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Chapitre 3
Viscoélasticité linéaire
Tous les matériaux présentent, à des degrés divers, des propriétés viscoélastiques leur
comportement s’apparente à la fois au comportement du solide élastique parfait et du liquide
visqueux newtonien. L’étude de ces propriétés est donc tout à fait essentielle.
Il n’est cependant pas question, dans le cadre de cet ouvrage, de traiter le problème dans sa
totalité. Nous nous restreindrons dans cette partie a l’étude du comportement viscoélastique
linéaire, de loin le plus important et le mieux décrit tant théoriquement qu’expérimentalement.
Notons encore que ce chapitre, bien que consacré plus spécifiquement aux mouvements de
cisaillement simple, fournit un cadre très général, susceptible de s’adapter assez facilement aux
autres types de déformation.
1. Définitions générales
Il convient tout d’abord de donner un certain nombre de définitions générales : comportement
linéaire, fonction de fluage, fonction de relaxation, indispensables à l’étude de la viscoélasticité
linéaire.
Égale à la somme des déformations 𝜀𝑖 si qu’il subirait s’il était soumis isolément à la
contrainte 𝜏𝑖
(3.1)
il est clair que cette propriété de linéarité se traduit mathématiquement par les relations
suivantes :
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Fluides non- newtoniens M1TDH
(3 .2)
Mathématiquement, les relations (3.2) sont les relations de définition d’une fonction linéaire :
un matériau possède un comportement linéaire si la fonction 𝜀 = 𝑓[𝜏] est linéaire
Tous les matériaux présentent un comportement linéaire, à condition que les contraintes et les
déformations auxquelles ils sont soumis demeurent suffisamment faibles. Dans la pratique.
On admet que si :
(3. 3)
Presque tous les matériaux peuvent être considérés comme linéaires.
Notons que toutes les équations rhéologiques des matériaux Viscoélastiques que nous
présenterons dans cette partie sont des équations différentielles linéaires à coefficients
constants, de la forme
(3.4)
La solution d’une telle équation, 𝜀 = 𝑓[𝜏], est bien une fonction linéaire de 𝜏 . Les matériaux
décrits par les équations rhéologiques (3.4) possèdent donc un comportement linéaire.
Par définition :
la fonction fluage f(t) est la déformation subie par le matériau, lorsqu’on impose à ce dernier
une contrainte d’amplitude unité à l’instant initial t = 0, contrainte qui est maintenue constante
au cours du temps (Figure 3-1) ;
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Fluides non- newtoniens M1TDH
(3.5)
3
Fluides non- newtoniens M1TDH
(3.6)
Dans ce chapitre, nous insisterons plus particulièrement sur la fonction fluage f(t), qui présente
une interprétation physique plus immédiate que la fonction g(t).
-une substance est liquide si, soumise a une contrainte constante, elle n’atteint jamais un état
d’équilibre statique : sa déformation augmente indéfiniment, la substance s’écoule.
(3.7)
où J est un coefficient constant, dépendant de la nature du solide, appelé (complaisance
élastique. Notons que l’on utilise souvent le coefficient G = l/J, appelé module de rigidité ou
module de cisaillement.
J est homogène à l’inverse d’une contrainte, et s’exprime en Pa-1 ou en m2.N-1 (SI), G est
homogène à une contrainte et s’exprime dans les unités inverses.
La relation (3.7) s’applique à une expérience de cisaillement simple. il faut cependant souligner
que pour un solide élastique parfait, la déformation et la contrainte sont toujours reliées par une
relation linéaire (loi de Hooke) du type (3.7); mais que les coefficients de proportionnalité
dépendent du type de déformation imposée : « Déformations de traction, de compression ou de
dilatation volumique : loi de Hooke », les déformations de traction, de compression ou de
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Fluides non- newtoniens M1TDH
— dés qu’une contrainte est appliquée, instantanément une déformation prend naissance,
proportionnelle à la contrainte ; inversement, si la contrainte est ramenée a zéro, immédiatement
la déformation s’annule : on dit que la déformation élastique est instantanée et récupérable ;
(3.8)
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Fluides non- newtoniens M1TDH
(3.9)
On remarque que :
Le liquide visqueux newtonien se souvient de toutes les contraintes qui lui ont été imposées
dans le passé : l’expression de (t) dépend de toutes les valeurs prises par la contrainte de
zéro (0) à t
Si la contrainte est ramenée à zéro à un certain temps, la déformation demeure constante et
égale à la valeur qu’elle possédait au même instant ; la déformation est irrécupérable.
Le comportement est bien un comportement liquide, soumis à une constante 0, la déformation
croit linéairement avec le temps le matériau s’écoule indéfiniment.
(3.10)
Expression de la fonction de fluage caractérisant le matériau est obtenue en remplaçant, dans
l’équation de la déformation (t), t0 par l’unité
Par définition :
« Dans une association en parallèle dont un cas particulier est présenté figure 3-6:
- la contrainte imposée à l'ensemble est la somme des contraintes imposées à chaque branche.
- la déformation subie est identique dans chaque branche et égale ä la déformation subie par
l'ensemble.
Dans une association en série dont un cas particulier est présenté figure 3-7:
-la contrainte imposée à l'ensemble est supportée en totalité par chaque élément ;
- la déformation totale est la somme des déformations subies par chaque élément.
Nous allons à présent utiliser ces lois d'association ä propos de deux modèles trés importants :
successivement le solide de Kelvin-Voigt et le liquide de Maxwell.
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Fluides non- newtoniens M1TDH
Si bien que:
(3.11)
Telle est l'équation rhéologique du solide de Kelvin-Voigt. Pour déterminer la fonction fluage
f(t) de ce modèle, il suffit de remplacer la contrainte 𝜏 figurant dans le second membre de
l'équation (3.11) par l'unité, et de résoudre l'équation différentielle :
(3.12)
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Fluides non- newtoniens M1TDH
Si bien que:
(3 .13)
Le coefficient 𝜃 = 𝜂𝐽 , qui possède les dimensions d'un temps, est appelé temps de retard.
On comprend l'origine de cette dénomination en comparant les graphes des fonctions fluage
d'un solide élastique parfait et d'un solide de Kelvin-Voigt de même coefficient de complaisance
élastique (Figure 3-9).
Figure 3-9 Fonctions fluage d'un solide élastique parfait et d'un solide de Kelvin-Voigt.
La fonction fluage du solide de Kelvin-Voigt est représentée de par une exponentielle croissante
possédant une asymptote horizontale d'amplitude J. Théoriquement, cette amplitude maximale
J n'est atteinte qu'au bout d'un temps infini ; pratiquement, compte tenu des propriétés de
𝑡
décroissance rapide de la fonction 𝑒 −𝜃 ,on peut considérer que cette amplitude est atteinte au
bout d'un temps de l'ordre de 𝜃.
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Fluides non- newtoniens M1TDH
On en déduit que 𝜃 est le temps nécessaire pour que le ressort couplé avec l'amortisseur (modèle
du solide de Kelvin-Voigt) atteigne la déformation que le ressort seul (modèle du solide
élastique parfait) atteindrait instantanément. On voit que le rôle de l'amortisseur, couple en
parallèle avec le ressort, est de freiner, de retarder la déformation : on dit qu'un solide de Kelvin-
Voigt possède une élasticite retardée ou différée, par opposition ä l'élasticité instantanée du
solide Elastique parfait ; on emploie également l'expression post-effet élastique.
Si bien que:
Soit encore :
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Fluides non- newtoniens M1TDH
(3.14)
Telle est l'équation rhéologique du liquide de Maxwell. Sa résolution est immédiate, tenant
compte des conditions initiales
(3.15)
Déformation qui conduit ä la fonction de fluage :
(3.16)
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Fluides non- newtoniens M1TDH
Ä partir des lois d'association en série et en parallèle, on peut établir l'équation rhéologique de
chaque modèle, quelle que soit sa complexité, et en déduire les fonctions fluage et relaxation
dans chaque cas particulier.
Cela ne sera pas nécessaire : on démontre en effet que tous les circuits, aussi complexes soient-
ils, peuvent être représentes par des modèles de structure bien définie ; on distingue le modèle
de Kelvin-Voigt généralisé et le modèle de Maxwell généralisé.
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Fluides non- newtoniens M1TDH
(3 .17)
ème
avec 𝜃𝑖 = 𝜂𝑖 𝐽𝑖 = temps de retard du i solide de Kelvin-Voigt, n = nombre de solides de
Kelvin-Voigt. Le graphe de la fonction fluage (Figure 3-14) comprend trois parties
Figure 3-14. Fonction fluage d'un modèle de Kelvin-Voigt généralisé (comportement liquide).
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Fluides non- newtoniens M1TDH
(3.18)
Le coefficient 𝐽𝑒0 represente la déformation élastique asymptotique (pour une contrainte unité)
; il est appelé complaisance Elastique en régime permanent (steady state élastic compliance).
Il faut noter que ce modèle général et la fonction fluage qui lui est associée sont également
susceptibles de décrire un comportement solide : il suffit pour cela de donner au coefficient
𝜂0 , une valeur infinie cela revient a supprimer l'amortisseur 𝜂0 , dans le modele de la figure 3-
13. La fonction fluage correspondante a alors pour expression
Son graphe (Figure 3-15) présente une asymptote horizontale, caractéristique du comportement
solide.
Figure 3-15. Fonction fluage d'un modèle de Kelvin-Voigt généralisé (comportement solide).
Tous les modelés viscoélastiques linéaires peuvent etre représentés par des modèles de Kelvin-
Voigt généralisés. Il faut cependant bien comprendre que le comportement le plus général peut
également être décrit par d'autres modèles équivalents, de structure différente, mais conduisant
à la même équation rhéologique. Une autre structure équivalente, présentant un grand intérêt,
est le modèle de Maxwell généralisé : il est constitué par l'association en parallèle de n liquides
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Fluides non- newtoniens M1TDH
de Maxwell, chacun d'entre eux étant caractérise par un module de rigidité Gi, et un coefficient
de viscosité 𝜂𝑖 , (Figure 3-16).
Ä condition que tous les paramètres Gi,, 𝜂𝑖 , possèdent des valeurs finies, le modèle précedent
décrit un comportement liquide avec élasticités instantanée et retardée. Si, au contraire, dans
une ou plusieurs branches, l'un des coefficients, Gi possède une valeur infinie, la branche
correspondante se réduit respectivement a un amortisseur ou ä un ressort libre, et le modèle
correspondant décrit d'autres types de comportement : liquide sans élasticité instantanée, solide
avec ou sans élasticité instantanée...
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Fluides non- newtoniens M1TDH
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Fluides non- newtoniens M1TDH
(3.19)
𝜂𝑖
ou les coefficients 𝜃𝑖 = ⁄𝐺 sont appel temps de relaxation ; 𝜃𝑖 , represente le temps necessaire
𝑖
pour que, dans une expérience de relaxation, la contrainte aux bornes de la ième branche soit
réduite dans le rapport (1/e). Les relations (3.19) qui sont représentées graphiquement figure 3-
18 établissent que, lors d'une expérience de relaxation, les contraintes se relâchent, décroissent
exponentiellement avec le temps vers une valeur limite, différente de zéro pour un solide, nulle
pour un liquide.
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Fluides non- newtoniens M1TDH
Alors que chaque élément du modèle de Kelvin-Voigt est susceptible d'une interprétation
physique très claire, en termes d'élasticité instantané, retardée, ou d'écoulement permanent
newtonien, il n'en est pas de même pour le modèle de Maxwell, pour lequel il n'est pas possible,
dans le cas général, d'attribuer à un élément particulier une fonction déterminée. Il est possible
d'exprimer les paramètres𝐺𝑖 , 𝜂𝑖 , du modele de Maxwell, en fonction des parametres.
𝐽0 , 𝜂0 , 𝐽𝑖′ , 𝜂𝑖′ , du modèle de Kelvin-Voigt équivalent, et réciproquement. Le calcul, tares
fastidieux, et qui utilise la méthode des transformées de Laplace-Carson (méthode très utilisée
en viscoélasticité linéaire et qui permet de transformer les équations rhéologiques, équations
différentielles linaires ä coefficients constants, en équartions algébriques) ne présente aucun
intérêt pratique dans le cas général ; il peut cependant être intéressant de connaitre les relations
de correspondance entre les deux modèles, dans tel ou tel cas particulier : nous les donnons ä
titre d'exemple, dans le cas du comportement liquide sans élasticité instantané défini par les
modèles équivalents de la figure 3-19 ; les propriétés rhéologiques ainsi définies sont celles
d'une solution diluée de macromolécules linéaires rigides
Remarquons que la première de ces relations peut ére généralisée ä tous les comportements
liquides
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