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Licence 1er Promotion

Troisième année

Cours de droit fiscal

Support du cours

Deuxième partie : Présentation du système fiscal Algérien

Le système fiscal est défini comme étant un ensemble d’impôts et taxes


applicables dans un pays donné à un moment donné, en vue de réaliser les
objectifs de la politique fiscale.

Chapitre 1 : La dualité du système fiscal Algérien

Le système fiscal Algérien est fondé sur deux types de fiscalité, la fiscalité
pétrolière et la fiscalité ordinaire.

Section 1 : La fiscalité pétrolière

Il est prévu un régime fiscal spécifique aux activités de l’Amont pétrolier (les
opérations de recherche et/ou d’exploitation des hydrocarbures) par la loi n° 19-
13 du 11 décembre 2019 régissant les activités d’hydrocarbures (qui a abrogé la
loi n° 05-07 du 28 avril 2005 relative aux hydrocarbures); Ce régime fiscal est
constitué des impôts, taxes et redevances suivantes :

- la taxe superficiaire

- la redevance hydrocarbures.

- l’impôt sur le revenu des hydrocarbures (IRH).

- l’impôt sur le résultat.

- l’impôt sur la rémunération du co-contractant étranger.

- la redevance forfaitaire sur la production anticipée.

- la taxe foncière sur les biens autres que les biens d’exploitation, telle que régie
par la législation fiscale en vigueur.

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- droit de transfert applicable aux activités amont.

- la taxe spécifique sur le torchage du gaz applicable aux activités


d’hydrocarbure.

- la redevance hydraulique applicable aux activités d’hydrocarbures.

Quant aux activités de l’aval pétrolier, (le transport par canalisation, le raffinage
la transformation, la commercialisation, le stockage et la distribution) elles sont
soumises à la fiscalité ordinaire.

Section 2 : La fiscalité ordinaire

La fiscalité ordinaire représente l’ensemble des impôts, taxes et redevances


régies par les différents codes fiscaux, le système fiscal Algérien a connu une
refonte totale en 1992 ; (adoption de l’IRG et de l’IBS en matière d’impôts
directs ; et en matière de chiffre d’affaires l’adoption de la TVA et la TOBA
cette dernière a été abandonnée au profit de la TVA).

Cette réforme a été suivie par des modifications successives à travers les lois de
finances annuelles, dans le but d’améliorer le système fiscal et l’adapter aux
changements économiques et atteindre la rentabilité attendue.

Le système fiscal Algérien se présente aujourd’hui comme suit :

1) Les impôts directs : (régie par le code des impôts directs et taxes assimilées)

- Impôt sur le revenu global, qui est un impôt annuel imposé sur le revenu net
réalisé par des personnes physiques.

Il englobe conformément aux prescriptions de la loi de finance de 2022 les


catégories de revenus suivantes :

- Bénéfices industriels et commerciaux.

- Bénéfices des professions non commerciales.

- Revenus agricoles.

- Revenus fonciers provenant des propriétés bâties et non bâties louées.

- Revenus des capitaux mobiliers.

- Traitements, salaires, pensions et rentes viagères.

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- Les plus values de cession à titre onéreux des immeubles bâtis ou non bâtis, et
des droits réels immobiliers, ainsi que celle résultant de la cession d’actions de
parts sociales ou de titres assimilés.

-Impôt forfaitaire unique, est un impôt qui couvre l’IRG, la TAP et la TVA
sont soumis au régime de l’impôt forfaitaire unique conformément aux
prescriptions de la loi de finance 2022 et de la loi de finance complémentaires
les personnes physiques exerçant une activité industrielle, commerciale, non
commerciale artisanale ainsi que les coopératives d’artisanat d’art et
traditionnelles dont le chiffre d’affaires annuels n’excèdent pas huit millions de
dinars. A l’exception de celles ayant opté pour le régime d’imposition d’après le
bénéfice réel ou le régime simplifié des professions non commerciales.

- Impôt sur les bénéfices des sociétés, est un impôt qui frappe le bénéfice net
des sociétés de capitaux et des sociétés ayant opté au régime de l’IBS.

- Taxe sur l’activité professionnelle (TAP) est une taxe due à raison du chiffre
d'affaires réalisé en Algérie par les contribuables qui exercent une activité dont
les profits relèvent de l'impôt sur le revenu global, dans la catégorie bénéfice
industriel et commercial ou de l'impôt sur les bénéfices des sociétés.

- Taxe foncière, est une taxe qui frappe les propriétés immobilières bâties ou
non bâties.

- Taxe d’assainissement qui est à la charge du locataire et qui peut-être


recherché conjointement et solidairement avec le propriétaire pour son paiement.

- Impôt sur la fortune, sont soumis à cette impôt les personnes physiques sur
des biens leurs appartenant, ou à raison des éléments de leur train de vie.

- Taxe de formation professionnelle continue et d’apprentissage, instituée


par l’article 56 de la loi de finance de 2022, sont soumis à cette taxe les
employeurs établis ou domiciliés en Algérie à l’exception des institutions et
administrations publiques.

- Taxe de séjour, instituée par l’article 69 de la loi de finance 2022, sont


assujetties à cette taxe les personnes qui séjournent dans les communes dans
lesquelles elles ne possèdent pas de résidence au titre de laquelle, elles sont
passibles de la taxe foncière

2) Taxes sur le chiffre d’affaires : (régie par le code des taxes sur le chiffre
d’affaires)
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- Taxe sur la valeur ajoutée : la TVA est un impôt indirect sur la
consommation, qui affecte le chiffre d’affaire, elle est collectée par des tiers
(producteur, fabriquant, commerçant, prestataire de service…etc) et supportée
par le consommateur.

- Taxe intérieur de consommation : c’est une taxe affectant divers produits


essentiellement les produits tabagiques et allumettes, les bières, ainsi que
certains produits et biens destinés à la consommation dont le saumon, la banane,
le kiwi, les articles de friperie…etc.

- Taxe sur les produits pétroliers : c’est une taxe qui affecte l’essence, le
gasoil, le gaz de pétrole liquéfié (GPL, carburant).

3) Impôts indirects : (régie par le code des impôts indirects)

- Droit de circulation : c’est un droit qui affecte une quantité d’alcool ou de


vins mise à la consommation, sont assujettis à ce droit les marchands en gros
entrepositaires.

- Droit de garantie et d’essai : sont soumis à ce droit les ouvrages en or, argent
et patine.

4) Droit d’enregistrement (régie par le code de l’enregistrement)

Ce sont des droits qui frappent le patrimoine de la personne lors de sa


transmission, soit à titre onéreux (exemple droit d’enregistrement sur la vente
d’un bien immobilier…etc) ou à titre gratuit (les droits de succession, les
donations…etc)

5) Droit de timbre : (régie par le code de timbre)

Parmi les droits de timbres acquittés par les contribuables : le timbre de


dimension, le timbre de quittance, les vignettes automobiles, la délivrance de
certains documents est subordonnée au paiement d’un timbre fiscal (passeport,
permis de conduire, carte d’identité, carte de résidence…etc)…etc

Chapitre 2 : L’administration fiscale au sein du système fiscal en vigueur

Suite à la refonte totale du système fiscale, un programme de modernisation de


l’administration fiscale a été adopté en vue d’adapter les services de cette
administration au nouveau système en vigueur, la réorganisation des structures
de l’administration fiscale a touché beaucoup plus les services extérieurs.

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Section 1 : Les services centraux de l’administration fiscale

La direction générale des impôts a été adoptée en vertu du décret exécutif n°


90/188 déterminant les structures et les organes de l’administration centrale des
ministères, cette direction est dotée d’indépendance dans la gestion, elle a pour
mission de coordonner entre les structures centrales et les services extérieurs,
elle a connu un certains nombre de réformes.

Une nouvelle organisation de l’administration des finances a été adoptée par


l’article 05 du décret exécutif n° 21/252 du 06/06/2021 portant organisation de
l’administration centrale du ministère des finances qui a abrogé le décret
exécutif 07/364 et a mis fin par conséquent à l’ancienne organisation.

La DGI est dorénavant composée de trois divisions, la division de la législation


et de la réglementation fiscales et des affaires juridiques ; la division de la
gestion, du recouvrement et de la modernisation des processus métiers ; la
division du contrôle et des enquêtes fiscales.

Chaque division est composée de plusieurs directions et chaque direction est


subdivisée en sous directions ; aussi la DGI est dotée de quatre directions
d’appui et de soutien, le directeur général des impôts est assisté par quatre
directeurs d’étude.

Aussi la DGI est dotée d’une inspection générale des services fiscaux, régie par
un texte particulier.

Section 2 : les services extérieurs de l’administration fiscale

L’organisation de l’administration fiscale est passée d’une organisation par


fonctions fiscales (assiette, recouvrement, contrôle et contentieux) à une
organisation par catégorie de contribuables (les grandes entreprises les
moyennes entreprises et les petites entreprises)

Les services extérieurs de l’administration fiscale sont répartis conformément au


décret exécutif n° 06/327 fixant l’organisation et les attributions des services
extérieurs de l’administration fiscale, modifié et complétés par le décret exécutif
n° 17/146 ainsi que de l’arrêté interministériel du 21/02/2009 modifié et
complété par l’arrêté interministériel du17/10/2018 :

1) Au niveau national : la direction des grandes entreprises apte a gérer les


dossiers fiscaux des contribuables relevant de sa compétence, à savoir les
sociétés et les groupements exerçant dans le secteur pétrolier, les sociétés
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étrangères intervenant en Algérie temporairement dans un cadre contractuel
lorsque le montant du contrat est supérieur ou égal à un montant fixé par arrêté
du ministre des finances; les société de capitaux et les sociétés de personnes
ayant opté pour le régime fiscal des sociétés de capitaux, ainsi que les groupes
de sociétés réalisant un chiffre d’affaires supérieur ou égal au montant fixé par
arrêté du ministre des finances.

L’organigramme de cette direction est établi par l’arrêté interministériel datée du


21/02/2009 (la sous direction de la fiscalité des hydrocarbures, la sous direction
de gestion, la sous direction du contrôle et des fichiers, la sous direction du
contentieux, la sous direction des moyens, et une recette des impôts et un service
d’accueil et d’information)

2) Au niveau régional : On retrouvera au niveau régional

- Les directions régionales des impôts qui jouent le rôle d’intermédiaire entre
les services centraux et les directions de wilayas.

- Les services régionaux des recherches et vérification qui ont pour mission
d’exécuter les programmes de contrôle arrêtés par la direction des recherches et
vérification.

- Les centres régionaux d’information et de documentation dont la mission


réside en la recherche et la collecte et la consolidation de l’information)

3) Au niveau local : On retrouvera

- les centres des impôts qui prennent en charge les dossiers fiscaux des
entreprises relevant du régime du réel qui ne sont pas éligibles à la direction des
grandes entreprises.

- les centres de proximité des impôts chargés de la gestion des entreprises


individuelles relevant du régime du forfait, des exploitations agricoles, des
personnes physiques au titre de l’impôt sur le revenu global ou sur leur
patrimoine, ainsi que la taxe applicable à leurs biens immeubles bâtis ou non
bâtis (TF), des établissements publics à caractère administratif, associations ou
tout autre organisme, au titre des impôts et taxes dus sur les salaires et
rémunérations versés, ou tout autre segment taxable de leurs activités; des
entreprises affectées à la direction des grandes entreprises ou des centres des
impôts, au titre des impôts ou taxes non pris en charge par leur structure fiscale
de rattachement.

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Ces deux structures sont organisées en trois services principaux à savoir le
service principal de gestion, le service principal du contentieux, le service
principal du contrôle et de la recherche, une recette des impôts, un service
d’accueil et d’information et un autre d’informatique et des moyens

- Les directions de wilayas qui font partie de l’ancienne organisation que le


législateur a gardé de façon transitoire, en attendant la généralisation totale des
CDI et CPI dont l’organigramme est constitué d’une sous direction des
opérations fiscales, sous direction du recouvrement, sous direction du
contentieux, sous direction du contrôle fiscal, sous direction des moyens, et leurs
démembrements à savoir les inspections (services d’assiette) et les recettes des
impôts (service de recouvrement).

4) Inspections et recettes spécialisées en matière d’impôts indirects et droit


d’enregistrement et timbre introduites par le décret exécutif n° 17/146
(inspections de garantie, inspections des accises et des contributions indirectes,
inspections de l’enregistrement et timbre succession et fichier, la recette centrale
du timbre, les recettes régionales du timbre, des services d’analyse et
d’expertise)

Chapitre 3 : Le contribuable au sein du système fiscal en vigueur

Section 1 : Définition de la notion de contribuable

Le contribuable peut être défini comme toute personne physique ou morale


assujettie au paiement des impôts ou taxes, prescrits conformément aux lois
fiscales en vigueur.

En matière d’impôts directs le contribuable est la personne qui supporte


effectivement la charge de l’impôt, cependant en matière d’impôts indirects il y
a lieu de distinguer entre le redevable réel et le redevable légal, ce dernier ne
supporte pas la charge fiscale mais il a l’obligation de collecter l’impôt du
redevable réel qui n’est autre que le consommateur, et le verser aux caisses de
l’Etat.

Section 2 : Les différentes catégories de contribuables

Sont soumis à l’impôt les personnes physiques et morales du droit privé ainsi
que du droit public, nationaux ou étrangers, donc deux catégories de personnes
sont concernées par l’impôt :

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1) Les personnes physiques soumises à l’impôt :

La personne physique est l’être humain doté de personnalité juridique, apte par
conséquent à avoir des droits et supporter des obligations, en matière fiscal la
personne physique en tant que contribuable est la personne concernée par le
paiement d’impôts ou taxes conformément aux textes de lois fiscales ; par
conséquent la personne physique est soumise à :

- l’impôt sur le revenu global

- la taxe sur l’activité professionnelle

- Impôt forfaitaire unique

- la taxe foncière

- la taxe d’assainissement

- l’impôt sur la fortune

- la taxe sur la valeur ajoutée

- taxe intérieur de consommation

- Impôts indirects (droit de circulation /droit de garantie et d’essai)

2) Les personnes morales soumises à l’impôt :

La personne morale est définie comme étant un groupement de personnes ayant


un intérêt commun et dotée de la personnalité juridique ; il existe des personnes
morales de droit privé et des personnes morales de droit public. Le droit fiscal
s’adresse aux personnes morales suivantes :

- Les sociétés de capitaux (société par actions, société en commandite par


actions, société à responsabilité limitée)

- Sociétés de personnes ayant opté pour le régime fiscal des sociétés de capitaux

- les groupes de sociétés

- Les sociétés civiles qui ne sont pas constituées en société par action ayant opté
pour le régime fiscal de l’IBS.

- les établissements et organismes publics à caractère industriel et commercial

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- les sociétés qui réalisent les opérations et produits mentionnés à l’article 12 du
CIDTA.

- Les sociétés coopératives et leurs unions, à l’exclusion de celles visées à


l’article 138 du CIDTA.

Ces personnes sont soumises à :

- l’impôt sur le bénéfice des sociétés

- taxe sur l’activité professionnelle

- taxe sur la valeur ajoutée

- taxe foncière

En plus de ces impôts et taxes, les personnes physiques et morales sont appelées
à s’acquitter des droits d’enregistrements et des droits de timbres à l’occasion de
tout acte constituant le fait générateur au paiement de ces types d’impositions.

Section 2 : Les obligations du contribuable

1) les obligations comptables du contribuable

Les contribuables sont soumis à diverses obligations comptables qui nous


renvoient au code de commerce, toutefois ces obligations de nature comptable
diffèrent selon le régime fiscal (régime d’imposition) auquel appartient le
contribuable, ainsi que les catégories de revenus réalisés.

- Les contribuables relevant du régime de l’impôt forfaitaire unique :

Les contribuables relevant du régime forfaitaire unique ont l’obligation de tenir


un registre des achats et des ventes coté et paraphé par les services fiscaux.
- Les contribuables relevant du régime du réel :
Relèvent du régime du réel les contribuables soumis à l’IRG dont le chiffre
d’affaires réalisé est supérieur à huit millions de dinars ; ainsi que les personnes
morales soumises à l’impôt sur le bénéfice des sociétés quelque soit le montant du
chiffre d’affaires réalisé (article 148 du CIDTA)
Ces contribuables sont dans l’obligation de détenir une comptabilité probante
conforme aux lois et règlements en vigueur (système comptable financier)
détention d’un registre (des achats et des ventes) et un livre d’inventaire cotés et
paraphés par les services fiscaux.

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2) Les obligations déclaratives :

Les contribuables de différentes catégories sont soumis à un certains nombres de


déclarations :

- La déclaration d’existence : déposée au début de l’activité auprès des


services compétents.

-Les déclarations mensuelles ou trimestrielles : dépôt de déclarations


mensuelles avant le 20 du mois qui suit le mois d’imposition ou le trimestre
d’imposition (déclaration G 50) auprès du receveur des impôts.

- La déclaration annuelle : les contribuables qui relèvent du régime du réel


doivent souscrire cette déclaration portant sur les revenus et bénéfices réalisés
de l’année (N-1).

- Déclaration prévisionnelle de l’IFU :


Les contribuables soumis au régime de l’impôt forfaitaire unique sont
tenus de souscrire cette déclaration auprès de l’inspecteur des impôts
du lieu d’implantation de l’activité.
- Déclaration complémentaire de l’IFU:
Une déclaration complémentaire est souscrite par les contribuables
concernés à l’année ( N+1).
- Bordereau avis de versement de l’IRG salaires (G50 ter) :
Les contribuables soumis au régime de l’impôt forfaitaire unique sont
tenus de verser, les sommes dues, au titre de l’IRG/ catégorie
«traitements et salaires » durant les vingt (20) premier jours du mois
suivant le trimestre civil au cours duquel les retenues ont été effectuée.
- Déclaration de cessation d’activité :

En cas de cession ou de cessation d’activité, une déclaration doit être souscrite


auprès des services d’assiette auprès desquels la déclaration d’existence a été
déposée, dans un délai de 10 jours de la date de la cession ou de la cessation de
l’activité.

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