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Je souhaite remercier mon éditeur Antoine Derouin pour sa confiance renouvelée et son
soutien sans faille, ainsi que Léna Pontgelard pour ses relectures attentives et son aide
précieuse.
Cet ouvrage n’aurait pas pu être écrit sans l’implication de la communauté française de
l’impression 3D. Je remercie tout particulièrement Alain Bernard, Yannick Omnes, Thomas
Batignon, Pierre-Antoine Pluvinage, Nora Touré, Paul de Scorraille, Alexandre Pfister, Émilie
Dumas, Florian Berthelot et Benjamin Darmon, Anne Debauge, Sandrine Farré, Marie
Thiébault, Paul-Henri Renard, Jean-Christophe Baudez, Jérémie Soulestin et Sébastien
Remond, Jérémy Adam, Johann Mazelier, Marine Coré-Baillais, Manon Royer, Julien
Benayoun, William Boujon, Pierre-Guillaume Silvain Ospina et Brieuc Saffré pour leur temps
et la richesse de nos échanges.
Merci également à toute la communauté des makers 3D française pour sa passion, son action
et l’entre-aide dont elle fait preuve. Je suis fière d’en faire partie et j’espère que ce livre par-
ticipera à la diffusion de l’impression 3D dans les entreprises comme dans les foyers.
Enfin, je remercie chaleureusement toute ma famille ainsi que Colin Cox qui ont su trans-
mettre leurs encouragements chaleureux, même en temps de distanciation sociale.
Je dédicace ce livre à Artémis et sa maman.
Avant-propos
Lorsque mon ouvrage L’impression 3D (éditions Eyrolles) a été publié en 2013, suivi d’une
seconde édition en 2014, la fabrication additive connaissait une mise en avant médiatique
sans précédent dans l’histoire des nouvelles technologies. L’impression 3D est rapidement
devenue le symbole d’une nouvelle révolution industrielle. Nombreux étaient ceux et celles
qui pensaient que chaque foyer allait bientôt s’équiper de sa propre imprimante 3D, véri-
table usine locale, qui serait capable de fabriquer à la demande les objets du quotidien, de
réparer une pièce défectueuse, de personnaliser un outil pour lui ajouter des fonctionnalités
particulières. Le partage numérique de fichiers 3D et la naissance de communautés d’utilisa-
teurs laissaient présager l’émergence de nouveaux modèles de fabrication décentralisés et
relocalisés. Les objets auraient chacun leur double numérique, ils pourraient être modifiés,
téléchargés puis fabriqués localement, à la maison ou dans des micro-usines de proximité.
Aujourd’hui, une vaste communauté d’acteurs partage cette vision dans le monde entier
et développe des machines accessibles, des logiciels de modélisation intuitifs et faciles à
prendre en main. Les plates-formes de partage se multiplient pour mettre à disposition des
catalogues de dizaines de milliers d’objets et de pièces. Des ateliers partagés ouvrent dans
chaque ville pour permettre à tous de s’initier à la fabrication numérique.
une solution de production. Les entreprises s’équipent, portées par la puissance du récit
d’innovation lié à ces procédés.
Cependant, pour les particuliers comme pour les professionnels, les premiers investisse-
ments se soldent pour beaucoup par des déceptions. Après quelques week-ends passés à
les découvrir et explorer leurs fonctionnalités, les imprimantes domestiques se retrouvent
au placard. Les imprimantes professionnelles, quant à elles, sont souvent mal exploitées et la
vie de l’entreprise reprend peu à peu son cours.
Force est de constater que la révolution industrielle de l’impression 3D n’a pas encore eu
lieu pour l’instant. La difficulté à faire évoluer des habitudes bien ancrées, à se former à une
nouvelle technologie, à libérer du temps et des ressources pour expérimenter des résultats
limités ont eu raison de la majorité des intéressés. Les pionniers du secteur, passionnés, n’ont
pas réussi à emmener avec eux un second cercle d’utilisateurs. L’effet boule de neige a été
interrompu dans sa course.
Et pourtant, depuis 2017, les ventes de machines n’ont jamais connu une si forte croissance,
aussi bien chez les particuliers que chez les professionnels. De nouveaux procédés, maté-
riaux et logiciels qualifiés apparaissent régulièrement. Les salons professionnels éclosent
partout dans le monde et réunissent des dizaines de milliers de visiteurs. Les médias se sont
en partie détournés du sujet, mais les utilisateurs sont bien décidés à persévérer.
8 D’autant qu’un autre élément majeur est désormais entré dans l’équation : la transition énergé-
tique. Le monde connaît une crise sans précédent. L’extraction des ressources énergétiques
carbonées (pétrole, gaz, charbon) dont dépend l’activité économique de notre civilisation
humaine entraîne une crise climatique qui bouleverse la stabilité mondiale et la croissance
de nos sociétés. L’économie connaît un ralentissement au long cours et doit se réinventer.
Pour toute vie sur Terre, et donc pour les particuliers comme les professionnels, l’urgence
climatique est la problématique actuelle et future majeure. Il s’agit de faire évoluer notre
modèle de production tous ensemble pour sortir très rapidement de la dépendance aux
énergies fossiles, réduire massivement l’utilisation des ressources et développer des modèles
régénératifs.
PARTIE 1
COMPRENDRE
Chapitre 1. Qu’est-ce que l’impression 3D ?..................................................... 17
Une nouvelle famille de modes de fabrication........................................................... 18
Une grande variété de procédés et de matériaux.................................................... 19
Un marché en croissance rapide et continue.............................................................. 20
Des champs d’application dans tous les secteurs..................................................... 22
Des opportunités sans précédents................................................................................. 23
PARTIE 2
CRÉER
Chapitre 5. La phase de modélisation................................................................... 107
Trois grandes étapes avant l’impression........................................................................ 108
Les logiciels de modélisation pour l’impression 3D.................................................. 109
SOMMAIRE
PARTIE 3
AGIR
Chapitre 9. L’impression 3D en France et dans le monde......................... 207
L’écosystème français de l’impression 3D..................................................................... 208
L’impression 3D à l’échelle européenne........................................................................ 217
La fabrication additive, un terrain mondial.................................................................. 221
Conclusion.............................................................................................................................. 271
Index........................................................................................................................................... 273
13
PARTIE 1
COMPRENDRE
Avant de se lancer dans des projets d’impression 3D,
il est intéressant de se pencher sur l’étendue des avancées
actuelles dans ce domaine. Cette première partie est donc
une exploration des procédés de fabrication additive et de
leurs nombreux et passionnants champs d’applications.
Chapitre 1
Qu’est-ce que
l’impression 3D ?
Une pièce peut également s’obtenir par déformation progressive d’un matériau initial.
Le pliage, le cintrage, l’extrusion, le thermoformage, le forgeage, le laminage ou encore le
repoussage sont quelques-unes des techniques de déformation couramment utilisées par
l’industrie et l’artisanat.
Quant à l’impression 3D, elle a souvent été présentée par le passé comme une technologie
destinée à remplacer entièrement la façon dont on fabrique les pièces. En réalité, les impri-
mantes 3D ajoutent de nouvelles opportunités à une chaîne existante. Toutefois, l’arrivée de
l’impression 3D pour la production de pièces finies en métal est en passe d’entraîner des
transformations plus radicales.
20
L’une des complexités rencontrées lorsqu’on s’intéresse à la fabrication additive est sa grande
variété. L’évolution constante des techniques, des logiciels et des matériaux, mais aussi les
mouvements rapides du marché et l’arrivée régulière de nouvelles entreprises rendent le
secteur difficile à saisir en un clin d’œil. C’est tout l’objectif de cet ouvrage, qui a pour but
d’aider chacun à prendre ses repères et à se positionner.
Après une croissance rapide de 30 à 40 % entre 2012 et 2014, le secteur a connu une légère
baisse de régime en 2015, avec une croissance de « seulement » 25,6 %, puis en 2016, avec
17,4 %. Depuis 2017, cependant, la courbe reprend sa course vers le haut, aux mêmes niveaux
que les années d’or connues en 2012. Le marché est désormais plus mature, avec des inves-
tissements réalisés et une meilleure connaissance des possibilités et des contraintes de la
technologie.
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Le nombre d’imprimantes personnelles vendues chaque année est beaucoup plus important
que celui des imprimantes industrielles : 590 000 imprimantes de bureau ont été vendues
en 2018, contre 19 000 imprimantes professionnelles pour la même année. Il n’en reste pas
moins qu’en matière de chiffre d’affaires, c’est bien le secteur industriel qui mène le marché.
22
L’une des fortes valeurs ajoutées de l’impression 3D est sa capacité à avoir un impact sur
tous les secteurs d’activité. En effet, elle touche aussi bien les grands acteurs de l’industrie
que les petites et moyennes entreprises, les professionnels de l’ingénierie, les métiers de la
recherche et du médical, que les spécialistes de la création comme les designers, les archi-
tectes ou les artisans. Les enseignants, les artistes et les responsables innovation utilisent
également l’impression 3D.
Chapitre 1. Qu’est-ce que l’impression 3D ?
Corps de guitare imprimé en 3D par Olaf Diegel grâce au frittage laser de nylon, avec une finition par peinture à l’aérographe
de l’artiste Ron Van Dam 23
La fabrication additive porte en elle les promesses d’une véritable révolution de conception
et de production. Les professionnels du prototypage et de la fabrication font face à une
technologie capable d’accélérer et de modifier en profondeur leur façon de travailler, voire
de réinventer véritablement leur métier.
Dans les années 1950, l’entreprise américaine DuPont, spécialiste de la chimie des matériaux,
invente la résine photopolymère, un polymère liquide qui se solidifie au contact de la lumière.
Dès la fin des années 1960, des chercheurs du Battelle Memorial Institute aux États-Unis
parviennent à solidifier la photorésine au point d’intersection de deux rayons laser.
Hideo Kodama
En 1982, l’inventeur et ingénieur américain Alan Herbert, qui travaille alors au sein de l’entre-
prise 3M, parvient à fabriquer des petites pièces simples par solidification de résine. Il crée
une machine qui oriente un rayon laser grâce à des miroirs sur une surface de photorésine.
3M décide cependant de ne pas continuer les recherches.
De leur côté, trois chercheurs français, Jean-Claude André, travaillant alors à l’École natio-
nale supérieure des industries chimiques (Ensic) à Nancy, Alain Le Méhauté du centre de
recherche de la Compagnie générale d’électricité (futur Alcatel) et Olivier de Witte, spécia-
liste des lasers à la Cilas (Compagnie industrielle des lasers, une filiale d’Alcatel) décident de
se retrouver sur leur temps libre pour développer un système de photopolymérisation par
passage successif d’un rayon laser sur une surface. Le projet est un succès.
Chapitre 2. Courte histoire de l’impression 3D
Le brevet est déposé le 16 juillet 1984, pour le compte de la Cilas, devançant ainsi de trois
semaines le brevet américain déposé par Chuck Hull1. La course au développement et à la
finalisation de la première impri-
mante 3D est lancée. Mais le
manque de soutien en interne, les
difficultés de financement et un
fâcheux oubli de renouvellement
des frais de maintien du brevet
de la part de la Cilas quelques
années plus tard vont finalement
donner le coût de grâce aux avan-
cées françaises et permettre à la
jeune entreprise américaine
3D Systems de se déployer sans
concurrence.
En 1986, le couple d’inventeurs américains Scott et Lisa Crump mettent au point un nouveau
procédé d’impression. L’histoire dit que c’est en essayant de créer un jouet pour leur fille à
partir d’un pistolet à colle déposant une mixture de cire et de polyéthylène que l’idée d’au-
tomatiser le procédé en déposant la matière couche par couche leur est venue. Ils déposent
un brevet sous le nom de Fused Deposition Modeling (FDM) et créent l’entreprise Stratasys
en 1989, qui est encore à ce jour l’un des deux géants du secteur avec 3D Systems. Le brevet
ne sera accepté qu’en 1992.
En 1989, en Allemagne, les ingénieurs Dr. Hans Langer et Dr. Hans Steinbichler fondent l’en-
treprise EOS GmbH (Electro Optical Systems), spécialiste des procédés de fusion de poudre.
Un accord est trouvé avec 3D Systems qui permet à EOS de continuer les recherches exclu-
sivement sur les procédés SLS pendant qu’elle se déploie sur la stéréolithographie. EOS
28 domine désormais le marché de la fusion de poudre métal (DMLS pour Direct Metal Laser
Sintering).
En 1993 apparaît le procédé 3DP (Three Dimensional Printing), qui a donné naissance au
syntagme « impression 3D ». Le 3DP est mis au point au MIT (Massachussets Institute of
Technology) par l’ingénieur Emmanuel Sachs et son équipe. Plutôt qu’un passage de rayon
laser ou le dépôt d’un filament, c’est cette fois une colle qui est projetée sur une surface
de poudre pour encoller les particules et former peu à peu l’objet. En 1995, l’entreprise
Z Corporation obtient du MIT le droit d’utilisation exclusif du procédé et débute le dévelop-
pement commercial des imprimantes par 3DP. 3D Systems a depuis racheté l’entreprise et
intégré les gammes de machines 3DP à son catalogue.
Plusieurs autres procédés d’impression 3D sont également brevetés à cette époque, comme
le procédé LOM (Laminated Object Manufacturing) de Michael Feygin.
1996 est une année charnière pour le monde encore naissant de l’impression 3D. Trois
machines majeures sont alors lancées sur le marché : la Genisys de Stratasys utilisant le pro-
cédé FDM, l’Actua 2100 de 3D Systems utilisant la SLA et la Z402 de Z Corporation utilisant
la technique 3DP (voir chapitre 3, p. 35).
Pour la première fois, elles sont qualifiées d’« imprimantes 3D », et l’expression commence
à entrer dans le langage courant pour parler de ce type de machine. Les applications sont
alors presque exclusivement réservées au prototypage rapide, au moulage et à l’outillage
industriel.
Chapitre 2. Courte histoire de l’impression 3D
29
En 2009, le brevet du procédé FDM détenu par Stratasys expire, donnant naissance à une
nouvelle période de l’histoire de l’impression 3D, centrée sur la démocratisation de l’accès
à ces technologies. Le projet RepRap (Replicating Rapid Prototyper), partagé en ligne pour
la première fois en février 2004, est un projet de recherche mené par le professeur Adrian
Bowyer et son équipe au sein de l’Université de Bath au Royaume-Uni. L’équipe travaille sur
l’idée de machines autoréplicantes, capables de générer de nouvelles machines. Le procédé
d’impression 3D par extrusion de matière est particulièrement adapté à ces expérimenta-
tions. L’imprimante RepRap développée par l’équipe est d’une facture simple, la mécanique
est visible. Les pièces électroniques et mécaniques se trouvent dans le commerce et une
partie de la structure peut être imprimée directement en 3D.
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La première imprimante RepRap et sa réplique, présentées par Adrian Bowyer et son équipe
Le projet RepRap propose une version très accessible d’une technologie de prototypage qui
était encore réservée aux professionnels il y a une dizaine d’années. Une imprimante FDM
coûtait alors environ 30 000 €, tandis que le coût des matériaux pour monter une RepRap
est d’environ 350 € seulement. C’est ensuite à l’utilisateur d’assembler sa propre machine et
de la calibrer.
Adrian Bowyer et son équipe choisissent également de partager en ligne toute la documen-
tation du projet sous une licence open source : la GNU, General Public License. Ils s’ap-
puient sur un modèle éprouvé dans le monde du logiciel libre, basé sur l’idée d’open source
hardware qui émerge au même moment. En pratique, cela veut dire que chacun est invité à
fabriquer librement la machine, à proposer de nouvelles versions qui viendraient améliorer
le modèle initial, puis à partager les plans à nouveau. Les principes fondateurs de la commu-
nauté de l’impression 3D grand public étaient nés.
Chapitre 2. Courte histoire de l’impression 3D
Les fablabs, ou fabrication laboratories, sont des variantes académiques des hackerspaces.
Le concept est né en 2009 au MIT et s’est rapidement diffusé dans le monde universitaire,
puis associatif. Hackerspaces et fablabs ont joué un rôle clé dans la diffusion de l’impres-
sion 3D pour les particuliers et ont facilité l’accès et la formation aux outils du prototypage
rapide.
Entre 2011 et 2015, on assiste partout dans le monde à une véritable explosion de jeunes 31
entreprises qui développent leur propre imprimante 3D à dépôt de filament fondu. Elles sont
des centaines à proposer leur version, comme Printrbot et ses petites imprimantes en bois,
ou encore Foldarap en France avec ses imprimantes pliables.
Face aux contraintes économiques qu’elles rencontrent, beaucoup oublient peu à peu le
modèle open source originel pour se tourner vers un modèle économique plus classique.
MakerBot n’est alors qu’une jeune start-up issue du NYC Resistor, le hackerspace de Brooklyn
à New York, mais elle ne tarde pas à devenir le porte-parole médiatique de l’impression 3D
pour tous. Ses imprimantes sont des dérivées du projet RepRap. D’abord en open source,
l’entreprise décide ensuite de s’orienter vers une approche fermée et de commercialiser des
imprimantes clés en main pour les particuliers. Un an plus tard, en 2013, la start-up complète
même son offre avec le scanner Digitizer capable de numériser des objets d’usage courant
en vue de les imprimer, en simplifiant le processus de modélisation. Cependant, le succès
escompté n’est pas au rendez-vous.
Beaucoup de ces acteurs ont aujourd’hui fermé leurs portes ou ont été racheté par les géants
industriels du secteur : PrintBot a fermé en 2018 et MakerBot a été racheté par Stratasys en
Partie 1. Comprendre
2013 pour 400 millions de dollars. Seul Prusa semble pour l’instant avoir réussi sa mue : à ce
jour, plus de 32 000 détenteurs d’imprimantes 3D Prusa ont été recensés sur la planète.
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pourraient désormais télécharger leurs objets sur Internet et les imprimer eux-mêmes, du
confort de leur salon. L’impression 3D aurait dû provoquer une révolution complète de nos
façons de produire et de consommer.
LA DÉSILLUSION DE LA DÉMOCRATISATION
DE L’IMPRESSION 3D
Mais le rêve fut de courte durée, comme l’atteste l’article publié dans Wired en janvier 2016 :
The 3D Printing Revolution That Wasn’t (« La révolution de l’impression 3D qui n’en était pas
une »). La grande majorité des acteurs du marché de l’impression 3D personnelle pivote vers
la cible des professionnels. Cette technologie n’a pas connu le même engouement que celui
des ordinateurs personnels ou des téléphones portables, les foyers ne se sont pas équipés
autant que cela avait été annoncé.
Il n’en reste pas moins que l’intérêt des médias et du public pour le sujet donne naissance à 33
une formidable vague d’entrepreneuriat, d’innovations et d’appropriation des technologies
par de nouveaux publics, alors que la recherche académique et le monde industriel conti-
nuent de développer activement les procédés, logiciels, matériaux et cas d’applications. La
fabrication additive sort peu à peu du prototypage pour entrer dans la production.
considérable. Les prévisions estiment que les revenus générés par la fabrication additive
pourraient atteindre 200 milliards de dollars en 20302.
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2 Étude SmarTech Publishing 2020 : « The Market for Metal Additive Manufacturing Services 2020-2029 ».
Chapitre3
Les procédés
d’impression 3D
Par ailleurs, les constructeurs d’équipement utilisent leurs propres appellations pour décrire
leur technologie, généralement propriétaire et protégée par des brevets. Les noms des pro-
cédés sont souvent en langue anglaise et raccourcis en acronymes. On entendra ainsi parler,
par exemple, de FDM, FFF, SLA, DLP, CLIP, SLM, DMLS, MJ, MIM, MJF, DED ou encore
WAAM.
Ce chapitre a pour objectif d’aider à se repérer dans le vaste champ des possibles de
l’impression 3D.
Ainsi, les sept familles de procédés de fabrication additive sont les suivantes :
• l’extrusion de matière, ou Material Extrusion (ME) : le matériau est extrudé et déposé par
une tête d’impression ;
• la photopolymérisation, ou Vat Photopolymerization : un matériau liquide est solidifié
grâce à la lumière ;
• la fusion sur lit de poudre, ou Powder Bed Fusion (PBF) : un laser vient fusionner la matière ;
• la projection de matière, ou Material Jetting (MJ) : des gouttes de matières sont projetées
et solidifiées ;
• la projection de liant, ou Binder Jetting (BJ) : un liant vient encoller des particules de
poudre ;
• le dépôt de matière sous énergie concentrée, ou Directed Energy Deposition (DED) : la
chaleur est dirigée vers la matière à fusionner ;
• la stratification de matériau en feuilles, ou Sheet Lamination (SL) : des feuilles sont décou-
pées et collées les unes sur les autres.
Un autre classement peut également être établi en fonction des niveaux de post-traitement
nécessaires, entre procédés d’impression directe et indirecte (voir chapitre 8 sur les finitions,
p. 189).
Enfin, le critère du retour sur investissement peut aussi conduire à une catégorisation diffé-
rente, qui intéressera tout particulièrement les professionnels désireux d’intégrer l’impres-
sion 3D à leur stratégie d’entreprise (voir chapitre 13, p. 257).
La fabrication par addition de matière fonctionne donc différemment des procédés d’usi-
nage traditionnels qui forment l’objet en enlevant progressivement la matière (comme le
tournage, le fraisage ou le perçage), des procédés de déformation qui viennent déformer
la matière pour la façonner dans la forme voulue (comme le pliage, le cintrage, le profilage
ou le laminage), ou enfin des procédés d’assemblage qui viennent lier des pièces entre elles
(comme le soudage).
Dans les processus traditionnels décrits plus haut, on vient plutôt appliquer une force ou une
action sur la matière, comme percer un bloc de métal, déformer une feuille de plastique ou
encore déposer un cordon de soudure entre deux barres en acier.
Partie 1. Comprendre
Un suivi numérique complet de la phase d’impression peut ainsi être effectué et permet
même de connaître la composition exacte de la pièce en cours de fabrication. Ce degré de
connaissance et de contrôle de la matière ouvre un vaste monde de possibilités pour une
utilisation raisonnée des ressources et une production à la demande.
Cette technique est souvent appelée FDM (Fused Deposition Modeling), nom déposé par le
constructeur Stratasys, inventeur du procédé en 1988. L’appellation non brevetée, préférée
par les utilisateurs d’imprimantes 3D open source, est FFF (Fused Filament Fabrication). On
parle également parfois de MPD (Molten Plastic Deposition). En français, ce procédé est
généralement appelé « dépôt de filament fondu », « dépôt de fil fondu » ou encore « dépôt de
matière fondue ».
PRINCIPE
DE FONCTIONNEMENT
L’extrusion de matière fonctionne le plus
couramment par dépôt d’un matériau ther-
moplastique sur une surface : le matériau
est chauffé afin de devenir liquide, puis il
est déposé par une tête d’impression. Le
déplacement du mécanisme permet de
déposer la matière aux endroits souhaités
afin de former l’objet progressivement.
permet de déplacer la tête d’impression, aussi appelée « buse » ou « tête d’extrusion », par
rapport au plateau pour tracer chaque couche. Un système mécanique permet de pousser le
filament à travers une structure creuse et chauffée qui mène ensuite à la buse.
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Le plateau d’impression est souvent chauffant pour permettre une meilleure adhérence de
la pièce. Les systèmes professionnels sont fermés pour assurer une température constante
et sous contrôle tout au long de l’impression. Un système de filtre et un point de connexion
vers un système d’aspiration sont optionnels mais recommandés pour éviter les émanations
toxiques.
40
Tuyau d’entrée d’air automobile, imprimé par FDM en TPU 92A, un thermoplastique élastomère
L’extrusion de matière est le procédé le plus polyvalent. Elle permet d’imprimer des proto-
types en plastique mais aussi des formes en ciment en très grand format pour l’architecture,
de déposer de la pâte à pain et du fromage fondu pour fabriquer des pizzas pour l’industrie
alimentaire, d’imprimer des peaux à partir de cellules pour l’industrie pharmaceutique ou
encore de fabriquer des pièces intégrant de l’électronique.
• Dans les systèmes delta, les moteurs ne se trouvent pas près de la tête d’impression mais à
41
la base de la machine, sous le plateau. La tête se déplace par un mouvement des branches
qui la soutiennent. Les imprimantes delta demandent une puissance de calcul plus impor-
tante que les imprimantes cartésiennes mais elles sont généralement plus rapides. La tête
a plus de liberté de mouvement. Les imprimantes italiennes WASP grand format utilisent
par exemple ce système.
• La tête d’impression peut prendre la forme d’une seringue qui permet alors de déposer
d’autres types de composants comme des aliments (les imprimantes Choc Creator ou
Foodini impriment par exemple de la nourriture), des cellules (les imprimantes Organovo
sont spécialisées dans ce domaine) ou de l’électronique (l’imprimante eForge est équipée
de 8 têtes d’impression pouvant imprimer du matériau conducteur). L’impression 3D de
béton utilise également cette technique.
• Les systèmes de type polar ont, quant à eux, un plateau qui tourne en même temps que le
déplacement de la tête d’impression. Les impressions sont ainsi plus rapides.
• Enfin, les systèmes dotés d’un bras robotique permettent une grande liberté de mouve-
42
ment de la tête, qui est alors séparée du plateau. Ces systèmes sont particulièrement
utilisés pour l’impression grand format de mobilier en thermoplastique ou de structures
architecturales.
Le studio de design français Drawn et son bras robotique pour imprimer des meubles grand format par extrusion de plastique
Chapitre 3. Les procédés d’impression 3D
43
Cette technologie hybride permet par exemple d’imprimer des circuits électroniques sur
une surface courbe ou un angle. Les constructeurs du secteur sont Hyrel3D, Optomec ou
nScrypt. La création de structures contenant des cellules organiques est également possible.
Partie 1. Comprendre
44
L’entreprise italienne WASP est réputée pour ses imprimantes à extrusion très grand format.
Le modèle Crane WASP peut imprimer jusqu’à 3 m de haut et 6,3 m de circonférence à
partir d’argile, de ciment ou de polymère. À savoir que les plus grandes imprimantes 3D FDM
peuvent avoir une surface au sol de 100 m2.
On associe encore trop souvent, par erreur, l’extrusion de matière à des états de surface très
grossiers, avec des effets d’escalier et une grande perte de détail. Ce qui était vrai au début
Chapitre 3. Les procédés d’impression 3D
de l’apparition des premières machines de bureau à monter en kit ne l’est plus aujourd’hui.
La qualité d’impression est désormais au rendez-vous, même avec les machines premier prix.
Du fait du procédé de superposition de matière couche par couche, des lignes d’impression
sont toujours visibles en surface mais des techniques de finition permettent d’obtenir des
rendus lisses.
Ces imprimantes sont les plus abordables pour un premier achat. Les premiers prix pour les
particuliers commencent à un peu moins de 200 € (comme les marques chinoises Creality
ou Alfawise), et les systèmes professionnels donnent d’excellents résultats dès 3 000 €.
Les machines Ultimaker sont par exemple utilisées dans de nombreuses industries pour
la fabrication d’outils sur mesure et de prototypes. Une bobine de filament PLA, un des
plastiques les plus populaires pour l’extrusion, coûte généralement une vingtaine d’euros et
permet de réaliser des centaines d’impressions petit format.
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L’intérêt majeur de cette famille de procédés réside dans sa capacité à créer des pièces aux
détails très fins et aux états de surface lisses. Les volumes d’impression vont de quelques
microns à plusieurs mètres selon les techniques et les machines. Les applications sont
variées et concernent principalement des réalisations nécessitant un haut niveau de détails
comme des pièces d’outillage, des modèles de présentation, des appareillages dentaires, des
prothèses auditives, des moules pour la joaillerie ou encore des semelles sur mesure.
LA STÉRÉOLITHOGRAPHIE
La stéréolithographie, ou SLA, est la première technique d’impression 3D à avoir vu le jour.
Elle est mise au point commercialement en 1986 par l’entreprise 3D Systems et utilise un rayon
laser ultraviolet permettant de solidifier couche par couche des photopolymères liquides.
Chapitre 3. Les procédés d’impression 3D
Les imprimantes SLA sont pourvues d’un réservoir rempli de plusieurs litres de photo-
polymères liquides, d’une plate-forme mobile immergée dans ce réservoir, d’un laser à rayon
ultraviolet et d’un ordinateur qui commande le laser et la plate-forme mobile. À l’instar de
tout procédé d’impression 3D, le logiciel de la machine vient d’abord analyser le fichier 3D
et le découpe en tranches très fines. Il prépare aussi le fichier pour qu’il devienne un véri-
table objet physique, en ajoutant un socle et des attaches provisoires pour les parties en
surplomb. Ces supports ne sont nécessaires que durant le temps de l’impression et seront
ensuite dissous.
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En passant sur la surface du bac, le rayon laser solidifie les photopolymères liquides exposés
à la surface, créant la première couche de l’objet. La plate-forme mobile descend ensuite
d’une fraction de millimètre pour que le laser puisse solidifier la couche suivante.
Le procédé est répété, couche après couche, jusqu’à obtention du modèle complet. À la fin
de l’impression, la plate-forme remonte et il est alors possible de récupérer l’objet. Quelques
éléments peuvent varier selon les modèles de machine, comme la façon dont la résine liquide
est déposée sur chaque nouvelle couche ou la façon dont la plate-forme se déplace. Deux
grandes approches coexistent : la photopolymérisation peut avoir lieu soit par le dessus de la
cuve (l’objet s’enfonce donc progressivement), soit par le dessous (l’objet sort alors progres-
sivement du bain de résine).
Partie 1. Comprendre
Vient ensuite la phase de finition. L’objet est rincé dans un solvant, puis placé dans un four
ultraviolet qui permet de le nettoyer entièrement, de dissoudre toutes les attaches de sup-
48 port et de renforcer sa solidité.
Ici, la lumière qui permet le processus de photopolymérisation vient d’une minuscule puce
à rayon UV qui balaie très rapidement la surface du réservoir. Cette puce a été dévelop-
pée par Larry Hornbeck de Texas Instruments en 1987. Elle contient jusqu’à deux millions de
miroirs microscopiques (de la taille du cinquième d’un cheveu humain) qui assurent un rendu
extrêmement précis. On retrouve notamment cette puce sur la plupart des vidéoprojecteurs
utilisés en salles de conférences ou de réunions.
À la différence de la SLA, la DLP n’implique aucun déplacement de lumière sur l’axe horizon-
tal, mais seulement un abaissement progressif de la plate-forme sur l’axe vertical. Grâce à ce
fonctionnement spécifique, ce type d’impression est 2 à 5 fois plus rapide que la SLA.
Une variante de la DLP est la DPP (Daylight Polymer Printing) qui utilise la technologie pré-
sente dans les écrans LCD pour solidifier une résine ultrasensible. L’entreprise Photocentric
maîtrise cette technique.
Chapitre 3. Les procédés d’impression 3D
49
Les machines 2PP sont compactes et adaptées à un environnement stérile en salle blanche.
Le procédé ne nécessite pas de matériau de support ou de post-traitement. Les matériaux
compatibles sont de type polymères comme les acrylates, sol-gels, époxy, hydrogels… mais
aussi protéines et biomatériaux.
50
Les applications les plus courantes de ces procédés nanoscopiques sont liées aux
secteurs électronique et médical qui représentent 60 % des utilisateurs de nanomatériaux
d’impression 3D3. L’impression de structures aussi légères que l’air, de métamatériaux
d’optique, d’électrodes de batterie et de microcode-barres sont quelques-uns des types
d’usages.
Une variante de ce système est proposée par l’entreprise Massivit3D qui développe une
technologie hybride, à la rencontre entre extrusion de matière et photopolymérisation.
Un gel est extrudé sur le plateau, puis solidifié par une lumière UV. Ce procédé trouve
principalement des applications pour des objets de démonstration ou d’exposition grand
format, dont l’intérieur est creux.
51
AVANTAGES ET LIMITES
Les pièces réalisées par SLA ou DLP ont généralement une taille intermédiaire comprise
entre 10 et 50 cm, avec une résolution comprise entre 100 et 500 microns. Les principaux
acteurs du secteur sont 3D Systems, EnvisionTec, Carbon3D et Formlabs, pour n’en citer que
quelques-uns.
Les procédés de photopolymérisation produisent des pièces qui ne peuvent pas être fon-
dues à nouveau pour des réutilisations futures, contrairement aux thermoplastiques utilisés
pour l’extrusion de matière. Les matériaux compatibles sont nombreux et peuvent être com-
posés sur mesure pour des propriétés particulières. Par exemple, la résine peut être infusée
de fibre de verre pour des pièces plus solides. De la poudre de métal ou de céramique peut
également être intégrée à la résine, qui sera ensuite retirée en phase de post-traitement afin
de révéler l’objet. Une application courante est l’utilisation de résines calcinables pour la
fabrication de moules à cire perdue.
La force de cette famille de procédés tient dans sa capacité à produire des pièces de haute
résolution avec un très haut niveau de détail et des états de surface lisses. Les pièces pro-
duites peuvent présenter des propriétés variées, peuvent être flexibles ou très rigides, avoir
des propriétés thermiques, optiques, mécaniques ou chimiques sur mesure.
Les deux procédés ont pour point commun de fonctionner à partir d’un bac de matière
équipé d’un système qui vient étaler une fine couche de poudre de moins de 100 mm sur le
ChAPITRE 3. lES PROCédéS d’IMPRESSION 3d
plateau d’impression. Un rayon laser est ensuite dirigé vers des miroirs et une lentille de foca-
lisation qui orientent le faisceau laser sur la zone exacte de poudre à fusionner. Le faisceau
fait ainsi chauffer les particules jusqu’à une température qui les fait fondre. Les systèmes
SLM industriels utilisent plusieurs lasers pour accélérer les temps d’impression.
53
Les deux procédés travaillent en température contrôlée. Le lit de poudre est chauffé pour
atteindre une température située juste en dessous de la température de fusion et accélérer
ainsi la vitesse d’impression. Dans les deux procédés, la poudre non fusionnée peut être
utilisée pour un nouveau cycle d’impression.
54
Les imprimantes de frittage SLM sont conçues pour l’impression de poudres de métal. De
nombreux matériaux sont compatibles comme les alliages de titane et d’aluminium et une
grande variété d’aciers : l’acier inoxydable, l’acier d’outillage maraging (type d’acier à carac-
téristiques mécaniques élevées), le cobalt-chrome, l’Inconel 625, l’Inconel 718 et le titane
Ti6AlV4. Des métaux réfractaires tels que le tungstène et les métaux précieux comme l’or
sont également compatibles. Théoriquement, presque tous les métaux sont compatibles
avec ce procédé, à condition qu’ils soient convenablement préparés, c’est-à-dire rendus à
l’état de poudre homogène. La recherche avance rapidement dans le secteur pour qualifier
de nouvelles poudres de métal.
Chapitre 3. Les procédés d’impression 3D
En SLS, les matériaux de support ne sont pas nécessaires parce que le bac de poudre com-
pact soutient la pièce naturellement pendant sa fabrication. Cet avantage permet de simpli-
fier la phase de post-traitement mais aussi d’imprimer un grand nombre de pièces au cours
d’une même impression. L’ensemble du volume de l’imprimante peut être optimisé. En SLM,
le matériau de support est en revanche nécessaire car l’impression de la pièce en métal a
un poids tel qu’elle peut être déstabilisée et se déplacer dans le bac de poudre pendant
l’impression. Le matériau de support joue aussi un rôle important pour dissiper la chaleur
générée par la fusion de la poudre.
La vitesse d’impression des systèmes SLS est beaucoup plus rapide que la plupart des sys-
tèmes FDM ou SLA, de l’ordre de plusieurs litres par heure. Le frittage métal par SLM est
cependant beaucoup plus lent que le SLS (moins de 0,1 litre par heure) parce qu’il nécessite
une plus grande énergie et un contrôle constant du lit de poudre.
Partie 1. Comprendre
Un atout fort du procédé SLM pour le métal est la possibilité de fabriquer des pièces dans
des matériaux précieux ou difficiles à usiner. L’impression permet d’économiser fortement
la matière puisque seule la poudre fusionnée est utilisée et ainsi les pertes sont faibles. Les
applications en joaillerie fine et pièces mécaniques miniatures trouvent particulièrement leur
sens en SLM.
Les principales entreprises du secteur sont européennes. La société EOS, fondée en 1989
et implantée en Allemagne, est la première à avoir commercialisé un procédé d’impression
DMLS (une variante du SLM) pour le titane, avec des clients comme BMW, Mercedes-Benz
ou Electrolux.
L’entreprise française Phenix Systems a été créée en 2000 au sein de l’École nationale supé-
rieure de céramique industrielle. Elle s’est spécialisée dans le frittage laser de poudre, avec
un catalogue de brevets et un savoir-faire très particulier sur l’utilisation de poudres fines
(dont la granulométrie moyenne se situe entre 6 et 9 mm). Elle a été rachetée par le géant
56
américain 3D Systems en 2013.
L’impression métal par SLM s’avère pour l’instant encore lente et coûteuse. Le retrait des
matériaux de support, faits du même métal que la pièce et attachés au plateau, est une
opération de post-traitement indispensable et lente. La production de petites et moyennes
séries est possible mais complexe puisque les pièces sont fixées au plateau d’impression, de
la même façon qu’en stéréolithographie ou en extrusion de matière. Il n’est donc pas possible
Chapitre 3. Les procédés d’impression 3D
de faire du « bin packing », c’est-à-dire d’empiler les pièces sur l’ensemble du volume d’im-
pression, comme en SLS.
57
Levier de vitesse Volkswagen en acier inoxydable réalisé par frittage laser de poudre de métal sur une imprimante EOS
Les pièces produites en SLM et DMLS ont d’excellentes propriétés isotropes et thermiques.
Elles présentent des qualités de dureté, solidité et flexibilité plus élevées qu’avec les procé-
dés de fabrication traditionnels, mais elles résistent moins dans le temps.
La technologie EBM a été mise au point par la société suédoise Arcam. L’impression est réali-
sée à partir d’une poudre de métal, fondue par un laser à électrons dans une chambre à vide,
à une température comprise entre 700 et 1 000 °C. Les électrons, projetés à très grande
Partie 1. Comprendre
vitesse à travers un faisceau étroit, permettent de faire fondre et de fusionner les particules
de métal, couche après couche.
L’EBM utilise moins d’énergie et imprime plus rapidement. Elle est principalement utilisée
pour des applications industrielles de haut niveau dans des domaines tels que l’aérospatial,
la défense, les prothèses médicales et dans les sports mécaniques.
L’EBF3, aussi appelée EBDM (Electron Beam Direct Manufacturing), est une variante de
l’EBM. Elle permet d’imprimer en 3D dans des environnements exempts de gravité. Le pro-
cédé a été développé par une équipe d’ingénieurs de la Nasa.
Le principe repose sur la projection de gouttelettes de photopolymères par des têtes d’im-
pression qui les déposent sur le plateau d’impression. Un traitement ultraviolet est appliqué
à chaque couche et permet de durcir immédiatement le matériau avant la projection de la
nouvelle couche. Comme pour l’extrusion de matière, l’impression de matériaux de support
est généralement nécessaire. Après l’impression, il faut donc débarrasser la pièce de ses
attaches, puis la nettoyer. Le matériau de support étant un gel soluble à l’eau, le post-traite-
ment est facilité.
59
60
Fabrication d’un circuit imprimé sur l’imprimante DragonFly LDM de Nano Dimension
AVANTAGES ET LIMITES
L’impression par projection de matière est recommandée pour la fabrication de prototypes
réalistes. Plus de 10 millions de couleurs sont, par exemple, disponibles sur les imprimantes
Mimaki. Ce procédé d’impression permet d’obtenir un excellent niveau de détail, une très
haute précision et des rendus de surface lisses. Les pièces sont néanmoins fragiles et ne sont
pas adaptées à un usage fonctionnel.
Son atout majeur est de pouvoir imprimer simultanément plusieurs matériaux aux propriétés
différentes au sein d’une même pièce, de façon entièrement contrôlée, variant les couleurs
ou les fonctionnalités de l’objet.
Ces procédés sont toutefois nettement plus coûteux que d’autres techniques. De plus, les
pièces réalisées par durcissement aux UV ne durent pas dans le temps et peuvent à terme
perdre leurs propriétés ou devenir cassantes.
Les pièces sont fabriquées à partir d’une poudre qui est progressivement encollée avec un
liant. Les possibilités de ce processus sont très variées dans la mesure où de nombreux
matériaux peuvent être utilisés (céramique, métal, polymères, sables, composites). Les sys-
tèmes utilisant cette technique permettent par ailleurs d’exercer un contrôle complet des
paramètres d’impression. Il est alors possible de jouer sur la composition des matériaux, la
création de microstructures internes ou la texture de la surface.
62
63
La projection de liant pour l’impression métal est jusqu’à 10 fois moins coûteuse que les
procédés SLM/DMLS, mais les propriétés mécaniques des pièces en métal ou en céramique
ne sont pas assez qualitatives pour des applications de haut niveau car les grains ne s’en-
collent pas toujours complètement. Les poudres utilisées dans le processus de moulage par
injection de métal (MIM), employé couramment partout dans le monde, sont généralement
Partie 1. Comprendre
compatibles avec les procédés de projection de liant métal. Le catalogue de matières est
donc vaste et plus facilement accessible que celui d’autres techniques qui nécessitent des
poudres spécialement préparées pour l’impression, comme dans le cas du SLM.
Les entreprises ExOne, Desktop Metal, Hewlett-Packard et plus récemment Digital Metal
sont les référentes du secteur. Le modèle Innovent+ d’ExOne accepte les poudres standards
utilisées en MIM, ce qui rend le procédé encore plus intéressant économiquement.
64
LE PROCÉDÉ MJF
L’entreprise Hewlett-Packard a mis au point sa propre technique d’impression appelée MJF
(Multi Jet Fusion) qui consiste à déposer un agent sur un lit de poudre chauffé. Une mon-
tée en température est ensuite effectuée pour arriver au point de fusion de la matière. Le
Chapitre 3. Les procédés d’impression 3D
procédé MJF est à la rencontre entre frittage, projection de matière et projection de liant.
L’impression est plus rapide qu’avec les procédés de frittage. Une fois le refroidissement et
le dépoudrage effectués, la pièce ne nécessite pas de post-traitement supplémentaire et ne
connaît pas de rétraction.
65
Cette technique ne nécessite pas de matériaux de support, le lit de poudre agit comme un
soutien pour la pièce en impression. Cette particularité permet de concevoir des pièces
à la géométrie plus libre qu’avec des procédés de fusion, même s’il faut anticiper la phase
de post-traitement qui comporte quelques contraintes devant faire l’objet d’une attention
particulière.
En effet, une fois la pièce de métal imprimée, elle doit être traitée à la chaleur ou infiltrée
avec un métal qui fond à basse température, comme le bronze. Les impressions couleurs
Partie 1. Comprendre
Les tailles d’impression sont généralement plus grandes que pour les autres techniques. Elles
peuvent aller jusqu’à 2 200 × 1 200 × 600 mm pour les imprimantes utilisées pour l’impres-
sion de sable de moulage. Côté métal, les dimensions sont plus limitées dues aux nécessités
de post-traitement, mais elles peuvent néanmoins aller jusqu’à 800 × 500 × 400 mm, plus
grandes donc que pour les machines utilisant les procédés de frittage.
Le procédé de projection de liant est bien adapté à la production en petite et moyenne série
puisque les pièces ne sont pas attachées au plateau. Une bonne connaissance des tech-
niques de positionnement des pièces est alors nécessaire pour utiliser l’ensemble du volume
possible d’impression.
Les procédés DED sont des imprimantes 3D qui déposent du métal et le font fondre à la
façon d’un soudage. Un flux de poudre de métal ou un filament de métal passe dans un fais-
ceau d’énergie, qui peut être selon les cas, un faisceau laser, un faisceau d’électrons ou un
arc électrique.
La tête d’impression dépose la matière directement sur la surface, pouvant être inclinée ou
complexe. Les procédés DED permettent de fabriquer de grandes pièces en métal en évitant
les contraintes du lit de poudre.
Les systèmes DED permettent donc d’imprimer des pièces plus librement qu’avec d’autres
procédés. Ils fonctionnent à la façon d’un cordon de soudure contrôlé numériquement. La
tête et la pièce bougent librement, permettant par exemple d’effectuer des réparations
directement sur un objet déjà existant.
67
Une variante de ces procédés est la technique appelée Cold Spray où les particules de métal
sont projetées à vitesse supersonique et se lient entre elles lorsqu’elles s’entrechoquent.
Les pièces réalisées en DED ont des états de surface moins qualitatifs et des résolutions plus
basses qu’avec les procédés SLM. Leur vitesse d’impression est cependant beaucoup plus
Partie 1. Comprendre
rapide. Les poudres de métal compatibles avec le procédé sont les mêmes qu’en SLM. Les
procédés DED sont inadaptés à la création de structures lattices (en treillis) internes.
Les volumes d’impression varient selon les systèmes, pouvant aller de 100 × 100 × 100 mm à
des impressions de 6 × 1 × 1 m.
Le procédé WAAM (Wire Arc Additive Manufacturing), qui fusionne le fil métal à partir d’un
arc électrique, est de plus en plus utilisé dans l’industrie aéronautique. Il permet de réduire
nettement les coûts puisque 80 % de la matière utilisée compose la pièce finale, avec seu-
lement 20 % de copeaux. Dans un procédé de fraisage traditionnel, 90 à 95 % de la matière
utilisée est du copeau. Les économies sont donc énormes.
L’intérêt majeur des procédés DED réside dans la vitesse d’impression et la capacité de
contrôler la tête selon 4 voire 5 axes, contrairement à la plupart des imprimantes qui sont
contrôlées par 3 ou 2,5 axes.
La stratification fonctionne par découpe progressive de feuilles, qui sont encollées les unes
aux autres à l’aide d’une substance adhésive déposée de manière sélective. Une plus grande
densité de colle est ainsi placée sur la zone qui deviendra l’objet et une densité moindre
sur les zones de support. À chaque nouvelle feuille de matière, un lit d’impression chauffant
vient coller les couches entre elles en les pressant. Une fois la feuille encollée, une lame ou
un laser vient la découper.
Les matériaux compatibles avec cette technique sont nombreux. Le papier était historique-
ment la référence, mais on trouve désormais également des machines qui utilisent des feuilles
de métal (l’entreprise Fabrisonic et son procédé UAM soudent les feuilles par ultrasons), des
feuilles de PVC (Solido), de carbone (EnvisionTEC) ou de composites (Impossible Objects).
Ces processus sont peu diffusés et utilisés. Leur principal avantage est de pouvoir imprimer
avec le matériau d’impression 3D le moins cher du marché, le papier. Ils permettent aussi de
fabriquer des pièces multicolores et d’obtenir de très bonnes résolutions.
En revanche, le résultat final nécessite un important travail de finition. Les pièces creuses,
complexes ou avec des volumes internes sont aussi moins faciles à réaliser, le papier pouvant
être difficile ou impossible à ôter dans certaines zones. En outre, les attaches de support se
révèlent toujours fastidieuses à retirer : un marteau et des ciseaux sont parfois nécessaires.
Ce procédé est également l’un de ceux qui produit le plus de déchets puisque la matière
découpée ne peut pas être réutilisée.
69
Chacune des sept grandes familles de procédés présente des avantages et des inconvé-
nients. Vitesse d’impression, niveaux de résolution, volumes d’impression, possibilités de
petite série, complexité du post-traitement, états de surface, matériaux compatibles… Par
ailleurs, le choix du processus a une influence majeure sur la conception de la pièce et le
résultat d’impression obtenu.
Chapitre4
L’impression 3D
impacte tous les
secteurs d’activité
La phase de conception débute par la création d’une modélisation 3D de l’objet qui peut
être associée à une première maquette rapide du concept. Vient ensuite la fabrication de
prototypes de démonstration. L’objet est construit à taille réelle, en respectant avec préci-
sion ses caractéristiques de formes et de fonctionnalités. Plusieurs prototypes sont créés
lors de cette phase afin de tester différentes hypothèses. La dernière étape consiste à pro-
72 duire des modèles de présérie qui valident la faisabilité technique et économique du projet
avant modification et lancement final en production. Des pièces intermédiaires peuvent être
produites entre chacune de ces trois phases pour valider un point particulier et améliorer le
processus de conception.
L’impression 3D s’est positionnée dès sa création à la fin des années 1980 comme une techno-
logie très adaptée à ces étapes de prototypage. La réalisation de maquettes et de démons-
trateurs est une activité lente et complexe, qui implique l’utilisation de nombreux matériaux,
outils et machines dédiés à la création de pièces en un nombre d’exemplaires très réduit.
L’impression 3D permet de produire très rapidement des prototypes complexes avec un haut
niveau de détail. Des mécanismes fonctionnels et des propriétés internes peuvent égale-
ment être intégrés au modèle. Des jeux de transparence, la possibilité de combiner plusieurs
matériaux, le sur mesure ou encore l’imbrication exacte d’éléments sont autant de raisons qui
ont fait de l’impression 3D la référence parmi les techniques de prototypage.
Le prototypage rapide permet de concrétiser rapidement des idées et de valider ainsi la per-
tinence d’un concept. Son efficacité est avérée notamment sur les questions de validation de
forme, de mécanique, d’encombrement, d’ergonomie, de positionnement ou encore d’usage.
L’avantage de l’impression 3D, parce qu’elle est rapide et peu coûteuse, est de permettre
d’itérer facilement et ainsi de passer outre la peur de l’échec. L’accélération du prototy-
page permet de faire de nombreuses erreurs, d’apprendre en faisant, de tester davantage
de concepts et d’effectuer les modifications en temps réel, sans intermédiaires coûteux en
temps et investissement.
Chapitre 4. L’impression 3D impacte tous les secteurs d’activité
Les procédés de fabrication additive les plus utilisés pour le prototypage rapide sont l’im-
pression par dépôt de filament fondu, la stéréolithographie, la projection de matière et la
projection de liant.
73
Imprimante FDM Fortus de Stratasys qui a permis d’imprimer le prototype de boîtier caméra A380
74
CRÉER DES PROTOTYPES À TAILLE RÉELLE
L’impression 3D grand format permet de produire des modèles à taille réelle, véritables
démonstrateurs qui permettent aux équipes, notamment marketing et commerciale, de com-
parer et choisir entre plusieurs propositions. Le fabricant anglais de mobilier de salle de bain
Saneux a créé un prototype de démonstration de son nouveau modèle de lavabo à l’aide
de l’imprimante 3D FDM Builder3D grand format. Le modèle a été réalisé grandeur nature
(600 × 450 × 150 mm) et entièrement prêt en sept jours (l’impression a duré 160 heures), pour
un coût matière de 220 €. Du matériau de support a été utilisé, puis retiré et poncé pour
obtenir un état de surface lisse.
75
L’impression plastique est favorisée pour le petit outillage à utilisation ponctuelle, les outils
de mesure ou les gabarits et fixations. L’intérêt réside dans la rapidité et la simplicité de l’im-
pression qui peut se faire directement en interne au sein de l’entreprise. En cas de casse, une
nouvelle pièce peut être imprimée rapidement.
76
Autre avantage, l’objet peut être conçu en prenant en compte les besoins de l’utilisateur
final, permettant ainsi d’itérer et de concevoir une pièce qui répond le plus possible aux
attentes des usagers. Plusieurs versions de l’outil peuvent ainsi être produites, chacune étant
adaptée à son utilisateur (gaucher ou droitier, taille de la poignée…). Le procédé d’extrusion
de matière reste la référence pour ce type de pièce en raison de son faible coût, sa vitesse
d’impression, ses faibles contraintes logistiques – pas besoin de pièce dédiée avec système
électrique et ventilation complexe – et la haute performance des pièces produites.
La fabrication additive métal est aussi utilisée pour la production de pièces d’outillage sur
mesure. L’imprimante métal Studio System par projection de liant (SPJ) de l’entreprise amé-
ricaine Desktop Metal a, par exemple, permis d’imprimer une matrice d’extrusion en acier
inoxydable 17-4 PH d’une forme hexagonale complexe pour un équipement industriel d’extru-
sion directe, qui permet de façonner des pièces en métal. Le coût de fabrication de l’outil a
été réduit de 87 % comparé à un usinage à commande numérique, dit « CNC », qui était la
méthode utilisée auparavant.
77
78
Gabarit de pose imprimé en 3D, utilisé sur la chaîne de production automobile Volkswagen
Un outil imprimé en 3D pour tester la conformité du packaging d’un produit l’Oréal Paris
Chapitre 4. L’impression 3D impacte tous les secteurs d’activité
79
Organiseur d’outils imprimé en 3D
Insert d’outil Ecoparts EOA repair avant réparation Insert d’outil Ecoparts EOA repair après réparation
Partie 1. Comprendre
Moule en résine pour la production d’une pièce par injection plastique en petite série
Les moules, en plastique ou en métal, peuvent également être plus complexes grâce à l’im-
80 pression 3D. Ils permettent alors de fabriquer des pièces aux performances nouvelles et aux
formes inédites. L’entreprise Michelin a intégré depuis de nombreuses années la fabrication
additive pour la conception de produits automobiles aux propriétés innovantes. Elle a d’ail-
leurs donné naissance à AddUp, l’un des grands constructeurs français d’imprimantes 3D
industrielles. Les moules utilisés pour façonner les pneus Michelin sont imprimés en 3D. Ils
présentent des formes complexes qui auraient été impossibles à réaliser avec des méthodes
traditionnelles. Les pneus ainsi produits présentent des performances renforcées.
81
Ces moules d’injection en plastique, utilisés dans l’industrie pour produire des objets, notam-
ment ceux dits de conformal cooling intègrent des circuits internes de canaux de refroidis-
sement qui jouent un rôle majeur dans le cycle de production. Plus le système de refroidis-
sement intérieur est optimisé, plus les temps de production et les coûts le sont eux aussi.
Jusqu’ici, la fabrication de ces canaux internes était complexe et dépendait des techniques
de fabrication traditionnelles comme le perçage ou l’usinage. Les formes que pouvaient
prendre ces canaux étaient limitées puisque la priorité était de ne pas affecter la surface du
moule, rendant ainsi inaccessibles certaines zones internes.
L’arrivée de la fabrication additive est une révolution pour la conception de ces moules d’in-
jection. L’impression métal se fait d’une seule pièce et permet d’intégrer des réseaux com-
plexes de canaux de refroidissement interne de la forme souhaitée. Ces moules repensés
grâce à l’impression 3D présentent des performances encore jamais atteintes jusqu’ici, et
sont également beaucoup plus rapides à fabriquer puisqu’ils ne nécessitent plus d’opérer
plusieurs équipements. L’efficacité thermique des moules, mais aussi leur durée de vie, s’en
trouvent très fortement améliorées.
Partie 1. Comprendre
La fabrication additive est utilisée à tous les stades de conception et de fabrication auto-
mobile. En phase de conception, l’impression 3D est par exemple sollicitée pour produire
un modèle de voiture à l’échelle afin de tester la forme définitive. La stéréolithographie et le
procédé de projection de matière sont alors bien adaptés pour obtenir un modèle lisse et
détaillé. Ce prototype permet de communiquer entre les équipes et de valider différentes
hypothèses. On passe ensuite à une phase de validation, qui peut là aussi faire appel à l’im-
pression 3D pour la fabrication d’autres modèles à l’échelle réelle, en couleurs et détaillés.
83
On passe alors à une phase de préproduction pour la création des outillages, gabarits et
systèmes d’assemblage. L’évolution des usages est rapide dans ce secteur, avec la production
de plus en plus fréquente de pièces finies. Pour certains types de pièces, l’impression 3D
permet de réduire les coûts et les délais et d’améliorer la performance des objets.
BMW a revisité une charnière de toit ouvrant qui équipe son modèle i8 Roadster produit
en 2018. La pièce a été repensée pour la fabrication additive par SLM : elle utilise moins de
matière et un numéro de série unique est inclus sur chaque pièce. Le coût de production est
avantageux à partir de 60 000 unités et la position de la pièce a été pensée pour réduire
fortement les temps de post-traitement.
84
Un autre avantage non négligeable de ces technologies d’impression pour le secteur automo-
bile est lié à la customisation, tout particulièrement pour le sport automobile. L’impression 3D
permet de produire, à des prix accessibles, des pièces uniques et sur mesure, présentant
des qualités sans précédent. Le sport automobile est un grand utilisateur de la fabrication
additive car les pièces peuvent être conçues à la demande et spécifiquement pour améliorer
les performances : système de freinage, siège automobile, tableau de bord pour gauchers,
casques….
Chapitre 4. L’impression 3D impacte tous les secteurs d’activité
L’aérospatiale est un domaine pionnier grâce à l’impression de pièces polymères dès 1989
par Boeing et Bell Helicopter. Boeing a depuis installé plus de 60 000 pièces imprimées et
utilisées en vol, sur plus de 16 modèles d’avions, commerciaux et militaires. Airbus est égale-
ment très utilisateur de l’impression 3D avec plus de 1 000 pièces imprimées à bord de l’Air-
bus 350 XWB. Ces pièces ont été produites avec les systèmes Stratasys en résine ULTEM
9085, ignifuge, légère et résistante.
Le constructeur européen a annoncé en avril 2018 la mise à bord de la première pièce impri-
mée en 3D visible par les passagers : des panneaux séparateurs installés dans la cabine d’un
85
avion Airbus 320 exploité par Finnair. Imprimée par Materialise, la structure intérieure de la
pièce est en treillis, ce qui a permis de réduire son poids de 15 % sans pour autant augmenter
les coûts de fabrication. Les panneaux sont ignifuges, c’est-à-dire qu’ils résistent au feu, et
leur design est inspiré de la nature avec une forme qui optimise les performances et écono-
mise l’utilisation de matière première.
Plus de 70 000 pièces sont imprimées en 3D chaque année dans l’aéronautique. Les
prototypes ont prédominé pendant longtemps mais on assiste aujourd’hui à un basculement
progressif vers la fabrication de pièces finies. L’industrie aéronautique investit également
massivement dans l’impression 3D métal. Ainsi, Airbus annonce vouloir produire 30 tonnes
de pièces imprimées en métal par mois. L’entreprise américaine GE Aviation, (succursale
de General Electric) a quant à elle imprimée plus de 100 000 pièces depuis 2016. Elle
possède plus de 300 imprimantes 3D et investit 5,5 milliards d’euros par an en Recherche et
développement dans le domaine. Un taux de croissance de 23 % annuel est attendu pour le
marché de la fabrication additive appliquée à l’aérospatiale d’ici 20215.
moteur repensé grâce à la fabrication additive est aussi mieux conçu : il a perdu 45 kilos,
permet d’économiser de 20 % la consommation de carburant et sa maintenance est facilitée.
86
Un moteur ATP
L’INDUSTRIE SPATIALE
L’industrie spatiale s’est emparée de l’impression 3D parce qu’elle permet de partir en mis-
sion avec des machines pour produire sur place, directement au sein de la station, les pièces
et outils nécessaires à la maintenance et aux recherches scientifiques. Il est ainsi possible
de réduire le nombre d’accessoires et d’outils à transporter, ce qui facilite le voyage vers
l’espace. Cela permet également de ne plus être limité en taille et de produire directement
dans l’espace de grandes pièces.
Les premières imprimantes 3D ont été envoyées dans l’espace en 2014 par l’entreprise réfé-
rente du secteur, Made in Space. Depuis, les expérimentations continuent : impression 3D de
poussière de lune pour permettre la fabrication sur place, conception en design génératif de
nouveaux atterrisseurs aux formes organiques adaptées à des terrains tout juste découverts,
appel à projet pour la conception d’habitats sur Mars imprimés en 3D…
système permettra d’imprimer directement dans l’espace des poutres de 10 mètres de long
afin de déployer des panneaux solaires cinq fois plus puissants que ceux utilisés actuellement.
Archinaut One 87
Le studio de design Nervous System expérimente avec le design génératif des formes orga-
niques imprimées en 3D. Les bijoux générés sont uniques et imprimés à la demande.
Partie 1. Comprendre
Si les marques de sport comme Nike, Reebok ou New Balance investissaient en recherche
et développement depuis plusieurs années autour de l’amélioration de la performance des
semelles de sport, Adidas va plus loin avec le lancement sur le marché de la chaussure
FutureCraft 4D dont la semelle est produite avec le procédé CLIP.
La marque XYZ Bag propose une collection de sacs imprimés en 3D et complétés par une
lanière en cuir et un intérieur en tissu. Chaque sac est fabriqué à la demande en fonction des
envies de customisation du client.
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91
Les aides auditives sont imprimées ensemble, placées côte à côte sur le même plateau
d’impression, même si chaque exemplaire est unique. Les imprimantes du constructeur
EnvisionTEC, spécialiste de la photopolymérisation, produisent environ 60 % des aides audi-
tives fabriquées dans le monde.
Partie 1. Comprendre
EN DENTISTERIE
Le secteur dentaire est également l’un des grands utilisateurs de la fabrication additive avec
un écosystème de constructeurs d’imprimantes 3D et de matériaux dédiés à ces métiers. Les
procédés de photopolymérisation sont les plus couramment utilisés pour l’impression 3D
dentaire. En France, l’entreprise Prodways a développé le procédé MovingLight de photo-
polymérisation de résine par DLP et lancé une gamme de machines spécialement conçues
pour des applications dentaires. Les cabinets dentaires peuvent directement s’équiper d’une
imprimante ou faire appel à un laboratoire spécialisé.
Le secteur des aligneurs dentaires a connu une révolution avec l’arrivée de la fabrication
additive. Le géant du secteur depuis vingt ans est l’entreprise américaine Align Technology
qui a investi très tôt dans l’impression 3D pour la réalisation à la demande des aligneurs
Invisalign. L’entreprise produit chaque jour 320 000 gouttières par impression 3D directe.
Le produit nécessite un très haut niveau de personnalisation pour s’ajuster exactement à la
denture du patient. Les aligneurs sont imprimés par stéréolithographie à partir d’un matériau
plastique de qualité médicale fait de polyuréthane mêlé à de l’hexane-1,6-diol.
92
Puis le modèle imprimé en 3D est employé pour former un moule et y faire couler le métal
nécessaire pour la fabrication de la base de la couronne finale. Une seconde impression 3D
est effectuée pour créer la partie supérieure de la dent. Elle permet de former un moule qui
sera utilisé pour couler une céramique biocompatible qui fusionne par la chaleur avec la base
en métal. La couronne ainsi réalisée fait enfin l’objet d’une finition pour lui donner un rendu
réaliste.
93
L’impression 3D permet aussi de produire des guides chirurgicaux qui accompagnent le den-
tiste dans la pose d’implants complexes, ainsi que des modèles à taille réelle de la denture
du patient.
solidité de l’implant au corps. Les microcavités de la structure lattice permettent aux tissus
osseux de venir s’y intégrer en profondeur. Contrairement aux implants traditionnels qui
doivent être changés après une dizaine d’années, les implants imprimés en 3D des premiers
patients ne montrent pour l’instant pas de signe de faiblesse.
94
L’impression 3D pour la fabrication d’implants est en pleine croissance. Il est désormais pos-
sible de reconstituer des zones osseuses endommagées. Les essais cliniques sont menés
depuis une dizaine d’années et les premières opérations commencent à avoir lieu partout
dans le monde, permettant aux patients de retrouver leur mâchoire, clavicule, sternum, cage
thoracique, trachée ou même une partie de leur crâne.
Un jeune patient de 12 ans dont une vertèbre du cou avait été enlevée à la suite d’une tumeur
ne pouvait plus lever la tête. Une équipe de recherche de l’université de Pékin, spécialisée en
chirurgie de la colonne vertébrale, a développé un protocole utilisant l’impression 3D. Opéré
avec succès, il peut à nouveau lever la tête grâce à l’implant osseux imprimé. Habituellement,
Chapitre 4. L’impression 3D impacte tous les secteurs d’activité
les implants de vertèbres sont faits d’un tube en titane fixé par un mélange de ciment et des
vis. Après plusieurs années de recherche et développement, l’impression 3D métal a été
pour la première fois utilisée pour fabriquer une vertèbre en titane sur mesure. La structure
lattice permet là encore aux os de se reconstituer en épousant la forme imprimée en 3D.
95
Vertèbre imprimée en 3D
Aux Pays-Bas, une jeune femme de 22 ans était atteinte d’une pathologie rare : sa boîte crâ-
nienne avait épaissi, entraînant de fortes souffrances et une perte presque totale de la vision.
L’équipe de chirurgiens du centre hospitalier universitaire d’Utrecht, aux Pays-Bas, a rem-
placé la quasi-totalité de sa boite crânienne par une impression 3D réalisée sur mesure par
l’entreprise spécialisée Anatomics et fixée par des attaches en titane. Le matériau utilisé est
un PMMA transparent compatible avec les corps mais aussi avec les techniques d’imagerie
opératoire (de type CT scan et MRI) et conçu pour faciliter l’acte chirurgical.
Le plâtre est l’une des orthèses les plus imprimées en 3D. La technologie présente l’avantage
96
de produire facilement et à la demande des plâtres sur mesure. L’orthèse réalisée est ainsi
plus légère et intègre des ouvertures qui permettent au corps de respirer et de continuer à
rester actif, contrairement aux plâtres réalisés traditionnellement.
Plâtre imprimé en 3D
Plusieurs projets de prothèses de main sont nés dans la communauté de particuliers qui
ont vu dans l’impression 3D une solution accessible pour la fabrication d’appareillages sur
mesure. Le cas du rennais Nicolas Huchet en est un bon exemple. Ouvrier sur une chaîne de
Chapitre 4. L’impression 3D impacte tous les secteurs d’activité
Aux États-Unis, en 2018, un budget de 13,2 milliards de dollars (soit 12 milliards d’euros) dédié
à l’impression 3D pour les usages militaires a été annoncé au sein d’un budget militaire global
de 639,1 milliards de dollars (soit 582 milliards d’euros).
De grands types d’usage se dessinent. D’une part, l’utilisation de l’impression 3D pour produire
des pièces détachées à la demande et d’autre part, la fabrication d’armes et de munitions.
Le projet RAMBO (Rapid Additively Manufactured Ballistics Ordnance) mené par l’ARDEC,
centre de recherche américain pour l’armement, est la conception d’un lanceur de grenade
dont toutes les pièces sont imprimées en 3D, à l’exception des ressorts et des attaches. Le
procédé d’impression métal DMLS a été utilisé.
De son côté, la US Navy avance rapidement sur la conception de sous-marins imprimés en 3D.
Un démonstrateur de 9,1 m de long par 1,4 m de diamètre a été imprimé en fibre de carbone,
pour un sous-marin coûtant en fabrication 10 % du prix habituel et pour un temps de
fabrication réduit à deux semaines au lieu des 3 à 5 mois habituels. En France, l’Armée de
Terre a annoncé sa collaboration avec l’entreprise Hava3D pour s’équiper d’un parc de
50 imprimantes 3D destinées à expérimenter, produire et réparer le matériel des équipes
sur le terrain.
Les applications de l’impression 3D dans le secteur militaire sont très variées : pièces d’avion
de chasse, impression de pièces de réparation directement au sein des porte-avions, rations
alimentaires, missiles, prototypes de char d’assaut… L’intérêt de repenser les pièces pour la
fabrication additive est de réduire le poids, d’améliorer la résistance ou d’apporter de l’agilité
aux opérations, avec la capacité, à terme, de produire des éléments à la demande.
La designer française Laureline Galliot expérimente également avec l’impression 3D, dans
une approche hybride mêlant dessin industriel et peinture. Les objets du quotidien se trans-
forment en sculptures aux couleurs vives qui sortent des codes de l’esthétique industrielle.
La collection « Contour et masse » est une série de contenants (vases, théières) modélisés
à l’aide du logiciel d’animation ZBrush, puis imprimés en 3D grâce au procédé de projection 99
de liant.
Le designer industriel français Patrick Jouin utilise la fabrication additive depuis 2004. Il
a présenté en 2019 la chaise Tamu. Entièrement imprimable en 3D en 48 heures par frit-
tage laser de poudre de polyamide. La chaise est pliable comme un origami et pèse moins
de 2,8 kilos. Le designer a travaillé avec Dassault Systèmes à partir d’un logiciel de design
génératif qui a proposé des formes avec la contrainte de concevoir la chaise la plus légère
possible.
100
La faisabilité de construire une maison par impression 3D a désormais été prouvée par des
chantiers réussis partout dans le monde. En France, la première maison imprimée en 3D
est située à Nantes et s’appelle Yhnova. Elle a une superficie de 95 m2 et une famille de
cinq personnes y a emménagée. Elle a été construite en 54 heures en 2018 dans le cadre
du projet expérimental Batiprint3D à la suite des travaux de recherche du laboratoire LS2N
de l’Institut de recherche en génie civil et mécanique, l’Université de Nantes et Bouygues
Chapitre 4. L’impression 3D impacte tous les secteurs d’activité
Entreprises France-Europe. La pose du toit et des fenêtres a ensuite pris quatre mois. La
maison a coûté 200 000 euros, soit 20 % de moins qu’une maison équivalente faite avec les
méthodes traditionnelles.
Le procédé développé par l’équipe Batiprint3D imprime par extrusion de matière à partir
d’un bras robotique articulé. La tête d’impression dépose deux murs de mousse expansive
qui agissent comme un coffrage et une couche de béton entre les deux.
101
Issu de recherches menées notamment à l’IMT de Douai dans les Hauts-de-France, le projet
Lascala est paru fin 2018. L’équipe a développé un procédé d’impression grand format à par-
tir d’un bras robotisé à 6 axes qui extrude la matière sur plusieurs mètres. Les structures sont
réalisées en polymères compatibles avec les plastiques utilisés dans la plasturgie, permet-
tant de réduire les coûts de manière avantageuse. Des fibres, notamment la fibre optique,
peuvent être intégrées à la matière. Une forte valeur ajoutée du procédé tient dans l’orien-
tation contrôlée de la buse, qui peut ainsi déposer la matière à la verticale comme à l’hori-
zontale. Les applications sont principalement liées à la plasturgie industrielle grand format.
Les entreprises françaises XtreeE et Construction3D se sont toutes deux positionnées sur
l’impression de grandes structures 3D. Un défi important à relever pour ce secteur est lié à
Partie 1. Comprendre
la composition des ciments utilisés pour l’extrusion et leur préparation. Un ciment trop épais
ou contenant des cailloux ne pourra pas être imprimé parce qu’il aura des difficultés à passer
dans la buse. Un ciment trop coulant ne permettra pas de monter une structure. Le coût et
l’empreinte carbone de ces encres cimentaires sont pour l’instant moins avantageux que
les procédés de construction traditionnels. Les structures architecturales par impression 3D
sont cependant intéressantes pour ce qui est de la création de formes complexes, organiques
ou courbes. Elles permettent alors de raccourcir le délai du chantier et de réduire les frais.
Par exemple, la ville d’Agde a inauguré en 2018 le Recif’lab, un projet d’envergure internatio-
nale destiné à régénérer les fonds marins sur les côtes du Cap d’Agde. Un réseau de balises
faites classiquement de béton, de pneus et de chaînes jalonnait jusqu’ici son littoral. Le pro-
jet Recif’lab a repensé entièrement ces balises pour en faire de véritables habitats marins,
capables d’aider les écosystèmes locaux à se regénérer. 32 récifs artificiels ont ainsi été créés
par une équipe pluridisciplinaire composée, entre autres, de l’entreprise XtreeE, du groupe
Vicat, spécialiste du béton, et de la start-up montpelliéraine Seaboost, spécialiste de la
conception de structures sous-marines artificielles. Les structures sont désormais installées
sous l’eau, accueillant la vie aquatique locale.
102
De son côté, l’entreprise italienne WASP, spécialisée dans l’impression grand format, expéri-
mente avec des matériaux biosourcés et locaux. La maison Gaia a été imprimée en 2018, en
100 heures, en matériau terre-paille sourcé localement : 25 % de terre extraite du site (30 %
d’argile, 40 % de limon et 30 % de sable), 40 % de paille de riz, 25 % de balle de riz, et 10 %
de chaux hydraulique. Elle a une superficie de 20 m2.
Chapitre 4. L’impression 3D impacte tous les secteurs d’activité
Structure Conifera par Arthur Mamou-Mani, présentée à la Milan Design Week 2019
Partie 1. Comprendre
CRÉER
Cette seconde partie explore chaque étape du processus
d’impression 3D : phase de modélisation, phase d’impression,
choix des matériaux et phase de post-traitement. À chaque étape,
le passage à l’impression 3D implique de penser la conception et
la fabrication de la pièce spécialement pour la fabrication additive.
Une simple reproduction des habitudes héritées des méthodes de
production traditionnelles ne permet pas de saisir les opportunités
de l’impression 3D. Il faut se plonger dans ses particularités, ce que
nous allons explorer ici.
Chapitre5
La phase
de modélisation
108
Modélisation 3D
3. Étape 3. Préparation du fichier .stl dans le logiciel de découpe, aussi appelé « slicer » :
positionnement sur le plateau, ajout de matériel de support et tranchage du modèle.
Ces étapes sont indispensables, quelle que soit la technique d’impression 3D utilisée. Il ne
pourra pas y avoir d’impression 3D sans fichier de modélisation numérique de la pièce que
l’on souhaite imprimer. Pour obtenir ce précieux fichier 3D, il existe différents outils.
Chapitre 5. La phase de modélisation
Le fichier contient les informations décrivant la géométrie de chacune des arêtes, faces et
surfaces de l’objet.
Les logiciels SolidWorks et Catia font partie des modeleurs volumiques les plus connus.
Dans l’approche surfacique, le modèle par défaut est un ensemble de surfaces qui ne
contient pas d’intérieur solide. Cette caractéristique est une source d’erreur potentielle
pour l’impression 3D. C’est seulement une fois que les surfaces sont toutes reliées entre
elles de façon étanche que l’objet peut être imprimé.
Chapitre 5. La phase de modélisation
Les éditeurs de logiciel ont eu tendance ces dernières années à intégrer plusieurs approches
de modélisation au sein de leurs logiciels phares. SolidWorks et Rhino proposent donc
également le surfacique. AutoCAD, Inventor, PTC Creo et Onshape sont cependant les
références dans le domaine. 111
ET POUR DÉBUTER ?
Le logiciel Tinkercad est une référence pour débuter dans la modélisation 3D.
Chapitre 5. La phase de modélisation
Côté grand public, les logiciels de modélisation accessibles sont légion. Les deux références
pour débuter sont SketchUp, spécialisé à l’origine dans les projets d’architecture, et Tinkercad,
qui permet d’assembler facilement des formes pré-crées. On peut également citer le logiciel
français gratuit et grand public 3D Slash qui fonctionne comme le jeu Minecraft : on vient
ajouter ou casser des pixels pour façonner son modèle 3D.
LES SCANNERS 3D
Une autre façon d’obtenir le fichier 3D d’un objet pour pouvoir l’imprimer consiste à recourir
à la rétro-ingénierie. Les scanners 3D sont alors utilisés afin de générer un modèle 3D à partir
du scan d’un objet existant. Cette technique permet de prendre des millions de points de
mesure de la surface d’une pièce afin de construire son modèle géométrique numérique.
Une variante de scanner avec contact est le bras de palpage. Les systèmes de palpage
peuvent être manuels ou automatiques. Un capteur est positionné au bout d’un bras mobile
que l’on déplace pour venir poser le capteur à différents points de l’objet afin de mesurer ses
coordonnées. Ce type de scanner est lent et plutôt adapté à la mesure d’éléments plans ou
cylindriques.
114
Scan d’une poterie par triangulation laser à l’aide du scanner Matter and Form 3D V2
Le modèle portable Eva du constructeur luxembourgeois Artec est une référence dans le
domaine, ainsi que le modèle Go!Scan du canadien Creaform. Il faut compter entre 17 000
et 27 000 € selon le modèle. La marque chinoise EinScan propose le modèle portable 115
Shining 3D, qui est plus abordable (autour de 7 000 €).
Les scanners tomographiques sont plus grands et coûteux que les scanners laser. Ils sont
tout particulièrement utilisés dans le secteur médical, ainsi que pour l’analyse interne d’une
pièce et pour des tests qualité.
LA PHOTOGRAMMÉTRIE
La photogrammétrie consiste à prendre une série de photographies de l’objet sous différents
angles pour en déduire sa forme. C’est une technique couramment utilisée pour scanner une
personne dans son ensemble afin de réaliser sa figurine 3D.
Partie 2. Créer
Il faut compter entre 10 000 et 20 000 € pour une cabine 3D. Les marques les plus réputées
du secteur sont Twinstant Mobile (modèle Twindom), Telmat Industrie (SYMCAD III), Size
Stream (modèle SS20 3D Body Scanner) ou Fit3D (modèle Proscanner).
Pour bien choisir son scanner 3D, il faut prendre en compte, en plus du prix, un certain
nombre de critères : le genre d’objet à scanner (taille, distance, niveau de fragilité et de détail),
le type de technologie, la résolution et la précision souhaitées, l’analyse de la texture et de
la couleur, le type d’installation, les mises à jour logicielles régulières ainsi que la garantie.
Un dentiste ou un joailler aura besoin d’un scanner capable de sonder de très petits objets
fragiles. Les scanners de bureaux sont généralement bien adaptés et permettent une
meilleure précision puisqu’ils sont fixes.
Le type de manipulation peut aussi avoir une influence majeure sur la qualité finale du scan
et le type d’objets compatibles avec le système. Soit le scanner 3D se déplace autour de la
pièce, soit le scanner 3D est fixe et c’est l’objet qui pivote. Dans ce second cas, le niveau de
résolution et de précision sera généralement meilleur mais certains détails difficiles d’accès
ne seront pas forcément vus par le scanner.
On peut notamment citer les applications gratuites suivantes : 3D Creator, Capture, Qlone,
Scandy Pro ou Scann3D. Certaines applications nécessitent l’achat d’un capteur externe qui
se connecte au smartphone et coûte environ 350 €. Les trois applications avec capteurs les 117
plus populaires sont : 3DSizeME, Canvas et itSeez3D. Le logiciel 3DF Zephyr est un logiciel
de scan 3D gratuit qui transforme n’importe quel smartphone équipé d’une caméra haute
définition en outil de scan 3D.
Par ailleurs, trois moteurs de recherche spécialisés dans l’impression 3D agrègent les résultats
provenant de la plupart des plates-formes de partage de fichiers. Ils sont pratiques pour
centraliser les recherches. Il s’agit de STL Finder, Yeggi et Zimple qui répertorient chacun
environ 2 millions de pièces à télécharger.
118
Les acteurs qui se positionnent sur ce secteur sont encore peu nombreux. Les usages sont
principalement liés à l’architecture, au design d’espace et industriel. En France, la start-up
Meshroom VR se place comme un acteur fort de la visualisation 3D dans l’industrie.
Chapitre 5. La phase de modélisation
Il présente l’avantage d’être pratique, léger et compatible avec toutes les imprimantes 3D.
Ce système d’encodage complexe crée des fichiers plus lourds mais présente l’avantage de
générer des objets aux surfaces lisses, quelle que soit l’échelle choisie.
Le format OBJ intègre également des informations sur la texture et la couleur de l’objet.
En effet, le fichier OBJ est accompagné d’un fichier PNG contenant les caractéristiques
de texture, et d’un fichier MTL (Material Library) comportant les informations relatives aux
matériaux et couleurs utilisés. Les imprimantes 3D couleurs et haute précision nécessitent
donc de passer par le format OBJ.
ÉTANCHÉITÉ DE LA PIÈCE
Le modèle 3D doit être entièrement fermé, sans comporter d’arête solitaire. Le logiciel
Netfabb est un bon outil à connaître pour nettoyer son fichier d’éventuels trous et sommets
solitaires. Il est la référence dans le domaine de la réparation de fichiers STL.
ÉPAISSEUR MINIMALE
Les murs doivent avoir une épaisseur
minimale à connaître selon le procédé
d’impression utilisé. Les murs
attachés par au moins deux côtés
peuvent être plus fins dans certains
cas. En extrusion de matière, par
exemple, il est recommandé que les
murs aient une épaisseur d’au moins
quatre fois l’épaisseur de couche (qui
dépend quant à elle du diamètre de
En extrusion de matière, l’épaisseur des murs recommandée
est de 0,8 mm pour la plupart des matériaux.
Chapitre 5. La phase de modélisation
121
Modélisation d’une pièce sans support d’impression où les parties rouges représentent les zones sujettes aux porte-à-faux
Le porte-à-faux, aussi appelé surplomb, est la partie de la pièce qui est au-dessus du vide.
Dès la phase de modélisation, il est important d’éviter autant que possible ces porte-à-
faux qui auront des incidences sur l’utilisation des matériaux de support. L’angle maximal
possible du surplomb varie d’une technique d’impression à une autre mais la limite se trouve
souvent à 45°. En stéréolitographie, l’angle maximum sans support est de 19°. Les procédés
de photopolymérisation et la projection de matière nécessitent presque toujours l’utilisation
d’un matériau de support pour soutenir ces porte-à-faux.
Partie 2. Créer
Modélisation d’une pièce avec support d’impression pour éviter les porte-à-faux
Les détails gravés ou embossés doivent respecter une taille minimum, en largeur comme en
hauteur. Là encore, les recommandations varient en fonction de la technique d’impression
et du matériau utilisés.
PONTS IMPOSSIBLES
Selon la technique d’impression choisie, les ponts ne seront pas toujours possibles. L’extrusion
de matière et l’impression métal permettent d’obtenir des résultats satisfaisants sans support
sur ce type de design. 123
Ponts imprimés en FDM sur une machine Ultimaker, à une vitesse ralentie pour un meilleur résultat
Partie 2. Créer
124
Diamètres de trous sur des pièces imprimées par DMLS
125
Gros plan d’une vis et son écrou, imprimés en polyamide PA12 par frittage laser de poudre
Les pièces qui doivent s’encastrer les unes dans les autres ou bouger les unes par rapport aux
autres – comme des systèmes clippés ou de la visserie – doivent inclure quelques millimètres
de jeu.
126
De la résine s’échappe d’une pièce photopolymérisée.
Il faut penser à laisser s’échapper la matière non utilisée de la pièce pendant l’impression
à base de poudre ou de résine liquide. C’est un oubli de modélisation courant lorsqu’on
débute.
Ces indications sont générales, il est recommandé de connaître les spécifications propres à
la machine qui sera utilisée. Les constructeurs et prestataires d’impression fournissent ces
informations, qui varient en fonction du modèle de machine et du type de matériau choisi.
Chapitre 5. La phase de modélisation
L’OPTIMISATION TOPOLOGIQUE
Les logiciels d’optimisation topologique, c’est-à-dire d’optimisation de la forme de la pièce en
fonction de contraintes choisies, sont un complément souvent indispensable à la modélisation
CAO. Ils permettent de démultiplier l’intérêt de la fabrication additive, qui réside dans la
possibilité de concevoir des pièces complexes aux propriétés améliorées.
Depuis 2017 et la publication d’un article de chercheurs danois dans la revue Nature proposant
une méthode permettant l’analyse d’objets de grande taille, les possibilités d’optimisation ont
grandement augmenté, pour aller jusqu’à des modèles 3D à 1 milliard de voxels. L’exemple
Partie 2. Créer
pris a été l’optimisation d’une aile de Boeing 777 qui a permis de l’alléger de 5 % tout en
renforçant l’intérieur par des nervures diagonales plutôt qu’en grille. Cette optimisation
a permis une économie de 200 tonnes de kérosène par an. Il a fallu cinq jours de calcul
par un superordinateur pour aboutir au résultat et la pièce proposée, au design intriqué et
complexe, ne peut pour le moment être fabriquée que par impression 3D.
128
Les logiciels d’optimisation topologique les plus connus sont : DesignSpace de l’éditeur Ansys,
Tosca de Dassault Systèmes, Within Labs d’Autodesk ou encore Inspire de SolidThinking.
LE DESIGN GÉNÉRATIF
Les outils numériques de création industrielle associés aux technologies de fabrication
numérique transforment la façon de penser la conception de pièces. Contrairement à
l’optimisation topologique qui part d’une pièce existante pour l’optimiser, le design génératif
est une méthode qui génère entièrement des propositions de pièces.
Chapitre 5. La phase de modélisation
À partir d’un cahier des charges fonctionnel, le designer définit les données clés qui
composeront l’objet. Le logiciel génère alors un grand nombre de variations de formes en 129
fonction des critères indiqués. Cette méthode permet de générer des pistes créatives
complexes qui n’auraient pas pu être pensées par un designer seul. Elle aide aussi à repenser
ou consolider un assemblage des pièces existantes pour en améliorer les caractéristiques
techniques. Le design génératif nous invite à oublier l’idée qu’il existe un seul design idéal
pour l’objet. Plusieurs solutions proposées peuvent répondre aux attentes.
Cette technologie est une approche d’intelligence artificielle et les avancées des outils
génératifs persévèrent dans ce sens. Le logiciel apprend au fur et à mesure de la génération
de formes et peut proposer des figures de plus en plus abouties et en phase avec les attentes
de l’utilisateur. Les créations génératives proposées peuvent être partagées dans le cloud et
augmenter l’intelligence collective.
LA CONSOLIDATION DE PIÈCES
La fabrication additive implique d’adopter une
posture qui questionne la fonctionnalité de la
pièce dans son écosystème complet. Plutôt que
d’envisager la simple amélioration d’un élément
existant, l’impression 3D permet de repenser
des assemblages complets.
130 La consolidation de pièces consiste à réunir un
assemblage de plusieurs éléments en un seul et
même objet. Le résultat obtenu est généralement
une pièce à la forme complexe qui n’aurait pas
pu être fabriquée avec les méthodes d’usinage
industriel traditionnelles. La fabrication additive,
parce qu’elle a la capacité de produire des
pièces aux designs intriqués, permet d’imaginer
une nouvelle génération d’objets.
Dans bien des cas, un enjeu majeur consistera à identifier ces pièces et ces assemblages
qui pourraient bénéficier d’une nouvelle conception pour la fabrication additive. Les
opportunités sont réelles.
Plus globalement, le slicer permet d’effectuer l’ensemble des réglages liés à l’impression 3D
comme la température de la buse et du plateau, les réglages du ventilateur ou encore la
vitesse de la tête d’impression. C’est une véritable tour de contrôle pour préparer votre
opération. La qualité du logiciel et de vos réglages a une importance majeure sur la qualité
des résultats d’impression obtenus.
Dix logiciels s’adressent eux aussi bien aux profils débutants qu’intermédiaires : Cura,
PrusaSlicer, MatterControl, Simplify3D, ideaMaker, AstroPrint, CraftWare, 3DPrinterOS,
SelfCAD et KISSlicer. La plupart sont gratuits.
Enfin, six logiciels de découpe sont à destination des utilisateurs intermédiaires à confirmés :
IceSL, SliceCrafter, Slic3r, Netfabb, OctoPrint et Repetier.
Une fois le fichier de modélisation 3D créé, enregistré et importé dans le logiciel de découpe
vient la phase d’impression. C’est l’objet du prochain chapitre.
132
Chapitre6
La phase
d’impression
Mais tout d’abord, nous allons présenter trois grandes règles communes
à toutes les techniques de fabrication additive.
Partie 2. Créer
134
Pour un prototype rapide, on choisira donc une plus grande épaisseur de couche, alors
qu’une épaisseur plus fine s’adaptera mieux à une pièce esthétique ou fonctionnelle (pièces
qui s’emboîtent, par exemple). Par défaut, chaque procédé d’impression a une épaisseur de
couche moyenne recommandée.
E xtrusion de matière 50
P hotopolymérisation 25
F rittage laser 100
P rojection de matière 16 à 32
L iage de poudre 90
I mpression métal DMLS 50
Chapitre 6. La phase d’impression
135
L’orientation de la pièce sur le plateau d’impression joue un rôle déterminant dans le posi-
tionnement du support. Il est généralement placé à la base de la pièce, permettant ainsi à
la face supérieure, dénuée de support, d’avoir un état de surface lisse et plus qualitatif. Le
chapitre 7 apportera des informations supplémentaires sur les matériaux de support.
136
Le frittage laser entraîne quant à lui des problèmes de rétraction pouvant même, dans les cas
extrêmes, causer des fissures de la pièce ou des dommages internes. La photopolymérisation
et la projection de matière peuvent également aboutir à des rétractions, cette fois d’une
couche à une autre plutôt qu’à la base de l’objet. La solidification de la résine curée provoque
un rétrécissement de la matière.
Pour limiter ces complications, il est important de penser au refroidissement de la pièce dès
la phase de modélisation. Par exemple, des murs fins refroidiront beaucoup plus vite. S’ils
sont connectés à des murs épais, un phénomène de rétraction aura lieu. Maintenir une même
épaisseur de mur sur l’ensemble de l’élément permet ainsi de réduire le problème.
Chapitre 6. La phase d’impression
Pour bien préparer l’impression 3D, deux types de réglages sont indispensables : paramétrer
le logiciel de découpe et la machine elle-même. Voyons tout d’abord les points à connaître
pour bien préparer une pièce dans le logiciel.
Anisotropie et isotropie
L’anisotropie et l’isotropie sont des concepts importants à connaître en impression 3D. L’anisotropie décrit le
fait que la matière imprimée n’a pas les mêmes caractéristiques mécaniques sur l’axe horizontal x que sur
l’axe vertical y. La pièce peut ainsi être moins résistante à la verticale qu’à l’horizontale. L’isotropie est le
phénomène inverse, c’est-à-dire que la matière a les mêmes propriétés sur tous les axes.
Certains procédés d’impression 3D sont de type anisotropes (le dépôt de fil par exemple) alors que d’autres
sont isotropes (comme la stéréolithographie).
Partie 2. Créer
L’orientation verticale ou horizontale de la pièce ne lui donnera pas les mêmes caractéristiques
mécaniques. La liaison intercouches est fragile et l’axe vertical Z est ainsi jusqu’à 10 à 20 %
plus fragile que l’axe horizontal XY, selon la pièce imprimée, le matériau et les conditions
d’impression !
Il faut donc penser l’orientation de l’objet compte tenu de ce phénomène, mais aussi ajus-
ter les paramètres d’impression en jouant sur l’épaisseur de couche, le taux et le type de
remplissage, la vitesse d’impression, la température et l’environnement de travail. Pour une
meilleure solidité de la pièce, il faudra privilégier l’axe horizontal XY.
138
De nombreuses stratégies sont mises en place par les acteurs industriels et les laboratoires
de recherche pour limiter ce problème d’anisotropie : micro-radiation des filaments recou-
verts de nanotubes de carbone pour une meilleure adhésion de chaque couche, radiation
d’ions post-impression, alternance d’une projection de matériaux liants entre les couches
(procédé Rize) ou encore infiltration de résine époxy.
Chapitre 6. La phase d’impression
Taux de remplissage
Le gauchissement est plus souvent visible dans les impressions en filaments ABS, PET-C/PET
et PC (polycarbonate), moins pour le PLA et quasi inexistant sur les filaments flexibles. Au fur
et à mesure de l’impression, les coins de la pièce, puis parfois la pièce entière, se décolle du
plateau d’impression, causant des erreurs, voire l’échec complet de l’impression.
Partie 2. Créer
Pour bien ancrer la pièce, une bonne solution consiste à générer une collerette, aussi appelée
brim, dans le logiciel de découpe. Elle est imprimée en premier sur la surface du plateau et
permet d’entourer la pièce d’un anneau solidement ancré. La largeur et l’épaisseur de la
collerette peuvent être ajustées dans le logiciel.
140
Jupe (skirt), radeau (raft) et collerette (brim) : trois types de socles pour bien
maintenir la pièce pendant l’impression
Chapitre 6. La phase d’impression
Une méthode souvent utilisée pour l’impression de bureau est d’utiliser un adjuvant pour
rendre le plateau d’impression plus adhérent. Quatre principaux types d’adhésifs existent :
la colle en bâton, le ruban bleu, le spray adhésif verre et le film d’adhérence type PEI (les
marques de référence sont LokBuild et Buildtak). Pour les filaments PP (polypropylène), un
cinquième type d’adhésif consiste à équiper son plateau d’une plaque ou d’un ruban, lui aussi
en PP. De nombreux utilisateurs d’imprimantes 3D à la maison utilisent également de la laque
pour cheveux.
Le plateau d’impression doit être de préférence en verre plutôt qu’en aluminium. En effet, le
verre ne se déforme pas, accepte les lames coupantes et peut au besoin se remplacer sans
surcoût majeur. La plaque de verre peut se positionner au-dessus du plateau de la machine,
et se fixer à l’aide de pinces. La start-up française Zimple 3D propose le plateau Ziflex, un
plateau flexible et magnétique revêtu d’une matière adhérente, qui permet de se passer de
pinces de fixation et de décoller ses impressions sans spatules.
141
Une imprimante avec une enceinte fermée permet aussi de maintenir une température
constante et de prévenir le gauchissement.
Un effet de vague (ripple) peut survenir sur la surface extérieure des murs. L’épaisseur des
couches associée aux vibrations mécaniques de la machine en sont en général les causes. Il
faut limiter autant que possible les vibrations en installant la machine sur un tapis isolant et
la calibrer avec précision.
142
143
Nettoyage du matériau de support soluble
• Support en accordéon : il est le plus couramment utilisé mais il nécessite plus de filament
et peut affecter l’état de surface final de l’objet.
• Support en arbre : il offre moins de stabilité mais il permet un rendu final plus lisse car il
touche moins de surface.
144
Support en arbre
Nous reviendrons sur les différents types de matériaux de support et les bons gestes de
finition à adopter dans les prochains chapitres.
S’il faut faire attention aux réglages du fichier d’impression, il convient aussi de bien cali-
brer l’imprimante. Le niveau de fiabilité des machines grand public est incomparable avec
les premiers modèles expérimentaux. Même s’il est aujourd’hui fréquent de pouvoir impri-
mer dès réception de sa machine, certains préréglages et calibrages sont recommandés et
nécessaires.
PARAMÉTRAGE DE L’IMPRIMANTE 3D
Environnement de travail
Certaines imprimantes 3D sont aujourd’hui très compactes et faciles à déplacer. Il est mal-
gré tout préférable de choisir avec précaution l’emplacement de sa machine et d’éviter de
la changer de place fréquemment. L’environnement d’impression idéal est un espace sans
Chapitre 6. La phase d’impression
poussière et à température constante. Par exemple, évitez d’installer votre machine à côté
de votre établi de menuiserie ou sur un bureau sujet aux courants d’air.
Le bureau doit être stable et sans vibrations, à hauteur suffisante pour voir l’impression en
cours et faire les manipulations courantes : changement de filament, décollage de la pièce du
plateau ou encore nettoyage de la buse. Selon les modèles, il faut anticiper l’accès à la bobine
de filament, qui se fait parfois par l’arrière de la machine.
Par ailleurs, votre station de travail doit permettre d’avoir à portée de main les outils couram-
ment utilisés (voir encadré suivant). Les différentes bobines de filament peuvent également
être mises à disposition, ainsi qu’un bac de recyclage pour les échecs et résidus d’impression
qui pourront alimenter votre possible extrudeur. Enfin, un lecteur de carte SD peut être
nécessaire en complément, auquel s’ajoute bien sûr l’ordinateur, véritable tour de contrôle
de l’impression. Un espace de travail de 4 m2 est généralement idéal.
Une fois le plateau à niveau, il faudra ensuite ajuster la hauteur de la tête d’impression. Là
encore, certains signaux sont révélateurs d’un besoin de calibrage. Ainsi, la tête d’impression
sera trop proche de la surface dans les cas suivants :
• la première couche est à peine visible ou très fine ;
• la tête entraîne avec elle le filament déjà déposé ;
• le filament a tendance à s’entortiller sur la buse ;
• aucun filament ne sort de la tête.
Inversement, elle sera trop éloignée de la surface si le filament n’adhère pas à celle-ci ou s’il
sort de la tête tel un spaghetti. Une feuille de papier est un bon outil simple pour ajuster la
hauteur : il suffira de la glisser entre la tête et le plateau pour faire les réglages.
Chapitre 6. La phase d’impression
Une partie importante du succès d’une impression tient à l’attention portée aux détails et
aux tests réalisés.
Communautés d’utilisateurs
Pour obtenir les meilleures impressions possibles, il faut connaître les particularités de son imprimante 3D.
Il est donc recommandé de rejoindre la communauté d’utilisateurs de son modèle d’imprimante, car ceux-ci
partagent généralement de nombreux conseils sur YouTube, les blogs et les groupes sur les réseaux sociaux.
Le montage de la machine et son bon entretien sont des éléments centraux pour réussir ses impressions dans
la durée.
ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL
Le lieu d’installation de la machine doit être pensé en tenant compte des contraintes de
lumière et de ventilation. Le principe de la photopolymérisation est de solidifier une résine 147
liquide au contact de la lumière. Les machines se présentent donc toujours en enceintes
fermées aux vitres teintées qui laissent peu passer la lumière. Un espace très lumineux peut
cependant créer des aléas sur le matériel. Les bacs de résine et les cartouches doivent être
rangés dans un endroit sec et à l’abri de la lumière directe du soleil. Contrairement à l’impres-
sion 3D par extrusion de matière, les imprimantes SLA ne sont pas particulièrement sensibles
aux différences de température autour d’elles.
La machine doit être positionnée sur une table de travail stable et à niveau, et ne doit pas
être déplacée ensuite. En effet, les éléments qui composent la machine, comme le bac de
résine liquide ou les miroirs et lasers, sont fragiles et peuvent facilement être endommagés.
En cas de déplacement, il faut manipuler la machine avec une grande précaution, ne pas la
basculer sur le côté ni la retourner.
La rétraction influence le niveau de précision obtenu pour la pièce finale. Un effet de gau-
chissement peut avoir lieu pendant l’impression et une rétraction supplémentaire se produit
148
pendant le post-traitement. Le pourcentage de rétraction dépend de la résine utilisée. Il faut
compter généralement une rétraction de 0,2 à 1,2 % pendant l’impression et de 0,01 à 0,24 %
pendant le post-traitement.
L’épaisseur de couche joue un rôle clé sur le niveau de résolution des parois verticales. Sur
l’axe horizontal, la qualité d’impression est déterminée par l’uniformité du balayage de la
couche de résine à polymériser.
149
Selon le modèle de machine, l’impression se fait par le bas ou par le haut. Pour les impressions
par le haut, les contraintes d’orientation de la pièce sont peu nombreuses. Un positionnement
à plat peut être envisagé car moins coûteux en matière et plus rapide à imprimer.
Pour les impressions par le bas, l’orientation est en revanche plus complexe parce que le
balayage de la résine peut entraîner un dépôt de matière à la base de la pièce et donc des
zones de solidification non souhaitées. Aucune couche des bases de l’élément ne doit toucher
directement le plateau. L’objet doit être orienté pour que l’axe le plus long soit parallèle à la
face avant de la machine et les parties creuses tournent le dos au bas de résine. L’orientation
doit également prendre en compte le balayage des couches et privilégier le soutien naturel
impliqué par la forme de la pièce. L’élément est ainsi généralement orienté en longueur sur
l’axe XY, relevé de 60° sur l’axe XY et incliné de 30° sur l’axe Z. Une pièce positionnée à
l’horizontal, sans inclinaison, se cassera pendant l’impression.
Partie 2. Créer
150
En photopolymérisation, le matériau utilisé pour le support est le même que pour l’impression.
Il est donc difficile à retirer et peut laisser des marques. Une technique consiste à réduire le
diamètre du point d’attache du support à la pièce pour faciliter son retrait.
L’épaisseur minimale des motifs internes doit être de 0,5 mm pour éviter les problèmes de
rétraction et limiter les risques de cassure. Les angles et courbes qui composent le motif
interne doivent être pensés de manière à ne pas modifier la forme finale de l’objet.
Il arrive en effet que des résidus solidifiés de résine se déposent dans le bac ou que des
particules fines étrangères soient présentes par accident. La couche déposée peut alors
présenter des irrégularités. De la poussière présente dans le bac de résine ou sur la lentille
optique aura une forte incidence sur les problèmes d’impression. La résine doit également
être exempte de bulles d’air pour que toutes les zones soient correctement imprimées.
ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL
L’espace de travail nécessaire au procédé SLS comprend bien entendu l’imprimante, dont la
taille est souvent volumineuse, mais également un ensemble d’équipements indispensables
au mélange et à la préparation de la poudre ainsi qu’au post-traitement. La poudre est d’abord
versée dans une station de conditionnement, puis transférée dans une station de mélange.
Les chaînes de travail industrielles sont équipées d’un système de ventilation et le local
d’impression est doté d’un système de refroidissement, d’autant plus important quand de
nombreuses imprimantes fonctionnent simultanément.
Fonctionnement de l’imprimante SLS P 770 d’EOS
Partie 2. Créer
152
Chapitre 6. La phase d’impression
En frittage laser, il n’est pas nécessaire d’utiliser un matériau de support parce que le bac de
poudre sert de maintien à la pièce pendant le processus d’impression. La possibilité d’empi-
ler les pièces les unes sur les autres et d’optimiser ainsi tout le volume du bac d’impression
est l’un des atouts majeurs des procédés de fusion sur lit de poudre. On parle alors de bin
packing.
153
Exemple d’optimisation du nombre de pièces imprimées par SLS au cours d’une seule impression
Partie 2. Créer
Il faut cependant protéger les pièces fragiles et de petite taille en les entourant d’une boîte
qui agit comme une cage de protection autour de l’objet. Cette méthode est appelée nesting.
Cette boîte de protection est réalisée par frittage laser comme toutes les autres pièces sur
le plateau. Elle permet de récupérer facilement l’élément produit une fois l’impression termi-
née. Elle sera cassée pendant la phase de post-traitement.
Par ailleurs, il est possible de fabriquer des pièces mobiles en une seule impression. Il faut
alors anticiper le passage des poudres et s’assurer que la modélisation comprend un espace
suffisant entre les éléments pour éviter de les solidifier les uns aux autres. Compter entre
0,3 mm et 0,5 mm entre les surfaces mobiles, ou plus si cela est possible, pour éviter tout
problème potentiel de fusion de poudre accidentel.
En effet, les polymères qui composent le matériau poudreux utilisé en frittage sont sensibles
154 aux variations de température, c’est-à-dire que la masse moléculaire du polymère peut chan-
ger en fonction des cycles de chauffe et solidification subis, ce qui transforme légèrement le
matériau et donne un aspect différent aux poudres déjà utilisées par rapport aux poudres
neuves. Le mélange de poudres recyclées et neuves doit donc être contrôlé avec attention
pour assurer une bonne homogénéité du bac.
Les pièces peuvent être empilées les unes sur les autres dans le bac d’impression mais les
pièces fragiles et de petites tailles risquent d’être endommagées pendant les manipulations
nécessaires en fin d’impression.
Cependant, les pièces aux propriétés mécaniques nécessitent d’être très peu poreuses.
Une façon d’obtenir une faible porosité d’impression est d’avoir une poudre très volatile et
densément compactée. La taille des grains joue aussi un rôle dans la réduction de la porosité.
Pour un même matériau, une pièce réalisée par frittage laser sera toujours moins qualitative
qu’une pièce réalisée en moulage par injection. Les pièces imprimées par frittage laser sont
plus poreuses et ont des angles moins nets (environ 0,4 mm de radius).
RÉTRACTION
Les effets de rétraction sont importants en frittage laser et surviennent en phase de refroi-
dissement. Pour contrer ces effets et obtenir une rétraction homogène, les constructeurs
équipent leurs machines de lampes infrarouges et d’un système de chauffage interne qui
Partie 2. Créer
Les erreurs d’impression sont le plus souvent dues à une tête d’impression bouchée. Les
systèmes industriels de projection de matière sont peu sujets à complication, ils sont bien
calibrés et les couches sont déposées de façon uniforme.
Chapitre 6. La phase d’impression
157
Impression en cours
IMPRESSION MULTICOLORE
La projection de matière permet de réaliser des pièces multicolores. Trois formats de fichiers
sont compatibles avec le procédé : STL, OBJ et VRML (Virtual Reality Modeling Language).
Si l’objet comporte des textures et des couleurs opaques, les formats OBJ et VRML sont
Partie 2. Créer
158
Prototypes multicolores et multimatériaux de poignées d’embrayage de vitesse, réalisés avec la technologie Polyjet
Lorsque plusieurs matériaux sont combinés au sein d’une même impression, il est important
de prendre en compte les différences d’épaisseur de couche et le parcours des têtes d’im-
pression pour éviter toute complication.
IMPRESSION MULTIMATIÈRES
La force du procédé de projection de matière est sa capacité à combiner plusieurs matériaux
au sein d’une même impression. Pour cela, chaque partie de l’objet imprimé dans un maté-
riau différent doit être modélisée et enregistrée séparément. Les différents fichiers STL sont
ensuite importés en tant qu’assemblage dans le logiciel de découpe. Ils doivent parfaitement
s’encastrer les uns dans les autres. Les matériaux utilisés doivent être listés et affectés aux
différentes pièces qui composent l’objet.
Chapitre 6. La phase d’impression
Le procédé est bien adapté à la fabrication de pièces volumineuses. Les machines grand-for-
mat ne nécessitent pas d’équipement supplémentaire de contrôle de l’air, de mise en sécu-
rité de laser ou de vérification de température. Il est ainsi possible d’imprimer des moules en
sable de plusieurs mètres de long.
Comme pour le procédé SLS, la présence de matériau de support n’est pas exigée car le lit
de poudre agit comme un maintien naturel pour l’élément. Selon le matériau d’impression uti- 159
lisé, il faut malgré tout prendre en considération le poids et la densité de la pièce imprimée
qui peut déplacer accidentellement le lit de poudre et créer des décalages. C’est notamment
le cas pour l’impression métal. La poudre doit être compactée de façon dense et uniforme
pour limiter le problème.
Même si les surplombs sont possibles, leur longueur est limitée, en raison de la fragilité de la
pièce avant frittage et des risques de gauchissement pendant la phase de post-traitement.
L’orientation de la pièce est plus libre qu’avec d’autres procédés. Certains placements, à
étudier au cas par cas, permettent de limiter le temps d’impression.
Les pièces réalisées par projection de liant sont plus fragiles et cassantes que celles réalisées
avec d’autres procédés. Leurs caractéristiques mécaniques peuvent donc être limitées mais
elles permettent tout de même de très bons niveaux de détails internes. Les pores de la
pièce peuvent présenter des déformations mais la finesse de la poudre utilisée et une den-
sité d’impression plus importante facilitent leur réduction. La tête d’impression ne doit pas
être bouchée, au risque d’entraîner des irrégularités.
PIÈCE CRUE
160
La pièce crue (green state) est l’état de solidité dans lequel se trouvent les pièces à l’issue de
l’étape d’impression et avant leur frittage. Fragiles, elles se composent seulement de poudre
liée par une colle. Pour une impression réussie, l’objet doit être conçu pour être suffisamment
résistant à l’état de pièce crue et supporter le passage à l’étape de frittage.
Selon le design de la pièce, il est donc parfois recommandé d’ajouter des zones de sup-
port pour renforcer les zones fragiles. Ces supports seront retirés à la fin de l’impression.
Chapitre 6. La phase d’impression
Comme en SLS, il faut prévoir des trous qui permettront à la poudre de s’échapper des
cavités fermées.
Les parties les plus fragiles à l’état de pièce crue sont les arêtes et les coins. Il est recom-
mandé de prévoir un chanfrein de 1 mm au minimum pour réduire les risques. Le post-traite-
ment permet de rendre les angles nets.
IMPRESSION COULEUR
L’impression 3D de pièces en couleurs est possible. Elle se fait par injection d’une encre
pendant l’étape de liage. Le modèle doit être enregistré aux formats VRML ou X3D qui per-
mettent d’intégrer des informations de texture et de couleur pour chaque face.
ÉTAPE DE FRITTAGE
La seconde étape du procédé permet de solidifier la pièce, d’abord par une phase de frit-
tage puis, si besoin, une étape d’infiltration. Pendant le processus de frittage, la pièce à l’état
green state subit une montée en température pouvant causer des tensions internes et donc
des déformations. Plus la pièce est grande, plus le problème se présente.
L’infiltration limite la rétraction. Elle se fait à basse température. Il est possible avec cette
méthode d’infiltrer un métal dans la pièce, comme du bronze dans une impression en acier. 161
Des échasses sont alors nécessaires et sont retirées après l’infiltration. La pièce obtenue a
une composition et une microstructure uniformes.
INSTALLATION ET ÉQUIPEMENTS
Les machines SLM nécessitent plusieurs types d’équipements, qui se retrouvent d’une
marque à l’autre. L’imprimante comprend un recoater qui étale la poudre couche après
couche, des lasers et des miroirs qui permettent de concentrer le rayon sur la poudre grâce
à une lentille f-theta. Dans la chambre de fabrication, il est indispensable de placer à côté
de la machine un système de diffusion du gaz inerte. Les imprimantes SLM consomment 70 l
d’argon par minute pendant la purge de la machine, et 2 l par minute pendant la fabrication.
Un système de refroidissement du laser à l’eau est aussi nécessaire.
Des systèmes de traitement des poudres complètent l’ensemble afin de tamiser et recycler
les poudres, puis les retirer de la machine. Enfin, des équipements de post-traitement per-
mettent d’enlever les pièces imprimées du plateau et de surfacer ce dernier pour la pro-
chaine impression.
162
Les équipements spécialisés SLM les plus compacts proposent un volume de fabrication de
2 l permettant de fusionner environ 20 cm3 de matière par heure à l’aide d’un laser simple
de 200 à 400 W. Les machines plus grandes peuvent avoir des volumes de fabrication supé-
rieurs à 160 l et permettent de fusionner 120 cm3 de matière par heure avec un laser d’une
puissance de 1 KW. Ce type de système grand-format, comme ceux proposés par Concept
Laser, intègre une solution complète de gestion de la poudre.
Les machines les plus grosses vont aujourd’hui jusqu’à quatre lasers simultanés. On peut citer
le modèle Atlas de General Electric ou le prototype en cours de développement par Seurat.
Certains modèles sont dédiés à l’impression de métaux précieux, comme le titane, l’acier ou
le nickel. Par exemple, l’imprimante M80 d’EOS propose un laser de 100 W et un volume de
fabrication de 0,11 l.
Des machines plus accessibles et plus compactes commencent également à émerger, comme
celles proposées par OR Laser, Xact Metal, EOS (modèle M100) ou encore Concept Laser
(modèle MLab). Leur prix est d’au moins 90 000 €.
Ce besoin fort en matériau de support a pour conséquence de rendre les pièces réalisées en
DMLS/SLM peu adaptées à la conception de cavités et zones creuses. Il faut également pré-
voir des trous d’un diamètre d’au moins 5 mm pour laisser s’échapper la poudre non imprimée.
164 Pièce imprimée et sa plaque de soutien au sortir d’une impression par DMLS
EN CONCLUSION
Concevoir et imprimer en 3D consiste avant tout à bien identifier en amont le procédé qui
sera utilisé pour la fabrication des pièces. Il sera ainsi possible d’anticiper les particularités
propres à chaque technique et d’obtenir des pièces fidèles aux attentes.
Chapitre7
Les matériaux
S able P apier /
C ire
P olymères C omposites M étaux A lliages C éramique de B ois
perdue
moulage composite
E xtrusion
de matière
X X X – X X – X
P hotopolymérisation X X – – X – X –
F usion de poudre X X X – X X X –
P rojection
de matière
X X X – X – X –
P rojection de liant X X X – X X X –
S tratification de
matériau en feuilles
X X X X – – – X
166
F usion
par énergie dirigée
– – X X – – – –
En revanche, les propriétés d’une même classe de matériaux changent en fonction du mode
d’impression utilisé. Par exemple, les caractéristiques de résistance d’un polymère varient
selon s’il est imprimé à partir d’un filament par extrusion de matière, d’un liquide photopoly-
mérisé par un rayon laser, ou de gouttelettes projetées sur une surface.
Une bonne pratique consiste à consulter les fiches matériaux fournies par les constructeurs
afin de faire des comparatifs.
Chapitre 7. Les matériaux
LES POLYMÈRES
Les polymères ont été les premiers matériaux à être imprimés en 3D, dès la commercialisa-
tion des systèmes d’impression 3D des années 1980.
Le nylon, inventé en 1935 au sein de l’entreprise DuPont, est par exemple composé de liai-
sons hydrogènes (mélanges d’atomes d’azote, d’oxygène et d’hydrogène) entre les chaînes de
molécules. Ces liaisons permettent de rigidifier la structure du matériau. Le nylon, ou polya-
mide, est aujourd’hui l’élément le plus couramment utilisé en frittage de poudre.
Il est intéressant de connaître la pyramide des matériaux (page suivante), qui est un standard
de l’industrie pour se repérer parmi les types d’usages possibles d’un plastique donné. La
base de la pyramide représente les matériaux d’usage courant, en prototypage notamment,
le milieu de la pyramide correspond aux matériaux pour pièces d’ingénierie et le haut de la
pyramide répertorie les matériaux haute performance.
Partie 2. Créer
168
LES THERMOPLASTIQUES POUR L’IMPRESSION PAR EXTRUSION
Au début de l’impression 3D de bureau, les filaments disponibles se résumaient à deux maté-
riaux : l’ABS et le PLA. Depuis 2012, de nombreux matériaux pour l’extrusion de matière ont
fait leur apparition et l’offre est désormais très riche.
Le PLA
Le PLA est le filament le plus populaire parmi les utilisateurs amateurs d’impression 3D,
suivi de l’ABS. Il s’imprime à une température moins élevée que l’ABS et se déforme moins
facilement. Il ne nécessite donc pas l’utilisation d’un plateau chauffant. Le PLA est synthé-
tisé à partir d’une série d’étapes de fermentation et de polymérisation. Il est composé de
sucres ou d’amidon fermenté par des bactéries synthétisant l’acide lactique. Le PLA est un
polymère biodégradable en compostage industriel. Pour être composté, il doit être placé
en milieu confiné à une température supérieure à 60 °C et un taux d’humidité élevé. Les
plastiques compostables sont aujourd’hui incinérés par manque d’infrastructures existantes.
Des PLA modifiés intègrent des enzymes permettant une dégradation à température
Chapitre 7. Les matériaux
ambiante, comme le projet Thanaplast de Carbios, mais les filaments ne sont pas spécifiques
à l’impression 3D.
169
Les objets réalisés en PLA sont fragiles et cassent facilement. Ce matériau est donc peu
adapté à la fabrication d’objets de la vie courante comme des coques de téléphone ou des
outils. Par ailleurs, il ne résiste pas à la chaleur et se déforme. En revanche, il est bien adapté
à la réalisation d’objets à usages ponctuels, de modèles de démonstration, de prototypes et
de contenants.
Caractéristiques du PLA
• Facilité d’impression : très bonne.
• Adhérence intercouche : bonne.
• Résistance à la chaleur : mauvaise.
• Résistance à l’impact : très mauvaise.
• Résistance à la rupture : très mauvaise.
• Température d’impression : 180 à 220 °C.
• Température du plateau chauffant (facultatif) : 20 à 60 °C.
• Peu de rétraction.
Partie 2. Créer
L’ABS
L’ABS présente des caractéristiques plus durables que le PLA. Il peut être utilisé pour des
objets du quotidien comme des jouets, des manches d’outils, des accessoires automobiles
ou des boîtiers électriques. Par exemple, les briques de LEGO ont pendant longtemps été
fabriquées en ABS (l’entreprise suédoise est désormais en train de basculer sa production
vers le PE d’origine végétale). Par ailleurs, l’ABS n’est pas adapté à un usage alimentaire. En
effet, il dégage pendant l’impression de fortes émanations qui nécessitent un système de
ventilation. Il est plus compliqué à imprimer que le PLA et exige l’utilisation systématique
d’un plateau chauffant. L’ABS n’est pas biodégradable mais peut être broyé et extrudé pour
de nouvelles impressions.
170
Caractéristiques de l’ABS
• Facilité d’impression : mauvaise.
• Adhérence intercouche : bonne.
• Résistance à la chaleur : bonne.
• Résistance à l’impact : moyenne.
• Résistance à la rupture : mauvaise.
• Température d’impression : 230 à 250 °C.
• Température du plateau chauffant : 80 à 100 °C.
• Rétraction : très forte.
Le nylon
Le nylon présente quant à lui des qualités supérieures en matière de robustesse, de flexi-
bilité et de durabilité. Il est bien adapté à la réalisation de pièces mécaniques (engrenages,
charnières, boucles…) et de prototypes fonctionnels. Comme le PETG, il absorbe l’humidité
et doit être conservé au sec. Les nylons les plus utilisés en tant que filament 3D sont le 618
et le 645.
171
Caractéristiques du nylon
• Facilité d’impression : moyenne.
• Adhérence intercouche : mauvaise.
• Résistance à la chaleur : mauvaise.
• Résistance à l’impact : très bonne.
• Résistance à la rupture : mauvaise.
• Température d’impression : 240 à 260 °C.
• Température du plateau chauffant : 70 à 100 °C.
• Rétraction : forte.
Le PC
Le PC est le plastique le plus robuste des filaments 3D
couramment utilisés. Il est extrêmement durable,
résiste aux chocs et à la chaleur. Il doit également être
conservé au frais et au sec. Il est idéal pour la réali-
sation de composants mécaniques, électriques ou
automobiles. D’aspect translucide, il peut aussi être
utilisé pour des objets nécessitant de laisser passer la
172
lumière (écrans, luminaires). Prototype de casque imprimé en PC transparent
Caractéristiques du PC
• Facilité d’impression : mauvaise.
• Adhérence intercouche : moyenne.
• Résistance à la chaleur : très bonne.
• Résistance à l’impact : moyenne.
• Résistance à la rupture : mauvaise.
• Température d’impression : 270 à 310 °C.
• Température du plateau chauffant : 90 à 110 °C.
• Rétraction : forte.
Le PETG, variante du PET plus adaptée à l’impression, a fait son apparition parmi les fila-
ments disponibles pour l’impression 3D de bureau. Le PET est le plastique le plus employé
au monde. Il compose les bouteilles d’eau, mais aussi les
fibres textiles ou les contenants alimentaires. En matière
de caractéristiques, il est à mi-chemin entre les proprié-
tés du PLA et de l’ABS. Il est plus flexible et plus durable
que le PLA, mais il est plus facile à imprimer que l’ABS. Il
est bien adapté à la fabrication de pièces soumises à de
fortes pressions comme les constituants de machines ou
capots de protection. Il se raye plus aisément que l’ABS,
et ne peut pas être utilisé comme matériau de support. Il
se conserve dans un environnement sec et frais, puisqu’il
a la particularité d’absorber l’humidité de l’air, ce qui
affecte ses résultats. Une fois imprimé, il est bien adapté Bouteille et son bouchon imprimés en PETG
à la réalisation d’objets qui contiennent des liquides et
résistent aux UV. Une variante du PETG est le PETT transparent, légèrement plus rigide. Le
PET est compatible avec les normes alimentaires, mais il faut suivre scrupuleusement les
indications des constructeurs.
Caractéristiques du PETG
• Facilité d’impression : moyenne. 173
• Adhérence intercouche : moyenne.
• Résistance à la chaleur : mauvaise.
• Résistance à l’impact : moyenne.
• Résistance à la rupture : mauvaise.
• Température d’impression : 220 à 250 °C.
• Température du plateau chauffant : 50 à 75 °C.
• Rétraction : faible.
Caractéristiques du TPU
• Facilité d’impression : difficile.
• Adhérence intercouche : moyenne.
• Résistance à la chaleur : mauvaise.
• Résistance à l’impact : très bonne.
• Résistance à la rupture : très bonne.
• Température d’impression : 210 à 230 °C.
• Température du plateau chauffant (facultatif) : 30 à 60 °C.
• Rétraction : faible.
174
Il est cependant important de comprendre que des pièces imprimées avec ces matériaux
ne doivent pas pour autant être mises en bouche. L’imprimante 3D et l’environnement
d’impression doivent aussi respecter des normes particulières. Dans les impressions par
extrusion de matière, le risque principal est lié aux migrations de nanoparticules de plastique
dans les aliments, ainsi qu’aux bactéries qui se glissent dans les interstices des couches de
la pièce imprimée et sont souvent impossibles à retirer même avec un lavage en profondeur.
Un post-traitement et un revêtement sont fortement conseillés, comme nous le verrons dans
le prochain chapitre. Des filaments antibactériens sont désormais également disponibles.
P assage possible
F ilaments F abricants C ompatible liquide chaud
au lave - vaisselle
L’impression 3D de nourriture est aujourd’hui une réalité. Les matériaux compatibles doivent
avoir la consistance visqueuse adéquate pour passer dans une seringue qui vient petit à petit
les déposer sur le plateau. Pâte fromagère, chocolat, pâte à pizza ou à gaufre et sucre sont
les aliments déjà compatibles.
Par ailleurs, l’extrusion de matière permet désormais d’imprimer des pièces infusées de métal
qui sont ensuite chauffées dans un haut fourneau afin d’obtenir une pièce en métal dense. Le
nouveau matériau Ultrafuse 316L de BASF est conçu pour ce type d’usage industriel. Desktop
Metal et Markforged sont également compatibles avec ce procédé.
176
Des filaments effet bois, noix de coco, terre cuite ou pierre existent également. Le premier
filament bois, LayWoo-3D a été développé par CC-Products, suivi par ColorFabb et
FormFutura. Le plastique est composé à 40 % de fibre de bois, comme le pin, le bouleau, le
cèdre, l’ébène ou le saule. La température choisie pour l’impression fait varier les effets de
teinte du bois.
Chapitre 7. Les matériaux
Jouets pour enfants imprimés avec les filaments WoodFill et CorkFill de ColorFabb sur une imprimante Ultimaker 2+ avec une buse
de 0,6 mm à 210 °C et une épaisseur de 0,2 mm.
178
LES EXTRUDEURS
L’intérêt majeur des thermoplastiques est leur capacité à être fondus et solidifiés à plusieurs
reprises. Le principe des extrudeurs prend alors tout son sens. Ces équipements complètent
ainsi le dispositif d’impression 3D en venant broyer la pièce plastique pour la réduire en
granulés qui sont ensuite chauffés et formés à nouveau en filament. Il n’est pas toujours
facile d’obtenir un filament de qualité à la sortie de l’extrudeur car les contraintes sont nom-
breuses : le filament doit avoir un diamètre exact et uniforme tout au long de la bobine, sans
Chapitre 7. Les matériaux
déformations ou bulles d’air. Les systèmes d’extrusion à la maison nécessitent d’être attachés
au mur et occupent beaucoup de place, pour permettre au filament de prendre la bonne
forme.
179
Les polyamides, aussi appelés « nylons », sont les types de polymères les plus utilisés en
fusion de poudre, notamment le PA12, le PA11 et le PA6. Des polymères hautes performances
comme le PEEK et le PEK sont également disponibles, suivis de polymères pour usage cou-
rant comme le PP et le HDPE.
Catalogue des matériaux de frittage de poudre compatibles avec les imprimantes 3D Systems
Chapitre 7. Les matériaux
Si l’on reprend la pyramide des matériaux de la page page 168, le PA12, le PA11 et le PA6
sont des thermoplastiques ingénieurs semi-cristallins bien adaptés à la fabrication de com-
posants mécaniques, de boîtiers et de pièces automobiles. Les thermoplastiques hautes per-
formances que sont le PEEK, le PEK et le PEKK sont quant à eux à privilégier pour les usages
médicaux, dans l’aérospatial (supports et canalisations) et les sports automobiles. Les ther-
moplastiques élastomères, comme le PEBA, peuvent être utilisés pour les chaussures et les
équipements sportifs, ainsi que les joints. Enfin, les matériaux composites (fibre de carbone,
fibre de verre, graphène…) sont particulièrement adaptés à l’outillage, aux enceintes et au
matériel médical.
Le catalogue de polymères compatibles avec le procédé SLS reste très réduit par comparaison
au vaste choix disponible en injection plastique. Les laboratoires de recherche obtiennent de
bons résultats sur l’adaptation du SAN, du PC et du PLA pour l’impression 3D SLS, en vue de
futures commercialisations. La recherche avance également sur des polyamides aux carac-
téristiques améliorées. Par exemple, une équipe de chercheurs de l’Université de Sheffield a
mis au point un PA12 infiltré de phosphate d’argent qui résiste aux bactéries les plus couram-
ment rencontrées dans les hôpitaux. Le matériau n’est pas encore commercialisé.
LES THERMODURCISSABLES
La deuxième grande famille de matériaux
181
est celle des plastiques thermodurcis-
sables. Ces polymères qui ne peuvent être
solidifiés qu’une seule fois se présentent
sous forme de résine photosensible, prin-
cipalement utilisée par les imprimantes à
photopolymérisation.
Les constructeurs comme Formlabs, Carbon3D, Stratasys ou EnvisionTEC sont très actifs
dans le développement de nouveaux matériaux : gammes biocompatibles, dentaires, cires
perdues, biodégradables, flexibles, solubles, etc.
182
LES MÉTAUX
La fabrication additive est une formidable opportunité pour la fabrication métal. Elle per-
met de contrôler avec précision les paramètres de température et d’environnement qui vont
influencer la composition et la microstructure de la pièce de métal. Les propriétés méca-
niques des éléments obtenus sont intimement liées au processus d’impression 3D choisi.
Chapitre 7. Les matériaux
183
En fabrication additive métal, l’homogénéité des grains de poudre, qui doivent être de formes
sphériques uniformes, est extrêmement importante, au même titre que l’homogénéité de
l’écoulement et de la répartition des grains de poudre sur le plateau d’impression.
Les propriétés des pièces imprimées en métal sont généralement différentes des objets
réalisés avec les procédés traditionnels. Dans certains cas, les pièces de métal imprimées
en 3D ont des caractéristiques techniques supérieures (noyau en sable de forme complexe,
faibles épaisseurs, grandes dimensions, optimisation topologique) aux objets forgés ou issus
de moules de fonderie.
Plus souvent, elles présentent des imperfections qui peuvent entraîner des cassures
et une plus grande fragilité. La question de la densité de la pièce est primordiale, tout
particulièrement pour les applications dans l’aérospatial ou le secteur médical. Un travail
important de qualification des caractéristiques des pièces de métal est en cours de la part
des acteurs du secteur.
Le tableau suivant présente quelques exemples d’usages en fonction du métal utilisé pour
l’impression SLM, listés par le MIT (Massachusetts Institute of Technology).
Le besoin de développer des matériaux sur mesure est permanent en fabrication additive,
que ce soit pour les polymères comme pour les métaux. Certains constructeurs créent des
matériaux sur mesure main dans la main avec leurs clients, comme cela a été le cas pour
le développement de l’acier inoxydable 17-4 PH par EOS et GE Aviation pour le procédé
DMLS. La recherche avance sur des poudres métal spécialement conçues pour les modes
d’impression 3D, comme les alliages hautes performances développés par Elementum 3D,
HRL Laboratories, Airbus APWorks ou Nanosteel.
La production de poudre métal pour l’impression 3D connaît une très forte croissance,
notamment les alliages de titane et d’aluminium. Le prix de la poudre de métal varie de 20
à 225 € le kilo, ou plus. Un kilo de poudre d’acier inoxydable 316 L pour DMLS/SLM coûte
entre 300 et 400 €.
C onstructeurs P rocédés
Parmi les constructeurs proposant la cire perdue, on peut notamment citer SolidScape,
EnvisionTEC, DWS ou Formlabs qui emploient des cires perdues conçues pour des usages
en joaillerie. Les matériaux PrimeCast 101 d’EOS et QuickCast de 3D Systems sont égale-
ment pensés pour la fabrication de pièces de fonderie, respectivement par fusion de poudre
et par stéréolithographie. L’un des défis à relever consiste à travailler avec des fonderies
acceptant ces types de pièces, qui sont loin d’être la norme.
185
Des moules de fonderie complets peuvent également être fabriqués par impression 3D. Les
constructeurs ExOne, Voxeljet ou le bras robotique Viridis 3D proposent ce type de système
en projection de liant.
LES CÉRAMIQUES
L’impression 3D de matériaux céramique est possible avec plusieurs procédés. La projection
de matière et la fusion de poudre sont les techniques industrielles les plus courantes pour
l’impression céramique, auxquelles on peut ajouter l’extrusion de matière, la photopolyméri-
sation ou la projection de liant. Les pièces produites sont à l’état brut et doivent nécessaire-
ment faire l’objet d’une seconde étape de cuisson à haute température pour obtenir un objet
solide. Une dernière étape de finition, la glaçure, peut également être appliquée.
186
Une dizaine d’acteurs sont positionnés sur le marché de l’impression céramique. Les
constructeurs ont développé leur propre matériau céramique selon leurs systèmes. En
France, 3D Ceram s’est spécialisé dans l’impression de céramique industrielle par photopoly-
mérisation. Les matériaux compatibles avec leur imprimante Ceramaker sont les suivants :
zircone, alumine, l’hydroxyapatite/TCP, Si3N4, cordiérite, zirconsilica et silice. Parmi les sys-
tèmes à photopolymérisation, on peut également citer Admatec, CMET, Lithoz, Prodways,
Sentrol ou Tethon 3D.
Les pièces réalisées en céramique industrielle trouvent des applications dans l’aéronautique,
l’aérospatial, l’automobile, l’électronique, le médical, la bijouterie, l’art et le design. Elles ont
d’excellentes propriétés d’isolation thermique et électrique, une résistance à la chaleur éle-
vée (plus de 1 000 °C), une inertie chimique et une grande résistance à la corrosion et à
l’usure. Par frittage laser et recouvertes d’une glaçure, les pièces peuvent être compatibles
pour un contact alimentaire.
L’un des usages importants de la céramique concerne le secteur biomédical. Elle permet
de produire des éléments biocompatibles comme des implants et des substituts osseux.
187
La porosité de l’implant est contrôlée entièrement par les paramètres d’impression. La
pièce réalisée contient ainsi des pores qui favorisent l’acceptation de l’implant osseux, ou
« ostéointégration », par le corps. L’implant a aussi une meilleure résistance mécanique et
accepte jusqu’à 5 fois plus de compression qu’un substitut osseux réalisé selon une tech-
nique traditionnelle. 3D Ceram a développé le Bio Cranium, un procédé dédié à la chirurgie
reconstructrice qui permet de fabriquer des implants osseux en céramique hydroxyapatite
pour la voûte crânienne ou la mâchoire.
190
Le support soluble est proposé par certains modèles de machines à double extrusion. Il
permet d’obtenir un meilleur état de surface et une excellente précision d’impression. Le
matériau se dissout à l’aide d’alcool polyvinylique (PVOH ou PVA). La pièce doit être placée
dans un bain de PVA pendant cinq heures jusqu’à dissolution du support. Le résultat obtenu
est plus lisse avec cette méthode.
LE LISSAGE DE LA SURFACE
Une fois la pièce libérée de tout support, elle peut être utilisée telle quelle. C’est souvent le
cas pour un usage en prototypage rapide. Il existe cependant des méthodes qui permettent
d’améliorer l’état de surface en effaçant les aspérités dues à la superposition des couches.
Chapitre 8. Post-traitements et finitions
Étudions en détail le lissage à l’acétone, qui s’effectue sur des pièces réalisées en ABS.
Plusieurs méthodes existent, certaines se font à froid, d’autres utilisent la chaleur.
• Lissage à froid
191
2. Enfermer la pièce imprimée dans le bocal pendant environ une heure pour que la gaze
laisse s’échapper les vapeurs d’acétone.
192
Le résultat final, une impression lissée
• Lissage à chaud
1. Placer l’objet imprimé dans un récipient en verre chauffé. La pièce doit être légèrement
surélevée sur un petit support pour permettre à l’acétone de circuler partout.
4. Retirer la pièce par son support, en évitant de la toucher. Laisser reposer 2 h à l’air
libre.
Le polissage
Le polissage est un ponçage qui utilise des grains encore plus fins. On emploie alors une pâte
à polir pour frotter la pièce manuellement ou à l’aide d’un outil rotatif de type Dremel. Les
surfaces courbes et aux détails intriqués peuvent présenter de véritables défis, bien connus
des amateurs de modélisme.
193
194
Peinture à l’aérosol d’une pièce imprimée en 3D
Citons comme exemple le constructeur automobile Volkswagen, qui s’est associé avec la
société Formlabs pour imprimer en 3D des jantes plaquées en métal sur un nouveau concept
de véhicule innovant, inspiré du fameux van.
Chapitre 8. Post-traitements et finitions
195
L’ASSEMBLAGE DE PIÈCES
Lorsqu’un projet d’impression est plus gros que le volume de l’imprimante, il est nécessaire
d’imprimer les pièces séparément et de les assembler ensuite. Plusieurs méthodes d’assem-
blage existent pour joindre tous les éléments entre eux.
• Des matériaux adhésifs peuvent être employés, comme la colle époxy. Cette dernière est
déposée au pinceau, au distributeur ou par infiltration. Les pièces encollées sont main-
tenues par un étau de serrage pour laisser le temps à la colle de durcir. Un réajustement
léger de l’assemblage peut être effectué dans les 20 à 70 premières minutes. À tempéra-
ture ambiante, le cycle de séchage complet est de plusieurs jours et la pièce ne doit pas
être manipulée pendant quelques heures.
• La colle cyanoacrylate (Super Glue) peut également être appliquée. Elle permet de fixer les
pièces en quelques minutes, beaucoup plus rapidement que l’époxy, donc. Cette méthode
est pratique pour un assemblage de prototype rapide à usage ponctuel. La Super Glue est
cependant très sensible aux hautes températures et aux solvants. Les pièces collées ainsi
résistent donc moins dans le temps.
• La technique du soudage à froid permet des assemblages plus résistants que ceux réali-
sés avec les colles. Elle utilise un solvant qui vient lier les chaînes de polymères les unes
aux autres. Une fois ce solvant évaporé, les pièces sont solidement assemblées et seul le
polymère demeure. Le solvant Same Stuff de MicroMark est recommandé pour l’impres-
sion FDM, mais l’acétone utilisée pour lisser les pièces fonctionne également.
Partie 2. Créer
Stylo 3D
• Enfin, on peut encore recourir aux ultrasons pour assembler des pièces imprimées en 3D.
Une machine à ultrasons manuelle permet de créer des points de soudure précis à partir
d’ondes sonores qui viennent faire fondre des zones localisées. Plusieurs tailles d’embouts
de soudure sont disponibles, selon la grandeur des points de soudure à réaliser. C’est la
méthode la plus fiable, qui donne les meilleurs résultats et présente l’avantage d’être peu
chère. Elle est, par exemple, employée pour des assemblages de pièces médicales.
Chapitre 8. Post-traitements et finitions
NETTOYAGE ET TRAITEMENT UV
Au sortir de l’impression SLA, la pièce est couverte d’une fine couche de résine non impri-
mée qui doit être retirée.
197
Le nettoyage de la pièce s’effectue grâce à une série de bains d’alcool isopropylique ou d’un
autre solvant. Le résultat de l’impression est ensuite passé longuement sous une lampe UV
afin de renforcer sa rigidité et ses propriétés mécaniques.
Le nettoyage et l’exposition aux UV sont des étapes qui peuvent être réalisées manuellement,
mais il est recommandé d’utiliser les équipements automatisés fournis par les constructeurs,
comme le SpeedCell de Carbon ou le Form Cell de Formlabs. Ils permettent d’obtenir des
résultats homogènes en évitant de laisser la pièce trop longtemps plongée dans les bains de
solvant, par exemple. L’automatisation du post-traitement est un point important pour inté-
grer la SLA dans une chaîne de production.
198
Certains procédés SLA, comme la technologie CLIP ou DLS de Carbon, tolèrent l’usage de
résines spécialisées qui nécessitent d’appliquer un polymère supplémentaire en post-traite-
ment par la chaleur. Ce dernier vient se fondre avec le polymère solidifié aux UV et la pièce
obtenue présente alors des propriétés mécaniques renforcées.
LE RETRAIT DU SUPPORT
En SLA, le matériau de support est retiré à la main ou à l’aide d’une pince coupante. Il est réa-
lisé avec le même matériau que celui utilisé pour l’impression et il peut parfois être laborieux
de le retirer, particulièrement dans les zones difficiles d’accès ou aux détails fins. Les risques
d’abîmer la pièce sont nombreux.
Une astuce consiste à anticiper le retrait du support dès la phase de conception logicielle,
en réduisant le diamètre du point d’attache du support à la pièce. Le matériau est alors plus
facile à retirer.
199
LE PONÇAGE DE LA PIÈCE
Le matériau de support peut laisser des traces à la surface de la pièce. Les points d’attache
doivent être lissés grâce à un outil de finition de type Dremel ou bien à l’aide de papier-émeri.
Cette étape de ponçage fin aide également à préparer la pièce pour d’éventuelles finitions
de peinture ou de vernis.
LE VERNIS PROTECTEUR
Même une fois imprimée, la pièce fabriquée par photopolymérisation est sensible à la
lumière. La chaleur et les UV continuent de la densifier. Avec le temps, elle devient cassante.
Elle peut également jaunir si elle est utilisée en extérieur. C’est pourquoi il est recommandé
d’appliquer un vernis protecteur résistant aux UV, à l’aide d’un spray ou en la trempant dans
un bain.
Les pièces en SLA peuvent également être peintes, en prenant soin d’appliquer d’abord un
apprêt pour renforcer l’adhésion de la peinture à la pièce.
La pièce peut ensuite être placée dans une machine à microbillage par vibration qui permet
de lisser la surface. Ce traitement ne convient pas aux pièces fragiles et comportant des 201
détails fins.
LA FINITION PEINTURE
Une fois nettoyée, la pièce est prête pour recevoir une finition. Elle peut être peinte, vernie,
plaquée métal ou teinte.
202
LE NETTOYAGE DE LA PIÈCE
Le retrait du matériau de support s’effectue d’abord manuellement. Un jet d’eau peut aussi
être utilisé si la pièce n’est pas trop fragile.
Si le support est en cire, la pièce est immergée dans un bain à température ambiante conte-
nant un mélange d’eau, de silicate de sodium et de soude caustique, qui fait fondre le maté-
riau de support en 30 minutes. Si l’élément a des murs d’une épaisseur de moins de 1 mm, un
risque de déformation peut apparaître avec un bain de plus d’une heure.
LA FINITION DE SURFACE
Les pièces fabriquées par projection de matière ont généralement une surface déjà lisse et
polie au sortir de l’impression. Il est malgré tout possible de les poncer et de les polir pour
améliorer encore leur rendu final. Le ponçage s’effectue à l’aide de papiers abrasifs au grain
de plus en plus fin.
Une peinture peut être appliquée ensuite mais n’est pas nécessaire puisque la pièce sort déjà
en plusieurs couleurs. La peinture aura alors avant tout un rôle de protection de la pièce.
Un placage métal d’environ 1 mm d’épaisseur peut également être posé par électrodéposi-
tion. Il permet d’améliorer la solidité de la pièce ainsi que ses caractéristiques thermiques et
chimiques. Il a aussi un rôle esthétique.
203
PARTIE 3
AGIR
Entrer dans le monde l’impression 3D, c’est aussi et surtout passer
à l’action. Cette dernière partie explore l’écosystème mondial
des acteurs de l’impression 3D. Les professionnels innovent, aux
côtés de la communauté internationale des makers, ces utilisateurs
passionnés équipés d’imprimantes de bureau. L’impression 3D
prépare le monde de demain, entre production locale, fabrication
distribuée et optimisation des ressources. Intégrer cette
technologie dans l’entreprise et la société est le défi majeur pour
redéfinir le futur de la fabrication.
Chapitre9
L’impression 3D
en France
et dans le monde
Parmi les instituts de recherche les plus anciens et les plus cités, on trouve l’Irepa Laser
(Institut Carnot MICA), le Cetim, le Laboratoire des sciences du numérique de Nantes ou
208 LS2N (ex-IRCCyN), le CIRTES (Institut Carnot ICEEL) ou l’École nationale d’ingénieurs de
Saint-Étienne (ENISE), pour n’en mentionner que quelques-uns.
Le défi que doit encore relever le secteur est la mise en commun des connaissances et des
compétences pour lutter contre le morcellement. De nombreux consortiums qui se posi-
tionnent pour répondre aux différents défis technologiques ont déjà éclos. Les recherches
les plus actives portent sur les procédés, les matériaux, les contrôles et la qualification de
pièces. Par exemple, le consortium SOFIA encourage la performance industrielle en mettant
en avant les recherches portant sur la réduction du coût de fabrication des pièces, l’amélio-
ration de la robustesse, l’exploitation des machines et le respect des contraintes de sécurité.
1 Étude menée par les Instituts Carnot en 2017 auprès de 57 centres de recherche du secteur.
Cartographie des laboratoires labellisés « Instituts Carnot » ayant une spécialité en fabrication additive
Chapitre 9. L’impression 3D en France et dans le monde
209
Partie 3. Agir
L’association Women in 3D Printing offre l’opportunité aux femmes travaillant dans le secteur
de se rencontrer une fois par mois à Paris. Elle est présente partout dans le monde avec plus
de 70 groupes internationaux.
Chaque année le salon 3D Print à Lyon est le salon commercial de référence pour les profes-
sionnels de l’impression 3D. L’événement est gratuit pour les visiteurs et se déroule sur trois
jours en semaine. En région, le format d’événement Imprimez votre futur se déploie depuis
Chapitre 9. L’impression 3D en France et dans le monde
début 2020. Les sites d’informations sur l’impression 3D proposent généralement un agenda
des événements en France mois par mois.
AddUp est la deuxième grande entreprise de fabrication additive industrielle française, avec 211
une spécialité sur l’impression métal. Elle est issue de l’activité de Fives Michelin Additive
Solutions, coentreprise née de la collaboration de Fives et de Michelin. AddUp propose des
imprimantes métal de dépôt de matière sous énergie concentrée (PBF). Elle est située à
Cébazat et a mis sur le marché sa première machine en 2016. En 2018, elle a racheté BeAM,
le constructeur historique expert de l’impression métal par dépôt sous énergie concentrée
situé à Illkirch en France et dont les premières ventes remontent à 2009 (les imprimantes
coûtent entre 350 000 et 1,3 millions d’euros) et qui était jusqu’ici l’un des plus gros acteurs
français. AddUp est aussi actionnaire majoritaire de PolyShape, l’un des plus grands fournis-
seurs de systèmes de fabrication métal sur lit de poudre.
Le distributeur lyonnais X3D Group est devenu fabricant d’équipements avec le lancement
en France de modèles SLA, DLP et métal.
La plupart des constructeurs français développent cependant des systèmes orientés FDM,
comme Dagoma, Dood, eMotion Tech, Lynxter, Pollen AM, Tobeca ou encore Volumic, pour
ne citer que les principaux. Pour se démarquer, ces constructeurs développent des fonction-
nalités uniques sur leur machine. Lynxter a par exemple créé une gamme d’imprimantes 3D
qui accepte plusieurs têtes d’impression, dont le silicone. Pollen AM s’est fait une spécialité
de l’impression à partir, non pas de filament, mais de granulés de thermoplastique. Dood
Partie 3. Agir
s’oriente fortement vers le marché de l’éducation, alors que Tobeca ou eMotion Tech se
dirigent vers le développement de machines sur mesure. Le marché français compte égale-
ment un grand nombre de distributeurs.
Les prestataires de fabrication maillent l’ensemble du territoire. Ils impriment des pièces à la
212 demande à partir de leur parc de machines. Une dizaine de services bureau majeurs dans le
domaine de l’impression 3D existent en France : Initial depuis 1991, Erpro Group depuis 1997,
Sculpteo depuis 2009.
de l’énergie, de l’outillage, des transports lourds et enfin du luxe. Des projections de forte
croissance sont annoncées pour les années à venir2, avec un passage marqué d’un usage en
prototypage vers la production de pièces finies en métal.
L’alliance Industrie du futur est le programme national lancé par le gouvernement en 2015
pour accompagner l’arrivée de « l’Usine du futur », encore appelée « industrie 4.0 », avec
l’objectif de moderniser l’outil de production et d’accompagner la transformation numérique
des entreprises industrielles. La fabrication additive y trouve sa place : elle ouvre de nou-
veaux marchés et permet de développer de nouvelles applications. 12,3 milliards d’euros de
dépenses industrielles dans l’impression 3D ont été effectuées en 2019, soit une augmenta-
tion de 21 % par rapport à 2018. Le programme French Fab cherche également à valoriser les
métiers et applications industrielles, dont le secteur de la fabrication additive.
Les grands groupes français investissent dans l’impression 3D à de nombreux niveaux, notam-
ment pour :
• la mise en place de communautés de makers 3D, réseaux de référents passionnés d’im-
pression 3D au sein de l’entreprise qui développe des solutions pour répondre aux pro-
blématiques métiers locales ;
• la création de labs internes équipés d’imprimantes 3D pour prototyper les idées et former
les collaborateurs à des méthodes de travail de groupe et itératives ;
• l’équipement en imprimantes 3D pour accélérer les phases de prototypage rapide au sein
213
des départements recherche et développement ;
• les programmes de qualification de pièces pour identifier celles qui gagneraient à être
imprimées en 3D ;
• le développement de matériaux et de machines sur mesure ;
• les partenariats de sous-traitance pour l’impression externalisée de pièces ;
• l’investissement en équipements industriels pour la production de pièces en interne ;
• la création de centres industriels régionaux dédiés à l’innovation industrielle et à la fabri-
cation additive.
Ces investissements donnent naissance à des optimisations qui touchent les chaînes de pro-
duction, l’outillage, et vont même jusqu’à repenser certains produits vendus en magasin.
Le programme 3DStartPME piloté par le Cetim, le Symop et le CEA, et financé par Bpifrance,
a pour objectif d’accompagner les PME cherchant à évaluer l’intérêt d’intégrer les techno-
logies de fabrication additive métalliques dans leurs process et l’impact de celles-ci sur leur
stratégie de conception et de production. Des experts indépendants, un diagnostic, une aide
à la décision et une plate-forme de test et de faisabilité sont mis à disposition des entre-
prises qui en font la demande. Le site la-fabrication-additive.com propose une cartographie des
acteurs de l’impression 3D pour les PME en France, et permet de postuler au programme.
Les start-ups ont besoin d’accompagnement. Dans les premières années de leur création,
elles rejoignent généralement des structures capables de les aider à se développer : les incu-
214
bateurs et les accélérateurs. Ils proposent un ensemble de services de conseil, de formation
et de mise en relation pour les entrepreneurs. Certains programmes sont spécialisés dans
l’accompagnement de start-ups développant des produits physiques, on les appelle les incu-
bateurs et accélérateurs hardware.
Parmi ces programmes, on peut notamment citer celui des Arts et Métiers de Telecom
ParisTech et de Polytechnique ou le Paris Hardware Saclay Accelerator, mais aussi
EuraTechnologies à Lille, l’IoT Valley à Toulouse ou le récent Y.Spot du CEA à Grenoble. Ils
accompagnent les entrepreneurs en amont de la création de prototypage jusqu’à la preuve
de concept, une version fonctionnelle du prototype qui permet de prouver à l’entrepreneur
et aux investisseurs que le produit à ses chances. Des acteurs spécialistes du prototypage
comme Usine.io ou TechShop Paris, et de l’industrialisation comme Kickmaker ou Dragon
Innovation interviennent à chaque étape du passage à l’industrialisation. Des fonds d’inves-
tissement spécialisés hardware comme le Hardware Club ou Bolt encouragent la création
d’entreprises développant un produit physique.
De son côté, la jeune start-up WYVE (HEXA Surfboard) propose des planches de surf en nid
d’abeille imprimées en 3D localement à partir de bioplastique (PLA) et de déchets plastiques
recyclés (PET). L’objectif est de remplacer l’offre existante : les éléments qui composent les
planches actuelles voyagent 10 000 km et sont issus à 95 % de matériaux pétrochimiques
(polyuréthane), produisant ainsi plus de 6 kg de déchets toxiques pour une planche finale de
seulement 3 kg. Les planches imprimées par WYVE sont transparentes, peuvent être répa-
rées plus facilement qu’avec les mousses habituellement utilisées et recyclées en fin de vie.
Leur forme est aussi personnalisable en fonction des besoins de l’utilisateur.
215
216
En région parisienne : Draft, Ici Montreuil, TechShop Paris, Villette Makerz ou WoMa se sont
fait une spécialité de l’accompagnement des « artisans 2.0 » et des entrepreneurs-créateurs.
À Angers, on trouve We Network (anciennement Cité de l’objet connecté), le réseau d’ateliers
Make Ici à Nantes et Marseille, le réseau TechShop à Lille ou encore 3D Spaces, un espace de
coworking dédié à l’impression 3D à Lyon, pour n’en citer que quelques-uns.
Le Réseau français des fablabs réunit plus de 150 lieux adhérents à travers la France, certains
orientés prototypage produit, d’autres éducatifs, tous ayant pour point commun de faciliter
l’accès à ces pratiques de prototypage numérique.
Chapitre 9. L’impression 3D en France et dans le monde
217
L’IMPRESSION 3D À L’ÉCHELLE EUROPÉENNE
Si l’on passe désormais à l’échelle du continent, l’Europe ne se positionne qu’en troisième
place mondiale pour la fabrication additive, après l’Amérique du Nord et l’Asie. Le nombre
de fabricants de systèmes d’impression 3D s’élève à 69 et elle représente seulement 28,4 %
des parts mondiales d’installations d’équipements3. La grande majorité des pays européens
est cependant bien présente sur la carte de l’impression 3D, avec des approches disparates.
Tous les sept ans, la Commission européenne, en lien avec les États membres, met en place
un programme de financement de l’innovation et de la recherche selon des axes forts. Le
dernier programme en date est Horizon 2020, ou « H2020 », doté de 79 milliards d’euros. Il a
eu lieu de 2014 à 2020.
En sept ans de programme, plus de 136 000 participations ont été enregistrées pour
26 000 projets ayant obtenu une subvention4. La France représente 21 % des projets retenus.
Les pays qui ont présenté et obtenu le plus grand nombre de projets retenus sont aussi
ceux qui investissent déjà le plus en recherche et innovation à l’échelle nationale : l’Alle-
magne, le Royaume-Uni, l’Espagne, la France et l’Italie. Certains membres de l’UE comme le
Luxembourg, Chypre ou la Croatie ont connu une forte croissance des investissements en
recherche et innovation.
Un nouveau programme Horizon Europe pour la période 2020-2027 est désormais en discus-
sion, avec l’objectif de le rendre plus tangible auprès des citoyens européens en le focalisant
sur les défis mondiaux urgents comme l’adaptation au changement climatique, la protection
des océans, mers et côtes, le développement de la ville intelligente et neutre pour le climat,
ou encore l’amélioration de la qualité des sols pour une nourriture plus saine. Le budget
alloué devrait être de 1,6 fois supérieur à celui de H2020. La fabrication additive est en bonne
place au sein de ces programmes de financement.
L’approche européenne est aussi celle de la consolidation. Les investissements sont orientés
vers une amélioration des systèmes existants de fabrication additive afin de les rendre plus
performants et mieux adaptés aux besoins.
La vision européenne de l’impression 3D, partagée dans le rapport « A Vision for the European
Industry until 2030 » publié en juin 2019, s’articule autour de plusieurs piliers forts : reloca-
lisation, économie circulaire et Usine du futur. L’impression 3D encourage la relocalisation
et le « made in Europe » en produisant localement et en raccourcissant ainsi les chaînes
logistiques. Elle permet d’optimiser l’utilisation des ressources matériaux et de repenser la
conception de pièces. Enfin, l’impression 3D est vue comme un atout pour la réparation des
objets et le réemploi des matériaux.
L’un d’eux, le programme AMable, s’est terminé en 2019. Il finançait à hauteur de 300 000 €
les PME et entreprises de taille moyenne situées en Union européenne qui cherchaient à
4 Chiffres H2020 en octobre 2019.
5 Rapport Wohlers, 2019.
Chapitre 9. L’impression 3D en France et dans le monde
L’Allemagne héberge les fabricants de systèmes les plus dynamiques dont Concept Laser,
EOS, SLM Solutions et Trumpf qui représentent 65 % du marché européen. Les grands
groupes industriels allemands comme Siemens, BMW, DB ou Airbus s’impliquent fortement
dans le développement de la fabrication additive. Le pays domine le marché des composants
métalliques. L’Allemagne accueille également depuis cinq ans le salon FormNext, événement
international de référence qui réunit 650 exposants spécialistes de la fabrication additive et
accueille 30 000 visiteurs. 219
Les Pays-Bas ont l’un des meilleurs taux d’adoption des technologies 3D au sein des pays
européens. La plupart des petites et moyennes entreprises hollandaises sont familiarisées
avec les opportunités du marché. Le pays compte plusieurs entreprises reconnues mondia-
lement dans le secteur comme Ultimaker, 3D Hubs ou ColorFabb.
Le secteur de l’impression 3D en Italie est fortement soutenu par les aides publiques dans le
cadre de mesures fiscales et de programmes d’accompagnement pour encourager l’adoption
et l’amélioration des technologies en vue de passer aux pratiques de l’Industrie 4.0.
Chapitre 9. L’impression 3D en France et dans le monde
Pièces imprimées en 3D par la NASA et présentées à « Explore JPL » à La cañada Flintridge, Californie, 2018
Partie 3. Agir
America Makes, né en 2012, est l’institut national américain pour l’innovation dans la fabri-
cation additive. Ce consortium réunit plus de 255 acteurs clés des secteurs privé et public.
Un fonds de plus de 141 millions de dollars est à disposition pour encourager le passage à la
fabrication additive et accélérer la recherche et développement.
222
Maisons imprimées en 3D par l’entreprise WinSun en 2018 pour un prix à l’achat inférieur à 4 500 €,
dans le cadre du programme « Made in China 2050 »
Les entreprises chinoises de l’impression 3D sont nombreuses, que ce soit pour les indus-
triels comme pour les particuliers. Les usines de production sont réputées pour leur rapidité,
qualité et efficacité et travaillent avec une grande majorité des industries internationales pour
la production de pièces. De leur côté, les constructeurs chinois d’imprimantes 3D comme
Anet3D, Creality, Flashforge, Raise3D, Tiertime ou Wanhao sont des leaders à l’échelle inter-
nationale et se sont fait une place de choix parmi les particuliers en quelques années grâce
à leurs prix très abordables.
Chapitre10
L’impression 3D
pour les particuliers
Au total, depuis l’arrivée des premières imprimantes personnelles, plus de 2,1 millions de
machines auraient été vendues. Un chiffre qui révèle une vraie appétence pour la technolo-
gie 3D mais qui est encore loin de correspondre à une machine dans chaque foyer.
224 Les fabricants mondiaux les plus populaires sont chinois. Creality 3D, situé à Shenzen en
Chine, propose des machines à moins de 400 €, dont les très populaires modèles Ender et
CR-10. Alfawise et ses imprimantes U30 gagnent en popularité sur les modèles premier prix.
Dans la fourchette haute, le fabricant tchèque Prusa et le hollandais Ultimaker continuent
d’être des références.
Imprimantes Prusa
1 Rapport Wohlers, 2019.
Chapitre 10. L’impression 3D pour les particuliers
En France, les acteurs de l’impression 3D de bureau sont passés d’une approche grand public
à une cible presque exclusivement professionnelle, souvent orientée vers le monde éducatif
et le développement de machines sur mesure pour le prototypage industriel ou médical. Les
principales sociétés sont 3DMS, Dagoma, Dood, eMotion Tech, Tobeca et Volumic 3D.
226
Arrosoir, mécanisme, vase et figurine de chouette tous imprimés en 3D grâce aux fichiers disponibles sur la plate-forme Cults
Chapitre 10. L’impression 3D pour les particuliers
227
Cet amplificateur de son pour smartphone a été téléchargé plus de 22 000 fois sur la plate-forme de partage Cults.
Un maker est un bricoleur qui partage ses connaissances et ses créations avec d’autres.
Souvent passionné de technologie, il aime comprendre le fonctionnement des objets et du
monde qui l’entoure, et surtout expérimenter.
L’union des makers 3D se réunit en ligne et lors d’événements de rencontre comme Maker
Faire, MakeMe Fest, Open Bidouille Camp et d’autres manifestations indépendantes. Maker
Faire est à ce jour le plus grand événement en France qui réunit les particuliers passionnés.
Paris et Lille accueillent la réunion chaque année, ainsi que Grenoble, Metz, Perpignan,
Strasbourg et Rouen. Des éditions locales plus petites, appelées Mini Maker Faire, se
déroulent également à un rythme régulier.
Partie 3. Agir
Dans l’ouest de la France, Make Me organise des événements annuels à Nantes, Rennes,
228 Angers ou Cholet. À l’Est, Makerland est le festival des makers du Grand Est, à Metz et
Strasbourg. Au Sud, Toulouse accueille chaque année le FabLab Festival.
Ces manifestations ont toutes pour point commun d’être l’occasion de partager les projets
réalisés dans l’année et de rencontrer d’autres utilisateurs d’imprimantes 3D pour échanger
conseils pratiques et inspiration.
Sur Internet, il est aisé de rejoindre les forums de discussion dédiés à la fabrication addi-
tive grand public. Beaucoup de groupes d’échange sont sur Facebook, dont les principaux :
Entraide Imprimante 3D, Communauté Francophone de l’impression 3D, Conseils et Astuces
Imprimantes 3D France et Imprimante 3D : une troisième révolution industrielle est en
marche. Ils comptent chacun entre 2 000 et 2 500 membres. Des groupes dédiés à certains
modèles d’imprimantes populaires existent également. Le site web lesimprimantes3D.fr ainsi
que le forum du site 3DNatives.fr sont dédiés à l’impression 3D grand public. Sur YouTube, les
vidéos d’Heliox et Peanut3D sont riches de bons conseils et de projets inspirants à réaliser.
229
Le vaste réseau des tiers-lieux et des fablabs répartis partout en France constitue également
une formidable opportunité de tester l’impression 3D de bureau et d’en maîtriser les bases
avec un collectif d’apprenants, sans avoir à investir dans une machine. La force de ces lieux
réside aussi dans la complémentarité des techniques disponibles. Une imprimante 3D seule
ne permet pas de tout réaliser. Lorsqu’elle est utilisée avec d’autres techniques tradition-
nelles (usinage manuel, découpe de fil chaud, outils de découpe, perçage et ponçage, four
Partie 3. Agir
Enfin, l’année 2020 a vu naître un formidable élan d’entre-aide au sein de la communauté des
makers et utilisateurs d’imprimantes 3D personnelles avec la fabrication de milliers de visières
de protection pour les soignants du Covid-19. En quelques jours, les makers du monde entier
ont ainsi conçu et testé des dizaines de modèles de visières. Les fichiers 3D ont ensuite
été rendus disponibles sur les plates-formes de partage mais aussi sur les réseaux sociaux.
Plus de 6 000 makers français ont pu imprimer plus de 900 000 visières de protection et
répondre aux demandes locales urgentes partout en France. Les entreprises d’impression 3D
et les fablabs se sont également massivement mobilisés pour lancer des productions locales.
230
La communauté s’est coordonnée sur les réseaux sociaux et à distance, donnant naissance à
plusieurs associations d’entre-aide (Visières Solidaires, FabriCommuns, Visières de l’Espoir,
Covid3D ou encore Makers Contre le Covid, pour n’en citer que quelques-unes !). Une éner-
gie sans précédent qui a permis de montrer le dynamisme et la générosité de la communauté
des makers 3D en France, capables de produire à grande échelle localement.
Chapitre 10. L’impression 3D pour les particuliers
LA RÉPARATION DE PIÈCES
L’impression 3D est régulièrement présentée comme une technologie permettant de réparer
les pièces cassées des objets du quotidien et de lutter ainsi contre l’obsolescence program-
mée. Pourtant, remplacer une pièce abîmée par une nouvelle pièce imprimée en 3D à la
maison n’est pas aussi simple.
L’utilisateur doit d’abord identifier la pièce cassée. Dans bien des cas, la pièce abîmée n’est
pas faite d’un seul matériau plastique. Elle peut comporter des assemblages et des détails
fins qui ne pourront pas être imprimés avec un appareil grand public, même si la qualité des
impressions a nettement progressé. Si l’élément abîmé peut en effet être imprimé, il faut
alors que l’utilisateur le modélise à l’identique, en le scannant ou en le mesurant avec pré-
cision, afin d’obtenir le fichier STL qui pourra être lu et produit par la machine. La phase de
modélisation reste à ce jour l’un des plus grands défis pour de nombreux particuliers.
Une fois le fichier obtenu, l’impression de la pièce est l’étape la plus simple mais l’orienta-
tion de l’élément et les paramètres d’impression doivent être bien pensés pour obtenir une
pièce dont la rigidité et la solidité seront en adéquation avec son usage final. Les parties qui
composent aujourd’hui la très grande majorité des appareils électroménagers sont réalisées
par injection plastique. Elles présentent des niveaux de résistance et des caractéristiques
techniques adaptées à un usage quotidien, au sein d’un appareil dont toutes les pièces sont
pensées pour interagir ensemble, comme un tout. 231
Même copiée à l’identique en matière de forme, la version imprimée en 3D de la pièce de
remplacement est moins solide et diffère du modèle initial. Ce point faible est en partie
compensé par le fait que de nouveaux éléments de remplacement peuvent être à nouveau
imprimés facilement à la maison.
Les pièces de réparation réalisées aujourd’hui par les particuliers sont donc principalement
des accessoires esthétiques comme les boutons de four, poignées (de réfrigérateur, de cas-
serole, de tiroir), clapets de cafetière, éléments de salle de bains, enfileur de câbles, connec-
teurs, boîtiers de rangement, supports…
232
Bon à connaître, le réseau associatif des Repair Café est présent partout en France. Il organise
des événements réguliers où chacun peut apporter son matériel à réparer. L’impression 3D y
est parfois une solution proposée.
En milieu scolaire, elles permettent ainsi aux enfants de faire l’expérience du prototypage
et de l’apprentissage par l’itération. La fabrication additive est un outil qui permet de
déployer sa créativité et encourage la confiance en sa capacité à faire seul et avec les autres.
Comprendre le fonctionnement de la machine et savoir s’en servir permet aussi de se plon-
ger dans les principes de mécanique, d’électronique, de programmation informatique et de
robotique. Une fois fonctionnelle, la machine devient un outil de créativité en passant de
l’idée à sa concrétisation physique. L’imprimante 3D est une façon de passer à l’action.
Chapitre 10. L’impression 3D pour les particuliers
L’initiative Fablab à l’école menée par Universcience est un projet national visant à dévelop-
per la culture du « faire soi-même » et du « faire ensemble » dans les établissements scolaires,
auprès des élèves du CM1 à la 5e. Le projet consiste à installer un mini fablab gratuitement
dans les classes ou les écoles, équipé de six machines emblématiques : une imprimante 3D,
une scie à chantourner, une découpeuse vinyle, une machine à coudre, une fraiseuse-
graveuse et des cartes électroniques. La mise en place du fablab s’accompagne de contenus
pédagogiques pour former les enseignants et proposer des activités. Le dispositif est en test
depuis 2018 dans une douzaine d’écoles en Île-De-France et une dizaine en région Grand Est.
Parmi les nombreux projets pédagogiques utilisant l’impression 3D de bureau, on peut tout
particulièrement mentionner le programme associatif E-Fabrik en Île-De-France qui met en
relation des jeunes collégiens avec des personnes en situation de handicap pour inventer
ensemble une solution pratique à un problème rencontré dans la vie courante. L’objet déve-
loppé est réalisé par les jeunes au sein de lieux de type ateliers collaboratifs ou fablabs, lors
de sessions de prototypage qui se déroulent sur plusieurs semaines.
Depuis 22 ans, le concours FabLife récompense des inventions qui améliorent la vie des
personnes en situation de handicap. Les créations peuvent venir d’établissements scolaires,
de particuliers ou de professionnels de santé. Les inventions présentées sous forme de pro-
totype font régulièrement usage de l’impression 3D.
Le fil conducteur qui lie les adultes comme les enfants dans leurs usages de l’impression 3D
est avant tout la notion d’empowerment. Ce terme, très prisé dans le monde anglo-saxon,
peut être traduit par « encapacitation », ou « prendre confiance dans sa capacité à faire ».
La fabrication additive résonne pour nombre d’utilisateurs amateurs comme une façon
unique de reprendre le contrôle sur le monde qui nous entoure. Les objets ne sont plus des
boîtes noires dont le fonctionnement et les méthodes de production relèvent du mystère. Ils
deviennent compréhensibles, reproductibles et personnalisables à la maison.
L’impression donne envie aux jeunes générations d’imaginer les objets et les méthodes de
fabrication de demain. Le besoin de valorisation auprès des jeunes collégiens et lycéens
est l’un des leviers forts de la politique de réindustrialisation du pays, aux côtés d’autres
axes comme la relocalisation de la production, le développement de l’offre machine et des
infrastructures, et le redressement des marges2.
Plusieurs initiatives françaises de promotion des métiers de l’industrie ont lieu chaque année
partout sur le territoire. La plus ancienne est la Semaine de l’Industrie qui voit se dérouler
une fois par an depuis 2011 plus de 4 500 événements présentant les métiers et le secteur
234
de l’industrie lors de visites, conférences, ateliers et rencontres accueillant 800 000 jeunes.
Plus récente, la manifestation French Fab fédère les acteurs de l’industrie et organise une
communication locale et ciblée pour promouvoir le secteur auprès des jeunes.
236
L’outillage est le second grand secteur d’application de l’impression 3D dans l’entreprise. Les
domaines de l’aéronautique et de l’automobile investissent activement dans la fabrication
additive pour réaliser des outils (mais aussi pour le prototypage et la production de pièces
finies), aux côtés de nombreuses entreprises d’ingénierie et de mécanique. L’arrivée rapide
de l’impression 3D métal promet une croissance forte de ces utilisations en outillage. En
France, le marché de la fabrication additive métal devrait doubler d’ici 2025 pour atteindre
les 122 millions d’euros de chiffre d’affaires selon l’étude 360 Research Reports parue en 2019.
Enfin, la production de pièces finies n’est pour l’instant qu’à ses débuts et devrait connaître
une importante croissance dans les prochaines années, pour la fabrication de pièces com-
plexes ou sur mesure notamment. 48 % des éléments produits en France par impression 3D
seraient des pièces finies, selon une étude menée par le constructeur Ultimaker en 2019,
contre seulement 17 % en 2015.
Pour une entreprise intéressée par les possibilités de l’impression 3D, une première réflexion
à mener est donc d’identifier les applications potentielles que pourrait permettre la techno-
logie : prototypage, outillage ou production.
Pourtant, l’impression 3D peut être un outil exceptionnel de réduction des coûts. Le calcul
doit se faire au cas par cas, en prenant en compte avec finesse les différents postes de
dépenses tout au long de la chaîne d’approvisionnement. La réduction des frais peut inter-
venir à des niveaux variés : amenuisement des volumes de matière première utilisée grâce
à l’optimisation topologique et à la consolidation de pièces ; baisse des coûts indirects – en
carburant, par exemple – grâce à la conception de pièces plus légères ou de moules d’outil-
238
lage mieux régulés thermiquement ; réduction des coûts humains en passant d’une chaîne
de production et d’un assemblage multimachines à une fabrication tout-en-un sur l’impri-
mante 3D ; diminution des dépenses de stockage et d’inventaires de pièces détachées avec
la possibilité de produire les éléments de maintenance à la demande… mais aussi – comme
l’ont compris les secteurs des aides auditives et de la dentisterie – la production en masse de
pièces uniques.
INNOVER
Enfin, la fabrication additive est un outil d’itération rapide et de créativité qui favorise le
soutien à une démarche d’innovation ouverte. Les entreprises de conseil et de services
Chapitre 11. L’impression 3D en entreprise
s’équipent d’imprimantes 3D de bureau qui sont alors pensées comme des outils d’accompa-
gnement stratégique.
Les fablabs d’entreprise, réunis notamment au sein de l’association Fab&Co, sont des lieux
de créativité et d’expérimentation qui permettent aux collaborateurs de l’entreprise de tra-
vailler de façon nouvelle. Les fablabs organisent des événements, des sessions de travail et
des ateliers de conception de design (design thinking) qui amènent les salariés de différents
départements de l’entreprise à travailler ensemble alors qu’ils n’auraient pas été spontané-
ment réunis autrement. Les consommateurs, clients et partenaires peuvent aussi participer
aux sessions de travail.
239
Les fablabs de Décathlon utilisent l’impression 3D pour expérimenter de nouvelles gammes de produits.
Atelier de créativité et fabrication additive animé pour L’Oréal à l’incubateur MYT (Make Your Techno)
par l’équipe Creadditive AddUp, menée par Anne-Lise Rias
Le calcul des frais des procédés traditionnels est bien connu. Pour estimer par exemple le
coût de fabrication d’une pièce par injection plastique, il faut additionner les cinq éléments
suivants : la matière utilisée, l’équipement, l’outillage, les salaires et les frais généraux. Le
prix du matériau diminue très fortement avec le volume de pièces produites. En injection
plastique, le principe de l’économie d’échelle joue à plein. La fabrication d’une brique LEGO
unique coûte ainsi entre 10 000 et 100 000 dollars alors que produite par millions, son coût
baisse à 0,01 dollar l’unité, auquel il faut ajouter les coûts marketing, commerciaux et logis-
tiques (estimation MIT 2019).
En fabrication additive, le volume de production n’est pas l’élément central qui entraîne une
baisse des coûts. L’économie d’échelle ne s’applique pas et les réductions des dépenses sont
plutôt liées aux transformations globales entraînées par le passage à l’impression 3D.
En effet, contrairement à une chaîne de production traditionnelle où une seule machine est
dédiée à la production d’une seule pièce et où il faut concevoir l’outillage sur mesure pour la
Chapitre 11. L’impression 3D en entreprise
241
Impressions simultanées de plusieurs pièces finies
L’équipe de recherche du MIT a développé une méthode de calcul des coûts d’impression 3D.
L’approche intègre l’ensemble des étapes de fabrication, à savoir la préparation, l’impression
et le post-traitement.
Les éléments qui expliquent les différences de coûts varient d’un procédé à l’autre. Il est
donc important d’effectuer les calculs en fonction de la technologie choisie. En extrusion de
matière, par exemple, les prix augmentent avec le volume de la machine et la vitesse d’im-
pression. En frittage laser, au contraire, une imprimante avec un gros volume et une grande
vitesse d’action favorise la réduction des coûts de production. Selon les procédés, le nombre
d’éléments qui pourront occuper le volume d’impression varie fortement : en frittage laser,
l’ensemble du volume peut être utilisé alors qu’en stéréolithographie, seules les pièces tou-
chant le plateau peuvent être imprimées.
Les dépenses fluctuent par le concours de différents facteurs comme l’orientation de la pièce
sur le plateau. En effet, la façon dont les objets sont positionnés influence le temps d’impres-
sion, mais aussi les durées de chargement et déchargement. Là encore, l’optimisation se fait
Partie 3. Agir
au cas par cas : l’impression sera plus rapide si la pièce est allongée à l’horizontal, mais si
plusieurs pièces allongées doivent être imprimées simultanément, il est alors plus intéressant
de les positionner à la verticale côte à côte. Plus il y a d’éléments sur le plateau, plus les frais
liés au lancement de la machine et aux allers-retours dus aux chargements et déchargements
baisseront.
242
Par ailleurs, le coût des matériaux est bien sûr à prendre en compte, en incluant le matériau
de support. Les matériaux d’impression 3D sont encore chers par rapport à ceux utilisés en
injection plastique ou fonderie métal, même s’il est possible de faire baisser les prix en s’ap-
provisionnant en gros volume. La conception de la pièce et la bonne gestion du stockage de
la matière influencent les frais.
Si les attentes ne sont pas comblées, il est alors important d’analyser les facteurs d’échec,
puis de tester des alternatives, dans une démarche itérative. D’une application à une autre
et d’un apprentissage à un autre, l’adoption de l’impression 3D dans l’entreprise devient peu
à peu une évidence.
Partie 3. Agir
PASSER À L’ÉCHELLE
Si l’analyse des premières applications en confirme l’intérêt, la prochaine étape consiste à
investir plus nettement dans la technologie, en déployant par exemple des machines dans
les différents lieux de production, en développant les applications internes, de nouvelles
gammes ou pièces utilisant les avantages ou encore en élargissant les procédés et les maté-
riaux choisis.
Les prestataires de fabrication peuvent alors être une alternative intéressante au fait de
s’équiper en interne. Ils mettent à disposition de leurs clients un large choix de procédés et
matériaux. La production s’effectue directement dans leur atelier. Des courtiers d’impression
indépendants peuvent être utilisés pour orienter vers le bon fabricant international.
Propriété intellectuelle
Jusqu’ici, les différentes commissions ayant travaillé sur la propriété intellectuelle et l’im-
244 pression 3D ont abouti à la conclusion que le cadre législatif actuel était suffisant. Un risque
potentiel avait été identifié au milieu des années 2010, principalement lié au fait que les
particuliers s’équipaient de plus en plus et pouvaient être amenés à copier un objet à la mai-
son ou à partager les fichiers pour permettre à chacun de recopier l’objet. Les consultations
n’avaient pas donné lieu à de nouvelles législations, principalement parce que l’adoption de
l’impression 3D grand public n’était pas aussi importante que prévu.
Dans le cas de la reproduction d’un objet protégé (une figurine de l’un des films Star Wars,
par exemple), les responsabilités varient en fonction des cas. Si l’on se place du côté du droit
d’auteur, le créateur du fichier de modélisation 3D est considéré comme l’auteur de la contre-
façon sauf si la copie a un usage strictement privé. Si un particulier imprime l’objet, il est aussi
considéré comme contrefacteur, sauf s’il bénéficie de l’exception de copie privée.
Une nouvelle série de consultations est en cours depuis l’été 2019, cette fois au niveau euro-
péen. Ces consultations mènent notamment sur le non-respect des droits dans les pays en
dehors de l’Union européenne dans le cadre des questions de traçabilité, protection des
bases de données et des fichiers, de sécurité et d’impact environnemental de la chaîne logis-
tique. L’impression 3D fait partie des technologies étudiées, sans en être une priorité.
Chapitre 11. L’impression 3D en entreprise
Des acteurs comme 3DTrust ou Identify3D proposent des solutions de traçabilité de la chaîne
logistique pour la fabrication additive.
Nombre de professionnels de la fabrication additive qui ont commencé leur activité il y a dix
à vingt ans se sont formés en autodidactes, au contact des machines et au fur et à mesure
des cas clients. Les profils hybrides qui combinent un diplôme classique avec une expérience
terrain de plusieurs années dans l’impression 3D sont des caractéristiques encore rares et
recherchées, qui intéressent beaucoup d’industriels.
Les profils ingénieurs systèmes, logiciels ou électroniques sont très demandés, d’autant plus
que la quantité de diplômés n’est pas assez conséquente pour répondre à la demande. Les
secteurs qui recrutent tout particulièrement ce type de compétences sont l’industrie manu-
facturière regroupant l’aéronautique, l’énergie, les transports, la défense ou les biens de
consommation. Les bureaux d’études proposent aussi des emplois.
Ces profils ingénieurs ou techniciens travaillent dans l’atelier au plus près des machines. Ils
maîtrisent l’ensemble de la chaîne logicielle, la fabrication et le post-traitement. Ils connaissent
avec précision le comportement de la machine.
249
L’expérience terrain dans l’atelier permet d’accélérer sa carrière plus rapidement que dans
les secteurs traditionnels. Les emplois peuvent être au sein d’un service bureau, chez un
prestataire de production en fabrication additive ou dans une industrie spécialisée comme
le secteur médical ou l’aéronautique qui ont leurs équipements propres.
Partie 3. Agir
250
Le secteur des ateliers partagés, souvent appelés fablabs, recrute également. Ces fablabs
peuvent être indépendants, en école ou intégrés à une entreprise. Les postes en CDI dans les
fablabs indépendants sont cependant rares et avec des salaires plus bas que dans d’autres 251
secteurs. Le fabmanager est la personne qui coordonne l’ensemble des activités du fablab.
Il assure le bon suivi de la maintenance du parc de machines, est un facilitateur auprès de la
communauté des membres du lieu et développe les offres de formation et d’accompagne-
ment de projet. Il est un couteau suisse de la fabrication, souvent expert de l’impression 3D
FDM. Il a une connaissance transversale sur l’ensemble des équipements de prototypage
rapide du lieu, souvent équipé d’une dizaine de machines comme une découpeuse laser ou
un traceur de découpe et d’impression.
Nombre d’entreprises du secteur sont nées il y a moins de dix ans, et les opportunités restent
importantes. Il faut néanmoins bien étudier le marché et prendre en compte l’état de l’art
des technologies et de leurs contraintes avant de se lancer. Beaucoup d’entrepreneurs ont
dû fermer leurs portes quelques années après le lancement de leur projet. L’appétence des
consommateurs pour les imprimantes 3D domestiques n’a pas eu l’ampleur espérée. Le mar-
ché s’est retrouvé rapidement saturé d’imprimantes de bureau à dépôt de filament fondu,
Partie 3. Agir
avec une forte concurrence internationale et une baisse rapide des prix à l’initiative notam-
ment du marché chinois. Il est difficile aujourd’hui de se démarquer avec une offre centrée
sur le procédé FDM, qu’il s’agisse d’un service bureau ou de la revente de machines.
Les entrepreneurs qui prospèrent dans le secteur sont généralement ceux qui proposent
une offre différenciante ou très innovante. La start-up bordelaise Poietis, spécialiste
internationale de la bio-impression, s’appuie sur les années d’expérience et le haut niveau
technologique de ses fondateurs pour proposer une machine unique sur le marché. Il en va
de même pour la start-up parisienne SYOS dont les deux cofondateurs sont chercheurs en
252 acoustique.
Se positionner sur une niche paye. La start-up toulousaine Zimple l’a bien compris en
créant notamment son plateau flexible, un accessoire pour imprimante 3D de bureau qui
s’appuie sur le marché existant des utilisateurs d’impression et est compatible avec plusieurs
marques. La start-up La Pâtisserie Numérique développe une imprimante 3D alimentaire
pour l’impression de gâteaux.
La bonne idée n’est pas obligatoirement un produit innovant, elle peut également être un
service qui répond à un besoin du marché. L’indépendante Cat3DPrint propose par exemple
une prestation à succès de courtage en impression 3D. Le service Ma Pièce imprime des
pièces de réparation à la demande en Nouvelle-Aquitaine.
L’intrapreneuriat est une démarche de plus en plus encouragée au sein des grands groupes.
Les salariés porteurs d’un projet en interne peuvent alors être accompagnés et bénéficient
d’investissements internes pour développer un spin-off, une start-up au sein de l’entreprise
qui teste un modèle et peut, à terme, se déployer. Le groupe nantais Armor a par exemple
donné naissance à Kimya.
FORMATION INITIALE
Les formations initiales dédiées à l’impression 3D sont encore rares.
FORMATION CONTINUE
Les organismes de formation continue sont des entreprises privées qui développent des
parcours à destination des professionnels souhaitant ajouter une compétence à leur profil
ou se reconvertir. Selon les parcours, les formations peuvent être ou non certifiantes et
bénéficier de financements publics et privés.
Les organismes de formation continue qui proposent la fabrication additive à leur offre
sont encore rares. La société F3DF s’est positionnée tôt dans le secteur et développe les
parcours les plus complets du marché. Les cours peuvent être en présentiel à Lyon et Paris
ou à distance. Ils peuvent se dérouler sur une journée ou sur plus de 20 jours et touchent à
tous les aspects techniques du secteur : chef de projet, impression SLA, impression métal,
impression FDM, scan 3D, logiciels, dispositif QHSE.
Partie 3. Agir
Enfin, les formations en ligne se sont multipliées ces dernières années. L’organisme F3DF
propose des parcours e-Learning. L’entreprise AddUp a lancé en 2019 l’AddUp Academy, des
parcours en ligne très complets dédiés à la fabrication additive métallique. Certains modules
sont gratuits.
Chapitre 12. Les métiers de l’impression 3D
255
Professeur et élève dans un cours dédié à la fabrication additive
La part de l’industrie manufacturière dans le PIB baisse depuis le milieu des années 1970 où
elle représentait alors 22,3 %. Elle a depuis diminué de plus de la moitié, alors que le secteur
258 tertiaire a, quant à lui, pris de l’ampleur. La chute de la part industrielle a connu deux phases
particulièrement difficiles. En effet, entre 2000 et 2007, les biens industriels ont subi une
forte baisse de prix et une importante chute des besoins en main-d’œuvre. Puis, entre 2007
et 2014, plusieurs grands sites de l’industrie manufacturière traditionnelle ont fermé, notam-
ment dans la sidérurgie et les chantiers navals.
Depuis trois ans, un regain de l’activité industrielle du pays est observé. Pour la première fois
depuis 2009, un solde positif de 26 nouvelles usines a été comptabilisé sur le territoire en
2017, ce qui représente environ 120 ouvertures par an. Le nombre de fermetures d’usines a
nettement baissé (100 fermetures en 2018, contre 250 en 2012). Les investissements étran-
gers sur le territoire sont en croissance, de même que l’effectif de créations d’emplois. Ces
indices de réindustrialisation sont en partie expliqués par l’augmentation du coût des trans-
ports et l’automatisation croissante des moyens de production.
L’industrie ayant connu une forte baisse d’attractivité, l’initiative French Fab et la tournée
nationale qui s’est déroulée en 2019, « année de l’Industrie », avaient pour but de créer un
nouvel imaginaire pour le secteur et de faire naître des vocations. Les entreprises indus-
trielles peuvent se prévaloir du sigle French Fab si elles s’engagent à produire en France,
déployer une politique de transformation numérique, viser l’internationalisation, promouvoir
la croissance, développer les compétences des employés et « jouer collectif ».
Pour redonner à l’opinion publique des rêves de carrière dans l’industrie, la formation est l’un
des grands pôles d’investissement. 15 milliards d’euros sont dédiés dans le Grand plan d’in-
vestissement du gouvernement depuis 2017, avec pour objectif que les emplois industriels de
demain soient qualifiés et offrent un salaire attrayant.
La France a pris du retard dans ce passage à l’industrie 4.0. Le taux de croissance annuel de
la robotisation y est de 3,4 % (contre 6,7 % en Espagne). Les dépenses en achats de machines
et équipements industriels sont jusqu’à 3 ou 4 fois moins importantes en France qu’en Italie
et en Allemagne.
L’axe choisi pour décrire la vision de « l’Industrie du futur » est le plus souvent centré sur
une approche technologique où l’innovation est vue avant tout comme une modernisation
des moyens de production pour aller vers une usine dite connectée. Les machines commu-
niquent entre elles grâce à l’Internet des objets. Elles sont équipées de capteurs et d’outils
d’analyse de données capables de générer des mégadonnées. L’ensemble de la chaîne de
production peut ainsi être suivi en temps réel grâce à un jumeau numérique, véritable copie
dématérialisée qui a pour objectif d’assurer le suivi de l’activité et anticiper les besoins du
PARTIE 3. AgIR
parc de machines. Les applications de réalité virtuelle et augmentée pour l’industrie, asso-
ciées au contrôle non destructif deviennent la norme du secteur. Les machines sont fer-
mées, numériques, contrôlées par des logiciels qui travaillent directement dans le cloud,
permettant flexibilité et travail collaboratif, et qui intègrent des fonctionnalités d’intelligence
artificielle. Elles sont alors capables d’adapter leurs mouvements en temps réel en fonction
des caractéristiques recherchées pour le produit ou de la quantité de biens à produire. Une
partie majeure des opérations est automatisée, coordonnée par des opérateurs hautement
qualifiés. Les « cobots », ces fameux robots collaboratifs, sont conçus pour travailler main
dans la main avec l’opérateur afin d’améliorer la productivité et la qualité, réduire la pénibilité
ou encore améliorer l’ergonomie.
260
Dans cette vision technophile de l’industrie de demain centrée sur la transformation digitale,
l’usine est pensée comme un micro-centre de production capable de générer des biens hau-
tement personnalisés à la demande. Les ouvertures récentes de sites de production et la
modernisation des équipements existants vont dans ce sens. L’objectif de ce passage à l’usine
de demain est de permettre des cycles de production encore accélérés et de répondre aux
attentes de réactivité, qualité et personnalisation.
La fabrication additive s’intègre pleinement dans cette vision. Elle permet de réaliser à
la demande des pièces aux hautes performances qui optimisent l’utilisation de matière.
Contrôlées par commande numérique, les imprimantes produisent selon des paramètres
Chapitre 13. L’impression 3D, pilier d’un monde en transition
définis avec précision, à l’échelle du micron. Plusieurs matériaux peuvent être combinés au
sein d’une même pièce donnant naissance à des produits aux propriétés nouvelles et sur
mesure. L’optimisation topologique et tomographique, c’est-à-dire la conception de pièces à
partir d’algorithmes mathématiques pour une utilisation hautement optimisée de la matière,
la possibilité de créer des modèles paramétriques ouvrent à des innovations de conception
et de fabrication jamais vues auparavant.
L’Usine du futur mise sur une transition de la production de biens à la création de services et
d’expériences pour le client. La fabrication de produits n’est plus vue comme une fin en soi.
La recherche de rapidité de production ne découle plus de la volonté de créer en grande
quantité des biens à la durée de vie courte qui seront rapidement remplacés pour encoura-
ger l’achat. Elle est plutôt synonyme de réactivité dans le contexte d’une production raison-
née et à la demande.
LA FABRICATION ADDITIVE,
GUIDE D’UNE NOUVELLE CROISSANCE 261
La crise écologique sans précédent que nous traversons pose la question du modèle éco-
nomique dans lequel s’inscrit la vision de l’industrie, et donc de la fabrication additive pour
demain. En matière de pollution, l’industrie se classe en effet en quatrième position en France
après les transports, l’agriculture et le bâtiment.
Même si les critères environnementaux et humains font partie du portrait de l’Usine du futur
aux côtés de l’innovation technologique, l’objectif premier reste centré sur la croissance éco-
nomique seule. Le critère du PIB est encore uniquement utilisé comme chiffre clé pour esti-
mer le succès ou non des actions effectuées.
Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour souligner les limites du concept de PIB
et proposer de nouvelles façons de quantifier le succès, en phase avec les défis du xxie siècle.
Ce concept de PIB a été inventé au moment de la Seconde Guerre mondiale pour piloter
les actions de production en temps de guerre et pendant la reconstruction. L’indicateur a
ensuite été utilisé comme un critère pérenne pour comparer les performances des États
entre eux. Cependant, les limites du PIB sont nombreuses : il ne prend pas en compte les
niveaux de confort et de satisfaction, ni la qualité des services rendus.
D’autres indicateurs ont été développés comme l’IDH (indice de développement humain) qui
inclut le niveau de vie, l’éducation et l’espérance de vie, ou le BNB (bonheur national brut) qui
réunit 72 critères dont la bonne gouvernance et la préservation de l’environnement. Le PIB
vert est un indice qui intègre les dégâts environnementaux causés par l’activité économique.
PARTIE 3. AgIR
L’ONU a lancé en 2012 l’Inclusive Wealth Indicator, « indice de richesse globale », comme
alternative au PIB, qui prend en compte les aspects environnementaux. Enfin, l’IPS (indice du
progrès social) est considéré comme l’un des indices les plus complets.
Cette question de l’évaluation du succès de l’activité économique vient interroger les appli-
cations et les développements de la fabrication additive. Ils permettent de prendre en consi-
dération la qualité des services et des produits fournis et non leur quantité. Le fonctionne-
ment même de l’impression 3D est en adéquation avec cette phase de transition profonde,
qui cherche à aller vers la qualité plutôt que la quantité. À ce titre, elle est une fois de plus
une technologie positionnée pour accompagner en profondeur la révolution industrielle.
Longtemps cantonnée à des pratiques de niche du design industriel, l’intérêt pour l’économie
circulaire a pris une ampleur considérable en peu de temps. Elle consiste à penser le cycle de
262
vie du produit dans son ensemble, en intégrant l’extraction et l’acheminement des matières
premières jusqu’à la fin de vie. L’économie circulaire propose une façon de concevoir le
produit intégré dans son environnement global. L’impression 3D apporte des solutions
nouvelles à plusieurs étapes de ce cycle de vie du produit.
2 John Bellamy Foster, The Ecological Rift: Capitalism’s War on Earth, MRP, 2010.
3 Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, Seuil, 2013.
Chapitre 13. L’impression 3D, pilier d’un monde en transition
263
Une équipe pluridisciplinaire a lancé l’initiative Print Your City : l’idée est d’imprimer un
mobilier urbain à partir des déchets apportés par les habitants. Le concept a été testé à
Amsterdam et en Grèce avec un banc imprimé par dépôt de filament fondu grand format issu
de sacs plastiques en quantité équivalente à un an de détritus. En fin de vie, le banc pourra
être broyé et imprimé à nouveau. Ce processus est renouvelable jusqu’à sept fois.
Partie 3. Agir
264
UTILISATION DE MATÉRIAUX ISSUS DE DÉCHETS
La réduction de l’usage du plastique est une problématique urgente et mondiale. Une étude
parue en 20174 estimait la masse de plastique produite à 8,3 milliards de tonnes métriques.
Sur l’ensemble des plastiques produits, seulement 9 % étaient recyclés, 12% incinérés et la
vaste majorité, 79 %, étaient accumulés en décharge ou dispersés dans l’environnement.
D’ici 2050, l’étude stipule que 12 milliards de tonnes métriques de plastique seront jetées
en décharge ou dans l’environnement. Une bouteille plastique a une durée de vie de 100 à
1 000 ans selon le plastique utilisé. Un sac en plastique a une durée de vie de 450 ans.
Des réponses, pour l’instant ponctuelles, autour du recyclage du plastique sont proposées
par certains acteurs des matériaux. Le hollandais Refil développe des filaments PET à partir
de bouteilles plastiques, du HIPS provenant de réfrigérateurs et du PLA issu de packagings
de pots de yaourt. Les acteurs se multiplient sur ce marché, comme GreenGate3D (filament
PETG 100 % recyclé), Filamentive, Kimya, NefilaTek ou RePLAy3D. Les filaments recyclés pro-
duisent des pièces légèrement moins résistantes, dont les caractéristiques sont à prendre en
compte dans la phase de conception.
Un extrudeur de bureau
Partie 3. Agir
Les premières réalisations d’envergure voient le jour avec ce type de matériau. À Dubaï, le
pavillon de démonstration Deciduous a permis de construire une structure architecturale à
partir de 30 000 bouteilles d’eau recyclées et imprimées.
266
Pavillon Deciduous, pensé par le MEAN de Dubaï
Côté impression métal, le recyclage d’éléments métalliques en fin de vie pour la fabrication
additive en est encore à ses balbutiements. L’entreprise américaine 6K a développé une
méthode pour réduire en poudre des pièces en métal et la préparer pour la fabrication
additive.
BIOMIMÉTISME
Le biomimétisme est une technique de conception qui consiste à observer la nature et
à copier certaines fonctionnalités du vivant. L’impression 3D permet d’accompagner la
recherche scientifique en concrétisant des modèles expérimentaux et en produisant des
pièces aux formes complexes.
267
Écailles de poissons étudiées par l’équipe de recherche en biomimétisme de l’Université McGill à Montréal
De son côté, l’architecte et designer Neri Oxman, également professeure au MIT Media Lab
et connue pour ses expérimentations autour de la fabrication additive, a conçu une série
de modèles régénératifs inspirés du vivant pour l’exposition Wanderers, An Astrobiological
Exploration. Chaque modèle est pensé comme une pièce capable de transformer la matière.
La pièce Mushtari, par exemple, est un concept de système organique dont les trachées
transparentes laissent circuler les cyanobactéries à la lumière du jour pour les convertir en
saccharose comestible.
Les éléments qui constituent toute forme de vie sur Terre – le carbone, l’hydrogène, l’oxy-
gène et le nitrogène (ainsi que le soufre et le phosphore) – se combinent et se recombinent
de cycle en cycle, permettant à la vie d’évoluer. Plutôt que de jeter un produit en fin de vie,
Partie 3. Agir
l’économie circulaire propose de générer un nouvel objet à partir des éléments qui le com-
posent. La complexité du produit vient alors de la façon dont sont combinés les éléments
plutôt que de la grande diversité de matières utilisées.
L’initiative Circular Juice Bar est une machine qui presse du jus d’oranges et transforme la
peau des oranges pressées en gobelets grâce à une imprimante 3D WASP 2040 Industrial 4.0
modifiée. La peau d’orange est séchée, puis broyée jusqu’à obtenir une poudre fine qui sera
ensuite mélangée à des granulats de PLA et extrudée en filament 3D. Le projet est encore à
l’état de démonstrateur conceptuel et les temps de production sont pour l’instant très longs.
Pour produire un kilo de filament, le temps de séchage est de 6 heures, le broyage dure quant
à lui 20 minutes, l’extrusion prend 8 heures et l’impression 3D d’un gobelet est de 15 minutes.
268
269
L’entreprise française Beelse utilise la fabrication additive pour apporter une solution au
stockage des pièces détachées. L’objectif est d’amener les industriels à optimiser leur ges-
tion des stocks. Jusqu’ici les pièces détachées sont produites, inventoriées, stockées, puis
détruites si elles ne trouvent pas usage ou si elles ne sont plus valides. La gestion des stocks
est coûteuse car elle nécessite des espaces dédiés, du temps et des ressources.
Une première étape de transition pour l’entreprise consiste à identifier les pièces qui pour-
ront être créées par fabrication additive, une estimation généralement comprise entre 3 et
Partie 3. Agir
10 % des pièces selon les entreprises. Des logiciels dédiés d’identification et de chiffrage des
éléments compatibles avec la fabrication additive peuvent également être utilisés, comme
Agile PLM de l’entreprise allemande 3YourMind.
La blockchain permet également de prolonger la vision portée par l’Internet des objets d’un
monde physique décentralisé et à la demande. Dans cette vision, les pièces ont alors un
jumeau numérique qui contient toutes les informations nécessaires à leur production. Les
objets virtuels peuvent ainsi être partagés instantanément sur les réseaux et produits à la
demande par impression 3D. Les plates-formes de partage d’objets en ligne et la virtualisation
des catalogues de pièces internes menée activement par les grandes entreprises industrielles
partagent cette vision d’un Internet des objets où la fabrication additive joue le rôle de
270
médiation entre le modèle numérique de l’objet et sa version physique. Les effets attendus
de l’impression 3D liée aux technologies de la blockchain sont immenses.
Le réalisme désormais bien présent parmi les nombreux acteurs internationaux du secteur va
de pair avec des transformations majeures en cours et à venir de nos systèmes de production
et de notre modèle de société.
définition 17 L
en Allemagne 219 La Pâtisserie Numérique 104, 252
en Autriche 220 lissage de la surface 190
en Belgique 220 lissage par la vapeur 191
en Chine 222 lissage par ponçage 193
en Espagne 220 logiciel de découpe 131, 137
en Europe 217 logiciel de modélisation 3D 109
en France 208 LOM (Laminated Object Manufacturing) 28,
entrepreunariat 251 68
formations 253
historique 25 M
marché 20 Made in Space 86
métal 22, 63, 77, 93 maison 102
BMD 43 MakerBot 31, 131, 146
EBM 57 Maker Faire 227
SLM 52, 55, 56, 84, 162, 163, 184 makers 227
métiers 247 matériau de support 135, 143, 148, 157, 163
normes 245 ME (Material Extrusion) 36
par dépôt de filament fondu 137 métal 182
par extrusion 168 métiers
pour les particuliers 223 de la conception 248
procédé 35 de la production 249
réseaux et sites 251 de la recherche et de l’enseignement 251 275
retour sur investissement 237 de la vente 250
risques et freins 244 Michelin 80
secteurs d’activité 71 Mimaki 61
imprimante 3D 28 MJF (Multi Jet Fusion) 64
personnelle 224 MJ (Material Jetting) 36
marques 224 mode 89
ventes 21 modeleur surfacique 110
industrie 76 modeleur volumique 109
alimentaire 104 moule 80, 81, 82, 93
automobile 80, 83 MPD (Molten Plastic Deposition) 38
du futur 213, 259 My Human Kit 97
manufacturière 258
militaire 97 N
innovation 238 Netfabb 120, 131
Instituts Carnot 208 nettoyage
intelligence artificielle 130 de la pièce 202
isotropie 137 et traitement UV 197
par air compressé et microbillage 200
J norme 245
joaillerie 87, 112, 116 NovaMeat 104
NURBS 119
K nylon 167, 171, 180
Kärcher 82
INDEX
O prototypage 72, 75
OBJ 119 prototype 73, 74
optimisation 127, 128, 129, 130 Prusa, Josef 31
orthèse 96
outillage industriel 76 R
réalité virtuelle 118, 260
P Recif’lab 102
partage de fichier 3D 117, 119 recyclage 264
PBF (Powder Bed Fusion) 36 réparation de pièces 231
PC 172 RepRap 30
PETG 173 résistance anisotropique 137
phase de modélisation 107 rétraction 136, 139, 148, 155
phase d’impression 133 retrait du matériau de support 190
Phenix Systems 56 retrait du support 199
photogrammétrie 115 rétro-ingénierie 113, 117
photopolymère 47 Rhino 111
photopolymérisation 36, 46, 87, 92, 121-126, 134,
147-151, 166, 185, 197 S
échelle nanoscopique 50 sac 90
grand format 51 scanner 3D 113
PIB 258, 261 lumière structurée 114
pièces détachées 269 machine à mesurer tridimensionnelle 113
PLA 168 photogrammétrie 115
276 tomographique 115
plastique 264
plateau d’impression 146 triangulation laser 114
pneus 80 scanner corporel 116
Poietis 96, 252 SCP (Smooth Curvature Printing) 60
polissage 193 Sculpteo 29, 212
polyamide 167, 180 sculpture 3D 112
polygone 119 SDL (Selective Deposition Laminated) 68
Polyjet 58, 80, 158 secteur dentaire 92
PolyJet 156 secteur médical 91
polymère 167, 179 Shapeways 29
polymère à mémoire de forme 182 SketchUp 113, 117
ponçage 200 SLA. Voir stéréolithographie
pont 123 slicer 108, 131
porte-à-faux 121 SLM (Selective Laser Melting). Voir fusion
post-traitement 189 sélective par laser
Precious Plastics 263 SLM Solutions 83
Printrbot 31 SL (Sheet Lamination) 36, 68
Prodways 92, 211 SLS (Selective Laser Sintering). Voir frittage
projection de liant 36, 61, 159 52-56, 151-155
projection de matière 36, 58, 83, 156 SolidWorks 110, 111
propriété industrielle 244 sous-marin 98
propriété intellectuelle 244 spécifications 120, 123, 124, 125
prothèse 96 sport automobile 84
ProtoLabs 221 start-up 214
INDEX
T W
taux de remplissage 139 WAAM (Wire Arc Additive Manufacturing) 68
tête d’extrusion 39 WASP 41, 44, 102, 103
tête d’impression 146 Women in 3D Printing 210, 251
théière 99 WYVE 215
thermodurcissable 167, 181
thermoplastique 167 X
Thingiverse 98, 117 XtreeE 101
Tinkercad 113
tomographie 115
Z
ZBrush 112
topologie 112, 127
Z Corporation 62
TPE 173
TPU 173
trou 124
277
Crédits
iconographiques
Page 15 : Asharkyu/Shutterstock • Page 17 : for Additive Manufacturing • Page 63 :
Olaf Diegel et Ron Van Dam, ODD Guitars Desktop Metal • Page 64 : ExOne • Page 65 :
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• Page 19 : Big Rep • Page 20 : 3Dvarius Pontgelard • Page 67 : DMG Mori • Page 68 :
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Page 22 : Bathsheba Grossman • Page 23 : • Page 73 : Andrew Buckin/Shutterstock •
Olaf Diegel et Ron Van Dam, ODD Guitars Page 74 (h) : Everytime/Shutterstock • Page 74
• Page 25 : Prusa3D • Page 26 : Sculpteo (b) : Saneux • Page 75 : Formlabs/Bunnie
(https://www.sculpteo.com/fr/) • Page 27 : Huang • Page 76 : Ultimaker/Ford • Page 77
3D Systems/Triad • Page 29 : Uship • (h) : Desktop Metal • Page 77 (b) : Marina
Page 30 : CC BY-SA 3.0 • Page 32 (h) : Grigorivna/Shutterstock • Page 78 (h) :
Tinxi/Shutterstock • Page 32 (b) : Prusa3D Ultimaker/Volkswagen Autoeuropa • Page 78
• Page 34 : 2018 Gartner Inc. • Page 35 : (b) : L’Oréal Paris • Page 79 (h) : FlorianA sur
EnvisionTEC/Altair Consulting • Page 38 : Thingiverse • Page 79 (b) : Ecoparts • Page 80
Mathilde Berchon • Page 39 : Chris Allan/ (h) : Formlabs • Page 80 (b) : Anuraag
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Page 41 : Asharkyu/Shutterstock • Page 42 Shutterstock • Page 82 (h) : Desktop Metal/
(h) : Techlicious/Foodini • Page 42 (b) : Drawn Creatz 3D • Page 82 (b) : Alfred Kärcher
• Page 43 : Desktop Metal • Page 44 : nScryp- GmbH & Co. KG and Mr Gogoll/Renishaw •
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Direct Digital Manufacturing Equipment Shutterstock • Page 86 : Aapsky/Shutterstock
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CRÉDITS ICONOGRAPHIQUES
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Galliot • Page 100 : Patrick Jouin/Thomas 161 : ExOne • Page 162 : Moreno Soppelsa/
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WASP ; imprimante Crane WASP • Page 103 Shutterstock • Page 170 : Prusa 3D • Page 171 :
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Einscan • Page 116 : My Eggo au CES de Las Page 182 : Qi Ge et al. CC BY 4.0 • Page 183 :
Vegas 2018 avec Faurecia • Page 118 : Frame Marina Grigorivna/Shutterstock • Page 185 :
Stock Footages/Shutterstock • Page 120 : 3D Systems • Page 186 : 3D Ceram • Page 189 :
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Page 125 : Sculpteo • Page 126 : LuchschenF/ Formlabs/Volkswagen • Page 196 : guruXOX/
Shutterstock • Page 127 : Renishaw • Page 128 : Shutterstock • Page 197 : Zossia/Shutterstock
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• Page 133 : Renishaw • Page 134 : 3D Hubs (b) : WYVE (HEXA Surfboard) – HEXA SAS •
• Page 135 : Formlabs • Page 136 : Prusa Page 216 : Makery.info • Page 217 : TechShop,
Printers (Prusa Knowledge base) • Page 138 : Ateliers Leroy Merlin • Page 219 : Olaf Kosinsky
Sculpteo • Page 139 : Zortrax • Page 140 CC BY-SA 3.0-de • Page 220 : IAM 3D HUB
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Shutterstock, Sergey Privalov/Shutterstock, Photography/Shutterstock • Page 222 :
Dan Rentea/Shutterstock • Page 141 : Matjazz/Shutterstock • Page 223 : Photo Oz/
Zimple 3D • Page 142 : aRTI01/Shutterstock Shutterstock • Page 224 : Jiri 'Tashi'
• Page 143 : Ultimaker • Page 144 : Formware Vondracek/Shutterstock • Page 226 (h,
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et 149 : Formlabs • Page 150 (h) : 3D Hubs • Shutterstock, Cults, Photo Oz/Shutterstock,
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France • Page 230 : Williamtopia2000/ Shutterstock • Page 257 : Refil • Page 260 :
Shutterstock • Page 232 : Ma-piece.net • Elenabsl/Shutterstock • Page 262 : Astel
Page 233 : Syda Productions/Shutterstock Design/Shutterstock • Page 263 : Precious
• Page 235 : Renishaw • Page 236 : EOS Plastics • Page 264 : Print Your City by The
Automotive • Page 237 : L’Oréal Paris • New Raw • Page 265 (h) : Refil • • Page 265
Page 239 : Olga Skuridina/Shutterstock • (b) : Julii71/Shutterstock • Page 266 : MEAN :
Page 240 : Anne-Lise Rias/AddUp/L’Oréal Middle East Architecture Network (Dubaï)
Paris • Page 241 : Kerry Stevenson, Fabbaloo et NAARO Studio (Londres) • Page 267 :
2016 https://fabbaloo.com/ • Page 242 : Imageman/Shutterstock • Page 268 : Carlo
Renishaw • Page 247 : Lynxter • Page 248 : Ratti Associati • Page 269 : Metamorworks/
Gorodenkoff/Shutterstock • Page 249 : Erpro Shutterstock
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