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La publicité dans le système législatif algérien

Entre les cadres réglementaires et juridiques

Pr. Abdelghani Arab

Département de la communication et de l’information

Faculté des sciences humaines et sociales

Université de Badji Mokhtar Annaba.


La publicité dans le système législatif algérien
Entre les cadres règlementaires et juridiques

Résumé

Le développement de la publicité en Algérie a subi des


changements au niveau organisationnel et législatif, notamment
après la promulgation de la première loi de l’information et des
medias dans le pays, depuis l'indépendance, qui réglemente et gère
l'activité publicitaire. Cet article vise à cerner la réalité de la
publicité en Algérie à travers les cadres juridiques et réglementaires
les plus importants édictés par le législateur algérien en la matière.
Il traite également les caractéristiques les plus importantes de
l'activité publicitaire à travers les différents moyens de
communication et médias publics et privés, afin que cette activité
puisse jouer un rôle positif en faisant avancer le développement
économique et social dans la bonne voie.

Introduction:

Les plus anciennes publicités de l'histoire remontent à environ 3000


avant J.-C. Les archéologues ont trouvé de nombreux modèles,
notamment dans la ville de Pompéi, près de Naples, en Italie. La
publicité était également connue chez les anciens Égyptiens environ
mille ans avant la naissance de Christ, c'était l'annonce écrite par un
prince égyptien annonçant l'attribution d'une récompense pour celui qui
rend son esclave fugitif. De même, la publicité était connue chez les
Arabes à l'époque préislamique, en particulier dans le marché d'Okaz,
considéré comme le plus grand rassemblement économique, culturel et
artistique des Arabes à l'époque préislamique. De nombreuses preuves
historiques indiquent que la publicité était connue dans de nombreuses
civilisations anciennes parmi les Assyriens, les Romains, les
Babyloniens et les Phéniciens, avec divers moyens et méthodes
disponibles à chaque époque et pour chaque civilisation. Pendant des
siècles, l'appel est resté la forme publicitaire la plus utilisée et la plus
efficace, notamment au moyen âge. Les marchands utilisaient des
appelants et des croasseurs pour sillonner les routes, les rues, les places
publiques et les lieux de rassemblement tels que les marchés pour
promouvoir leurs produits et vanter leurs vertus. Ces hérauts et
croasseurs n'hésitent pas à se sophistiquer dans l'émission et la
composition de tonalités vocales et à multiplier les embellissements
rhétoriques et les descriptions marketing de ce qu’ils publient et
annoncent. Les appelants ont également utilisé différents signes et
symboles en plus des moyens audio( voix humaine, tambours, et
l’utilisation des trompettes et flûtes... etc) pour annoncer l’arrivée des
navires et caravanes commerciaux, ou pour faire de la publicité pour les
marchandises et les services, ou pour promouvoir les informations de
l’État, tel qu’annoncer l’arrivée des délégations étrangères, ou publier les
lois et les communiqués officiels. Les commerçants ont également placé
des enseignes ou des signes distinctifs et des symboles à l’extérieur de
leurs magasins indiquant le type de commerce ou de service fourni par
ces magasins ou pour attirer l’attention des passants, Le cylindre rayé
indiquait la présence d’un barbier, tandis que le symbole du serpent et
de la coupe indiquaient que le magasin était une pharmacie.

L'effet de la publicité a augmenté en y introduisant des couleurs pour la


transformer avec les changements apportés par la révolution industrielle
et les technologies qu'elle a introduites en une force influente dans
l'activité économique et sociale, elle est adoptée comme un moyen
efficace de définir les avantages de la production, et utilisée comme un
outil efficace pour relever les défis de la concurrence et du monopole.

Avec l'introduction de l'imprimerie par l'Allemand Gutenberg en 1453, la


publicité fit un pas de géant pour atteindre un large public, où il connut
ce qu'on appelle la publicité commerciale, qui parut en 1632 dans le
journal anglais "Public Advertising" . Quant à la publicité moderne, elle
est apparue aux États-Unis grâce à l’immense superficie du pays. Les
annonceurs avaient l'habitude d'envoyer des dépliants publicitaires
(catalogues) dans diverses régions du pays pour présenter leurs produits,
et parmi les premiers à utiliser cette méthode était les papetiers et les
producteurs de céréales, de sorte que des "sociétés publiques de vente
par correspondance" ont été créées dans les années soixante-dix du XIXe
siècle (années 1870). Avec la fin du XIXe siècle, le phénomène de la
publicité a commencé à s'étendre à d'autres domaines, tel que la
production des produits pharmaceutiques et médicaux. A cette époque,
des produits en conserve sont également apparus tel que le savon, au
cours de laquelle, la publicité a déplacé l'attention du consommateur, de
l'intérêt pour la matière produite vers l'intérêt pour la couverture ou la
boîte, cela a mené à l’apparition d’une concurrence entre les marques, et
l’accent est mis donc sur l’incitation du client ou consommateur, en
attirant son attention sur la boîte, alors que le sucre ou le beurre par
exemple étaient vendus en fûts, donc l'intérêt du consommateur est resté
sur les produits et non pas sur la boîte ou la marque. Avec la première
guerre mondiale, la publicité commence à connaître de nouvelles formes
plus efficaces et plus rapides à diffuser grâce à l'utilisation de
l'électricité, ce qui a permis l'installation de panneaux publicitaires à
l'extérieur et l'utilisation de la radio dans la publicité depuis les années
vingt (1920), ce qui a conduit au développement d'un nouveau type de
publicité, qui est la publicité sonore, ensuite, après la seconde guerre
mondiale une véritable révolution est apparue dans le monde de la
publicité avec l'avènement de la télévision, grâce à laquelle de nombreux
changements sont intervenus, notamment l'utilisation de techniques
précises du son et de l'image, et la focalisation de l'esprit et de la vue du
spectateur sur certains aspects de la publicité pour obtenir un effet
psychologique en particulier. La télévision est devenue le moyen de
publicité le plus important, avec ses caractéristiques à la fois sonores et
visuelles, en plus du nombre élevé de téléspectateurs. Au cours du
dernier quart du XXe siècle, la publicité atteint tous les moyens : de la
radio, de la télévision, de la presse écrite, du cinéma, de la publicité dans
les lieux de vente, (publicité sur le world wide web, brochures
publicitaires gratuites distribuées dans certains endroits ou envoyées aux
clients par courrier... etc). La publicité est devenue un facteur décisif dans
les stratégies des institutions, et avec l’intensification de la vague de
concurrence, à un moment où la société de consommation était à l’apogée
de son expansion, la publicité télévisée est restée maîtresse de tous ces
types en raison de ses particularités affectant les consommateurs et de la
possibilité de l’imposer aux téléspectateurs, en choisissant les horaires
des spots publicitaires, y compris que ces clips soient diffusés pendant
une émission, le téléspectateur sera obligé de regarder les séquences
publicitaires même s’il ne le souhaite pas car son désir est de suivre son
programme préféré, et pour cette raison, les téléspectateurs profitent
souvent de la période des annonces publicitaires à la télévision, malgré
qu’elle est courte pour effectuer des travaux légers puis reviennent
suivre le reste du programme.

À partir de 1990, la technologie de télécommande des téléviseurs est


apparue de manière généralisée dans la plupart des sociétés, ce qui
signifie que le téléspectateur peut désormais passer d'une chaîne à une
autre sans être obligé de suivre la publicité comme autrefois, et sans
bouger de son siège ou se lever de sa place. Alors les annonceurs ont
ressenti le danger de cette nouvelle technologie sur leur capacité à
transmettre leurs messages et à influencer les téléspectateurs, ils ont
donc eu recours à une nouvelle méthode de publicité, qui consiste à
parrainer une manifestation ou des activités connues pour leur large
audience, comme le parrainage de la Coupe du monde de football ou des
Jeux Olympiques, et comme il est bien connu, ce type de publicité à fait
l’objet d’une grande concurrence entre les grandes sociétés mondiales et
alloué également d'importantes sommes d'argent. Parmi ces types figure
aussi le parrainage d'émissions télévisées qui attirent une grande
participation massive à savoir l’émission « Stades du monde » de la
télévision nationale algérienne, ou l’utilisation de ce que on appelle les
informations commerciales, qui sont de courtes bandes publicitaires
permettant une définition détaillée du produit tout en essayant de
convaincre le consommateur de sa supériorité ou de la supériorité de ses
avantages par rapport au reste des produits.

La publicité étant une forme de communication, a beaucoup bénéficié


des développements radicaux, rapides et profonds que la révolution de la
communication et des transports a connus depuis la Seconde Guerre
mondiale au cours du siècle dernier, ces développements qui
comprenaient tous les aspects liés à la publicité en termes de style, de
contenu et de conception, de direction artistique et de moyens d’édition.
La révolution scientifique technologique de la communication a entraîné
une révolution de la publicité, car elle est devenue une science, un art et
d’autres diverses formes de créativité qui dépend des réalisations des
autres sciences telles que les sciences de l’information et de la
communication, la psychologie, la sociologie, l’économie, l’informatique,
l’optique, l’ingénierie, la chimie et les mathématiques.

La publicité sous toutes ses formes est l’une des caractéristiques les plus
importantes de l’époque, et les moyens modernes de communication ont
joué un rôle crucial dans son développement et sa vitesse de diffusion,
elle est devenu aussi le partenaire de toute production, quels qu'en
soient son type, sa forme ou sa matière, et dans tous les domaines, la
promouvant, louant ses qualités et énumérant ses avantages en utilisant
des méthodes et des images que ses responsables croient capables
d'atteindre les buts recherchés.

La publicité en Algerie
Quant à l’Algérie pendant la période coloniale, les Français ont pu
pendant cette période faire de l’Algérie un marché pour la décharge de
leurs marchandises, et ainsi le statut de publicité ne différait pas du
contrôle capitaliste qui prévalait dans le domaine économique avec
toutes ses activités. Elle était gérée par de grandes agences privées, à
savoir HAVAS qui a été le premier contrôleur de la politique publicitaire
du pays, une agence succursale de l’agence mère à Paris, et malgré la
présence des agences algériennes à fort potentiel, elles ne pouvaient pas
concurrencer l’entreprise monopolistique française. Par conséquent, les
messages publicitaires ont été conçus conformément aux intérêts du
colonialiste, de sorte que la publicité à cette époque a connu une
prospérité éblouissante et est devenue une source de financement pour
l’armée avant la guerre, elle a été grandement encouragée par les
autorités coloniales. Ainsi, il devient clair que la publicité à l'époque
coloniale était soumise à des agences privées contrôlées par une classe
bourgeoise française, qui vise par ses opérations à obtenir le plus grand
profit possible, quels que soient l'importance du produit, ses avantages
et les dommages qu'il pourrait causer à l'économie en particulier et à la
société algérienne en général (1) .

Particularités de la publicité en Algérie:


On peut identifier les origines de quatre particularités de la publicité en
Algérie, qui sont (2) :

1. Contrôle de la publicité administrative et légale de tous leurs types,


utilisée par les institutions du secteur public.
2. Le vaste champ d'application de la publicité.
3. Le caractère plus descriptif et rationnel de la majorité des
publicités.
4. La coexistence des annonceurs, qui explique l’existence de
nombreux styles de communication, selon le public cible de
l’annonceur, notamment :
1. La publicité administrative et légale (législative) :

Faire de la publicité administrative ou législative est la caractéristique


marquante du système publicitaire algérien, de sorte que
l’information publicitaire peut être directe et vise une institution
précise, il existe un exemple important lié aux institutions publiques,
ce qui a fait que la publicité administrative et législative ayant
longtemps été limitées à être utilisées par les ministères de la santé, de
l'agriculture, des transports et la société Sonalgaz, par conséquent, les
particuliers et les institutions privées ont évité systématiquement
toute publicité administrative et législative d’une manière qui en ôte
le caractère officiel et préserve leur image commerciale . La publicité
administrative se présente souvent sous des formats spécifiques que
l'administration doit publier tels quels à savoir : enchères, appels
d'offres, décisions d’interdiction et autres issues.

2. La publicité commerciale:
La publicité algérienne est également unidirectionnelle et illimitée,
ce qui signifie que pratiquement toutes les activités commerciales et
professionnelles sont autorisées à faire de la publicité, on constate
aussi généralement des commerçants privés faire de différentes
publicités.

3. La publicité spécialisée :
Basée sur la diversité de l’audience algérienne, la structure des rôles
publicitaires prend en compte la multiplicité des finalités ciblées. Et
afin de répondre aux besoins particuliers de communication adressés
aux différentes régions du pays, il existe des organismes locaux ou
régionaux spécialisés dans l’approche de chaque localité ou région. Le
cas le plus évident dans ce domaine concerne les journaux régionaux,
qui ont connu une croissance spectaculaire ces dernières années, en
raison de la spécificité culturelle des habitants des quatre grandes
régions algériennes, qui ont besoin d’une connexion cohérente avec
cette spécificité.

4. La Publicité tangible (concrète):


Une part indéterminée de la publicité d’affichage a disparu de la
scène publicitaire en Algérie depuis le début des années quatre-vingt-
dix, une époque pendant laquelle les annonceurs étaient conscients
des nouvelles aspirations des consommateurs. Et si les algériens
s'attendaient avec une meilleure réception au vu des années
précédentes, ils sont devenus plus réalistes et prudents dans leurs
dépenses, et c’est le même comportement qui caractérise la société
capitaliste en ce sens qu’ils ne s’attendent pas à ce que les annonceurs
vendent des rêves, des images et des symboles, mais plutôt veulent
des choses tangibles représentées par des faits convaincants et des
données liées au produit qui leur permettent d’évaluer
l’investissement et le rendement de son incarnation, où la publicité
devient tangible et utile, loin de toute tendance à l’émotion et à la
déclaration.

Histoire de l’évolution de l’Agence Nationale de l’Édition et


de la Publicité (ANEP) :
L'Agence nationale de l'édition et de la publicité héritée par l'Algérie
après l'indépendance, a incité le système politique à conduire un
processus de sélection des priorités dans le cadre d'une stratégie
nationale de développement, intégrée et indépendante, depuis lors, la
dimension nationale de la communication s'est automatiquement
étendue au journalisme, puis à tout ce qui s'y rapporte sous le terme
général : la publicité, qui a commencé à occuper peu à peu une
position supérieure sur les plans économique, social et médiatique.

De ce point de vue, la nécessité de mettre en place d’une Agence


nationale de l’édition et de la publicité (ANEP), apparaît comme une
évidence, et ainsi, depuis sa création en 1967, elle exerce
unilatéralement l'activité médiatique dans un contexte marqué par la
domination de l'État sur le marché publicitaire national, ce qui place
l'agence comme le premier jalon de son parcours pionnier d'activité
publicitaire dans tout le pays. En 1968, après la définition de ses
fonctions s’étendant à toutes les activités publicitaires, elle a été
renforcée par une série d’ordonnances, de décrets, de circulaires
gouvernementales et de décisions ministérielles, afin de jouer son rôle
d’instrument privilégié de la politique nationale dans le domaine de
l’information. Les différents outils organisationels prévus depuis la
création de l'agence ont été adaptés aux objectifs fixés pour les
exigences spécifiques de chaque étape de son développement. Sur
cette base, nous pouvons suivre trois périodes historiques qu'a
passées l'Agence nationale de l'édition et de la publicité. , à savoir : (3)
Lois sur la publicité en Algérie
L’absence d’intérêt pour la publicité en Algérie est due à la faiblesse
de l’économie nationale, Cette dernière qui a procédé de manière
administrative bureaucratique centralisée, au détriment des règles de
l’économie libre, Il en a résulté que toutes les institutions ont négligé
cet aspect communicationnel. , que ce soit pour répondre à leurs
besoins internes ou externes.

Travailler avec un concept que le l’information et la communication


est un secteur improductif, a ajouté à la publicité de la négligence et
du mépris, car depuis l'indépendance, aucune loi réglementant la
publicité n'a paru en Algérie, au contraire, la politique des différentes
autorités s'est limitée à négliger le phénomène publicitaire, qui est en
complète contradiction avec la ligne générale de la politique
médiatique en Algérie. La loi de l’information algérienne de 1982, la
première du genre, parle du terme « information économique », qui
signifie la présentation de ce que les entreprises produisent. Quant
aux textes de 1986 sur la radio et la télévision, ils ont été édictés pour
déterminer la part de la publicité dans le budget de ces institutions, ce
qui a conduit certains journaux à allouer de nombreuses pages à la
publicité au détriment des informations. L'importance de la publicité
en Algérie n'a émergé qu'avec la parution du journalisme
indépendant et la montée de ce qu'on pourrait appeler « le danger des
chaînes étrangères », pour les autorités en place comme pour le public
algérien.

Un texte de loi sur la publicité a été préparé en mars 1991 par le


Conseil national de l’information, sous le gouvernement de M.
Mouloud Hamrouche, pour être soumis plus tard au gouvernement
d'Ahmed Ghzali. Ce texte exigeait la création du Conseil supérieur de
la publicité en tant que conseil jouissant d’une autorité morale et de
l’indépendance financière. Sa mission, était d'encourager l'activité
publicitaire et sa technique, ainsi que veiller sur le respect des règles
publicitaires.(4)

* Ce texte juridique est venu fixer et tracer les limites dans lesquelles
la publicité doit être faite, dont les suivantes (5) :

1) Interdiction de la publicité incitant à la violence.


2) Interdiction de la publicité contenant des manifestations de
violence.
3) Interdiction de la publicité qui porte atteinte à la sécurité
publique.
4) Interdiction de la publicité qui enfreint les bonnes habitudes et
les bons comportements.
5) Interdiction de la publicité qui cherche le crime et le racisme.
6) Interdiction de la publicité qui diffame un produit ou un service
de manière irrespectueuse.
7) Interdiction de la publicité contraire aux valeurs nationales
consacrées par la Charte et aux valeurs humaines
internationalement connues.

La loi punit d’emprisonnement ou d’amende quiconque qui enfreint ces


recommandations.

Quant aux conditions impératives prévues par la loi, elles sont (6) :

- Obtention d’un visa préalable du Conseil islamique suprême en cas


d’utilisation de hadiths religieux ou de versets coraniques.

- Déterminer le type de publicité avec un symbole et ce selon les cas

- Déterminer la nature de la publicité avec des symboles ou des signes


progressifs.

- La publicité doit être légitime et réelle.


- La publicité doit prendre en compte les coutumes et la culture de la
société arabo-islamique.

La publicité dans les médias algériens :


La distribution de la publicité s’effectue de manière sélective, l’absence
de publicité commerciale est due à la nature de l’économie algérienne,
faisant que 95% des publicités sont légales ou constitutives adressées par
le secteur public à certains journaux, Au détriment des autres, en 1992,
l’Agence nationale de la publicité (ANEP) a reçu une valeur allant de 120
000 à 400 000 dinars, tandis que les agences privées et certains journaux
n’ont reçu que 50 000 dinars. Et malgré la fin du monopole de l’Agence
nationale de la publicité en 1989 en matière de distribution, certains
journaux souffrent d’un manque de publicité parce qu’ils se sont
éloignés de la ligne politique du gouvernement, néanmoins, la presse
libre dirigée par des journalistes, a bénéficié de la publicité lorsque les
annonceurs commencent à choisir les journaux en vue du tirage, et c'est
ce qu'ils n'ont pas fait pendant toute la période jusqu'en 1989 (7).

Le journal arabophone ((Al-Khabar)) consacre 30 % de son espace


médiatique à la publicité, ce qui équivaut à 7 pages, en raison de ses
excellentes relations avec l'Agence nationale de la publicité ainsi qu'avec
les agences privées, quant au journal francophone ((Al-Watan)), selon
l'Agence nationale de la publicité, il occupe la première place, puisqu'il
alloue 42,54% du journal à la publicité, et cette dernière vient, c'est-à-dire
la publicité publique (8), avec un taux de 68 %. La pression
gouvernementale reste un facteur important dans la distribution des
publicités, malgré le mécontentement des journaux indépendants. Au 19
août 1992, une décision a été prise par le Premier ministre, demandant
aux établissements publics de réduire le budget publicitaire et de
recourir aux services de l'Agence nationale de la publicité (La
centralisation de la publicité), ainsi que la résiliation des contrats de
publicité conclus directement avec les annonceurs publics avant le 30
septembre 1992, dans l'attente d'un texte sur la publicité selon le Premier
ministre M. Belaid Abdel Salam durant cette période. Cependant, cette
réalité a créé un nouveau phénomène dans le paysage de la presse
algérienne, fait que la publicité dans les journaux étant devenue basée
sur la concurrence des prix entre les journaux, ainsi, le journal ((Al-
Khobar)) offre des prix raisonnables (compétitifs) par rapport aux prix
des autres journaux tels que « el chaab » par exemple. Concernant
télévision, seules cinq minutes de publicité sont allouées par jour, tandis
que la deuxième chaîne de la radio algérienne n'a reçu aucune séquence
publicitaire tout au long du second semestre de 1990.

Selon les statistiques réalisées fin 2001, l’Algérie était le premier pays au
monde, qui a un taux de couverture de plus de 85% de la population qui
possède des antennes concaves (paraboliques), ce moyen de
communication permet à la population d’être exposée et d’identifier les
différents types de publicité qui sont diffusés à travers de centaines de
canaux captés par satellite (notamment les canaux français), ce qui donne
une impression de sa nature. Cette exposition étonnante à la publicité
étrangère aide et oblige parfois l’individu algérien à adopter ou à
accepter une culture ou des coutumes de produits qui peuvent entrer en
conflit avec la nature et les spécificités de la société algérienne. Ainsi, la
presse écrite bénéficie de la plus grande part, tandis que la valeur du
marché publicitaire algérien est estimée à environ 35 milliards de dinars,
soit 4 millions de dollars, ce qui est une valeur faible par rapport au
marché publicitaire tunisien, estimé à environ 15 millions de dollars(9).

Obstacles à la formulation d'une publicité efficace dans la


société algérienne
L’entrée de l’Algérie dans l’économie de marché ainsi que l’inclusion de
l’Algérie dans l'espace européen (l'accord de partenariat signé en
décembre 2001 et entré en vigueur au début de septembre 2005) font
penser à la publicité, qui n'est plus étrangère à la société algérienne
malgré son ignorance, en tant que processus de communication, puisque
la publicité n’est plus vue sous un angle idéologique, mais sous un angle
purement économique, bien que les fonctions de la publicité dépassent
la dimension économique, la publicité est devenue de nature globale,
c’est-à-dire qu’elle doit être considérée sous l’angle des particularités de
la société algérienne, ces dernières constituent l’axe principal sur lequel
se concentre tout message publicitaire efficace, ce qui nous fait réfléchir
aux obstacles qui nous empêchent de développer une publicité
appropriée et efficace, et parmi les plus importants de ces obstacles, nous
mentionnons les suivants: (10)

1- L’absence de traditions publicitaires médiatiques en Algérie.


2- La rareté des produits et services sur le marché algérien.
3- Difficulté de reconnaître les motivations psychologiques et sociales
des consommateurs.
4- Ignorance de la société algérienne des concepts propres aux sociétés
libérales comme le goût.
5- Difficulté de fixer l’objectif dans la campagne publicitaire en
raison de l’ambiguïté de la classification sociale.
6- Ambiguïté de la relation entre le consommateur et les médias.
7- Le manque de spécialistes en publicité, qui reflète négativement
sur les messages publicitaires, qui se sont limités aux formes
traditionnelles de publicité.
8- Ancienneté des preuves publicitaires qui peuvent convenir à la
majorité des consommateurs, mais aussi elles peuvent limiter le
processus de créativité dans un ensemble de preuves
traditionnelles, à un moment où le publicitaire a besoin d’un
sérieux expressif sans aucun obstacle culturel ou religieux.

Le Groupe Franco-Marocain B.M.C. a réalisé fin 2004 une étude


approfondie révélant l’ampleur du développement de la publicité dans
la région du Maghreb et dans le contexte de l’émergence de nouvelles
chaînes de télévision spécialisées dans le domaine de la publicité et de la
libéralisation de l’activité commerciale dans la région, où le volume des
revenus publicitaires dans cette région a dépassé 104 millions d’euros, et
si le Maroc représente la plus grande part de ce montant, compte tenu de
l’emploi de toutes les institutions pour cet outil médiatique efficace, la
part de l’Algérie a été estimée à 16%, soit environ 16,64 millions d’euros.
Une dernière étude approfondie menée par le Bureau de consultations
magrébines Sigma, implanté notamment en Tunisie et en Algérie, a
révélé que les investissements et les dépenses de publicité télévisée
principalement en Algérie s'élèvent actuellement à 0,6 euros par
personne, contre 4,7 euros au Maroc et en Algérie. 1,8 euros en Tunisie.
Ce niveau reflète le degré d’activité économique et la mesure dans
laquelle la publicité est utilisée à des fins de promotion, surtout que
l’Algérie n’ayant connu que récemment un développement dans ce
domaine avec l’entrée d’entreprises privées (téléphonie mobile
notamment) et de succursales de sociétés internationales.

A travers ces données préliminaires, nous essayons de déterminer les


chances de succès d'une publicité nationale en concurrence avec la
publicité étrangère, d'autant plus que l'équilibre n'est jamais dans
l'intérêt de la partie nationale, et donc nous recherchons des mécanismes
sur lesquels s'appuyer pour limiter l’impact auquel l'individu algérien
sera exposé, d'autant plus qu'il est classé comme le plus adepte des
publicités internationales en vertu de son accès à un nombre illimité de
chaînes, en plus d’autre étapes, dont l'entrée en vigueur de l'accord de
partenariat avec l'Union européenne (septembre 2005) et la tentative de
signature de l'accord d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce.

Ces différences poseront plusieurs problèmes aux niveaux individuel,


social et même économique à l’avenir, et pour connaître les stratégies
spécifiques de défense des valeurs nationales, il faut d’abord identifier
les techniques de ce nouveau modèle publicitaire. Malgré que tous les
médias puissent être des moyens de communication publicitaire, la
télévision en particulier est considérée comme la maîtresse de ces
moyens, grâce à ses caractéristiques distinctes de son, d'image et de
couleurs, qui produisent un effet direct et ciblé sur le spectateur, au
souhait du propriétaire de la publicité , contrairement à ce que le lecteur
peut déduire en regardant une image figée dans un journal, un magazine
ou une publicité murale, car c’est le téléspectateur qui choisit le focus,
cependant, malgré la place qu'occupe la télévision dans la diffusion de la
publicité, la publicité directe qui se déroule en dehors du cadre des
médias n'a pas perdu sa place, notamment dans les pays industrialisés,
mais plutôt a développé d'autres formes et méthodes de communication
qui ne sont pas moins efficaces. Ce type de publicité comprend toutes les
formes de recherche et de stimulation dirigées directement vers le
consommateur potentiel de produits ou de services sans l'intermédiaire
d'un média tel que la presse, la télévision ou le cinéma, et ce type de
publicité promeut généralement la qualité des produits et leurs prix sans
recourir à des stratégies d'image.

Conclusion
La publicité représente un titre pour la production, car la concurrence
s'est intensifiée dans le domaine de la production et de la
commercialisation jusqu'à ce que la publicité est devenue le lien entre la
production et la commercialisation. Et c’est grâce à la publicité que
l’information soit transmise au public, de telle manière elle est passée du
domaine de la production aux domaines de la commercialisation, et si la
source du produit est seule, les moyens d'en faire la promotion sont
multiples, de sorte que la publicité est allée au-delà d'une simple
publicité spontanée du produit vers les études scientifiques organisant la
publicité, qui demandent autant d'efforts et d'argent, car elles l’ont
amenée plus loin à travers des idées et des perceptions, en choisissant les
plans publicitaires les plus attrayants et les plus excitants, atteignant le
point de montrer des images qui choquent les sentiments du spectateur
afin d’attirer son attention. Il existe également de nombreux niveaux et
techniques de publicité, à savoir la publicité destinée aux adultes aux
enfants, aux femmes séparément, aux hommes seuls, aux paysans ou aux
jeunes, bien que toute publicité pour l'une de ces catégories soit une
publicité ouverte à tous. Les adultes, comme les enfants, ont mémorisé
de nombreux clips publicitaires des différentes catégories, et certains
d'entre eux en ont fait un langage de communication confidentielle entre
eux.

Quant à l’Algérie, les besoins du consommateur algérien ne dépassent


pas les besoins physiologiques, cela est dû aux circonstances
économiques qu’a connues l’Algérie, les conditions de cette dernière , en
plus des particularités de la société algérienne, y compris celles
culturelles et sociales, empêchent la possibilité de formuler un message
publicitaire efficace, voire l’émergence d’agences spécialisées dans la
publicité, sachant que l’environnement est un facteur important dans
l’émergence du phénomène publicitaire. Le texte ministériel sur la
réglementation de la publicité n’est venu que consacrer une réalité
inappropriée et inadéquate à la nature de la publicité telle qu’elle est
connue dans les pays développés. Vu que, le contenu de ce texte est
dépassé en regardant la structure humaine de la société algérienne, qui
vient au sommet de sa hiérarchie la jeunesse d'une part, et d’autre part, le
flux médiatique occidental par satellite élimine l’existence de ces limites
légales obligatoires, car de telles lois ne peuvent que conduire les
entreprises nationales à recourir à la publicité dans les médias
occidentaux au détriment des médias algériens.

Réfferences
1. Faouzi Boumendjel : « La publicité dans la presse algérienne, étude
de contenu des journaux nationaux durant la période 1995-1999 »,
institution nationale du livre, Algérie, 2001.
2. Madani Lotfi : « Les télévisions étrangères par satellite en Algérie :
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3. Ahmed Magdy Hegazy: « La culture arabe au temps de la
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4. Mermier Franck: « Mondialisation et nouveau médias dans l’espace
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9. Lequere Elisabeth et Charles tesson, « Ou va le cinéma Algérien »,
éditions de l’étoile, Paris 2003.
10.Florence Amalou « Le Compagnes publicitaires internationales
privilèges l’approche locale » Le monde 29 Mars 1997, P 35

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