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Principes et applications

https://www.cefracor.org/fr/principes-et-applications

1. Généralités

1.1. La corrosion aqueuse


La corrosion des matériaux métalliques à température ambiante ou relativement peu
élevée est essentiellement due à l’eau liquide venant à leur contact. La phase aqueuse peut
être neutre, acide ou basique. La corrosion aqueuse est un processus électrochimique qui
voit son origine dans le caractère de conduction électrique des deux phases en présence :
conduction électronique dans la phase métallique et conduction ionique dans la phase
aqueuse, appelée aussi électrolyte. Les réactions électrochimiques permettent les
transferts de charge au niveau de l’interface entre le métal (électrode) et l’électrolyte.

Sur certaines zones de l’interface métal – électrolyte, le métal s’oxyde sous la forme
d’ions chargés positivement (ou cations) qui passent en solution dans le liquide ou sous
forme de composés solides tels que des oxydes qui restent sur le métal.

La réaction d’oxydation du métal (réaction anodique) peut s’écrire ainsi :


(1)

où M représente le métal, M est le cation métallique à la valence z.


z+

Cette réaction d’oxydation libère des électrons qui doivent être consommés pour assurer
la neutralité électrique. C’est pourquoi une ou plusieurs réactions de réduction d’espèces
chimiques oxydantes (réactions cathodiques) présentes dans la phase aqueuse ont
nécessairement lieu simultanément à l’interface. Les réactions cathodiques les plus
courantes sont les réductions de l’oxygène dissous, des ions H O+ ou de l’eau :
3

1
Ce processus constitue une pile de corrosion dans laquelle le courant dit anodique va du
métal vers la phase aqueuse aux endroits où il se corrode (zones anodiques) et le
courant dit cathodique entre dans le métal aux endroits où le ou les espèces oxydantes
se réduisent (zones cathodiques ). En l’absence de courant électrique extérieur les
courants anodique et cathodique sont égaux et de sens opposés.

Les produits des réactions (1) et (2) sont des ions qui peuvent rester en solution ou réagir
pour donner un précipité (produit de corrosion) selon la réaction :

La pile de corrosion

Dans le cas des aciers ordinaires, on forme ainsi de la rouille. Dans certains cas (aciers
inoxydables par exemple) il se forme une couche d’oxyde protectrice de très faible

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épaisseur (quelques nanomètres) : on parle alors de « passivité » et la vitesse de corrosion
résiduelle est très faible. Certains métaux ou alliages tels que ceux d’aluminium ou de
titane du fait de leur grand pouvoir réducteur s’oxydent rapidement et se recouvrent d’une
couche d’oxyde protectrice.Par ailleurs, les atomes d’hydrogène formés sur les zones
cathodiques ont tendance à se recombiner en hydrogène gazeux diatomique :

Cependant, une partie de cet hydrogène atomique peut pénétrer dans la phase métallique
(notamment dans les aciers au carbone) et conduire à différentes formes de fragilisation
par l’hydrogène (notamment en cas de surprotection cathodique).

La vitesse de corrosion d’un métal est donc directement liée à l’intensité des réactions
anodiques et cathodiques qui se déroulent à l’interface. Le flux d’électrons, qui est donc le
courant de corrosion, est lié, par la loi de Faraday, à la quantité de métal oxydé.

De ce fait la vitesse de corrosion d’un métal peut s’exprimer de diverses manières : en


courant de corrosion (par exemple en microampères par cm²), ou en masse de métal
oxydée par unité de temps et par unité de surface (par exemple mg par dm² et par jour) ou
encore en épaisseur de métal oxydée par unité de temps (par exemple µm par an).

Pour l’acier ordinaire on a sensiblement la correspondance suivante :

Les paramètres importants qui régissent la vitesse de corrosion sont nombreux et


dépendent du matériau (composition, état de surface, état métallurgique…), du milieu
(composition chimique, notamment pH et potentiel redox, complexants, etc…) et des
conditions à l’interface (vitesse du fluide, température, …).

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L’approche cinétique de l’étude de la corrosion par le tracé des diagrammes densité de
courant/potentiel (courbes de polarisation) permet de quantifier les échanges de courant
et donc la vitesse de corrosion et le besoin en courant de protection cathodique. Ces
courbes, utilisant un générateur de courant continu (potentiostat) permettent de déterminer
la vitesse des réactions anodique (oxydation du métal) et cathodique (réduction de
l’oxydant du milieu –qui peut être l’eau elle-même-) en fonction du potentiel d’électrode
(mesuré par rapport à une électrode de référence –voir ci-après). En l’absence de courant
imposé extérieur le métal est à son potentiel de corrosion libre, les courants anodiques et
cathodiques étant égaux en valeur absolue.

Mesure du potentiel de corrosion libre d’un métal dans un électrolyte


Schéma d'un diagramme potentiel/pH (diagramme de POURBAIX) pour le fer

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Tracé des courbes de polarisation au moyen d'un potentiostat

Le potentiostat impose une valeur déterminée Vin potentiel de l’électrode de travail ET


(métal) par rapport à une électrode de référence ER. Cette polarisation du métal est
obtenue par le passage d’un courant, dont on mesure l’intensité I, entre ET et une
électrode auxiliaire (ou contre-électrode) CE.

Schéma d'un diagramme I=(f)E

Au potentiel libre de corrosion E , la valeur du courant anodique (égale au courant


corr

cathodique) représente le courant de corrosion i . Le courant global mesuré dans le circuit


corr

électrode de travail/contre-électrode est la somme algébrique des courants anodique et


cathodique.

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Les réactions électrochimiques ne sont pas distribuées de façon uniforme en tout point de
la surface métallique. Par exemple, la zone anodique (oxydation du métal) peut présenter
des localisations et étendues très variables, caractérisant l’aspect de la corrosion
(corrosion généralisée, plus ou moins uniforme, ou corrosion localisée conduisant par
exemple à la formation de piqûres ou de fissures).

Shéma d'un diagramme potentiel/pH (diagramme de POURBAIX) pour le fer

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La thermodynamique permet de prévoir les domaines de stabilité des espèces chimiques
présentes dans un système de corrosion. Les diagrammes potentiel pH (diagrammes de
Pourbaix), ainsi obtenus sont des auxiliaires précieux pour connaître l’influence d’une
variation de pH ou de potentiel sur les domaines de stabilité ou de prédominance des ions
ou composés considérés.
La zone (a) correspond au domaine d’immunité dans le cas où le matériau métallique est
l’espèce stable.
La zone (b) correspond à un passage en solution des ions métalliques.
La zone (c) correspond à la précipitation d’un composé sur le métal.
Le domaine de stabilité de l’eau est limité par les réactions d’oxydation ou de réduction
de l’eau (formation d’oxygène ou d’hydrogène).

1.2. Électrodes de référence


Electrode normale à hydrogène (ENH)
En électrochimie, l’électrode standard à hydrogène (ESH) est l’électrode de référence
absolue; son potentiel est par définition égal à zéro à toute température. Sa réalisation
pratique est l’électrode normale à hydrogène (ENH) constituée par un fil de platine plongé
dans un acide de pH=0 (solution normale en H O ) dans lequel barbote de l’hydrogène
3
+

gazeux sous 1 bar. Néanmoins cette électrode de référence n’est jamais utilisée par les
corrosionnistes qui lui préfèrent des électrodes plus robustes et aisément manipulables :
Electrode de référence cuivre-sulfate de cuivre saturé
L’électrode de référence cuivre-sulfate de cuivre est constituée par un fil ou un barreau de
cuivre plongé dans une solution aqueuse de sulfate de cuivre saturée. Le potentiel de cette
électrode de référence est, à 25°C, égal à +316 mV par rapport à l’ENH. Comme toutes
les électrodes de référence, la jonction électrolytique avec le milieu aqueux est réalisée au
moyen d’une paroi poreuse (fritté).
Electrode de référence argent-chlorure d’argent
L’électrode de référence argent-chlorure d’argent est constituée par un fil d’argent
recouvert de chlorure d’argent, plongé dans une solution de chlorure. Le potentiel de cette
électrode dépend de la concentration (activité) des ions chlorure : en présence de chlorure
de potassium saturé il est de +195 mV par rapport à l’ENH, à 25°C. En eau de mer, il est

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de +0,25 V/ENH (une plus grande précision nécessiterait la connaissance précise de la
teneur en chlorure de l’eau de mer considérée).
Electrode de référence au calomel saturé (ECS)
Dans cette électrode, le mercure est au contact du chlorure mercureux, Hg Cl (calomel) en
2 2

présence de chlorure de potassium (KCl). Le potentiel de cette électrode en milieu KCl


saturé est de +241mV par rapport à l’ENH, à 25°C.

1.3. La protection cathodique - principes et


applications
La protection cathodique est une technique permettant de réduire la vitesse de corrosion
d’un matériau métallique, en présence d’un milieu aqueux, en diminuant le potentiel de
corrosion du métal (polarisation cathodique d’où le terme protection cathodique).
L’ouvrage métallique à protéger est alors placé à un potentiel tel que la vitesse de
corrosion devient acceptable sur toute la surface de métal en contact avec le milieu
aqueux. Pour cela on fait circuler un courant électrique entre une anode auxiliaire et le
matériau à protéger qui constitue la cathode. Ce courant qui circule donc du milieu vers
le métal, est ajusté de façon à atteindre une valeur de potentiel pour laquelle la vitesse de
corrosion du métal devient très faible. Cette protection s’applique à toute structure
métallique en contact avec un environnement aqueux notamment les ouvrages en acier au
carbone enterrés ou immergés, les surfaces internes de capacités métalliques contenant un
électrolyte, ainsi qu’aux armatures du béton. Cette protection est souvent associée à des
procédés de prévention de la corrosion tels que les revêtements (peintures, polymères…).
Le courant de protection cathodique peut être appliqué :
 au moyen d’un générateur de courant continu externe branché entre la structure à protéger
(cathode) et une anode auxiliaire (appelée déversoir de courant) utilisant tout matériau
conducteur d’électricité (de préférence inattaquable) : protection par courant imposé ;
 par couplage galvanique entre la structure à protéger et des anodes constituées d’un métal ou
alliage moins noble que le métal que l’on veut protéger : protection par anodes galvaniques.
Quel que soit le système, l’efficacité de la protection dépend de la densité de courant
cathodique (donc du potentiel d’électrode atteint) sur la surface du métal que l’on veut

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protéger. C’est la valeur du potentiel ainsi obtenu qui sert de critère pour estimer
l’efficacité de la protection.

1.4. Systèmes de protection cathodique


Protection cathodique galvanique
Certains métaux ou alliages placés dans le même milieu électrolytique que l’ouvrage à
protéger ont un potentiel d’électrode (mesuré par rapport à une électrode de référence)
inférieur à celui du métal constitutif de l’ouvrage. Lorsqu’un tel métal est relié
électriquement à la structure à protéger, son potentiel tend à augmenter, alors que celui du
métal de la structure tend à diminuer, ce qui conduit à faire décroître sa vitesse de
corrosion. Cette méthode est limitée aux électrolytes dont la résistivité n’est pas très
élevée.
Selon les cas, les anodes galvaniques (parfois appelées anodes sacrificielles ou
consommables) sont à base de magnésium, de zinc ou d’aluminium. Dans tous les cas
les anodes pour protection cathodique doivent être impérativement constituées d’alliages
spécifiques qui ont été préalablement qualifiés par des mesures permettant de connaître
leurs caractéristiques électrochimiques, notamment leur réactivité et leur polarisabilité,
sur le long terme.

Système de protection par anode galvanique


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Protection par courant imposé
Dans les installations de protection cathodique par courant imposé, l’alimentation
électrique permet de polariser cathodiquement la structure à protéger en faisant circuler un
courant continu entre l’ouvrage à protéger et une anode auxiliaire dite « déversoir ». Dans
les régions isolées, ce courant peut être généré par des systèmes d’éoliennes ou de
panneaux photovoltaïques.

Selon les cas, cette anode peut être constituée de matériau consommable (acier de rebut),
semi-inerte (ferro-silicium, graphite, magnétite, oxyde de plomb) ou inerte (titane platiné,
niobium platiné, tantale platiné, titane recouvert d’oxydes mixtes « Ti/MMO », polymères
conducteurs).

Système de protection par courant imposé

Comparaison des systèmes de protection cathodique

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1.5. Critères d'efficacité de ma protection
cathodique
Une installation de protection cathodique doit être suivie et contrôlée régulièrement. pour
s’assurer de l’efficacité de la protection.
Niveau de protection
La vitesse de corrosion d’un matériau métallique, exprimée par exemple en mm/an, est proportionnelle à la densité
de courant anodique, en A/m² (selon la loi de Faraday). Pour l’acier au carbone l’équivalence est proche de 1mm/an
soit 7,8 kg/m².an soit 850 mA/m². Lors de la conception d’une installation de protection cathodique, il convient de
s’assurer qu’en tout point de la structure, la vitesse de corrosion sera suffisamment réduite par la diminution de
potentiel. Le critère généralement retenu est celui conduisant à une vitesse de corrosion résiduelle inférieure à
10 μm/an.
Les critères d’efficacité à considérer pour une installation de protection cathodique, pendant son fonctionnement,
sont fondés sur le potentiel de corrosion de l’acier par rapport à une électrode de référence. La méthode pour
mesurer ce potentiel dépend du type de structure et du milieu qui l’entoure. Il est à noter que la valeur de la chute
ohmique (produit de l’intensité du courant par la résistance électrique) existant entre l’électrode de mesure et la
surface dont on cherche à mesurer le potentiel peut conduire à des erreurs de mesure importantes. Dans les milieux
peu conducteurs comme les sols, il faut éliminer ou réduire le plus possible cette chute ohmique, soit en plaçant
l’électrode de mesure au voisinage immédiat de la surface du métal, soit, le plus souvent, en mesurant le potentiel
juste après interruption du courant de protection cathodique, en cas d’absence de perturbations électriques
extérieures.
(Bien que la position 1 pour l’électrode de référence soit préférable à la position 2, la mesure est faussée par la
chute ohmique)
Par expérience, dans les milieux aqueux usuels, une protection cathodique est efficace si le potentiel réel de l’acier
(hors chute ohmique) est inférieur à –850 mV par rapport à une électrode au cuivre/sulfate de cuivre saturé ou de –
800 mV par rapport à une électrode argent/chlorure d’argent/eau de mer. Dans certains cas, par exemple dans des
conditions de corrosion anaérobie (boue en fond marin par exemple), le potentiel doit être encore abaissé de 100
mV (soit –950 mV ou –900 mV respectivement).

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D’autres critères plus ou moins empiriques sont parfois retenus. Le plus répandu est celui dit de la
« dépolarisation » : le potentiel de l’acier est mesuré aussi rapidement que possible après coupure du courant de
protection cathodique (on s’affranchit ainsi de la chute ohmique), puis quelques heures après. La protection est
considérée comme efficace si le potentiel de corrosion de la structure protégée remonte d’au moins 100 mV.
Risques de surprotection cathodique
Le potentiel d’un acier sous protection cathodique ne doit pas être trop abaissé (ou, ce qui est équivalent, la densité
de courant cathodique ne doit pas être trop élevée). En effet, dans ce cas, de l’hydrogène peut se former (risque de
fragilisation de certains aciers) et le pH devenir très alcalin, (endommagement du revêtement). Des critères liés aux
risques de surprotection figurent dans les normes et recommandations techniques.

1.6. Conception
La conception des systèmes de protection cathodique a pour objet de définir le nombre, la
masse, les dimensions et la répartition des anodes pour assurer le respect du critère de
potentiel retenu en tout point pendant la durée de vie prévue pour l’installation.
Généralement elle est réalisée de façon simple pour être facilement mise en œuvre, ce qui
requiert surtout l’expérience du concepteur.
Dans les cas complexes, l’utilisation d’un logiciel peut être requise. Elle a pour but de
déterminer la distribution du potentiel d’électrode en tout point de l’ouvrage à protéger.
Cette distribution du potentiel est modélisée pour diverses valeurs du courant de
protection. Les paramètres utiles pour ces calculs sont de deux natures :
 Géométriques : dimensions et forme de l’ouvrage, formes et positions des anodes,
 Physico-chimiques : dépendant du milieu autour de l’ouvrage : nature (sol, etc.), résistivité
électrique, composition chimique, éventuellement température.

Les calculs de la distribution du potentiel se font de façon numérique par la méthode des
éléments finis ou celle des équations intégrales. Dans les méthodes les plus élaborées,
l’évolution de l’état de surface sous protection (dépôts, etc.) est prise en compte. La
distribution du potentiel est alors obtenue au cours du temps : par exemple, juste après la
mise en route et quelques années plus tard.
Les résultats de ces calculs permettent de localiser les zones où la protection cathodique
risque de ne pas être suffisante. Ils permettent aussi de déterminer les interactions
éventuelles entre deux systèmes indépendants de protection cathodique mais appliqués sur
des ouvrages proches.

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2. Ouvrages enterrés

2.1. Types d'ouvrages à protéger -


enterrés
Les ouvrages enterrés sur lesquels s’applique la protection cathodique
sont les canalisations (gaz, pétrole, eau), les réservoirs enterrés, les
cuvelages de puits, les dessous de réservoirs aériens et parfois les
pieux ou éléments analogues.

La corrosion de ces ouvrages a diverses origines :

 l’agressivité locale des sols


 l’aération différentielle due à la différence de nature ou de granulométrie des sols
 les courants vagabonds circulant dans les sols, dus parfois à des protections
cathodiques voisines.

Les canalisations sont recouvertes par des revêtements organiques, à


base de bitume ou de polymères.
Il faut noter que la protection cathodique est obligatoire pour les
canalisations enterrées transportant des produits pétroliers, gaziers ou
chimiques ainsi que les réservoirs enterrés de gaz inflammables et de
gaz de pétrole liquéfié (GPL).

2.2. Conception des protections


cathodiques enterrées

La protection cathodique des structures enterrées peut être obtenue


par des anodes galvaniques mais plus généralement par courant
imposé. Dans tous les cas les anodes (A) sont enterrées.

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Généralités sur la conception d’une installation

La durée de service d’une installation de protection cathodique est de


l’ordre de 15 à 20 ans, car il convient d’espacer les travaux de
terrassement.

La densité de courant à prendre en compte lors de la conception d’une


installation dépend du type de protection cathodique et du revêtement
des canalisations. Le tableau 1 donne un exemple de ces densités de
courant pour un acier revêtu. Pour un acier non allié non revêtu, la
densité de courant à prendre en compte dépend de l’humidité du sol.

Tableau 1 : Exemples de densités de courant (ddc) à prendre en compte


lors de la conception classique d’une protection cathodique de
canalisation

Pour la protection par courant imposé, les anodes, appelées aussi «


déversoirs », sont des ensembles constitués par un matériau
conducteur électronique tel que ferro-silicium, graphite, magnétite,
titane/MMO ou acier (vieux rails) entouré d’un mélange régulateur ou «
backfill » constitué de poussier de coke qui permet de diminuer la
résistivité autour des anodes et d’éliminer l’oxygène éventuellement
formé.

Pour la protection par anodes galvaniques, il s’agit d’un alliage de zinc


ou de magnésium entouré d’un mélange régulateur ou « backfill »
constitué de bentonite et de sulfate de calcium. Les anodes en
aluminium sont à exclure car les sols ne contiennent généralement

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pas assez d’ions chlorures pour éviter leur passivation qui conduit à
une chute du débit du courant galvanique.

Des câbles électriques sont fixés sur la structure enterrée, et espacés


régulièrement pour permettre des mesures de potentiel en surface,
depuis un coffret de mesure.

Interactions avec des structures voisines

L’emplacement des anodes doit tenir compte de la présence éventuelle


de structures métalliques au voisinage de celle à protéger. Une
canalisation enterrée peut aussi être influencée (induction
électromagnétique) par une ligne électrique sous très haute tension,
proche et parallèle. Au niveau des défauts, l’acier mis au contact avec
le sol peut alors se corroder. Dans ce cas, il faut mettre à la terre cette
canalisation, généralement aux extrémités de sa partie parallèle à la
ligne, tout en bloquant le passage du courant continu de protection
dans la liaison ainsi créée.

Les voies ferrées alimentées en courant électrique sont également une


source de perturbation de la protection cathodique des canalisations
posées dans leur voisinage. Il est généralement nécessaire d’installer
des « drainages » de courant vagabonds afin d’éviter toute fuite de
courant depuis la structure à protéger vers le sol.
2.3. Mise en oeuvre - ouvrages
enterrés
Protection par courant imposé

Le courant électrique est généralement fourni par un transformateur-


redresseur (P) dont le pôle négatif est relié à la structure à protéger (S)
et le pôle positif à un « déversoir » (anode) (A) qui est enterré assez
loin de cette structure. Par exemple, pour une canalisation, le déversoir
est généralement situé à 50 mètres de la canalisation, et même plus
selon le débit du déversoir.

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Protection par anodes galvaniques

Pour les structures de grande longueur (canalisation), les anodes


galvaniques sont enterrées à une profondeur supérieure à 1,50 m et à
une distance qui est souvent supérieure à 3m. Le circuit électrique qui
relie la structure à protéger à l’anode, comporte un point de mesure.
Pour les structures compactes (réservoirs enterrés, etc.) les anodes
galvaniques peuvent être fixées directement sur l’acier (cela empêche
toutefois la mesure du courant débité).

2.4. Surveillance et contrôle


L’efficacité d’une installation de protection cathodique est évaluée en mesurant
la différence de potentiel entre l’extrémité du câble relié à la structure enterrée
et une électrode de référence placée sur le sol, à l’aplomb de cette structure. Le
matériel utilisé pour les contrôles doit être régulièrement vérifié.

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Les valeurs du potentiel à courant enclenché (potentiel établi E ) on

doivent être corrigées de la chute ohmique entre la structure et


l’électrode de référence. Il est préférable de mesurer le potentiel peu
après coupure du courant (potentiel à courant coupé E ). off

(S) structure enterrée, (A) : anode, (P) : alimentation, (Ref) : électrode


de référence, E : millivoltmètre.
Le critère de 100mV peut être appliqué avec précautions comme
alternative sur les ouvrages enterrés, comme expliqué ci-après.

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3. Ouvrages immergés

3.1. Types d'ouvrages à protéger


-immergés
Les ouvrages métalliques immergés concernés par la protection
cathodique sont mobiles (bateaux, tankers, plates-formes mobiles,
portes d’écluse, etc.) ou fixes (ouvrages portuaires, plates-formes et
installations sous-marines offshore, balises, canalisations immergées,
stockages flottants, etc.). Ils sont dans l’eau de mer ou dans des eaux
douces ou saumâtres. Ces ouvrages ont pratiquement tous un
revêtement de protection, à l’exception des plates-formes fixes.

La protection cathodique est maintenant appliquée de façon


systématique sur les tankers et les bateaux métalliques, ainsi que sur
les plates-formes offshore et les canalisations immergées.

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3.2. Conception des protections
cathodiques immergées
La protection cathodique par courant imposé ne concerne que les
coques de bateaux et des ouvrages fixes, alors que les anodes
galvaniques sont couramment utilisées pour tous les types d’ouvrages
et sont fixées directement sur ceux-ci.

La densité de courant nécessaire pour obtenir la protection cathodique


dépend beaucoup du milieu entourant la structure. Le tableau 2 donne
des ordres de grandeur de cette densité de courant pour un acier non
revêtu. La présence de revêtement permet de diminuer cette densité
de courant, car seule une partie de l’acier est mise au contact de l’eau
(notion de résistance d’isolement ou de coefficient de dégradation).

Il est à noter qu’un acier immergé dans l’eau de mer se couvre, du fait
de la protection cathodique (augmentation locale de pH), d’un dépôt
calco-magnésien. Ce dépôt diminue de façon sensible la densité de
courant requise pour la protection, après quelques mois de
fonctionnement.

Tableau 2 : Ordre de grandeur de la densité de courant pour protéger


une structure en acier au carbone, non allié, non revêtu.

3.3. Mise en oeuvre - ouvrages


immergés
Dans le cas de la protection cathodique par courant imposé des
ouvrages fixes, les anodes sont généralement immergées à une
distance assez grande de l’ouvrage à protéger en essayant de

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minimiser les risques d’interférence avec d’autres structures
métalliques (bateaux dans les ports, etc.). Pour les coques de bateaux
les anodes à courant imposé sont installées sur la carène, au centre
d’un écran (bouclier) diélectrique pour éviter des densités de courant
de protection trop élevées au voisinage immédiat de l’anode (risque de
surprotection).

Les anodes galvaniques sont essentiellement en alliages d’aluminium


(Al-Zn-In), en zinc (de composition contrôlée) ou en magnésium. Elles
sont fixées sur la structure grâce à un système qui permet
éventuellement leur remplacement facile lorsqu’elles sont
consommées. Pour les ouvrages offshore le calcul relatif aux anodes
(masse, nombre) est réalisé pour couvrir la durée de vie de l’ouvrage
4. Intérieur de capacité

4.1. Types d'ouvrages à protéger -


intérieur de capacité
La protection cathodique s’applique à l’intérieur de capacités contenant des
liquides conducteurs électrolytiques (solutions aqueuses généralement). Il s’agit,
par exemple, de chauffe-eau, de ballasts d’eau de mer ou de citernes de
tankers, de séparateurs, de réservoirs de stockage, de boîtes à eau
d’échangeurs thermiques, etc.

Ces capacités sont très souvent protégées aussi par un revêtement interne, la
protection cathodique étant destinée à prévenir toute attaque au niveau de
défauts (éraflures, pores…).

4.2. Conception - intérieur de


capacité
Principe général de la conception

La protection cathodique de l’intérieur des capacités se fait à l’aide d’anodes


galvaniques ou par courant imposé. La nature, l’emplacement et le nombre des
anodes dépendent de la composition chimique du liquide, de sa conductivité, de
la température... En pratique, la conductivité du liquide doit être supérieure à
0,001 S.m .
-1

La résistivité électrique des revêtements internes de capacités est relativement


élevée s’il s’agit, par exemple, d’émail ou de résine époxydique. Néanmoins si
de tels revêtements sont dégradés, leur résistivité diminue. La résistivité
électrique des revêtements à base de ciment est relativement faible.

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Lorsque la résistivité du revêtement est élevée, la densité de courant prise en
compte lors de la conception est de l’ordre de 5 mA.m . Elle est de l’ordre de 1
-2

A.m pour les surfaces non revêtues.


-2

Lorsque la conductivité du liquide est faible (forte résistivité), et que la structure


à protéger contient des éléments métalliques non revêtus, ceux-ci doivent être
isolés de l’ensemble de la structure. L’emplacement des anodes est à étudier
avec soin.

Réactions secondaires

Dans le cas d’une protection interne, les réactions électrochimiques sur l’anode
et la cathode (capacité à protéger) peuvent modifier la composition du liquide
qui est dans un volume confiné. Ceci est à prendre en considération pour des
raisons sanitaires ou industrielles. Des dégagements gazeux peuvent aussi se
produire, il s’agit en particulier de l’hydrogène, lorsque le potentiel de la
structure est trop négatif. C’est pourquoi des purgeurs d’air et des ouvertures de
visite sont parfois prescrites, ainsi que des mesures de potentiel
4.3. Mise en oeuvre - intérieur de
capacité
Les anodes les plus utilisées pour la protection cathodique « interne » sous
courant imposé sont : ferro-silicium, graphite, polymères conducteurs,
revêtement de platine ou oxydes sur titane ou autre métal précieux, parfois
l’aluminium ou le fer.

Les anodes galvaniques pour l’eau douce sont en alliage de magnésium, alors
que dans l’eau de mer il s’agit d’alliages de zinc ou d’aluminium.

Tableau 3 : Prescriptions concernant les capacités sous protection


cathodique interne, avec risque de dégagement d’hydrogène

21
4.4. Surveillance et contrôle -
intérieur de capacité
Quand l’introduction d’une électrode de référence est possible, l’efficacité d’une
installation de protection cathodique est suivie par mesure du potentiel de la
structure par rapport à une électrode de référence placée dans la structure. Pour
éliminer l’effet de la chute ohmique, ce potentiel est de préférence mesuré juste
après coupure du courant de protection.

La valeur du potentiel à atteindre dépend du matériau constitutif de la structure


et du liquide qu’il contient. Elle dépend aussi du type d’électrode de référence.
Le tableau 4 donne l’exemple d’une structure en acier non allié contenant de
l’eau.

Tableau 4 : Potentiel (volt) de protection d’un acier non allié immergé


dans des eaux contenant diverses teneurs en chlorure

5. Ouvrages en béton armé

5.1. Types d'ouvrages à protéger -


Ouvrages béton armé
Lorsque les aciers dans les ouvrages en béton armé, qui sont enterrées
ou immergées, sont soumis à une protection cathodique, les règles de
conception et de surveillance sont les mêmes que celles des structures
métalliques classiques.

Les ouvrages en béton armé qui sont exposés à l’atmosphère peuvent


aussi bénéficier d’une protection cathodique, car le béton contient
toujours de l’eau au niveau des armatures. Il s’agit, par exemple, de
bâtiments, de ponts, de parkings, de tunnels ou de murs.

22
5.2. Conception - ouvrages en béton
armé
La protection cathodique s’applique aux zones où les armatures sont
dépassivées, c’est-à-dire corrodées, généralement suite à la diffusion d’ions
chlorures accompagnée éventuellement d’une chute du pH normalement très
alcalin. Les anodes sont plaquées sur le béton dans ces zones. Il s’agit soit
d’anodes galvaniques, soit d’anodes pour une protection par courant imposé.

IMAGES 1 et 2

Dans le cas d’une protection par anode galvanique, la dimension de la


zone effectivement protégée dépend de la résistivité du béton et de
facteurs géométriques. Pour une protection par courant imposé, la
valeur de la densité de courant à prendre en compte lors de la
conception, dépend surtout de la résistivité du béton.
Les anodes galvaniques sont le plus souvent des alliages de zinc ou
d’aluminium. Pour la protection cathodique par courant imposé, il s’agit
de treillis en titane dont la surface est recouverte d’oxydes de métaux
rares (titane/MMO), de peinture conductrice, de treillis de carbone sous
forme de fibres ou d’autres matériaux conducteurs. Pour assurer une
bonne continuité de l’humidité entre le béton et l’anode, celle-ci est
soit enrobée de béton (ou mortier) d’une épaisseur suffisante, soit
recouverte d’un revêtement étanche, limitant l’évaporation.

5.3. Mise en oeuvre - ouvrages béton


armé
La mise en place d’une installation de protection cathodique commence
par le traitement du béton d’enrobage pour éviter les discontinuités
électriques (délaminage du béton, etc.) et les courts-circuits. Ensuite,
les anodes sont placées, et après vérification des éléments du circuit
électrique, celui-ci est connecté.

Le courant électrique, augmenté par paliers lors de la mise en route,


est ajusté après quelques mois, pour assurer que le critère de
protection est bien atteint.

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5.4. Surveillance et contrôle -
ouvrages en béton armé
L’efficacité d’une installation de protection cathodique est évaluée en
mesurant la différence de potentiel entre l’extrémité du câble relié à la
structure enterrée et une électrode de référence placée sur le sol, à
l’aplomb de cette structure. Le matériel utilisé pour les contrôles doit
être régulièrement vérifié.

Les valeurs du potentiel à courant enclenché (potentiel établi Eon)


doivent être corrigées de la chute ohmique entre la structure et
l’électrode de référence. Il est préférable de mesurer le potentiel peu
après coupure du courant (potentiel à courant coupé Eoff).

(S) structure enterrée, (A) : anode, (P) : alimentation, (Ref) : électrode


de référence, E : millivoltmètre.
Le critère de 100mV peut être appliqué avec précautions comme
alternative sur les ouvrages enterrés, comme expliqué ci-après.

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