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Thème 5: Le processus de communication : situation de

communication. La langue en emploi : la négociation de la


communication

INTRODUCTION

Une situation de communication s’établit quand quelqu’un s’adresse à quelqu’un d’autre à un moment et
en un lieu donné avec une intention particulière. Pour bien comprendre un message/énoncé écrit ou oral,
il est nécessaire de bien définir la situation de communication en se posant les questions suivantes : -qui
parle?, -à qui?, -pourquoi? (finalité comme donner une explication, séduire, etc. ), - où? - quand? Il est
important que la communication transmette d´une façon interactive l´information, et pour que cela soit
effectif il faut analyser une série d´éléments qui interviennent dans ce processus de la communication.

À travers les diverses théories de la linguistique on est passé de la situation comme cadre de la
communication (avec Jakobson) à la situation comme facteur de la production (Sophie Moirand). De nous
jours, on reconnait que la situation est génératrice d’un certain type de discours, car elle va nous permettre
de développer un discours ou un autre.

Voyons un petit parcours de cette évolution :

1. La situation de communication

1.1. Qu’est-ce que communiquer ?

Communiquer c’est tout d’abord avoir un message à transmettre à quelqu’un, ce qui implique la présence
d’un émetteur (celui qui est à l’origine du message) et d’un récepteur (celui à qui il est destiné). La
transmission d’un message sera assurée par des signes ; signes acoustiques dans le cas d’une
communication orale et signes visuels pour l’écrit. Ce message va se produire dans une situation
déterminée.

Les composantes de la communication sont donc les suivantes : le message, l’émetteur, le récepteur, les
systèmes de signes, le code, le but, la situation et la négociation.

1.2. Parcours historique

Il est courant de qualifier Ferdinand Saussure comme le père de la communication. Cependant, il ne


faisait pas référence à la communication mais au circuit de la parole. Il dessinait un schéma qui
représentait le circuit de la parole entre deux interlocuteurs, un émetteur et un récepteur, sans faire
référence ni au cadre spatio-temporel, ni aux aspects extralinguistiques, ni à la situation, ni a à la
négociation, etc.
Plus tard, l’École de Prague a développé la notion de communication et l’utilisation du langage comme
moyen d’expression personnelle ou comme instrument d’action. Martinet, un continuateur de cette École
en France, en suivant cette direction, au mis au premier plan la fonction référentielle, c’est-à-dire, l’aspect
informationnelle de la communication.

Bloomfield (béhavioriste), en revanche, refuse les théories précédentes et il accepte la théorie du langage
comme instrument pour agir sur le comportement.

Chomsky refuse d’intégrer la notion de communication à la linguistique car il pensait qu’on pouvait
utiliser la langue sans intention de communication. La langue était un système d’expression de la pensée.

1.2.1. Jakobson

C’est à Shanon qu’on doit le schéma de la communication, repris plus tard par Jakobson. Jakobson
distingue ainsi dans tout processus de communication six facteurs constitutifs : le contexte, l’émetteur ou
destinateur, le message, le récepteur ou destinataire, le contact et le code. L’émetteur est celui qui envoie
le message, tandis que le récepteur est celui qui décode le message.

La notion de contexte englobe deux réalités : l’environnement linguistique du message et l’ensemble des
éléments non linguistiques qui conditionnent toute communication-La notion de contact nous renvoie au
canal physique et à la connexion psychologique entre les destinataires qui nous permet d’établir et de
maintenir la communication.

À chacun des paramètres de communication correspond pour Jakobson une fonction du langage.

-La fonction expressive est centrée sur l’émetteur. Elle exprime son attitude, ses émotions par rapport au
contenu de son message et à la situation de communication dans laquelle il s’exprime.

-La fonction conative est centrée sur le récepteur dont elle vise à transformer l’opinion ou le
comportement. Elle se traduit par l’impératif et le vocatif (on essaie de convaincre le récepteur).

-La fonction référentielle est centrée sur le référente (le contexte). L’accent es mis sur l’aspect purement
informationnel de la communication.

-La fonction phatique est centrée sur le canal de communication. Elle sert à établir et à prolonger le
contact et à s’assure que le circuit de communication fonctionne bien (ex. allô, n’est ce pas ?, etc.).

-La fonction métalinguistique est centrée sur le code. Elle sert à s’assurer qu’on partage bien le même
code.

-La fonction poétique est centrée sur la forme du message. Cette fonction met l’accent sur le rythme, les
sonorités et les images.
En somme, pour Jakobson tout message comporte l’interaction de tous les paramètres de la situation de
communication. Déjà avec Jakobson, mais surtout avec Benveniste et les théoriciens de l’énonciation,
nous assistons à un changement de perspective dans la linguistique et donc dans le processus de
communication.

Comme le fait remarquer C. Kerbrat-Orecchioni, il est inexact de faire croire qu'il suffit que le code soit
commun pour que l'information donnée (le message) soit bien reçue du destinataire.

1.2.2. Dell Hymes : acrostiche -SPEAKING

C’est en 1967 que D. Hymes expose son fameux modèle dénommé SPEAKING. Ce modèle a le mérite
d’être à la fois plus complet et plus systématique que les versions précédentes. D’après lui, le jeu des
fonctions du langage est infiniment plus complexe que ne le faisait entendre Jakobson dans son schéma
quelque peu simpliste de la communication.

Dell Hymes exposait aussi qu’il y a des paramètres extralinguistiques qui interviennent dans la production
et la réception du discours. Dans tout échange communicatif il y a huit paramètres qui interviennent : le
cadre physique et psychologique de l’échange, les participants, les intentions du locuteur, le référent, le
canal ou instrument, les normes d’interaction et les types d’activités (les macro-fonctions : convaincre,
promettre…).

1.2.3. Sophie Moirand

Sophie Moirand nous permet d’élargir le schéma de la communication afin d’intégrer, en plus de
composante de Jakobson, des données concertant le nombre et le type d’interlocuteurs impliqués (statut,
identité, rôle, relation avec l’interlocuteur), les données spatio-temporelles, les intentions de
communication de chacun ainsi que les effets produits sur l’autre.

Tout discours se construit dans le cadre de certaines données spatio-temporelles. Quand la


communication se produit face à face, elle se trouve naturellement enrichie par les composantes de ce que
l’on appelle le langage non-verbal et par l’entourage immédiat, ce qui permet des usages plus elliptiques
et des verbalisations minimales de référents.

Il va de soi que l’on ne parle pas de la même façon partout et à tout moment, le cadre spatio-temporel est
déterminant pour le thème des échanges mais aussi pour le style employé. Dans toute communication il
faut prendre en compte le statut de la personne.

D’autre part, il y a également un autre facteur constitutif du cadre spatio-temporel qui exerce une
influence considérable dans les interactions, il s’agit de la présence potentielle de témoins. Lorsque la
communication se déroule dans les lieux publics, plusieurs personnes peuvent entendre, sans le vouloir,
des paroles qui ne leur sont pas adressés. Ces témoins sont nommés par Kerbrat Orecchioni sous le nom
de récepteurs en surplus.
2. La langue en situation

Avec l’arrivée des théories de la sociolinguistique, le processus de communication devient un processus


social complexe qui implique bien d’autres éléments qu’un émetteur et un récepteur. Les données
sociales, physiques, psychologiques et culturelles, ainsi que les conduites verbales et l’utilisation des
compétences font partie des éléments qui constituent la situation de communication.

Les déictiques (Benveniste) sont des éléments constitutifs aussi de la situation de communication. Les
déictiques sont des termes (pronoms personnels ou démonstratifs, adverbes de lieu ou de temps,
déterminants ou pronoms possessifs) qui ne prennent leurs sens que dans la cadre de la situation
d’énonciation. Ils désignent les partenaires de la communication : locuteur et allocutaire. Grâce aux
déictiques on peut découvrir aussi les intentions de communication.

Un acte de langage (Austin) est une action qui suit une verbalisation de la part d’un locuteur et qui permet
à ce dernier d’agir sur son environnement grâce à l’énoncé en question. Un acte de langage permet de
provoquer différentes réactions comme promettre, convaincre, demander ou tout simplement informer. La
nature de ces actes de langue nous informe sur le type de relation.

L’articulation du discours est aussi très importante pour pouvoir communiquer. Les connecteur et
marqueurs relationnels donne beaucoup de cohérence au discours.

Grice formule l'hypothèse que dans la conversation, les participants adoptent des comportements verbaux
coopératifs, c'est ce qu'il appelle le Principe de Coopération. En effet, si le destinataire identifie un
comportement comme un comportement communicatif, il est en droit d’espérer que le locuteur suit
certaines règles implicites pour faire réussir la communication. Si le destinataire a connaissance de ces
normes combinées au contexte, il lui est plus facile de détecter l’intention communicative. C’est ce que
Grice appelle le principe de coopération. À ce principe, il ajoute des maximes conversationnelles telles
que la quantité, la qualité, la relation et la modalité.

Grice prévient l'objection selon laquelle son modèle conversationnel ne prendrait pas en compte les
paramètres affectifs et sociaux. Pour lui, la politesse est un phénomène périphérique dans la mesure où
elle n'est pas orientée vers l'efficacité du discours, mais bien vers la gestion des relations.

Le modèle de Brown et Levinson constitue à l'heure actuelle le cadre théorique le plus cohérent en
matière de politesse linguistique. Ce paradigme se fonde et s’articule sur la notion de face, selon laquelle
tout être social possède deux faces :

(a) la face négative : ce qu’il appelle territoires de moi correspondant au territoire corporel, spatial et
temporel

(b) la face positive : ce qu’il appelle face, correspondant, en gros, au narcissisme, et à l’ensemble des
images valorisantes que les interlocuteurs construisent et tentent d’imposer d’eux-mêmes dans
l’interaction.
Ainsi, il est possible d’obtenir quatre combinaisons de faces :

-Contre face du locuteur : si je menace ma face (autocritique)

-Contre face négative du locuteur : je menace mes territoires (promesse)

-Contre face positive de l’allocutaire : le locuteur menace ma face positive (critique)

-Contre face négative de l’allocutaire : le locuteur menace mes territoires un ordre, une requête

Donc, dans toute interaction il y a des cibles de menaces permanentes (FTAs). Les locuteurs doivent
mettre en œuvre diverses stratégies de politesse ayant pour objectif de concilier le désir mutuel de
préservation des faces. Kerbrat Orecchioni ajoute qu’il n’y a pas seulement des menaces, il y a aussi des
flatteries (l’abstention, les compliments, etc.) pour éviter le conflit.

3. La négociation

La notion de négociation est centrale dans les études sur les interactions verbales et les conversations.
Dans une conversation, toute prise de parole, changement de ton, de sujet, de rôle, etc. doit faire l’objet
d’une négociation

On doit négocier tout : si on parle ou pas (les formules, les salutations) et qui parle (les tours de parole,
l’alternance). Les silences, les interruptions et les chevauchements peuvent être signes d’un mauvais
déroulement. On négocie aussi les sujets (connaissances partagées, mais il aura peut-être des tabous), le
rapprochement (kinésique et proxémique) et la clôture. Si on arrive à bien clôturer une conversation, on a
eu une bonne communication.

Il est nécessaire que l’élève connaisse toutes ces caractéristiques afin qu’il puisse bien s’exprimer en
langue étrangère.

CONCLUSION

Communiquer c’est tout d’abord avoir un message, c’est-à-dire un contenu de sens à transmettre à
quelqu’un, que ce soit pour informer, pour agir sur, pour faire part d’un sentiment, ce qui implique
l’existence d’un émetteur et ‘d’un récepteur. La transmission du message sera assurée par un système de
signes fonctionnant selon un code convenu par les deux interlocuteurs ; signaux acoustiques dans une
communication orale et visuels pour l’écrit.

De la fusion des théories précédentes, il en résulte aujourd’hui une nouvelle définition du processus de
communication qui s’ajuste parfaitement aux nouvelles tendances en linguistique.

Aujourd’hui, si on vise à développer la compétence de communication chez nos étudiants, on ne doit pas
oublier que pour communiquer il ne suffit pas de connaître la langue, il faut savoir s’en servir en fonction
du contexte social. Dans les relations face à face, le verbal ne transmet qu’une partie des messages
véhiculés.

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