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La répression des infractions fiscales au Cameroun

AVERTISSEMENT

La Faculté de Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Catholique d’Afrique Centrale


n’entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans ce rapport.
Celles-ci doivent être considérées comme propres à leur auteur.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

DEDICACE

À mes parents, qui m’ont toujours apporté leur soutien inconditionnel et indéfectible, m’ont
toujours accompagnée, encouragée et poussé à aller de l’avant.

Merci pour tout.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

REMERCIEMENTS

Ce thème de stage n’aurait pas vu le jour sans la contribution multiforme de certains acteurs à
qui nous ne saurons manquer de témoigner notre gratitude et notre profonde reconnaissance.

Nous adressons également nos sincères remerciements au :

Docteur Étienne NDENGA, qui a su nous encadrer, nous guider dans nos recherches et durant
toute la période de notre séjour au sein de l’UCAC ;

Professeur Claude ASSIRA, le Chef de Département de Droit privé de la Faculté des Sciences
Juridiques et Politiques de l’Université catholique d’Afrique centrale pour les conseils avisés ;

Docteur Pulchérie AMOUGUI, le doyen de la Faculté́ des Sciences Juridiques et Politiques


de l’UCAC pour l’accompagnement.

Notre gratitude va enfin à l’endroit du personnel enseignant de l’Université́ Catholique


d’Afrique Centrale, ainsi qu’ à notre famille pour le soutien inconditionnel et indéfectible.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

RESUME
En matière de finances, l’État exprime sa souveraineté de diverses manières notamment en
battant sa monnaie et en levant l’impôt. Ce dernier est un prélèvement pécuniaire opéré par
voie de contrainte par la puissance publique pour la couverture des charges publiques. Il
s’agit d’un tribut dû premièrement à la puissance publique pour ensuite être le bien
commun de tous les citoyens.

Ces citoyens pour lesquels l’impôt est redirigé ne cessent de commettre des actes dans le
but de se soustraire à leurs obligations fiscales, ce qui cause un véritable manque à gagner
au trésor public. L’état du fait de ces infractions éprouve de nombreuses difficultés à
mobiliser les ressources nécessaires à la couverture des charges publiques. En effet, les
infractions fiscales privent l’État de nombreuses ressources budgétaires indispensables à
sa croissance et à son développement. Ce qui l’empêche de pouvoir exercer les missions
régaliennes qui lui incombent. De même, Les montants qui échappent au trésor public du
fait de ces infractions peuvent être d’un ordre de grandeur comparable aux sommes
nécessaires à l’administration fiscale pour atteindre ses objectifs annuels.

Face à cette situation, diverses mesures répressives ont été mises sur pied par le législateur
fiscal afin de la combattre et permettre à l’État de recouvrer les recettes dont il est privé à cause
les fraudeurs à la loi fiscale. Ces mesures mises sur pied sont effectives aussi bien sur le plan
administratif de la répression que sur le plan pénal.

Cependant, ayant observé des distorsions entre les mesures mises sur pied et la pratique, nous
avons trouvé opportun de proposer des esquisses de solutions. Ces solutions permettraient d’une
part à l’administration de recouvrer davantage de recettes fiscales, et d’autre part favoriseraient
l’assainissement des rapports avec les contribuables à travers l’amélioration du civisme fiscal.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

ABSTRACT
When it comes to finance, the State expresses its sovereignty in a variety of ways, notably
by minting its own currency and levying taxes. The latter is a pecuniary levy imposed by public
authority to cover public expenses. It is a tribute owed firstly to the public authorities, and then
to the common good of all citizens.

These citizens, for whom taxes are redirected, are constantly committing acts aimed at
evading their tax obligations, causing a real loss of revenue for the public treasury. As a result,
the state has many difficulties in mobilizing the resources needed to cover public expenses.
Indeed, tax offences deprive the State of many of the budgetary resources essential to its growth
and development. As a result, it is unable to carry out its regal missions. At the same time, the
amounts lost to the treasury as a result of these offences can be comparable in magnitude to the
sums required by the tax authorities to meet their annual targets.

Faced with this situation, various repressive measures have been put in place by tax
legislators to combat it and enable the State to recover the revenue it is deprived of because of
tax evaders. These measures are effective in both administrative and penal terms.

However, having observed the discrepancies between the measures put in place and
practice, we thought it appropriate to propose some outline solutions. On the one hand, these
solutions would enable the administration to collect more tax revenue, and on the other hand,
they would help to improve relations with taxpayers through a better understanding of their
rights and obligations.

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES

AMR : Avis de Mise en Recouvrement

ANIF : Agence Nationale d’investigations financières

CGI : Code Général des Impôts

DGE : Direction des Grandes Entreprises

DGI : Direction Générale des Impôts

DSF : Déclaration Statistique et fiscale

IRPP : Impôt sur le revenu des personnes physiques

IS: Impôt sur les sociétés

LF : Loi de finances

LPF : Livre des Procédures fiscales

NIU : Numéro d’Identifiant Unique

OCDE : Organisation de coopération et développement économiques

TVA : Taxe sur la valeur ajoutée

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

SOMMAIRE
AVERTISSEMENT ............................................................................................................................... I

DEDICACE........................................................................................................................................... II

REMERCIEMENTS ........................................................................................................................... III

RESUME .............................................................................................................................................. IV

ABSTRACT .......................................................................................................................................... V
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES ......................................................................... VI
SOMMAIRE ...................................................................................................................................... VII
INTRODUCTION GENERALE.......................................................................................................... 1
CHAPITRE 1 : LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES INFRACTIONS FISCALES AU
CAMEROUN ......................................................................................................................................... 6
SECTION I : LE CONTENU DE LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES INFRACTIONS
FISCALES AU CAMEROUN .............................................................................................................. 6

SECTION II : LES LIMITES RÉSORBABLES DE LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES


INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN ............................................................................... 14

CHAPITRE 2 : LA RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS FISCALES AU


CAMEROUN ....................................................................................................................................... 20
SECTION I : LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS
FISCALES AU CAMEROUN ............................................................................................................ 20

SECTION II : LES LIMITES DE LA RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS FISCALES


AU CAMEROUN ET LES PROPOSITIONS DE SOLUTIONS..................................................... 24

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 29
ANNEXE……………....…………………………………………………………………………………………31

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

INTRODUCTION GENERALE

« La fraude est à l’impôt ce que l’ombre est à l’homme ». Cette phrase de Georges
Pompidou illustre les difficultés auxquelles se trouvent confrontés les États, engendrées par le
non-respect de leurs obligations fiscales par les citoyens 1 . La fiscalité, définie comme un
ensemble de pratiques utilisées par un État pour percevoir l’impôt et autres prélèvements
obligatoires, occupe une place importante dans le financement des dépenses publiques de l’État
et des collectivités territoriales.

Le phénomène fiscal dans le monde est très ancien. En effet, la contribution commune
aux dépenses publiques est prévue à l’article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen du 26 août 1789 qui dispose : « pour l’entretien de la force publique et pour les
dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable, elle doit être
également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ». Cette contribution
commune aux charges publiques est réalisable à travers le prélèvement de l’impôt, et d’autres
taxes et cotisations sociales. Le montant de ces impôts et taxes à acquitter correspond à une
cote part bien déterminée du revenu du contribuable.

L’État du Cameroun dans ses années 90 a connu une crise économique l’ayant affecté
de manière générale dans tout son fonctionnement. Cette situation pourtant calamiteuse a
favorisé la naissance de nombreuses activités économiques et commerciales dans tous les
domaines de la vie courante, ainsi que le développement du secteur informel par les citoyens
animés par un instinct de survie et le besoin de s’en sortir. L’État de son côté, animé par le
besoin de renflouer les caisses à travers la mobilisation davantage de recettes, a tenu à encadrer
ces diverses activités naissantes et grandissantes en prenant des mesures telles que
l’identification des contribuables à travers l’instauration d’un NIU et la création d’un fichier
national des contribuables, la mise en place de protocoles d’accord entre les contribuables du
secteur informel et l’administration fiscale2, l’élargissement de l’assiette fiscale et bien d’autres

1
Ibrahim Abdel-Lattuf. Le droit pénal fiscal : bilan et perspectives. In: Revue juridique de l'Ouest, 2012-
4. p. 431
2
Un protocole d’accord est un acte sous seing privé, public ou international qui constate un accord sur un ou
plusieurs point précis. L’objectif poursuivi par la rédaction d’un protocole d’accord est de persuader ces
contribuables du secteur informel à se soumettre à la loi fiscale en adhérant aux opérations d’identification,
d’immatriculation et de classification fiscale. En contrepartie, des avantages fiscaux leur sont accordés par
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La répression des infractions fiscales au Cameroun

mesures. Toutes ces mesures lui ont fortement permis de « booster » les postes de mobilisation
des recettes. Ainsi, chaque type de revenu engendré par un contribuable correspond un impôt
spécifique à dont il faut s’acquitter auprès de l’administration. À l’heure actuelle, les recettes
fiscales contribuent à elles seules à plus de 61% dans le processus de mobilisation des
ressources nécessaires au fonctionnement de l’État et ses démembrements qui sont les
Collectivités territoriales décentralisés et les établissements publics administratifs3.

Depuis lors, la fiscalité camerounaise, qui restitue à l’État la plénitude de ses


compétences en la matière, évolue au fil des années en épousant l’essor économique, social,
politique et démographique du pays. C’est ainsi qu’elle va successivement opérer des mutations
à la faveur des perspectives de relance économique et de croissance, fondées sur un partenariat
plus fructueux entre le secteur public et le secteur privé. La politique fiscale camerounaise prône
l’avènement d’un État fiscal moderne, imaginatif, recherchant des solutions adéquates devant
réconcilier les exigences de la ponction fiscale, l’égalité entre les citoyens avec l’atteinte des
objectifs de développement. C‘est donc dire qu’il y’a des liens étroits entre la fiscalité et
l’évolution de l’État ; lorsque le recouvrement de l’impôt et des autres prélèvements
obligatoires est effectué dans les normes, l’économie de l’État se porte au mieux.

Cependant, alors que les activités économiques connaissent un véritable essor et que
leurs mesures d’encadrement sur le plan fiscal se renforcent de plus en plus, de nombreuses
infractions se prolifèrent autour de ces activités génératrices de revenus. Le poids de ces
infractions se fait ressentir car, définies comme étant des actes délictueux consistant en des
violations des lois, règlements ou procédures de l’impôt et autres prélèvements obligatoires
dans le but de réduire sa charge fiscale, les infractions fiscales constituent un véritable manque
à gagner dans les recettes du Trésor public. En effet, présentés plus haut comme étant le moyen
par excellence de financement des dépenses publiques, l’impôt ainsi que tous les prélèvements
obligatoires suscitent des réactions depuis toujours. Ils sont souvent ressentis par les
contribuables comme une intrusion inique, entrainant alors des résistances ou des révoltes. Ces
résistances sont causées par plusieurs facteurs sur les plans psychologique, économique et
politique. Sur le plan psychologique, cela tient sans doute à l’élément de contrainte lié à tout
prélèvement obligatoire associé à l’impression désagréable que suscite l’acquittement de la

l’administration, tout ceci dans le but d’améliorer le civisme fiscal et le climat des affaires entre ces opérateurs et
l’administration, et surtout permettre à l’administration de recouvrer des recettes fiscales issues de ces activités
pour le renflouement des caisses de l’État.
3
Rapport annuel de la DGI pour l’exercice 2017 qui fait une présentation et une analyse de l’activité de
l’administration fiscale eu titre dudit exercice
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La répression des infractions fiscales au Cameroun

facture de l’impôt dont le montant est souvent assez important. Sur le plan économique, la
résistance à l’impôt est étroitement liée à la capacité contributive du contribuable ; ce dernier
prend généralement le risque de frauder lorsqu’il estime que la contribution aux charges
publiques qui est exigée de lui est exagérée ou va même au-delà de sa capacité contributive4.
Enfin sur le plan politique, les citoyens expriment leur confiance à l’État en payant les impôts
et ce dernier en retour, rétribue cette confiance par une procédure judicieuse de dépenses dans
l’intérêt général5. Le contribuable évalue ainsi l’impôt qu’il paye, à l’aune des services publics
dont il bénéficie, et lorsqu’il a le sentiment de prendre part à un marché de dupes, il réagit
parfois dans le but de sanctionner les gouvernants en cherchant à éluder sa contribution légitime
aux dépenses publiques, à réduire ou plus grave encore, ne pas s’acquitter de sa charge fiscale.

Sur la scène internationale, des révélations relatives aux scandales de fraude fiscale se
multiplient, par exemple le scandale des Panama Papers qui révèle au grand jour des montages
fiscaux complexes mis en place par plusieurs personnalités des pays européens pour échapper
à l’impôt , des montages qui représentent près de 1000 milliards d’euros de manque à gagner
pour ces États6. Ainsi dans la foulée du scandale, l’Union Européenne a étoffé son arsenal
juridique contre les infractions fiscales commises par les contribuables.

Le Cameroun dans la même lancée, a entrepris diverses mesures pour combattre et


dissuader les contribuables de commettre des infractions fiscales, afin d’accroître le
recouvrement des recettes qui lui sont normalement dues, atteindre ses objectifs de
développement, et limiter la croissance exponentielle de la dette publique. De même, plongé
dans un contexte de persistance des défis sécuritaires l’État du Cameroun plus que jamais, se
doit de générer suffisamment de ressources afin de pouvoir exercer l’une de ses missions
régaliennes qui consiste à assurer a sécurité de son territoire, et de la population qui y réside en
toute temps et contre toute forme de menace. Au regard de tout ce qui précède il est donc
nécessaire, voire indispensable de mettre sur pied, diverses mesures dans le but de lutter contre
la prolifération de ces infractions, voire les éradiquer.

La répression dans son sens littéraire est définie comme l’action d’infliger aux individus
coupables de faits délictueux des sanctions proportionnelles à leurs actes et prévues par la
règlementation en vigueur. Autrement dit, il s’agit de l’action de punir, incluant l’incrimination

4
Ndzana Biloa (A), sauvons l’impôt pour préserver l’État, les Éditions du Panthéon, Paris, 2018, p42
5
Ndzana Biloa (A), sauvons l’impôt pour préserver l’État, les Éditions du Panthéon, Paris, 2018, p42
6
Hanrion (O), Les Panama Papers devant la justice : le scandale qui a fait bouger la lutte contre l’évasion fiscale,
rtbf.be, 17 novembre 2022.
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La répression des infractions fiscales au Cameroun

les faits délictueux, la poursuite de leurs auteurs et l’infliction des peines7. Que ce soit dans le
domaine fiscal ou dans tout autre domaine, la répression poursuit un double objectif : la
réparation des dommages causés, et la dissuasion de réitérer un acte causant un préjudice à la
société. Le législateur camerounais, dans le souci de réguler l’activité fiscale a parfaitement
encadré la répression des infractions fiscales en définissant des omissions ou comportements
du contribuable qui peuvent être considérés comme des manquements à la loi fiscale et en
attribuant une sanction à chaque type d’infraction.

C’est dans ce contexte que se dessine la problématique de notre sujet. Bien que la
répression des infractions fiscales ait été encadrée par le législateur Camerounais, la résistance
des contribuables au paiement de l’impôt, la difficulté croissante de l’État à recouvrer les
recettes fiscales qui lui sont normalement dues donnent lieu à questionner l’effectivité de la
répression des infractions fiscales au Cameroun, et sur l’efficacité de ces mesures sur le
recouvrement de recettes fiscales. Autrement dit, quelles sont les mesures prises par l’État du
Cameroun pour réprimer les infractions fiscales au Cameroun ? Les mesures mises en place par
le législateur pour réprimer ces infractions sont-elles dissuasives ? Ce sujet revêt un triple
intérêt, juridique, fiscal et socio-économique.

Au plan fiscal, les mesures mises sur pied par les pouvoirs publics contribuent à
accroître les recettes fiscales de l’État en améliorant la capacité de collecte des impôts et en
dissuadant les contribuables de commettre des infractions fiscales.

Au plan juridique, ces réformes contribuent à améliorer la légalité des activités fiscales
à travers des mesures tendant à éliminer la corruption et les pratiques illicites dans la collecte
de l’impôt, tout en améliorant la transparence dans les relations avec les contribuables et la
responsabilité de l’Administration fiscale, réduisant ainsi les litiges fiscaux et les coûts qui y
sont associés.

Enfin, sous l’angle socio-économique, les réformes entreprises peuvent avoir un impact
positif sur l’activité économique de l’État ce qui permettra de financer les investissements
publics et par la même occasion la qualité de vie des citoyens, tout en instaurant un climat sain,
de confiance entre l’État à travers son administration fiscale et les citoyens.

7
Cornu (G),Vocabulaire juridique, puf, Paris, 2018 p.1914

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

L’administration fiscale interne, lorsqu’elle repère des contrevenants à la loi fiscale,


dispose de deux modalités de répression à savoir la répression administrative, qui est la plus
appliquée et qui consiste à l’infliction des sanctions administratives dites fiscales, et la
répression pénale, un peu plus rare, qui consiste en des peines correctionnelles appliquées par
les tribunaux de l’ordre judiciaire pour réprimer les infractions d’une certaine gravité.

Au regard de ce qui précède, notre étude sera articulée autour de deux principales parties
à savoir la répression administrative des infractions fiscales (Chapitre 1) et la répression pénale
des infractions fiscales (Chapitre 2).

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

CHAPITRE 1 : LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES INFRACTIONS


FISCALES AU CAMEROUN

Par infractions fiscales, on entend des actes délictueux consistant en des violations des
lois, règlements ou procédures de l’impôt et autres prélèvements obligatoires dans le but de
réduire sa charge fiscale.

Dans le cadre de ce chapitre, nous allons étudier successivement le contenu de la


répression administrative (section I) et les limites de cette répression (section 2).

SECTION I : LE CONTENU DE LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES


INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN

La répression administrative fiscale obéit à une procédure bien élaborée en amont. En


effet, de nombreuses investigations sont préalablement menées par les agents de
l’administration fiscale, leur permettant de détecter les contrevenants à la loi fiscale afin de
pouvoir leur appliquer les sanctions fiscales adéquates. C’est tout cet arsenal qui constitue le
contenu de la répression administrative des infractions fiscales. C’est ainsi que dans cette
section, nous allons étudier en premier lieu des préalables à la répression fiscale administrative
(paragraphe 1) et en second lieu, des sanctions fiscales administratives proprement dites
(paragraphe 2).

PARAGRAPHE I : LES PRÉALABLES À LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE


FISCALE

Le système fiscal camerounais repose sur un contrat moral entre l’État et les citoyens.
Les contribuables effectuent sous leur responsabilité une déclaration d’impôts (A) qui bénéficie
d’une présomption de sincérité ; en contrepartie l’administration dispose d’un pouvoir de
contrôle (B) afin de détecter les contribuables qui ont l’intention de transgresser la loi fiscale.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

A- Les libres déclarations des contribuables

Le système fiscal camerounais, hérité de la colonisation française est d’essence


déclaratif, c’est-à-dire fondé sur la libre déclaration par le contribuable de ses revenus. Il s’agit
d’une procédure consistant à donner en amont au contribuable la latitude de produire une
déclaration de tous les impôts engendrés par les revenus réalisés ou par les différentes
opérations de l’activité exploitée, et sur la base de laquelle il paye les impôts et taxes
correspondants.

La déclaration souscrite par le contribuable bénéficie de la présomption d’exactitude et


de sincérité. C’est sur la base d’une confiance requise par le législateur que l’administration
fiscale reçoit les déclarations du contribuable en toute confiance ; celui qui dépose une
déclaration est présumé honnête.

Dans la pratique, le contribuable lui-même, sur la base des revenus engendrés par
l’activité qu’il exploite, déclare la matière imposable, calcule le montant de l’impôt en fonction
des taux et modalités prévus par la réglementation en vigueur, et par la suite s’acquitte
spontanément dudit montant à la recette des impôts. Dans le système déclaratif, le contribuable
détient un rôle très actif. C’est un élément d’acceptation de l’impôt. Il permet de convaincre
chaque contribuable de la légitimité du paiement de l’impôt, d’asseoir l’impôt sur une assiette
non approximative et non forfaitaire et en tenant compte de la situation réelle, personnelle et
surtout actuelle du contribuable. Enfin, il permet au contribuable de prévoir quel sera son impôt
et le cas échéant, d’intégrer le paiement de cet impôt dans la gestion financière de ses activités.
Les déclarations d’impôts des contribuables se font en ligne sur le site de la Direction Générale
des Impôts, dans un compte propre au contribuable, au plus tard le 15 du mois suivant.

Les déclarations d’impôts souscrites par les contribuables ne sont pas totalement libres
car en aval, l’État procède à un contrôle de celles-ci.

B- La contrepartie de la confiance faite au contribuable : le contrôle fiscal

La liberté de déclaration reconnue au contribuable emporte un droit de contrôle. Le


droit de contrôle est institué par le livre des procédures fiscales du Code Général des Impôts en
son article L9 en ces termes : « Les agents des impôts assermentés ayant au moins le grade
d’Inspecteur ont le pouvoir d’assurer le contrôle de l’assiette de tous les impôts et taxes dus par
les contribuables qu’ils vérifient ». Autrement dit, le droit de contrôle reconnu à
l’administration fiscale est une procédure par laquelle l’administration fiscale s’assure de la

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

sincérité des déclarations reçues, sur la base desquelles les impositions ont été établies8. Le
contrôle fiscal a pour objectifs de détecter et réparer les éventuelles omissions insuffisances et
inexactitudes constatées dans l’assiette de l’impôt, de sanctionner les comportements
frauduleux 9 , également de dissuader toute velléité de fraude. Il permet également aux
vérificateurs de faire plus ample connaissance de chaque contribuable, de la spécificité de son
activité, et des éventuelles difficultés d’application de la loi fiscale auxquelles il fait face.

Il existe deux types de contrôles fiscaux à savoir le contrôle sur pièce et le contrôle sur
place. Le contrôle sur pièces c’est le contrôle effectué par l’administration dans ses locaux, des
déclarations souscrites par le contribuable ou encore des actes utilisés par le contribuable pour
obtenir des déductions, des restitutions ou des remboursements, sans envoi d’un avis préalable.
À la fin de ce contrôle, si l’administration constate des incohérences dans les déclarations et
actes déposés par le contribuable, une notification primitive lui sera envoyée afin qu’il réponde
des incohérences relevées par les agents de l’administration. L’Administration fiscale peut
également à la suite d’un contrôle sur pièces, déclencher un contrôle sur place.

Relativement au contrôle sur place, il s’agit de la vérification de la comptabilité des


contribuables astreints à présenter et à tenir des documents comptables. Ce contrôle s’exerce au
siège de l’entreprise ou à son principal établissement, ou encore, dans les locaux de son conseil
ou comptable. Le contrôle sur place doit être notifié au contribuable au moins quinze (15) jours
avant la date de la première intervention, par l’envoi d’un avis de vérification et de passage de
l’administration fiscale, accompagné de la charte du contribuable. Toutefois, en cas de contrôle
inopiné pour les contribuables les plus suspects, ces documents leur seront remis en mains
propres lors de la première intervention10. La vérification de la comptabilité peut être générale,
c’est-à-dire, lorsqu’elle porte sur tous les impôts de toutes la période non prescrite ou partielle,
lorsqu’elle porte sur une partie de la période non prescrite ou au contrôle d’un impôt donné sur
tout ou partie de la période non prescrite11. En plus de la vérification générale de la comptabilité,
l’administration peut également procéder à la vérification de la situation fiscale d’ensemble et
au contrôle ponctuel. La vérification de la situation fiscale d’ensemble consiste au contrôle de
cohérence entre les revenus déclarés par le contribuable au titre de l’impôt sur le revenu, et la
situation de sa trésorerie, de son patrimoine et des éléments de son train de vie. Le contrôle

8
NDZANA BILOA (A) (S), sauvons l’impôt pour préserver l’Etat, les Editions du Panthéon, Paris, 2018, p.130
9
BAUDU (A), L’essentiel du droit des procédures fiscales, Lextenso, Paris, 2018, p.
10
Ministère des Finances, Charte du Contribuable Vérifié, 2010, p20
11
Article L16 du Livre des Procédures Fiscales du Code Général des Impôts
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

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La répression des infractions fiscales au Cameroun

ponctuel quant à lui consiste au contrôle des impôts à versement spontané, droits ou taxes sur
une période inférieure à un exercice fiscal.

L’Administration Fiscale dispose de nombreuses prérogatives pour exercer ses missions


de contrôle fiscal qui sont le droit de communication et le droit de reprise. Le droit de
communication est le droit qui permet à l’administration d’obtenir des renseignements sur la
situation financière des contribuables, ou encore, de prendre connaissance et au besoin copie
des documents détenus par des tiers. Le droit de reprise, est la faculté reconnue à
l’administration de réparer les omissions et erreurs dans la base d’imposition du contribuable
dans un délai légal de quatre (04) années à l’expiration duquel le fisc ne pourra plus établir une
imposition supplémentaire.

A la fin du contrôle opéré, l’Administration fiscale transmet au contribuable les


redressements12 qu’elle entend retenir. Il convient de noter que les redressements fiscaux sont
de la compétence exclusive de l’Administration fiscale. Tout autre organisme public de contrôle
des comptes financiers et sociaux autre que l’Administration fiscale, qui constate à l’occasion
de ses missions de contrôle, des infractions à la législation fiscale, doit en informer d’office
l’administration fiscale. Celle-ci engage immédiatement une opération de contrôle fiscal dans
les conditions fixées par le Code Général des Impôts.

Tel est par exemple le cas de l’affaire Ministère Public et Etat du Cameroun (MINFI) et
M. Evina Akono, dans laquelle l’ANIF, agence Nationale d’investigation financière a été le
lanceur d’alerte 13 en 2006, d’une importante affaire de fraude fiscale, l’utilisation de faux
documents pour se faire rembourser un crédit de TVA d’un montant de 33.600.000 F CFA14.
Cette agence a signalé à l’administration fiscale, d’importants virements bancaires effectués à
l’ordre de l’État du Cameroun au profit d’un compte bancaire appartenant à une société
forestière. Ces virements ont été effectués en guise de remboursement de crédit de TVA déclaré
par M. Evina Akono, qui aurait utilisé de faux documents bancaires pour se faire payer. Ainsi,
lorsque de telles affaires sont portées à la connaissance de l’Administration fiscale, elle
programme un contrôle fiscal afin de déceler la réalité des faits.

12
Un redressement fiscal est une procédure par laquelle l’administration rectifie une erreur ou une fraude dans la
déclaration du contribuable. Il s’agit de corriger la base d’imposition du contribuable et de lui réclamer le paiement
des impôts dus éventuellement majorés des pénalités.
13
Un lanceur d’alerte est une personne qui signale ou divulgue des informations portant sur des pratiques fiscales
illégales ou frauduleuses, un crime, un délit, une menace ou un préjudice pour l’intérêt général, une violation ou
une tentative de dissimulation d’une violation.
14
Actu Cameroun, 21 Juin 2021
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

9
La répression des infractions fiscales au Cameroun

À la suite du contrôle fiscal, si l’administration découvre des anomalies des omissions,


des incohérences, des irrégularités dans les déclarations du contribuable, elle lui adresse une
notification dans laquelle elle l’informe des redressements effectués en lui donnant un délai
pour s’acquitter de sa dette. Si le contribuable résiste, il sera soumis à des poursuites et sanctions
prévues par le législateur fiscal.

PARAGRAPHE II : LES SANCTIONS FISCALES MISES EN PLACE PAR


L’ADMINISTRATION FISCALE

L’administration fiscale est détentrice du pouvoir exécutoire ; elle dispose de la faculté de


réprimer les fautes, les défaillances et les fraudes des contribuables. C’est dans cette optique
qu’elle a institué différentes sanctions à l’égard des contribuables qui se seraient soustrait à
leurs obligations fiscales. Il existe deux principaux types d’infractions fiscales internes sont la
fraude fiscale et l’évasion fiscale. La fraude fiscale est un ensemble de mécanismes mis en
œuvre de manière illégale par le contribuable pour échapper à ses obligations fiscales. Elle peut
prendre diverses formes à savoir, le refus de produire des déclarations, l’utilisation frauduleuse
ou la non utilisation d’un NIU pour l’exercice d’une activité, l’absence de facture ou
l’utilisation de fausses factures, ainsi que l’absence de paiement ou le paiement tardif des
impôts. Pour ce qui est de l’évasion fiscale, il s’agit de l’utilisation de la loi, l’exploitation de
ses failles et carences pour échapper au paiement de l’impôt15.
Les sanctions fiscales infligées par l’administration fiscale sont pour la plupart de peines
pécuniaires, qui ont souvent un caractère de réparation civile, et peuvent prendre la forme de
pénalités fixes ou proportionnelles à l’infraction. Ces pénalités peuvent être assorties ou non
d’intérêt de retard ou varier selon que le contribuable est ou non de bonne foi. La base de ces
pénalités est le montant des droits mis à la charge du contribuable. Les sanctions fiscales
trouvent leur fondement dans le Livre des Procédures Fiscales qui distingue les sanctions en
matière d’assiette (B) des sanctions en matière de recouvrement (C). Mais avant de passer à
l’étude de ces types de sanctions, nous allons au préalable nous attarder sur le cas particulier de
l’intérêt de retard (A).

15
L’évasion fiscale peut être mise en œuvre lors des transactions intragroupes. Les sociétés d’un même groupe
peuvent pratiquer l’évasion fiscale en rapatriant les bénéfices du groupe vers des filiales domiciliées dans des pays
à fiscalité moins élevée. Le rapatriement des bénéfices peut s’effectuer lors des opérations de ventes de biens ou
de services par une minoration ou majoration, le prix payé en surplus constituant le bénéfice transféré.
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

10
La répression des infractions fiscales au Cameroun

A- Le cas particulier de l’intérêt de retard

Il s’avère nécessaire de nous attarder sur le caractère particulier de l‘intérêt de retard


dans la mesure où, en dépit du fait qu’il soit une est pénalité pécuniaire, il n’est pas une
sanction fiscale proprement dite. En effet, l’intérêt de retard est appliqué à toute créance fiscale
dont l’établissement ou le recouvrement incombe à l’administration fiscale et qui n’a pas été
acquittée dans le délai légal16. D’après la charte du contribuable, c’est le prix de l’argent avancé
par l’État du fait du retard de paiement des impôts. C’est également « le loyer de l’argent dû au
Trésor par le contribuable en situation irrégulière »17. En matière d’assiette et de recouvrement,
le taux de l’intérêt de retard est de 1,5% par mois de retard plafonné à 50 % des droits mis à la
charge du contribuable. Pour les cas des impôts à versement spontané, toute déclaration ou
paiement tardif entrainent en plus de l’intérêt de retard sus visé l’application d’une pénalité de
10% par mois de retard, sans excéder 30% de l’impôt dû en principal.

B- Les pénalités en matière d’assiette

Les pénalités en matière d’assiette sont celles-là qui sanctionnent l’insuffisance ou


l’absence de déclaration au regard des délais légaux ; l’absence d’indication du Numéro
d’Identifiant Unique, et l’absence de facture ou l’établissement ou l’utilisation de fausse facture.
Elles sont assises sur le montant de l’impôt dû, éludé ou fixé forfaitairement par la loi.

Conformément à l’article L 96 du livre des procédures fiscales du Code Général des


Impôts, les insuffisances, omissions ou dissimulations qui affectent la base ou les éléments
d’imposition et qui ont conduit l’Administration à effectuer des redressements sont soumises
en sus de l’intérêt de retard, à l’application des majorations de 30% en cas de bonne foi, 100%
en cas de mauvaise foi, et 150% en cas de manœuvres frauduleuses. Le défaut de souscription
d’une déclaration après mise en demeure donne lieu à une taxation d’office et la majoration de
la cotisation normalement due à 100%, 150% en cas de récidive. La mauvaise foi est établie
lorsque le service prouve que le contribuable a eu connaissance des faits ou des situations qui
motivent les redressements. En effet, pour l’application des pénalités, la bonne foi du
contribuable étant toujours présumée, il appartient à l’administration d’établir la preuve de la
mauvaise foi du contribuable à travers des facteurs tels que l’importance des redressements par
rapport aux revenus déclarés ; la nature des redressements, certaines règles ou situations de fait

16
Baudu (A), l’essentiel du droit des procédures fiscales, Lextenso, Paris 2018, p.111
17
Grosclaude (J), Marchessou (P), Procédures fiscales, Dalloz, Paris, 2014, p.274
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

11
La répression des infractions fiscales au Cameroun

étant supposées être connues ; la fréquence des redressements lorsque les erreurs répétées de la
part du contribuable sont telles que sa bonne foi ne puisse être retenue.18

Le non dépôt ou la non transmission de la Déclaration Statistique et Fiscale19 dans les


délais prévus par la loi donne lieu à l’application d’une amende forfaitaire correspondant à cinq
millions (5 000 000) F CFA pour les entreprises relevant de la Direction des Grandes
Entreprises ; un million (1 000 000) F CFA pour les entreprises relevant des Centres des Impôts
des Moyennes Entreprises et des Centres Spécialisés des impôts, et enfin deux cent cinquante
mille (250 000) F CFA pour les entreprises relevant des Centres Divisionnaires des Impôts.

La réalisation d’une activité économique sans Numéro d’Identifiant Unique 20


et
l’utilisation frauduleuse d’un NIU donnent lieu respectivement à une amende forfaitaire de deux
cent cinquante mille (250 000) F CFA de cent mille (100 000) FCFA et un million (1 000 000)
F CFA. De même, l’absence d’indication sur la facture du NIU entraine la non déduction du
montant de la TVA mentionné sur cette facture. La vente de biens ou toutes prestations de
services n’ayant pas fait l’objet de facturation ou pour laquelle une facture erronée ou
incomplète aura été établie, reçue ou utilisée par un professionnel est sanctionnée par une
amende égale à 100% de la valeur de la transaction avec un minimum de cent mille (100 000)
F CFA. Tout remboursement de crédits de TVA obtenu sur la base de fausses factures donne
lieu à restitution immédiate des sommes indûment perçues, assortie de pénalités de 100% non
susceptibles de transaction.

C- Les sanctions en matière de recouvrement

Le recouvrement de l’impôt désigne l’ensemble des opérations qui ont pour objet
d’obtenir le versement des impôts par les contribuables dans les caisses du Trésor public 21. Il

18
Circulaire n 00002/ MINFI/ DGI/LC/L du 11janvier 2008 précisant les modalités d’application des dispositions
fiscales de la loi de finances pour l’exercice 2008
19
La Déclaration Statistique et Fiscale (DSF) est le résultat de l’arrêté des comptes de toute entreprise. C’est un
ensemble de tableaux qui retrace sa situation patrimoniale au cours d’un exercice donné. Tout contribuable est
légalement astreint de la déposer au plus tard de 15 mars de l’exercice suivant.
20
Le NIU est indispensable pour l’exercice d’une activité économique, l’ouverture d’un compte auprès des
établissements de crédit et de microfinance ainsi que de nombreuses autres opérations de la vie courante.
21
Le recouvrement des impôts, droits et taxes, est confié au Receveur des impôts. À ce titre, il a pleine capacité
d’exercer toutes les poursuites contre tous les redevables de créances fiscales. Les poursuites pour recouvrement
sont enclenchées à travers un titre exécutoire qui est l’Avis de Mise en Recouvrement, lorsque les déclarations ne
sont pas accompagnées de moyen de paiement dans les délais légaux. À compter de la réception de l’avis de mise
en recouvrement, le contribuable dispose d’un délai de 15 jours pour acquitter sa dette. Ce délai est de 30 jours
lorsque la dette fiscale est consécutive à un contrôle fiscal. En cas de défaut de paiement dans les délais des sommes
mentionnées dans l’AMR, le Receveur des impôts déclenche les mesures de poursuites. Elles commencent par la
notification de la mise en demeure valant commandement de payer qui est un acte écrit, visé par le receveur qui
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

12
La répression des infractions fiscales au Cameroun

existe deux types de sanctions en matière de recouvrement à savoir les sanctions dites purement
administratives et les sanctions pécuniaires.

Relativement aux sanctions purement administratives, il s’agit du blocage des comptes


bancaires, l’avis à tiers détenteur, l’exclusion des marchés, la fermeture d’établissement.
Parlant du blocage des comptes bancaires, l’article L 76 du Livre des Procédures Fiscales du
Code Général des impôts dispose « Les Receveurs régionaux des impôts et les Receveurs des
impôts des unités de gestion spécialisées peuvent procéder au blocage des comptes bancaires
du contribuable sans préjudice des sanctions prévues par ailleurs en cas de non-règlement à
l’échéance, et après une mise en demeure, des sommes dûment liquidées ».
Pour ce qui est de la fermeture d’établissement, l’article L 77 du Livre des Procédures Fiscales
du Code Général des impôts dispose « Le Receveur des impôts territorialement compétent peut
procéder à la fermeture d’office et immédiate de l’établissement ou des établissements, sans
préjudice des sanctions prévues par ailleurs, en cas de non-règlement après mise en demeure
des sommes dûment liquidées. La fermeture d’un établissement prend fin immédiatement avec
le paiement des sommes dues. »
Enfin, relativement à l’exclusion des marchés publics l’article L 79 dispose « Le non-paiement
après une mise en demeure, des impôts, droits ou taxes donne lieu à une interdiction temporaire
de soumissionner des marchés publics, de se porter acquéreur d’une entreprise publique en voie
de privatisation, de participer aux opérations boursières ou de soumissionner les titres
d’exploitation forestière ; et une interdiction définitive en cas de récidive ».
En plus des sanctions purement administratives sus citées, l’administration inflige
également des sanctions financières aux contribuables coupables de défaut ou de retard de
paiement des impôts dus dans les délais fixés par la loi. Elles ont pour base de calcul le montant
des droits et pénalités pour lequel le paiement n’est pas intervenu dans le délai prévu par la loi.
C’est ainsi qu’aux termes de l’article 106 alinéa 1 du Livre des Procédures Fiscales du
Code Général des Impôts, le paiement tardif des impôts, entraine l’application d’un intérêt de
retard de 1,5% par mois de retard. De plus, pour le cas particulier des impôts à versement
spontané, toute déclaration ou paiement tardif entraînent l’application d’une pénalité de 10%
par mois de retard, sans excéder 30% de l’impôt dû en principal. En ce qui concerne les droits

donne commandement de payer en lui accordant un délai de huit jours pour apurer sa dette. Par la suite donc
interviennent les sanctions purement administratives et les sanctions pécuniaires.
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

13
La répression des infractions fiscales au Cameroun

d’enregistrement, le défaut ou le retard de paiement entraîne l’application d’un droit en sus égal
au droit simple.

Enfin, toujours en matière de sanctions de recouvrement, l’article L 106 alinéa 2 du Livre des
Procédures Fiscales du Code Général des Impôts dispose « Le non reversement dans les délais
prescrits par la loi des impôts, droits et taxes retenus à la source donne lieu à l’application d’une
amende forfaitaire non susceptible de remise ou de modération suivant le barème ci-après : de
0 à 5000000: F CFA cinq cent mille (500 000) ; de 5 000 001 à 25 000 000 F CFA deux millions
(2 000 000) ; de 25 000 001 à 50000 000 : F CFA cinq millions (5 000 000) ; plus de 50000
000: F CFA dix millions (10 000 000) ».

Bien que la répression administrative des infractions fiscale au Cameroun soit effective,
nous rencontrons tout de même des limites à cette répression, limites auxquelles nous avons
jugé utile d’apporter des esquisses de solutions.

SECTION II : LES LIMITES RÉSORBABLES DE LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE


DES INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN

La lutte contre les infractions fiscales est une priorité dans les États du monde entier et
au Cameroun en particulier, car elles ont des conséquences nocives sur l’économie de l’État.
En effet, elles entraînent une mauvaise répartition de la charge fiscale entre les contribuable au
détriment de ceux qui ne fraudent pas ou qui n’ont pas la possibilité de frauder ; favorisent une
diminution considérable de la charge fiscale de l’entreprise qui la pratique, ce qui lui donne un
avantage comparatif et introduit des distorsions dans la concurrence ; provoquent un manque à
gagner considérable pour le Trésor Public ; et enfin, peuvent par effet de contagion exercer une
attraction sur les contribuables honnêtes qui, avec le temps, finissent par sombrer22. Au regard
du comportement des contribuables qui ménagent suffisamment d’efforts pour se conformer à
leurs obligations fiscales, nous pouvons affirmer que les différentes mesures de poursuite des
infractions fiscales et les sanctions infligées au contribuable sont pour la plupart
dissuasives dans la mesure où elles contribuent à diminuer de manière assez remarquable
l’incivisme des contribuables23 et au fil des années, on observe l’accroissement des recettes
provenant de l’administration fiscale interne.

22
Ndzana Biloa (A), sauvons l’impôt pour préserver l’État, les Éditions du Panthéon, Paris, 2018, p43
23
On voit en effet de nombreux contribuables qui ménagent assez d’efforts pour se conformer à la loi fiscale
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

14
La répression des infractions fiscales au Cameroun

En effet, à la lecture et analyse des rapports d’activité annuels et décennaux de la


Direction Générale des Impôts, les recettes fiscales recouvrées par l’administration fiscale
s’accroissent. C’est ainsi que, dans la décennie 2010 à 2020, un dédoublement des recettes
fiscales a été observé, recettes qui sont passées de 1937 milliards à 2261,8 milliards, pour une
contribution propre aux ressources de l’état qui passe de 48,5% au début de la décennie et se
hisse à 58,7% en 2020. Ces chiffres passent de 2426 milliards en 2022 ce qui représente une
hausse des recettes fiscales internes de plus de 410 milliards24. Il est cependant utile de relever
que l’accroissement des recettes fiscales au fil des années est surtout dû aux mesures
d’élargissement de l’assiette fiscale prises par l’administration pour générer davantage de
recettes.

S’il est certes vrai que les mesures de répression des infractions fiscales contribuent à
les réduire, l’Etat éprouve quand même certaines difficultés à recouvrer les recettes qui lui sont
normalement dues et pour cause, des contribuables qui ne se soumettent pas à leurs obligations
fiscales. Cette situation est due à certaines limites dans la répression administrative des
infractions fiscales. C’est dans cette logique qu’après avoir relevé les limites de la répression
administrative des infractions fiscales au Cameroun, (Paragraphe I), nous ferons des
propositions de solutions pour l’amélioration de cette répression (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I- LES LIMITES DE LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES


INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN

Les limites la répression des infractions fiscales au Cameroun sont liées aux contrôles
fiscaux programmés par l’administration qui remontent sur de longues périodes et la non

assistance des contribuables par l’administration sur des question fiscales de fond.

A- La programmation des contrôles fiscaux de plusieurs exercices cumulés

Comme nous l’avons souligné ci-dessus, l’administration fiscale dispose d’un droit de
contrôle des déclarations souscrites par les contribuables. Ce droit de contrôle confère un droit
de reprise qui est de 04 ans ; c’est le droit reconnu à l’administration fiscale d’étendre un
contrôle fiscal sur les quatre années précédant l’exercice en cours. En effet, conformément à
l’article L34 du Livre des Procédures Fiscales du Code général des impôts, « Les omissions
totales ou partielles constatées dans l’assiette de l’impôt, les insuffisances et inexactitudes ou

24
DGI Cameroun, Rapport décennal 2010- 2020, qui fait état du bilan des performances réalisées et des réformes
menées par l’Administration fiscale au cours de la décennie 2010- 2020
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

15
La répression des infractions fiscales au Cameroun

les erreurs d’imposition, peuvent être réparées par l’Administration jusqu’à la fin de la
quatrième année suivant celle au titre de laquelle l’impôt ou la taxe est exigible. ».

C’est ainsi que, les contrôles fiscaux programmés par l’administration se font pour la
plupart du temps sur quatre années ou au minimum trois années. Ce mécanisme de contrôle
entraîne toujours des redressements énormes que les contribuables par la suite ne parviennent
pas à s’acquitter, car ne disposant pas souvent de trésorerie nécessaire pour payer cette facture
d’impôts exorbitante.

Cette situation entraîne de nombreuses conséquences. Premièrement au lieu de lutter


contre la fraude fiscale, elle contribuera à l’aggraver dans la mesure où les contribuables,
désireux de développer leurs activités et engendrer le maximum de profits possible, au lieu
d’essayer de s’arrimer à la loi fiscale, vont plutôt trouver des moyens de plus en plus
sophistiqués pour pouvoir se soustraire à leurs obligations fiscales en développant des
techniques et des montages qui s’avèreront très difficilement détectables lors des contrôles
fiscaux.

Ensuite, cette situation peut également être un facteur de développement de la corruption


au sein de l’État dans la mesure où le contribuable face à ces redressements importants,
cherchera toujours à trouver des arrangements avec les agents des impôts autres que ceux
encadrés par loi, et qui seront avantageux aussi bien pour ces contrôleurs sur un plan personnel
que pour le contribuable lui-même qui désireux de voir sa facture diminuer.

Enfin, cela n’encourage pas l’investissement privé qui est très souvent prôné par l’État
lui-même. En effet, de nombreux contribuables face à ces redressements colossaux viennent
souvent à se décourager et laisser tomber l’activité car ne disposant pas de trésorerie suffisante,
ou encore ne disposant pas de ressources nécessaire afin de pallier à ce type de difficulté et
continuer d’exercer l’activité pour payer la facture d’impôt. Cela est un frein pour le
développement de l’économie et par conséquent de l’État lui-même qui en a besoin pour
fonctionner.

B- La non-assistance de l’administration fiscale aux contribuables

De nombreux contribuables, commettent des infractions fiscales de bonne foi car ne


maitrisant pas toujours tous les contours et spécificités de la loi fiscale, les règles de calcul.
Ceux-ci sont souvent sanctionnés pour des erreurs qu’ils commettent de bonne foi lors de la
liquidation de leurs impôts à reverser à l’administration, lorsque cette dernière découvre ces

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

16
La répression des infractions fiscales au Cameroun

omissions au moment des contrôles. Même si nul n’est censé ignorer la loi, de simples écrits
(pour la plupart difficiles d’interprétation) que constituent des textes de loi tels que le Code
Général des impôts, les lois de finance, les arrêtés, les circulaires explicatives des lois de
finances ne peuvent pas permettre à eux seuls aux contribuables de maîtriser les contours et les
spécificités de la loi fiscale.

C’est par exemple le cas en matière de droits d’enregistrement. Il existe de nombreux


actes soumis à l’enregistrement, et chacun de ces actes revêt des modalités particulières
d’enregistrement. Les contribuables avant de déposer leur acte à la formalité procèdent eux
même à la liquidation en ligne suivi du paiement des droits d’enregistrement. Une fois l’acte
déposé, les agents des impôts procèdent à l’analyse de l’acte pour s’assurer qu’il n’y aurait pas
d’éventuelles erreurs. En cas d’erreurs constatées sur la liquidation qui a affecté la base de
calcul des droits en la minorant, si la liquidation complémentaire intervient après le délai prévu
par la loi pour l’enregistrement de l’acte, le contribuable sera astreint aux pénalités de retard
(droit en sus) correspondant à 100% du montant des droits d’enregistrement à payer. C’est
également le cas de nombreux impôts et taxes que le contribuable liquide lui-même avant de
payer le montant y afférent et par la suite lors des contrôles se voit attribuer des pénalités même
si l’erreur ou l’omission a été commise de bonne foi. Cette situation est un peu injuste pour le
contribuable animé de bonne foi et désireux de coopérer avec la loi fiscale.

En somme, la répression administrative des infractions fiscales au Cameroun rencontre


des difficultés liées aux contrôles fiscaux qui s’étendent sur des périodes relativement longues,
ce qui cause des redressements énormes dont la plupart de contribuables n’arrivent pas souvent
à s’acquitter. Et la faible connaissance des contribuables sur des questions fiscales, ce qui ne
leur permet pas de savoir déterminer le montant exact de l’impôt à s’acquitter. Face à ces
défaillances, nous avons trouvé utile de faire quelques propositions de solutions, afin
d’améliorer le recouvrement des impôts dus à l’administration.

PARAGRAPHE II : DES ESQUISSES DE SOLUTIONS À LA RÉPRESSION


ADMINISTRATIVE DES INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN

Les solutions proposées aux limites de la répression administrative des infractions


fiscales au Cameroun sont relatives à une programmation plus régulière des contrôles fiscaux
par l’administration (A) et la formation ou sensibilisation des contribuables sur des questions
fiscales de fond par l’administration fiscale (B).

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

17
La répression des infractions fiscales au Cameroun

A- La programmation plus régulière des contrôles fiscaux

L’administration fiscale devrait régulièrement effectuer des contrôles fiscaux


approfondis et informer les contribuables de régulariser systématiquement et progressivement
les erreurs constatées au fur et à mesure qu’elles sont commises. Ainsi, quand bien même elle
viendrait à exercer son droit de contrôle sur place annexé à son droit de reprise qui est de quatre
années, les éventuels redressements qui y résulteraient seraient assez digestes pour le
contribuable qui pourra dès lors s’acquitter de sa dette. Cela fera en sorte que les contribuables
soient plus disciplinés car redoutant les contrôles réguliers, et cela permettra également à
l’administration de recouvrer un peu plus de recettes découlant des déclarations d’impôts des
contribuables que celles générées à l’heure actuelle.

Les contrôles fiscaux qui s’effectuent sur quatre ou trois années cumulées sans
vérifications préalables conduisent à des redressements trop importants que les contribuables
n’arrivent pas souvent à régulariser. Cela ne permet pas toujours à l’administration de recouvrer
toutes les recettes qui lui sont dues malgré les arrangements ou accords souvent passés entre les
agents chargés du contrôle et le contribuable. Cela traduit également une insuffisance de
contrôle car le délai de trois mois dont dispose les vérificateurs25 , qui en même temps effectuent
d’autres taches en lien avec leur profession, n’est pas toujours suffisant pour pouvoir détecter
toutes les erreurs, omission commises par les contribuables pendant quatre ou trois exercices
fiscaux. Programmer de contrôles régulièrement permettra à l’administration de recouvrer
progressivement le maximum de recettes qui lui sont normalement dues.

B- La formation et la sensibilisation des contribuables par les agents de


l’administration fiscale

L’administration fiscale, lorsqu’elle se rend compte des erreurs et omissions commises


par le contribuable ne doit pas se limiter uniquement à exercer son pouvoir de sanction à travers
l’application des pénalités pécuniaires et autres sanctions. Elle devrait également revêtir une
casquette de formateur en prenant la peine d’expliquer au contribuable comment s’y prendre.

S’il est certes vrai que l’administration organise souvent des séminaires de formation
ouverts aux contribuables, ils portent pour la plupart du temps sur la formation et la
sensibilisation aux télé-procédures, sur des aspects techniques et mécaniques par exemple le

25
Ce délai peut toutefois être prorogé par l’administration à la demande des vérificateurs

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

18
La répression des infractions fiscales au Cameroun

séminaire sur le processus de télé déclaration des DSF, la méthode de création d’un NIU et
autres. Des questions de fond telles que les méthodes de calcul des droits et taxes, détermination
des bases d’imposition, différents traitements fiscaux réservés aux actes passés en société, qui
sont des points sur lesquels les contribuables sont régulièrement redressés lors des contrôles
n’y sont pas abordés.

La formation des contribuables est un aspect clé pour permettre l’amélioration du


recouvrement des recettes fiscales. Les agents des impôts devraient donc par exemple, lors des
contrôles après avoir rectifié les erreurs, organiser des séances de travail à travers lesquelles ils
prendront la peine, étant très bien aguerris dans la matière, de s’attarder sur les points sujets à
redressements, afin d’expliquer au contribuable comment dorénavant procéder , et non
se limiter uniquement à citer les articles contenus dans les textes de loi pour justifier les
redressements envisagés, afin d’éviter à nouveau cette situation désagréable.

De même, des séminaires de formation peuvent être organisés à l’endroit des


contribuables sur des questions de fond, pour pouvoir les édifier. En somme, l’administration
fiscale doit aider les contribuables à l’aider à recouvrer ses recettes. Cela favorisera un climat
sein des affaires et de confiance entre l’État et les contribuables pour le bien des deux parties.

À côté de la répression administrative qui est mise en œuvre pour punir les omissions et
les erreurs commises par les contribuables, un autre type de répression a été mise sur pied pour
punir les contribuables responsables de fraude fiscale aggravée.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

19
La répression des infractions fiscales au Cameroun

CHAPITRE 2 : LA RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS FISCALES AU


CAMEROUN

L’État a tenu à renforcer le dispositif de répression fiscale en mettant en œuvre la


répression pénale des infractions fiscales. En effet, la loi autorise l’Administration fiscale à faire
réprimer pénalement par les tribunaux correctionnels la fraude fiscale. Ainsi, un contribuable
qui a échappé peut être doublement sanctionné par l’Administration fiscale d’une part, et
d’autre part par les juridictions répressives. Pour ainsi dire, la répression pénale des infractions
fiscales consiste donc, en des poursuites correctionnelles à l’initiative de l’Administration, à
l’encontre des contribuables coupables d’infractions de fraude fiscale aggravée.

L’infraction fiscale, tout comme l’infraction pénale suppose la réunion de trois


éléments à savoir un élément légal, un élément matériel et un élément intentionnel. L’élément
légal renvoie aux faits définis par la loi comme constituant des manœuvres frauduleuses ayant
pour objectif la violation de la loi fiscale et l’évitement de l’impôt. L’élément matériel est
représenté par le manque à gagner subi par l’État à travers l’impôt éludé. L’élément intentionnel
quant à lui renvoie à la volonté de poser des actes en vue d’échapper à l’impôt ou d’en réduire
le montant.

Comme pour les autres infractions, la répression pénale des infractions fiscale vise : la
prévention, la dissuasion ou l’intimidation des contrevenants et des récidivistes potentiels ; la
réparation, qui contraint les auteurs des infractions fiscales à payer pour les dommages matériels
que leurs infractions ont causé à la société ; la rétribution à travers des peines afflictives et
infamantes en réponse au mal inhérent à l’infraction de fraude fiscale26.

Dans le cadre de ce chapitre, nous étudierons dans un premier temps la mise en œuvre
de la répression pénale des infractions fiscales internes au Cameroun (section 1) et ensuite, les
limites à la répression pénale des infractions fiscales au Cameroun (section 2).

SECTION I : LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉPRESSION PÉNALE DES


INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN

La répression pénale en matière de fraude fiscale tire son fondement du livre des
procédures fiscales du Code Général des Impôts en ses articles L107 à L 114. Ces articles

26
Ndzana Biloa (A.), sauvons l’impôt pour préserver l’État, éditions Panthéon, Paris, 2018, p. 142
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

20
La répression des infractions fiscales au Cameroun

déterminent les comportements considérés comme soumis à la répression pénale fiscale,


classifient les différentes catégories des sanctions pénales d’infractions fiscales, et par la suite,
font état de la procédure de saisine des tribunaux correctionnels.

Aux termes de l’article L 107 du livre des procédures fiscales du Code Général des
Impôts, sont soumis à la répression pénale fiscale, les contribuables coupables de faits de
soustraction frauduleuse ou la tentative de soustraction frauduleuse à l’établissement, au
paiement, au reversement total ou partiel des impôts, droits et taxes visés dans le Code Général
des Impôts ; le refus exprès de faire sa déclaration dans les délais prescrits ; la dissimulation
d’une part des sommes sujettes à l’impôt ; l’organisation de son insolvabilité ou le fait de mettre
en obstacle au recouvrement de l’impôt ; l’obtention par des manœuvres frauduleuses d’un
remboursement de crédits de TVA. De même, l’article L 108 du même texte ajoute « Est
également puni des peines visées à l’article L 107 ci-dessus quiconque : omet de passer ou de
faire passer des écritures, fait passer des écritures inexactes ou fictives, dans les livres-journaux
et d’inventaire prévus par l’Acte Uniforme OHADA, ou dans les documents qui en tiennent
lieu, ainsi que toute personne qui est convaincue d’avoir établi ou aidé à établir de faux bilans ;
par voies de fait, de menaces ou manœuvres concertées, organise ou tente d’organiser le refus
collectif de l’impôt, ou incite le public à refuser ou à retarder le paiement de l’impôt ; par voies
de fait, de menaces ou manœuvres individuelles, organise ou tente d’organiser le refus de
paiement de ses impôts ; produit des pièces fausses ou reconnues inexactes en vue d’obtenir,
en matière d’impôts et taxes, des dégrèvements ou remboursements de quelque nature que ce
soit ».

Lorsque ces différentes infractions sont constatées par l’administration fiscale, elle saisit
les tribunaux correctionnels à travers une plainte, pour que soient appliquées au contribuable
coupable, les sanctions pénales proportionnelles à l’infraction commise. Ainsi dans cette
section, après avoir abordé la question du dépôt des plaintes et de leur sort en matière pénale
fiscale, nous parlerons des sanctions pénales appliquées au contribuable prévues par la
législation.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

21
La répression des infractions fiscales au Cameroun

PARAGRAPHE I : LE DÉPÔT DES PLAINTES ET LEUR SORT EN MATIÈRE


PÉNALE FISCALE

Nous étudierons successivement le dépôt des plaines en matière pénale fiscale (A) et par la suite
le sort réservé à celles-ci (B).

A- Le dépôt des plaintes en matière pénale fiscale

L’engagement de poursuites pénales en matière fiscale est subordonné à une plainte


préalable de l’Administration fiscale. En effet en matière fiscale, l’administration fiscale est le
juge de l’opportunité des poursuites. C’est elle qui saisit le procureur de la république afin qu’il
mette en mouvement l’action publique à partir de sa plainte déposée contre le contribuable
indélicat. Aux termes des dispositions de l’article L 112 du Code Général des Impôts, « Sous
peine d’irrecevabilité, les plaintes visant l’application des sanctions prévues à l’Article L 107
ci-dessus, sont déposées par le ministre chargé des Finances, suite aux procès-verbaux établis
par les agents assermentés de l’administration fiscale ayant au moins le grade d’inspecteur et
ayant pris une part personnelle et directe à la constatation des faits constitutifs de l’infraction».

Ainsi, l’établissement du procès-verbal par des agents qualifiés de l’administration


fiscale et la présence personnelle et directe de ces agents à la constatation de l’infraction sont
les conditions sine qua non de la recevabilité des plaintes du Ministre en charge des Finances
pour l’application des sanctions pénales prévues par le Code Général des impôts.

L’article L113 du code précise que les plaintes peuvent être déposées sans qu’il ne soit
nécessaire de mettre en demeure le contribuable de régulariser sa situation, jusqu’à la fin de la
quatrième année au cours de laquelle l’infraction a été commise. Le Ministre des Finances
dispose de quatre (04) années à compter de la date de survenance des faits pour saisir les
autorités judiciaires compétentes.

B- Le sort de la plainte en matière pénale fiscale

La plainte du Ministre en Charge des Finances est portée, conformément aux


dispositions de l’article L114 du Livre des Procédures Fiscales du Code Général des impôts
devant le Tribunal Correctionnel dans le ressort duquel l’un quelconque des impôts en cause
aurait dû être établi ou acquitté. Une fois cette plainte déposée auprès des autorités
juridictionnelles compétentes, lorsque le parquet lui donne une suite favorable, l’affaire est
programmée pour jugement. Dès lors, l’Administration fiscale se constitue partie civile.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

22
La répression des infractions fiscales au Cameroun

Devant le juge répressif l’administration fiscale doit montrer le caractère intentionnel


de l’acte frauduleux et le caractère aggravé de l’acte, à travers des manœuvres susceptibles
d’être constatées pour asseoir la conviction du juge pénal.

Le juge répressif quant à lui, une fois convaincu par ces allégations, a pour mission
d’appliquer la loi pénale pour réprimer plus sévèrement des comportements et des agissements
qui ne traduisent pas seulement le non-respect d’une règle de discipline sociale mais révèlent
une volonté manifeste de frauder, semblable à celle qui caractérisent les délits de droit commun
et causent un véritable préjudice à l’économie de l’État.

Lorsque la culpabilité du délinquant fiscal est prouvée, celui-ci sera soumis aux
différentes sanctions prévues par le législateur.

PARAGRAPHE II : LES SANCTIONS PÉNALES DES INFRACTIONS FISCALES


AU CAMEROUN

Les sanctions pénales des infractions fiscales au Cameroun sont de deux catégories ; les
sanctions principales (A) et les sanctions complémentaires (B).

A- Les peines principales

Les auteurs des infractions ci-dessus citées, sont passibles d’un emprisonnement d’un
(01) à cinq (05) ans et d’une amende de 500 000 F CFA à 5 000 000 F CFA, ou l’une de ces
deux peines seulement.
De même, Aux termes de l’article L109 du livre des procédures fiscales du Code général des
impôts, tous ceux qui ont fait l’objet d’une condamnation définitive ci-dessus sont tenus, avec
le redevable de l’impôt compromis, au paiement de cet impôt, et des pénalités y afférentes. En
cas de récidive, ces peines sont doublées.

B- Les peines complémentaires

Le tribunal correctionnel peut également, à titre de peines complémentaires, interdire


temporairement pendant une période n’excédant pas cinq (05) ans, le droit d’exercer,
directement ou par personne interposée, pour son compte ou le compte d’autrui, toute
profession industrielle, commerciale ou libérale ; prononcer les déchéances prévues aux articles
30 et 31 du Code Pénal. D’après l’article 30 du Code Pénal, les déchéances consistent en la
destitution et l’exclusion de toutes fonctions, emplois ou offices publics ; l’incapacité d’être
juré, assesseur, expert, juré-expert ; l’interdiction d’être tuteur, curateur subrogé tuteur ou

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

23
La répression des infractions fiscales au Cameroun

conseil judicaire, si ce n‘est de ses propres enfants ; l’interdiction de porter toute décoration ;
l’interdiction de servir dans les forces armées ; l’interdiction de tenir une école ou d’enseigner
dans un établissement d’instruction et, d’une façon générale, d’occuper des fonctions se
rapportant à l’éducation ou à la garde des enfants. En cas de condamnation pour délit et lorsque
la loi les y autorise, les juridictions compétentes peuvent par décision motivée, prononcer pour
une durée de cinq (5) ans au plus tout ou partie de ces déchéances.

Le tribunal correctionnel ordonne dans tous les cas, la publication intégrale ou par
extraits du jugement dans un journal d’annonces légales. Les frais de publication sont à la
charge du condamné.

Si telles sont les dispositions législatives relatives à la répression pénale des infractions
fiscales au Cameroun, nous observons souvent des distorsions entre ce qui est prévu par la loi
et la pratique. Ces distorsions constituent les limites de la répression pénale des infractions
fiscales au Cameroun, auxquelles nous avons trouvé utile de proposer des esquisses de
solutions.

SECTION II : LES LIMITES DE LA RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS


FISCALES AU CAMEROUN ET LES PROPOSITIONS DE SOLUTIONS

La répression pénale des infractions fiscales au Cameroun a encore quelques


manquements, auxquels nous proposerons des solutions.

PARAGRAPHE I : LES LIMITES DE LA RÉPRESSION PÉNALE DES


INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN

Les limites observées dans la répression pénale des infractions fiscales au Cameroun
sont relatives à la rareté de saisine des juridictions par l’administration fiscale pour l’infliction
des sanctions pénales (A) et à l’absence d’une juridiction fiscale spécialisée au Cameroun (B).

A- La rareté de saisine des juridictions pour l’infliction des sanctions pénales en


cas de fraude fiscale aggravée

Dans la plupart les affaires opposant les contribuables à l’administration fiscale, il a


rarement été observé des contribuables dénoncés par l’administration fiscale pour cause de
fraude fiscale. Les affaires en matière fiscale portées en justice sont pour la plupart des cas de
contentieux fiscal où c’est l’administration fiscale qui est mise en cause par le contribuable.
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

24
La répression des infractions fiscales au Cameroun

L’administration fiscale porte difficilement des cas de fraude fiscale devant les juridictions afin
que les contribuables suivent la procédure normale de répression devant les tribunaux et que
ceux-ci appliquent les peines pénales sanctionnant les cas de fraude fiscale aggravée prévues
par la règlementation en vigueur. C’est ainsi que les sanctions pénales telles que
l’emprisonnement, les interdictions, déchéances et les montants élevés de pénalités à payer en
dehors de ceux issus de redressements ne sont pas souvent appliquées au contribuable. Cela
rend la répression moins sévère et contribue en quelques sorte à l’assouplir.

Ainsi, le contribuable, qui en fraudant à l’administration aura plus à gagner que ce qu’il
devra lui payer en termes de redressements et de pénalités fiscales n’hésitera pas à commettre
son forfait, sachant qu’il pourra facilement se « dédouaner d’affaire » sans devoir passer par la
phase juridictionnelle où la procédure est plus longue, plus coûteuse et les sanctions prononcées
plus sévères.

B- L’absence au Cameroun d’une juridiction fiscale spécialisée

Au Cameroun, contrairement à d’autres pays développés tels que la France, la Grèce,


l’Algérie, il n’est pas institué une juridiction fiscale unique et spécialisée, chargée de la
résolution des litiges en matière fiscale, comme cela peut être le cas en matière civile, pénale
ou administrative. Le juge fiscal camerounais se greffe sur les institutions juridictionnelles
existantes ; c’est ainsi que la dualité juridictionnelle classique caractérisée par l’existence de
deux ordres de juridictions administratif et judiciaire constitue pour l’essentiel le support de
l’institution juridictionnelle fiscale. En effet, c’est sur le socle constitutionnel des ordres de
juridictions institués que le législateur fiscal camerounais fonde le partage des compétences
juridictionnelles en matière fiscale.

Cette situation peut poser certaines difficultés. En effet, l’intervention de plusieurs juges
en matière fiscale peut poser la difficulté à déterminer avec précision le juge compétent en cas
de silence ou d’obscurité sur la nature de l’impôt. Également le juge judiciaire ne disposant de
connaissances approfondies en matière fiscale, il y’a des risques qu’il se limite à appliquer la
loi fiscale de manière linéaire et selon son entendement, et dans ce cas pour des affaires
similaires, il est possible de se retrouver dans des situations de divergences jurisprudentielles
pour des affaires similaires. À ces différentes limites de la répression pénale des infractions
fiscales au Cameroun, nous proposerons des solutions pour l’amélioration de cette répression.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

25
La répression des infractions fiscales au Cameroun

PARAGRAPHE II : DES ESQUISSES DE SOLUTIONS AUX LIMITES DE LA


RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN

Les propositions de solutions aux limites de la répression pénale des infractions fiscales
au Cameroun sont relatives à la dénonciation des contribuables coupables de fraude fiscale
aggravée auprès des tribunaux, et l’institution d’une juridiction fiscale spécialisée au
Cameroun.

A- La dénonciation systématique des contribuables coupables de fraude fiscale


aggravée

Pour un système fiscal répressif plus dissuasif, il est nécessaire que l’Administration
Fiscale commence à non seulement médiatiser, mais également porter de plus en plus les
affaires relatives aux cas de fraude fiscale aggravée auprès des juridictions afin que soient
appliquées à ces contribuables indélicats des sanctions plus dissuasives. Cela d’autant plus que
nous nous trouvons dans un monde en constante évolution dans lequel les contribuables
chercheront toujours à développer de nouvelles méthodes de plus en plus sophistiquées non
facilement détectables pour frauder l’administration fiscale, dans le but de réduire leur charge
fiscale.

Le fait de déposer des plaintes en matière fiscale auprès des tribunaux rendra
l’administration fiscale plus redoutable aux yeux des contribuables qui dès lors vont se
conformer à la législation fiscale en évitant et en reversant l’impôt dû au moment dû.

En France par exemple, à titre de droit comparé, le Livre des procédures fiscales du
Code général des impôts français consacre en son article L 228 la transmission automatique
devant les parquets des affaires relevant d’infractions fiscales aggravées en ces termes : «
doivent désormais être automatiquement transmis au parquet par la DGFIP les dossiers
concernant des affaires graves et caractérisées, c'est-à-dire ayant conduit à l'application, sur des
droits fraudés supérieurs à 100 000 euros, des majorations prévues pour les infractions les plus
graves » . L’État du Cameroun dans la même lancée devrait recourir à ce processus de
dénonciation immédiate de fraudeurs graves afin de les réprimer plus sévèrement.

B- La création d’une juridiction fiscale spécialisée au Cameroun

Il est nécessaire de mettre en place une juridiction fiscale spécialisée au Cameroun,


devant laquelle seront portées toutes les contestations en matière fiscale. Premièrement parce

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

26
La répression des infractions fiscales au Cameroun

que nous nous trouvons dans un contexte de saturation de la justice également parce que les
affaires matière fiscale nécessitent d’être traitées dans des juridictions qui lui sont propres.
Ainsi, cette juridiction fiscale spécialisée devra être composée des personnels disposant de
connaissances bien étoffées en matière fiscale comme c’est le cas des magistrats en matière
civile, pénale administrative ou des affaires. À titre de droit comparé par exemple en France,
les infractions de fraude fiscale sont traitées par des institutions spécialisées mises en place,
différentes des juridictions fiscales et pénales.

La mise en place d’institutions similaires au Cameroun favorisera une certaine réactivité


et célérité dans le traitement des affaires en matière fiscale. Cela permettra également d’avoir
une jurisprudence bien fournie en matière fiscale. De même, les contribuables seront plus
contraints à s’aligner à la loi fiscale de peur ne pas être traduits devant la juridiction. Et
l’administration pourra dès lors recouvrer davantage de recettes.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

27
La répression des infractions fiscales au Cameroun

CONCLUSION GENERALE

Les infractions en matière fiscale commises par les contribuables freinent le


recouvrement normal des impôts dus, nécessaires à la couverture des charges publiques. Elles
ont un impact négatif sur le rendement de l’administration fiscale et par conséquent constituent
un véritable manque à gagner pour le budget de l’État.

Afin de lutter contre ces infractions, l’État a mis sur pied une répression qui est effective
et qui consiste à infliger des peines aussi bien administratives que correctionnelles aux
contribuables qui refusent de s’acquitter de leurs obligations fiscales. Les sanctions
administratives consistent en des pénalités pécuniaires, des majorations ou des interdictions,
des mesures restrictives prononcées par l’administration dans le but de contraindre le
contribuable à s’acquitter de ses obligations fiscales. Pour ce qui est des peines correctionnelles,
il s’agit de sanctions prononcées par le tribunal correctionnel compétent à l’égard du
contribuable coupable de fraude fiscale aggravée, sur la base d’une plainte déposée par le
Ministre en charge des Finances.

Malgré les différentes mesures prises par l’Etat pour réprimer les infractions fiscales,
nous constatons qu’il existe encore des contribuables véreux qui persistent dans la fraude fiscale
et qui développent au fil du temps de nouvelles méthodes difficilement détectables dans le but
de se soustraire à leurs obligations fiscales. Cette situation est due à de nombreuses limites,
constatées au niveau des répressions administrative et pénale des infractions fiscales au
Cameroun. Elles sont relatives à la programmation des contrôles fiscaux sur de longues
périodes, la non-assistance des contribuables par l’administration, la rareté de dépôt des plaintes
pour infraction fiscales graves auprès des juridictions compétentes, et la non existence.

C’est la raison pour laquelle nous avons trouvé opportun, après avoir relevé les limites
de la répression des infractions fiscales au Cameroun, nous avons proposé des esquisses de
solutions à ces limites, afin de réduire la prolifération de ces infractions et permettre à l’Etat de
recouvrer les recettes qui sont normalement dues.

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

28
La répression des infractions fiscales au Cameroun

BIBLIOGRAPHIE

I- OUVRAGES

1- BAUDU (A), l’essentiel du droit des procédures fiscales, édition Lextenso, Paris, 2018
2- CORNU (G), vocabulaire juridique, 12ème édition, Paris, PUF, 2018 ;
3- Grosclaude (J), Marchessou (P), Procédures fiscales, Dalloz, Paris, 2014 ;
4- NDZANA FOUDA (A), sauvons l’impôt pour préserver l’État, les éditions du
Panthéon, Paris, 2018
5- Thirion (E), Scherrer (A), la capacité des États membres à lutter contre les infractions
fiscales, EPRS service de recherche du Parlement Européen, Paris, 2022.

II- ARTICLES

1- Hanrion (O), Les Panama Papers devant la justice : le scandale qui a fait bouger la
lutte contre l’évasion fiscale, rtbf.be, 17 novembre 2022

2- Ibrahim Abdel-Lattuf. Le droit pénal fiscal : bilan et perspectives. In: Revue juridique
de l'Ouest, 2012

3- OCDE, la lutte contre la délinquance fiscale, les dix principes mondiaux, éditions
OCDE, Paris, 2022

III- TEXTES DE LOI

1- Code Général des Impôts 2023


2- Code pénal du Cameroun
3- La Charte du Contribuable Vérifié
4- Circulaire n 00002/ MINFI/ DGI/LC/L du 11janvier 2008 précisant les modalités
d’application des dispositions fiscales de la loi de finances pour l’exercice
2008CEMAC, 2015.

IV- LEXIQUES

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

29
La répression des infractions fiscales au Cameroun

1- Cornu (G), Lexique des termes juridiques, PUF, Paris, 2018


2- Dictionnaire Larousse

V- SITES INTERNET
1- www.cairninfo.com
2- www.impots.cm
3- www.google.com
4- www.wikipédia.org

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

30
La répression des infractions fiscales au Cameroun

ANNEXE : PROCES VERBAL DE CONSTATATION D’INFRACTIONS FISCALES27

27
Circulaire de la loi de finances pour l’exercice 2023

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31
La répression des infractions fiscales au Cameroun

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT ............................................................................................................................... I

DEDICACE........................................................................................................................................... II

REMERCIEMENTS ........................................................................................................................... III

RESUME .............................................................................................................................................. IV

ABSTRACT .......................................................................................................................................... V

LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES ......................................................................... VI

SOMMAIRE ...................................................................................................................................... VII

INTRODUCTION GENERALE.......................................................................................................... 1

CHAPITRE I : LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES INFRACTIONS FISCALES AU


CAMEROUN ......................................................................................................................................... 6

SECTION I : LE CONTENU DE LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES INFRACTIONS


FISCALES AU CAMEROUN .............................................................................................................. 6
PARAGRAPHE I : LES PRÉALABLES À LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE
FISCALE ........................................................................................................................................ 6
A- Les libres déclarations des contribuables .............................................................................. 7
B- La contrepartie de la confiance faite au contribuable : le contrôle fiscal .............................. 7
PARAGRAPHE II : LES SANCTIONS FISCALES MISES EN PLACE PAR
L’ADMINISTRATION FISCALE ............................................................................................. 10
A- Le cas particulier de l’intérêt de retard................................................................................ 11
B- Les pénalités en matière d’assiette ...................................................................................... 11
C- Les sanctions en matière de recouvrement .......................................................................... 12

SECTION II : LES LIMITES RÉSORBABLES DE LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES


INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN ............................................................................... 14
PARAGRAPHE I- LES LIMITES DE LA RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DES
INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN........................................................................ 15
A- La programmation des contrôles fiscaux de plusieurs exercices cumulés .......................... 15
B- La non-assistance de l’administration fiscale aux contribuables ........................................ 16
PARAGRAPHE II : DES ESQUISSES DE SOLUTIONS À LA RÉPRESSION
ADMINISTRATIVE DES INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN .......................... 17
A- La programmation plus régulière des contrôles fiscaux ...................................................... 18
B- La formation et la sensibilisation des contribuables par les agents de l’administration fiscale
18
Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

32
La répression des infractions fiscales au Cameroun

CHAPITRE II : LA RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS FISCALES AU


CAMEROUN ....................................................................................................................................... 20

SECTION I : LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS


FISCALES AU CAMEROUN ............................................................................................................ 20
PARAGRAPHE I : LE DÉPÔT DES PLAINTES ET LEUR SORT EN MATIÈRE PÉNALE
FISCALE ...................................................................................................................................... 22
A- Le dépôt des plaintes en matière pénale fiscale .................................................................. 22
B- Le sort de la plainte en matière pénale fiscale..................................................................... 22
PARAGRAPHE II: LES SANCTIONS PÉNALES DES INFRACTIONS FISCALES AU
CAMEROUN……………23
A- Les peines principales ......................................................................................................... 23
B- Les peines complémentaires................................................................................................ 23

SECTION II : LES LIMITES DE LA RÉPRESSION PÉNALES DES INFRACTIONS


FISCALES AU CAMEROUN ET LES PROPOSITIONS DE SOLUTIONS ................................ 24

PARAGRAPHE I : LES LIMITES DE LA RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS


FISCALES AU CAMEROUN .................................................................................................... 24
A- La rareté de saisine des juridictions pour l’infliction des sanctions pénales en cas de fraude
fiscale aggravée .......................................................................................................................... 24
B- L’absence au Cameroun d’une juridiction fiscale spécialisée ............................................. 25
PARAGRAPHE II : DES ESQUISSES DE SOLUTIONS AUX LIMITES DE LA
RÉPRESSION PÉNALE DES INFRACTIONS FISCALES AU CAMEROUN ................... 26
A- La dénonciation systématique des contribuables coupables de fraude fiscale aggravée… 26
B- La création d’une juridiction fiscale spécialisée au Cameroun ........................................... 26

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................ 28

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 29
ANNEXE………………………………………………………………………………………………31

Rédigé et présenté par OBAMA BITO Sonia Laure

33

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