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Université Constantine 3/Département Génie des Procédés - Suite cours TDM - Pr.

Nasri

Transfert entre phases


1- Transfert à l’interface de systèmes biphasiques
Jusqu’à présent nous avons considéré le transfert de matière dans le cas de
systèmes monophasiques et stagnants, mais la plupart des procédés de
séparation font intervenir deux phases en écoulement (tableau ci-dessous), et
dans ce cas le transfert se fait à l’interface, le TDM se limite aux zones
entourant les interfaces où les concentrations sont très difficile à mesurer d’où
la nécessité de modèles mathématiques pour représenter le TDM dans ces
couches, sinon on fait appel à des corrélation basées sur des études
expérimentales. Le coefficient de transfert de matière apparait dans l’équation
du flux comme suit :
𝑁𝐴 =
𝑢𝑛 𝑐𝑜𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑇𝐷𝑀 ∙ 𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒 𝑚𝑜𝑡𝑟𝑖𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑒𝑠𝑡 𝑙𝑎 𝑑𝑖𝑓𝑓é𝑟𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛
𝑁𝐴 = 𝑘 ∙ 𝐶𝐴 − 𝐶𝐴𝑖
Avec : 𝐶𝐴𝑖 la concentration à l’interface et 𝑘 le coefficient de TDM ou la
1
conductance et dont l’inverse représente la résistance au transfert de
𝑘
masse.
Tableau 1 : Exemples d’opérations de séparation

Opération
liquide gaz Distillation
gaz liquide Absorption
liquide liquide Extraction L-L
liquide solide Adsorption L-S

2- Etapes du transfert

Le transfert entre phases peut être schématisé en lui attribuant trois étapes :

- Transfert du constituant considéré du sein d’une phase vers l’interface ;


- Franchissement de l’interface ;
- Transfert du constituant de l’interface au sein de la deuxième phase.

Soit l’exemple de la dissolution d’un corps pur solide dans un liquide. A l’interface
la concentration correspond à la saturation et au fur et à mesure qu’on s’éloigne la
concentration diminue. Pratiquement, la variation de concentration ne sera
sensible que dans une zone au voisinage du solide, d’autant plus restreinte que la
vitesse du fluide est plus grande et ainsi on considère que la résistance au transfert
est localisée dans cette couche ou film.

Il existe plusieurs modèles et corrélations de représentation du transfert de matière


entre phases et dont l’objectif est le calcul du coefficient de transfert de matière qui
est un facteur très important dans le calcul des contacteurs, comme exemple on
peut citer la théorie du film, la théorie de renouvellement de surface, théorie de
Newman (deux films),…etc.

2.1- modèle du film stagnant


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Ce modèle implique l’existence d’un film stagnant d’épaisseur  à l’interface des


deux phases en écoulement et à travers lequel le TDM se fait par diffusion
moléculaire pure. Ce cas est similaire à ce qu’on a déjà vu sauf qu’ici les fractions
aux deux cotés du film sont 𝑥𝐴 (fraction au cœur de al phase) et 𝑥𝐴𝑖 (fraction à
l’interface) et on écrit :

𝐶𝑇 𝐷𝐴𝐵
𝑁𝐴 = 𝑥 − 𝑥𝐴𝑖
𝛿 𝑥𝐵 𝑙𝑛 𝐴
𝐷𝐴𝐵
D’autre part on sait que : 𝑁𝐴 = 𝑘 ∙ 𝐶𝐴 − 𝐶𝐴𝑖 → 𝑘=𝛿 𝑥 𝐵 𝑙𝑛

2.2- Quelques corrélations pour l’estimation du coefficient de transfert

Il existe dans la littérature plusieurs corrélations pour l’estimation du coefficient de


TDM (conductance) et qui font introduire quelques nombre adimensionnels qui
sont :

𝑘∙𝐿
1 − Nombre de Sherwood : 𝑆𝑕 = , 𝐿 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑙𝑜𝑛𝑔𝑢𝑒𝑢𝑟 𝑐𝑎𝑟𝑎𝑐𝑡é𝑟𝑖𝑠𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒
𝐷𝐴𝐵
𝜇
2 − Nombre de Schmidt : 𝑆𝑐 = ; 𝜇 é𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑠𝑐𝑜𝑠𝑖𝑡é
𝜌 ∙ 𝐷𝐴𝐵
𝜌∙𝑣∙𝐿
3 − Nombre de Reynolds : 𝑅𝑒 =
𝜇
4 − Nombre de Peclet : 𝑃𝑒 = 𝑅𝑒 ∙ 𝑆𝑐

a) Cas fluide-sphère :
1
𝑘𝑐 ∙ 𝑑 2 2
= 4 + 1.21𝑃𝑒 3 , 𝑑: 𝑑𝑖𝑎𝑚è𝑡𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑝𝑕è𝑟𝑒
𝐷𝐴𝐵
b) Bulles de gaz dans un fluide :
𝑘𝑐 ∙ 𝑑 1 𝑑
= 1.13𝑃𝑒 2 , 𝑑: 𝑑𝑖𝑎𝑚è𝑡𝑟𝑒 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑏𝑢𝑙𝑙𝑒𝑠
𝐷𝐴𝐵 0.45 + 0.2𝑑

2.3- Théorie des deux films (modèle Lewis-Withman) :

Dans cette théorie, l’existence de mouvement de particules est l’équivalent de


l’existence de gradients de concentration quelque part ; Lewis et Withman ont
proposé que ces gradients sont crées au niveau de l’interface de deux films.

Pour le gaz la différence qui cause le transfert est 𝑦𝐴 − 𝑦𝐴𝑖 et pour le liquide est
𝑥𝐴𝑖 − 𝑥𝐴

𝑁𝐴 = 𝑘𝑦 ∙ 𝑦𝐴 − 𝑦𝐴𝑖 = 𝑘𝑥 ∙ 𝑥𝐴𝑖 − 𝑥𝐴 Interface

𝑦𝐴 − 𝑦𝐴𝑖 𝑘𝑥
=− 𝑥𝐴𝑖
𝑥𝐴𝑖 − 𝑥𝐴 𝑘𝑦 𝑥𝐴
𝑦𝐴
liquide
gaz 𝑦𝐴𝑖
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Cette fraction peut être interprété comme étant la pente d’une droite passant par
les points 𝑥𝐴 − 𝑦𝐴 et 𝑥𝐴𝑖 − 𝑦𝐴𝑖 𝑦
𝑐𝑜𝑢𝑟𝑏𝑒
𝑑′é𝑞𝑢𝑖𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒

𝑦𝐴

𝑦𝐴𝑖

𝑥
𝑥𝐴 𝑥𝐴𝑖

Au cour du transfert de matière (gaz liquide), 𝑦𝐴 va diminuer et 𝑥𝐴 va augmenter, et


à un moment donné les deux fractions coïncident et on a alors l’équilibre, un
moyen de juger l’équilibre c’est de comparer les nombres 𝑦𝐴 et 𝑦𝐴 ∗ (fraction à
l’équilibre) par le calcul de 𝑦𝐴 − 𝑦𝐴 ∗ et coefficients de transfert globaux 𝑲𝒚 , 𝑲𝒙 :

𝑁𝐴 = 𝐾𝑦 𝑦𝐴 − 𝑦𝐴 ∗ = 𝐾𝑥 𝑥𝐴 ∗ − 𝑥𝐴 𝒚 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑏𝑒
𝑑′é𝑞𝑢𝑖𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
de la figure on a :
𝑃
𝑦𝐴
∗ ∗
𝑦𝐴 − 𝑦𝐴 = 𝑦𝐴 − 𝑦𝐴𝑖 + 𝑦𝐴𝑖 − 𝑦𝐴
𝒎′′
= 𝑦𝐴 − 𝑦𝐴𝑖 + 𝑚′ 𝑥𝐴𝑖 − 𝑥𝐴 𝑦𝐴𝑖
𝑄

𝒎
𝑁
 𝐾𝐴 =
𝑁𝐴
+ 𝑚′
𝑁𝐴
 𝑦𝐴∗
𝑘𝑦 𝑘𝑥
𝑦 𝒙
𝑥𝐴 𝑥𝐴𝑖 𝑥𝐴∗
1 1 𝑚′
= + (1)
𝐾𝑦 𝑘𝑦 𝑘𝑥

De la même façon on trouve :

1 1 1
= + ′′ (2)
𝐾𝑥 𝑘𝑥 𝑚 𝑘𝑦

Discussion :
1 1
- Si 𝑚′ est petit, on aura = 𝑘 , alors la résistance est dans la phase gazeuse et
𝐾𝑦 𝑦
c’est elle qui contrôle le transfert.
1 1
- Si 𝑚′′ est grand, 𝐾 = 𝑘 , alors la résistance est dans la phase liquide.
𝑥 𝑥

3. Différents procédés et bilans dans les contacteurs

3.1 Procédé en co-courant Section


arbitraire
On suppose que seule l’espèce A E1, y1
E2, y2
y
peut diffuser d’une phase à l’autre
R1, x1 x
R2, x2
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un bilan matière sur A donne : masse de A à l’entrée = masse de A à la sortie

𝑥1 𝑅1 + 𝑦1 𝐸1 = 𝑥2 𝑅2 + 𝑦2 𝐸2 ,

L’utilisation des débits inertes de chaque phase 𝐸𝑠 , 𝑅𝑠 permet l’obtention d’une


𝑅𝑠
équation linéaire : 𝑅𝑠 = 1 − 𝑥1 𝑅1  𝑅1 = 1−𝑥 1

𝑥1
𝑅1 = 𝑅𝑠 + 𝑥1 𝑅1  𝑥1 𝑅1 = 𝑅𝑠 ,
1−𝑥 1

On défini une nouvelle fraction 𝑋1 tel que :


𝑥1 𝑓𝑟𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑚𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝐴 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑝𝑕𝑎𝑠𝑒 𝑅
𝑋1 = = 𝑓𝑟𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛
1−𝑥 1 𝑚𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 "non A" dans la phase R

Et on aura : 𝑥1 𝑅1 = 𝑋1 𝑅𝑠 , l’équation du bilan devient :

𝑌2 − 𝑌1 𝑅𝑠
𝑅𝑠 𝑋1 − 𝑋2 = 𝐸𝑠 𝑌1 − 𝑌2  =−
𝑋2 − 𝑋1 𝐸𝑠

Si on considère un point quelconque de fraction (Y, X) à une section arbitraire :


𝑌−𝑌1 𝑅
= − 𝐸𝑠
𝑋−𝑋1 𝑠

Y
PQ représente la droite opératoire
T

Y2 Q
-Rs/Es
Y1 P
3.2 Procédé à contre-courant
X X X
un bilan matière sur A donne : masse de A à l’entrée = masse de A à la sortie
2 1

𝑥1 𝑅1 + 𝑦2 𝐸2 = 𝑥2 𝑅2 + 𝑦1 𝐸1 ,

Avec un développement similaire au précédent on trouve :


𝑌 − 𝑌1 𝑅𝑠
=
𝑋 − 𝑋1 𝐸𝑠
Y Section
T arbitraire
E2, y2
Q E1, y1 y
Y2
Rs/Es
P R1, x1 x
Y1
R2, x2

X2 X1 X
3.3 Notion d’étage (étage théorique)

On défini un étage comme étant un mécanisme, combinaison de mécanisme où


deux phases insolubles sont mises en contact, il y'a transfert de matière qui tend
vers l’équilibre. A la sortie, si on a les deux phases en équilibre l’étage est un étage
théorique et la séparation est mécanique. Dans ce cas la droite opératoire touche la
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courbe d’équilibre au point T. On défini l’efficacité de Murphrée (efficacité de


l’étage) comme étant le rapport suivant :

𝑃𝑄 𝑋1 − 𝑋2 𝑌2 − 𝑌1
𝜂= = =
𝑇𝑃 𝑋1 − 𝑋2∗ 𝑌2∗ − 𝑌1

3.4 Procédés par cascade

ES, ES , ES,
Y1 Y2 Y3
RS, X0 RS, X1 RS, X2 RS, X3
1 2 3 n

ES, ES, ES, Y


Y0 Y0 Y0

Bilan matière sur le 1er étage : Y1


Y2 -Rs/Es
𝑋0 𝑅𝑆 + 𝑌0 𝐸𝑆 = 𝑋1 𝑅𝑆 + 𝑌1 𝐸𝑆 Y3
Y0
𝑌1 − 𝑌0 𝑹𝒔
=− X
𝑋1 − 𝑋0 𝑬𝒔 X3 X2 X1 X0

Bilan matière sur le 2ème étage :

𝑋1 𝑅𝑆 + 𝑌0 𝐸𝑆 = 𝑋2 𝑅𝑆 + 𝑌2 𝐸𝑆

𝑌2 − 𝑌0 𝑹𝒔
=−
𝑋2 − 𝑋1 𝑬𝒔

Bilan matière sur le 3ème étage :

𝑋2 𝑅𝑆 + 𝑌0 𝐸𝑆 = 𝑋3 𝑅𝑆 + 𝑌3 𝐸𝑆

𝑌3 − 𝑌0 𝑹𝒔
=−
𝑋3 − 𝑋2 𝑬𝒔

Remarques :

- Si les étages sont théoriques, les points de sortie de chaque étage seront sur la
courbe d’équilibre.
- La droite opératoire est au dessus de la courbe d’équilibre si le transfert se fait
de la phase E vers la phase R.

3.5 Nombre d’unité de transfert et hauteur du contacteur :

Le flux transféré dans la phase gazeuse à travers un élément d’une colonne est
donné par (G flux gazeux total, y fraction et z distance):

𝑁𝐴 = 𝐺 ∙ 𝑦 𝑧+𝑑𝑧 − 𝐺∙𝑦 𝑧

𝑑𝑦
=𝐺∙
𝑑𝑧
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Le même flux peut être exprimé pour la phase liquide (L flux liquide total, x fraction
et z distance):

𝑑𝑥
𝑁𝐴 = 𝐿 ∙
𝑑𝑧
Aussi il peut être exprimé par rapport à la surface spécifique (volume/surface) et
les fractions à l’interface :

𝑁𝐴 = 𝑘𝑥 𝑎 𝑥 − 𝑥𝑖 = 𝑘𝑦 𝑎 𝑦𝑖 − 𝑦

Ainsi la fraction de distance 𝑑𝑧 est :

𝐺 𝑑𝑦 𝐿 𝑑𝑥
𝑑𝑧 = =
𝑘𝑦 𝑎 𝑦𝑖 − 𝑦 𝑘𝑥 𝑎 𝑥 − 𝑥𝑖

L’intégration de cette équation sur une hauteur de 0 à H donne :


𝑦𝑠 𝑋𝑠
𝐺 𝑑𝑦 𝐿 𝑑𝑥
𝐻= =
𝑘𝑦 𝑎 𝑦𝑒 𝑦𝑖 − 𝑦 𝑘𝑥 𝑎 𝑥𝑒 𝑥 − 𝑥𝑖
𝐻𝑇𝑈 𝑮 𝑁𝑇𝑈 𝑮 𝐻𝑇𝑈 𝑳 𝑁𝑇𝑈 𝑳

Avec : HTU hauteur locale (individuelle) d’unité de transfert (en mètre), et


représente l’efficacité du contacteur. NTU est le nombre d’unité de transfert (sans
dimension) et mesure la difficulté de séparation. Ainsi on a, 𝑯 = 𝑵𝑻𝑼 ∙ 𝑯𝑻𝑼.

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