Vous êtes sur la page 1sur 6

Chapitre 9 : COUT MARGINAL

1- Notion de coût marginal


11- Exemple concret
Une commande supplémentaire est adressée à une entreprise. Doit-elle l’accepter ou non ?
Exemple : un lycée souhaite obtenir d’un boulanger la livraison quotidienne de croissants pour la pause de dix heures
à un prix intéressant.
Avant d’accepter et de fixer un prix de vente attractif, le boulanger va en calculer le coût. Le coût sera égal à la variation
du coût total entraîné par la variation du volume de production. C’est cette variation que l’on appelle « coût marginal ».

12- Définition pratique


Remarque : une entreprise ne fait généralement pas varier sa production unité par unité mais par tranches, lots ou
séries. (sauf cas particuliers : avions , bateaux...)
Dans une entreprise faisant varier sa production par séries, le coût marginal est égal au coût de la dernière série fabri-
quée. On utilise parfois l’expression de coût différentiel.
On peut calculer le coût marginal unitaire de la série :

Cout total de la dernière série


Coût marginal unitaire =
Nombre d'unités de la série

Le coût marginal se compose de charges variables de la production complémentaire majorée (ou minorée en cas de
diminution de la production) et du coût de la structure complémentaire qu’il est nécessaire de mettre en place pour
obtenir cette production additionnelle.

2- Aspects mathématiques du coût marginal


21- Expression mathématique du coût marginal
Notations : CT : coût total RT : recette totale
Q : quantités Rm : recette marginale
CM : coût moyen RM : recette moyenne
Cm : coût marginal Δ : variation

Δ CT
Coût marginal unitaire = ΔQ
Si l’on admet sur le plan théorique que la variation des quantités Δ Q
puisse être infiniment petite, on peut écrire :
Cm = lim ΔCT
ΔQ Cm = CT'
ΔQ → 0
Le coût marginal est la
Rappel : lim f(x0 + h) - f(x0) = f’(x)
h dérivée du coût total
h→0

Exemple
Dans l’entreprise Boquaire, l’étude des données constatées a fourni les renseignements suivants :
Charges de structure : 25 600
2
Charges variables : 16.Q avec Q :quantités produites

Exprimer en fonction de Q, le coût total, le coût marginal et le coût moyen unitaire.

CT = 16.Q2 + 25 600
25 600
CM = CT = 16.Q +
Q Q
Cm = CT’ = 32.Q
22- Propriété de la courbe représentative des variations du coût marginal en fonction des quantités

Le coût marginal coupe le coût moyen en son minimum.


Le niveau de production correspondant au minimum du coût moyen est appelé optimum technique ou optimum
de rendement.

Chapitre 9 : Coût marginal 1


Minimum du coût moyen : CM’ = 0
CM = CT = f(Q)
Q Q
Rappel : dérivée de uv = u'.v -2u.v'
v
CM' = CT'.Q - CT.1 = Cm.Q - CT =0
Q2 Q2
D’où : Cm. Q =CT ⇒ Cm = CT
Q
Au minimum du coût moyen, le coût marginal lui est égal.

Exemple (suite)
Calculer le minimum du coût moyen
25 600
CM' = 0 = 16 -
Q2
D’où Q = 40
25 600
CM = 16 × 40 + = 1 280
40
Pour une production de 40 unités, le coût moyen est minimum et égal à 1 280 €.

3- Coût marginal et gestion


31- Recherche de l’optimum économique optimum de profit
On entend par optimum économique le niveau de production pour lequel l’entreprise obtient son plus grand
profit ou résultat (R).

R = RT - CT
R maximum ⇒ R’ = 0
R’ = RT’ – CT’ = Rm – Cm = 0
A l’optimum économique,
le coût marginal est égal à la recette marginale.
Remarque : dans un marché de concurrence :
recette marginale = prix de vente = recette moyenne

Exemple (suite)
Pour quelle production le résultat est-il maximal, sachant que le prix de vente unitaire est de 7 200 € ?
Quel est alors le résultat ?

Le résultat maximal est atteint lorsque le coût marginal est égal au prix de vente :
32.Q = 7 200 ⇒ Q = 225

Le résultat est égal au chiffre d’affaires (recette totale) moins le coût total :
R = 7 200.Q – (16.Q2 + 25 600) = 784 000
Pour Q = 225, R = 784 000 €.

Retrouvons la valeur de Q telle que le résultat est maximal :


R’ = 7 200 – 32.Q = 0 ⇒ Q = 225

Exprimer graphiquement prix de vente, coût moyen et coût marginal en fonction des quantités produites et
vendues.
Sur ce même graphique faire apparaître : chiffre d’affaires (recette totale), coût total et résultat total (profit).

Chapitre 9 : Coût marginal 2


14 000
OABC : Chiffre d’affaires = Recette totale = 7 200 x 225
ODEC : Coût total = 7 200 x Coût moyen
12 000
DABE : Résultat total = 7 200 x Résultat unitaire
10 000

8 000
7 200A
B
6 000

4 000
D E

2 000
1 280 Optimum
économique
0 C
0 40 50 100 150 200 225 250 300
Quantités
Optimum
technique
Prix de vente Coût moyen Coût marginal

32- Coût et décision de gestion


¾ La notion de coût marginal peut être utilisée pour juger de l’opportunité d’accepter des commandes supplé-
mentaires. La production habituelle étant vendue à un prix de vente moyen supérieur au coût de revient,
l’entreprise peut accepter toute commande supplémentaire si elle est assurée de la vendre au dessus de son coût
marginal.

Application :
Pour une période à venir, le carnet de commandes d’une entreprise industrielle fabriquant un article unique pour une
clientèle régionale est rempli normalement et peut être caractérisé ainsi :
• Production prévue : 1 000 unités
• Coûts variables : 1 000 (soit 1 € / unité)
• Coûts fixes : 500 (soit 0,5 € / unité)
• Chiffre d’affaires : 1 700 (soit 1,7 € /unité)

Une opportunité se présente pour vendre, sur un marché étranger, durant la même période 100 unités supplémentaires
au prix unitaire de 1,60.
Le coût variable unitaire pour cette tranche supplémentaire serait de 1,1. Il faudrait en outre acheter un équipement
complémentaire entraînant un accroissement des charges de structure de 40.
Faut-il accepter cette commande supplémentaire ?

Coût de la commande supplémentaire :


Charges variables supplémentaires 1,1 x 100 = 110
Charges fixes supplémentaires 40
Coût marginal de la commande 150

Recette marginale 1,6 x 100 160


Résultat (bénéfice) marginal 10

Il y a lieu d’accepter la commande supplémentaire.


Ce raisonnement doit être pratiqué avec précaution :
• Le cloisonnement des marchés est ici une condition favorable (baisse des prix à l’export) ;
• A l’inverse un résultat marginal négatif ne devra pas nécessairement aboutir au refus de la commande :
o Volonté de l’entreprise de s’implanter sur un nouveau marché ;

Chapitre 9 : Coût marginal 3


o Opportunité de développer son outil de production en finançant partiellement grâce à cette com-
mande des outillages complémentaires…

¾ Un raisonnement au coût marginal permet de choisir entre la sous-traitance et l’utilisation des capacités de
production de l’entreprise.

Application :
Une entreprise utilisant de façon optimale ses moyens de production fabrique des machines-outils incorporant un com-
posant complexe nécessitant par unité :
• Des charges variables : 50 €
• Des charges fixes : 15 € (y compris les dotations aux amortissements)
Ce coût unitaire est calculé sur la base d’une production de 1 000 composants (ce qui correspond à un total
des charges de structure de 15 000 € pour ces seuls composants).

Il serait possible de confier la fabrication de composants de même qualité à un sous-traitant spécialisé qui les facture-
rait 60 € l’unité ; les charges de structure de l’entreprise ne seraient pas modifiées par l’amputation partielle de l’activité.

Que doit faire cette entreprise ? Justifier.

Les charges de structure ne sont pas modifiées par le recours à la sous-traitance.


Le coût variable de 60 € provenant du recours à la sous-traitance est supérieur à
celui provenant de la production propre de 50 €.
Le recours à la sous-traitance n’est pas opportun.

¾ L’entreprise peut pratiquer une politique de prix différentiels : prix variables en fonction de critères préétablis.
Exemples :
• certaines entreprises fabriquent volontairement des productions additionnelles qu’elles vendent “en solde” à
des prix réduits en plus des soldes habituels ou dans des magasins dits “de dégriff”.
• certaines entreprises publiques (EDF - SNCF - Télécommunications...) , procèdent à une étude rationnelle
du coût marginal. Les résultats sont utilisés pour établir certains tarifs : heures creuses - heures pleines,
cartes couples, famille, jeunes...

Cette politique de prix différentiels n’est applicable qu’à certaines conditions :


• il ne doit pas y avoir de transfert entre les clients habituels et les acheteurs supplémentaires. (ex : les
clients attendent les soldes pour acheter) ;
• cette politique peut être mal comprise de la clientèle et ternir l’image de marque de l’entreprise. (ex : soldes
dégriffés)

4- Exemple récapitulatif
L’entreprise FLAHAUT est située sur un marché concurrentiel. Ses produits sont vendus au prix unitaire de 33 €.
Calculer à partir des informations ci-dessous :
• le coût moyen d’une série ;
• le coût marginal d’une série ;
• le résultat marginal d’une série.
Déterminer l’optimum technique et l’optimum économique.
Donner une représentation graphique des éléments ci-dessus et vérifier le montant du résultat global.

Nombre
Coût Coût Résultat
Charges Charges
de série Coût moyen marginal Chiffre Résultat marginal
variables fixes
de 10 total de la de la d'affaires total de la
totales totales
produits
série série série
1 180 100 280 280,00 280 330 50 50
2 400 100 500 250,00 220 660 160 110
3 650 100 750 250,00 250 990 240 80
4 950 100 1 050 262,50 300 1 320 270 30
5 1 200 200 1 400 280,00 350 1 650 250 -20
6 1 560 200 1 760 293,33 360 1 980 220 -30
Optimum technique
Niveau de production tel que le coût moyen est minimum (250) :

On retient 2 ou 3 séries.
Chapitre 9 : Coût marginal 4
Optimum économique
Niveau de production tel que :
coût marginal = recette marginale = prix de vente de 10 séries = 330 €
ou recette marginale – coût marginal = résultat marginal = 0

On retient 4 séries. Au delà, un lot supplémentaire « coûte » à l’entreprise.

400,00

350,00
330,00

300,00 Profit total

262,50
250,00

200,00

150,00
1 2 3 4 5 6

Nombre
Coût Coût Prix de de séries
moyen de la série marginal de la série vente d'une série

Vérification du résultat global

Profit (Résultat) total = (330 – 262,50) . 4 = 270

Chapitre 9 : Coût marginal 5


5- EXERCICES
51- Cas RENOIR
Les propositions suivantes sont faites à la société Renoir.
A- Acheter 180 € / m2 des tôles en acier et les revendre en l’état 200 € / m2. Il est supposé qu’aucune charge
supplémentaire ne vient grever le résultat ainsi généré. Il est estimé que les ventes du mois M s’élèveront
à 1 000 m2 de tôles.
B- Acheter ces mêmes tôles et les transformer en portes blindées après un processus de production dont les
coûts estimés sont :
o charges variables unitaires : 1 600 € (hors consommation de tôles).
o charges fixes mensuelles : 20 200 €, pour une production ne dépassant pas 100 portes blin-
dées.
Le prix de vente d’une porte blindée est estimé à 4 000 €. Il faut 10 m2 de tôles pour fabriquer une porte blin-
dée.

A partir de quelle production la proposition (B) est-elle plus intéressante que la proposition (A) ?

La société Renoir adopte la proposition (B) ; il s’avère, quelques mois après, qu’elle travaille au maximum de ses capa-
cités de production (100 portes blindées par mois). Il lui est alors proposé de vendre, en outre, 100 m2 de tôles, ou de
produire 10 portes blindées de plus. Dans ce dernier cas, les charges fixes mensuelles augmenteraient de 3 200€.

Laquelle de ces deux propositions la société Renoir doit-elle accepter ?

52- Cas ROBUST


Installée à Saint Etienne, la société ROBUST, fabricant traditionnel de cycles, a recentré son activité sur la production
d'accessoires hauts de gamme. Elle fabrique notamment, sous la référence 252/42, un ensemble pédalier, livré à rai-
son de 3 000 unités par mois à un fabricant espagnol de vélos.

Le contrat stipule un prix de vente de 59 €. La concurrence d'un fabricant italien pourrait contraindre la société RO-
BUST à abaisser ce prix à 55 €.

La production est réalisée par séries de 500 unités. Les coûts variables dépendent des taux d'utilisation des équipe-
ments et sont ainsi différents d'une série à l'autre.

Numéro de série 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Coût variable d'un pédalier 42,4 37 35 33 33 33 34,4 37 45 58

Les coûts de structure imputés mensuellement à cette production sont de 56 000 € pour une production inférieure ou
égale à 3 000 unités. Au-delà de cette production, toute série supplémentaire entraîne une progression de 10 % de ces
coûts de structure (par rapport au montant supporté pour une production immédiatement inférieure).

La société ROBUST a noué des contacts avec la société MATOC spécialisée dans la distribution d'accessoires pour
cycles. L'acheteur de cette société propose un achat de 1 000 articles Z52/42 par mois au prix de 48,40 € l'un (les ac-
cessoires sont vendus dans des emballages plastiques spécifiques fabriqués par séries de 1 000).

Dans le cadre de l'exécution d'un contrat annuel (ventes au prix de 59 €) :


1- calculer dans un même tableau, en fonction du nombre de séries produites, le coût complet de la pro-
duction, le coût moyen par série, le coût marginal de chaque série. Tous les résultats seront arrondis à
l'euro le plus proche.
2- déterminer l'optimum de rendement puis l'optimum de résultat.

Dans l'hypothèse d'une baisse du prix de vente à 55 € :


3- déterminer la zone de rentabilité c'est-à-dire les quantités que doit vendre la société ROBUST pour as-
surer la rentabilité de cette production.
4- commenter vos résultats précédents et conseiller les dirigeants de la société ROBUST quant à l'oppor-
tunité d'accepter le contrat de fourniture à la société MATOC.

Chapitre 9 : Coût marginal 6

Vous aimerez peut-être aussi