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Notes de cours
Dmitri Fedorov
Hiver 2020
Olivier Kerbrat
MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
La première révolution industrielle débute au milieu du 18e siècle en Grande-Bretagne. C'est une
époque d'avancées technologiques aboutissant à des industries artisanales à grande échelle dans le
domaine des textiles et du tissage. La première révolution industrielle apporte aussi le développement
du chemin de fer, des bateaux en acier et des outils de production. La Grande-Bretagne est le
premier pays à connaître cette phase de l'industrialisation, qui se produit ultérieurement en Europe
de l'Ouest, aux États-Unis et au Japon. A cette époque, le Canada est marqué par sa relation
mercantiliste avec la Grande-Bretagne. Quand l'Angleterre renonce au mercantilisme, dans les années
1840, l'Amérique du Nord britannique se lance dans des activités conduisant à une industrialisation
rapide.
La deuxième révolution industrielle commence au tournant du 20e siècle. Elle est marquée par la
chaîne de montage en série, la production à grande échelle et la gestion du temps de travail. Pendant
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Dans les décennies 1950, 1960 et 1970 sont apparues les machines à commande numérique, les
robots, les automates et la logique programmable : cette troisième révolution a favorisé l'émergence
d'une production de masse à des coûts moindres. Simultanément, l'accroissement de la concurrence
internationale et l'augmentation massive du coût des matières premières obligent les manufacturiers
à innover pour demeurer compétitifs. À partir des années 1960, le Canada et plus encore les États-
Unis connaissent une désindustrialisation. Le travail manufacturier perd de son importance en tant
que secteur de l'économie industrielle. L'informatisation déplace la plus grande partie de l'économie
moderne vers le secteur des services, la vente au détail, l'activité nancière, et les communications.
D'autres aspects de l'économie qui prennent la place de l'industrie manufacturière.
Le concept d'industrie 4.0 tire ses origines d'une réexion allemande achevée en 2011 dont l'ob-
jectif était de dénir les paramètres pouvant positionner le secteur manufacturier allemand comme le
plus performant en matière de productivité et de exibilité. Ainsi, l'industrie 4.0, appelée également
usine du futur ou quatrième révolution industrielle, se caractérise fondamentalement par une trans-
formation numérique qui bouleverse l'entreprise manufacturière en apportant des changements non
seulement aux systèmes et processus, mais également aux modes de gestion, aux modèles d'aaires
et à la main-d'÷uvre.
La connectivité des données et des objets est la composante déterminante de l'industrie 4.0.
Connectivité des logiciels, des équipements, des données, données massives à traiter et cyber-sécurité
deviennent des éléments essentiels qui permettent de créer de l'intelligence dans un système manu-
facturier. Celui-ci devient ainsi capable d'une plus grande adaptabilité dans la production et d'une
allocation plus ecace des ressources. Les dés auxquels font face les entreprises avec l'arrivée de
l'industrie 4.0 sont nombreux. Les principaux sont :
• Les nouvelles compétences requises
• La sécurité des données
• Les besoins en investissements
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D'autre part, l'avenir de l'industrie passe par une meilleure prise en compte des aspects environ-
nementaux et sociétaux et lance un dé aux futurs ingénieurs en industrialisation.
La dimension environnementale de la performance décrit les impacts d'un processus de
production sur l'environnement pour obtenir un produit. Cela implique de tenir compte des impacts
liés à la consommation de ressources (matières et énergies) ainsi qu'aux rejets (matières et énergie
également) dans l'eau, l'air, les sols. Pour une entreprise soucieuse de l'environnement, pour des
considérations stratégiques ou par obligations légales, l'objectif est naturellement de réduire autant
que possible les consommations et rejets.
Enn, la dimension sociale de la performance d'une industrie manufacturière est également
en question. Les aspects de santé au travail ont été relativement absents lors des deux premières ré-
volutions industrielles. Les ouvriers en usine, parfois de jeunes enfants, travaillaient dans des locaux
sales, encombrés, bruyants, mal aérés, à l'intérieur desquels ils devaient accomplir des tâches simples
et répétitives durant toute la journée, pour un salaire peu élevé. La robotisation de la troisième ré-
volution industrielle a amélioré certaines conditions de travail, mais le remplacement des travailleurs
les moins qualiés par des automates continue d'engendrer des tensions sociales. Des lois, des règle-
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ments et des normes en santé et sécurité ont alors été mises en place pour protéger les travailleurs.
Dans l'industrie 4.0, des travaux de recherche sont en cours an de proposer des environnements in-
dustriels centrés sur l'humain, la sécurité et le confort. Les robots et les travailleurs devront coopérer
de façon sécuritaire. L'utilisation accrue de capteurs dans les systèmes de production ont pour but
de faciliter la détection des dangers et la prévention des risques.
L'entreprise se trouve donc à devoir satisfaire plusieurs objectifs simultanément an de rester
compétitive, et donc survivre, sur le marché :
• Assurer le niveau de qualité souhaité
• Réduire les coûts
• Tenir, voir diminuer les délais
• Conserver de la exibilité an de s'adapter rapidement à des modications
• Réduire ses impacts environnementaux
• Améliorer les conditions de travail de ses employés
Or, ces objectifs sont le plus souvent contradictoires (par exemple réduire les délais peut avoir comme
répercussion une qualité inférieure), mais il arrive également qu'une bonne gestion impacte positi-
vement plusieurs objectifs (par exemple, une réduction de la consommation de matières premières
ou d'énergie se traduira par une baisse des impacts environnementaux et une réduction de coût). De
manière générale, toute décision inuencera plusieurs objectifs, et il est donc nécessaire d'avoir une
vision globale du système de production et de ses caractéristiques de performance.
Issu d'une vision Tayloriste de l'entreprise, le déroulement traditionnel des processus d'indus-
trialisation est basé sur une approche séquentielle, tel qu'illustré par la gure 3.
Ce type d'approche est la plus simple, mais engendre généralement un manque important de
communication entre les acteurs de l'entreprise. Ces derniers sont en quelque sorte cloisonnés. Les
tâches passent d'un service à l'autre selon le principe over the wall : un service eectue entièrement
une action puis la passe au service suivant sans interaction supplémentaire. Le temps total du projet
est la somme du temps de chaque tâche à laquelle il faut ajouter les nombreux retours, après coup,
entre les services pour s'assurer de la prise en compte des contraintes qui leurs sont associées, ce qui
augmente grandement le délai de développement d'un produit.
L'ingénierie intégrée donne des éléments de réponse à ce problème en proposant une nouvelle
organisation du processus de développement. Elle implique une conception intégrée et simultanée
des produits et des processus qui leur sont liés ; cela évite de ger le produit en n de conception et
d'aborder, ensuite, sa réalisation.
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Ainsi, il devient pertinent de faire intervenir au plus tôt dans le processus de conception
de produit les spécicités liées aux systèmes de production. C'est tout l'enjeu des démarches
d'industrialisation en ingénierie des systèmes de production. L'industrialisation est donc au c÷ur
d'un système d'ingénierie complexe allant de l'idée au produit réalisé (et même au produit en n de
vie si on considère l'ensemble des étapes du cycle de vie), tel que présenté sur la gure 4.
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Caractéristiques produit
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Caractéristiques matériau
Les caractéristiques principales du matériau qu'il convient d'analyser pour faciliter le choix de
procédé en phase de conception sont :
• Les propriétés intrinsèques du matériau :
Caractéristiques mécaniques
Caractéristiques physico-chimiques
Adaptation aux traitements structuraux et de surface
• Son adéquation aux procédés de mise en forme, en particulier
Moulabilité
Déformabilité à froid
Déformabilité à chaud
Usinabilité
• Le coût matière :
Coût massique
Formes marchandes disponibles
Standards d'entreprise
Caractéristiques procédé
Enn, l'ensemble des caractéristiques procédés qu'il est nécessaire de connaitre an de pouvoir
faire un choix lors d'une démarche PPM se répartit en trois catégories :
• Les formes que l'on peut obtenir :
Réalisation des diérents types de formes (révolution intérieure ou extérieure, surfaces
réglées ou gauches, etc.)
Compatibilité des dimensions (minimales et maximales) attendues avec le procédé
Capabilité du procédé vis-à-vis des spécications géométriques, dimensionnelles, et d'état
de surface
• Les matériaux utilisables :
Aptitude du procédé à mettre en ÷uvre le matériau
Éventualité d'une transformation structurelle apportée au matériau par le procédé
• Le coût de production
Coût de l'outillage
Coût de l'équipement
Importance de la main d'÷uvre
Durée de fabrication
Notion de quantité minimale
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On distinguera tout d'abord les procédés qui permettent d'obtenir la matière première (procédés
primaires), puis la mise en forme (procédés secondaires), éventuellement complétée par des procédés
de nition (procédés tertiaires) et enn l'assemblage an d'obtenir un produit ni.
Pour les procédés de mise en forme, nous retiendrons une classication suivant la température
initiale du matériau. En eet, les mises en forme de produits font appel à des mécanismes com-
plexes multiphysiques (thermique, chimique, mécanique) qui ne sont pas les mêmes si on travaille
le matériau à froid, à chaud, ou à l'état liquide. Cependant, les grandes propriétés résultantes de
la transformation sont similaires car régies par les mêmes lois multiphysiques. Cela permet donc de
regrouper des procédés très similaires dans le principe, même s'ils sont destinés à mettre en forme des
familles de matériaux très divers. Attention : les valeurs de températures permettant les distinctions
à froid , à chaud , liquide dépendent du matériau. Ainsi une transformation à chaud
correspond à une température légèrement inférieure au liquidus (l'estampage se fait généralement
à 1300 ◦C), une transformation liquide se fait avec un apport de matériau en phase liquide (le
polystyrène peut être moulé par injection à 180 ◦ C).
On se limitera aux procédés pour les matériaux métalliques, polymères et composites, listés
suivant la classication proposée à la gure 6.
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Cisaillage
Découpe
Poinçonnage, grignotage
Légende Pliage, roulage
Mise en forme métaux en feuilles
Emboutissage
Fait l'objet d'une fiche détaillée
Déformation Repoussage, fluotournage
Procédé "innovant"
Hydroformage
Fabrication additive
Formage incrémental
Procédés pour matériaux polymères
Usinage par outil coupant
Synthèse puis extrusion et coupe Granulés de polymères (TP) Usinage avec assistance (cryogénique, vibratoire, ...)
Calandrage à partir de granulés Film polymère (TP) Jet d'eau avec abrasif
Forgeage libre
Par point
Forgeage Estampage, matriçage
A la molette Par résistance
Thixoforgeage
En bout par étincellage
Filage, extrusion
Electrode enrobée
À chaud Moulage par compression, frittage
TIG Mise
A l'arc électrique Soudage en forme Thermoformage (TP)
MIG-MAG
Souffl age (TP)
Faisceau d'électron, plasma, laser
Procédés
Fabrication additive Extrusion de matière (TP)
Brasage
Coulée des polymères (TD)
Soudage par friction malaxage
Assemblage Injection plastique (TP)
Collage
Moulage par transfert de résine (RTM)
Boulonnage
Extrusion (TP)
Sertissage
Pultrusion (comp)
Rivetage Mécanique
Rotomoulage (TP)
Frettage
Moulage par centrifugation
Clipsage
Enroulement filamentaire
Moulage sable
Moulage en moule non permanent
Moulage cire perdue
Moulage en coquille
Fonderie
Moulage en moule permanent
Moulage sous pression
Thixomoulage
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Les limites technico-économiques des procédés faisant l'objet d'une che détaillée seront pré-
sentées en utilisant des caractéristiques de performance technique des pièces mises en forme (tolé-
rance, état de surface) et des attributs économiques (coût de l'outillage, de l'équipement, de la main
d'÷uvre).
Caractéristiques techniques
Aucun procédé ne peut mettre en forme une pièce exactement à la dimension spéciée, ni générer
une surface parfaite. On dénit donc :
• T = Tolérance : valeur en mm. On admet un certain écart par rapport à la dimension
souhaitée, on désigne cet écart comme la tolérance.
• ES = État de surface : rugueux, lisse, très lisse. L'état de surface caractérise les défauts
et les irrégularités micro-géométriques de la surface.
Caractéristiques économiques
Le coût de fabrication d'une pièce dépend du coût de l'équipement (machine) utilisé pour la
fabriquer, du coût de l'outillage spécialisé (par exemple : moules, outils coupants) et du coût de la
main d'÷uvre. Il y a également une part xe liée aux frais généraux de production, qu'il n'est pas
utile de prendre en compte pour faire des comparaisons de procédés. On dénit donc :
• CRO = Coût relatif de l'outillage : faible, moyen, haut, très haut.
• CRE = Coût relatif de l'équipement : faible, moyen, haut, très haut.
• IMO = Importance de la main d'÷uvre : faible, moyen, haut, très haut.
[en construction]
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La première phase dans l'élaboration des produits sidérurgiques tels les tubes ou les tôles, est
l'obtention de semi-produits appelés brames, blooms ou billettes (gure 7). Ces derniers sont réalisés
par coulée continue (plus rarement par coulée en lingots) puis laminage.
Lingots (Ingots)
Les lingots (gure 8a) sont utilisés comme matière première soit pour des procédés de mise
en forme à partir de matière liquide tels que la fonderie, soit pour l'élaboration de demi-produits
(brames, blooms, billettes), soit pour l'élaboration de poudre.
La production de lingots s'eectue à partir d'un alliage métallique en fusion qui va être coulé dans
une lingotière, c'est-à-dire un moule ayant la forme du lingot que l'on souhaite obtenir. Le procédé est
schématisé sur la gure 8b. Les alliages peuvent provenir soit d'extraction des matières premières
(minerai de fer et charbon pour la fonte, bauxite pour l'alliage d'aluminium, magnésite pour les
alliages au magnésium), soit de recyclage.
(a) Lingots d'alliage d'aluminium pour fonderie (b) Coulée de lingots en lingotière
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Les brames (slabs) sont des grandes plaques, dont les dimensions sont généralement 150 à 350
mm pour l'épaisseur, 700 à 2500 mm pour la largeur et de 5 à 15 m de longueur. Elles vont permettre
d'obtenir les produits sidérurgiques plats que sont les plaques (tôle forte) et les feuilles (tôle mince,
en bobine).
Les billettes (billets) sont des demi-produits longs de section carrée, rectangulaire ou ronde, de
dimension comprise entre 50 et 120 mm pour une longueur variant de 5 à 15 m. Elles vont permettre
d'obtenir des produits sidérurgiques longs de faible section (ls, barres, tubes et prolés).
Les blooms sont des billettes de plus grande section (dimension supérieure à 120 mm) qui
serviront de base à la mise en forme de produits longs de section importante, notamment les rails et
les poutres métalliques prolées en I, en H, ou en U.
La coulée continue a supplanté la coulée en lingots (qui étaient jusqu'au milieu du XXème
siècle la forme principale de matières premières métalliques) pour la production de semi-produits.
La coulée continue génère en eet moins de matière perdue et ore de plus grandes possibilités d'au-
tomatisation. L'utilisation de la coulée en lingots s'avère cependant encore nécessaire pour satisfaire
des marchés restreints d'alliages particuliers.
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L'ensemble d'une machine de coulée continue est constitué des organes principaux suivants que
l'on trouve sur la gure 9. La poche de coulée, contenant le métal liquide, est disposée sur un support
de poche situé au sommet de la machine. Sous la poche se trouve un répartiteur destiné à recevoir
le métal liquide et à le répartir de façon uniforme dans les diérentes lignes de la machine. Chaque
ligne est indépendante. En tête de la ligne se trouve la lingotière, refroidie à l'eau (refroidissement
primaire) qui amorce la solidication et donne sa forme au produit ; la lingotière est animée d'un
mouvement d'oscillation pour éviter le collage du métal à la lingotière. Le produit sortant de la
lingotière se présente comme une enveloppe solidiée, remplie de métal liquide. Le produit est alors
guidé et soutenu (zone de guidage) pendant que sa solidication est accélérée par arrosage d'eau
(refroidissement secondaire). Plus bas se trouve le dispositif d'extraction chargé de faire avancer le
produit et de le redresser (cas de la machine courbe). Le produit entièrement solidié est découpé
en tronçons de longueur voulue et évacué.
Le laminage (rolling) est une opération essentielle en sidérurgie. Le principe général, illustré
sur la gure 10, est de déformer plastiquement une forme initiale de matière (brame, billette, bloom,
lingot) par compression continue au passage entre deux cylindres tournants contrarotatifs appelés
laminoirs . Le matériau passe successivement dans diérentes cages équipées de cylindres pour
diminuer en épaisseur, gagner en longueur, améliorer les caractéristiques mécaniques ou modier la
géométrie (cas du laminage de prolés). Le laminage à chaud modie les caractéristiques mécaniques
dans le sens de l'étirement, alors que le laminage à froid va écrouir le matériau.
Les plaques et feuilles, constituant la matière première pour les procédés de mise en forme
de produits plats , sont réalisées à partir de brames qui vont être laminées. On distingue les
plaques (ou tôles fortes ) des feuilles (ou tôles nes ) qui ont une épaisseur inférieure à
10 mm et dont l'épaisseur est au minimum dix fois inférieure à la longueur du plus grand côté. Les
plaques vont être laminées à chaud, les feuilles vont subir en plus des opérations de laminage à froid
et de bobinage.
Les barres et les tubes sont obtenus par laminage à chaud de blooms ou de billettes.
Les ls (diamètre maximal de 14 mm) sont obtenus à partir de billettes qui vont être convoyées,
chauées, puis engagées dans un train de laminoirs à très forte cadence. Plusieurs dizaines de cages
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sont nécessaires pour atteindre le diamètre nal souhaité, avant une tête de mise en spire, une étape
de refroidissement et un empilage des spires pour former la couronne.
Les prolés sont obtenus à partir de blooms qui vont passer dans diérentes cages qui vont
déformer successivement la matière, d'abord en ébauchant la morphologie générale puis en anant
localement pour aboutir à la géométrie nale.
Poudre (Powder)
La poudre métallique est la matière première utilisée dans les procédés de frittage de poudre
(s'apparentant au moulage par compression) ainsi que de nombreux procédés de fabrication additive :
fusion sur lit de poudre, dépôt de matière sous énergie condensée, projection de liant.
L'atomisation (atomization), illustrée à la gure 11 est le procédé le plus utilisé pour la pro-
duction de poudres. Dans ce procédé, le métal (généralement sous forme de lingots, mais on peut
également utiliser des produits issus de lières de recyclage) est introduit dans un creuset pour
être chaué jusqu'à l'état liquide. Le contact entre le matériau en fusion (sous forme de jet) et un
uide d'atomisation génère une onde de choc, qui entraîne une instabilité du jet conduisant à sa
désintégration et à sa transformation en nes gouttelettes liquides. Ces gouttelettes liquides vont se
solidier rapidement sous l'eet convectif d'un gaz inerte. La vitesse de refroidissement est de l'ordre
de 104 à 105 ◦ C/s. Le diamètre des particules est généralement inférieur à 100 µm.
Le uide d'atomisation est sélectionné en fonction de l'alliage atomisé et inuence la morphologie
des poudres obtenues. On utilise généralement un gaz inerte (Argon, Azote) ou de l'eau. À la suite
de l'atomisation, les poudres peuvent être traitées thermiquement, soit pour réduire les oxydes, soit
pour abaisser leur dureté (par recuit).
(a) Schéma simplié d'une tour d'atomisation (b) Particules de poudre obtenues par atomisation
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Les polymères thermoplastiques sont utilisés très majoritairement sous forme de granulés
pour leur mise en forme. En eet, cette forme est très pratique à stocker, à manipuler, et bien
adaptée aux processus (remplissage aisé des trémies pour les machines d'injection et d'extrusion,
ainsi que malaxage facilité).
Les premières étapes de l'obtention des polymères ont lieu dans le secteur de la pétrochimie. Le
pétrole brut passe d'abord dans un four puis dans une colonne de fractionnement, qui permet de
séparer les hydrocarbures par palier de condensation, comme illustré sur la gure 12.
Les naphtas, à la base des thermoplastiques, subissent ensuite une étape de vapocraquage, dans
une installation schématisée en gure 13. Les naphtas entrent dans la section chaude de l'unité par
la zone de convection du four ou ils sont préchaués puis mélangés à de la vapeur d'eau, avant
de traverser la zone de radiation où s'eectue la montée rapide en température, associée à des
réactions de pyrolyse. À la sortie du four, les euents sont gés dans leurs possibilités cinétiques
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d'évolution par une trempe brutale en deux temps : une première trempe indirecte à l'eau, suivie
d'une trempe directe utilisant le résidu lourd sous-produit de la pyrolyse. Les euents sont alors
transférés vers une tour de fractionnement primaire qui sépare un résidu lourd, une fraction de
l'essence de vapocraquage et de l'eau, tandis que les produits légers de pyrolyse sortent en tête sous
forme gazeuse. Après compression, lavage à la soude et séchage, ces euents légers entrent dans
la section froide de l'unité qui assure notamment la séparation de l'éthylène, du propylène et du
butadiène. Ce sont ces monomères de base qui, par diérents traitements (chloration, oxydation) et
polymérisation, vont donner les résines polymères de base.
Les résines de base vont ensuite subir une étape de formulation, c'est-à-dire un malaxage pour
obtenir un matériau homogène et stable incluant :
• Des charges, en quantité importante (parfois plus de 50 % en masse) an de diminuer le coût,
modier la densité ou améliorer certaines propriétés
• Des plastiants, qui améliorent la souplesse et la exibilité pour faciliter la mise en forme
• Des additifs, en plus faible proportion, qui vont améliorer une propriété spécique (stabili-
sants, ignifugeants, lubriants, colorants, fongicides, etc.)
Les dernières étapes sont l'extrusion, le refroidissement, le tirage (qui permet d'obtenir le diamètre
souhaité, de l'ordre de quelques millimètres) puis la coupe en granulés de la taille désirée. La gure 14
schématise ces étapes.
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Pour que les matériaux thermodurcissables soient mis en forme, il est nécessaire qu'ils su-
bissent une étape de polymérisation ou réticulation. Cette étape fait passer le matériau d'un état
liquide (ou visqueux, dans tous les cas on conservera la dénomination de résine pour la matière
première) à un état solide permanent en respectant la géométrie et les dimensions souhaitées pour
le produit.
Cette opération de polymérisation est irréversible dans le cas des polymères thermodurcis-
sables. Sous l'action de la chaleur ou d'un catalyseur (durcisseur), des liaisons covalentes fortes se
développent entre toutes les chaînes de macromolécules, permettant ainsi l'obtention d'une forme
en trois dimensions. La mise en forme des produits en matériau thermodurcissable nécessite donc
une résine, livrée liquide, sous forme de polymère non réticulé en suspension dans un solvant em-
pêchant le pontage entre les macromolécules. Une fois que le matériau mis en forme (création des
pontages 3D entre macromolécules), la forme est dénitive au premier refroidissement. En eet,
l'énergie nécessaire pour casser les liaisons entre macromolécules va rompre également les liaisons
internes aux macromolécules. C'est pourquoi la mise en forme d'un produit en matériau polymère
thermodurcissable ne peut se faire qu'à partir de résine car aucune préforme n'est possible.
Les résines thermodurcissables s'obtiennent par des procédés similaires aux granulés thermo-
plastiques, à l'exception des étapes nales de mise en granulés. Ces résines se retrouvent dans des
produits pour lesquelles les propriétés isolantes ou thermorésistantes sont recherchées, soit les pein-
tures ou les colles, ainsi que comme matrices auxquelles on ajoute des bres pour former les matériaux
composites.
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On distingue les feuilles (> 100 µm) et les lms (< 100 µm), lorsqu'il est question de polymères.
Ces produits sont réalisées par calandrage.
Le procédé de calandrage est basé sur l'écoulement à température élevée d'une matière ther-
moplastique viscoélastique, provenant du mélangeur gélieur, entre quatre cylindres (gure 15), ce
qui s'apparente au procédé de laminage de matériaux métalliques. L'écartement, la pression, la vi-
tesse, la température et la sélection du type de rouleaux vont inuencer les dimensions et l'aspect
des semi-produits obtenus. Le refroidissement et la stabilisation s'eectuent par le passage dans un
chemin de rouleaux avant la mise en bobine des lms ou l'empilage de feuilles. Le PVC reste le
polymère le plus transformé par calandrage.
Les bres les plus employées pour renforcer des matrices polymères et créer des matériaux com-
posites sont :
• Les bres de verre
• Les bres de carbone
• Les bres d'aramide
• Les bres végétales
Pour la production de bre de verre, le verre en fusion (environ 1500 ◦ C) se transforme en lament
en étant étiré à grande vitesse. Ce l de verre est bobiné puis ensimé. L'ensimage consiste à ajouter un
revêtement protecteur pour permettre l'agglomération des laments entre eux et faciliter l'intégration
dans les polymères. Les ls sont ensuite bobinés ou coupés puis séchés.
La majorité des bres de carbone utilisées industriellement pour les composites sont obte-
nues à partir de mèches de polyacylonitrile (PAN), fabriquées par polymérisation et lage de bres
acryliques. Les diérentes étapes du passage du PAN aux bres de carbone sont représentées sur la
gure 16.
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Les bres de polyamides aromatiques (aramides) viennent typiquement renforcer une matrice
en résine époxyde thermodurcissable pour former un matériau composite pour lequel la résistance
thermique et des bonnes propriétés mécaniques sont recherchées. Le Kevlar est un nom commercial
de bres d'aramide. Celles-ci sont obtenues par extrusion du polymère en solution sous forte pression
dans une lière. Au cours de l'extrusion, les structurations des chaines moléculaires sont fortement
orientées dans le sens de l'axe de la bre, ce qui confère une résistance thermique et mécanique.
Pour ce qui est des bres végétales, les techniques pour produire un l s'apparentent généra-
lement à la lature textile classique.
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Matière première : Barre, plaque, prolé, ou bien pièce mise en forme par fonderie ou forgeage.
Température initiale de la matière : Froid.
On appelle usinage toute opération de mise en forme par enlèvement de matière destinée à
conférer à une pièce des dimensions et un état de surface (écart de forme et rugosité) situés dans
une fourchette de tolérance donnée. L'usinage reste l'un des plus importants procédés de mise en
forme de la plupart des matériaux.
Dans le cas de l'usinage par outil coupant, l'enlèvement de matière se fait par action méca-
nique d'un outil coupant ; la force appliquée induit la formation, à l'échelle macroscopique, d'un ou
plusieurs copeaux (gure 17).
La gure 18 présente quelques pièces représentatives de l'usinage par outil coupant. Le tournage
crée des surfaces externes de révolution en enlevant de la matière avec un outil de coupe. La pièce
à travailler est xée sur un mandrin qui est monté sur un tour générant le mouvement de rotation.
L'alésage est la même action appliquée à des surfaces internes de révolution. Le fraisage consiste
à enlever de la matière d'une pièce xe, bridée dans la machine-outil par l'intermédiaire d'un porte-
pièce, avec un outil de coupe rotatif à dents multiples. En déplaçant l'outil par rapport à la pièce
dans plusieurs directions (usinage multi-axes), on peut générer des surfaces ayant pratiquement
n'importe quel type d'orientation. Le perçage est la technique la plus économique pour usiner un
trou cylindrique dans une pièce.
On peut usiner tous les polymères et tous les métaux (avec dicultés pour les plus durs : l'outil
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CRO : faible
T : 0.013 à 0.500 mm
CRE : moyen à haut
ES : lisse
IMO : moyen
Matière première : Barre, plaque, ou bien pièce mise en forme par fonderie ou forgeage.
Utilisation comme procédé de nition pour certaines zones impossibles à obtenir avec de l'usinage à
l'outil coupant.
Température initiale de la matière : Froid.
Le procédé d'usinage par électroérosion repose sur le fait que l'étincelle électrique éclatant entre
deux conducteurs séparés par un uide diélectrique produit une érosion préférentielle de l'anode, du
fait d'un échauement intense entraînant fusion et vaporisation (gure 19). La pièce à usiner est
immergée dans un uide diélectrique, une source de courant génère des impulsions électriques rapides
qui créent une décharge entre la pièce à usiner et une électrode (un l continu ou une pièce formée
en graphite).
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
L'électroérosion permet l'usinage de formes spéciales, diciles voire impossibles à usiner par
coupe (trous avec un fort rapport d'élancement, découpes avec angles vifs, gravures complexes,
pièces à parois minces, dimensions très faibles). Elle est particulièrement utilisée pour la fabrication
d'outillages d'injection ou de matrices de forgeage.
L'usinage par électroérosion est remarquable par son aptitude à mettre en forme des matériaux
diciles à couper (alliages métalliques durs, matériaux réfractaires) à condition qu'ils soient conduc-
teurs d'électricité.
Le coût des outillages est faible, mais la vitesse de coupe lente (quelques mm/min) limite l'uti-
lisation de l'usinage par électroérosion à des petites séries.
CRO : faible
T : 0.005 à 0.200 mm
CRE : haut
ES : très lisse
IMO : moyen
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
l'arrachement nal. Le cisaillage avec des lames parallèles permet une coupe généralement rectiligne
sur toute la longueur de la tôle, mais l'eort nécessaire est important. Dans le cas du cisaillage avec
des lames obliques, l'eort est moindre car la section de cisaillage est plus faible. L'eort dépend
bien évidemment du matériau à découpe, en particulier sa résistance au cisaillement qui en pratique
vaut 80% de la résistance à la rupture en traction.
Figure 22 Mise en bande qui va chercher à optimiser le coecient d'utilisation (taux de chute
inférieur à 21 %)
Dans le cas de la production en grande série, les diérentes opérations de poinçonnage et décou-
page peuvent avantageusement être réalisées sur une même presse. La bande de métal initialement en
bobine est alimentée dans la presse en continu et transférée successivement dans les diérents outils
par des rouleaux, comme illustré sur la gure 23. L'emploi d'outils combinés (outils à suivre )
permet de réaliser des pièces aux contours complexes dont la qualité est constante à chaque coup de
presse.
Le grignotage (nibbling) est une opération de poinçonnages successifs dans laquelle le poinçon
est animé d'un mouvement alternatif et passe au travers de la matrice en entraînant le métal coupé
(Figure 8). Il est alors possible de découper suivant un tracé précis, que l'on peut suivre en utilisant
un gabarit guide ou bien en utilisant une machine à commande numérique.
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
On utilise également les termes crevage lorsque la découpe est partielle et encochage lorsque
la découpe débouche sur un contour.
Tous les matériaux rigides disponibles en feuilles et non fragiles peuvent être découpés par ces
techniques, ainsi le domaine d'application est extrêmement vaste : quincaillerie, petite mécanique,
appareillage électrique, automobile...
Lors de l'opération de découpe, le matériau entre le poinçon et la matrice (ou entre les deux
lames de cisaillage) subit des déformations plastiques très importantes avant sa rupture, il y a donc
une zone aectée par l'écrouissage d'une étendue de 1 à 2 mm environ, dépendant du matériau et
des paramètres de découpe.
Ces procédés de découpe sont rapides et bon marché. Dans le cas de grignotage de pièces pro-
totypes, il faut parfois faire appel à une main d'÷uvre plus qualiée car les trajectoires de découpe
peuvent être complexes à générer.
CRO : faible
T : 0.100 à 0.400 mm
CRE : faible
ES : très lisse
IMO : faible à moyen
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Le cintrage permet d'obtenir une surface cylindrique ou conique, le rapport du rayon de courbure
à l'épaisseur restant élevé. Le cintrage s'eectue généralement en continu par l'action conjuguée de
trois (parfois quatre) rouleaux (gure 26). Le rouleau formeur (F) est entraîné en rotation par contact
et permet d'obtenir le rayon de cintrage par son déplacement en translation. Les rouleaux entraineurs
(E1 et E2) sont situés dans des plans verticaux et leur pression sur la tôle permet son entraînement.
Le cintrage s'emploie également pour la mise en forme de tubes.
Ces opérations sont également bien adaptées à la mise en forme de tôles fortes (épaisseurs
supérieures ou égales à 4,76 mm), pour les secteurs industriels de la construction navale (pétroliers,
cargos, chalutiers, engins de service, etc.) et de la chaudronnerie (chaudières, échangeurs de chaleur,
réservoirs, etc.).
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
sur une presse d'environ 500 tonnes. La matrice, en creux, épouse la forme extérieure de la pièce.
Le poinçon, en relief, épouse sa forme intérieure en réservant l'épaisseur de la tôle. Le serre-an
qui entoure le poinçon s'applique contre le pourtour de la matrice et sert à coincer le an pendant
l'application du poinçon.
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
également mettre en forme des alliages d'aluminium, de cuivre, de nickel, de zinc, de magnésium et
de titane.
La volonté de réduire les émissions de CO2 des véhicules automobiles conduit à recherche une
réduction de la masse des véhicules, ce qui nécessite en particulier le développement de nouvelles
nuances d'aciers à haute limite élastique (HLE). Néanmoins, l'utilisation de ces nouvelles nuances
peut poser des problèmes lors de l'emboutissage. En eet, leurs hautes propriétés mécaniques im-
posent aux presses de fournir des eorts d'emboutissage beaucoup plus importants que dans le cas
des nuances d'acier classique.
Les outillages sont spéciques à chaque opération et donc les coûts d'outillage sont élevés. Les
tailles de série économiques se situent entre 1 000 et 100 000 000 pièces.
CRO : moyen
T : 0.200 à 0.500 mm
CRE : moyen
ES : très lisse
IMO : faible
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
uotournage. Le an initial circulaire ou carré, d'épaisseur e0 , est pris entre le mandrin et la contre-
pointe. Cet ensemble est mis en rotation par la broche supportant le mandrin. Une molette est
entraînée en translation par un chariot et suit un mouvement rectiligne parallèle à la génératrice du
mandrin, à une distance e de celui-ci. Au contact avec le an, la molette se met en rotation, entraînant
la matière sous elle. Le chariot porte-molette poursuit sa course jusqu'à l'obtention du produit ni.
L'épaisseur de ce produit est sensiblement égale à la distance entre mandrin et molette. Ces procédés
(a) Schéma de principe du uotournage conique à (b) Quelques exemples de produits repoussés
génératrice droite ou uotournés
CRO : faible
T : 0.250 à 1.000 mm
CRE : faible
ES : lisse à très lisse
IMO : moyen
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
La plupart des métaux peuvent être forgés, mais leur aptitude à l'être varie fortement. Les alliages
les plus faciles à travailler en forge sont les alliages d'aluminium, les aciers, ainsi que les alliages de
cuivre et de magnésium.
Le forgeage libre permet d'obtenir sans outillages spéciques, avec des délais courts, des pièces
unitaires ou de très petites séries (< 50 pièces). Cependant, une main d'÷uvre très compétente est
nécessaire car la précision du produit ni repose sur la qualité de l'opérateur.
CRO : faible
T : 5 mm
CRE : faible
ES : rugueux
IMO : haut
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
nombre de matrices nécessaires à la mise en forme complète. On peut former des pièces de quelques
grammes à plusieurs centaines de kilogrammes. La peau des pièces est légèrement granuleuse, et le
procédé est caractérisé par des bavures au plan de joint (plan de contact entre la matrice supérieure
et la matrice inférieure), nécessaires pour garantir un total remplissage de l'empreinte. Ainsi, on
observe généralement des traces de meulage associées à l'élimination des marques de bavure, ainsi
que des dépouilles légères, permettant d'ouvrir les deux matrices et de sortir la pièce réalisée. Par
ailleurs, les variations brusques de section ne sont pas réalisables ; ainsi, des rayons importants sont
souvent présents. Les pièces obtenues ne sont généralement que des ébauches, et des opérations de
nition (le plus souvent par usinage) sont nécessaires.
Au niveau des matériaux, les mêmes considérations que pour le forgeage libre s'appliquent.
La taille économique de série est relativement importante (1 000 à 10 0000 pièces), car les
outillages sont coûteux à produire et à ajuster.
CRO : haut
T : 0.200 à 1 mm
CRE : haut
ES : rugueux
IMO : faible
Filage (Extrusion)
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
réduisant ainsi les eorts de poussée, mais l'équipement est plus complexe et la longueur des produits
obtenus est limitée. Un procédé apparenté est le trélage (wire drawing), pour lequel le métal est
tiré plutôt que poussé ; comme l'indique sa traduction anglaise, ce procédé est surtout utilisé pour
la réduction de sections de ls.
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
L'investissement initial est assez important, particulièrement en raison de l'usure rapide des
outillages par friction.
CRO : haut
T : 0.500 à 1 mm
CRE : haut
ES : lisse
IMO : faible
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
On utilise surtout le procédé de moulage par compression avec des polymères thermodurcissable
(polyesters, résines phénoliques) qui peuvent être renforcés de bres courtes (25 à 70 %) pour former
un matériau composite. La majorité des pièces mises en forme par moulage par compression se
retrouvent dans l'industrie des transports (automobile, ferroviaire, aéronautique) ainsi que dans les
boîtiers de matériel électrique.
Le frittage de poudre est particulièrement intéressant pour la mise en forme de matériaux tels
que des céramiques et des métaux réfractaires, qui sont trop fragiles pour être déformés et ont des
températures de fusion trop élevées pour être moulés facilement.
Bien que les coûts d'outillage soient élevés, ils sont plus faibles qu'en moulage par injection ou
en fonderie. Ils sont évidemment très dépendants de la taille et de la complexité des moules.
Pour le moulage par compression :
CRO : moyen
T : 0.150 à 1 mm
CRE : moyen
ES : très lisse
IMO : moyen
CRO : moyen
T : 0.025 à 1 mm
CRE : moyen
ES : lisse
IMO : faible
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Thermoformage (thermoforming)
Le thermoformage par le vide ne permet pas de reproduire des détails ns. Par ailleurs, la surface
de la plaque en contact avec le modèle a tendance à être marquée. Ainsi, l'outillage est généralement
conçu de manière à ce que cette surface ne soit pas le côté fonctionnel de la pièce nie. Le rapport
profondeur / largeur est généralement compris entre 0,5 et 2. On peut appliquer ce procédé à une
très grande gamme de dimensions (du gobelet à la coque de bateau), tel qu'illustré à la gure 36b.
Le thermoformage est utilisé pour mettre en forme des feuilles thermoplastiques en ABS, poly-
amide, polycarbonate, polystyrène, polypropylène, PVC, PET. Les thermodurcissables ne se ther-
moforment pas.
Les coûts en capital et en équipement du thermoformage sont faibles, mais le procédé peut
requérir beaucoup de main d'÷uvre.
CRO : faible
T : 0.500 à 1 mm
CRE : faible
ES : très lisse
IMO : haut
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
CRO : moyen
T : 0.250 à 1 mm
CRE : moyen
ES : très lisse
IMO : faible
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
CRO : faible
T : 0.800 à 2 mm
CRE : faible
ES : très lisse
IMO : moyen
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
• Les granulés de polymères sont amenés dans une vis où ils se mélangent et se ramollissent pour
atteindre une consistance quasi-liquide. Dans cette première phase, la buse étant obturée, la
vis tourne en reculant et le polymère fondu s'accumule en tête de vis.
• Une fois que la quantité de polymère nécessaire à la fabrication de la pièce a été fondue, la
buse s'ouvre et la vis se transforme en piston qui injecte à grande vitesse le polymère chaud
dans le moule fermé et généralement froid : c'est la phase de remplissage, durant laquelle
les pressions engendrées sont considérables du fait de la forte viscosité du polymère et des
grandes vitesses d'injection.
• Le refroidissement du polymère est lent du fait de sa faible conductivité thermique. Il est donc
possible de compenser en partie la variation de volume spécique du polymère en continuant
à injecter du polymère liquide sous forte pression : c'est la phase de compactage.
• Une fois que le canal reliant la buse de la presse à injecter au moule est solidié, il n'y a plus
de compactage possible. La pièce continue à se refroidir dans le moule, puis après éjection, à
l'extérieur du moule.
(a) Principe de l'injection plastique (b) Exemples de produits réalisés par injection
Le moulage par injection est actuellement l'un des meilleurs moyens pour produire en masse des
petits articles de qualité en polymères, possédant des formes complexes. Comme pour l'ensemble
des procédés de mise en forme de matériau à l'état liquide, des changements importants dans les
épaisseurs des pièces ne sont pas recommandés : il s'agit d'une source de diculté de contrôle du
refroidissement et peut mener à l'apparition de défauts sur les produits.
Il convient de rééchir, lors de la conception de produit, aux avantages inhérents de la matière
plastique utilisée. Il est ainsi possible d'intégrer des fonctions que d'autres matériaux ne permettent
pas, telles une déformation signicative et répétée dans le domaine élastique (compliance). Ainsi,
il est par exemple possible d'obtenir des directement des charnières et des clips, ce qui permet la
réalisation de certains produits complets sans assemblage (gure 38b).
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Les thermoplastiques, les thermodurcissables, et les élastomères peuvent tous être moulés par
injection. L'injection bi-matière permet le moulage de pièces avec des matériaux, des couleurs ou
des caractéristiques diérentes. On peut également mettre en ÷uvre par injection des composites
à matrice thermoplastique renforcés par des bres courtes ou des charges particulaires, à condition
que le taux de charge ne soit pas trop important.
La conception du moule inuence de manière décisive les caractéristiques technico-économiques
de la pièce injectée. L'aspect de la pièce, sa résistance mécanique, sa ténacité, ses dimensions, sa
forme et son coût dépendent de la qualité du moule. Par conséquent, le coût des pièces injectées est
directement lié au coût de réalisation du moule (à diviser par la taille de la série).
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
les alliages légers et de 6 mm pour des alliages ferreux. Le démoulage du modèle pour créer l'em-
preinte impose des dépouilles (inclinaison des parois de l'ordre de 5%) dans la direction de démoulage.
Les pièces de fonderie se reconnaissent généralement assez facilement en raison des caractéristiques
typiques des surfaces et de la géométrie favorisant la solidication uniforme du métal.
En principe, on peut couler en fonderie en sable tout métal non réactif, et non réfractaire. En
particulier, on transforme par ce procédé les alliages d'aluminium, de cuivre, les fontes, et dans
une moindre mesure les aciers. On ajoute régulièrement des éléments d'addition aux alliages pour
améliorer la coulabilité dans le moule.
Les coûts en capital et en équipement pour la fonderie en sable à la main sont faibles, ce qui rend
le procédé intéressant pour de petites séries. Il n'en demeure pas moins que le procédé est également
très compétitif pour des tailles de série plus importantes (jusqu'à quelques milliers de pièces).
CRO : faible
T : 0.800 à 3 mm
CRE : faible
ES : rugueux
IMO : haut
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Les tolérances, la nition de surface et les propriétés mécaniques obtenues par la fonderie en
moules permanent sont meilleurs que celles du moulage en sable, mais la complexité des formes
est plus limitée à moins de passer à de la fonderie sous pression, qui nécessite de très hauts coûts
d'outillages et d'équipement. Ce dernier procédé est aux alliages métalliques ce que l'injection plas-
tique est aux matériaux polymères : on force la matière chauée à l'état liquide à épouser les formes
d'un moule (gure 41). L'alliage liquide est coulé dans le système d'alimentation. Puis un piston va
pousser la matière dans le système d'attaque an de remplir rapidement l'ensemble de l'empreinte.
La pression est maintenue pour continuer l'alimentation en matière an de combler le retrait lors
du refroidissement. Le refroidissement est généralement accéléré par la circulation de uide dans
le moule. Les éjecteurs et les dépouilles permettent l'évacuation de la pièce lors de l'ouverture du
moule.
Par rapport à l'estampage ou au matriçage, le fait de travailler la matière à l'état liquide permet
d'obtenir des détails plus ns (l'écoulement de la matière est facilité), mais limite les épaisseurs et
leurs variations (car le refroidissement doit être susamment homogène pour éviter les défauts).
Ainsi, le moulage sous pression permet d'obtenir des formes à parois minces et un excellent détail de
surface. L'intégrité des propriétés du matériau est moins bonne : un remplissage turbulent du moule
et des temps de cycle trop rapides peuvent donner du retrait et de la porosité. Le procédé permet
de fabriquer des formes complexes en ajoutant des noyaux amovibles dans le moule, mais le coût de
l'outillage augmente alors avec la complexité de la pièce à produire.
Le moulage en coquille par gravité ou sous pression est surtout utilisé pour les alliages d'alumi-
nium, de zinc et de magnésium. Le procédé impose un matériau susamment chaud pour être uide
mais sans que les propriétés du matériau nal soient dégradées.
Ces procédés assurent une très bonne productivité et des pièces de qualité dimensionnelle su-
périeure au moulage en moule non permanent, mais l'usinage des moules peut être très cher. En
particulier, pour le moulage sous pression, les coûts d'outillage élevés signient que le procédé de-
vient économique seulement pour des grandes séries (au-delà de 1000 pièces). Il s'agit cependant
d'un des seuls moyens d'obtenir des pièces coulées à parois minces.
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
CRO : moyen
T : 0.250 à 2 mm
CRE : moyen
ES : lisse
IMO : moyen
CRO : haut
T : 0.150 à 0.500 mm
CRE : haut
ES : très lisse
IMO : faible
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
CRO : faible
T : 0.050 à 0.250 mm
CRE : faible à moyen
ES : très lisse
IMO : moyen à haut
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
0,5
Tolérance (mm)
Rotomoulage
Soufflage
0,2
Forgeage
Repoussage au tour
0,1
Moulage par compression
0,05
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Fonderie en sable
100
Repoussage au tour
Usinage
Rectication
La rectication (grinding) est une opération de nition destinée à améliorer l'état de surface et
les tolérances dimensionnelles d'une pièce. Elle consiste à enlever de la matière par abrasion au moyen
d'outils, appelés meules abrasives, constituées d'arêtes coupantes agglomérées par un liant. Chaque
arête au contact avec la pièce à grande vitesse (de l'ordre de 30 m/s) génère un copeau de très petite
section (de l'ordre du micromètre) par arrachement. Les intervalles de tolérances dimensionnelles
qu'on peut obtenir par rectication sont de l'ordre du micromètre et les états de surface vont être
caractérisés par une rugosité arithmétique comprise entre 3.2 µm et 0.1 µm.
En fonction de la géométrie de la surface à rectier, on utilisera des rectieuses planes dans
laquelle la pièce eectuera un mouvement de translation par rapport à la meule qui est en rotation
(gure 45a) ou cylindriques, dans laquelle la pièce est en rotation autour de son axe et la meule
eectue un mouvement de translation parallèlement ou perpendiculairement à l'axe de la pièce
(gure 45b). La rectication se fait couramment sous arrosage pour évacuer les particules détachées
de la pièce et de la meule ainsi que la chaleur produite par le processus d'enlèvement de matière.
Polissage
Dans le cas où les surfaces à nir sont de géométries complexes et nécessitent des très bons états
de surfaces, la rectication ne sera pas susante. Des opérations de polissage peuvent alors être
réalisées.
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Même si certains procédés de polissage s'automatisent, avec des trajectoires de polissage pro-
grammées sur machines-outils à commande numérique ou bras robotisés avec asservissement par
retour d'eorts, le polissage des surfaces complexes reste encore souvent une opération manuelle
dont la qualité repose sur les compétences de l'opérateur.
Le polissage électrolytique (electropolishing) est un procédé dans lequel la pièce à traiter est
plongée dans un bain d'électrolytes et reliée à la borne positive d'une source de courant continu. Une
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
cathode est également immergée. Une couche d'oxyde se forme à la surface de la pièce à polir. Comme
la densité de courant est plus élevée au niveau des parties saillantes de la surface, la dissolution ne sera
pas homogène sur toute la surface. On arrive ainsi à polir la pièce en contrôlant les caractéristiques
du bain (concentration, pH, température) et du procédé (intensité de courant, durée).
Le polissage électrolytique permet d'obtenir une rugosité arithmétique de 0.4 µm à 50 nm sur
des pièces de petites dimensions (vis, contacts électriques) ou de plus grandes dimensions (portes
de matériel électroménager). Il requiert moins de main d'÷uvre et un outillage moins coûteux que
pour le polissage mécanique, mais l'investissement initial est plus élevé.
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Les procédés possèdent des limites technico-économiques et ont des spécicités quant au produit
qu'ils mettent en forme. Cela se traduit par des caractéristiques de formes que l'on peut obtenir, de
matériaux utilisables et de coût des pièces produites.
Un matériau possède des propriétés. Pour garantir la performance désirée d'un produit, un
certain prol de ces propriétés est demandé. Il faut donc identier ce prol et le comparer avec les
caractéristiques des matériaux pour identier ceux qui conviennent le mieux. Les caractéristiques
matériaux à prendre en compte pour faire un choix de produit procédé matériau pertinent sont
classés en trois catégories principales : propriétés intrinsèques, adéquation aux procédés d'obtention,
et coût (toujours dans une optique de performance coût qualité délai).
La méthodologie présentée ici, basée sur les travaux du Professeur Michael Ashby de l'Université
Cambridge, apporte de la rigueur et de l'objectivité dans le choix de matériau et de procédé. Elle est
fondée sur l'établissement d'indices de performances des matériaux et sur la modélisation du coût
de procédé.
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Identier la fonction
Tous les composants techniques ont une ou plusieurs fonctions : supporter une masse, transmettre
un courant électrique, contenir une pression, etc. Puisque l'évaluation des matériaux se fait sur la
base de la capacité de ceux-ci à remplir ces fonctions, il est important de les identier le plus tôt
possible en se posant la question Que fait le composant ? . Le nom usuel donné à certains
composants fait directement référence à leurs fonctions (gure 48).
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
Modéliser le problème
Quand les spécications fonctionnelles, les paramètres géométriques et les propriétés du matériau
sont indépendants (ce qui est souvent le cas), on arrive à réordonner cette équation ainsi :
On peut alors identier le groupe de matériaux les plus aptes sans avoir à résoudre le problème
complet, sans connaître les détails des spécications et de la géométrie, en optimisant seulement F3 .
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Exemple simple
Sy
I= → Sy = ρI → log(Sy ) = log(ρ) + log(I)
ρ
Cette dernière expression est l'équation d'une droite y = a.x + b dans un graphique logarithmique,
de pente a = 1 et d'ordonnée à l'origine b = log(I). Maximiser l'indice de performance I revient
donc à choisir la droite d'ordonnée à l'origine b la plus élevée, c'est-à-dire monter le plus possible
la droite de pente 1 sur la gure 49.
Les indices sont toujours associés à une combinaison objectif / contrainte / mode de chargement
/ variables libres. Plutôt que d'apprendre la liste des indices usuels, il est plutôt important d'être
en mesure de les retrouver.
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Pour les matériaux pré-sélectionnés en raison de leur indice de performance élevé, la revue des
procédés (sélection initiale binaire pour établir un ensemble de procédés compatibles) peut se faire
sur la base des caractéristiques suivantes du produit :
• Formes que l'on veut obtenir
La taille de la pièce, dénie par son volume ou sa masse, s'avère parfois incompatible avec
la capacité des installations.
La forme générale de la pièce, chiré à partir de l'élancement (rapport de la plus petite
cote à la plus grande).
Géométrie de la pièce (gure 50)
La valeur de la plus petite dimension cotée : dimension du plus petit détail, épaisseur
minimale, etc..
Le niveau de complexité de la pièce (très délicat à estimer).
La valeur absolue de la tolérance exigée sur la cote la plus précise de la pièce.
Les valeurs de rugosité exigées sur certaines surfaces fonctionnelles d'une pièce.
• Matériaux utilisables
La température de fusion du matériau doit être comparée à la température maximale
techniquement possible pour la mise en ÷uvre du procédé envisagé.
La dureté du matériau travaillé retentit sur les eorts à appliquer si l'on souhaite le
déformer ou l'usiner, sur la taille et la puissance des machines, sur l'usure et la durée de
vie des outillages.
• La série de pièces identiques à produire (quantité n). Les procédés sont plus ou moins bien
adaptés à des séries faibles ou importantes (principalement à travers le coût de fabrication
qu'ils impliquent).
La gure 51 propose un exemple de l'utilisation des diagrammes à barres pour sélectionner quelques
procédés compatibles.
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
La sélection nale du procédé sera souvent faite sur la base du coût unitaire de fabrication, qui
est la somme des quatre éléments principaux suivants :
• Matière : la production d'une pièce de masse m implique un coût matière C1 lié au coût
massique Cm ($/kg) des matières premières à partir desquelles il est fabriqué. On comptabilise
généralement une proportion de matière première plus importante pour tenir compte de la
proportion f des rebuts générés au cours de la production, selon l'équation suivante :
m
C1 = Cm
1−f
• Outillage : c'est le coût associé à l'utilisation d'outillage spécique tels les moules ou des
outils de coupe de coût Co ut ($), nécessaire à la production d'une série de n pièces. Le coût
unitaire d'outillage est donc :
Cout
C2 =
n
• Équipement : Le coût de l'équipement (presses, machines-outils, etc.), Ceq , est typiquement
amorti sur une durée da m comprise entre 3 et 8 ans. En considérant un facteur de charge L
en heures d'utilisation par année, la relation de dépendance entre le coût unitaire et le taux
de production ṅ, typiquement en pièces par heure, est :
1 Ceq
C3 =
ṅ Ldam
• Frais généraux : Enn, la production d'une pièce implique des frais généraux Cf g ($), liés
à l'utilisation d'un heures-employés, d'un espace, d'énergie, de logiciels ou d'autres charges
indirectes que l'on impute également au taux de production ṅ selon l'équation suivante :
1
C4 = Cf g
ṅ
Pour de petites tailles de séries, le coût unitaire est dominé par les coûts xés par l'outillage. À
mesure que la taille n des lots augmente, la contribution de l'outillage au coût unitaire tombe, à
condition que l'outillage ait une durée de vie qui soit plus grande que n. Le coût unitaire atteint
alors une valeur dominée par les coûts variables : matériaux, coût du travail et autres coûts indirects.
La taille de série économique, souvent citée pour un procédé, est le nombre n de lots pour lequel le
procédé coûte moins cher que les procédés concurrents. Les comparaisons de cette sorte guident le
choix nal du procédé.
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La conception pour l'X (design for X, DfX) est la mise en ÷uvre pratique du concept d'ingé-
nierie intégrée. C'est un ensemble de méthodologies visant à augmenter l'ecacité du processus de
conception de produit, où le "X" représente l'une des phases du cycle de vie du produit. Le concept
de DfX se concentrait initialement sur les phases de fabrication (DfM pour Design for manufactu-
ring ) et d'assemble (DfA pour Design for Assembly ), puis s'est étendu à un plus large champ de
métiers intervenant dans le processus de conception et de développement de produits : Design for
Environment, Design for Quality, Design for Cost, Design for End-of-life, etc. Les méthodes ne sont
pas toutes, à l'heure actuelle, industriellement robustes et de nombreuses équipes de recherche tra-
vaillent à développer ces concepts et des outils associés. Cette brève partie se veut un complément au
cours Industrialisation de produits an de proposer une ouverture vers le Design for Manufacturing.
Les méthodologies de DfM ont pour but de considérer simultanément des objectifs de conception
et des spécicités de fabrication. Il s'agit d'identier et d'éviter des problèmes de fabrication pendant
la phase de conception du produit, an de réduire le délai de développement et d'améliorer la qualité
des produits. Les racines du DfM remontent à la seconde guerre mondiale, lorsque la pression
politique sur la mise au point rapide d'armes a imposé une intégration forte entre conception et
fabrication. Puis l'ère de prospérité industrielle a de nouveau séparé les départements de conception
et de fabrication, le résultat fut un environnement de développement de produits séquentiel, d'où peu
d'attention pour le concept du DfM. À la n des années 1970, l'essor de la compétition internationale
et l'objectif de réduction des délais ont fait resurgir le DfM, avec l'intégration d'ingénieurs de la
fabrication dans l'équipe de conception. Sont alors apparues des règles de conception pour améliorer
la fabricabilité. Enn, avec l'avènement de la CAO, les méthodologies actuelles de DfM consistent
à intégrer des modules d'estimation des coûts, des délais et de la qualité de fabrication des produits
lors de leur phase de conception.
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Pour cela, il est nécessaire de se baser sur une dénition géométrique précise de la pièce à étudier,
ce qui en fait l'approche la plus utilisée par les concepteurs.
En ce qui concerne l'approche indirecte, l'idée est de commencer par partir d'une gamme de
fabrication, puis d'en modier une partie dans le but de réduire le coût ou le délai. Cette approche est
plus simple à mettre en ÷uvre, mais elle nécessite au préalable d'établir une gamme de fabrication,
ce qui augmente le délai de mise en application par rapport à une approche directe.
Il existe plusieurs échelles de mesure pour évaluer la fabricabilité. Elles sont parfois combinées
entre elles dans les systèmes de DfM.
La mesure binaire est l'échelle de mesure la plus simple. Cela revient à discriminer les concep-
tions qui sont technico-économiquement trop diciles à fabriquer. Cette mesure peut s'eectuer en
appliquant des règles de non-validité d'un procédé, qui sont souvent des limites de possibilités en
termes de géométrie, de dimensions, de qualité, etc qui s'appliquent aux diérentes entités composant
la pièce à analyser.
La mesure qualitative consiste à associer aux conceptions des adjectifs caractérisant la fabri-
cabilité, du type : dicile , moyennement dicile , moyennement facile , facile . Ces
mesures sont souvent complexes à interpréter, et il devient quasiment impossible de comparer et de
combiner diérentes mesures élaborées pour diérents types de pièces.
La mesure quantitative permet d'évaluer une conception en calculant une valeur numérique
de fabricabilité. Ce type d'échelle quantitative comprend également les inconvénients de l'échelle
qualitative (complexité de mise en ÷uvre, diculté de combinaison) mais dans le cas où l'échelle de
valeurs est normée avec, par exemple, des valeurs entre 0 et 1, la comparaison devient plus aisée.
La mesure directe revient à associer à une conception une estimation prédictive du délai ou
du coût de fabrication. Ces mesures sont allègrement employées car elles ont l'avantage de fournir
au concepteur une image directe des dicultés de fabrication, il est alors possible de modier la
conception dans le but d'atteindre un objectif chiré (par exemple, réduction de 15 % du coût de
fabrication). En revanche, le problème posé devient l'incertitude sur les prédictions, qui génère un
risque dans la prise de décision.
Il est également possible de décrire les approches DfM en termes d'échanges d'information entre
le concepteur et le système, en spéciant la nature des données d'entrée et de sortie de celui-ci.
Pour ce qui est des données d'entrée input, il est nécessaire de fournir une représentation
du produit en cours de conception. De nombreux systèmes de DfM acceptent une représentation
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MEC3520 Séquence 1 - Choix de procédés en phase de conception
par entités de la pièce. Les évaluations de fabricabilité sont alors basées sur la comparaison entre
l'entité en cours de conception et une banque de données d'entités standard. La diculté principale
apparait dès que les surfaces sont géométriquement trop complexes pour être représentées par des
entités simples. Des systèmes plus sophistiqués acceptent directement une dénition numérique de
la pièce, mais généralement, la représentation par entités est générée automatiquement. Certains
systèmes utilisent comme données d'entrée des représentations par graphes, ce qui permet alors de
travailler plus en amont dans la chaine de conception (en phase de conception préliminaire où le
produit n'est encore représenté que par des croquis et des schémas).
Pour ce qui est des informations de sortie (output), la plupart des systèmes d'analyse de fabri-
cabilité donnent une évaluation globale de la pièce. Certains systèmes, basés sur une décomposition
en entités de la pièce, vont renvoyer diérentes valeurs de fabricabilité pour les diérentes zones
de la pièce. On parle alors d'analyses locales. Dans ce cas, une représentation par cartographie de
distribution des valeurs devient un outil visuel intéressant. Le concepteur a alors une image de la
fabricabilité du produit qu'il est en train de concevoir. Cependant, les systèmes de DfM actuels vont
très rarement jusqu'à fournir des suggestions de re-conception, en proposant des modications des
paramètres de conception pour améliorer la fabricabilité.
7.3 Conclusion
Pour intégrer aussi bien les opportunités que les contraintes associées aux processus de fabrica-
tion dans la démarche de conception des produits, une approche proactive alliant la simulation et
l'optimisation est nécessaire. C'est tout l'enjeu des travaux de recherche actuels sur le DfM. À la
base, le concept de textitDfM consiste à exploiter des règles, issues des connaissances sur les pro-
cessus de réalisation, an de guider la conception vers des produits qui soient fabricables de façon
technico-économiquement intéressante.
En extrapolant de l'état actuel de la recherche, le point d'entrée de l'industrialisation de produits
ne sera plus, dans le futr, une géométrie initiale, mais le juste besoin , modélisé pour respecter
les fonctions principales du produit. À partir de cette description initiale minimale , une série
de gammes de fabrication sera proposée, faisant émerger les diérentes géométries alternatives du
produit. Pour chaque solution, le processus de fabrication associé est simulé pour, sélectionner les
propositions raisonnablement fabricables. Dans cette approche, le cahier des charges fonctionnel et
les caractéristiques du procédé de fabrication sont traduits en fonctions objectifs et/ou contraintes
d'optimisation.
Avec une géométrie non plus conçue mais optimisée, les morphologies de pièce obtenues per-
mettent de répondre au mieux aux objectifs et contraintes du problème, mais peuvent devenir relati-
vement non intuitives pour le concepteur. La diculté demeure cependant de traduire les spécicités
du procédé de fabrication en fonctions globales à optimiser.
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