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Introduction aux théories de la

conduction électronique

Modèle de Drude
Conducteurs et isolants
• Conductivité électrique :  (S.m-1) / Résistivité :  = 1/  (Ω.m)

• Variation de la conductivité entre meilleur conducteur et meilleur isolant : > 1024 à Tamb.

• Selon les valeurs de  on peut classer les solides en 3 grands groupes :


– Métaux : très bons conducteurs, ~104<  <106 S.cm-1
– Diélectriques : isolants : 10-10 <  <10-20 S.cm-1
– Semi-conducteurs : conductivité intermédiaire : 10-10<  <104 S.cm-1

• Recouvrements possibles entre métaux et SC :


• exemple : Silicium : intrinsèque : 10-5 S.cm-1 / dopé : 103 S.m-1

Résistivité : ρ (Ω.cm)

1020 1010 10-4 10-6

Isolants Semi-conducteurs Conducteurs


verre, oxydes… Si, Ge, GaAs, InAs, GaN… métaux…

10-20 10-10 104 106

Conductivité : σ (S/cm)
Théorie de Drude des métaux
(1905)

1er modèle microscopique décrivant le comportement des métaux en traitant les


électrons de conduction comme un gaz classique

• Électrons indépendants et libres


• Collisions instantanées
• Temps de relaxation
Bases du modèle
• Découverte de l’électron (Thomson : 1897) : devrait être l’agent de la conductivité
électrique (et thermique).

• 1° modèle : Drude et Lorentz (1900) qui tentent de démontrer la loi expérimentale


de Wiedemann-Franz (1853) :
K K : conductivité thermique
 L, L  2,44.10 8W ..K  2 σ : conductivité électrique
Nombre de Lorentz
 T
• Drude : théorie de la conductivité électrique et thermique basée sur la théorie
cinétique des gaz appliquée à un métal vu comme un gaz d’électrons libres.

• Théorie cinétique : molécules d’un gaz sont considérées comme des sphères
solides et identiques, se déplaçant en ligne droite jusqu’à ce qu’elles entrent en
collision les unes avec les autres.

• Métal : 2 types de particules (/ gaz : 1 type de particule) :


• Électrons : mobiles, charge négative
• Ions métalliques : immobiles, charge positive
Bases du modèle

Électrons de conduction: -e.Zc

Noyau : +e.Z

Électrons de cœur : -e.(Z – Zc)

Gaz d’électrons

ions
Bases du modèle
• Drude : métal vu comme une boîte remplie :
• Charges fixes positives : ions du réseau.
• Électrons libres obéissant aux lois de la théorie cinétique des gaz.

• Ions considérés comme immobiles / électrons ?  différence de masse


M ion ~ 10-26 kg
M électron ~ 9,1.10-31 kg

• Interaction de chacun des électrons de conduction avec les ions est schématisée par un
potentiel attractif constant dans le métal : les électrons sont piégés dans une boîte de
potentiel (ce dernier est considéré comme suffisant pour que les électrons restent confinés
dans le matériau).
E0
U 0
• Électrons libres responsables :
– de la conduction électrique : en présence d’un champ électrique.
– en partie de la conduction thermique : en présence d’un gradient de température.

• Gaz d’électrons libres  électrons de valence

• Succès : loi d’Ohm, relation entre conductivité thermique et électrique,


• Échecs : capacité calorifique, susceptibilité magnétique ( distribution de Maxwell)
Hypothèses du modèle de Drude

• Électrons indépendants et libres : les électrons n’interagissent pas entre eux et


leur mouvement, entre deux collisions successives avec les noyaux atomiques qui
composent le solide, est décrit par les lois de Newton pour une particule libre.

• Collisions instantanées : interaction entre électrons et ions sous forme de collisions


ayant une durée infinitésimale, qui changent la vitesse d’un électron au cours de son
mouvement.
Idée originale : les électrons sont sujets à des collisions mécaniques avec les ions du
solide : image erronée !
•NB : libre parcours moyen des électrons peut atteindre 100 distances inter atomiques.

• Temps de relaxation : un électron subit une collision avec une probabilité par unité
de temps 1/. Cette probabilité ne dépend ni de la position ni de la vitesse de
l’électron. Le temps  est appelé temps de relaxation : un électron se propage en
moyenne pendant un temps  avant sa prochaine collision et s’est propagé en
moyenne un temps  depuis sa dernière collision.
Estimation de la vitesse des électrons

Distribution de Maxwell-Boltzmann
Densité du gaz d’électrons – Distribution des vitesses
n : nombre d' électrons/cm3
N Z 
Densité du gaz d’électrons : n   6,022.10 23 c m 6,022.10 23 : nombre d' Avogadro
V A 
 m : masse volumique g.cm 3 
A : masse molaire de l' élément considéré

Lorentz : distribution des vitesses des électrons est donnée par la fonction de
distribution de Maxwell-Boltzmann :
3
 m 2  mv 2  à l’équilibre thermique
f B v   n  exp  
 2k T 
 2k BT   B 
 nombre d’électrons par unité de volume dont les vitesses sont comprises dans
un intervalle dv autour de v : fB(v)dv

Énergie cinétique moyenne d’une particule obéissant à la statistique de Boltzmann :

3 1 2
Ecin  k BT  m vth
2 2
3k BT
vth : vitesse thermique moyenne : vth ~ 107 cm.s-1 à Tamb vth 
m
Modèle de Drude
Hypothèses fondamentales
1. Électrons indépendants et électrons libres :
– entre 2 collisions, on néglige l’interaction d’un électron donné avec les autres
électrons et avec les ions.
– absence de champ externe : mouvement rectiligne uniforme.
– si champs externes : principe fondamental de Newton

2. Collisions = évènements instantanés : modifient vitesse d’un électron;


attribuées à interaction électrons-ions, non aux collisions électron-électron.
(image erronée)

3. Électron subit une collision avec une probabilité par unité de temps 1/ :
 probabilité de subir une collision dans intervalle de temps dt : dt/ 

 : temps de relaxation ou temps de libre parcours moyen.

4. Équilibre thermique des électrons : dû aux collisions : après chaque collision,


électron a une direction aléatoire et une vitesse indépendante de sa vitesse
initiale, mais fonction de la température régnant dans la région où s’est produit la
collision.
Vitesse(s) de l’électron : vitesse thermique et vitesse de dérive

• En l’absence de perturbation extérieure : Vitesse thermique / moyenne :

<v> = 0 , IIvII  0

– Dans le modèle de Drude :  3k BT


vth 
m

• Vitesse d’entrainement / de dérive / drift : vitesse imposée à l’électron par une


perturbation extérieure et qui se superpose à la vitesse thermique

Dans le modèle de Drude : après chaque collision la vitesse d’entrainement d’un


électron est annulée

A présent considérons un champ électrique comme perturbation extérieure imposée à


l’électron  Conductivité électrique
Conductivité électrique d’un métal en courant continu
En présence d’un champ électrique

• Loi d’Ohm : courant I dans un fil est proportionnel à la chute de potentiel le long du fil :

R : résistance = f(dimensions) V  R I
  Plus de dépendance de R vis-à-vis de la forme du conducteur
– Résistivité : E   j mais dépendance fonction du matériau constituant le conducteur.
Résistivité = constante de proportionnalité entre champ électrique
E en un point du métal et la densité de courant j qu’il induit :
E : champ électrique résistance par unité de volume

j : densité de courant : quantité de charges traversant par unité de temps une


unité de surface normale au flux

L
• Fil de longueur L et de section S : R
S
Conductivité électrique d’un métal en courant continu
• Densité de courant et densité d’électrons :
 
j  ne v
• <v> : vitesse électronique moyenne

• Absence de champ électrique : distribution des vitesses électroniques isotrope


 densité de courant résultante est nulle. <vthermique> = 0 IIvII  0

 e    ne 2 
• En présence d’un champ E : vmoy   E j  E
m  m 
   
vitesse de dérive (drift) vmoy   E
vitesse imposée à l’électron par perturbation extérieure et qui se superpose à la vitesse
thermique
   ne 2 
j  E ;      ne

 m  1
Estimation de la conductivité : estimation de   mesures de résistivité


2

3  kB 
On montre que : L     1,11.10 8W ..K 2 : ordre de grandeur correct
2 q 
Estimation du temps de relaxation et du
libre parcours moyen
Libre parcours moyen

• Libre parcours moyen : l  v0   vthermique 


l : distance moyenne parcourue par électron entre 2 collisions
théorie classique : vo : vitesse électronique moyenne : 1 3
2
mv 0  k BT
2 2
 Libre parcours moyen : de 1 à 10 Å

 Comparable aux distances inter-atomiques : accord avec les hypothèses de Drude.

• Pb : estimation de v0 trop faible (1 ordre de grandeur) /  basses T ~10  T ambiante

 lpm > 103 Å : électrons ne font pas que rebondir sur les ions.

 Cas réel : résistivité  vibrations thermiques du réseau (interaction électron -


phonon) et impuretés.
Résistivité intrinsèque d’un métal

• Résistivité des métaux due aux vibrations thermiques du réseau (interaction


électron-phonon) et présence d’impuretés.

• A toute température, les atomes du réseau vibrent autour de leur position d’équilibre,
l’amplitude de vibration augmentant avec la température : perturbation de la
disposition des atomes dans le réseau bien que leur position moyenne ne varie
pas.

• On peut associer à ces vibrations de quasi particules : les phonons.

• On peut donc considérer ces phonons comme des imperfections qui perturbent la
périodicité du réseau cristallin.
• Phonons : perturbations intrinsèques qui ne peuvent pas être contrôlées à T donnée
ni éliminées.

• Les phonons sont responsables de la diffusion des électrons et limitent donc la


conductivité électrique d’un conducteur : partie intrinsèque de la résistivité électrique
dont on ne peut s’affranchir.

Physique des matériaux, M. Gerl & J. P. Issi, PPUR, 1997.


Modèle de Sommerfeld
Approche quantique de la conduction : modèle de Sommerfeld

• 1927 : Sommerfeld introduit les résultats de la statistique quantique dans


les travaux de Drude et Lorentz.

• Électrons obéissent au principe d’exclusion de Pauli : seuls deux


électrons à spins d’orientation opposée peuvent avoir la même énergie et
la même direction de mouvement

• Répartition des électrons (suivant énergie cinétique ou vitesse) suit la


distribution de Fermi-Dirac :

f E  
1
 E  EF 
1  exp 
 k BT 

Sommerfield / Drude : modification de la statistique de distribution des vitesses


électroniques : Fermi / Boltzmann
modèle de Sommerfeld

• Dans un métal, seuls les électrons d’énergie voisine de celle du niveau de


Fermi participent à la conduction : vo  vFermi

 
2

• Pour T = 0 K : EF  3 2 n 3
2m

 
1
2EF 
vF   3 2 n 3 ( n : densité d’électrons (/cm3) )
m m
2
2 q l  3n
2
3
• Pour un métal, EF et vF varient peu avec la température, d’où :   
3   4 

2
  kB
2

L    2,45.10 8W ..K  2 : Wiedemann-Franz vérifiée
3  q 
Conductivité thermique d’un métal

Modèle de Drude
Modèle de Drude

• Observation : meilleur conduction de la chaleur par les métaux  courant


thermique volumique dans un métal serait transporté par les électrons de
conduction.

• jq : densité de courant thermique : énergie thermique traversant par unité de temps


une unité de surface normale au flux de chaleur.


jq    grad T 
• Pour de faibles gradients : loi de Fourier :
 : conductivité thermique

jq : énergie thermique transférée par unité de temps et de surface.

 dT
• Exemple : chute de température uniforme dans la direction x : jq  
dx
Modèle de Drude
 Hypothèse : électron a une vitesse qui dépend de la température locale à l’endroit
de la collision

T1 T2

• T1>T2 : en O : électrons issus de région à T1 auront énergie cinétique supérieure à


celle des électrons issus de T2
Flux thermique, par les électrons, de T1 à T2
Calcul du courant thermique
Après chaque collision, vitesse de l’électron est fonction de T locale.

• 1 dimension : électrons ne se déplacent que selon x  T x  : énergie « thermique »

 T x  v   T x  v 
par électron

e e
xv x xv
• Énergie thermique par électron dans un métal à l’équilibre à T :

nv T x  v    T x  v 
1
jq 
2
variation de température
• Densité de courant thermique : très faible sur la distance
v.  dvp au 1er ordre

d  dT 
jq  nv  2
 
dT  dx 
Conductivité thermique

• 3 dimensions : vitesse quadratique moyenne <v²>

• si répartition identique de la vitesse dans les 3 directions de l’espace :


1
v x2  v 2y  v z2  v 2 ( on suppose une distribution isotrope des vitesses )
3
d N d 1 d N 
• Chaleur spécifique par unité de volume : n    CV
dT V dT V dT


jq   v   CV  grad T 
• Soit :
1 2
3

1 2 1
• Conductivité thermique :   v   CV  l  v  CV
3 3
Loi de Wiedemann - Franz
 1 m  CV  v 2
• Relations précédentes donnent : 
 3 n  e2
3
• Drude : estimation de Cv et <v²> par théorie cinétique des gaz : CV  nk B
2
1 3
m v 2  k BT
2 2

 3  kB 
2 
Soit :
   T nombre de Lorentz :  1,11.10 8W ..K 2
 2 e  T

!! Résultat correct mais résultat de 2 erreurs : chaleur spécifique / vitesse électrons


100x trop grande 10x trop petite

Modèle du gaz d’électrons libres de Fermi

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