Vous êtes sur la page 1sur 5

THÈME 7. LA COMMUNICATION ORALE.

ÉLÉMENTS ET NORMES QUI RÉGISSENT LE


DISCOURS ORAL. ROUTINES ET FORMULES HABITUELLES, STRATÉGIES PROPRES À
LA COMMUNICATION ORALE

INTRODUCTION

Pendant longtemps, en didactique, l’écrit a eu une place plus importante que l’oral. Rappelons que la
méthode traditionnelle a beaucoup perdurée dans notre système éducatif Cette méthode consistait à
l’étude des langues classiques (grec et latin), en privilégiant la capacité de reproduction, les activités de
traduction et le contenu. L’apprenant était un sujet passif qui ne pratiquait pas la communication orale.

Ensuite, l’oral a commencé à posséder presque plus d’importance. A à la fin du XIXe siècle, la méthode
directe est apparue par opposition à la méthode traditionnelle. Dès lors, les élèves apprenaient à
communiquer en langue cible.

Enfin, on a fini par comprendre qu’enseigner une langue est enseigner à communiquer. Cependant, en
linguistique on n’a pas fait pendant longtemps de distinction entre l’oral et l’écrite. Pourtant, ils possèdent
des caractéristiques distinctives.

1. LA COMMUNICATION ORALE

Comme on vient de dire la communication orale présente certaines caractéristiques distinctives :

D’abord : elle est liée aux conditions de production et de réception. Ajoutons que l’auditeur non
seulement assiste à cette production, mais il participe activement. Le discours, étant construit à fur et à
mesure et de façon conjointe, la présence des scories (phrases inachevées), des phatèmes (hein ?) et des
régulateurs (mouvements de tête, mmm) serait un phénomène inéluctable.

Puis, on doit mentionner l’importance de la situation de communication. Le discours oral se voit souvent
accompagné des gestes, de la mimique et des déictiques. Les déictiques sont des termes qui ne prennent
leur sens que dans le cadre de la situation de communication (ex. je suis ici maintenant).

De plus, il y a deux systèmes qui coexistent dans la communication orale : le verbal et le non verbal. Dans
le système non verbal, il faut souligner le paralangage (à travers la voix on peut savoir si c’est un homme
ou une femme, l’âge ou l’état d’esprit), la kinésique (les gestes) et la proxémique (la distance et les
attouchements).

Finalement, on peut parler d’une simplification du langage oral. Par exemple, à l’oral on supprime le
‘’ne’’ de la négation et le ‘’que’’ (ex. on va pas). On emploi aussi des néologismes, notons que le français
prend beaucoup de mot de l’arabe, et on fait des changements de syntaxe. C’est-à-dire, il y a une certaine
tendance à faire une sorte d’ellipses, comme mal conjuguer un verbe ou omettre un pronom.

2.ÉLÉMENTS ET NORMES DE LA COMMUNICATION ORALE


C’est à Shanon qu’on doit le schéma de la communication, repris plus tard par Jakobson. Jakobson
distingue ainsi dans tout processus de communication six facteurs constitutifs : le contexte, l’émetteur ou
destinateur, le message, le récepteur ou destinataire, le contact et le code. L’émetteur est celui qui envoie
le message, tandis que le récepteur est celui qui décode le message.

La notion de contexte englobe deux réalités : l’environnement linguistique du message et l’ensemble des
éléments non linguistiques qui conditionnent toute communication-La notion de contact nous renvoie au
canal physique et à la connexion psychologique entre les destinataires qui nous permet d’établir et de
maintenir la communication.

À chacun des paramètres de communication correspond pour Jakobson une fonction du langage.

-La fonction expressive est centrée sur l’émetteur. Elle exprime son attitude, ses émotions par rapport au
contenu de son message et à la situation de communication dans laquelle il s’exprime.

-La fonction conative est centrée sur le récepteur dont elle vise à transformer l’opinion ou le
comportement. Elle se traduit par l’impératif et le vocatif (on essaie de convaincre le récepteur).

-La fonction référentielle est centrée sur le référente (le contexte). L’accent es mis sur l’aspect purement
informationnel de la communication.

-La fonction phatique est centrée sur le canal de communication. Elle sert à établir et à prolonger le
contact et à s’assure que le circuit de communication fonctionne bien (ex. allô, n’est ce pas ?, etc.).

-La fonction métalinguistique est centrée sur le code. Elle sert à s’assurer qu’on partage bien le même
code.

-La fonction poétique est centrée sur la forme du message. Cette fonction met l’accent sur le rythme, les
sonorités et les images.

En somme, pour Jakobson tout message comporte l’interaction de tous les paramètres de la situation de
communication. Déjà avec Jakobson, mais surtout avec Benveniste et les théoriciens de l’énonciation,
nous assistons à un changement de perspective dans la linguistique et donc dans le processus de
communication.

Comme le fait remarquer C. Kerbrat-Orecchioni, il est inexact de faire croire qu'il suffit que le code soit
commun pour que l'information donnée (le message) soit bien reçue du destinataire. Jakobson se focalise
que sur le message, mais avec Sophie Moirand on assiste à un changement de perspective et on parle déjà
de l’importance des conditions.

Sophie Moirand nous permet d’élargir le schéma de la communication afin d’intégrer, en plus de
composante de Jakobson, des données concertant le nombre et le type d’interlocuteurs impliqués (statut,
identité, rôle, relation avec l’interlocuteur), les données spatio-temporelles, les intentions de
communication de chacun ainsi que les effets produits sur l’autre.
Tout discours se construit dans le cadre de certaines données spatio-temporelles. Quand la
communication se produit face à face, elle se trouve naturellement enrichie par les composantes de ce que
l’on appelle le langage non-verbal et par l’entourage immédiat, ce qui permet des usages plus elliptiques
et des verbalisations minimales de référents.

Il va de soi que l’on ne parle pas de la même façon partout et à tout moment, le cadre spatio-temporel est
déterminant pour le thème des échanges mais aussi pour le style employé. Dans toute communication il
faut prendre en compte le statut de la personne.

D’autre part, il y a également un autre facteur constitutif du cadre spatio-temporel qui exerce une
influence considérable dans les interactions, il s’agit de la présence potentielle de témoins. Lorsque la
communication se déroule dans les lieux publics, plusieurs personnes peuvent entendre, sans le vouloir,
des paroles qui ne leur sont pas adressés. Ces témoins sont nommés par Kerbrat Orecchioni sous le nom
de récepteurs en surplus.

2.2. NORMES

Grice formule l'hypothèse que dans la conversation, les participants adoptent des comportements verbaux
coopératifs, c'est ce qu'il appelle le Principe de Coopération. En effet, si le destinataire identifie un
comportement comme un comportement communicatif, il est en droit d’espérer que le locuteur suit
certaines règles implicites pour faire réussir la communication. Si le destinataire a connaissance de ces
normes combinées au contexte, il lui est plus facile de détecter l’intention communicative. C’est ce que
Grice appelle le principe de coopération.

À ce principe, il ajoute des maximes conversationnelles telles que la quantité (dire l’information juste), la
qualité (véracité de l’information), la relation (pertinence) et la modalité (être bref). L’intérêt de ces
maximes est qu’elles s’entrelacent et sont enfreintes car nous sommes d’êtres munis affects et de désirs.

Grice prévient l'objection selon laquelle son modèle conversationnel ne prendrait pas en compte les
paramètres affectifs et sociaux. Pour lui, la politesse est un phénomène périphérique dans la mesure où
elle n'est pas orientée vers l'efficacité du discours, mais bien vers la gestion des relations.

Le modèle de Brown et Levinson constitue à l'heure actuelle le cadre théorique le plus cohérent en
matière de politesse linguistique. Ce paradigme se fonde et s’articule sur la notion de face, selon laquelle
tout être social possède deux faces :

(a) la face négative : ce qu’il appelle territoires de moi correspondant au territoire corporel, spatial et
temporel
(b) la face positive : ce qu’il appelle face, correspondant, en gros, au narcissisme, et à l’ensemble des
images valorisantes que les interlocuteurs construisent et tentent d’imposer d’eux-mêmes dans
l’interaction.

Ainsi, il est possible d’obtenir quatre combinaisons de faces :

-Contre face du locuteur : si je menace ma face (autocritique)

-Contre face négative du locuteur : je menace mes territoires (promesse)

-Contre face positive de l’allocutaire : le locuteur menace ma face positive (critique)

-Contre face négative de l’allocutaire : le locuteur menace mes territoires un ordre, une requête

Donc, dans toute interaction il y a des cibles de menaces permanentes (FTAs). Les locuteurs doivent
mettre en œuvre diverses stratégies de politesse ayant pour objectif de concilier le désir mutuel de
préservation des faces. Kerbrat Orecchioni ajoute qu’il n’y a pas seulement des menaces, il y a aussi des
flatteries (l’abstention, les compliments, etc.) pour éviter le conflit.

La notion de négociation est aussi centrale dans les études sur les interactions verbales et les
conversations. Dans une conversation, toute prise de parole, changement de ton, de sujet, de rôle, etc. doit
faire l’objet d’une négociation

On doit négocier tout : si on parle ou pas (les formules, les salutations) et qui parle (les tours de parole,
l’alternance). Les silences, les interruptions et les chevauchements peuvent être signes d’un mauvais
déroulement. On négocie aussi les sujets (connaissances partagées, mais il aura peut-être des tabous), le
rapprochement (kinésique et proxémique) et la clôture. Si on arrive à bien clôturer une conversation, on a
eu une bonne communication.

Il est nécessaire que l’élève connaisse toutes ces caractéristiques afin qu’il puisse bien s’exprimer en
langue étrangère.

3. ROUTINES ET FORMULLES DE LA COMMUNICATION ORALE

Rompre le silence représente une agression potentielle pour ceux à qui je m’adresse. Dès que je prends la
parole, j’ai donc intérêt et je dois essayer de tempérer ce caractère menaçant de mon intervention pour
atteindre un but.

La langue française offre au locuteur et à l’interlocuteur des formules linguistiques pour pouvoir
intervenir dans une conversation :

-Des formules d’ouverture ou clôture, telles que des formules binômes ou emphatiques (paire
adjacentes) : bonjour/bonjour, salut/ salut.
-Des scénarios ou des scripts : ce sont des routines des formules spécifiques, comme les interactions de
service dans un hôtel ou dans un magasin. On va dire toujours la même chose.

-Des macrofonctions et modalités : donner et demander des informations, exprimer des opinions (j’aime,
j’adore), parler de soi (je suis, j’habite), transmettre une intention de communication (ex. s’excuser).

Finalement, n’oublions pas les stratégies de communication (rituels d’interaction, régulation de la prise de
parole, stratégies de reformulation, stratégies de sollicitation, stratégies non-verbales comme le mime…)
dont nous allons parler à la suite.

4. STRATÉGIES DE LA COMMUNICATION ORALE

Les stratégies de la communication orale peuvent être classées

Selon la situation de communication, le locuteur dans quatre groupes différents : les stratégies de
planification, les stratégies d’exécution, les stratégies de contrôle et les stratégies de remédiation.

Selon la situation de communication, le locuteur va observer et il va employer des stratégies de


planification. Il va faire des choix par rapport au lexique, au type de discours, au niveau de langue et à
l’analyse de l’interlocuteur.

Pour exécuter le discours, il devra choisir des éléments de cohésion, tels que les connecteurs, et essayer
d’être cohérent fin de pouvoir interpréter le sens. Les stratégies de négociation sont aussi importantes.

Une fois qu’on a commencé à parler, il y aura des réactions non verbales (régulateurs) et on pourra
retourner sur les hypothèses pour nous assurer de la compréhension du message.

Pour finir, on trouve des stratégies de remédiation qui vont nous permettre de résoudre le conflit, soit en
demandant de reformuler, soit en demandant d’éclaircissements, soit en reformulant, par exemple à
travers des phatèmes.

CONCLUSION

La communication orale doit donc être enseignée en classe d’une façon différente à la communication
écrite. Afin de réaliser des tâches de communication, il faut doter aux étudiants des stratégies de
communication comme moyen pour équilibrer ses ressources et pour mettre en œuvre des aptitudes et des
opérations a fin de répondre aux exigences de la communication en situation et d’exécuter la tâche avec
succès.

Les stratégies de communication de devraient pas s’interpréter comme un modèle d’incapacité, mais
comme une façon de remédier un déficit langagier. Toutes les stratégies doivent être mobilisées pour
acquérir la compétence de communication ainsi que les autres compétences clés.

Vous aimerez peut-être aussi