de la MT, de manière
appropriée, en faisant porter l’accent sur l’accès pour les populations pauvres.
4) Usage rationnel – Promouvoir un usage thérapeutique judicieux de la MT appropriée
par les prestataires et les consommateurs.

CONCLUSION
Plusieurs types de médecine existent à travers le monde. D’une part la médecine officielle,
conventionnelle, qui est en réalité la médecine officielle occidentale avec une démarche
focalisée sur le symptôme pour lui associer un traitement par médicament qui semble lui
correspondre.
À côté, il existe d’autres médecines douces, alternatives ou parallèles parfois millénaires et
leur pratique reste majoritaire dans de nombreux pays du monde, en particulier en Asie et en
Afrique. À l’inverse de la médecine conventionnelle, ces médecines traditionnelles partent
d’une approche plus globale qui associe souvent corps, esprit et environnement du patient, et
proposent un traitement très souvent individualisé. Malgré ces approches diagnostiques
opposées, les deux types de médecines peuvent se révéler complémentaires.
L’émergence ou la réémergence de maladies infectieuses telles que les fièvres virales
hémorragiques, le nouveau coronavirus constituent des réelles opportunités pour sortir la
médecine traditionnelle africaine de sa torpeur et brandir son efficacité aux yeux du monde et
spécialement dans en Afrique ou 80 % de la population a recours à la médecine traditionnelle
pour les soins de santé primaires.

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