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Conductivité électrique des métaux

Pour traiter de manière rigoureuse la conductivité électrique des métaux, il faut avoir recours
aux théories quantiques et appliquer aux électrons la statistique de Fermi-Dirac qui tient compte
de leur indiscernabilité et du fait que le nombre d'électrons par niveau énergétique est
strictement limité (principe d'exclusion de Pauli).
Dans cet partie élémentaire, nous utiliserons une approche théorique simplifiée développée au début
de ce siècle par Drude et Lorentz. Cette théorie considère un ensemble d'électrons libres obéissant à
une statistique classique (Maxwell-Boltzmann).Les électrons, qui ignorent dans ce modèle les
effets de la structure cristallographique du solide, sont libres de se mouvoir à l'intérieur des
limites géométriques du cristal dans un champ électrostatique uniforme. Une description du modèle
physique utilisé est représentée à la figure 1. À température ambiante et en l'absence de champ
électrique externe les électrons sont animés de mouvements aléatoires dans le métal. L'énergie
électrique transportée par les électrons est distribuée de manière isotrope, car il n'y a pas de direction
de circulation privilégiée.

Fig .2.

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Fig .1. Variation de la vitesse de dérive des électrons entre les collisions avec les « ions»
metalliques: (a) poly cristal;(b) monocristal avec très peu de défauts.

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Tenant compte de l'expression de la vitesse de dérive et de la densité volumique en électrons
mobiles Ne, on calcule la densité de courant électrique J (Am-²):

L'intensité du courant électrique I dans un conducteur de section S est donné par la relation

En combinant les équations précédentes et en tenant compte que E= V/L pour un conducteur de longueur
L'on obtient:

Cette équation est une expression de la loi d'Ohm, la résistance électrique du conducteur étant donné par:

Au départ de (2), on peut exprimer la résistivité 𝜌 et la conductibilité Õ du matériau:

Les théories quantiques donnent une expression de u analogue à celle obtenue au départ de la théorie
de Drude-Lorentz. La théorie classique ne tient pas compte que la plupart des électrons ne sont pas capables
d'absorber de l'énergie en vertu du principe d'exclusion de Pauli. Les théories quantiques montrent que c'est
un petit nombre d'électrons animés d'une vitesse très grande qui est responsable de la conductivité
électrique élevée des métaux. Ces théories quantiques, qui associent des ondes aux électrons, montrent que ces
ondes ne sont pas atténuées dans un réseau infini parfaitement périodique.

Ces théories soulignent que toute perturbation de la périodicité du réseau donne lieu à une diffusion des
ondes électroniques et donc à une résistivité. Le développement simplifié présenté ici permet néanmoins de
faire un certain nombre de remarques intéressantes. Dans un métal comme le cuivre, il existe un grand nombre
d'électrons mobiles, car chaque atome met un électron à disposition du conducteur, ce qui donne une valeur
de Ne, 1029 électrons m-3.Cette conductivité diminue dans le cristal réel en fonction du nombre de défauts,
du nombre d'impuretés ou d'éléments d'alliage qu'il contient.

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La résistivité peut être exprimé en fonction de la température et en fonction du nombre
de défauts du cristal, s'exprime par la loi de Mathiessen (figure):

La résistivité résiduelle pr dépend du degré de perfection physique et de la composition chimique de


l'échantillon. Pour un métal déterminé pr peut varier suivant la méthode d'élaboration, le degré de pureté,
le traitement thermique ou mécanique. La valeur de pr est déterminée par les défauts du
réseau cristallin et par conséquent ne dépend pratiquement pas de la température.

La résistivité intrinsèque ou idéale pi des métaux purs n'est fonction que des interactions des
électrons avec les vibrations thermiques du réseau. Comme ces dernières sont fortement influencées
par la température, pi varie donc considérablement avec la température. À température élevé, c'est
l a résistivité idéale qui domine le comportement électrique du métal pur, tandis qu'à basse
température, c'est pr qui a le rôle prépondérant.

D'une manière générale, la conductivité électrique des métaux diminue avec T car le
nombre de collisions des électrons avec les ions du réseau augmente avec l'amplitude des
vibrations du Pratiquement, en dehors des basses températures, la résistivité p varie linéairement
en fonction de la prélature(figure):

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Dans cette expression po est la résistivité à la température de référence T0. Pour beaucoup de métaux purs
entre 0 et 250 °C, le coefficient a est de l'ordre de grandeur de 4-10 -3K-1 .Ceci correspond à une
augmentation du nombre de collisions, d'un facteur 2 sur un intervalle de température de 250 °C.

Dans le cas des alliages, le coefficient a est plus petit, car la mobilité des électrons est perturbée
par les atomes en solution. Certains alliages ont un coefficient a très faible. Par exemple, le cons
tantan (55% pds Cu, 45% pds Ni)a un coefficient a = -1.10 -5 K-1.Ce type d'alliage est utilisé
dans la fabrication d'éléments chauffants et pour certaines résistances pour circuits électroniques.
La résistivité des bons conducteurs, comme le cuivre ou l'argent, reste pratiquement constante à des
températures inférieures à 10 K (-263 °C).Pour un certain nombre de métaux, de composés
intermétalliques et de céramiques appelés supraconducteurs(tableau),il existe une température
critique Tc au-des sous de laquelle le libre parcours moyen des électrons devient infini et la résistivité
électrique nulle (figure). Ainsi, si on induit un courant électrique dans un supraconducteur, en absence de
champ magnétique ce courant peut se maintenir quasiment indéfiniment. On déduit de ce type
d'expérience que la conductivité a de ce type de matériau est supérieure à 1025 Q-1m-1 Cette valeur est
1017 fois plus grande que celle du cuivre pur à basse température. Les températures critiques déterminées
pour les premiers matériaux supraconducteurs découverts au début du siècle étaient trop basses pour
un grand nombre d'applications techniques.

Valeurs des températures critiques Tc pour certains matériaux supraconducteurs.

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Les progrès extraordinaires accomplis récemment, laissent entrevoir la possibilité de réaliser des
matériaux supraconducteurs à température proche de l'ambiance. Ceci ouvrirait la voie à des
progrès industriels exceptionnels

Dr N. MATOUGUI

Le 18/10/2023

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