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La psychothérapie institutionnelle
- 177
J - X/2 psycho thémp ie institu tio titl elle : stz
■n£ciss£fnce: et son. dévelojpjy etn erz t
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se sur des concepts bien quotidienne, les réactions individuelles changent et la « santé mentale »
aentaux. Ils engendrent de chacun hest plus la même. Jean Aymé, qui fut directeur de rhôpital
Eques Ils partent tous Sainte Anne, aimait raconter comment il fallut vider précipitamment
ation mentale et sociale les hôpitaux psychiatriques parisiens à l’approche des allemands pour
expatrier les patients vers les bords de Loire. Les soignants constatent
avec surprise que les mêmes malades grabataires qui ne quittaient plus
leurs lits depuis longtemps et devaient être assistés pour se nourrir ont su
ionnelle » n’est apparu reprendre naturellement leurs gestes d’autonomie alimentaire et motrice.
>n et Philippe Koechlm, Au bout de trois semaines, l’alerte étant passée et le danger immédiat levé,
dus tôt. Elle avait vu le tout le monde a repris le chemin de la capitale. En cours de route, un tiers
; pl )auvres de France des malades avait cependant disparu pour reprendre sa vie au dehors ; un
;shérités, celui de Saint deuxième tiers a quitté rapidement rhôpital après le retour et un dernier
1000 mètres d’altitude, tiers a repris ses habitudes hospitalières. Les personnes clinophiles, pour
isformer en chance pour leur part, ont immédiatement repris leurs lits et leurs comportements
persécutés par le régime de dépendance. Comment expliquer qu’un simple changement de cadre
ent être accueillis par ses puisse provoquer un tel changement de conduite ? Comment ne pas
tafé. Ce dernier, militant constater, en retour, que les retrouvailles du cadre ramenaient les memes
it résistant et membre comportements morbides que l’on croyait disparus ?
ellectuels et des artistes Dans cette même période, beaucoup de soignants firent, à leur
tour, l’expérience de l’enfermement dans des camps ou celle de poursuites - 179
Tzara ou le philosophe
tection à l’abri des murs policières. Ils constatèrent vite à leur retour professionnel qu’un
•s le cœur de rhôpital. établissement hospitalier pouvait offrir beaucoup de similitudes avec
nt un réfugié espagnol, l’univers carcéral qu’ils avaient côtoyé. Comment pouvait-on prétendre,
psychiatre à Réus en dès lors, soigner des personnes dans un milieu qui représentait l’envers
pies de l’Armée de la du soin ? mais la question pouvait tout aussi bien être inversée : pourquoi
tys lors de l’écrasement ne pas utiliser cette interaction entre l’individu et son cadre de vie pour
chi' s Pyrénées pour donner toute la plénitude de sa fonction thérapeutique à l’environnement
tration de Sept Fonds de soin ? Au lieu d’être facteur de chronicisation, de traumatisme ou de
Contraint de repasser déshumanisation, le milieu pouvait devenir facteur de changement et de
Tosquelles est nommé développement. Une des conditions de cette possibilité était de considérer
un de l’hôpital en 1955. que l’établissement lui-même devait faire l’objet d’attentions et de soins.
2 ne peut être détachée C’est tout le pari du projet de la psychothérapie institutionnelle. Par
mleversements amenés quels moyens ? D’abord en définissant sa fonction : « La psychothérapie
et de duretés de la vie institutionnelle, c’est soigner les soignants » (Jean Oury). Ensuite par la
mise en place d’une organisation institutionnelle articulée autour des
ychiame furent parmi les pre-
de 40 000 à 50 000 d’entre structures associatives, appelées « clubs » à Saint Alban.
fnode C’est en leur mémoire
.e donnant le nom de « Croix
e autre guerre.
Les héritages
Comme toute création, la psychothérapieinstitutionnelle n’est pas
née miraculeusement « sur generis ». Essayons d’en remonter quelques
racines. Déjà Pinel, analysait avec finesse les interactions entre le cadre
institutionnel et le comportement des malades : comment s’étonner,
faisait-il remarquer qu’en traitant un homme comme un animal il se
conduise ensuite comme tel. L’architecture hospitalière doit être au
cœur du soin : « La disposition intérieure et les avantages du local sont
des objets d’une si haute importance dans un hospice d’aliénés qu’on
doit désirer de voir un jour s’élever un établissement nouveau destiné à
cet usage et digne d’une nation puissante et éclairée ; mais l’architecte
prendra-t-il encore pour modèle de ses constructions les loges où. on
enferme les animaux féroces ? » 128. Dans ce cas, ajoute Pinel, on ne fera
qu’ « entretenir dans le cœur des aliénés une exaspération constante
avec un désir concentré de se venger ».
Freud, de son côté, préfigurait une extension du domaine de
la pratique psychanalytique bien au-delà de son cadre strict « On
peut prévoir, déclarait-il lors du cinquième congrès international de
ISO- psychanalyse, à Budapest en 1918, qu’un jour la conscience sociale
s’éveillera et rappellera à la collectivité que les pauvres ont les mêmes
droits à un secours psychique qu’à l’aide chirurgicale.. A ce moment-
là on édifiera des établissements, des cliniques, ayant à leur tête des
médecins psychanalystes qualifiés et où l’on s’efforcera, à l’aide de
l’analyse, de conserver leur résistance et leur activité à des hommes..., à
des femmes..., à des enfants... Nous nous verrons alors obligés d’adapter
notre technique à ces conditions nouvelles... Mais quelque soit la forme
de cette psychothérapie populaire et de ses éléments, les parties les plus
importantes, les plus actives demeureront celles qui auront été empruntées
à la stricte psychanalyse dénuée de parti pris » 129.
En arrivant à Saint Alban, François Tosquelles avait amené deux
ouvrages : ils symbolisent à eux seuls le projet institutionnel qui allait
naître. Le premier était la thèse de Jacques Lacan parue en 1932, intitulée
« De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité »
Il y proposait une nouvelle « compréhension » des psychoses, non plus
en termes mécaniques ou organiques de déficit, mais « comme un
128 PINEL P, 1809, Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale, Paris, ELPE Produc
tions, 1975, p VIII
129 FREUD S , 1919, La voie nouvelle de la thérapeutique psychanalytique in La technique
psychanalytique, éditions PUF, Paris, p 140-141
r S. \
tout, positif et organisé »130. Elles devaient être abordées comme des
« phénomènes de personnalité 131 c’est-à-dire d’un triple point de vue :
nstitutionnelle n’esc pas
individuel, structural et social. Ce sera le point de départ de la conception
i’en remonter quelques
de l’aliénation mentale propre à la psychothérapie institutionnelle. Le
.eracrions entre le cadre
second ouvrage était celui du psychiatre allemand, Hermann Simon.
s : comment s’étonner,
À partir de son expérience à l’asile de Gùtersioh en Westphalie il avait
comme un animal il se
publié en 1921 un ouvrage, « Aktivere Krankenbehandlung in der
ospitalière doit être au
Irrenanstalt » (« La thérapeutique active en hôpital psychiatrique »), où
avantages du local sont
il montrait la nécessité de savoir distinguer ce qui, dans la maladie,
hospice d’aliénés qu’on
était dû à la pathologie de la personne de ce qui était dû à l’institution
me, nouveau destiné à
elle-même. Trois maux étaient, selon lui, engendrés par le milieu
lairée ; mais l’architecte
soignant et venaient menacer le soin : l’inaction du patient, l’ambiance
uctions les loges où on
institutionnelle défavorable et le préjugé d’irresponsabilité du malade.
ajoute Pinel, on ne fera
Seule, concluait-il, la vie collective pouvait fournir la base d’une vraie
exaspération constante
thérapie. Elle s’appuiera sur trois principes répondant aux trois menaces
déclinées plus haut : la liberté du malade, sa responsabilisation, et
■ension du domaine de
l’analyse des résistances émanant de l’institution elle-même. On
son cadre strict. « On
pourrait dire que d’aurres influences sont venues s y greffer, celles par
ongrès international de
exemple du courant culturaliste anglo-saxon (Sullivan, Lewin et Jones)
ar la conscience sociale
ou du travail de Moreno en socioméme
. pauvres ont les mêmes
La psychothérapie institutionnelle naît d’un second héritage :
rgicaie... A ce moment-
celui des mouvements populaires éducatifs nés avant la guerre.
ïs, ayant à leur tête des
Comme elle, ils mettent en avant la dimension du groupe. Il faut
s’efforcera, à l’aide de
particulièrement citer Célestin Freiner et ses méthodes de « pédagogie
rivité à des hommes..., à
active », Fernand Oury et Aïda Vasquez et leurs classes gérées suivant
ns a^rs obligés d’adapter
des principes démocratiques et traitées comme un champ transférentiel,
lais ^aelque soit la forme
le russe Anton Makarenko, l’anglais Alexander Sutherland Neill (Libres
nents, les parties les plus
enfants de Summerhill) et le français Fernand Deligny (Les vagabonds
jui auront été empruntées
’9
efficaces).
; -;v r.fSKiwr.-rn»
.
1
deux voies différences, articulation »133. Cette prise de position a du être réaffirmée une
>rivées. vingtaine d’années plus tard face aux divers courants d’antipsychiatrie
[ans ses débuts, par les italiennes ou anglaises qui réduisaient les maladies mentales à leur seule
Communiste Français aspect social. François Tosquelles illustrera cette nécessité de prendre en
its de la psychanalyse compte les deux aliénations, sociale et mentale (que Jean Oury nomme
tniers. La naissance du également « transcendantale »), par la métaphore des deux jambes :
tout soin doit s’appuyer sur deux jambes sinon il devient unijambiste
. Arrivé comme jeune et boiteux. Cette particularité de l’appui que donne la psychothérapie
mande deux ans après institutionnelle fonde son actualité et la pertinence de ses outils bien
Sa. ery près de Blois au-delà du caractère passager des modes d’organisation sociale et des
; était possible dans le aléas des configurations historiques.
>3 une institution aux On a souvent illustré les deux aliénations par deux noms : Marx
tnery où il exerce, en et Freud. Cette commodité ne doit pas être réductrice. Nous allons
• nouveau berceau de la voir, par exemple, que si la théorie institutionnelle reprend beaucoup
ement épaulé par Félix d’analyses de Karl Marx, elle doit également beaucoup au travail de
y rejoindra en 1955 Jean Paul Sartre
.uivi un chemin de
celui du secteur. Le L’aliénation sociale selon Marx
izième arrondissement
L’analyse économique des rapports de production - 183
itrice était de déplacer
■ chez lui pour l’isoler Pour Karl Marx, la relation de l’homme au monde est déterminée
levait se déplacer dans par son rapport à la matière, c’est-à-dire aux éléments et aux ressources
apie institutionnelle et naturelles contenues dans son univers environnant. L’homme doit agir
Dièce qui a totalement sur eux pour en tirer les éléments nécessaires à sa vie. A cette fin, il
» au XXème siècle. se fabrique des outils, et élabore des techniques. Dans son entreprise,
il mesure l’impuissance de sa solitude et réalise qu’il a besoin des
autres. Les humains établissent ainsi des systèmes de relation entre eux
772 sociale qui vont déterminer ce que les économistes nomment « rapports de
production ». Les rapports de production, à leur tour, définissent deux
i » par quelque chose pôles. Le premier représente la propriété de la production ; elle peut être
;nd de quelque chose nominale (patron) ou collective (Société anonyme, Association, Etat).
;c François Tosquelles, Le deuxième pôle est constitué de la force nécessaire à l’exploitation
avec la condamnation et au développement : il est composé des salariés. Ces deux pôles sont
ançais et la réduction intimement liés. Sans la force des travailleurs qu’il emploie, le patron
2. Ils ont revendiqué, ne pourrait développer sa production et s’enrichir. Mais, de l’autre côté,
tion sociale, mais il y sans patron, le travailleur serait sans emploi.
ychotique. Il y a une C’est là que s’origine, pour Marx, l’aliénation sociale : le
.ge, il y a une double travailleur est obligé de vendre ou de louer sa force de travail à un autre
133. Ibid, p 20
qui va être maître de la manière dont il l’emploie et des bénéfices qu’il
entend en tirer. Le produit du travail est ainsi détourné de son véritable
producteur, le travailleur, pour n’appartenir qu’au seul possesseur du
capital, le patron qui, lui, va en retirer des bénéfices qu’il utilisera pour
sa seule jouissance.
La philosophie sociale
£,
.uVX J-
îrpétuellemenr contre regarde ma télévision (Sartre, en 1960, avait pris le modèle de la radio) :
) et doit savoir mettre le programme ne me plait pas, que puis-je faire ? M’énerver tout seul
rsement (l’instituant), éteindre mon poste, le casser ? ma réaction ne changera rien : je ferai partie
nstitutionnel : Jean des 12% de français relevés par sondage audiométrique ayant écouté
de la psychothérapie telle émission sur telle chaîne tel soir. Je hintéresserai les directeurs de
i qui sort le groupe du chaîne uniquement dans leurs négociations avec les marchés publicitaires
comme l’a cyniquement souligné le PDG de la chaîne de TF 1, Patrick Le
Lay : « A la base, le métier de TF 1 c’est d’aider Coca Cola, par exemple,
à vendre son produit... Or, pour qu’un message publicitaire soit perçu,
C _ot, par exemple, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible... Ce que nous
te d’un bus. Ce qui vendons à Coca Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible » 140.
eux : c’est l’heure du Le champ de la série est celui que Sartre nomme celui du « pratico-
îs individus viennent
inerte », c’est-à-dire celui de la fin des praxis (nous reviendrons plus bas
itres actes séparément sur le sens de ce terme) au profit d’activités passives et aliénées d’une
e sont levés, lavés, ont structure dont la seule finalité est de s’engendrer et de se maintenir
Ils vont dans d’autres comme le souligne très bien Monsieur Le Lay.
itres activités, travail, L’unité de la série lui esr fournie du dehors, ce qui réduit ses
itat inerte d’activités membres à l’impuissance et l’interchangeabilité anonyme. C’est ce qui
va permettre d’en sortir. Les usagers du bus, sont tellement las de se
- 187
ns une série chiffrée : plaindre en vain des horaires irréguliers de leur bus voire de ses absences
le numéro d’ordre est en raison d’arrêts de travail à répétition qu’ils décident de se réunir en
a rien à voir avec une association d’usagers de la ligne. De la même manière les téléspectateurs
est remplacé par un sont tellement fatigués de la médiocrité des programmes, qu’ils décident
:ur regroupement. La de se regrouper en association d’usagers de la télévision. Ils découvrent
rsor contrairement alors une possibilité de se faire entendre à la fois individuellement et
ingeaoles. Si dans une collectivement et d’exprimer une plainte de façon efficace.
et est remplacé par le
trouve changée. Cette Le groupe
, dans la série, toute Les groupes trouvent leur unité à l’intérieur d’eux-mêmes. Iis
t « l’indifférenciation naissent du constat d’impuissance et d’anonymat des rassemblements
sériels. Us apparaissent sous forme de collectifs issus de la sérialité : ils se
ins dans leur passivité, sont constitués pour en sortir sans avoir pour autant la garantie de ne pas
st celle de nos sociétés y retomber.
idus. L individu y est Quelles sont leurs principales caractéristiques ? Et comment
lié, loisirs ... tous ces peuvent-ils se garantir des risques de retour aux regroupements sériels ?
lent et le cernent. Je Une des premières racines de la constitution du groupe réside, pour
Sartre, dans le sentiment de « rareté ». Ce principe de rareté est un des
is Gaiiimard, Paris, p. 308.
140. Cccte déclaration a été faite en 2004 à l’hebdomadaire Télérama.
premiers fondements de ce qui constitue les rapports humains : il rejoint La praxis groupale
les analyses freudiennes et marxistes évoquées plus haut. L'homme sur Philosophiquemei
terre se sent petit et fragile. Il se sent cerné par la peur de manquer (de que ce soit un « Etre ». N
nourriture, de protection, de biens matériels, de partenaire ...) : dans ce siècle que nous avions dé
sentiment, chaque autre va lui apparaître comme un danger potentiel au principe platonicien «
qui peut le priver du nécessaire. En même temps, il se perçoit comme celui de « au début était
excédentaire : l’autre peut le considérer comme un rival venant le priver Qu’est-ce donc ur
de ce dont il a besoin ou envie ou encore comme quelqu un « de trop » à qui ont accepté de se tr<
faire disparaître. Nos sociétés contemporaines exacerbent ce sentiment. le collectif qu’ils ont prc
Alors que les progrès scientifiques et techniques devraient protéger de et externe. Tournée ver
plus en plus l’homme dans ses besoins les plus vitaux, tout continue à maîtrise et de transforn
fonctionner comme si « il ny en a pas assez pour tout le monde » : les un travail incessant du
spécialistes nous démontrent chaque jour qu’il y a trop de monde sur aussi bien dans l’inerti
terre par rapport aux ressources naturelles et que les états ne peuvent totalitaire au profit d’u
fournir du travail à tout le monde. Tout étranger arrivant sur notre sol Cette praxis gro
devient celui qui peut nous prendre nos biens et nos sécurités l’individu se soumett,
Le groupe va transformer la menace individuelle que représente la singularité individuels
rareté en exigence de partage et en lien de fraternité. L’autre, au heu de pièce interchangeable
devenir un rival, devient un allié, un « frère » Mais ce changement de pièce irremplaçable de
considération a un prix : il impose de consentir quelques sacrifices. En ou le numéro 11 nauj
cessant de se disputer et de s’arracher les biens entre eux et en acceptant ou le numéro 6.
de se constituer en collectif groupal les hommes accèdent au partage Dans le group
grâce à un objectif commun qu’ils se donnent. Le groupe suppose donc sont reliés entre eux
que chacun de ses membres accepte de céder une part de sa liberté et de aucun lien ternaire,
ses biens pour les unifier dans un bien commun. C’est le prix à payer l'agencement sériel.
pour recevoir en contrepartie une garantie de protection contre les Dans le groupe la prc
menaces individuelles que pouvaient engendrer le principe de la rareté chacun peut la recor
et contre ses conséquences sociales. En même temps, l’individu ne s y
sent pas aliéné car il partage le projet commun : le groupe, en effet, U organisation
permet à ses membres de réaliser leurs propres objectifs en les intégrant
dans un projet commun. A peine cons
Sartre va appeler « le serment » le moment de décision de la de réalité. Sartre p
création du groupe : chacun s’engage alors, sous ie regard de tous, à fixer derrière le mot d’on
une limite à sa propre liberté : chaque liberté accepte alors, librement, brusquement consi
une aliénation à son propre exercice. C’est de ce serment que naîtra impuissance anony
l’organisation que nous étudierons plus tard. la prise de la Bastilî
réduire leur groupe
l’organiser c’est-à-i
-1 •* viûe ^ »
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iéparr, ne sont ni des la psychothérapie institutionnelle aiment répéter qu’une institution
îtir ne prend sens que doit rester en permanence quelque chose d’inachevé pour échapper
l’organisation d’une à la fixité bureaucratique. Ils distinguent, ainsi, « l’établissement » de
i joueur ne présente « l’institution » : le premier représente la face totalitaire ou sérielle du
(équipiers... Chaque « pratico-inerte » institué alors que la seconde en est l’aspect dynamique
lême temps,) chaque instituant.
Ainsi vont les groupes : pour exister ils doivent s’organiser,
ît de commandement « s’instituer ». Pour continuer à être vivants, il leur faut sans cesse
ot, - ‘re un individu savoir casser cet « institué » qui les fige dans un retour au pratico-inerte
te du groupe : c’est dont, précisément, ils ont voulu sortir en se constituant en groupe et
. Pour s’en protéger, en s’institutionnalisant. Cette dialectique instituant / institué est au
le groupe accepte de cœur de la psychothérapie institutionnelle. Nous retrouvons dans cette
dn » dont la fonction dialectique quelques résonances moreniennes de la différenciation entre
ication et d’assurer le sociogramme et organigramme : ce n’est pas pour rien que Tosquelles
: doté le groupe, était un familier du travail de Moreno
les essentiels pour le La psychothérapie institutionnelle a forgé quelques outils
léguer une autorité à permettant de maintenir la dynamique instituante : le « club » en constitue
etomber dans l’ordre aux yeux d’Oury la « pièce maîtresse du dispositif institutionnel »
)ir confisqué au profit
je ou des oligarques, Le club
/organisant, se doter Qu’est-ce qu’un club ?
gamsation : le groupe
réaliser ses objectifs : Le club thérapeutique, dans sa structure administrative, est
une association à but non lucratif telle que la définit la loi française
de 1901 et sa circulaire d’application de 1958. Son objectif immédiat
dans un établissement est d’organiser la vie quotidienne en assumant
l’organisation, les achats et les dépenses des divers ateliers et activités
d’aspects dangereux, qui s’y déploient. Cette gestion n’est plus la propriété de la direction
tution, à ses yeux, est de l’établissement : elle devient celle de ceux qui en sont les véritables
>royant leur existence acteurs, c’est-à-dire les pensionnaires et le personnel.
sion « instituée », elle La première utilité du « club » est donc de fournir un moyen de
sa seule pérennité en sortir de la dépendance hiérarchique verticale qui cloisonne et soumet,
le, « inessentiels » par pour ouvrir à une circulation horizontale de partage entre des personnes
situées comme partenaires. Elles deviennent directement intéressées par
l’est pas condamné à leurs activités car elles en sont les responsables et les acteurs directs.
ment, une force, une Nous avons évoqué plus haut les liens de cousinage entre la péda
ns à réaliser : c’est sa gogie institutionnelle et la psychothérapie institutionnelle ; il se trou
m que les tenants de vait, d’ailleurs, que l’instituteur de Saint Alban appliquait les méthodes
de la pédagogie Freiner. Le club est un rappel des conseils de classe coo
pératifs esquissés dès 1929 par Célestin Freiner. Ce sont des réunions La structure juri
régulières où les élèves qui se sont désignés un président discutent de la attitudes de passivité da
situation financière de la coopérative quils ont constituée, des activités qui caractérisent en gér
accomplies et de la gestion durant la semaine écoulée. L’objet de cette émancipation pour le p
coopérative est de discuter de tout ce qui a trait à la vie de la classe des hiérarchique et de cliv;
règlements de conflits aux projets à préparer et aux décisions à prendre. à lutter contre les méc;
À l’hôpital, le club est né d’une réflexion sur la notion associatif fonctionne s1
d’ergothérapie. Tosquelies, dans son livre sur Le travail thérapeutique à vie associative : assem
l’hôpitalpsychiatrique, part du constat qu’ « il ne suffit pas, pour soigner conseil d’administratu
un malade, de lui offrir des occupations quelconques et faites n importe son secrétaire et son ti
comment » 142 : elles doivent avoir un sens thérapeutique. Pour que de tous les membres k
cet objectif puisse se réaliser, l’activité du club ne doit pas se réduire au L’association pa
modèle aliénant de relation de travail, pas plus qu’à celui d’une activité par Pierre Delion : fo
occupationnelle ou rééducative : il participe entièrement à la fonction est constituée de « to
soignante. Dans sa production, le malade introduit quelque chose de lui- soutenu, tenu, accom
même, il devient « un soignant de lui-même ». « La possibilité d’efficience
soignante d’une activité thérapeutique, ajoute-t-il, sera en relation directe Le « collectif » et « V
tout d’abord avec la quantité d’initiative et d’activité propre que le
Delion souligna
malade pourra y faire jouer » ; il ajoute aussitôt « Il en est de même pour
de la différence entre
l’infirmier » 143 La structure associative fournit le cadre réglementaire
création d’hétérogén
d’une telle activité où patient et soignant se retrouvent dans une relation
ressemblent pas, est
égalitaire centrée sur la gestion d’activités et permettant une circulation
éducatif : c’est la diffe
d’argent.
singularité. Pour rept
Les activités d’ergothérapie ont désormais disparu des hôpitaux
différent de Tensemb
et sont devenues principalement l’apanage des ESAT. La pertinence des
aussi, pour les lieux.
associations demeure, cependant, tout aussi forte dans les établissements
Oury, il faut que ce «
qu’ils soient sanitaires/ sociaux ou médicosociaux s’adressant aussi bien aux
la poterie à la reliure
adultes qu’aux enfants ou adolescents. La structure associative concerne
différent, c’est une sc
l’ensemble des diverses activités de gestion interne de lieux d’activités
Une instituti
institutionnelles, d’animations culturelles et sportives et d’échanges avec le
institutions permett
dehors. L’argent issu des activités, ou des subventions de fonctionnement,
de P« Institution sou
peut ainsi être effectivement géré par un collectifde soignés et de soignants.
créent des espaces h<
L’association permet à l’ensemble du personnel d’une institution d’y
un collectif et périr
travailler dans un partage effectif avec les malades. Les associations
l’institué. Ces difféj
peuvent même se déployer dans des activités extrahospitalières : gestion
doivent pouvoir « je
d’appartements communautaires ou thérapeutiques, notamment.
142 TOSQUELLES E, 1967, Le travail thérapeutique à l’hôpital psychiatrique, éditions du 144 DELION P, 2005, 5
Scarabée, Paris, p. 7 145 Ibid p 81
143. Ibid p 15 146.
1 - V ,, ,
'IV ' r ,
Ce sont des réunions La structure juridique du club permet de sortir le patient des
•ésident discutent de la attitudes de passivité dans son rapport au pouvoir médical et administratif
onstituée, des activités qui caractérisent en général la relation de soin. Il rend possible la même
.oulée. L’objet de cette émancipation pour le personnel par rapport à sa relation de dépendance
à la vie de la classe des hiérarchique et de clivage fonctionnel. Par là, il participe concrètement
ix décisions à prendre, à lutter contre les mécanismes d’aliénation institutionnelle. Le collectif
lexion sur la notion associatif fonctionne suivant les règles qui définissent statutairement la
travail thérapeutique à vie associative : assemblées générales, désignation de représentants au
suffit pas, pour soigner conseil d’administration, nomination d’un bureau avec son président,
que faites n importe son secrétaire et son trésorier. Cette structure garantit l’égalité des voix
érapeutique. Pour que de tous les membres lors des votes et décisions.
e doit pas se réduire au L’association participe, ainsi, à la fonction baptisée « phorique »
pi à celui d’une activité par Pierre Delion : formant la base de la relation au psychotique, elle
cièrement à la fonction est constituée de « tout ce qui contribue à lui permettre d’être porté,
lit quelque chose de lui- soutenu, tenu, accompagné, tant qu’il ne peut le faire lui-même »144.
,a possibilité d’efficience
, sera en relation directe Le « collectif » et « l’hétérogène »
’activité propre que le
Deiion souligne, encore, que le club doit permettre « d’introduire
t Ï1 en est de même pour
de la différence entre les lieux et moments de la journée » 14\ Cette -193
: le cadre réglementaire
création d’hétérogénéité d’espaces, c’est-à-dire de lieux qui ne se
•uvent dans une relation
ressemblent pas, est fondamentale dans tout projet thérapeutique ou
mettant une circulation
éducatif : c’est la différence entre les lieux qui donne accès et préserve la
singularité. Pour repérer le singulier il faut qu’il se distingue, qu’il soit
is disparu des hôpitaux
différent de l’ensemble : c’est vrai pour les personnes, ce doit être vrai,
USAT La pertinence des
aussi, pour les lieux. « Quand on va d’un atelier à un autre, écrit Jean
e de les établissements
Oury, il faut que ce soit différent... ce n’est pas parce que l’on passe de
s’adressant aussi bien aux
la poterie à la reliure ou à la cuisine que c’est différent. Ce qui doit être
ure associative concerne
différent, c’est une sorte de tonalité, d’ambiance » 146.
erne de lieux d’activités
Une institution se trouve ainsi constituée de multiples
cives et d’échanges avec le
institutions permettant de lutter contre l’inertie ou la transcendance
ions de fonctionnement,
de l’« Institution souveraine » que dénonçait Sartre. Ces « institutions »
le soignés et de soignants,
créent des espaces hétérogènes mais unis. Cette hétérogénéité constitue
el d’une institution d’y
un collectif et permet de lutter contre la réification et la sérialité de
talades. Les associations
l’institué. Ces différentes « pièces » de la mécanique institutionnelle
xrahospitaiières : gestion
doivent pouvoir « jouer » ensemble : il faut savoir laisser des espaces de
|ues, notamment.
ôptcal psychiatrique-, éditions du 144 DELION P, 2005, Soigner La personnepsychotique, éditions Dunod, Paris, p 81
145 Ibid, p 81
146 OURY J , 1984, Le collectif, éditions du Champ social, Nîmes, 2005, p 16
jeu entre elles tout en les contenant dans un ensemble cohérent. « Pour La transversalité s’inca
pouvoir préserver, rappelle Oury, ou créer des espaces de jeu, il faut une aussi dans toutes les réi
certaine rigueur, pas du tout un laxsser-faire, un laisser-aller... » 147: 148
la rencontrer les dififérem
rigueur échappe à la rigidité grâce à l’hétérogénéité. La diversité échappe Elles constituent la bas
au laisser-aller grâce à la rigueur. Ceci constitue le vrai sens du collectif.
150. L’expression est de Lacan (cf. supra note 158) Les personnes intéressées plus particuliè
ns de ia Découverte, Pans, p 79 rement à cette « histoire de ia folie » peuvent se reporter à deux ouvrages . Histoire de lafolie à
l'âge classique de Michel FOUCAULT, 1972, éditions Gallimard. Pans, et Histoire de la folie
de l’Antiquité à nosjours de Claude QUETEL, 2009, éditions Tallandier, Paris.
et des modes de partage entre le normal et Fanormal qui avait structuré pour une mise en pe
l’Antiquité puis le Moyen Âge et l’Âge Classique a définitivement à partir de ses propi
pris fin avec la. création des hôpitaux psychiatriques au XIXe siècle, et première possibilité
l’apparition de la science psychiatrique et des métiers de psychiatre et symptômes patholog
de gardien, ancêtre de l’infirmier psychiatrique. non plus comme u
Le fait pathologique s’individualise alors de plus en plus dans la comme un processu;
personne de l’aliéné. Son soin va progressivement graviter autour de Schreber peut être lu
l’hôpital psychiatrique et de son psychiatre, seul citoyen possédant le de son père et une k
double pouvoir de soigner et de juger puisque la République lui octroie son tour. Aiors que
celui d’enfermer un citoyen voire de le priver de ses droits civils. Le effondrement total h
XXème siècle a vu le développement des recherches neurobiologiques Le père de Schi
et l’apparition des médicaments psychotropes. La sédation des états contre la déchéance
d’agitation et de violence délirante grâce aux progrès de la chimiothérapie recul grandissant du
a amené d’autres possibilités de relations avec le malade mental. En avilissement de l’esp
même temps l’hôpital psychiatrique a perdu sa fonction d’asile aussi ses yeux, les hôpitau
bien dans son sens négatif d’enfermement que dans sa fonction positive étaient empreintes d
de lieu d’accueil. En 20 ans, 50 000 lits ont été supprimés en France et appliquait à sa prop
la durée moyenne des séjours se réduit désormais le plus souvent à deux de père, de guide e
semaines. Le « soin », au sens large c’est-à-dire non restreint au soin s effondre, atteint irr
médical, et l’accueil des personnes en difficultés psychiques se déroule échelle, Schreber de
désormais hors de l’hôpital dans des structures extrahospitaiières, investissement sur s
médicosociales et sociales. se trouve d’affronter
construction déhran
Une conception de lafolie et de son soin son amour et de so
sont autant de cris i
Psychanalyse et folie
de son vivant ; sa tra
La conception de l’aliénation mentale sur laquelle s’appuie qui le liait à son gén
la psychothérapie institutionnelle est celle de la psychanalyse. Elle a féminins bien qu’in
même été voulue par ses concepteurs comme une mise à l’épreuve de la corps des mouvemt
théorie psychanalytique au contact de la psychose et de son traitement l’embryon humain,
institutionnel. mâle, avaient été, f
Les premières recherches de Freud, comme nous l’avons fécondation s’était j
vu précédemment, ont été consacrées à la névrose, à l’hystérie Le travail de
principalement. Elles lui ont permis de jeter les bases conceptuelles insistante : comme
et techniques de la psychanalyse. La poursuite de ce travail l’a spécifique dans la j
naturellement amené à la question de la psychose. L’analyse des façon délirante ? La
Mémoires d’un névropathe, écrites en 1903 par le président de la cour
151 Océ par s. FREUI
d’appel de Saxe, Daniel Paul Schreber, lui servira de point de départ
nota. Dementia paranotdt
1911, 1967, p. 282
lal qui avait structuré pour une mise en perspective des mécanismes menant à la psychose
le a définitivement à partir de ses propres avancées sur la névrose II ouvre, ainsi, une
les au XIXe siècle, et première possibilité de lecture d’un sens du délire. L’éclosion des
tiers de psychiatre et symptômes pathologiques de la psychose va lui apparaître rapidement
non plus comme une pathologie déficitaire ou « insensée » mais
plus en plus dans la comme un processus de guérison tenté par la personne. Le délire de
it graviter autour de Schreber peut être lu ainsi comme un essai de consolation de la mort
citoyen possédant le de son père et une réparation de sa propre impossibilité d’être père à
épublique lui octroie son tour. Alors que ces deux événements auraient pu l’amener à un
; ses droits civils. Le effondrement total la construction délirante l’en sauve.
les irobiologiques Le père de Schreber était l’auteur d’un traité d’éducation s’élevant
,a sédation des états contre la déchéance générale de son temps dominée, selon lui, par un
s de la chimiothérapie recul grandissant du corps au profit d’une sexualité dégradante, et un
• malade mental. En avilissement de l’esprit, les nouveaux héros de la société remplissant, à
:onction d’asile aussi ses yeux, les hôpitaux et les asiles de fous. Ses directives pédagogiques
s sa fonction positive étaient empreintes de violence morale et de répression physique. Il les
pprimés en France et appliquait à sa propre famille où il faisait figure à la fois d’éducateur,
z plus souvent à deux de père, de guide et de procréateur • il était la Loi. Le jour où il
ion restreint au soin s’effondre, atteint irréversiblement dans son corps suite à sa chute d’une
isychiques se déroule échelle, Schreber doit être interné. Freud va montrer comment son
es extrahospitalières, investissement sur son père est alors refoulé dans l’impossibilité où il
se trouve d’affronter sa déchéance et sa mort pour réapparaître dans sa
construction délirante : il y devient la femme de Dieu, objet à la fois de
son amour et de son sadisme. Les accusations qu’il profère contre lui
sont autant de cris nés de la révolte qu’il n’avait pu adresser à son père
de son vivant ; sa transformation en femme réalise les pulsions d’amour
ur ^uelle s’appuie qui le liait à son géniteur : « Par deux fois ... j’ai eu des organes génitaux
psychanalyse. Elle a féminins bien qu’imparfaitement développés et j’ai éprouvé dans mon
mise à l’épreuve de la corps des mouvements sautillants, pareils aux premières agitations de
et de son traitement l’embryon humain. Des nerfs de Dieu, correspondant à du sperme
mâle, avaient été, par miracle divin, projetés dans mon corps et une
•mme nous l’avons fécondation s’était produite » 151.
xévrose, à l’hystérie Le travail de Freud vient cependant butter sur une question
, bases conceptuelles insistante : comment les mécanismes de refoulement jouent de façon
te de ce travail l’a spécifique dans la psychose puisqu’ils ne peuvent que se retourner de
'chose. L’analyse des façon délirante ? Lacan y répondra 50 ans plus tard en reprenant, à son
président de la cour
a de point de départ 151 Cité par S FREUD m Remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un cas de para
noïa ■ Dementiaparanoïdes (Le Président Schreber) in Cinq psychanalyses, éditions P UH, Pans,
1911,1967, p 282.
tour, l’analyse du cas Schreber : « L’origine du refoulé névrotique ne se la vie du bébé vont ;
situe pas au même niveau d’histoire dans le symbolique que celle du « positions » persécuti
refoulé dont il s’agit dans la psychose »152. Chez le psychotique, ce qui retrouve présentes dai
est réprimé lui revient comme une perception venant du dehors de lui-
même. Lacan donne le nom de « forclusion » (Verwerfung en allemand) Une conception
à ce mécanisme : « Tout ce qui est refusé de l’ordre symbolique au La psychothéra
sens de la Verwerfung reparaît dans le Réel » 153. Une impossibilité se sur la relation transf
glisse pour le psychotique dans sa relation avec le monde extérieur :
devient partenaire du
« c’est avec la réalité extérieure qu’à un moment il y a eu trou, rupture,
par une difficulté à
déchirure, béance » 154. Ce « trou » est constitué de ce qui n’a pu
Son transfert sur les
être intégré de la réalité extérieure dans un réseau de signifiants : il interne et externe : il
va constituer, pour le psychotique, un point de fragilité fondamental.
jouer de l’hétérogéné
Lorsque ce « quelque chose réapparaît dans le monde extérieur qui n’a et également de la «
pas pu être primitivement symbolisé, le sujet se trouve absolument « jeu » transférentiel
démuni » 155. Le psychotique doit retrouver une signification pour se
à le recevoir. Nous s
maintenir au monde et éviter l’effondrement : c’est à travers le délire ou du transfert par Fr<
l’hallucination que, tant bien que mal, il va la tisser.
psychothérapique. Sc
La psychose est marquée, pour Lacan, d’une carence dans la
pas été évidente pour
fonction symbolique : il la nommera « forclusion du nom du père »
la capacité des psych
renvoyant ainsi à la fonction paternelle de tiers par rapport à la dyade
avec le psychotique, r
fusionnelle « mère-bébé ». C’est grâce à l’extériorité de cet autre que
n’est pas Fincapacit
représente le père que l’enfant pourra mesurer sa différence et se séparer
notre propre capacit
de la mère.
psychotique n est pa.1
Parmi les autres psychanalystes qui se sont penchés sur la genèse de
d’en éprouver la vra
la psychose, il faut souligner l’apport très important de Mélanie Klein.
part, est toujours en
Analysée par Ferenczi puis par Abraham, elle consacra l’essentiel de ses
dissociation intérieu
travaux à la psychanalyse des enfants ce qui lui a permis d’analyser les
ses investissements
modalités précoces des relations qu’ils établissent avec les objets de leur
comment une cure
entourage dès les premiers jours de leur vie. Elle remarque que les mêmes
de l’éclatement. Le :
mécanismes sont à l’œuvre dans la psychose : « Au commencement de « contacts » du psyc
la vie postnatale, le bébé éprouve de l’angoisse qui provient d’origines même en éclats. C’
internes et externes... L’action interne de l’instinct de mort donne
seule permet d’acci
naissance à la crainte de l’anéantissement et c’est cela qui constitue la morceler elle-même
cause première de l’angoisse de persécution »155. Les premiers mois de Tosquelles et
152 LACAN J , 1982, Les psychoses. Séminaire III, éditions du Seuil, Pans, p. 22
« dissocié » ou « mi
153 Ibid. p. 21 l’institution la mani
154. Ibid, p 56 La psychose se car;
155 Ihd p 100.
156. KLEIN M , 1952, Quelques conclusions théoriques au sujet de la vie émotionnelle des bébés
xn Développements de la psychanalyse, éditions PUE Paris, 1966, p 187-188
)ulé névrotique ne se la vie du bébé vont ainsi se trouver marqués par des successions de
bolique que celle du « positions » persécutives, dépressives ou « schizo-paranoïdes » que l’on
; psychotique, ce qui retrouve présentes dans le vécu du monde par le psychotique
mt du dehors de lui-
/erfung en allemand) Une conception du transfert dans son rapport à ^institution
>rdre symbolique au
La psychothérapie institutionnelle apporte un regard nouveau
Une impossibilité se
sur la relation transférentielle. Avec elle, c’est toute l’institution qui
e monde extérieur :
devient partenaire du lien transférentiel. La psychose peut être définie
y a eu trou, rupture,
par une difficulté à faire lien en raison d’une incohérence interne.
lé de ce qui n’a pu
Son transfert sur les autres sera fatalement marqué de cet éclatement
m d*0 signifiants : il
interne et externe : il nécessitera donc une structure qui sache à la fois
•agiL^ fondamental,
jouer de l’hétérogénéité pour permettre une adresse multiréférentielle
nde extérieur qui na
et également de la « transversalité » pour y faire circuler du lien. Ce
• trouve absolument
« jeu » transférentiel suppose l’existence d’un cadre institutionnel apte
signification pour se
à le recevoir. Nous avons vu plus haut la naissance de la découverte
à travers le délire ou
du transfert par Freud et se son utilisation possible dans la cure
r.
psychothérapique. Son application au soin de la psychose n’a cependant
me carence dans la
pas été évidente pour les psychanalystes, certains allant jusqu’à douter de
i du nom du père »
la capacité des psychotiques à transférer. Dans le travail thérapeutique - 199
ir rapport à la dyade
avec le psychotique, nous l’avons vu avec Annie, ce qui apparaît d’emblée
ité de cet autre que
n’est pas l’incapacité du psychotique à transférer, c’est bien plutôt
ifférence et se séparer
notre propre capacité à savoir travailler. Ce qui semble faire défaut au
psychotique n’est pas tant la capacité à transférer, mais bien plutôt celle
ichés sur la genèse de
d’en éprouver la vraie nature. L’objet de réalité de son transfert, d’une
it de Mélanie Klein,
part, est toujours en risque de collision avec l’objet originaire. Sa propre
acra l’essentiel de ses
dissociation intérieure, d’autre part, menace toujours de faire imploser
oerr*’’ d’analyser les
ses investissements transférentiels : nous avons vu avec Gabrielle
vec les objets de leur
comment une cure menée dans une institution peut l’amener au bord
larque que les mêmes
de l’éclatement. Le soignant doit donc avoir la capacité d’accueillir les
i commencement de
« contacts » du psychotique sans pour autant s’effondrer ou voler lui-
i provient d’origines
même en éclats. C’est ce qui fonde la nécessité de l’institution : elle
net de mort donne
seule permet d’accueillir les multiples éclats du psychotique sans se
cela qui constitue la
morceler elle-même.
.es premiers mois de
Tosquelles et Oury ont qualifié de transfert du psychotique de
l, Pans, p. 22 « dissocié » ou « multiréférentiel » tant il projette dans ses rapports à
l’institution la manière dont lui-même s’est construit dans son histoire.
La psychose se caractérisant par l’absence de lien aussi bien entre le
la vis émotionnelle des bébés
87-188
dehors et le dedans de soi, qu’entre les divers « morceaux » de soi, son est la virtualité perma
mécanisme transférentiel va être marqué par cette dissociation et par la soit pour la liberté uni
multiplicité de ses adresses quelles soient des lieux ou des personnes. mouvement comme ;
Nous avons évoqué plus haut la « fonction phorique » dessinée par peut être compris san.
Pierre Delion : elle désigne directement la capacité d’une équipe à portait en lui-même 1
accueillir le transfert du psychotique car elle concerne « tout ce qui, De nombreux
de l’homme, le met ou le laisse dans un état de dépendance tel qu’il énigmatique qui un
a un besoin incontournable de l’autre pour être porté par lui soit dès 1970que«lasch
physiquement, c’est le cas du bébé qui ne peut marcher tout seul, soit de plus en plus de c
psychiquement, et c’est le cas de beaucoup personnes psychotiques qui à comprendre ce qt
ont longtemps, voire toujours, besoin de portage pour pouvoir suivre l’existence humaine
leur destin pulsionnel » 157. après Kierkegaard, 1<
la plus enfermée : «
Quelques conséquences pour toute psychothérapie l’occupation allema
de parler : on nous i
On ne peut clore ce chapitre sur sans évoquer quelques on nous déportait ej
conséquences pratiques des principes énoncés par la psychothérapie prisonniers politiqi
institutionnelle au-delà même de son seul cadre. Elles concernent toute Car le secret de l’I
psychothérapie et portent sur des points aussi divers que la question de d’infériorité, c’est 1.
200 - la liberté, de l’humour et du soin des soignants résistance aux supp]
Toute psycho
Folie et liberté jusqu’à en être fou
d’entretenir l’homm
La « folle compagne » de l’homme hante son logis depuis ses origines.
plutôt de l’aider à si
« Les hommes, écrit Edgar Poe, mont appelé fou ; mais la science ne nous
l’autre.
a pas encore appris si la folie est ou hest pas le sublime de l’intelligence ...
Ceux qui rêvent éveillés ont connaissance de mille choses qui échappent à
L’humour
ceux qui ne rêvent qu’endormis ». Et Dostoïevski affirme, par expérience,
que « ce n’est pas en enfermant son voisin que l’on se convainc de son L’humour do
propre bon sens ». Les liens qui unissent la folie à la liberté ont toujours C’est ce que mon
intrigué les humains, c’est ce qu’entendent nous rappeler Edgar Poe ou « Comment faire r
Fiodor Dostoïevski. Dans le domaine de la clinique, les travaux de Henri comme un levier d
Ey et de Jacques Lacan y ont apporté une contribution essentielle. Le qu’il opère : « Avec
psychiatre catalan définit la folie comme une « pathologie de la liberté » : on a tout le meillei
« S’il n’y a pas de liberté humaine, il hy a pas de folie, la folie consistant dans le réalisme, la finiti
l’abrogation de cette liberté » 158. Le psychanalyste de son côté lui fait écho : la vie et la mort. C
« Loin que la folie soit le fait contingent des fragilités de l’organisme, elle
159. LACAN J., 1946, h
p 175
157 DELION P arp. 111
160. GENTISR., 1971,
158 EY H , 1963, La conscience, éditions PUF, Pans, p. 483
161 SARTREJ P. 1949
sceaux » de soi, son est la virtualité permanente d’une faille ouverte dans l’essence. Loin quelle
iissociation et par la soit pour la liberté une insulte, elle est sa plus fidèle compagne, elle suit son
x ou des personnes, mouvement comme son ombre. Et l’être de l’homme, non seulement ne
ique » dessinée par peut être compris sans la folie, mais il ne serait pas l’être de l’homme s’il ne
:ité d’une équipe à portait en lui-même la folie comme la limite de sa liberté » 159.
:erne « tout ce qui, De nombreux autres auteurs ont souligné le lien paradoxal et
iépendance tel qui! énigmatique qui unissait la folie à l’homme. Roger Gentis annonçait
• porté par lui soit dès 1970 que «la schizophrénie représente un problème qui passionnera
xcher tout seul, soit de plus en plus de chercheurs car elle peut nous mener à explorer et
tes psychotiques qui à comprendre ce qu’il y a de plus intime et de plus mystérieux dans
dol mouvoir suivre l’existence humaine » 160. Jean Paul Sartre soulignait de son côté et
après Kierkegaard, le paradoxe d’une liberté qui surgit là où elle semble
la plus enfermée : « Jamais nous n’avons éré plus libres que pendant
'érapie l’occupation allemande. Nous avions perdu nos droits et d’abord celui
de parler : on nous insultait en face chaque jour er il fallait nous taire ;
évoquer quelques on nous déportait en masse, comme travailleurs, comme Juifs, comme
r la psychothérapie prisonniers politiques. . à cause de tout cela nous étions libres . .
es concernent toute Car le secret de l’homme, ce n’est pas son complexe d’Œdipe ou
s que la question de d’infériorité, c’est la limite même de sa liberté, c’est son pouvoir de
résistance aux supplices et à la mort » 161.
Toute psychothérapie parc de ce paradoxe d’un homme libre
jusqu’à en être fou. Le projet de toute psychothérapie hest jamais
d’entretenir l’homme dans des rêves illusoires d’indépendance mais bien
s depuis ses origines,
plutôt de l’aider à savoir vivre sa liberté dans le lien et la dépendance à
is la science ne nous
l’autre.
2 de l’intelligence ...
>ses '“ü échappent à
L’humour
:me, par expérience,
se convainc de son L’humour doit être une qualité première du psychothérapeute.
liberté ont toujours C’est ce que montre magistralement François Roustang dans son
)eler Edgar Poe ou « Comment faire rire un paranoïaque ? » : l’humour est alors utilisé
es travaux de Henri comme un levier du soin grâce à la « non prise au sérieux » de soi
ition essentielle. Le qu’il opère : « Avec la paranoïa on a tout le pire, avec le rire de soi
ogie de la liberté » : on a tout le meilleur : la distance dans la proximité, la tolérance par
folie consistant dans le réalisme, la finitude sans le désespoir, l’horreur avec l’humanité, ...
>n côté lui fait écho : la vie et la mort. Car le rire de soi ne possède rien, ne capte rien, ne
de l’organisme, elle
159. LACANJ, 1946, Propos sur la causalitépsychique m Ecrits, ifdmons du Seuil, Pans, 1966,
p 175
160. GENTIS R., 1971, Les schizophrènes, éditions du Scarabée, p 13
161. SARTRE J. P, 1949, La république en silence in Situations III, éditions Gallimard, pli
s’affole de rien : il considère et s’amuse. J’en suis donc encore là ; on Cet abord de 1'
verra demain » 162. Jean Oury, de son côté, place l’humour dans une Le philosophe danc
« fonction indispensable pour assumer notre présence et y survivre » 163, ce dans le tragique de
que soulignait déjà Freud lorsqu’il classait l’humour parmi les « grands drame de nos condi
moyens de défense contre la douleur, série qui s’ouvre par la névrose et nos existences prop
la folie et embrasse également l’ivresse, le repliement sur soi-même et d’une loi dépassant S
l’extase » 164. 165
Il permet d’affirmer l’invincibilité du principe de plaisir
sans perdre sa santé psychique contrairement aux processus névrotiques Soigner les soignar
ou psychotiques. Il l’illustre par une anecdote, celle du condamné à Tout psychotl
mort qui, « mené à la potence le lundi s’écrie : la journée commence l’interpénétration d<
bien ! », sous-entendant : « Quelle importance qu’un type comme hystérique d’Anna C
moi soit pendu aujourd’hui, le monde n’en cessera pas pour autant de mais elle est liée éga
tourner » 1S5. siècle et des assigna
L’humour, contrairement au comique, ne s’articule pas avec le tant que fille, père, j
fonctionnement primaire du défoulement du « ça ». Il ne provoque La réciproqt
pas de rire, mais plutôt le sourire. Il naît souvent de la rencontre avec institurionnelle con
un événement grave : au lieu de se laisser entamer, voire abattre, par aliénation. On voit
l’événement traumatisant qui la frappe, la personne le retourne en sa position sociale d
affect inverse en en faisant l’objet d’une plaisanterie. L’humour remet Ce n est pas pour ri'
en place les prétentions futiles du « moi » en relativisant sa place et son Ce qui est vrai pour 1
importance. et pour ses acteurs
Cette « non prise au sérieux » est capitale dans la psychothérapie fonction s’il ne se se
et plus particulièrement dans le transfert comme l’a si bien souligné même « soignée ». <
Roustang dans son livre cité plus haut. Chacun sait bien qu’en transfert, énonce Jean Oury <
comme en amour d’ailleurs, il y a toujours un défaut dans l’adresse. sur le corps... Au n
On est toujours prompt à porter crédit au patient qui nous encense de symptômes. Il est si
compliments et à rejeter comme faits de sa pathologie les critiques qu’il qui les entoure qui
nous adresse. On se rappelle les précautions de Freud face à sa patiente lui En établissen
sautant au cou au sortir d’une séance d’hypnose 166. L’humour permet de par la mise en placf
relativiser sa place aussi bien dans l’importance que Ton acquiert à un ou groupes spécifii
moment dans la vie affective du patient que dans la position de maîtrise avoir des objets ext
d’un savoir qu’il pourrait requérir de nous. quotidien, travail <
162. ROUSTANG F, 2000, Commentfaire me un paranoïaque ?, éditions Odile Jacob, Paris, associatives par e>
P 8- personnes de sortir
163- OURY J, 1967, Quelques problèmes théoriques de la psychothérapie institutionnelle m compétences, elles ■
Psychiatrie et psychothérapie institutionnelle, éditions du Champ Social, Nîmes, 2001, p 177.
164. FREUD S , 1905, Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, éditions Idées/Gallimard, activement à la gest
Pans, 1983, p 403
165 Ibid p. 399 167- OURY J, DEPUSS
166 Cf Infra note 70 Pans, p. 83-84
1 JL- I, _ _/I --
donc encore là ; on Cet abord de l’humour puise dans la pensée de Soren Kierkegaard.
l'humour dans une Le philosophe danois a su montrer comment l’humour s’enracinait
ec y survivre » l63, ce dans le tragique de l’existence : l’humour est une façon de situer le
r parmi les « grands drame de nos conditions humaines bien au-delà des contingences de
vre par la névrose et nos existences propres. Il est le fait de l’homme acceptant l’existence
;nt sur soi-même et d’une loi dépassant les libres arbitres individuels.
l principe de plaisir
167 OURY J , DEPUSSE M, 2003, A quelle heure passe le train éditions Calmann-Lévy,
Pans, p 83-84.
Ces groupes peuvent avoir comme objet le groupe lui-même
dans sa dimension de pratique clinique : études de cas, contrôle ou
analyse de pratique, régulation groupale. Ce travail d’analyse n’a pas
fonction d’analyse individuelle : ce qui est traité interroge bien sûr
les personnes mais laisse de côté leur intimité privée. Elles n’y sont
questionnées que dans leur rapport au travail institutionnel en tant que
membre participant à la construction de la personnalité singulière du
groupe. Cette conception du groupe reprend les théorisations de Bion
sur la « mentalité groupale » ou celles de Kaës sur « l’appareil psychique
groupal » : le groupe n est jamais réductible à l’addition des psychismes Dans le film «
individuels de ses membres, il est autre chose possédant sa propre l’un de ses personnag
personnalité psychique. De même, chacun des membres du groupe est moi les douleurs ph
appelé à y jouer des choses qui sont liées à sa position de membre de ce écrit que « Fanatomi
groupe et qui sont différentes de ce qu’il peut être appelé à jouer dans anglais en rangeant 1
d’autres moments de sa vie. les parties psychiques
Il peut arriver des accidents graves atteignant le groupe dans son sur lesquelles sa volor
intégrité, agression physique d’un des membres, décès ou maladie grave, de la psychanalyse le
accident, suicide • le groupe peut alors servir de support et d’accueil simples • une part éc
de cette souffrance ou de ce traumatisme. Cependant en aucun cas dans son devenir ps)
il ne peut servir de heu de psychothérapie individuelle de l’un de ses puis l’exil et meurt c
membres. l’âge de 46 ans Du 1
On peut considérer comme un devoir pour un établissement demande pourquoi <•
d’ouvrir un lieu de parole transversal à chaque fois qu’un événement connaît également L
grave traverse sa vie. Une institution peut être considérée comme un de sa vie, il se deman
organisme : la métaphore corporelle est pertinente. Toute attaque qui humaine » ne réside
touche un de ses organes l’atteint toute entière. Toute action de l’un l’anatomie de ses org
de ses membres qui s’oppose à celle du reste de l’organisme empêche Toute démarc
L’harmonie et l’efficacité de tout le corps, et de chacune des parties de ce se réduisant au chol
corps. C’est ce qui fonde la nécessité de « soigner les soignants ». part de la prise en c
Contrairement à ce qu’une évidence première pourrait nous laisser de chair, animé d’un
croire, ce travail n’est pas chose aisée. Il parait au contraire plus difficile biologique, psychiqu
aux yeux de François Tosqueiles que le simple travail individuel. « Les borroméen.
phénomènes de résistance se déclenchent en progression géométrique La psychoth'
dans notre action thérapeutique, lorsque l’on passe de la psychothérapie généralité : son obje
individuelle à la psychothérapie de groupe, puis à la psychothérapie Elle est du côté de
institutionnelle » 1G8. que s’opposer à te
réduit à une positi
168. TOSQUELLES F, 1984, Education et psychothérapie institutionnelle, éditions Hiatus, devenir et ne peut
Mantes, p- 42 ce qu’il est : « Dev
f <i\ K
>. vi . i •*, t
2 groupe lui-même
de cas, contrôle ou
dl d’analyse na pas
interroge bien sûr
ivée. Elles ny sont
itionnel en tant que Conclusion
nalité singulière du
éorisations de Bion
’appareil psychique
don des psychismes Dans le film « Jules et Jim » François Truffant met dans la bouche de
ossc _nt sa propre l’un de ses personnages cette phrase d’Oscar Wilde : « Mon Dieu, épargnez-
ibres du groupe est moi les douleurs physiques, les morales je m’en charge ». Lorsque Freud
n de membre de ce écrit que « l’anatomie, c’est le destin » il semble donner raison à Fécrivain
ippelé à jouer dans anglais en rangeant Fanatomie du côté d’une fatale de Fhomme alors que
les parties psychiques et « morales » représenteraient, à l’inverse, des surfaces
le groupe dans son sur lesquelles sa volonté aurait prise. Les aléas des vies de l’écrivam et du père
;s ou maladie grave, de la psychanalyse leur ont pourtant montré que les choses riétaient pas si
apport et d’accueil simples : une part échappe tout autant à la maîtrise de l’homme aussi bien
dant en aucun cas dans son devenir psychique que physique. Oscar Wilde connaît la prison
-205
iclle de l’un de ses puis l’exil er meurt dans la misère physique et affective la plus complète à
l’âge de 46 ans. Du fond de « sa fosse d’infamie », la geôle à Reading, il se
- un établissement demande pourquoi «tout homme me pourtant la chose qu’il aime ». Freud
; qu’un événement connaît également Fexii et la dure atteinte physique de son corps : au seuil
sidérée comme un de sa vie, il se demande dans Malaise dans la culture si « le destin de l’espèce
Toute attaque qui humaine » ne réside pas davantage du côté des jeux des pulsions que dans
>ute action de l’un l’anatomie de ses organes.
rgan_w*ne empêche Toute démarche psychothérapique refuse tout écueil simplificateur
tie des parties de ce se réduisant au choix entre le « tout psy » ou le « tout biologique ». File
soignants ». part de la prise en compte de la complexité constitutive de Fhomme, être
ouïrait nous laisser de chair, animé d’un esprit et environné par une culture : ces trois anneaux,
itraire plus difficile biologique, psychique et social, tissent à leur façon une autre figure de nouage
l individuel. « Les borroméen.
ssion géométrique La psychothérapie est du côté de la singularité et non de la
; la psychothérapie généralité : son objet est le sujet dans ce qui le constitue spécifiquement.
la psychothérapie Elle est du côté de l’humanisme et de la complexité et ne peut donc
que s’opposer à toute conception mécaniste ou productive de l’être
réduit à une position de pièce à réparer. Elle est, enfin, du côté du
nnelle, éditions Hiatus, devenir et ne peut arrêter Fhomme en le figeant dans un moment de
ce qu’il est : « Deviens ce que tu es » disaient les grecs.
Les approches de la psychothérapie sont multiples : cette richesse
lui permet de pouvoir répondre à une grande variété de situations
allant des simples demandes ponctuelles de « réparation » des traces
laissées par la dureté ou les accidents de la vie quotidienne jusqu’au
soin des graves souffrances psychiques inscrites de façon plus durable
et profonde dans la vie d’un être. Elle propose une grande variation
de réponses individuelles ou groupales, verbales ou non verbales. La
psychothérapie, enfin, ne s’adresse pas uniquement aux individus : elle
ouvre son champ d’intervention aux groupes sociaux et aux souffrances
qu’ils engendrent.
Sa finalité peut se résumer à la simple ambition d’amener
chacun non seulement à mieux vivre mais aussi à bien vivre c’est-à-
dire apprendre à « se débrouiller » dans le lien qu’il entretient avec lui- Remerciements :
même, son corps, et son histoire, et avec les autres.
Un tel ouvrage n’e;
La psychothérapie contient également une dimension de cheminement
des rencontres. Je r<
intérieur. Souvent la personne qui fait une demande d’aide a perdu le de l’histoire jalonne
contact avec une partie d’elle-même, ou bien se trouve figée aussi bien duire l’exemplarité
dans le regard qu’elle porte sur elle-même que sur celui quelle porte l’anonymat. Sans t\
sur ce qui l’entoure. La métaphore des œillères évoquée plus haut pour
la transversalité est, là aussi, pertinente • le psychothérapeute aide à
élargir leur champ. La personne pourra découvrir alors le trésor des
potentialités qui sommeillent en elle-même et qui ne demandent qu’à
être réveillées.
Le métier de psychothérapeute est fait d’humour : le praticien
connait aussi bien la place relative qu’il occupe à un moment donné de
la vie de quelqu’un que les limites de ses propres outils. Et pourtant, il
sait qu’il est impératif pour lui d’être à cette place et de la tenir car elle
est une balise dont l’autre peut avoir un besoin absolu.