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CHAPITRE 1 : DE QUELLE MANIERE L’ENTREPRISE S’INSCRIT-ELLE DANS SON

ENVIRONNEMENT ?

I. Les finalités de l’entreprise

La finalité est la raison d’être de l’entreprise, le ou les buts qu’elle poursuit. Elle s’inscrit sur du long terme. Elle
guide la stratégie et les objectifs mis en place par l’entreprise.

1. L’entreprise poursuit trois types de finalité :

• La finalité économique est poursuivie par toutes les entreprises, elle consiste à générer des profits dans le
but d’assurer sa pérennité et de satisfaire ses différentes parties prenantes (Cf plus loin). L’entreprise participe
également à la croissance économique via la valeur créée et à la création d’emplois.
• La finalité sociale concerne la satisfaction des salariés en leur offrant de bonnes conditions de travail, la
possibilité d’évoluer, de se former. Une politique de gestion des ressources humaines est alors mise en place.
• La finalité sociétale concerne les actions mises en œuvre qui permettent l’intégration de l’entreprise dans
la société en général et tiennent compte des principes du développement durable.

Peter Drucker (1909-2005) précise que la finalité première d’une entreprise est sociale et sociétale et que son
principal objectif est la satisfaction des clients. Pour lui, le profit n’est pas une fin en soi, mais c’est en réalisant sa
finalité sociale et en apportant satisfaction aux clients que l’entreprise pourra réaliser un « profit suffisant ».

2. La RSE

Un management de l’entreprise orienté vers ces trois finalités permet à l’entreprise de s’inscrire dans une
démarche de responsabilité sociale ou sociétale de l’entreprise (RSE). Cela signifie que les dimensions
économique, sociale et sociétale sont volontairement et concrètement prises en compte par l’entreprise.

La RSE comporte une triple dimension :


• Ethique : principes, valeurs, codes de bonne conduite, loyauté, respect et défense des droits de l’homme,
égalité hommes/femmes, respect de la diversité…
• Sociale : relations et conditions de travail, santé et sécurité au travail, formation, investissements
socialement responsables1
• Environnementale : normes et écolabels, respect de la biodiversité, économies d’énergie, limitation des
rejets de CO2, gestion des déchets…

Ces trois dimensions sont complémentaires. On peut considérer que la RSE est la contribution des entreprises aux
principes du Développement Durable2.

D’où la définition de la RSE : « intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et
environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes » - Commission
européenne

Les enjeux de cette ouverture sont multiples :


• Se différencier par rapport aux concurrents,
• améliorer la réputation de l’entreprise et son image
• conserver ses clients et conquérir de nouveaux marchés

1
ISR = investissement socialement responsable = investissement qui prend en compte les préoccupations environnementales,
sociales…
2
Le développement durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs ». C’est « un développement économiquement efficace, socialement équitable et
écologiquement soutenable » - CF cours d’économie

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• appliquer et anticiper la législation environnementale et sociale
• renforcer le savoir-faire interne, réaliser des économies de consommations.
• Améliorer la performance à long terme de l’entreprise.

Les modalités de mise en place d’une démarche RSE sont très nombreuses :
• Actions ou collaboration avec des ONG
• Dialogue social dans l’entreprise et management participatif
• Chartes et codes de bonne conduite qui définissent une éthique
• Clauses de développement durable dans les Appels d’Offre, politiques d’achats responsables, proposition
de produits éco-conçus recyclables voire recyclés, limitation des déchets, économies de ressources
naturelles dans la production

II. Les parties prenantes de l’entreprise

L’entreprise entretient des liens plus ou moins étroits et plus ou moins directs avec les acteurs économiques avec
lesquelles elle est en interaction. Ces acteurs sont des parties prenantes.

R.E. Freeman (1951- ) définit les parties prenantes (stakeholder en anglais) comme étant « tout groupe
d’individus ou tout individu en relation avec l’entreprise, qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des
objectifs organisationnels ».

Les parties prenantes peuvent être des individus, des communautés, des groupes sociaux ou des organisations
Ces parties prenantes, aux ressources, attentes et intérêts différents, peuvent être classées en deux groupes : les
parties prenantes primaires et les parties prenantes secondaires.

1. Les parties prenantes primaires

Les parties prenantes primaires sont les acteurs qui ont un lien contractuel direct avec l’entreprise : propriétaires,
dirigeants, associés, salariés, clients et fournisseurs. La satisfaction des intérêts des parties prenantes primaires
est impérative, car ces dernières peuvent menacer la survie de l’entreprise : sa pérennité dépend donc de la
satisfaction de leurs intérêts. Elles peuvent être internes ou externes.

Partie prenantes primaires Rôle Attentes Ressources


Les salariés Ils représentent la main Ils attendent des Revenus du travail :
d’œuvre. Ils contribuent à la conditions de travail salaires
création de valeur par leurs optimales, une
compétences, leurs savoir- rémunération suffisante
faire et des perspectives
d’évolution.
Internes

Les propriétaires3 Ils apportent des capitaux qui Ils attendent en Revenus du capital :
(entrepreneurs, associés, permettront à l’entreprise de contrepartie d’obtenir dividendes ou plus-
actionnaires) réaliser ses objectifs une rémunération pour le values
capital engagé et le risque
pris.

3
Il existe néanmoins des différences notables entre les propriétaires directement impliqués dans la gestion de l’entreprise et
des actionnaires « anonymes ». Les premiers ont le plus souvent une vision à long terme et acceptent de reporter leurs gains.
Les seconds recherchent le plus souvent une rentabilité à court terme Ainsi, s’ils ne sont pas satisfaits des performances
financières, ils peuvent chercher à se désengager de l’entreprise sans se soucier de son devenir.

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Partie prenantes primaires Rôle Attentes Ressources
Les clients Ils constituent le groupe des Obtenir des produits au Revenus du travail
consommateurs qui achètent. meilleur rapport et/ou du capital en
Avec les prospects, ils qualité/prix et aussi de fonction du type de
constituent la cible que plus en plus un clients
l’entreprise vise engagement fort en
termes de RSE
Les fournisseurs Ils interviennent dans le Vendre leurs produits à Montant des ventes
Externes

processus de production. Ils un prix juste. Pérenniser de leurs produits et


impactent la performance de la relation de confiance services
l’entreprise par les prix, la
qualité, leurs innovations, les
services, leurs conditions
commerciales, leur fiabilité
Les institutions Elles permettent de financer Récupérer le capital Intérêts perçus et
financières (banques) l’entreprise au quotidien ainsi investi et percevoir des rémunération des
que les projets à long terme intérêts services vendus

2. Les parties prenantes secondaires

Elles peuvent influencer l’entreprise et sa performance ou être affectées par ses activités, mais ne sont pas
essentielles à sa survie. Ces parties prenantes n’appartiennent pas à l’entreprise, elles ne prennent pas part
directement à la prise de décisions, mais leur comportement positif ou négatif, vis-à-vis de l’entreprise, peut
l’impacter, il est nécessaire de les considérer comme des partenaires.

Partie prenantes
Rôle Attentes Ressources
secondaires
Ils proposent des produits et Capter la clientèle des autres Montant des ventes de
Les concurrents services concurrents à ceux de entreprises pour augmenter son leurs produits et
l’entreprise. CA services

Ils fournissent des biens et Favoriser le développement des


services non marchands qui entreprises pour créer des
L’État et les collectivités Impôts, taxes et
impactent le fonctionnement de emplois et de la valeur ajoutée
locales cotisations
l’entreprise : infrastructure, source de croissance mais aussi
formation, justice, police réguler l'activité économique.

Ils défendent les intérêts de leurs Cotisations de leurs


Impacter les conditions de travail
Les syndicats adhérents (salariés ou adhérents et
et de rémunération
employeurs) subventions

Influencer les entreprises afin


Les associations et ONG qu’elles adoptent une attitude Dons, cotisations,
Elles peuvent influencer l’opinion
plus vertueuse en matière subventions
publique et représenter un
Les médias et réseaux d’emploi, de respect des
contre-pouvoir important
sociaux consommateurs et de Revenus publicitaires
l’environnement…

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III. De la logique entrepreneuriale à la logique managériale

1. La logique entrepreneuriale

L’entrepreneuriat est une démarche qui consiste à créer ou à reprendre une entreprise ainsi qu’à la développer.
Un projet entrepreneurial suppose toujours l’existence conjointe d’une opportunité d’affaires à saisir et d’une
prise de risques à assumer.

L’opportunité résulte le plus souvent de l’existence d’une demande non satisfaite sur un marché (offre
insuffisante ou inexistante). Les risques sont essentiellement financiers et commerciaux.

Il n’existe pas de projet entrepreneurial sans l’existence d’un entrepreneur. On peut donc définir l’entrepreneur
comme un individu créatif, innovant, preneur de risques qui perçoit et exploite de nouvelles opportunités
d’affaires. L’entrepreneur a un rôle particulier et primordial dans l’évolution du système économique : il crée des
emplois et participe activement à la croissance économique. L’entrepreneur est souvent considéré comme
innovateur, même s’il n’est pas forcément un inventeur.

Joseph Schumpeter (1883/1950), économiste autrichien, a, le premier, souligné l’importance de l’entrepreneur


dans la croissance économique. Selon lui, la croissance est portée sur des périodes longues par des innovations
majeures (la machine à vapeur, l’électricité ou les Technologies de l’information et de la communication par
exemple). Ces innovations se déclinent dans de nombreuses branches de l’économie avant de s’essouffler.
L’économie traverse alors une phase de « destruction créatrice » caractérisée par la disparition de nombreuses
activités mais pendant laquelle les innovations futures, qui porteront à leur tour la croissance, sont en gestation.
Pour Schumpeter, les entrepreneurs constituent le moteur de ce processus de « destruction créatrice » en
repérant les opportunités du marché, développant ainsi les technologies et les concepts qui vont donner
naissance à de nouvelles activités économiques.

2. La création d’entreprise

Le processus entrepreneurial comprend plusieurs grandes étapes :


• Étape 1 : recherche d’une idée ou d’une opportunité à exploiter par la création ou la reprise d’une entreprise.
• Étape 2 : analyse du marché et diagnostic éventuel des ressources existantes (reprise) pour vérifier la
faisabilité du projet.
• Étape 3 : élaboration d’un projet cohérent (choix des ressources notamment) et rédaction du plan d’affaires ou
de reprise (« business plan »)4. Le plan d’affaires constitue une étape primordiale du lancement d’une
entreprise, il permet de mobiliser les parties prenantes. L’entrepreneur peut bénéficier d’aides à la création
d’entreprise (financières, en nature…) auprès de différents organismes (collectivités publiques territoriales,
pépinières d’entreprises…).
• Étape 4 : recherche de financements (ressources financières). – CF Chapitre 11
• Étape 5 : choix du statut juridique, accomplissement des démarches administratives et légales avant le
démarrage de l’activité. – CF. Chapitre 8
• Etape 6 : définition de la stratégie – CF. Thème 6 – BTS2

4
Le plan d’affaires ou business plan est un document qui décrit l’ensemble du projet d’une entreprise et notamment ses
aspects marketing, financiers et budgétaires

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3. La logique managériale

La logique managériale consiste à optimiser les ressources de l’entreprise dans une optique de développement et
de pérennité. Le rôle du manager consiste à agir à court terme pour adapter efficacement les compétences et les
ressources de l’entreprise aux objectifs stratégiques.

Un manager exerce quatre tâches spécifiques liées à sa fonction selon Henry Mintzberg (1939….) :
• définir la stratégie et les objectifs à atteindre ;
• organiser et coordonner les tâches au sein de l’entreprise ;
• motiver et former les Hommes ;
• contrôler et suivre les indicateurs de performance et de rendement.

Le manager occupe une position hiérarchique d’encadrement. Il cherche à planifier, à structurer et à maintenir,
voire développer le potentiel existant plutôt qu’à innover en permanence.

Les rôles de l’entrepreneur et du manager ne doivent pas pour autant être opposés :

Si la logique entrepreneuriale est nécessaire pour développer l’activité de l’entreprise et assurer sa pérennité sur
le long terme (nouveaux produits), la logique managériale est également indispensable pour garantir le
fonctionnement optimal et la performance de l’entreprise à court terme. Dans la pratique, les deux démarches
sont donc complémentaires : une démarche entrepreneuriale peut échouer si elle ne s’accompagne pas d’une
démarche managériale efficace.

IV. La performance de l’entreprise

1. Pourquoi évaluer la performance ?

→ Compte tenu du contexte de concurrence intense, l’organisation doit suivre attentivement ses résultats
pour savoir où elle en est et pour assurer sa survie et sa pérennité
→ C’est un moyen de mesurer si les objectifs stratégiques et opérationnels sont atteints.
→ C’est le moyen d’évaluer les écarts entre les résultats obtenus et les objectifs et d’envisager des actions
correctrices

2. Quels sont les critères de la performance

La performance se mesure avec des critères (ou indicateurs) de résultats. Ces indicateurs peuvent être
quantitatifs (CA, marge, parts de marché…) ou qualitatifs (notoriété, satisfaction des clients….). Les critères
utilisés doivent prendre en compte ce que les différentes parties prenantes (actionnaires, clients, salariés et
société civile essentiellement) attendent de l’entreprise et concerner aussi bien le court terme que le long
terme.

On peut aussi exprimer la performance de plusieurs points de vue :


→ Financier : on va chercher notamment à mesurer la rentabilité des capitaux investis dans l’entreprise pour
les actionnaires ou le retour sur investissement (gains liés à l’investissement – coût de cet investissement)
→ Economique : il va s’agir de mesurer les composantes de la compétitivité de l'entreprise. Celle-ci peut
s’exprimer en termes de compétitivité-prix ou de compétitivité-hors prix.
• La compétitivité-prix désigne la capacité d'un produit à attirer des clients au détriment des produits
concurrents du fait de son prix. Sa mesure permet de situer la place de l'entreprise sur le marché par
rapport à ses concurrents.
• La compétitivité hors-prix : désigne la capacité d'un produit à attirer des clients au détriment des
produits concurrents du fait des éléments indépendants du prix. Elle est obtenue grâce à des éléments
comme la qualité des produits, l'innovation, le service, le design…

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→ Social et sociétale
• le bilan social récapitule les principales données chiffrées permettant d'apprécier la performance
sociale et les rapports sociaux au sein d'une entreprise. En France, le bilan social est obligatoire pour
les entreprises de plus de 300 salariés. Parmi les nombreux indicateurs sociaux, on peut citer : le
montant des rémunérations, le nombre d'accidents de travail, les maladies professionnelles …
• La performance sociétale indique l'engagement de l'entreprise dans les domaines environnementaux,
humanitaires, culturels. Les outils de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) peuvent être
utilisés pour apprécier le niveau de performance de l'entreprise.

On peut également évaluer la performance organisationnelle qui permet de mesurer la performance de


l'entreprise au niveau de la qualité de la production, de la flexibilité, des délais…

3. Efficacité et efficience, 2 notions complémentaires

Une entreprise performante doit être à la fois efficace et efficiente.


→ L’efficacité traduit l’atteinte des objectifs fixés par l’entreprise. Ces objectifs relèvent de la stratégie définie.
→ L’efficience ajoute la notion de moyens utilisés. L’entreprise la plus performante sera celle qui utilise le
minimum de moyens pour obtenir un résultat.

Dans la recherche de la compétitivité, les deux dimensions de la performance sont essentielles et


complémentaires. Pour mesurer l'efficacité, on calcule le rapport entre le résultat obtenu et l'objectif visé. Pour
mesurer l'efficience, on calcule le rapport entre le résultat obtenu et les moyens mis en œuvre.

4. Comment évaluer la performance ?

Les tableaux de bord sont les outils de pilotage de la performance

Le tableau de bord, est constitué de plusieurs indicateurs de performance. Il présente de façon synthétique les
activités et les résultats de l’entreprise. Les tableaux de bord comportent des critères économiques (rentabilité,
productivité, coûts, satisfaction clientèle, qualité du service…), des critères sociaux (climat social, absentéisme,
turn-over, sécurité au travail, perspectives de carrière, formation...) et des critères sociétaux (parité, égalité
homme-femme, discrimination, qualité de vie au travail...) ou environnementaux (traitement des déchets, rejet
de gaz à effet de serre, consommation d’énergie…).

Le rôle d’un tableau de bord :


• Etre un support d’information privilégié à destination des décideurs (dirigeants et managers)
• Permettre de comparer les résultats obtenus par les entreprises dans le temps ou dans l’espace
• Permettre aux décideurs d’identifier les écarts le plus rapidement possible et d’effectuer des actions
correctives
• Etre un outil de communication en interne
• Etre un outil de motivation au sein de l’entreprise, en mettant en lumière les objectifs de l’entreprise et
sa stratégie
• Permettre une recherche constante d’amélioration de la performance de l’entreprise.

Les indicateurs peuvent éventuellement être revus périodiquement pour assurer leur adéquation avec les
objectifs poursuivis.

Un tableau de bord peut être opérationnel, il permet de suivre l’avancement des plans d’actions mis en place par
le chef ou la direction de l’entreprise, c’est donc un outil de pilotage à court terme. Il peut également être
stratégique, il est alors axé sur la stratégie de l’entreprise et constitue un outil de pilotage à long terme .

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