Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
Première partie : L’action administrative..............................................................................................1
Chapitre 1 : Les actes administratifs unilatéraux...............................................................................1
Section 1 : L’identification de l’acte administratif unilatéral.........................................................1
§I : Les critères organiques et formels.......................................................................................1
A/ Le critère de l’auteur de l’acte (organique).......................................................................1
B/ Le critère de la forme .......................................................................................................2
§2 : Les critères matériels .........................................................................................................3
A/ une décision exécutoire....................................................................................................3
B/ Les actes administratifs pris par des personnes privées....................................................4
Section 2 : La délimitation de l’acte administratif unilatéral.........................................................5
§1 - Les actes unilatéraux insusceptibles de recours.................................................................5
A/ Les actes de gouvernement..............................................................................................5
1/ Les actes relatifs aux rapports entre le pouvoir exécutif et législatif.............................6
2/ Les actes relatifs aux relations extérieures/internationales de la France......................6
B/ Les mesures d’ordre intérieur...........................................................................................7
§2 - Les actes extérieurs à l’administration...............................................................................7
A/ Les actes des assemblées parlementaires.........................................................................7
B/ Les actes du service public de la justice judiciaire. ...........................................................8
Section 3 : Classification................................................................................................................9
Section 4 : Le régime de l’acte administratif unilatéral................................................................10
Sous-section 1 : Elaboration de l’acte..........................................................................................10
Quand un certain nombre de conditions de fonds existent, l’autorité compétente peut poser
des normes en respectant un certain nombre de formes et de procédure dans un certain but.
.................................................................................................................................................10
§1 - La compétence..................................................................................................................10
B/ Les altérations de la compétence....................................................................................11
§2 - La procédure.....................................................................................................................11
A/ Les modalités d’adoption de l’acte.................................................................................11
B/ Altération des règles de procédure.................................................................................12
§3 - La présentation.................................................................................................................12
A/ Les mentions de l’acte.....................................................................................................13
1/ Les visas.......................................................................................................................13
2/ La motivation ..............................................................................................................13
B/ Les voies et délais de recours..........................................................................................14
§4 - La publicité........................................................................................................................14
A/ Les actes réglementaires.................................................................................................14
B/ Les décisions individuelles...............................................................................................14
Sous-section 2 : Fin de l’acte (sortie de vigueur).........................................................................15
Chapitre 2 : Les contrats administratifs...........................................................................................15
Section 1 : Les critères du contrat administratif..............................................................................16
Sous-section 1 : Le critère organique (l’auteur du contrat).........................................................16
§1 - Le contrat entre personnes publiques..............................................................................16
§2 - Le contrat entre personnes privées..................................................................................17
Sous-section 2 : Le critère matériel (l’objet du contrat)..............................................................17
Sous-section 3 : Les clauses du contrat (le contenu du contrat)..................................................18
Section 2 : Le régime du contrat administratif.............................................................................20
Sous-section 1 : Le régime de passation des contrats administratifs...........................................20
Sous-section 2 : Le régime d’exécution des contrats administratifs............................................20
§1 - Les prérogatives de l’administration.................................................................................21
A/ Le pouvoir de contrôle et de direction............................................................................21
B/ Le pouvoir de sanction....................................................................................................21
C/ Le pouvoir de modification et de résiliation unilatérale..................................................22
§2 - Les droits du cocontractant..............................................................................................22
Il existe un Code qui s’appelle le Code des relations entre le public et l’administrations (2016).
Le DA doit permettre à l’admin d’agir mais l’admin doit cependant agir dans un certain
cadre. Ainsi, l’administration se conforme au principe d’égalité et garantie à chacun un traitement
impartial. Dans le cadre de son action, l’administration se voit imposer un certain nombre de règles à
respecter. L’art. L100-2 pose donc les principaux principes qui vont guider l’action administrative. On
peut cependant mentionner l’absence du principe de diligence : lorsque l’admin est saisie elle doit
agir avec une certaine rapidité. L’admin a cependant l’obligation d’agir dans un certain nombre de
cas.
Parfois l’admin doit agir spontanément, parfois elle répond à des demandes. La
problématique n’est donc pas la même en fonction des cas.
Chapitre 1 : Les actes administratifs unilatéraux
Les personnes publiques peuvent utiliser l’acte unilatéral ou le contrat. L’acte administratif
unilatéral fait figure d’outil le plus courant utilisé par l’administration.
En principe, l’acte émane normalement d’une seule personne en vertu de sa propre volonté.
Toutefois, il y a des cas où il y a des coauteurs de l’acte. Il existe en effet un certain nombre
d’acte qui suppose l’intervention de plusieurs personnes pour être parfaits, par exemple les
arrêtés interministériels. Comme leur nom l’indique, ces arrêtés sont pris par plusieurs
ministres qui en sont les coauteurs. Pour autant, l’acte n’est pas multilatéral (ce n’est pas un
contrat), puisqu’il émane d’une seule personne : l’Etat.
Ensuite, l’acte administratif unilatéral émane d’une autorité administrative, c’est-à-dire un
organe exerçant une fonction administrative avec les pouvoirs que cette fonction implique.
Dans la plupart des cas, l’organe qui signe l’acte est intégré à la structure de
l’administration., par exemple le ministre. En effet, c’est une autorité administrative, qui a
des fonctions administratives et qui prend des actes administratifs (illustration arrêt Jamart).
Cependant, parfois l’organe qui prend l’acte n’appartient pas à la structure administrative,
mais agit néanmoins en tant qu’autorité administrative. Un certain nombre de personnes
morales de droit privé prennent des actes administratifs, par exemple les fédérations ou
ligues sportives. Certaines des décisions prises par ces personnes morales de droit privé
(généralement des associations) sont des actes administratifs.
Enfin, il y a des cas exceptionnels dans lesquels des autorités de faits prennent des actes
administratifs sans avoir normalement le pouvoir et l’habilitation de le faire.
CE, 1948, Marion et Commune Saint Valery sur Somme : Pendant WW2, le maire et
certains conseillers municipaux quittent le territoire de la commune dans l’éminence de
l’invasion allemande. Il n’y a plus personne pour gérer la mairie, un certain nombre
d’habitants décident alors spontanément d’assurer le fonctionnement des services
publics et de l’administration de la ville. Ce constitue un comité qui va en particulier
prendre des décisions concernant la réquisition et la vente d’un certain nombre de
denrées alimentaires. Ainsi, la question posée était de connaitre la nature des actes pris
par ce comité d’habitants qui gère les affaires communales. En DA le quasi-contrat de la
gestion d’affaires n’existe en principe pas. Cependant, Le CE va faire application de la
théorie des circonstances exceptionnelles. Le CE va considérer que, aux vues des
circonstances exceptionnelles, on doit considérer que les actes pris par ce comité, bien
qu’émanant d’une autorité de fait, doivent être regardés comme des actes
administratifs. Parfois les circonstances dictent le droit.
B/ Le critère de la forme
L’acte administratif unilatéral revêt une forme classique. Il s’agit d’un texte écrit avec un
intitulé, des énoncés et des signatures.
L’acte peut cependant prendre des formes plus atypiques. Parfois, des actes administratifs
peuvent apparaitre à travers une lettre, un communiqué de presse voire un tweet ou d’une décision
verbale.
CE, 1931, Abbé Cadel : L’ordre du maire de déposer le corps d’un noyé dans une Eglise est
une décision administrative susceptible de recours. L’abbé fait un REP contre la décision du maire.
Or, cette décision était verbale et non écrite. Ainsi, la question s’est posée de savoir s’il était possible
de formuler un recours contre un ordre verbal. Le CE retient que :
« L’ordre verbal donné par le maire constituait, quel que fut son caractère, une décision prise par une
autorité administrative, que par suite, elle était susceptible d’être attaquée devant le CE par un REP
». CE, 1931, Abbé Cadel.
Le CE est même allé plus loin : le silence gardé pendant deux mois sur une demande vaut
décision d’acceptation --> repris à l’article L231-1 du CRPA. Le juge considère que du silence de
l’administration naît une décision. Ce principe n’a cependant pas toujours été en vigueur. Pendant
longtemps, la règle qui prévalait était que le silence valait rejet. Ainsi, il était possible d’attaquer la
décision implicite de rejet. En 2013, par une ordonnance, il a été décidé de renverser la règle et
d’adopter un nouveau principe selon lequel le silence vaut acceptation. L’idée était de “faire une
révolution juridique” selon F. Hollande. Ce principe s’applique à certain cas, par exemple le cas
d’une demande de permis de construire ou d’inscription à la cantine scolaire. Toutefois le principe a
été assorti d’exceptions, il y ait des cas dans lesquels la règle ne joue pas. Ainsi sur 3600 procédures
d’autorisations, seulement 1200 sont régies par cette règle. La liste des exceptions comprend ainsi
2/3 des cas. Le principe ne joue donc que dans une minorité des cas. Par exemple l’article L231-4 du
CRPA pose que le silence ne vaut pas acceptation concernant les décisions à caractère financier.
La portée limitée de ce principe se justifie car il peut se révéler dangereux pour les tiers dans
le cas où les avantages accordés leur porte préjudice, exemple l’acceptation du permis de construire.
Ainsi, il existe un certain nombre de règle organisant la publicité de ces demandes dans le CRPA dans
le but d’en informer les tiers pour leur permettre éventuellement de contester la décision implicite
devant le juge.
La règle du silence vaut acceptation n’existe pas qu’en France, il existe un système identique
en Italie ou encore en Allemagne. Le but est d’obliger l’administration à prendre plus vite une
décision.
Pour définir l’acte admin unilatéral, en plus des critères organiques et formels il faut des
critères matériels. De façon concrète, l’acte administratif unilatéral impose à ses destinataires sans
leurs consentements une norme, une règle. La particularité de l’administration est qu’elle n’a pas
besoin du consentement pour appliquer une règle. Cet acte impose une obligation non consentie
aux individus. Cela résulte des prérogatives de puissance publique de l’admin. C’est ce que l’on
appelle une décision exécutoire. Il existe cependant des cas où ces actes peuvent émaner de
personnes privées.
L’acte admin unilatéral est pris par une décision en vertu de prérogative de puissance pu,
c’est-à-dire de prendre d’elle-même une décision exécutoire : cette décision s’impose aux
administrés qui ne peuvent que s’y conformer. Mieux, la décision va modifier l’ordonnancement
juridique, l’état du droit. La décision est exécutoire, cela signifie également que tant que le juge ne
l’a pas annulé ou suspendu, l’administré doit s’y conformer (illustration dans l’arrêt Benjamin).
Toutefois, cette règle peut parfois être source de beaucoup de difficulté pour l’administré,
par exemple l’OQTF. En principe, tant qu’un juge ne suspend pas l’OQTF, le destinataire doit
normalement quitter le territoire.
La décision exécutoire est donc un outil extrêmement puissant.
CE, Ass., 1982, Huglo : le caractère exécutoire d’une décision est la règle fondamentale du
droit public.
CE, 1913, préfet de l’Eure : le CE pose la règle selon laquelle, puisque l’administration a la
possibilité de prendre des décisions exécutoires, elle ne doit pas s’adresser au juge pour qu’il fasse
son travail à sa place. Le juge ne doit pas se substituer à l’administration. L’administration dispose du
privilège du préalable et ne peut pas décider d’y renoncer en demandant au juge d’agir à sa place. Le
juge ne peut suspendre ou annuler une décision qu’à postériori. --> “Le juge n’est pas
administrateur”.
Il existe une présomption d’administrativité lorsque les décisions sont prises par des
personnes publiques et une présomption de judiciarité lorsque l’acte est pris par une personne
privée. Mais le juge a identifié des cas dans lesquels des personnes morales de droit privé pouvaient
prendre des actes administratifs. Le juge impose un certain nombre de conditions
d’administrativité des actes unilatéraux pris par des personnes privées.
Il faut que l’organisme de droit priv soit chargé d’un service public
Que cet organisme dispose de prérogatives de puissance publique sous le contrôle de
l'administration.
C’est ce que l’on appelle le faisceau d’indices. Le juge cherche alors à réunir plusieurs éléments
cumulatifs pour conclure. Le point important est que des personnes morales privées peuvent
prendre des actes administratifs unilatéraux.
En France, l’admin recourt très souvent à des personnes privées pour accomplir les missions qui sont
les siennes. Elle va associer un certain nombre de pers privées aux missions qui sont les siennes.
L’admin se rend bien compte qu’il existe un certain nombre de secteur (social, sportif, loisir,
éducatif) dans lesquels elle a besoin des pers privées.
CE, Ass, 1942, Monpeurt/CE, 1943, Bougen/CE, 1961, Magnier : Dans ces 3 arrêts, le CE va dégager
les critères permettant d'établir que des pers morales de droit priv puissent prendre ces actes.
Dans l’affaire Monpeurt, on était sous le régime de Vichy. Il avait alors été mis en place un
certain nombre de comités ayant en charge la régulation de certains secteurs économiques.
Le CE va alors admettre qu’un comité, bien qu’étant privé, lorsqu’il organise un secteur,
prend des décisions administratives et c’est donc le JA qui est compétent.
Dans l’arrêt Bougen même situation. De nouveau sous Vichy, il était en cause un ordre
professionnel (privé) qui régissait des professions réglementées. L’ordre des médecins des
côtes du Nord refusait au docteur Bougen l’ouverture d’un cabinet. Il fait appel devant
l’ordre national des médecins qui lui refuse également. Il forme alors un REP devant le CE. Le
CE est-il compétent pour statuer sur les décisions prises par les professionnels ? Le CE
considère que le législateur a confié une mission de service publique à l’ordre des
médecins. En outre, l’ordre des médecins peut prendre un certain nombre de sanctions à
l’égard des médecins. Le CE estime ainsi les critères permettant d’établir que la pers
morales de droit privé prend des actes admin unilatéraux sont établies.
Dans le troisième arrêt Magnier, il était question d'une fédération privée. Il était prévu que
des agriculteurs devait payer pour des traitements phytosanitaires que la fédération en
place pouvait imposer. Un agriculteur a alors contesté la décision par laquelle la fédération a
mis à la charge de l’agriculteur une contribution financière. Le CE considère alors que la
fédération en cause gère une activité de service public (élimination de nuisibles) et dispose
d’une prérogative de puissance publique (peut imposer unilatéralement aux exploitants de
payer une contribution à son activité). Le CE estime ainsi, par application de la technique du
faisceau d’indice, que les actes de cette fédération sont des actes administratifs pris par une
personne morale de droit privé.
TC, 1992, association des girondins de Bordeau : Le TC estime que c’est au juge admin de connaitre
des litiges relatifs aux décisions prises par ces organismes sportifs lorsqu’elles correspondent à une
décision prise dans l’exercice de prérogatives de puissance publique (ces organismes agissent dans
une mission de service pu).
CE, 2008, Ligue de Football professionnelle : La décision par laquelle la ligue de Football
professionnel a homologué le classement final du championnat de France est une décision
administrative susceptible de recours.
TC, 1968, Compagnie Air France c/ époux Barbier : La compagnie Air France est en charge
d’un service public mais est une pers morale de droit priv. Cependant, cette compagnie a décidé que
le mariage des hôtesses de l’air entraine la cessation de leurs fonctions. Une hôtesse qui s'était
mariée et son époux ont alors formé un recours contre cet acte. La question s’est posée de connaitre
le juge compétent. Le TC retient alors que la compagnie, tout en étant une personne morale de droit
privé, lorsqu’elle prend un règlement de ce type, agit dans une mission d’organisation du service pu
(organisation ici) et fait usage de prérogatives de puissance pu. Le règlement est alors un acte
administratif et c’est le JA qui est compétent.
Dans la JP, il existe un certain nombre d’actes que le juge se refuse à examiner. Ils
remplissent les critères évoqués précédemment, mais le juge choisit de les exclure. Il estime qu’il
n’est pas de sa compétence de les connaitre.
Ce sont des actes unilatéraux adoptés par l’administration, par le pouvoir exécutif, par les
autorités publiques, mais qui sont insusceptibles de recours. Ils bénéficient d’une immunité
juridictionnelle, par exemple, CE, 1962, Rubin de Servens : la décision de mise en œuvre de l’article
16 de la C présente le caractère d’un acte de Gouvernement dont il n’appartient pas au CE de
contrôler la légalité.
On peut parler de “raison d’Etat” --> c’est l’idée que le juge considère qu’il ne veut pas
s’immiscer dans l’activité gouvernementale qui serait distincte de l’activité administrative.
CE, 1989, Allain : lorsque le PR décide de dissoudre l’AN il prend un décret. Ce décret est un
acte de G
CE, 1962 : même chose quand le PR soumet un projet de loi au référendum, le décret
soumettant le projet de loi au référendum est un acte de G. C’était donc le cas du décret soumettant
à référendum le projet de loi visant à soumettre l’élection du PR au SUD.
CE, 1875, Prince Napoléon : Le gouvernement refusait pour des raisons politiques le nom du
prince Napoléon dans un annuaire militaire. Le CE considère qu’on n’est pas en présence d’un acte
de gouvernement. Avant cette décision, le CE s’estimait incompétent pour se prononcer sur un acte
ayant été pris pour des mobiles politiques. Cependant, le CE opère un revirement de JP. La notion
dite de « mobile politique » est abandonnée par le CE. Désormais, ce n’est pas parce qu’un acte a
été pris pour des raisons politiques que le JA n’est pas compétent pour se prononcer sur sa légalité.
CE, Ass, 1954, Barel : le CE estime qu’il est compétent pour connaitre une décision par
laquelle le gouvernement a interdit à certains individus de se présenter au concours d’entrée de
l’ENA puisqu’il était communiste. Le CE annule la décision interdisant à Monsieur Barel de se
présenter au concours de l’ENA, estimant que la liberté d’opinion devait prévaloir.
Le JA continue de considérer qu’il n’est pas compétent pour se prononcer sur la légalité de
certains actes comme les actes relatifs aux rapports du pouvoir exécutif avec le pouvoir législatif et
ceux qui mettent en cause la conduite des relations étrangères de la France.
CE, 1933, Sieur Desreumeaux : était en cause l’acte par lequel le PR atteste l’existence d’une
loi et donne l’ordre aux autorités publiques de faire observer cette loi. Le CE estime que « cet acte
administratif n’est pas détachable de la procédure législative ». Ainsi, cet acte n’est pas susceptible
d’être soumis au JA. De même, le décret de dissolution de l’AN est un acte de gouvernement.
CE, 1961, société indochinoise d’électricité : La décision mettant en œuvre les conditions de
signature/de ratification d’un traité international est un acte de G.
CE, Ass, 2018, Société Supercoiffeur : était en cause une réserve à un traité international. La
réserve est une déclaration unilatérale faite par un Etat lors de la signature d’un traité par laquelle
cet Etat exclue l’effet juridique de certaines dispositions du traité. La décision d’émettre une réserve
à un traité n’est pas détachable de la conduite des relations internationales de la France. Par
conséquent c’est un acte de G insusceptible de recours.
CE, Ass, 1995, Association Greenpeace France : Dans cette affaire était en cause la
négociation d’un engagement international interdisant les essais nucléaires. Dans le cadre de cette
négociation, la France a décidé de reprendre les essais nucléaires. Cette décision du chef de l’Etat est
un acte de gouvernement insusceptible de recours puisqu’elle « n’est pas détachable de la conduite
des relations internationale de la France ».
Le juge considère qu’il y a un certain nombre de mesures qui ne sont pas assez signifiantes
pour être considérées par le juge. Il refuse donc d’examiner certaines décisions prises à l’intérieur
d’un service/établissement visant à faciliter son fonctionnement. En la matière, le Juge fait
application de l’adage “De minimis non curat praetor” selon lequel le juge ne se soucie pas des
décisions mineures. Ces décisions se retrouvent régulièrement en matière de prison et
d’enseignement.
CE, 1967, Monsieur Bricq : il faisait des études à l’Université de Paris. Il avait été affecté dans
un groupe de TD mais a eu une altercation avec le chargé de TD. Le professeur responsable du cours
a décidé de changer de TD Monsieur Bricq. Il a pris une décision de mutation. Le CE considère que
cette décision de mutation « a constitué une mesure d’ordre intérieur prise dans l’intérêt de
l’enseignement dont ledit professeur avait la responsabilité, et non susceptible d’un REP ».
CE, 1954, Monsieur Chapou : le Conseil d’un lycée interdit aux élèves de porter un pantalon
de ski dans le lycée, sauf par temps de neige. Monsieur Chapou conteste cette décision. Le CE
considère que cette décision est une mesure d’ordre intérieur concernant le maintien de la
discipline dans l’établissement dont le juge refuse de connaitre.
Le CE, depuis plusieurs années, a entendu réduire le nombre de mesures d’ordre intérieur
au bénéfice des droits fondamentaux des intéréssés, et en particulier en matière de décisions prises
à l’encontre des détenus dans les établissements pénitentiaires. Le CE est souvent saisi de mesure
pris par les directeurs de prison à l’encontre des détenus, et en particulier celles qui ont pour but
d’aggraver le régime de détention de l’intéressé.
CE, 1984 : la décision de placement d’un détenu dans un quartier d’ordre de sécurité/en
isolement est une mesure d’ordre intérieur non susceptible de recours. Il considère que cet acte
relève des prérogatives du directeur et que cette mesure est interne au service. S’est donc posée la
question du maintien de cette JP en raison de la gravité de ses conséquences. Le CE a finalement
décidé de faire évoluer sa JP.
CE, Ass, 1995, Marie et CE, Ass, 1995, Hardouin (même jour) : Dans les deux affaires, le CE
décide d’élargir l’accès au juge et au contrôle de légalité. Il accepte de connaitre un certain nombre
de décisions qui dégradent la situation des détenus. Il considère que compte tenu de l’aggravation
des conditions de détention d’un détenu (les droits fondamentaux des détenus sont en question),
il lui revient d’examiner si cette décision est proportionnée, et donc justifiée. Dans les deux affaires
il était question d’un placement en isolement. Le CE considère alors que, par ses conséquences sur la
vie du détenu, l’acte doit être contesté.
CE, 1995, Monsieur X : était en cause une décision prise par l’AN portant sur l’allocation de
secours financier à d’anciens députés se trouvant sans emplois. Le CE considère que ce type de
décision n’a pas le caractère d’un acte administratif unilatéral susceptible de faire l’objet d’un
recours.
De même, les règlements des Assemblées sont des actes insusceptibles de recours devant le
JA.
Se pose la question de savoir si les actes administratifs des tribunaux judiciaires relève du JA ou du JJ
en matière de service pu de la justice.
Par exemple CE, 2024, Mme Mondrieux : quand le Garde des sceaux nomme au poste de
magistrat une personne il prend une décision administrative (organisation) qui relève de la
compétence du JA. Récemment, le Garde des sceaux n’avait pas examiné une candidature à un
poste. Cette personne a obtenu l’annulation de la nomination. Les effets rétroactifs de l’annulation
de la nomination ont &été modulé dans le temps (les décisions rendues par la juge sont toujours
valables).
Ou encore, la décision d’installer des boxs (pour les prévenus) dans des tribunaux sont
susceptible de recours devant le JA.
TC, 2015, préfet de la Réunion : étaient en cause un certain nombre d’établissement chargés
de stages de sensibilisation à la Sécurité routière. En l’espèce, une société d’auto-école qui avait
demandé à faire ses stages s’était vu refusé cette possibilité. Elle a voulu contester la décision de
non-agrément. La décision d’agréer ou non une société en vue de l’organisation de stages de
sensibilisation à la Sécurité routière est-elle de la compétence du juge administratif ou du juge
judiciaire ? Le CE retient que cette décision relève de sa compétence.
Section 3 : Classification
Actes administratifs unilatéraux : Ils ont une portée générale et impersonnelle. Les
autorités qui peuvent prendre des actes réglementaires sont très variées. L’acte
réglementaire, qui est le contraire de l’acte contractuel et de l’acte individuel, est celui qui
est prescriptif et impératif. Il est invocable et opposable. Le régime d’entrée en vigueur de
l’acte règlementaire est particulier. Il suppose des mesures de publicité plus importantes de
façon que la collectivité soit informée de son existence. Il est également possible de former
un REP contre un acte réglementaire. Enfin, un acte réglementaire a des effets perpétuels.
Il n’existe pas que des règlements en droit public. C’est par exemple le cas des règlements
d’entreprises.
Actes ni réglementaires ni individuels : sui generis. Cette catégorie est justement évoquée
dans l’article L200-1.
o Décision d’espèce : Décision d’espèce qui s’applique à une situation donnée mais
susceptible d’atteindre un nombre indéterminé de personnes. Exemple,
l’expropriation pour cause d’utilité publique. --> Lorsque l’Etat engage des grands
travaux, il a la possibilité d’exproprier (de priver les pers privées de leur propriété).
Cependant, il doit suivre une procédure : la procédure d’expropriation pour cause
d’utilité publique. Il doit à ce titre adopter un acte : la déclaration d’utilité publique.
Cette déclaration est justement une décision d’espèce : exemple, toutes les
personnes qui se trouvent sur le trajet d’une route peuvent être expropriée si elle
est d’utilité publique. Le régime de ces décisions est comparable à celui des
règlements par certains aspect --> une décision d’espèce ne créé pas de droit
acquis. Il est donc possible de contester devant le juge une décision d’espèce.
Autre exemple, le transfert d’un chef-lieu.
o Actes collectifs : actes qui portent et concernent plusieurs personnes dont la
situation est solidaire. Exemple, les résultats d’un concours --> si une personne non
reçue à un concours introduit un recours contre les résultats, toutes les personnes
reçues perdent leur place --> CE, 1990, Mr Maurice X. --> passe l’agrégation en
science politique mais n’a pas été reçu. Il attaque le résultat des concours et en
obtient la remise en cause. Tous les candidats reçus voient alors leurs résultats remis
en causes en raison de la solidarité.
Section 4 : Le régime de l’acte administratif unilatéral
Quand un certain nombre de conditions de fonds existent, l’autorité compétente peut poser des
normes en respectant un certain nombre de formes et de procédure dans un certain but.
§1 - La compétence
La compétence c’est l’habilitation légale à agir pour les autorités administratives. Une
autorité publique ne peut adopter un acte que s’il entre dans le champ de ses compétences. Les
personnes publiques ne peuvent agir que si elles ont été habilitées pour le faire. La compétence
autorise une autorité publique à adopter un acte.
Ces trois dimensions sont nécessaires pour la légalité de l’acte administratif, le cas échéant il est
possible de former un recours pour incompétence
Il existe certaines hypothèses dans lesquelles les règles de compétences n’ont pas vocation
à s’appliquer :
La délégation de compétence : procédé par lequel une autorité administrative compétente
pour édicter un acte charge une autre autorité d’agir en son nom dans une série de cas
déterminés. On parle généralement de délégation de pouvoir ou de signature. Dans ces
deux cas de figures, ce n’est pas l’autorité qui a normalement compétence qui agit, mais une
autre qui est désignée. Cette délégation est très courante dans les cabinets ministériels --> le
ministre délègue au directeur de cabinet la compétence de signer en son nom. Les
délégations sont encadrées juridiquement. Par exemple, elle suppose que l’altération soit à
la connaissance du public, qu’elle ait fait l’objet d’une publicité.
L’urgence ou les circonstances exceptionnelles : en cas d’urgence, on peut déroger aux
règles habituelles de compétences.
TC, 1902, Société immobilière Saint Just : le préfet avait ordonné une évacuation immédiate
d’une congrégation de sœurs mais avait utilisé des moyens d’exécution forcée. Or,
l’administration n’a pas le droit de procéder à l’exécution forcée de ces décisions. En effet,
en principe, l’administration, sauf urgence, n’a pas à utiliser des mesures d’exécution forcée.
Ici c’était le cas.
Ainsi en cas de circonstances exceptionnelles, l’autorité admin se voit dotée de plus de
compétences. La théorie des circonstances exceptionnelles est toujours utilisée ajd exemple
pendant le confinement. Le CE vérifie que les mesures prises sont nécessaires.
--> CE, 1918, Heyries : le CE admet qu’en période de guerre, la puissance publique dispose
de pouvoirs exceptionnels afin d’assurer la continuité des services publics. Ici le PR avait
suspendu par décret une loi en invoquant l’article 3 de la C de 1875, ce que le CE avait
accepté en application de la théorie des circonstances exceptionnelles. Cette jp Heyriès va
être confirmée dans arrêt CE, Ass., 1948, Laugier.
Le CC va lui-même utiliser cette théorie dans une décision de 1985 sur l’état d’urgence, à
l’époque en Nouvelle-Calédonie --> CC, 1985
§2 - La procédure
L’acte administratif est adopté soit spontanément par l’autorité administrative, soit par
demande d’un administré. Il faut ainsi saisir l’administration de sa demande. Un certain nombre de
règles sont à respecter et figurent à l’article L111-1 et suivant du Code des relations entre le public
et l’administration. Par exemple, toute demande adressée à l’administration doit être rédigée en
français (loi Toubon de 1994), toute demande adressée à l’administration doit faire l’objet d’un
accusé de réception par l’administration (L112-3) --> Il doit comporter un certain nombre de
mention il indique notamment la date de réception de la demande et la date à laquelle, à défaut
d’une décision expresse, la demande sera acceptée ou rejetée. Il doit également figurer dans
l’accusé de réception la désignation de la personne chargée du dossier. Aussi, lorsque l’acte peut
donner lieu à une décision implicite de rejet ou d’acceptation, l’acte doit mentionner les voies de
recours possibles contre l’acte.
Enfin, la cadre des décisions individuelles, le Code des relations entre le public et
l’administration pose le principe du contradictoire :
« Les décisions individuelles qui sont prises en considération de la personne sont
soumises au respect d’une procédure contradictoire préalable ».
CE, 1994, Palem : Mr Palem voulait être nommé notaire. Le garde des sceaux
rejette sa demande. Il introduit alors un recours contre cette décision. Le garde des sceaux
avait refusé de le nommer pour des motifs liés à sa personne (difficultés relationnelles qu'il
avait rencontré). Mais le garde des sceaux n’avait pas permis à Mr Palem de présenter ses
observations et notamment d’y apporter la contradiction. Le CE annule alors la décision du
garde des sceaux.
Plus généralement, il en va ainsi de toutes les décisions de sanction (L122-2) qui ne peuvent
intervenir qu’après que la personne en cause ait été informée des reproches, des griefs formulés à
son endroit, et ait été mise à même de la communication de leur dossier.
CE, 1967, Allegretto : Le CE a défini deux critères pour cerner la notion de sanction : la
nature du motif et la gravité de la mesure. Exemple : Il y a sanction lorsqu’une mesure a été pris
pour un motif disciplinaire en raison d’un comportement fautif d’un agent public, et lorsque la
mesure présente un degré de gravité suffisant.
Normalement, les actes admin doivent être pris conformément aux procédures prévues
par les lois et les règlements. Si un vice affecte le déroulement d’une procédure admin, cela va
entrainer la nullité de l’acte pris à l’issue d’une procédure irrégulière.
Mais le CE a apporté un aménagement à cette règle --> CE, Ass., 2011, Danthony : Le CE va
assouplir la procédure en considérant qu’un vice affectant le déroulement d’une procédure n’est de
nature à entacher d’illégalité la décision prise que s’il a été susceptible d’exercer une influence sur
le sens de la décision prise ou qu’il a privé les intéressés d’une garantie. Cela vaut même en cas
d'omission d'une procédure obligatoire.
Par exemple, CA Paris, 2023, Société city scoot : la ville de Paris a pris un arrêté en 2000
interdisant pour une durée indéterminée la circulation des scooters électriques en libre-service sur
une voie déterminée. La société city scoot estimait que cela portait atteinte à ses droits et invoque
que la maire de Paris avait oublié de consulter le préfet de police avant de prendre sa décision. Or, à
Paris, le préfet de police dispose de pouvoirs en matière de circulation et ce n’est pas le maire qui a
ces pouvoirs. Mais la ville de Paris a invoqué l’arrêt Danthony. La CA retient alors que malgré l’arrêt
Danthony, elle ne pouvait pas en l'espèce sauver l'arrêt car ici, l’avis du préfet de police aurait eu
nécessairement une influence sur la décision. La ville de Paris invoque alors l’urgence mais la CA ne
retient pas la situation d’urgence.
§3 - La présentation
Un certain nombre de mentions doivent figurer sur l’acte administratif unilatéral. Toutes ces
mentions n’ont pas la même importance.
A/ Les mentions de l’acte
1/ Les visas
L'administration doit énumérer un certain nombre de texte sur lesquels elle se fonde pour
justifier sa décision. La question était de savoir si une erreur sur les visas entrainait l’illégalité de
l’acte. --> CE, Ass, 1960, Frampar : le CE a considéré que les visas permettent seulement une
information des destinataires de la décision. En conséquence, en l’absence de visa, ou lorsque celui-
ci est erroné, l’acte administratif n’est pas automatiquement entaché d’irrégularité.
2/ La motivation
L’administration a-t-elle l’obligation de motiver ses décisions ? Un acte repose toujours sur
des motifs, il n’y a jamais d’actes sans raisons. Néanmoins, l’autorité publique ne fait pas toujours
figurer expressément dans l’acte les motifs. La motivation désigne la transcription écrite des motifs,
c’est le fait d’écrire dans l’acte lui-même les raisons pour lesquelles on l’a adopté. Exemple : on
veut dissoudre une association que l’on estime contraire aux valeurs de la République, il faut alors
transcrire les motifs pour lesquels on prend cette décision dans l’acte lui-même.
En droit français, la motivation de l’acte n’est pas considérée comme obligatoire, à moins
qu’elle ne soit imposée par un texte.
CE, 1973, Lang : en principe, les décisions des autorités administratives n’ont pas à être
motivées. On parle de motivation facultative, il n’y a pas d’obligation de motivation sans texte.
Première atténuation, le CE, dès les années 50 a quelque peu atténué cette jp : même sans
texte, la motivation est considérée comme implicitement obligatoire lorsqu'elle est nécessaire au
contrôle du juge --> CE, 1954, Barel. Dans cette affaire, le juge a donc exigé de l’admin qu’elle lui
fasse connaitre les motifs de sa décision au nom de la liberté d’opinion et l’égalité devant la
fonction pu.
Deuxième atténuation, le Parlement dans une loi de 1979 relative à la motivation des actes
admin va imposer à l’admin de motiver un certain nombre de décision --> Les Français exigent
maintenant de connaitre les raisons des mesures prises à leur égard, ils y voient le symbole d’un nv
type de rapport entre l’admin et l’Etat, qui leur donne le moyen d’exercer un contrôle plus précis des
actes administratifs.
Notamment dans les articles L211-2 et L211-3 par exemple. Les personnes physiques ou
morales ont le droit d’être informée sans délais des motifs des décisions administratives
défavorables qui les concernent.
Ainsi par exemple, c’est le cas pour les mesures qui restreignent les libertés publiques, pour
les décisions qui infligent une sanction, les décisions qui subordonnent l’octroi d’une d’autorisation
à des conditions restrictives ou encore les décisions qui refusent un avantage dont l’attribution
constituent un droit pour les personnes qui remplissent les conditions légales pour l’obtenir, etc.
3/ La signature
Toute décision prise par une administration comporte la signature de son auteur ainsi que la
mention en caractère visible du prénom, du nom et de la qualité de celui-ci (art. L214-1 CRPA).
Toutefois, le juge fait preuve d’un certain pragmatisme en la matière. Il suffit pour le juge qu’on
puisse identifier l’auteur de la décision même si toutes les mentions apposées ne figurent pas.
L’article R 421-5 dispose que les délais de recours contre une décision admin ne sont
opposables qu’à la condition d’avoir été mentionnés ainsi que les voies de recours dans la décision.
Cela signifie que si ces voies et délais n’ont pas été mentionnés, il va être possible de
contester l'acte sans limitation de délai.
Cependant, cette possibilité de contester sans limitation de délai une décision admin heurte
le principe de sécurité juridique. Ce principe implique que ne puisse être remis en cause sans
condition de délai des situations consolidées par l’effet du temps. Ce principe fait obstacle à ce que
l’on puisse indéfiniment contester une décision admin car cela créé une insécurité jur.
CE, Ass, 2016, Czabaj : le CE précise que lorsque les voies et délais de recours n’ont pas été
indiquées, un recours est possible seulement dans un délai raisonnable. Le CE considère que le délai
est de 1 an à compter de la date à laquelle la décision a été notifiée à l’intéressé. Lorsque le délai est
passé, on est fort-clos.
§4 - La publicité
La publicité correspond aux mesures qui se situent juste après l’adoption de l’acte et qui
sont destinées à porter l’acte à la connaissance de l’intéressé. Il faut distinguer ce qui relève de
l’acte réglementaire et de la décision individuelle.
C’est à ce titre que l’article L280-2 énonce que l’entrée en vigueur d’un acte réglementaire
est subordonné à l’accomplissement d’une formalité adéquate de publicité c’est à dire d’une
publication soit d’un affichage. Il y a donc des formalités alternatives.
l’acte réglementaire entre en vigueur le lendemain du jour de l’accomplissement de la
formalité de publicité.
Les décisions d’espèce font l’objet des mêmes formalités que pour les actes
réglementaires.
L’article L221-8 dispose qu’une décision individuelle expresse est opposable à la personne
qui en fait l’objet au moment où elle est notifiée.
La formalité de publicité exigée est donc la notification (envoi à la personne visée).
Sous-section 2 : Fin de l’acte (sortie de vigueur)
Dans la généralité des cas, l’acte admin unilatéral a des effets perpétuels, ils se produiront
tant que la décision n’a pas fait l’objet d’un retrait ou d’une abrogation.
1ère distinction : l’article L240-1 du CRPA définit les notions d’abrogation et de retrait
2ème distinction :
Actes créateurs de droit : celles qui ont fait naitre des droits au profit des individus, il est
plus difficile de revenir sur lui, de le supprimer.
Actes non créateurs de droit : plus facile de le faire disparaitre.
Le CRPA fixe les règles du retrait et de l’abrogation des décisions administratives : art. L242-1
et suivant. On distingue 4 règles successives :
Les personnes publiques ont de plus en plus recours au contrat. Les personnes publiques y
ont recours pour toute une série d’activité. Il s’agit d’un domaine dans lequel il existe une très
grande diversité. Les personnes publiques disposent de la liberté contractuelle, et en application de
celle-ci, elles peuvent conclure tous les contrats qui leur semble utile au bon fonctionnement du
service public. Il existe ainsi des contrats nommés et les contrats innommés. Il existe un Code de la
commande publique lequel régit un certain nombre de contrats nommés que sont les marchés
publics et les concessions.
Le marché public est le contrat par lequel une personne publique se procure ce dont elle a
besoin et paye un prix. Exemple : concession d’autoroute : ce n’est pas la personne publique qui
paye, mais l’usager du service public.
A côté de ces contrats nommés existent des contrats innomés. Exemple : contrat de
mobilier urbain comme l’abribus. Il s’agit d’un contrat par lequel on met en place le mobilier urbain.
L’entreprise qui met en place l’abribus a le droit d’exploiter les espaces publicitaires de l’abribus. La
personne publique ne paye rien. Dans le cas dans contrat nommé, l’option dont dispose
l’administration ne joue plus, le caractère du contrat est celui choisi par le législateur. C’est par
exemple le cas avec le contrat de marché public (toujours administratifs) ou à l’inverse le contrat
emploi aidé (toujours de droit privé).
D’autre part, dans le cadre de contrats innomés, il existe un certain nombre de critères
jurisprudentiels qui vont imprimer au contrat un caractère administratif indépendamment du
choix de l'administration.
Deuxième élément, le contenu du contrat. Certaines clauses, lorsqu’elles sont inclues dans
un contrat ont pour effet de lui donner une qualification de contrat administratif--> clauses
exorbitantes du droit commun/civil.
Pour qu’un contrat soit administratif, il faut au moins qu’une personne publique soit partie
au contrat.
TC, 1969, Société interprofessionnelle du Lait : reprend ce principe : le contrat était conclu
entre deux personnes privées et ne pouvait donc pas être administratif. Mais ici, nuance, la société
en cause était chargée d’une mission de service public. -> Les contrats passés par une société privée
chargée d’une mission de service public peuvent ils être des contrats administratifs ? --> NON.
TC, 1983, Union des assurances de Paris : Dans cet arrêt de principe, le TC a posé une
présomption d’administrativité des contrats conclus entre personnes publiques. Il revêt en
principe un caractère administratif. Le TC précise qu’il existe des situations dans lesquelles le
principe n’est pas toujours vérifié, où la présomption qui n’est que simple peut être renversée. Il
existe des cas dans lesquels des contrats entre deux personnes publiques ne sont pas administratifs.
« Ce contrat, eu égard à son objet est de droit privé s’il ne fait naitre entre les
parties que des rapports de droit privé » - TC, 1983, Union des assurances de Paris
CE, 1975, Société d’équipement de la région Montpelliéraine : un contrat est passé entre
deux personnes privées mais l’un de ces personnes était une société d’économie mixte (une société
dans laquelle les personnes publiques, l’administration, est majoritaire). C’était donc ce que l’on
appelle une entreprise publique. A priori les contrat devait donc être un contrat privé. Dans cet
arrêt cependant, le CE va considérer que cette société agit pour le compte des collectivités
publiques. Le CE utilise alors la technique du faisceau d’indices. Pour le CE, la société est mandataire
de collectivités publiques et donc que le contrat peut être administratif.
En présence de mandats tacites, le juge considère que, contrairement aux apparences, une
des personnes privées signataires n’est que le représentant d’une personne publique.
« Lorsqu’une personne privée est créée à l’initiative d’une personne publique qui en
contrôle l’organisation et le fonctionnement et qui lui procure l’essentiel de ses
ressources, cette personne privée doit être regardée comme transparente, et les
contrats qu’elles concluent sont des contrats administratifs » - CE, 2007, Commune
de Boulogne Billancourt
L’association existait mais n’avait pas de réelle existence. Dans ce cas de figure, on doit
considérer que l’association ne fait qu’agir pour le compte de la personne publique.
TC, 2015, Rispal : apporte des limites à la théorie de la représentation. L’Etat a concédé à
une société d’économie mixte une autoroute. Il existe une législation qui oblige les sociétés
d’autoroute qui oblige ces sociétés d’implanter le long de la voie des œuvres d’art. La société avait
alors conclu avec une sculptrice un contrat. La question s’est alors posée de connaitre la nature du
contrat entre la société et la sculptrice. Le TC énonce alors que le contrat est un contrat de droit
privé, que la société, même si elle est concessionnaire d’un service public, passe des contrats de
droit privé avec les personnes privées.
Dans la plupart des cas, le contrat est conclu entre une personne publique et une personne
privée. C’est alors à ce moment que l’on va utiliser les autres critères pour le qualifier. Il faut
cependant préciser qu’il y a obligation de remplir le critère organique mais en plus que l’un des
deux critères suivant soit rempli.
Si un contrat a pour objet l’exécution même d’un service public, alors il est administratif.
CE, 1903, Terrier : un contrat relatif à l’élimination des vipères avait été conclu avec un
département. La question se pose alors de connaitre la nature du contrat. Le CE répond que le
contrat par lequel on confie à une personne privée les vipères, animaux nuisibles, confie une
mission de service public (hygiène et salubrité publique), on est alors en présence d’un contrat
administratif.
Il va par la suite confirmer sa position dans un arrêt CE, 1910, Thérond : La ville de
Montpellier, par contrat, confie une mission à une entreprise privée de capturer et de mettre en
fourrière les chiens errants et d’enlèvement des bêtes mortes, elle confie à cette entreprise une
mission de service public. Le service public communal est confié par contrat à une entreprise privée.
La ville de Montpellier avait confié à Monsieur Thérond le soin de cette mission. Un litige nait entre
la ville et monsieur Thérond. Se pose alors la question du juge compétent :
Il est nécessaire que le contrat ait pour objet l’exécution même d’un service public. Le CE
vérifie qu’une mission de service public a été conféré à la personne privée.
Il confirme l’arrêt Thérond dans un arrêt CE, 1956, Epoux Bertin : les époux se voient confier
par un contrat verbal une mission d’assurer la nourriture d’un certain nombre de rapatriés de
guerre. La question était de savoir si le contrat était administratif. Le CE répond par la positive,
estimant que le contrat avait pour objectif de « confier l’exécution même d’un SP ». Le CE ajoute
que « cette circonstance suffit à elle seule à imprimer à ce contrat un caractère administratif ».
CE, 1956, Consorts Grimouard : C’est la même position dans cet arrêt rendu le même jour
que Epoux Bertin. Le CE considère que le contrat de reboisement est un contrat administratif.
Néanmoins, dans ces arrêt, seul l'objet et non le contenu du contrat est pris en compte. Mais
il y a des cas où le contrat n’a pas pour objet de confier l’exécution même d’une mission de SP. Le
lien avec le contrat est moins étroit.
Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui --> TC, 1996, préfet du Rhône c/. Berkani : Mr Berkani
était un employé du Crous de Lyon. Le Crous est un EPA. Le Crous licencie Mr Berkani. Se pose alors
la question de la juridiction compétente. Le préfet prend un déclinatoire de compétence que le
conseil des Prud’hommes refuse. Le préfet prend alors un arrêté de conflit. --> Est-ce que le contrat
qui lie l’employé du Crous est un contrat de droit privé ou un contrat administratif ? --> Les
personnels non statutaires travaillant pour le compte d'un service public à caractère administratif
sont des agents contractuels de droit public quel que soit leur emploi.
A contrario, les personnes qui travaillent pour des SPIC ne sont pas forcément des agents
de droit public. Par exemple les agents employés par la RATP sont des agents de droit privé.
Ces clauses font leur apparition pour la première fois dans un arrêt :
CE, 1912, société des granites porphyroïdes des Vosges : il s’agit d’un litige entre la ville de
Lille et la société. La ville avait acheté un certain nombre de pavés. La question était de connaitre la
compétence de ce contrat. Le CE considère que le marché passé entre la ville et la société était
exclusif de tout travaux à exécuter et avait pour objet unique des fournitures à livrer selon les règles
et conditions des contrats intervenus entre particuliers. Les clauses figurant dans ce contrat sont
banales/ordinaires : on peut les trouver dans les contrats entre deux personnes privées. Il s’agit
d’un contrat de droit privé, le juge judiciaire est ainsi compétent.
Mais l’expression de clauses exorbitantes est réellement employée expressément pour la
première fois dans un arrêt de 1923 du CE.
La définition des clauses exorbitantes fait débat : l’article de G. Vedel (fiche de TD)
notamment pointe du doigt le fait que c’est le juge admin qui apprécie ce qui relève normalement
du droit privé alors qu’il ne connait pas les contrats de droit privé. Le TC va par la suite être amené à
redéfinir la notion de clauses exorbitantes :
TC, 2014, Société Axa : Une commune avait donné à bail à une association un local. La
question qui se pose au TC est de savoir si le bail conclu avec l’association est un contrat admin ou
de droit privé. Pour y répondre, le TC va se pencher sur les clauses du contrat et redonne ainsi une
définition de la clause exorbitante. « Le contrat litigieux ne comporte aucune clause qui,
notamment, par les prérogatives reconnues à la personne publique contractante dans l’exécution
du contrat, implique, dans l’intérêt général, qu’il relève du régime exorbitant des contrats
administratifs ».
On comprend alors ici que la clause doit traduire la reconnaissance d’une prérogative au
profit de la personne publique et dont ne pourrait pas bénéficier une personne privée.
Généralement on dit que quand une clause du contrat reconnait à une personne publique
le droit de résilier unilatéralement le contrat on est en présence d’une clause exorbitante.
Le TC précise dans un arrêt TC, 2021, SNCF Réseaux : à l’époque, SNCF réseaux est un EP. Le
TC estime que le contrat conclu entre la SNCF et l’entreprise était régi par des stipulations
prévoyant au bénéfice de la personne publique contractante la possibilité de résilier
unilatéralement le contrat. Lorsqu’une clause reconnait à une personne publique le droit de résilier
unilatéralement le contrat au cours de son exécution, ladite clause est exorbitante. Elle porte alors
la marque administrative.
TC, 2020, Société EVEHA : lorsqu’une clause reconnait un pouvoir de résiliation unilatérale à la
personne privée, cela ne permet pas de caractériser le contrat d’administratif. Le contrat est alors de
droit privé.
CE, 1973, Société d’exploitation électrique de la rivière du Sant : des contrats avaient été
passés entre EDF et des petits producteurs d’électricité. EDF a l’obligation d’acheter l’électricité
produite par ces petites sociétés, mais n’a pas le choix du contenu du contrat. Le CE retient que les
contrats pour lesquels il n’y a pas de liberté de négociation entre les parties sont administratifs, en
raison du régime exorbitant auquel ils sont soumis.
Les rapports des personnes publiques avec les contractants auxquelles elles ont recours pour
les besoins de SP ne peuvent être régis par les principes établis dans le CC pour les rapports de
particuliers à particuliers. Ils ont leurs règles spéciales qui varient selon les besoins du service. Cela
vient de l’autonomie du DA (TC, 1873, Blanco) ce qui va se traduire dans le régime des contrats
admin. Il n’y a pas contradiction avec le droit privé puisque les règles du DA et droit privé sont deux
domaines différents, propres.
En Droit public, les personnes publiques sont limitées dans les contrats qu’elles peuvent
conclure. Elles ne sont pas libres de signer n’importe quel type de contrat. Elles ne sont pas libres
car une personne pu ne peut agir que dans le cadre de ses compétences. Un contrat conclu par une
personne non compétente est alors frappé de nullité absolue.
CE, 1961, Société d’entreprise générale : L’accord des parties ne couvre pas
l’incompétence.
La liberté contractuelle des personnes publiques est donc encadrée. CC, 1998, confirmé en
2006 : la liberté contractuelle a valeur constit.
--> les personnes publiques en bénéficient dans la limite de leurs compétences.
S’agissant de la passation, le Code de la commande publique (tous les achats que font les
admin) impose aux personnes publiques le respect de certaines procédures de passation sous peine
de voir déclaré leur contrat nul et illégal. Cela se justifie en ce qu’il est question d’argent public. A ce
titre, il organise des procédures d’appel d’offre qui permettent après une publicité à plusieurs
entreprises de proposer leurs services. Ne pas procéder à un appel d’offre constitue alors un délit de
favoritisme.
CE, 2022, Société Paris tennis : cf plus haut avec les cours de tennis du jardin du Luxembourg
qui appartiennent au Sénat.
CE, 2009, Agence nationale pour l’emploi : Le CE estime qu’il existe parmi les principes
généraux du droit les principes généraux du droit de la commande publique à savoir liberté d’accès
à la commande publique, égalité de traitement des candidats et transparence des procédures.
En revanche, si le contrat est de droit privé, les règles énoncées ne jouent pas.
Sous-section 2 : Le régime d’exécution des contrats administratifs
CE, 1916, Compagnie générale d’éclairage de Bordeaux : Dans cet arrêt était en cause un
contrat de concession d’éclairage au gaz de la ville : “en principe, le contrat de concession règle
d’une façon définitive, jusqu’à son expiration les obligations respectives du concessionnaire et du
concédant” --> le contrat fait la loi des parties. Le fait qu’un contrat soit administratif ne permet
ainsi pas à l’administration de faire ce que bon lui semble, elle est tenue par ses obligations.
Mais, les conditions dans lesquelles sont exécutées les contrats administratifs traduisent
un déséquilibre entre les parties au profit de l’administration. La personne publique bénéficie d’un
certain nombre de prérogatives au cours de l’exécution du contrat mais en contrepartie, la
personne privée va avoir un certain nombre de droits et garanties.
L’administration exerce un véritable pouvoir de direction sur son cocontractant. Elle peut
exiger de lui qu’il emploie certains procédés d’exécution ou lui imposer l’ordre dans lequel il devra
réaliser les prestations. L’administration a le pouvoir d’adresser à son cocontractant des ordres de
services qui prendront la forme d’ordres. Ainsi, par exemple si l’on passe un contrat avec l’admin,
tant que l’entreprise n’a pas reçu un ordre d’exécuter les travaux, elle ne doit pas s’exécuter. De
même la personne publique peut adresser des ordres de suspension qui viennent suspendre
l’exécution du contrat. Ces ordres sont alors adressés unilatéralement (il ne faut pas totalement
opposer unilatéral et contractuel). En outre, la personne publique peut vérifier à tout moment que
son cocontractant se comporte conformément aux clauses du contrat, ce qui signifie qu’elle peut
exiger de lui qu’elle lui fournisse tous les renseignements qu’elle souhaite lorsqu’elle lui adresse la
demande.
CE, 1952, Société pour l’exploitation des procédés Ingrand : Le CE reconnait le pouvoir de
direction et de contrôle au profit de la personne publique.
B/ Le pouvoir de sanction
La personne pu peut infliger des sanctions à son partenaire privé lorsque ce dernier ne
respecte pas ses obligations.
CE, 1907, Deplanque : le CE admet qu’un cocontractant puisse être sanctionné en cas de
faute, même en l’absence de sanctions prévues par le contrat.
CE, 1910, Compagnie générale française des tramways : Le CE reconnait la possibilité pour
une personne publique d’accroitre les prestations (moyennant une hausse des paiements), elle
dispose d’un pouvoir de modification unilatérale dans l’intérêt du SP. Ce pouvoir s’explique par la
mutabilité du service public, il peut avoir des besoins qui évoluent.
CE, 1983, Union des transports publics urbains et régionaux : Le CE confirme l’existence d’un
pouvoir de résiliation unilatérale au bénéfice de l’administration.
CE, Ass, 1958, Distillerie de Magnac-Laval : Le CE considère qu’en vertu des règles générales
applicables au contrat administratif, l’administration contractante peut mettre fin au contrat
administratif si l’intérêt général le commande, et ce même si aucune clause ne le prévoit dans le
contrat. Cela va bien entendu offrir au cocontractant un droit à indemnité.
On parle ici des personnes privées qui ont le partenaire de l’admin. On a la règle du service
fait, on paye une fois que les prestations ont été réalisés. On peut également être indemnisé en cas
de dépenses supplémentaire non prévues au contrat. Il y a aussi le principe du maintien de
l’équilibre financier. Si la personne publique modifie le contrat voir le résilie, la personne privée
aura le droit à une indemnité pour compenser les coûts de la prestation supplémentaire ou
l'indemniser de la résiliation unilatérale. La personne pu est parfois obligée d'accroitre les
paiements au bénéfice d'e son partenaire privé. Il existe également parfois des aléas qui se laissent
difficilement emprisonner par le contrat. Comment le droit admin traite cette question de l’aléa et
plus précisément de l’aléa économique.
Il existe des hypothèses dans lesquelles un certain nombre d’aléas peuvent survenir. Il peut
arriver que la puissance publique intervienne et que cela exerce une influence sur l’exécution du
contrat. Si la personne publique fait usage de ses pouvoirs et que cela a des conséquences négatives
sur le contrat, elle devra indemniser son cocontractant.
Le régime de droit public que commande la qualification de contrats administratifs n’impose
pas que des contraintes au cocontractant, il lui reconnait aussi des avantages. L’imprévision joue en
faveur du cocontractant privé. Normalement, il revient au cocontractant privé d’assumer les
risques, les aléas économiques liés à l’exécution du contrat.
CE, 1916, Compagnie générale d’éclairage de Bordeaux : cette affaire a dégagé la théorie de
l’imprévision. Un contrat de concession de SP avait été conclu. Du fait de la guerre, l’équilibre du
contrat a été bouleversé. Par conséquent, le partenaire privé de l’administration n’était plus en
mesure d’exécuter le contrat. Le CE estime que les circonstances exceptionnelles justifient que la
personne publique vienne en aide à son cocontractant. L’imprévision est le fait pour une personne
publique de verser une aide à son cocontractant privé.
L’Etat a décidé de dispositifs d’aides aux entreprises pour donner suite à la crise du Covid-19.
En revanche, la qualification d’imprévision n’a pas été retenue par le juge.
Dans CE, 1916, Compagnie générale d’éclairage de Bordeau : le CE l’accepte mais considère qu’en
principe c’est au partenaire de l’admin s’assumer les risques liés à des imprévus. Cependant ici pour
le CE on est en présence de circonstances exceptionnelles. L'augmentation du prix et était
imprévisible et dépassait toutes les anticipations raisonnables, et bouleverse l’équilibre du contrat
-> alors, le concessionnaire n’est tenu de poursuivre l’exécution du contrat moyennant une aide
octroyée par l’admin de façon tout à fait exceptionnelle pour compenser la perte de l’entreprise et
au nom du principe de continuité du SP.Cette théorie de l’imprévision est ajd codifiée au Code de la
commande pu à l’article L.6 3èmement : Lorsque survient un événement extérieur aux parties,
imprévisible et bouleversant temporairement l’équilibre du contrat, le cocontractant qui en
poursuit l’exécution a droit à une indemnité.
Il n’est pas question ici que le cocontractant arrête d’exécuter. De même, l’article énonce
que l’indemnité ne peut qu’être temporaire, cad le temps de l’événement imprévisible.
Que se passe-t-il si l’on se rencontre que l’événement est permanent, que l’on ne pourra jamais
revenir dans l’équilibre du contrat ?
Dans ce cas-là, le CE dans un arrêt, 9 décembre 1932, compagnie des tramways de Cherbourg :
pose le principe selon lequel, lorsque contrairement aux prévisions du contrat le fonctionnement
d’un service a cessé d’être viable, la situation nouvelle ainsi créée constitue un cas de force
majeure. -> On parle de force majeure administrative, il faut mettre fin au contrat, les parties (aussi
bien la pers privée que pu) peuvent aller devant le juge pour demander la résiliation du contrat. Le
CE ouvre donc ici une voie nouvelle de sortie du contrat : la résiliation judiciaire.
Cet arrêt a été confirmé : CE, 14 juin 2000, Commune de Staffelfelden.
Après les actes, les actions. L’admin n’existe que réellement par son action. Que fait-elle ?
Son action se présente sous deux formes principales : la police (activité de prohibition et de
prescription) d’autre part le SP (activité de prestation).
Maurice Hauriou : “pour la police, meritte d’être interdit tout ce qui provoque du désordre, meritte
d’être protégé ou toléré tout ce qui n’en provoque point. Le désordre matériel est le symptôme qui
guide la police comme la fièvre est le symptôme qui guide le médecin”. Mais la police ne doit-elle pas
intervenir avant que le désordre ait lieu ?
Une des finalités de l’action de l’Etat est de maintenir l’ordre public, le bon ordre. -> la
police admin est l’action de la puissance pu qui doit prévenir les troubles à l’ordre public. Ainsi, se
pose la question de la mise en balance des libertés individuelles et des troubles à l’ordre public. Au
sens organique, le terme de « police » renvoi aux autorités qui assurent une fonction de police
administrative (autorités police...) et qui prennent des décisions pour maintenir l’ordre public .
L’autorité de police doit agir avant que les faits ne soient commis. La police administrative au sens
fonctionnel est le fait de prendre des mesures pour éviter des troubles, anticiper le risque de
désordre, assurer la paix sociale. Les personnes pu ont l’obligation d’agir pour anticiper les risques
de désordre, c’est une obligation. O peut ainsi dissocier les organes de la fonction de la police.
Concernant le rôle du juge, quand on parle de police, on parle de libertés publiques, les
mesures de polices mettent donc en jeu les libertés pu. Le juge va ainsi être le gardien de l'équilibre
entre le maintien de l’ordre public et le respect des libertés publiques.
La finalité est apparemment simple. Assurer le maintien de l’ordre pu. Très tôt, on a défini ce
en quoi consistait la mission de police. La loi du 5 avril 1984 sur les municipalités de l’ordre publique
précisait que « la police a pour but d’assurer le bon ordre, la sureté, la sécurité et la salubrité
publique ». Cette disposition figure aujourd’hui à l’article L2212-1 du Code des CT.
La sécurité fait référence à :la prévention des risques et d’accident à toutes les personnes et
aux biens (Exemple : Code de la route) mais aussi aux contrôles à titre préventif (Exemple : contrôle
d’identité). On peut rattacher à la notion de sureté la notion de tranquillité.
CE, 2017, Madame Le Garand : Parmi les missions de salubrité publique figure la lutte contre
le tabagisme.
§1 : le contenu de l’ordre pu
L’ordre pu fait parti de l’intérêt général mais ce dernier dépasse de bcp l'ordre pu. Sur la distinction
:
CE, 28 février 1986, Ngako Jeuga : un ressortissant camerounais veut venir en France. Pour ce faire,
il faut obtenir un visa. Le ressortissant se rend donc au consulat français. Le consul lui oppose un
refus en se fondant sur de nombreuses plaintes formées contre l’intéressé par des maisons de
commerce françaises, ce dernier aurait été redevable de nombreuses sommes et aurait commis des
manœuvres indélicates et diverses. Le CE va donner raison au consul en considérant que le consul
dispose pour décider d’accorder ou de refuser un visa d’un large pouvoir d’appréciation et il peut se
fonder non seulement sur des motifs tenant à l’ordre pu mais aussi sur toute considération
d’intérêt général. Ici, il considère que le consul s’est fondé sur des considérations d’intérêt général. -
> l’odre pu et l’intérêt général sont donc distinct, l'intérêt général étant bien plus large. -> Le juge de
l’excès de pouv n’exerce sur la décision du consul qu’un contrôle de l'erreur manifeste
d’appréciation, il laisse de grandes libertés d’appréciation à l’autorité publique.
1/ Sécurité
C’est la composante la plus naturelle de l’ordre pu. Il incombe à l’Etat de prévenir les risques
d’accidents de dommages aux personnes et aux biens. En ce sens, les personnes pu doivent
préserver cette sécurité sur les routes -> code de la route et contrôle préventif qui incombe aux
forces de police. SI elle ne le fait pas, sa responsabilité peut être engagée.
2/ Tranquillité
Consiste à préserver le calme, à lutter contre les nuisances. Cela concerne les nuisances de
tous types (sonore, environnementale, olfactive...).
3/ Salubrité
Aussi appelée hygiène pu. Pendant longtemps, elle passait un peu au second plan mais ces
dernières années accroissement. Exemple, la lutte contre le tabagisme. Le CE dans un arrêt 19 mars
2007 Mme le Ga, a considéré que la lutte contre le tabagisme faisait partie des préoccupations de
salubrité publique.
On a dans le CGCT à l’art L.2212-2 une énumération de toutes les composantes de l’ordre pu
et ce que les autorités municipales doivent faire. Par exemple il y est indiqué que la police
municipale doit maintenir le bon ordre dans les endroits où il se fait de grands rassemblements
d’Hommes (foires, marchés, cérémonies pu, cafés, église etc.) ou encore que la police municipale
doit remédier aux événements fâcheux qui résulteraient de la divagation d’animaux.
C/ L’élargissement de l’ordre pu
Au fil du temps, la notion d’ordre public a évolué. Cette notion a intégré de nouvelles
composantes. On assite en particulier à un mouvement de « moralisation » des composantes de
l’ordre public, c’est-à-dire qu’on a intégré des considérations morales. -> moralité publique
CE, 7 nv 1924, club sportif chalonnais : le maire de chalon sur marne/en champagne a pris
un arrêté interdisant les combats ou exhibition de boxe sur le territoire de la ville considérant ce
sport contraire à “l’hygiène morale” Le club sportif porte l’affaire en justice en considérant qu’un
maire ne peut pas, au nom de la protection de l’ordre pu, interdire les combats de boxe. Le CE
énonce que les combats de boxe entrent dans la catégorie des “spectacles de curiosités”, le maire,
en se prononçant a agi dans le cadre de ses pouvoirs de police. Les motifs en causes ne sont pas
étrangers à l’ordre pu.
Dans la même ligné, le CE a admis que, en vertu de ses pouvoirs de police, puisse ordonner
la fermeture de lieux de débauche, car portant atteinte à la moralité publique. CE, 1960, Jauffret.
Cet élargissement de l’ordre public à la moralité publique va se poursuivre dans les années
90. CE, 28 juillet 93, Association laisser les vivre SOS futures mères : il s’agissait d’une association
qui avait décidé de déposer une gerbe devant le monument aux morts avec inscription “aux trois
millions d’enfants tués par l’avortement”. Le maire de la ville interdit à l’association de le faire au
nom de ses pouvoirs de police mais l’association y va quand même. Elle conteste l’association du
maire. Le CE va considérer : “le maire, dans l’exercice de ses pouvoirs de police, même en l'absence
de menace de trouble à l'ordre pu, peut interdire l'apposition au monument aux morts de la
commune l'emblème de nature à enlever à ce monument son véritable caractère”.
CE, 1963, Bloi : Le CE valide la décision du maire et justifie l’interdiction faite à Monsieur Bloi
d’y faire inhumer son chien en se fondant sur la notion de dignité des morts. Selon le CE, en vertu de
ce principe, il est nécessaire de faire séparer la tombe d’un chien et d’un humain. La décision que le
maire avait prise était une décision de police administrative, prise au nom du respect de l’ordre
public. Le CE intègre la notion de dignité des morts.
CE, Ass, 1995, Commune de Morsang sur Orge : le CE va considérer que l’atteinte à la
dignité de la personne humaine fait partie de l’ordre pu -> élargissement au principe de dignité .
Dans cette affaire, une circulaire dit du “lancer de nains” prise par le ministre de l’Intérieur et
demandait aux préfets d’utiliser leur pouvoir de police pour demander aux maires de faire preuve
d’une grande vigilance à l’encontre de ce type de spectacle. Ici, dans une discothèque s’était
développé le spectacle du lancer de nain. Le maire de la commune prend alors un arrêté de police
interdisant le spectacle. Ledit arrêté fait l’objet d’un recours par la société de production et par un
des nains. Le TA de Versailles annule l’arrêté du maire et donne raison à la société en énonçant que
même s’il y a atteinte à la dignité de la personne humaine, cela ne fait pas parti de l’ordre pu. Le CE
va lui considérer que la dignité de la personne humaine est une composante de l’ordre pu et donc va
considérer que l’interdiction était justifiée.
Nota : ici un des nains avançait que cette interdiction le privait de son droit au travail, ce qui
avait des conséquences sur sa vie et portait atteinte à sa dignité.
Commentaire de ces ordonnances sur le principe de dignité (fiche de TD) : -> différencier pénal et
juge admin et se méfier de l’introduction dans l’ordre pu de conceptions très subjectives.
A/ Le critère de distinction
On a coutume de dire que la police admin est préventive et la police judiciaire répressive.
On peut cependant être plus précis. Il s’agit d’un critère de distinction finaliste : seul le but poursuivi
des auteurs compte. Le juge recherche l’intention des auteurs de la mesure de police. Il y a police
judiciaire si les actes ou les faits juridiques à qualifier sont en relation avec une infraction pénale
déterminée.
CE, 1951, Baud : Monsieur Baud avait été blessé mortellement au cours d’une opération de
police visant à arrêter des malfaiteurs. Il n’avait rien avoir avec ces derniers. Sa famille cherche alors
à engager la responsabilité de l’Etat. Est-ce que l’opération de police était une opération de police
judiciaire ou de police admin ? Le CE considère que l’opération en cause était de police judicaire
puisque la police cherchait à appréhender des individus malfaiteurs, ayant commis une infraction. ->
C’est donc le juge judiciaire compétent. Quand on recherche des personnes qui ont commis une
infraction, la police est judiciaire.
TC, 1951, Mme Noualek : --> c’est l’inverse, Madame Noualek était à la fenêtre de son
appartement. Dans un immeuble voisin, des policiers tirent un coup de feu et blessent Mme
Noualek. Elle cherche ainsi à obtenir réparation de son dommage. Le TC estime que « l’opération
n’avait pas pour objet la recherche d’un délit ou d’un crime déterminé » : juge administratif
compétent.
La distinction est souvent difficile à opérer. En effet, en pratique, c’est souvent le même
personnel qui opère en matière de police administrative et de police judiciaire. Lorsque des policiers
maraudent, ils agissent pour prévenir des troubles à l’ordre public. Si au cours de cette maraude, les
policiers constatent une infraction et se retrouvent face à un voleur pris un flagrant délit, on change
de type de police et on passe de la police administrative à la police judiciaire.
TC, 1977, Mme Motsch : elle est passagère d’une voiture qui se retrouve face à un barrage
de police. Le conducteur de la voiture, au lieu de s’arrêter au barrage, le force. Dans une course
poursuite, un policier blesse la passagère. Quel est le juge compétent pour réparer le dommage ? Le
juge estime qu’à partir du moment où le conducteur voulait éviter un contrôle d’identité et a
commis un certain nombre d’infractions, on a basculé dans une opération de police judicaire.
L’opération de police judiciaire a été commise dès lors que le barrage a été franchis.
Les opérations de police étant difficiles à qualifier, le juge peut modifier une qualification
parce qu’il la juge inopportune. L’aspect extérieur d’une mesure ne traduit pas toujours sa réalité
profonde.
CE, Ass, 1960, Sté Frampar : au moment de la guerre d’Algérie, le préfet a saisi les journaux
et invoque le Code d’instruction criminelle (aujourd’hui CPC). Le CE va considérer que le préfet
d’Alger a agis, non pour constater des crimes et délits, mais pour empêcher la diffusion en Algérie de
numéro de journal mentionné, que ce n’est pas en réalité une mesure de police judicaire mais de
police admin, le juge ne se laisse pas abuser par les qualifications admin. Le CE estime que « les saisis
de journaux dont il s’agit présente en réalité le caractère de mesure administrative ». Il annule la
décision du préfet et considère que le préfet n’avait pas le pouvoir de saisir les journaux.
A/ Le niveau national
CE, 1919, Labonne : Sous la Ve, le pv de police général (sur l’ensemble du territoire)
appartient au PM et non au PR comme dans l’arrêt
Confirmé dans CE, 1975, Bouvet de la Maison neuve : Monsieur Bouvet avait introduit un
recours contre un décret du PM imposant l’obligation du port de la ceinture de sécurité. Le CE
estime qu’il appartient au gouvernement (PM), en vertu des articles 21 et 37 de la Constitution, de
prendre les mesures de police applicables au territoire, et notamment celles relatives à la Sécurité
routière. Ainsi, en matière de police administrative général, le PM dispose du pouvoir.
B/ Le niveau local
1/ Le maire
Le maire est le seul chargé de la police municipale. Il exerce cette fonction au nom de la
commune dans le cadre de ses pouvoirs propres (pas de délibération du conseil municipal) -> art L.
2212-1 du CGCT
TJ de Charles-ville Mézière (2024) Dans la forêt d'une commune des Ardennes, 4 enduristes
à moto empruntent les chemins de la forêt et ont un accident. Les gendarmes arrivent et s’interroge
sur le point de savoir s’ils avaient le droit d’être sur le chemin rural dans lequel ils sont un accident.
De fait, les gendarmes saisissent leurs motos etc. C’est le maire qui est compétent pour la police sur
les chemins ruraux. Se pose alors la question de savoir si le maire a pris des mesures d’interdiction
d’accès à des chemins ruraux. Le TA de police les relaxe en l’absence d’interdiction du maire.
2/ Le préfet
Il est compétent pour prendre toute mesure en matière de sureté, sécurité, dont le champ
d’application dépasse le territoire d’une seule commune. Il s’est également vu reconnaitre des
pouvoirs particuliers en matière de police au niveau local. Exemple : Le législateur a prévu en 2006
la possibilité d’interdire l’accès au stade (IAS) à toute personne, qui par son comportement,
constitue une menace à l’ordre public.
A/ Principes
Les décisions prises au niveau central pour l’ensemble du territoire s’imposent aux
autorités locales. Il y a donc une hiérarchie. Toutefois, une autorité locale peut aggraver la mesure
prise à l’échelon supérieur lorsque les circonstances locales l’exigent.
CE, 1902, Commune de Néris les Bains : le maire de la commune avait pris une mesure plus
stricte que celle qui avait été prise par l’autorité de l’Etat qui soumetait les jeux d’argent et de
hasard à une autorisation. Le maire les avait complétement interdit La question était de savoir si une
autorité locale pouvait aggraver une mesure. Le CE considère que le maire pouvait prendre une
mesure plus stricte, plus rigoureuses, que celle prescrite par l’Etat.
CE, 1935, Etablissement S.A.T.A.N : la société Satan contestait une décision du maire du
Havre. Le CE estime que le maire de la ville pouvait, en vertu de ses pouvoirs propres de Police,
soumettre les conducteurs du véhicule à des conditions de capacités plus rigoureuses que celles
édictées par le décret au niveau national. Il faut cependant que le maire le justifie en raison de
circonstances locales.
B/ La situation de carence
Lorsqu’une autorité locale ne prend pas de mesure de police, les autorités supérieures
doivent intervenir. L’article L2215-1 du Code général des CT confie au préfet un pouvoir de
substitution en cas d’inaction du maire dans l’exercice de son pouvoir de police. Le préfet peut par
exemple prendre les mesures nécessaires au maintien de la sécurité publique si le maire n’agit pas.
Plusieurs conditions :
Carence du maire
Le préfet doit mettre en demeure le maire d’agir et ce avec un délai déterminé. Si le maire
ne tient pas compte de cette mise en demeure passé ce délai, le préfet est fondé à agir. Les
juges vont vérifier que cette condition a été respecté et qu’il y avait bien carence.
Inapplication des mesures préconisées ou carence de la mesure : quand les mesures sont
inadaptées, le préfet peut se substituer au maire.
Fin cours
Ils sont nécessairement unilatéraux, le contrat n’a pas sa place en matière de police. Les
missions de police administrative ne peuvent pas être déléguées aux personnes privées TA, Bézier,
2016
CE, 1997, Commune d’Ostricourt : certaines missions périphériques cependant peuvent être
confiées au secteur privé.
Les actes de polices peuvent aller jusqu’à l’interdiction d’une activité privée à condition
d’être circonstanciée. Si l’autorité de police peut interdire complètement une activité privée, elle ne
peut pas soumettre une activité économique à une autorisation préalable.
CE, 1959, Doublet : le CE considère qu’en cas de péril grave, l’autorité de police a
l’obligation d’agir. Si une autorité de police n’ordonne pas les mesures nécessaires, elle méconnait
ses obligations légales. Dans cette affaire, un habitant d’une commune demandait au maire de
réglementer la pratique du camping. Le CE retient que l’on peut faire un recours contre ce refus
d’agir mais qu’en l’espèce, le maire n’a pas commis d’illégalité car il n’y avait pas de péril grave.
Il n’y a pas que le juge administratif qui intervient dans la matière : le juge pénal peut
intervenir. Le non-respect d’une mesure de police administrative est constitutif d’une infraction. Le
fait de ne pas respecter une mesure de police nous rend passible d’une amende prévue pour les
contraventions de la 2ème classe.
A/ Un contentieux multiforme
Les actes de police peuvent donner lieu à un contentieux multiple quant au juge compétent
et quant à la forme du contentieux.
1/ Le juge compétent
Le juge administratif n’est pas le seul à être compétent en matière d’acte de police. Il y a le
cas du juge pénal : il peut arriver que des infractions soient liées au non-respect de mesure de
police. Il peut également arriver que le juge civil soit compétent pour examiner certaines questions
liées au non-respect d’acte de police.
Il existe une police administrative spéciale : la police des déchets. En l’espèce, un habitant avait
entreposé chez lui des déchets. Le Code de l’environnement interdit, même sur sa parcelle, que l’on
entrepose certains types de déchets. Un maire peut-il contrôler malgré le refus du propriétaire un
parcelle privée dans laquelle sont entassés des déchets en violation de la législation sur la protection
de l’environnement ? La CDC a répondu positivement à cette question. Il y avait eu une ordonnance
du juge des libertés du TJ, dès lors, le maire est habilité à accéder à une propriété privée pour
vérifier que la législation sur ces déchets est respectée. 1Civ. 1er fév. 2024 n°22617089.
2/ Le type de contentieux.
Quel type de contentieux est-il possible d’introduire à l’encontre d’un acte de police
administratif -> D’abord, le REP. Il est possible de demander au juge admin d’annuler cette mesure.
CE, 1909, Abbé Olivier : 1905, séparation des Eglises et de l’Etat. Un maire prend un arrêté
de police qui interdit aux curés de suivre les cortèges funèbres dans leurs habits sacerdotaux. Le
maire peut-il dans le cadre de ses pouvoirs de police porter atteinte à la liberté de culte et si oui,
dans quelle condition ? Le CE va annuler la décision du maire en considérant qu’il est allé trop loin en
interdisant toute manifestation extérieure du culte et tout port d’habit religieux dans ce cadre. Plus
précisément, il existe des traditions locales qui doivent être prises en compte.
CE, 1949, Lecomte : le CE admet que la responsabilité sans faute pour risque de la
puissance publique peut être engagée. Un policier avait tiré un coup de feu, tuant Monsieur
Lecomte. Le CE considère que l’utilisation d’armes à feu comporte un risque exceptionnel pour les
personnes et les biens qui justifient qu’un régime de responsabilité sans faute soit consacré.
Enfin, il existe également les procédures d’urgence : référé liberté par exemple.
1/ Forme
Le juge peut contrôler la forme de l’acte -> c’est la légalité externe. Les actes de police admin
font donc l’objet d’un contrôle de forme. Sur le plan de la forme, en principe, les décisions prises en
matière de police administrative doivent être motivées. (Contraire à JP lange)
2/ Le fond
Sur le plan du fond, seule une menace véritable pour l’ordre public peut justifier une mesure
de police. Le contrôle du juge s'est étendu non seulement à l’existence matérielle des faits et à leur
qualification (ex : danger de trouble à l’ordre pu) mais aussi à la relation entre le contenu de la
décision et les faits invoqués par l’administration pour la prendre -> c’est ce que l’on appelle le
contrôle de proportionnalité.
On cite souvent les conclusions du commissaire Corneil sur CE, 1917, Baldy :
Plus la mesure que prend l’administration porte atteinte aux libertés fondamentales, plus le
juge se montre exigent. Est-ce que les troubles présentent un danger pour l’ordre public ? Le juge va
jusqu’à vérifier la relation entre le contenu de la décision et les faits invoqués par l’administration
pour la prendre. On parle de contrôle de proportionnalité : le juge met en balance la protection de
l’intérêt public et celle des libertés fondamentales.
CE, 1933, Benjamin : l’éventualité du trouble allégué n’était pas telle que le maire ait pu sans
interdire la conférence maintenir l’ordre public.
CE, 9 nov. 2023, Les soulèvements de la Terre : était en cause une disposition figurant dans
le code de sécurité intérieure. Ce code permet au ministre de l’Intérieur de dissoudre un
groupement ou une association qui invite des personnes par propos ou par acte à se livrer à des
agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens de nature à troubler gravement l’ordre
public (L212-1 1erement du CSI). Le groupement avait appelé à se soulever contre des méga
bassines en prenant des positions publiques et promouvant “le désarmement des infrastructures
portant atteinte à l’environnement”. Le ministre de l’Intérieur a alors décidé de dissoudre le
groupement. Liberté d’association = liberté constitutionnellement garantie donc dissolution mesure
grave. Ici le ministère de l’Intérieur estime que le groupement rentre bien dans les conditions de
L2127-1. Ce décret fait l’objet d’un REP.
Est-ce que le Gouvernement pouvait au titre de la protection de l’ordre public prononcer la
dissolution de ce groupement sans porter atteinte à la liberté d’association ?
Dans son arrêt, le CE prononce l'annulation du décret. Le CE commence par dire que le groupement
a bien appelé à la désobéissance civile et à des actions contre des biens. Cependant, dissoudre est
disproportionné. Csd 12 : la décision de dissolution ne peut être mégaleùent prononcée que si elle
présente un caractère adapté, nécessaire et proportionné à la gravité des troubles susceptibles
d’être portés à l'ordre public. C’est ce que l’on appelle le triple filtre : adaptation, nécessité et
proportionnalité.
Le sp est une notion qui joue un rôle essentiel. Cette notion, qui s’est développée
particulièrement au début de la IIIème République, permet de justifier dans une grande mesure
l’existence d’une juridiction administrative séparée. L’arrêt Blanco, dans son contenu, évoque la
notion de sp. Donc cette notion sert de justification à l’existence d’une juridiction administrative
séparée, et à un droit administratif autonome. Donc notion essentielle. Cette notion était
particulièrement prisée par l’école du service public, avec à sa tête Léon Duguit. La notion de sp est
comme une photo dont le centre serait net, et les contours flous : on a des activités qu’on sait
qualifier presque intuitivement de sp, et autour de ce centre net, tous les contours sont flous.
Difficulté : un certain nombre d’activités d’intérêt général qui ne sont pas toujours des activités de
sp. Donc la notion de sp, sur le plan juridique, est parfois difficile à cerner. Plus exactement, elle va
nécessiter un travail pour permettre d’établir qu’une activité est bien une activité de sp. Il y a des
époques dans l’histoire du sp :
- Une première période est l’heure de gloire du sp : le début du XXème s jusqu’aux années 1930 :
on entend alors faire jouer à cette notion une fonction générale, globale, expliquant tout dans le
droit administratif. C’est l’époque du triomphe du sp. Le sp serait la pierre angulaire du droit
administratif. Duguit nous dit : « le sp, c’est une activité obligatoire des gouvernants ». Il nous dit que
l’Etat a un certain nombre d’activités obligatoires qu’il doit nécessairement prendre en charge. C’est
une vision politico-juridique. On essaie par ce biais-là de définir également l’Etat : pour lui, c’est une
coopération de sp. Au cours des années 1900 à 1930, on va voir s’élargir le champ des activités de
sp. Le juge va se montrer de plus en plus accueillant, ouvert, à la qualification de sp. CE 7 avril 1916
Astruc ; CE 27 juillet 1923 Gheusi. Il s’agit de culture : la culture est-elle un sp ? Pour un homme du
début de la IIIème République, non : la culture est une affaire privée. En 1916, s’agissant d’un
théâtre philharmonique, le CE nous dit qu’on n’est pas en présence d’un sp. Puis en 1923,
concernant l’opéra-comique, le CE change de position et considère que l’opéra-comique est un sp («
mission civilisatrice de l’Etat »). Entre 1916 et 1923, on voit une évolution : on a un élargissement
de la notion de sp.
- Deuxième période : le recul du sp entre les années 30 et 45 d’après-guerre. Le sp est moins utilisé
par le juge, qui va davantage utiliser la notion d’utilité publique. Ce n’est pas la même chose que le
sp. On voit se développer des cas dans lesquels on a un recul de la notion.
- Quatrième période : fin des années 80, moins favorable au sp. Tout change avec la construction
européenne et le marché unique. Le sp à la française connait certains désagréments. A l’époque,
l’UE n’accepte pas la vision française qui consiste à superposer l’aspect organique et matériel.
Tension entre l’UE et la France, qui n’accepte pas qu’on remette en cause ses sp. Il va y avoir même
de la jurisprudence de la CJUE (jurisprudence Corbeau). Des entreprises publiques françaises
connaissent des difficultés.
En fonction des époques, il y a des hauts et des bas, des crises. Aujourd’hui, le sp est challengé.
Définition du sp : le domaine du sp est la zone dans laquelle l’Etat fait prévaloir des
préoccupations différentes que celles des particuliers.
Définition juridique : Le sp est une activité d’intérêt général, qui est soit confiée à une personne
publique, soit confiée à une personne privée à condition que celle-ci soit investie de cette mission
par les pouvoirs publics et soumise à leur contrôle. C’est à dire, c’est une activité d’intérêt général
qui est soit assurée soit assumée par une personne publique.
A/ La règle générale
Arrêt référence en la matière : CE 31 mai 2006 Ordre des avocats au barreau de Paris. Dans
cet arrêt, le CE nous dit que l’hypothèse la plus classique est le cas où le sp est une activité d’intérêt
général prise en charge par une personne publique. L’arrêt nous dit « les personnes publiques sont
chargées d’assurer les activités nécessaires à la réalisation des missions de sp dont elles sont
investies, et bénéficient à cette fin de prérogatives de puissance publique ».
Il existe des sp obligatoires et des sp facultatifs. La loi dit que certaines missions doivent
nécessairement être prises en charge par les personnes publiques. D’autre facultatif. Donc
l’hypothèse la plus classique : activité d’intérêt général prise en charge par une personne publique,
qui dispose de moyens et prérogatives pour accomplir sa mission.
Il y a des hypothèses dans lesquelles on confie à des personnes privées des missions de sp.
Le JA a dégagé un certain nombre de critères d’identification du sp lorsqu’il est confié à une
personne privée.
Pour qu’une personne privée puisse être considérée comme étant en charge d’une mission
de sp, 3 critères doivent être cumulativement réunis :
- La personne publique doit contrôler, garder un droit de regard, sur la manière dont la
personne privée accompli sa mission
CE 28 juin 1963 Narcy : M. Narcy était un officier qui voulait cumuler sa solde avec une autre
activité. Il y a des règles limitant les cumuls de pension et de rémunération dans la sphère publique.
Peut-il cumuler sa solde avec une autre rémunération issue d’une autre activité ? Le CE a du qualifier
la mission de l’établissement dans lequel il travaillait, pour s’avoir si c’était un sp. Le CE dégage les 3
critères : mission d’intérêt général, ppp, droit de regard. En l’espèce, il s’agissait de qualifier un
établissement, et le CE nous dit que c’est un sp. On retrouve mot pour mot les 3 critères Cumulatifs.
Parfois, le juge n’est pas convaincu, considère que l’organisme privé n’a pas la charge d’une
mission de sp. CE 5 octobre 2007 Société UGC Ciné Cité : à Epinal, il y a un cinéma multiplexe. La
ville a créé une SEM (société d’économie mixte) qui s’est vu confier une activité de cinéma. La ville
décide de créer plus de salles, et demande à la SEM de prendre en charge 10 salles. La société UGC
Ciné Cité n’est pas contente, car elle aurait voulu prendre en charge cette activité. La ville l’a confié
sans mise en concurrence. Dans cet arrêt, le CE considère que l’activité de cinéma confiée à la
société n’est pas une activité de service public : car critères pas remplis. En particulier, la collectivité
n’exerce pas sur la SEM un contrôle suffisant. Donc le juge vérifie dans chaque hypothèse si l’activité
remplit les critères dégagés pour qu’on soit en présence d’un sp.
B/ La règle particulière
Règles particulières qui permettent d’identifier des activités de sp, alors même que les 3
critères ne sont pas remplis. Ces règles particulières sont illustrées par deux arrêts : CE 20 juillet
1990 Ville de Melun, et CE 22 février 2007 Association du personnel relevant de établissements
pour inadaptés (aprei). Dans ces deux affaires, était en cause les règles relatives à la communication
des documents administratifs. En particulier l’arrêt de 1990 : il existe une loi sur la communication
des documents administratifs. La loi prévoit que les documents détenus par des organismes de droit
privés chargés d’une mission de sp sont communicables. Donc le juge a dû donner les critères,
préciser les cas, dans lesquels des organismes privés géraient un sp et donc devaient communiquer
leurs documents. En l’espèce, il s’agissait d’une association : Melun Culture Loisirs. La ville de Melun
a créé une association, personne morale de droit privé, pour prendre en charge un certain nombre
d’activités pour le compte de la ville. Un élu voulait obtenir communication des comptes de
l’association. On lui a dit non. Il estime que l’asso est un organisme privé chargé d’une mission de sp.
L’affaire va en justice, et le CE va considérer que l’association est bien une asso en charge d’un sp. Le
CE va nous dire que cette asso a la charge d’un sp, « alors même que l’exercice de ses missions ne
comporte pas la mise en œuvre de ppp » -> manque un critère. Mais quand même, dans ce cas-là, il
estime qu’on est en présence d’une personne privée en charge d’une mission de sp. Car il va
considérer que l’asso fait partie des associations para administratives.
Les communes ont tendance à créer des asso pour prendre en charge des activités qui
normalement leur incombe. L’asso n’a aucune existence réelle, car tout ce qu’elle fait vient de la
ville. Le CE considère donc que l’asso est une association transparente : existe sur le papier, mais en
réalité n’a qu’une raison d’être : accomplir des tâches pour la maire de Melun. En effet, l’asso a des
financements que de la ville. Il dit qu’en réalité, l’asso assure une mission de la ville, à sa tête le
maire, les élus de la ville en son sein, dans les locaux de la ville, et la ville lui donne de l’argent en
réalité, c’est une fausse personne privée. Donc le CE va considérer que même si le critère des ppp
n’est pas rempli, dans cette situation, c’est une gestion d’un sp municipal. « L’association doit être
regardée comme gérant sous le contrôle de la commune un sp communal ».
Bis repetita : en 2007, le CE statue de la même manière : il considère que l’aprei, qui est une
asso qui vient aider les personnes en situation délicate, va elle aussi entrer dans le champ de la loi
sur la communication des documents administratifs. De nouveau, le CE considère dans le
prolongement de la ville de Melun, alors même qu’il n’y a pas de ppp, cela n’empêche pas qu’elle
gère un sp au sens de la loi sur la communication des documents administratifs.
Donc critères classiques : les 3 issus de l’arrêt Narcy. Mais cas de figure particulier, où pour
des associations dédiées à l’activité d’une personne publique, on peut surmonter l’absence de ppp
et quand même qualifier l’activité d’activité de sp.
3 cat.
C’est le cœur du sp. Activités régaliennes : défense nationale, police, diplomatie, finances publiques.
A un moment, on a voulu confier au secteur privé les établissements pénitentiaires. On voit ici les
limites. Ces fonctions de souveraineté ne peuvent pas être confiées au secteur privé.
Ici, on parle des sp financés essentiellement par l’impôt : l’enseignement, la santé, la sécu, la culture,
le sport et les loisirs, etc. Toute une série d’activités de sp, assurées dans un contexte non marchand,
ou dans lequel l’aspect marchand ne domine pas. Financé essentiellement par l’impôt.
C/ Les sp assurés dans un contexte marchand
Il y a toute une série de sp qui sont financés principalement par une activité commerciale, qui
vendent des prestations. Mais ce sont néanmoins des activités règlementées : ces sp ne peuvent pas
agir comme bon leur semble. Cela concerne pour l’essentiel les services en réseau : postes, télécom,
énergie, transport, audiovisuel. Audiovisuel : modèle mixte entre publicités et apports de l’Etat.
Certains sp sont gérés en régie. Un service en régie : lorsque la personne publique, avec ses
propres moyens, accompli la mission. Elle n’a pas recours à un prestataire extérieur, à une
entreprise privée : elle fait avec son propre personnel. Une personne publique a toujours le choix
d’accomplir avec ses propres moyens les activités de sp : elle n’est jamais obligée de confier à une
personne privée ses missions de sp. Une personne publique a le libre choix. Certaines activités de sp
ne peuvent pas être confiées au privé. Exemple : l’état civil.
Alternative : il est possible de confier certains services publics à des personnes privées : c’est
l’externalisation. Cela reprend plusieurs types de situation :
- Parfois, cela se fait par contrat : c’est une délégation de sp contractuelle. Exemple :
autoroutes, ordures (à Paris, arrondissements impairs : privés).
Cas d’une association à Aix en Provence qui organise un festival lyrique. Question de savoir si
on pouvait confier librement à cette asso l’organisation de ce festival lyrique. CE 6 avril 2007
Commune d’Aix-en-Provence : dans cet arrêt, le CE va devoir déterminer si l’association qui organise
le festival pouvait se voir confier sans aucune mise en concurrence l’organisation de ce festival. Le CE
considère que l’asso pouvait se voir confier sans mise en concurrence l’organisation de ce festival. Il
va considérer que l’association en cause est équivalente à une forme de régie. C'est à dire que même
si on a eu recourt à l’asso, le CE dit que l’asso est totalement dépendante de la ville, ne travaille que
pour la ville. Donc asso qui n’a qu’un objet : celui de travailler pour la collectivité. Elle constitue le
prolongement de la ville. C’est une quasi régie. Dans cet arrêt, le CE assimile cette asso à un service
de la ville. Dans cet arrêt, le CE considère que l’asso en cause est le simple prolongement de la
commune, qu’elle est transparente.
Dès le début du XXème s, on voit apparaitre des services publics soumis au droit privé. C’est
ce qu’on va appeler les services publics industriels et commerciaux. Les spics sont donc des sp, mais
qui vont être soumis au droit privé. Avant, il n’y avait qu’une catégorie de sp : les services publics
administratifs. Ensuite, va apparaitre une deuxième catégorie de sp : les spics. L’arrêt de principe ici :
TC 22 janvier 1921 Société commerciale de l’Ouest Africain, aussi appelé Bac d’Eloka. Dans
la colonie française de Côte d’Ivoire, un service gérait le bac dans la ville d’Eloka, bac qui permettait
une liaison maritime : passer d’un bout à l’autre de la lagune. La Société fait monter à bord de ce
bateau une automobile. Le bac coule. La société veut obtenir réparation -> elle assigne l’Etat, plus
exactement le lieutenant-gouverneur de la colonie, devant le tribunal civil, et demande réparation
du préjudice qu’elle estime avoir subi du fait des dommages causés au véhicule posé sur le bac qui
avait coulé. Le lieutenant-gouverneur de la colonie estime que ce n’est pas au JJ de connaitre de
cette affaire. Il existe une possibilité pour l’Etat de contester la compétence du JJ, et de demander au
TC d’arbitrer et de décider qui doit connaitre de l’affaire : soit JJ, soit JA. Le TC rend cet arrêt Bac
d’Eloka, par lequel il donne naissance, sans le nommer encore, à la notion de spic. Mais c’est l’acte
de naissance du spic. En réalité, cet arrêt donne naissance à l’idée d’un sp soumis au droit privé.
Le TC va nous dire qu’on est en présence d’un sp qui n’est pas régit par le DA comme il
devrait l’être, mais au droit privé. Cela va devenir le spic. Le TC nous dit que l’activité du bac se fait
contre rémunération : « l’activité du bac s’exerce dans les mêmes conditions qu’un industriel
ordinaire » : on nous faits payer comme pour un service privé, et ne fonctionne pas différemment
d’un service privé. Le TC applique le droit privé car le sp se comporte comme un acteur économique
de droit privé. Il fonctionne dans les mêmes conditions qu’une entreprise privée on doit appliquer
le droit privé.
FIN cours
CE, 1935, Société française de construction mécanique : le CE estime que l’Etat assume la
gestion d’un service industriel et commercial se trouve dans la même situation qu’en entrepreneur
ordinaire. Ainsi, le juge judiciaire est compétent.
CE, Ass, 1956, Union syndicale des industries aéronautiques : le CE systématise les critères
d’identification des SPIC. On distingue trois critères (en l’espèce pas réunis) :
L’objet du service
Les modalités de fonctionnement du service
Le mode de financement du service
Le CE a déjà du déterminé sur l’exploitation des pistes de ski était un SPIC ou un SPA.
CE, 2009, Beaufils : le CE considère que l’exploitation des remontés mécaniques et des pistes
de ski incluant leur entretient et leur sécurité constitue un SPIC. Le CE ajoute qu’il s’agit d’un SPIC,
même lorsque la station de ski est exploitée en régie directe par la commune. En conséquence, s’il y
a un litige, des problèmes, c’est devant le juge judiciaire qu’il faudra aller.
CE, 1968, Epoux Barbier : Le CE estime que la qualification d’industrielle et commerciale d’un
SP, n’empêche pas qu’en matière de réglementation, de police et de contrôle, c’est le juge
administratif qui demeure compétent. Ainsi, il y a une dualité de droit applicable à un SP.
Les « lois » de Rolland ont été crée par M. Rolland, un professeur de DP qui a systématisé les
règles applicables aux SP. Ces lois valent pour tous les SP, qu’ils soient administratifs ou industriels et
commerciaux.
I. Le principe de continuité des SP
CE, 1950, Dehaene : le CE précise que l’Etat doit garantir un fonctionnement régulier des SP.
Le CE que le gouvernement a le droit de limiter le droit de grève des agents publics au nom de la
continuité du SP.
CE, 1987, Toucheboeuf : On est au collège-lycée Stéphane Mallarmé à Paris. L’Etat décide
que le collège va fermer 3 semaines avant la fin de l’année scolaire pour assurer les épreuves du bac.
M. Toucheboeuf considère que le service de continuité du SP est violé. L’Etat considère que le SP de
l’enseignement a plusieurs missions. La fermeture anticipée du collège pendant une durée «
excédant largement celle qui était nécessaire à l’organisation des épreuves » porte atteinte au
principe de continuité du SP. Le CE annule cette décision.
CE, 1988, Ministre de l’Education nationale : le CE retient la faute de l’Etat pour ne pas avoir
nommé suffisamment de professeur pour assurer les heures d’enseignement obligatoire inscrites au
programme scolaire.
On l’appelle aussi le principe de l’adaptation constante du SP. La personne qui gère le SP doit
constamment faire évoluer le service et prendre en compte les progrès techniques, les besoins des
usagers.
CE, 1961, Vannier : le CE estime que les usagers d’un SPA n’ont aucun droit au maintien de
ce service. L’administration peut mettre fin au fonctionnement du SP lorsqu’elle l’estime nécessaire.
CE, 1951, Société des concerts du conservatoire : l’égalité devant le SP est un PGD.
CE, 2000, Marteaux : Le principe de neutralité est un principe dont la valeur varie en fonction
des personnes concernées. Le CE a considéré que ce principe s’appliquait de manière stricte aux
agents du SP. Il a pour conséquence l’interdiction faite aux fonctionnaires d’afficher aux
fonctionnaires son apparence religieuse.
B. La portée du principe
CE, 1974, Denoyez et Chorques : le CE estime qu’il est possible, à certaines conditions, de
prévoir des tarifs différents en fonction de la catégorie à laquelle appartiennent les usagers. Il faut
qu’il existe entre les usagers des différences de situations appréciables, ou qu’une nécessité
d’intérêt général commande cette mesure. Concrètement, dans cette affaire, le CE a considéré qu’il
était possible de prévoir des tarifs différents entre les personnes qui résident de manière
permanente sur l’île et les habitants du continent. Le CE considère qu’il faut prévoir des tarifs
différents. Le CE estime qu’on a le droit d’opérer une distinction entre les diverses catégories
d’usagers.
CE, 1994, Commune de Dreux : La commune voulu réserver l’accès à l’école de musique aux
enfants dont les parents avaient leur domicile dans la commune. Le CE estime qu’il est possible
d’opérer une discrimination fondée sur le lien particulier entretenu par les élèves avec la commune.
Le principe d’égalité ne fait pas obstacle à ce que le Conseil municipal limite l’accès au SP en le
réservant à des élèves ayant un lien particulier avec la commune. En effet, ces élèves se trouvent
dans une situation différente de l’ensemble des usagers du service. Néanmoins, le CE ajoute qu’on
ne peut pas refuser d’accueillir les élèves dont les parents travaillent à Dreux.
Il s’agit de l’ensemble des règles juridiques qui concernent la résolution par voie
juridictionnelle des litiges administratifs. C’est l’ouverture de recours afin de permettre aux individus
afin de préserver leurs droits face à l’action administrative. Le rôle du juge est de contenir les
privilèges de l’administration dans les limites que leur assigne la RDD. Le nombre de saisines, de
recours déposés ne cesse d’augmenter. Tout litige entre l’administration et l’administré ne
débouche pas sur une saisine du juge. Il existe des modes alternatifs de règlement des différends.
Face à l’augmentation du nombre de recours, on cherche à développer tous les moyens possibles.
La première question à se poser est celle du juge compétent pour statuer. Cette dualité de
juridiction peut être source de difficultés. Afin de les résoudre a été crée une juridiction spéciale de
l’ordre juridictionnel compétent : le TC.
CC, 1987, Conseil de la concurrence : il existe un PFRLR qui reconnait l’existence d’une
juridiction administrative.
Loi du 31 décembre 1957 sur les actions en responsabilité des dommages causés par tout
véhicule et dirigés contre une personne de DP. L’article 57 de la loi, par dérogation à l’article 13 de la
loi des 16 et 24/08/1790, les tribunaux de l’ordre judiciaire sont seuls compétents pour statuer sur
toute action en responsabilité tendant à la réparation des dommages de toute natures causés par un
véhicule quelconque. La loi prévoit que cette action sera jugée conformément aux règles du droit
civil. Cette loi institue un bloc de compétence au profit du juge judiciaire. Cependant, le principe
reste que la compétence suit le fond.
Malgré l’autonomie du JA, il arrive qu’il applique le droit privé. Il emprunte ou s’inspire des
règles du droit privé. Le cas le plus simple est celui des contrats administratifs. Le JA utilise les
dispositions du CC en matière de vices du consentement. Le JA reprend les différents types de vices
de consentement qui existent en droit civil.
CE, 2007, Campenon Bernard : le CE a considéré qu’une personne publique pouvait être
victime d’un dol de la part de son cocontractant privé. Les grandes entreprises du BTP s’étaient
entendues entre elles pour « arnaquer » la région Ile de France. La région s’est retrouvée victime
d'une tromperie. La région a obtenu du juge que ces entreprises privées soient condamnées en
raison de cette entente, au motif qu’elle avait été victime d’une tromperie de la part des entreprises.
Civ, 1956, Trésor public c/ Giry : le juge considère qu’en l’espèce, les règles du droit public en
matière de responsabilité devait être appliquée par le juge judiciaire. Le docteur Giry était intervenu
aux côtés d’un commissaire de police suite à l’asphyxie au gaz de personnes résidents dans un hôtel.
Un commissaire de police avait demandé au docteur Giry de porter secours aux personnes
asphyxiées. La CDC estime que le docteur Giry est intervenu dans le cadre d’une intervention de
police judiciaire. Cependant, l’hôtel explose et le docteur est blessé. La CDC casse l’arrêt d’appel au
motif que « le docteur Giry était un collaborateur occasionnel du SP ». En effet, la CA s’est appuyée à
tort sur des dispositions de droit privé qui ne peuvent être invoquées pour fonder la responsabilité
de l’Etat. En revanche, la CA avait « le pouvoir et le devoir de se référer en l’espèce aux règles du
droit public ».
Il est le juge répartiteur. Il s’agit d’une juridiction née une première fois en 1848, puis a disparu sous
le second Empire. Elle a finalement été rétablie par la loi Dufaure du 24 mai 1872, puis modifiée en
dernier lieu par une loi du 16 février 2015.
L’article 1er prévoit que « les conflits de juridiction entre la juridiction administrative et la juridiction
judiciaire sont résolus par un tribunal des conflits composés en nombre égal de membres du CE et
de la CDC ».
Il peut d’abord être saisi par le représentant de l’Etat, c’est-à-dire le préfet. Celui-ci peut
saisir le TC en cas de conflit positif. Il s’agit du cas où l’ordre judiciaire s’est dit compétent, mais le
préfet pense que le litige relève de l’ordre administratif.
De plus, le justiciable peut saisir le TC, en cas de conflits de décisions ou négatif (cas où
aucun juge ne veut traiter de l’affaire). En effet, il ne peut y avoir de déni de Justice (cas de conflit
négatif). Le justiciable peut également saisir le TC pour obtenir réparation du préjudice subi à délai
de procédure excessif. Le TC statut alors exceptionnellement au fond (art. 16 de la loi du 24 mai
1972).
Enfin, les juridictions peuvent saisir le TC. En effet, le juge peut, en prévention d’un conflit
négatif, ou sur une question de compétence soulevant une difficulté sérieuse, saisir lui-même le TC.
Il s’agit d’un conflit qui s’élève entre une juridiction judiciaire qui se déclare compétente
pour trancher une affaire, et l’administration qui conteste cette compétence.
CE, 2007, Campenon Bernard : l’affaire avait d’abord été portée devant le juge judiciaire par
les entreprises. L’administration, représentée par la région Ile-de-France, contestait la compétence
du JJ. Ainsi, il y a eu un déclinatoire de compétences devant la CA de Paris. L’affaire est finalement
arrivée au TC. Le TC a finalement donné raison à la région, le JA est alors compétent.
Le déclinatoire de compétence est un acte adopté par le préfet qui demande au JJ de se
déclarer incompétent. La juridiction saisie a l’obligation de statuer en priorité sur cette question. Elle
peut ainsi se déclarer incompétente, l’affaire s’arrête alors. Toutefois, le JJ peut rejeter le
déclinatoire. Le préfet dispose d’un délai de 15 jours pour présenter un arrêté de conflits, lequel
élève le confit au niveau du tribunal des conflits. Le préfet a un rôle majeur, puisqu’il peut interdire
au JJ de se prononcer sur le fond tant que le TC n’a pas tranché. Une fois que le conflit est arrivé au
TC, celui-ci peut confirmer l’arrêté de conflit, il donne alors raison au préfet et le JA est compétent,
ou alors annuler l’arrêté et le JJ demeure compétent.
CC, 1987, Conseil de la concurrence : le CC énonce un PFRLR et ajoute que certains domaines
relèvent par nature de la compétence du JJ. Plus précisément, la protection des droits
fondamentaux, et notamment la liberté individuelle, l’inviolabilité du domicile, le droit de propriété,
relève de l’office du JJ.
E. Avant 2013
1. La voie de fait
Dans certains cas, l’irrégularité commise par la personne publique est si grave que l’acte ne
peut plus se rattacher à l’action administrative. L’acte s’analyse en un pur fait et ne peut plus se
réclamer du droit. Dès lors, il n’y a plus à appliquer le principe de la séparation des autorités
administratives et judiciaires. Chapus parlait de la voie de fait comme « la folle du logis », c’est-à-dire
que l’administration prend une mesure incompréhensible et irrégulière. Dans ce cas, le JJ peut
intervenir, même si l’on est en présence d’un acte administratif.
La JP a dégagé deux types de voies de fait. Tout d’abord, lorsqu’une mesure prise par
l’administration qui est « manifestement insusceptible d’être rattachée à l’exercice d’un pouvoir
appartenant à l’administration ».
TC, 1935, Action française : le TC considère que : l’administration a porté une atteinte grave
à la liberté d’expression, en prenant une mesure qui ne se rattache pas à l’exercice d’un pouvoir qui
lui appartient. Le préfet de police de Paris a fait saisir tous les journaux de l’Action française à Paris.
Le TC estime que le préfet de police peut prendre les mesures nécessaires pour assurer le maintien
du bon ordre et de la sureté publique. cependant, ces attributions « ne comportent pas le pouvoir de
pratiquer par voie de mesures préventives la saisie d’un journal ». Le TC estime que la mesure prise
par le préfet de police a constitué une voie de fait entrainant la compétence de l’autorité judiciaire.
On disqualifie l’acte administratif. (première voie de fait dégagée par le TC)
TC, 1986, Eucat : M. Eucat n’avait pas payé ses impôts. L’administration voulait prendre un
certain nombre de sanctions à son égard. Elle a demandé le retrait du passeport de M. Eucat. La
police des frontières a alors refusé qu’il parte à l’étranger. Le TC s’est alors demandé si l’Etat pouvait
retirer son passeport à un citoyen. Monsieur Eucat invoque une atteinte à sa liberté d’aller et venir.
Le TC considère que l’on est en présence d’une voie de fait. Le fait que Monsieur Eucat n’ait pas payé
ses impôts ne justifie pas que l’on porte atteinte à sa liberté d’aller et venir. Ainsi, le TC considère
que le JJ est compétent pour intervenir en référé.
Le second type de voie de fait est le cas où la mesure prise par l’administration fait l’objet
d’une exécution forcée : TC, 1902, Société immobilière de Saint Just : l’administration ne pouvait pas
procéder à l’exécution forcée des décisions.
La voie de fait emporte une conséquence simple et absolue, les tribunaux judiciaires ont
plénitude de juridiction, il est compétent pour réparer les préjudices issus de la voie de fait. Le JJ
peut également ordonner à l’administration de cesser les comportements constitutifs de la voie de
fait.
La voie de fait a finalement connu un coup d’arrêt par un arrêt TC, 1997, Société Baum : le
TC considère qu’il n’y a pas voie de fait dans une situation où précédemment, on aurait considéré
l’inverse. Le TC prend une position favorable à l’administration.
2. L’emprise irrégulière
TC, 1949, Hôtel du vieux Beffrois ou TC, 1949, Rivoli-Sébastopol : l’administration avait
investie sans titre des propriétés privées. Le TC considère que l’on a affaire à une emprise irrégulière,
c’est-à-dire à une privation de jouissance qui entraine le droit pour le JJ de réparer les dommages
résultant de cette emprise. Il est compétent pour réparer les dommages subis par la personne privée
et non pas pour ordonner à l’administration de quitter les lieux. Le TC considère qu’il revient au JJ de
statuer.
F. Après 2013
Deux arrêts ont recentré la compétence du JJ aussi bien en matière de voie de fait que
d’emprise irrégulière. Ce sont deux notions irrégulières, qui s’adaptent et évoluent en fonction des
époques.
TC, 2013, Monsieur Bergoend : Monsieur Bergoend avait acquis un terrain, et EDF avait
instauré un poteau électrique sur son terrain. Les juridictions judiciaires s’étaient déclarées
incompétentes. La CDC avait renvoyé au TC le soin de trancher le litige. Le Tc redéfinie la notion de
voie de fait et abandonne la JP Action française de 1935. Désormais, il n’y a voie de fait de la part de
l’administration que dans deux hypothèses :
Lorsqu’elle a procédé à l’exécution forcée dans des conditions irrégulières d’une décision
même régulière, portant atteinte à la liberté individuelle, ou aboutissant à l’extinction d’un
droit de propriété. Ainsi, une atteinte à la liberté fondamentale ne suffit pas, il faut que
l’atteinte soit relative à la liberté individuelle, de même pour l’extinction du droit de
propriété. Le TC retient ainsi une conception plus étroite de la voie de fait.
Lorsqu’elle prend une décision manifestement insusceptible d’être rattaché à un pouvoir
appartenant à l’administration.
TC, 2013, Epoux Pannison : le juge transpose à l’emprise irrégulière la JP Bergoend. Le TC resserre la
notion d’emprise irrégulière.
Par ailleurs, la loi du 30 juin 2000 sur les référés administratifs institue des nouvelles procédures
d’urgence devant le JA. Le JA est ainsi doté de trois nouveaux référés (suspension, liberté, mesure
utile). Ces référés vont rendre inutile l’intervention du JJ. Avant cette loi, il n’y avait pas la possibilité
de saisir en urgence le JA. A partir de 2000, la voie de fait perd de son intérêt.
Situation dans laquelle le JJ est saisie au principal, sa compétence n’est pas remise en cause.
A cette occasion se pose une question à titre accessoire qui relève de la compétence de l’ordre
administratif. Le JJ est confronté à une question à titre accessoire qui relève de la compétence des
juridictions administratives. Le JJ doit apprécier la légalité d’un acte administratif. Ainsi, est ce que le
JJ doit sursoir à statuer et poser une question préjudicielle au JA ?
Le juge pénal est compétent pour interpréter un acte administratif. Il dispose d’une
plénitude de juridiction.
4. Le juge civil
TC, 1923, Sept fonds : on distingue entre l’acte réglementaire et l’acte individuel d’autre
part. Le juge civil est compétent pour interpréter un acte administratif réglementaire, mais
incompétent pour interpréter un acte individuel. Il doit alors poser une question préjudicielle au JA
pour connaitre son interprétation.
Le juge civil est toujours incompétent pour apprécier la légalité d’un acte administratif.
6. Le juge pénal
Pendant longtemps, il convenait de distinguer l’appréciation de la légalité d’un acte
réglementaire d’une mesure individuelle.
TC, 1951, Avranches et Desmarets : le TC considérait que le juge pénal pouvait apprécier la
légalité des actes réglementaires, mais pas des mesures individuelles.
Le CP a ensuite été adopté, au sein duquel figure un article 111-5 qui précise que
Le juge pénal est compétent pour apprécier la légalité de tous les actes administratifs. Ainsi,
le CP revient sur la JP et considère que le juge pénal a plénitude de juridiction. La spécificité de la
juridiction pénale vise à concourir à la défense de l’ordre public.
TC, 2011, SCEA du Chéneau : on conteste devant le juge civil la légalité d’un acte
administratif. Le juge civil doit poser une question préjudicielle au JA. Le TC rend une décision
importante et fait évoluer la compétence du juge civil en la matière. Cet arrêt se fonde sur la notion
de bonne administration de la Justice. Elle permet de déroger aux règles habituelles de
compétences. Dans cet arrêt, le TC précise que le juge civil peut apprécier lui-même la validité d’un
acte administratif sans renvoyer au juge administratif lorsqu’il existe une JP établie en la matière. Le
JA souhaite rendre plus rapide la Justice. Si on peut identifier dans la JP des situations similaires, il
n’y a pas lieu de poser une question préjudicielle. Dans cet arrêt, le TC permet au juge civil, saisi a
titre principal de ne pas poser de question préjudicielle, et de résoudre lui-même la question aux
vues de la JP établie.
Civ, 1ère, 2013 : la CDC fait application de la JP SCEA du Chéneau. Elle a invoqué la JP établie
du CE pour apprécier elle-même la légalité d’un acte administratif.
Contentieux objectif : le juge doit déterminer si l’acte administratif est légal, et doit en tirer
les conséquences s’agissant du maintien de cet acte dans l’ordonnancement juridique. S’il est légal, il
peut continuer à exister, sinon il devra être anéanti. Une RDD est discutée en tant que telle. On parle
alors de contentieux de la légalité, et plus précisément à celui d’excès de pouvoir.
Contentieux subjectif : le juge doit vérifier si une personne est titulaire ou non d’un droit
subjectif. Exemple : droit à des D&I du fait des préjudices causé par un agent public dans l’exercice
de ses fonctions. Le titulaire du droit défend ses intérêts individuels.
Recours de pleine juridiction : contentieux subjectif.
XI. La division des matières contentieuses d’après la nature des recours dont on peut faire
l’objet
Edward Laferrière est l’auteur d’un traité sur la juridiction administrative. Il propose de
distinguer 4 types de recours :
Il est relativement récent et n’existait pas avant le XIXème siècle. Il s’est considérablement
développé sous l’impulsion du CE. Le CE, en tant que génie juridique a décidé de construire cet
élément essentiel du contrôle de l’administration.
CE, 1950, Dame Lamotte : Possibilité de faire un REP même sans texte administratif. Il n’y a
pas besoin d’avoir un avocat.
Le JA peut recourir à des moyens de légalité externe ou interne à l’appui de son recours pour
REP. Si le juge estime que le REP est fondé, il prononcera l’annulation rétroactive de l’acte.
Il s’agit du recours dans lequel le JA dispose des pouvoirs les plus étendus à l’égard de
l’administration, puisqu’il dispose d’un pouvoir de contrôle, de réformation et de condamnation. Le
juge de plein contentieux statut en fait et en droit.
Le juge du plein contentieux doit toujours se prononcer sur les droits des intéressés d’après
l’ensemble des circonstances existant à la date de sa décision. Autrement dit, le juge de contentieux
peut prendre en compte de nouveaux éléments jusqu’au moment où il statut. Le recours pour
contentieux désigne un procès contre les parties, tandis que le REP fait référence à l’acte.
Dans certains cas, le JA est saisi par le JJ par voie de la question préjudicielle, afin d’apprécier
la validité d’une décision administrative, lorsque aucune JP n’est établie en la matière.
L. Le recours répressif
Le juge ne s’autosaisie jamais ; le juge est saisi par les parties et il faut introduire un recours
devant le tribunal compétent.
On dépose une requête devant le Tribunal qui est un mémoire écrit. Le Code de justice
administrative nous le dit. C’est la requête introductive d’instance. On devient alors requérant. La
requête indique les nom et domicile des parties et expose les faits et moyens. Les conclusions de la
requête débutent en « par ces motifs ». La requête est irrecevable si on ne joint pas copie de la
décision que l’on attaque. Si on demande une indemnisation, on doit produire la demande adressée
préalablement à l’administration et qu’elle a refusée.
La requête doit ensuite être déposée au greffe du tribunal. Tout dépôt des requêtes est
dématérialisé, tout se fait par voie électronique (Télé recours). On a ensuite la possibilité de suivre
en temps réel l’évolution de la requête (temps long).
Lorsque l’affaire est en état d’être jugée, le juge prend l’acte de clôture de l’instruction et on
inscrit l’affaire au rôle d’une formation de jugement collégiale (toujours 3 juges).
Le rapporteur public prend la parole. Ce magistrat indépendant va exprimer son avis sur
l’affaire et exprimer ce qui devrait être pour lui la solution. On reçoit avant l’audience le sens des
conclusions. Il faut en moyenne entre 14 et 18 mois afin d’obtenir une décision. Il est ensuite
possible de faire appel (9 cours d’appel).
N. Le référé
Dans certains cas, il faut obtenir l’intervention du juge à bref délai. Le référé a ainsi été créé.
C’est une procédure d’urgence qui permet d’obtenir une décision. La loi du 30 juin 2000 a introduit
un certain nombre de dispositions relatives au référé dans le Code de justice administrative :
Article L521-1 et référé suspension : on veut que le juge suspende une décision exécutoire
de l’administration au motif qu’il existe un doute sérieux quant à la légalité de la décision. La
personne doit rapporter la preuve qu’il y a un doute sérieux quant à la validité de la décision
(reconduction d’un étranger aux frontières) Attention : le juge du référé est un juge du
provisoire, il ne statue pas sur le fond. Le juge va devoir se prononcer au fond plus tard
Article 521-2 et référé liberté : il y a une atteinte grave et manifestement illégale à une
liberté fondamentale, le juge des référés peut prendre une décision dans les 48h.
Observatoire des prisons en France : l’état des prisons est déplorable or il y a le principe de
dignité de la personne humaine donc des travaux ont pu être ordonnés pour maintenir
l’hygiène par ce type de référé.
Article 521-3 et référé mesure utile : on veut que le juge ordonne à l’administration la
communication de documents afin de pouvoir se défendre.
Le juge du référé est un juge de l’évidence et il n’a donc pas le temps d’examiner dans le
détail l’affaire. On attend de lui qu’il statue vite. En outre, en général, c’est un juge unique. La
particularité des référés est de ménager une large place au débat oral au cours de l’audience. Le juge
prendra une ordonnance ≠ jugement (Dieudonné). On ne peut pas faire appel devant la CAA mais
devant le CE ie il y a une limitation des voies de recours.
L’université Jean Moulin de Lyon avait refusé l’inscription de l’étudiant dans un master de
droit. Il a fait un référé suspension et a obtenu du juge satisfaction de sa demande. Est-ce que c’est
obtenir son inscription ? Non. Il a donc obtenu du juge qu’il enjoigne l’université de l’inscrire.
Si on a obtenu satisfaction, que se passe-t-il ? (. Il se rend compte que ce qui était la justice
administrative extraordinaire française est en réalité décevante. Il déconstruit un certain nombre de
mythes. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce qui importe n’est pas le jugement mais bien
qu’il ait des effets. Ce qu’on constate est que l’administration a parfois des difficultés. L’article L11
du Code de la justice administrative « Les jugements sont exécutoires même s’ils sont frappés
d’appel. Encore faut-il que la décision juridictionnelle soit revêtue de l’autorité de la chose jugée ».
Res judicata pro veritate habetur : la chose jugée doit être tenue pour la vérité. Une chose
jugée ne peut être ignorée par quelque autorité que ce soit. Toute personne peut s’en prévaloir et
elle est opposable à toute personne. Seules ont l’autorité de la chose jugée les décisions (jugements,
arrêts) qui vident le litige, les décisions du juge de l’excès de pouvoir ie du juge de l’annulation. Les
décisions ont un effet erga omnes ie toute le monde doit les respecter.
En revanche, les décisions du juge de plein contentieux n’ont qu’une autorité relative de la
chose jugée. Sa décision a un effet inter partes ie entre les parties.
CE, Ass, 2004, Association AC : possibilité de moduler dans le temps les effets de
l’annulation. L’acte est bien nul mais on diffère dans le temps les effets de cette annulation. On ne lui
fait pas produire d’effet rétroactif. Du fait d’une irrégularité, il y avait eu la possibilité de demander
aux chômeurs de rembourser une partie des indemnités perçues, trois ans après, du fait d’une
décision d’annulation. Le CE va priver d’effet rétroactif sa décision qui ne vaut pas pour le passé.
C’est favorable à l’administré et en faveur de l’équité.
Il doit y avoir des conditions pour ne pas mettre en place la rétroactivité, c’est exceptionnel.
Les conséquences doivent être manifestement excessives donc le juge doit les apprécier. Le pouvoir
des juges est important. Le juge doit prendre en compte l’intérêt général pour examiner si le
maintien temporaire des effets de l’acte attaqué est possible. C’est au juge de mettre en balance
l’intérêt général/le maintien de l’acte. Cette mise en balance est la théorie du bilan coût/avantage
depuis 1971. Cette théorie consiste à mettre en balance les avantages de l’annulation avec le coût
pour l’IG. La CJUE l’applique depuis longtemps puisqu’il est prévu dans les traités qu’elle a le pouvoir
de décider si les décisions d’annulation prendront effet que pour l’avenir ou dès leur prononcé. C’est
donc une influence d’origine européenne.
Les articles 911-1 à 911-6 du Code de la justice administrative posent des principes
concernant l’exécution des décisions.
L’article 911-1 nous dit que « lorsque sa décision implique nécessairement qu’une personne
morale de droit public prenne une mesure d’exécution dans un sens déterminé, la juridiction prescrit
par la même décision cette mesure » ie le juge, lorsqu’il prononce l’annulation d’une décision, peut
en même temps, tirer les conséquences de l’annulation ie enjoindre à l’administration de prendre
une nouvelle mesure qui se substitue à la mesure annulée. Le juge est doté d’un pouvoir
d’injonction.
CE, Ass, 1974, Barre : ce pouvoir d’injonction est un PGD. Le juge en dispose d’office, même
si on ne lui a pas demandé de le faire, il peut le faire.
Q. L’astreinte
L’article 911-3 prévoit que le juge peut faire plus encore. Il peut ordonner une astreinte qui
est une somme d’argent dont le juge fixe la date d’effet. Le juge prévoit que chaque jour où ce qu’il a
ordonné n’est pas fait, une somme d’argent devra être payée. Dans l’Affaire du siècle, non
seulement le juge a donné raison à ces associations et a prononcé une injonction à l’encontre de
l’État mais il a en outre prononcé une astreinte.
CE, 2021, Association les amis de la Terre : le CE a énoncé que « lorsque l’État se trouve
débiteur d’une astreinte, le juge administratif peut décider d’affecter cette astreinte à une personne
morale de droit public disposant d’une autonomie suffisante à l’égard de l’État ou à une personne
morale de droit privé à but non lucratif menant une action d’intérêt général ». Dix millions d’euros
devaient être payés par l’État à diverses associations.
On voit que lorsque l’État n’a pas pris les mesures suffisantes, on peut le condamner à une
astreinte et mieux, à liquider l’astreinte à des associations en faveur de l’environnement. La palette
des pouvoirs du juge s’élargie.
Trois arrêts vont dans le même sens : CE, Ass, 2019, Les Américains accidentels + CE, 2020,
Stassen + CE, 2021, Elena : Le juge de l’excès de pouvoir élargi son champ de vision. Ces arrêts
concernent tous l’office du juge de l’excès de pouvoir. Désormais, le juge de l’excès de pouvoir ie
annulation apprécie la légalité de la décision qui lui est soumise à la date à laquelle il statue et non
plus à la date à laquelle la décision a été prise. Cependant, il ne s’agit alors plus d’annulation mais
d’abrogation (pas rétroactive !).
Autrefois, le recours pour excès de pouvoir était binaire (annuler ou non) mais maintenant,
c’est plus subtil.
« Avant de se demander comment juger, le juge doit se demander comment juger » nous
disait Vedel.
XIV.Les actes
Quels sont les actes en cause dans le recours pour excès de pouvoir ?
R. L’acte attaqué
Quels sont les actes susceptibles de faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir ? Aucun
acte de droit privé ne peut faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir. On peut faire appel, un
pourvoi en cassation, mais pas un REP. L’acte doit présenter trois caractéristiques :
Acte normatif : une décision faisant grief. On attaque qu’un acte et non une opération
matérielle de l’administration. Le REP est exclu contre les avis préalables à une décision.
Acte unilatéral : pas un contrat. Seul un recours de plein contentieux est possible contre un
contrat.
CE, Ass, 2014, Département du Tarn-et-Garonne : Il n’est pas possible d’introduire un REP
contre un contrat. La seule voie d’action contre un contrat est un recours de plein contentieux.
Pendant longtemps, comme cela était possible, il était possible d’introduire un RPEP contre
des actes unilatéraux détachables du contrat (décision de signer un contrat pris par une ville est une
décision unilatérale qui se détache du contrat lui-même)
Une ville décide de vendre un bien. Avant de conclure la vente, la ville va délibérer et va
autoriser le maire à céder le bien, il y a alors une décision avant la vente. Le CE dissocie la décision
de vente du contrat de vente. La première est susceptible de REP.
CE, 1994, Époux Lopez : la vente elle-même relève de la compétence du JJ mais il s’agit ici de
la décision prise par la ville avant de le céder. Ce n’est parce que le JA annule la décision de vendre
que la vente est nulle car elle ne relève pas de sa compétence. C’est l’effet platonique de
l’annulation de l’acte détachable.
Acte administratif : attention, il y a des actes administratifs pris par des personnes privées.
S. La requête en annulation
On doit déposer une requête dans laquelle sont exposés les moyens que l’on invoque.
1) Les délais
CE, 2016, Mission locale de Guyane : Si l’auteur d’un recours s’est adressé à la mauvaise
juridiction, le CE considère que le délai de recours ne court pas lorsque l’on va devant une juridiction
incompétente.
CE, 1957, Rosan Girard : Le CE a posé une exception au délai de deux mois pour attaquer une
décision : lorsque l’on demande au juge de constater l’inexistence d’un acte. Le CE dit que lorsque
l’on est en présence d’un acte juridiquement inexistant, celui-ci est « affecté d’une illégalité
particulièrement grave et flagrante », le délai de deux mois ne joue pas.
Légalité externe : relève de l’élaboration de l’acte et des vices qui peuvent affecter les vices
de l’acte.
Ce sont des causes juridiques distinctes, ce qui va avoir des conséquences sur les moyens qui
peuvent être soulevés devant le juge sur la possibilité dans les deux mois de soulever un moyen
nouveau. On parle de règle de « cristallisation du débat contention ». On vitrifie les termes du débat.
Lorsque l’on introduit un recours dans le délai de 2 mois, il convient de soulever à la fois un moyen
de légalité externe et un moyen de légalité interne. Sinon, on ne peut plus, après le délai de 2 mois,
invoquer de nouveaux moyens. Il n’est plus possible de soulever un moyen relevant d’une cause
juridique distincte après l’expiration du délai de recours contentieux.
CE, 1953, Société Intercopie : la société avait introduit un REP contre une décision
administrative, mais s’était bornée à invoquer l’irrégularité de la composition d’une commission. Elle
n’avait invoqué qu’un moyen de légalité externe. Après expiration du délai, la société voulait
invoquer d’autres éléments de légalité interne. Le CE estime que le délai étant passé, il n’est plus
possible d’invoquer un nouveau moyen.
XVI.Le juge
Le Code de la Justice administrative précise devant quel juge il faut aller lorsqu’il faut aller
pour introduire un REP, prévu par l’article R311-1 et suivant. Pour déterminer devant quel juge on
va, on applique le critère territorial : on va porter son recours devant le tribunal administratif de la
circonscription dans laquelle siège l’autorité qui a pris la décision contestée.
Néanmoins, il existe des cas dans lesquels le juge compétent n’est pas le TA, mais le CE, en
raison de l’objet du litige ou dans un souci de bonne administration de la Justice. Par exemple, en
matière d’annulation d’un décret du PM ou du PR, seul le CE est compétent. De même, le CE est
compétent pour les autorités à compétence nationale.
La JP distingue les personnes qui agissent à titre individuel de celles qui agissent à titre
collectif.
CE, 1901, Casanova : Un médecin qui habite la commune est recevable un REP contre la
décision de la municipalité décidant d’offrir un service médical aux indigents ? Le CE considère que «
la délibération attaquée a pour objet l’inscription d’une dépense au budget de la commune. Or, les
médecins sont contribuables dans cette commune ». Cette qualité de contribuable donne intérêt à
agir. La qualité de contribuable donne un intérêt à agir contre la délibération du Conseil municipal.
On a un intérêt lésé lorsqu’on est contribuable de la commune pour attaquer des décisions
budgétaires.
CE, 1906, syndicat des patrons coiffeurs de Limoge : le CE considère qu’il est possible pour
un syndicat d’introduire un REP, mais il doit le faire avec un mandat de leurs adhérents. Le principe
est qu’il est possible pour un syndicat professionnel d’agir et de faire valoir un intérêt collectif.
CE, 1906, syndicat des propriétaires du quartier Croix de Seguey Tivoli : des propriétaires du
quartier ont le droit à agir contre une décision du préfet. En l’espèce, il s’agissait d’une suppression
d’un arrêt de trame, les habitants invoquaient un préjudice et se sont regroupés en un syndicat de
propriétaire. Un REP émanant d’une personne morale est recevable, dès lors que des intérêts
collectifs sont défendus. Le CE a commencé a développé une JP restreignant l’accès au juge des
syndicats professionnels.
CE, 2015, syndicat de la magistrature : le CE considère que ce syndicat n’est pas recevable
faute d’intérêt à agir pour introduire un recours sur une mesure d’interdiction de sortie du territoire.
Le CE estime que le syndicat n’avait pas d’intérêt à agir contre ce type de mesure. Le juge adopte
une position bien plus restrictive.
En 2016 a été crée dans la loi de modernisation de Justice du XXIème siècle une action de
groupe. Il est possible, afin de faire cesser un manquement, d’introduire une action de groupe.
Une autorité administrative ne peut agir que dans le cadre de ses compétences. S’il sort de
sa compétence, il commet une irrégularité. L’incompétence est un cas d’ouverture pour un REP. On
parle de vice d’ordre public, le juge peut soulever d’office l’incompétence même si les parties ne
l’ont pas fait. Il y a deux types d’incompétences :
Positive : l’autorité prend des décisions dans lesquelles il n’avait pas la compétence, elle a
excédé les pouvoirs qui sont les siens.
Négative : l’autorité ne prend pas une décision qu’elle doit prendre. Il est possible pour le JA
d’enjoindre à l’administration de prendre des décisions. Exemple : il arrive que le PM oublie
de prendre le décret d’application d’une loi.
CE, 2000, France Nature Environnement : une loi avait été adoptée qui prévoyait un décret
d’application pour la loi littorale. Le décret n’est jamais intervenu. France Nature
Environnement demande au PM de prendre le décret, ce qu’il n’a pas fait. Ce refus (silence)
à été considéré comme une décision implicite de rejet. Ainsi, FNE attaque devant le CE cette
décision implicite de rejet, que le CE a annulé. En outre, il enjoint au PM de prendre le
décret d’application de la loi. Le CE a donné 6 mois au PM pour adopter le décret
d’application de la loi.
Arrêt très important, on parle du verbe « danthonyser » pour faire en sorte que le vice n’est
pas substantiel, qu’il n’y a pas matière à annulation.
XX. Les irrégularités relatives aux normes de l’acte
La règle administrative repose toujours sur une base légale. Par exemple, lorsqu’un préfet
prend une décision en invoquant un texte alors que ce dernier ne lui donne pas le pouvoir de
prendre cette décision. Faute de base légale, l’acte du préfet est nul. Cependant, le CE a fait preuve
de compréhension à l’égard de l’administration en lui admettant un droit à l’erreur. Le juge admet ce
qu’on appelle une substitution de base légale. Lorsque la décision aurait pu être prise sur le
fondement d’un autre texte, il peut substituer la base légale à celui du fondement attaqué.
CE, 2003, Préfet de la Seine Maritime : admet qu’on puisse substituer une base légale. Il
estime que le juge aurait pris la même décision si elle s’était fondée sur un autre texte.
CE, 1916, Camino : l’administration a invoqué pour motiver sa décision qui n’existe pas. Le
juge annule pour excès de pouvoir cette décision.
Parfois, l’administration interprète mal un fait. Lorsqu’elle commet une erreur dans
l’interprétation d’un fait, c’est un cas d’ouverture du REP. Le fait existe, mais l’administration le
qualifie mal. On parle d’erreur de qualification juridique des faits.
CE, 2004, Madame Hallal : le CE considère que l’administration peut substituer un motif à un
autre. Le juge peut rechercher si un autre motif que celui invoqué par l’administartion aurait pu
conduire à la même décision.
La règle d’exclusion du but : L’acte administratif doit viser l’intérêt général et non l’intérêt
particulier. Un maire ne peut pas rendre constructible une zone du territoire municipal uniquement
pour agrandir sa maison par exemple. Si on modifie les règles d’urbanisme uniquement pour
permettre à une personne de pouvoir agrandir sa maison, on commet un excès de pouvoir, un
détournement de fonds.
La règle d’assignation de but : les personnes publiques disposent d’un certain nombre de
pouvoir pour poursuivre seulement certains buts. Un maire avait interdit aux personnes se trouvant
sur la plage de se déshabiller et avait pris une mesure de police, sous peine de contravention. Le juge
a considéré que le juge ne pouvait pas utiliser ses pouvoirs de police à des fins financières.
CE, 1875, Parizet : le CE annule une décision administrative au motif que l’autorité publique a
utilisé ses pouvoirs à d’autres fins que celles dont elle disposait.
La règle d’adéquation de but : le cas du REP est celui de l’erreur de droit. Une norme
administrative doit être annulée lorsqu’elle est excessive par rapport au but visé.
Sous-section 2 : La classification
Pendant longtemps, il était admis que le contrôle de légalité était un contrôle de pur droit
qui ne portait pas sur des questions de fait. Progressivement, la JP a évolué, puisque désormais, le
juge se livre à un contrôle plus poussé : le juge de l’excès de pouvoir contrôle la correction juridique
des motifs sur lesquels l’administration fonde ses décisions. Une décision fondée sur un motif de fait
erroné sera annulée par le juge. Cependant, le juge de l’excès de pouvoir n’exerce aucun contrôle
sur l’opportunité des décisions prises.
CE, 1914, Gomel : le juge va apprécier si, en l’espèce, on est en présence d’un site protéger
au titre des monuments historiques.
CE, 1970, Vigan : il s’agissait pour le juge d’examiner les modalités d’évaluation des études
universitaires. Le juge exerce un contrôle normal sur le point de savoir si le pourcentage retenu au
titre du contrôle continu dans la note totale des étudiants est suffisant. Le CE considère qu’il n’y a
pas d’erreur et qu’il y avait une liberté de la personne publique pour tenir compte du contrôle
continu dans la proportion que l’université jugerait convenable. Le CE considère que le pourcentage
retenu est suffisant.
CE, 1975, Clément : le juge réalise un contrôle normal sur une interdiction d’un spectacle.
Il existe des matières dans lequel le juge de l’excès de pouvoir ne contrôle pas la
qualification juridique des faits. Le contrôle juridictionnel porte sur les autres moyens d’annulation. Il
y a des cas où les textes octroient à l’autorité publique un pouvoir entièrement discrétionnaire,
c’est-à-dire un pouvoir qui ne s’exerce qu’en ne tenant compte que de considérations d’opportunité.
CE, 1950, Vedeil : il s’agissait d’une gratification exceptionnelle qui avait été octroyée. Le
juge considère que la personne publique « avait le pouvoir d’apprécier discrétionnairement
l’opportunité de l’octroi ou du refus de ladite gratification ».
Dans le cadre du contrôle restreint, le juge corrige l’insuffisance de son contrôle par le biais
de l’erreur manifeste d’appréciation (EMA). Elle correspond à l’hypothèse où l’erreur commise par
l’administration est tellement importante que le juge ne peut pas ne pas intervenir. Il s’agit d’une
erreur grossière de l’administration qui refuse de se rétracter. Dans ce cas, le juge admet qu’il peut
annuler l’acte.
CE, 1961, Lagrange : le CE, face à une erreur grossière, admet quand même d’annuler un
acte.
Le juge de l’excès de pouvoir ne contrôle pas l’opportunité qu’il y avait à prendre une
décision administrative.
CE, Ass, 1948, Razungles : Quand une personne publique réquisitionne un immeuble, le juge
ne contrôle pas l’opportunité de l’immeuble à requérir. Il y a une limite et le CE tend à réduire
sensiblement la notion d’opportunité.
CE, 1971, Ville nouvelle Est : Dans cette affaire était en cause l’expropriation. Dans le cadre
du contrôle des déclarations d’utilité publique, le juge a déclaré la théorie du bilan coût/avantage. Le
CE va plus loin puisqu’il apprécie la légalité d’une déclaration d’utilité publique aux regards des
avantages et des inconvénients de l’opération en cause. Il retient qu’une « opération d’expropriation
ne peut être déclarée d’utilité publique que si les atteintes à la propriété privée, le coût financier et
les inconvénients d’ordre social qu’elle comporte ne sont pas excessifs eu égard à l’intérêt qu’elle
présente. Si le solde est globalement positif, la décision est légale. Le point important est que
l’expropriation présente un cout : le juge va examiner le coût.
Si le coût pour les finances publiques est trop important, le CE doit censurer la décision de
l’administration.
CE, Ass, 1997, Association contre le projet de l’autoroute Transchablaisiènne : le cout pour
les finances publiques de la construction d’une autoroute entre Annemasse et Thonon les Bains était
démesuré, il a remis en compte la décision.
CE, 2003, Association SOS Rivière : un barrage, en raison des atteintes à l’environnement et
du cout de l’opération devait être remis en cause. On voit que le juge réduit à la portion congrue la
notion d’opportunité. On se demande si l’on ne risque pas de basculer dans un contrôle
d’opportunité.
Dans le cadre de ce contentieux, la cause juridique de l’action est la violation d’un droit
personnel, subjectif. On ne cherche pas à obtenir l’annulation d’un acte, mais une indemnité. On
appelle responsabilité administrative la responsabilité pécuniaire des collectivités publiques et de
leurs agents. En effet, les personnes publiques peuvent aussi être pénalement responsables. Il arrive
que les hôpitaux publics fassent l’objet de procédures pénales. Par exemple, la PHP a été condamné
par le Tribunal de Paris pour homicide involontaire où un enfant de 3 ans avait été admis pour une
mononucléose. L’enfant s’était vu injecté du chlorure de magnésium en raison d’une erreur de
l’infirmière.
CE, 1908, Fleury : les SP des départements peuvent voir leur R engagée au même titre que
les SP de l’Etat.
Par la suite, le CE va étendre la R de l’administration à certaines activités qui pouvaient a
priori paraitre à l’abris des activités de police. Ainsi, lorsque l’administration causait des D en matière
de police, peut-elle voire sa R engagée ?
CE, 1905, Tomaso Grecco : le CE étend aux services de police le principe selon lequel
l’administration est pécuniairement responsable des fautes commises par ses agents. Un taureau
s’échappe au sein d’une ville et un gendarme tire pour tuer le taureau mais blesse une autre
personne. Le CE considère que le SP a commis une faute qui engage la R de l’administration. Les
activités qu’on pouvait croire à l’abris de la R de police entrent dans le champ de la JP.
CE, Ass, 1938, La Fleurette : une loi peut être source de R de l’Etat. Si une loi cause un
préjudice anormal et spécial à un individu, alors la R de la puissance publique peut être engagée. Le
CE admet que la R de la puissance publique puisse être engagée sans faute. Il peut également y avoir
engagement de la R de la puissance publique pour rupture de l’égalité devant les charges publiques.
CE, 2019, Soc hôtelière Paris Eiffel Suffren : une loi déclarée inconstitutionnelle suite à une
QPC peut être déclarée source de R de la puissance publique.
CAA Nantes, 2005, M. T : le juge considère qu’il y a cause juridique nouvelle et qu’on ne
pouvait pas se fonder dessus en co-instance. Il est nécessaire d’identifier dès le départ les différentes
causes juridiques qu’on demandera à l’administration.
XXVII. La réparation
T. La condamnation
Le JA, s’il considère que la demande est fondée, pourra condamner l’administration, mais
également faire du dommage une évaluation telle qu’elle assure à la victime l’entière réparation du
préjudice.
CE, Ass, 1947, Veuve Aubry : la victime a droit à l’entière réparation de son préjudice.
Ainsi, les victimes qui peuvent demander condamnation sont les victimes immédiates. La
question qui se posaient était de savoir si les victimes par ricochet pouvaient obtenir réparation.
Avant, le CE considérait que la réparation du préjudice moral du fait de la douleur de la perte
d’un concubin n’était pas indemnisable.
CE, 1978, Muësser : le CE a admis que la femme pouvait obtenir réparation du fait de décès
de son concubin. Le CE retient que le concubinage « durait depuis suffisamment longtemps » et
qu’elle « était suffisamment stable ».
CE, 2000, Assistance publique hôpitaux de Paris : le CE considère que les ayants droits
peuvent, au même titre que la victime directe, peuvent obtenir réparation tant des préjudices
matériels que personnels.
CE, 1971, Sieur Mergui : l’administration ne peut payer une somme qu’elle ne doit pas. Si un
préjudice est quantifié, on a droit à l’indemnisation du préjudice mais pas plus. Par exemple, si l’Etat
conclue une transaction, il ne peut pas payer une somme qu’il ne doit pas.
Force majeure : CAA Lyon, 1997, Balusson : un camping avait été crée sur le territoire du
Grand Bornand à côté d’un torrent, qui a inondé le camping. La commune avait invoqué la force
majeure , ce que la CAA rejette. Elle estime qu’il y avait déjà eu des crus torrentiels au même
endroit, l’événement était donc prévisible.
CE, 2006, Madame A : une professeure n’avait pas suffisamment assurée ses cours. Elle
estimait que le Président de l’université qui ne lui avait pas donné suffisamment de cours avait
commis une faute. Le CE estime que Madame A avait fait preuve « d’une attitude difficile à l’égard
de ses collègues », elle avait ainsi commis une faute qui justifiait qu’elle ne soit pas totalement
indemnisée de ses préjudices.
Fait d’un tiers : en principe exonératoire dans le cadre de la R pour faute. En revanche, il ne
l’est pas dans le cadre des régimes de R sans faute.
Section 2 : Le préjudice
CAA, 1998, Nantes : Dans un centre hospitalier, Monsieur et madame T formulent une
demande de PMA. Madame T réussit à avoir 27 embryons qu’on lui prélève. Elle donne naissance à
des jumelles. Ils reçoivent une lettre leur indiquant que suite à un accident dans la conservation des
embryons, on à un doute sur la possibilité de réimplanter les embryons congelés. Finalement, les
époux assignent l’hôpital en réparation du préjudice. La CAA estime que le couple n’avait pas fait
état d’un nouveau projet parental et que le préjudice invoqué par les époux n’est pas certain.
Le préjudice peut également être futur et réparé à partir du moment où il présente un degré
suffisant de certitude. C’est le cas de la perte de chance.
CE, Ass, 1928, Sieur Bacon : le CE admet qu’il puisse réparer la perte de chance subie par la
victime. Cette perte de chance a été invoquée par des candidats non reçu à un concours car il avait
été annulé par le juge en raison de son irrégularité. Le JA peut alors engager la R de l’administration
du fait de l’annulation d’un concours.
CE, 2000, Gregory : concours d’admission à l’ENS. Monsieur Gregory avait été placé 6ème après les
épreuves écrites. Or, au cours de l’épreuve orale, l’examinateur n’était pas impartial. Il attaque les
résultats du concours et demande réparation. Il obtient l’annulation du concours pour défaut
d’impartialité. Il demande également réparation pour la perte de chance subie. Le CE lui donne
raison, car en raison de son classement, il avait des chances « sérieuses » de réussir le concours.
Le juge n’est pas toujours aussi clément. Dans un arrêt de la CAA de Paris, un requérant avait été
expulsé d’une salle d’examen et avait agi en réparation de la perte de chance subie. Cependant, le
juge estime que « compte tenu du niveau de ses notes et du caractère très improbable de la réussite
», l’intéressé ne peut se prévaloir d’une perte de chance sérieuse.
W. Le caractère réparable
Tous les préjudices invoqués ne peuvent donner lieu à réparation. Pendant longtemps, le CE
a refusé de réparer le pretium doloris.
CE, Ass, 1954, Bondurand : le CE considère qu’il n’est pas possible d’obtenir réparation du
préjudice moral, car il considère qu’elle n’est pas « appréciable en argent ».
CE, Ass, 1961, ministre des Transports c/ Letisserand : un homme voulait obtenir réparation
du préjudice moral subi du fait du décès de son père. Le CE retient que la douleur morale qui
résultait pour le requérant est génératrice d’un préjudice indemnisable ».
CE, 1997, Epoux Quarez c/ Centre hospitalier de Nice : la femme enceinte avait bénéficié
d’une amniosynthèse. L’examen ne révèle aucune anomalie, mais donne naissance à un enfant
trisomique. Le CE considère « qu’on ne saurait réparer le préjudice issu d’un enfant ». Le simple fait
de naitre trisomique n’est pas susceptible d’engager la responsabilité. En revanche, il accepte de
réparer le préjudice des parents. Le CE estime que « seule une faute simple suffira ».
Une loi Kouchner du 4 mars 2002 dispose dans son article 1 er que « nul ne peut se prévaloir
du préjudice du seul fait de sa naissance ». En revanche, la loi permet la réparation du préjudice des
parents en cas de faute caractérisée du service hospitalier.
Cette JP n’est pas totalement satisfaisante car elle peut conduire la victime à demander à
deux ordres de juridiction l’indemnisation intégrale du dommage. Ainsi, le CE a admis une exception.
CE, 2010, Madranges : cas où on peut demander à une des personnes publiques coauteur du
dommage de répondre de la totalité du dommage subi en demandant la condamnation de l’une de
ces personnages ou des personnes conjointement. Il est possible d’obtenir auprès d’une seule
personne la totalité du préjudice lorsqu’il y a plusieurs fautes commises par des personnes
différentes. Il s’agissait d’un étudiant en quatrième année de médecine qui avait fait l’objet d’un
examen de médecine préventive. Rien n’est repéré alors qu’elle révèle des opacités qui auraient dû
alerter les services puisque c’était le début d’une tuberculose. Il devient résident et fait alors
l’examen d’aptitude physique à des fonctions hospitalières. On ne s’aperçoit à nouveau de rien. Trois
ans plus tard, il perd son poumon droit. Il cherche la responsabilité de l’université et du centre
hospitalier. Le CE fait évoluer sa JP. On peut n’assigner qu’une des personnes et lui demander la
réparation de la totalité des dommages subis.
Le SP peut dysfonctionner. La victime peut former un recours de plein contentieux si elle est
en mesure d’établir une faute de la personne publique. Il n’y a pas de typologie des fautes puisque
les comportements fautifs sont innombrables. On peut cependant les catégoriser en fonction du
degré de faute.
XXX. Typologie de la faute
X. L’inertie, l’abstention et l’inaction
Par exemple, lorsque l’administration ne transpose pas dans le délai requis les directives, elle
commet une faute de nature à engager sa responsabilité.
CAA Paris, 1992, Société Dangeville : l’administration est condamnée pour ne pas avoir
transposé dans les délais une directive européenne.
Encore, lorsqu’une juridiction ne statue pas un délai raisonnable, elle commet une faute de
nature à engager sa responsabilité.
CE, Ass, 2002, Garde des sceaux c/ Magiera : lorsqu’il y a un délai excessif, on peut engager
la responsabilité de l’administration.
Enfin, lorsqu’un agent public se suicide alors que des évènements avant-coureurs avaient eu
lieu, elle a commis une faute de nature à engager la responsabilité.
TA Versailles, 2017 : Une élève est la cible d’harcèlement au collège et sur Facebook. Elle
annonce son intention de se donner la mort. Les parents avertissent le principal, conscients qu’il y a
des problèmes à l’école. La mère demande de la changer de classe. L’État est condamné pour ne pas
avoir pris les mesures nécessaires face à cette situation.
L’administration commet une illégalité, se trompe. Le principe est qu’elle est fautive.
CE, 1973, Driancourt : toute illégalité est fautive. A partir du moment où l’administration
commet une illégalité, sa responsabilité peut être engagée.
CE, 2011, Société Usine du Marin : « l’intervention d’une décision illégale constitue une faute
susceptible d’engager la responsabilité de son auteur, elle ne saurait toutefois donner lieu à
réparation si dans le cas d’une procédure régulière, la même décision aurait pu être légalement prise
».
CE, 1976, Ville de Clermont-Ferrand : la ville avait interverti les règles de priorité à un
carrefour sans changer la signalétique au sol ni les panneaux. Un accident se produit. L’État a été
condamné.
En application de Benjamin, une mesure de police doit être toujours proportionnée au risque
de trouble à l’ordre public. Si la mesure prise est disproportionnée, l’administration engage sa
responsabilité.
CAA Paris ,1999, Société la Péniche publicitaire de Paris : l’État a été condamné pour avoir
pris une mesure de police disproportionnée par rapport à l’IG poursuivi. Le préfet de police avait pris
une mesure interdisant des affichages publicitaires à la péniche. Le CE considère que l’interdiction
totale dans une durée très limitée était disproportionnée par rapport à l’objectif poursuivi.
Lorsqu’un hôpital est dans l’incapacité de soigner un patient dans le délai qu’exige son État
(salle d’opération non opérationnelle), il s’agit d’une faute d’organisation et de fonctionnement du
SP hospitalier
CE, 1934, Paillat : la faute lourde est une faute de service, d’une gravité suffisante pour
engager la responsabilité de la puissance publique.
CE, 1925, Clef : le CE précise que la preuve d’une faute lourde est exigée lorsque sont en
cause des activités de police. Le Commissaire Rivet : « il ne faut pas énerver les services de police par
des menaces permanentes de complication contentieuses », la police pour pourvoir fonctionner a
besoin de sérénité, sa responsabilité ne doit pas pouvoir être engagée trop facilement.
CE, Ass, 1972, Marabout : une faute lourde des services de police est reconnue donc la
responsabilité de l’administration est engagée.
La JP en matière de police va s’affiner. Le CE va distinguer plusieurs activités de police. Le
degré de faute va varier en fonction de l’activité :
Activités de terrain : matérielles, avec une opération de police, considérées comme difficiles.
Une faute lourde est nécessaire.
Activités juridiques/de règlementation : considérées comme plus faciles. Une faute simple
suffit.
CE, 2018, Préfet de police de Paris : Les habitants d’un quartier entament une procédure en
estimant que les mesures de police préventives et de propreté ne sont pas suffisantes pour assurer
la tranquillité dans le quartier. La ville prend des mesures mais les habitants les considèrent
insuffisantes. Les autorités de police, par les mesures qu’elles ont prises, n’ont pas permises de faire
cesser les nuisances qui excèdes largement les inconvénients inhérents à l’utilisation normale de
l’espace public. Les mesures prises par la ville de Paris ne peuvent être regardées comme
appropriées eu égard çà l’ampleur et la persistance des problèmes. Il y a une carence fautive de
nature à engager la responsabilité de la ville. Le degré d’exigence du juge peut varier et en présence
d’une « simple » carence fautive, la responsabilité de la puissance publique peut être engagée.
Avis de la section des travaux publics 2008 : la responsabilité des personnes investies d’un
pouvoir de police peut être recherchée devant le JA pour faute simple en cas de carence pour
prendre les mesures nécessaires à la protection de l’animal ou pour prévenir les risques qu’il cause.
Une faute simple peut donc suffit à l’engagement de la responsabilité de l’administration.
= la levée de l’impôt
Le prélèvement fiscal est l’une des prérogatives les plus anciennes et les plus fortes de la
puissance publique. Son caractère régalien de ce domaine a longtemps justifié l’irresponsabilité
totale de l’État.
CE, 1962, D’Husson Chiffre : en cas de faute lourde, la responsabilité des services fiscaux
puisse être engagée. L’activité fiscale est une activité complexe et difficile. Une faute lourde est donc
nécessaire pour engager la responsabilité de l’administration.
CE, 1990, Bourgeois : une erreur avait été réalisée lors de la saisie informatique et son
prélèvement automatique était bien supérieur à celui correspondant à son revenu réel. Il obtient un
dégrèvement et un remboursement des sommes. Il engage en outre la responsabilité de
l’administration pour son préjudice. Elle estime qu’il n’établit pas avoir été victime d’une faute
lourde. Le CE considère que lorsqu’est en cause uniquement la saisie des sommes ie une activité non
délicate, une faute simple suffit pour engager la responsabilité de l’administration. Le CE reprend la
ligne directive en matière de PA en distinguant ce qui est complexe de ce qui est simple.
L’engagement de la responsabilité des hôpitaux publics est admis de longue date par le CE.
CE, 1935, Veuve L : le CE admet que l’on peut engager la responsabilité pour faute des
hôpitaux publics consacrée par l’article L142-1 du Code de la santé publique.
Le CE exigeait pour les activités médicales pratiquées par un médecin une faute lourde.
CE, 1959, Sieur Rouzet : Lorsque l’on est en présence d’actes médicaux ie exécutés par un
médecin ou un chirurgien ou d’un acte qui ne peut être effectué que sous la surveillance directe du
médecin, il faut une faute lourde pour engager la responsabilité de l’administration. Pour les
activités distinctes (piqures…) en revanche, une faute simple suffit.
CE, 1992, Époux V : une faute simple peut suffire à engager la responsabilité du service
hospitalier même. Madame V est victime d’une succession d’erreurs et l’anesthésiste lui injecte une
substance contre-indiquée. Elle fait un arrêt cardiaque et se réveille hémiplégique. Le CE abandonne
l’exigence d’une faute lourde. Attention : cela ne signifie pas que pèse sur le médecin une obligation
de résultats.
Dans certains domaines toutefois, la loi exige une faute caractérisée (en matière de
diagnostic prénatal par exemple) (loi Kouchner 2002).
CE, 2003, AP-HP : l’AP-HP avait informé que les analyses de l’amniocentèse n’avait mis en
évidence aucun risque pour l’enfant qu’il soit affecté d’une trisomie. Or, c’était une erreur, les
résultats avaient été intervertis avec ceux d’une autre famille.
La réalité d’une faute doit être établie par les victimes, c’est un régime de responsabilité
pour faute prouvée. Le juge va donc nommer des experts médicaux pour qu’ils établissent les
responsabilités.
CE, Ass, 2002 Magiera : une faute simple suffit lorsqu’est en cause la méconnaissance du
droit à un délai raisonnable. C’est la ConvEDH qui s’applique (article 6 et droit au procès équitable),
la durée du jugement doit être raisonnable.
TC, 1873, Pelletier : L’autorité militaire avait fait saisir son journal. Il assigne l’État devant le
JJ. Jusqu’en 1870, il n’était pas possible d’engager la responsabilité des fonctionnaires et des agents
publics sauf à obtenir au préalable une autorisation du CE. Un décret du 19 septembre 1870 est venu
supprimer ce privilège dont bénéficiaient les fonctionnaires et les agents publics. Tirant les
conséquences de la suppression de ce privilège, il avait considéré qu’il pouvait assigner les
personnes devant le tribunal judiciaire. Est-ce que l’abrogation de ce privilège entraine la
responsabilité personnelle des agents devant le JJ quel que soit la nature de la faute commise ? Le
TC va retenir une conception restrictive de l’abrogation du privilège dont bénéficiaient les agents
publics. Il va distinguer entre la faute personnelle et la faute de service.
Lorsque sont en cause des fonctionnaires ou des agents publics pour des faits relatifs à leur
fonction : le JA reste compétent.
Lorsque c’est une faute personnelle qui n’est pas liée aux fonctions exercées par l’agent : le
JJ est compétent.
GG. Les fautes commises dans l’exercice même des fonctions mais qui s’en détachent
Il s’agit des fautes qui révèlent des préoccupations d’ordre privé, ou un excès de
comportement, ou qui présentent une gravité inadmissible.
CE, 1937, Demoiselle Quesnel : elle recevait l’argent que les usagers lui confiaient (poste) et
le gardait au lieu de le mettre sur leur livret. C’était du vol. C’est une faute personnelle en raison de
sa gravité.
CE, 1999, Moine : un lieutenant avait utilisé l’arme qui lui avait été fournie pour s’entrainer à
tirer à balle réelle. Il avait tué un de ses camarades en dehors de tout exercice. Il a commis une faute
qui, bien qu’intervenue dans le service a le caractère d’une faute personnelle, détachable de
l’exercice de ses fonctions. En raison de l’extrême gravité de cette faute, il doit en répondre
directement et personnellement.
HH. Les fautes commises en dehors de l’exercice des fonctions mais non dépourvues de tout lien
avec elles
Il s’agit des fautes qui ont été commises grâce aux moyens dont l’agent disposait du fait de
son service.
CE, Ass, 1949, Demoiselle Mimeur : il s’agit d’un accident causé par un véhicule de
l’administration utilisé à des fins personnelles. Le conducteur avait utilisé le véhicule de service pour
aller à son domicile personnel. C’est une faute personnelle mais non déliée du service. C’est donc
une faute du service.
II. Les fautes purement personnelles dépourvues de tout lien avec le service
CE, 1991, Les mutuelles unies : un pompier allume volontairement des incendies dans la
commune. Il estime qu’il a acquis ses compétences dans le cadre de son exercice professionnel. Le
juge n’a pas été convaincu et a considéré que c’était un acte malveillant. C’est une faute personnelle
dépourvue de tout lien avec le servie.
Seule la responsabilité de l’agent peur être recherchée ce qui diffère des deux premiers cas
de faute personnelle où la victime a le choix de soit mettre en jeu la responsabilité de l’agent devant
le JJ, soit de rechercher la responsabilité de l’administration devant le JA. Il y aura responsabilité de
l’administration devant le JA soit, lorsque la faute est qualifiée de faute de service ou soit lorsque la
faute est personnelle mais non dépourvue de tout lien avec le service. En revanche, si la faute est
strictement personnelle, on ne pourra aller que devant le JJ.
CE, 1918, Lemonnier : possibilité de cumul des fautes et de R. la faute personnelle d’un
agent public, même lorsqu’elle se détache du service, engage la R du SP à l’égard de la victime si
cette faute a été commise à l’occasion ou par l’intermédiaire du service. On considère que le service
est toujours réputé avoir commis lui-même une faute dont il doit la réparation à la victime. Ainsi, la
victime va pouvoir se tourner vers le JA et demander réparation. Il y a eu une fête communale et
Madame Lemmonier reçoit malencontreusement une balle. Les époux assignent le maire en R, ils
obtiennent réparation. Ils engagent ensuite une action devant le JA pour obtenir réparation de la
commune. Le CE admet que l’on puisse engager cumulativement la R de l’administration à l’occasion
d’une faute commise par l’un de ses agents. Les notions de faute personnelle et de faute de service
ne sont pas exclusives l’une de l’autre.
XXXIII. Le recours ouvert à la collectivité publique condamnée contre l’agent dont le fait a
provoqué dommage
Un principe traditionnel voulait que les fonctionnaires ne soient pas responsables pécuniairement
envers la puissance publique en raison des fautes qu’ils avaient pu commettre à l’occasion de leur
fonction.
CE, 1924, Poursines : Même en cas de faute personnelle, à partir du moment où l’on a
actionné la personne publique, elle ne peut pas se retourner vers l’agent. La JP Poursines a été
abandonné en 1951.
CE, Ass, 1951, Laruelle et CE, Ass, 1951, Delville : Monsieur Laruelle avait causé un accident
avec la voiture du service dont il avait fonction. Le JA a retenu une faute de service de
l’administration. Dans l’affaire Delville, il avait été condamné par le JJ pour avoir conduit en état
d’ébriété. Il cherchait à ce que l’administration rembourse une partie des sommes qu’il avait dû
payer. Le CE va admettre que l’on puisse se retourner vers l’agent qui a commis la faute. Elle va
pouvoir exercer une action récursoire contre son agent. Elle va demander le remboursement d’une
partie des sommes mises à sa charge. La question centrale est celle de la clé de répartition. On
considère qu’il existe une faute personnelle de l’agent vis-à-vis de l’administration.
Il existe une possibilité pour les agents publics de bénéficier d’une protection fonctionnelle. L’agent
public a le droit d’être protégé par l’administration contre des actes dont il serait victime. On parle
de protection fonctionnelle. La loi sur la fonction publique prévoit que la personne publique
employeur doit soutenir les agents.
Lorsque l’agent public commet une faute pénale, est-elle nécessairement personnelle ?
Pendant longtemps, le juge a considéré que toute faute constitutive d’un crime ou d’un délit
était nécessairement une faute personnelle de l’agent.
TC, 1935, Thépaz : le JA a fait évoluer sa JP. Dans cette affaire, un conducteur d’un camion
militaire avait causé un accident dans le cadre du service et avait été condamné par une amende par
les tribunaux répressifs. Ainsi, il ne pouvait pas se retourner et obtenir une garantie de la part de la
personne publique. Dans l’arrêt Thépaz, le JA admet que l’administration puisse prendre en charge
une partie des frais auxquels l’agent avait été condamné. Ici, le TC opère une dissociation entre faute
pénale et faute personnelle. Le JA va être compétent pour intervenir à la demande de l’agent public.
CE, Ass, 2002, Papon : Il était secrétaire général de la préfecture de la Gironde au cours de WW2 et a
été condamné pour complicité de crimes contre l’humanité. Il a également été condamné à payer
des D&I aux parties civiles puisqu’il était agent public. M. Papon demande à l’Etat, en application des
règles de la protection fonctionnelle que doit l’Etat à tout agent public, de contribuer aux sommes
auxquels il a été condamné au titre des D&I.
Est-ce que l’Etat français, en 2002, devait répondre des faits commis par Papon dans le cadre
de la politique de Vichy ?
Le CE a considéré qu’une partie des D&I auxquels avait été condamné Papon devait être
prise en charge par l’Etat. Le CE admet que la République d’aujourd’hui doit répondre des crimes
commis sous Vichy.
L’œuvre du juge dans ce domaine est essentielle. Le principe d’égalité devant les charges
publiques impose de réparer les D subis par certaines personnes lorsque leur préjudice présente un
caractère anormal et spécial. Dans d’autres hypothèses, l’intensité du risque crée par l’action
administrative va conditionner l’engagement de R. Enfin, la R extracontractuelle sans faute de la
puissance publique peut être engagée du fait de la garde et/ ou de choses/personnes.
L’existence d’une R du fait des lois a longtemps été rejeté. On considérait que le législateur
ne pouvait pas mal faire. Une R pour faute de l’Etat législateur se heurtait à un principe en vertu
duquel le souverain ne peut mal faire. Le Parlement ne saurait commettre une faute dans l’exercice
de son action. On ne peut pas engager la R pour faute de l’Etat législateur, il faut alors empiéter sur
le terrain de la R sans faute.
CE, Ass, 1938, Société La Fleurette : une loi avait été votée en 1934 relative à la protection
du marché du lait. Le CE va considérer qu’il serait contraire à l’équité de faire supporter un sacrifice
uniquement à la société La Fleurette. Le sacrifice ne repose pas sur une juste cause. Le CE va sonder
l’intention du législateur.
Le juge recherche si l’esprit de la loi n’est pas d’interdire toute indemnisation. Le CE décide
que le Parlement a le droit de voter les lois. Cependant, si les lois que le Parlement vote créent une
charge particulière sur une société, cette charge doit être supportée par la collectivité nationale.
Autrement dit, il y a un transfert de charge sur la collectivité. Il s’opère par le biais de la R sans faute
pour rupture de l’égalité devant les charges publiques.
CE, 2003, Association pour le développement de l’aquaculture en région Centre : une loi
avait été voté en 1976 sur la protection de la nature. Cette loi interdit de détruire certaines espèces
d’animaux sauvages. Or, en l’espèce, certains animaux venaient détruire les cultures des
agriculteurs. Le CE estime que la R sans faute de l’Etat peut être engagée du fait du vote de cette loi
qui répond à un but d’intérêt général, mais cause un préjudice aux agriculteurs.
Un nouveau problème s’est posé au juge dans le cadre où le législateur a mis en cause pour avoir
méconnu les obligations résultantes des normes internationales ou européennes.
CE, 2007, Gardedieu : une loi adoptée en méconnaissances des engagements internationaux
de la France est susceptible d’engager la R sans faute du fait des lois de l’Etat. Le CE, par cette
décision de 2007, renforce l’obligation pour les pouvoirs publics de respecter les engagements
internationaux de la France.
CE, Ass, 2019, Société hôtelière Paris-Eiffel-Suffren : la R de l’Etat peut être engagée du fait
d’une loi déclarée inconstitutionnelle à la suite d’une QPC.
Le principe d’une R sans faute pour la réparation des D causés par des conventions
internationales a été admis par un arrêt du CE :
CE, Ass, 1966, Compagnie générale d’énergie radioélectrique : les juges estiment que « la R
de l’Etat est susceptible d’être engagée sur le fondement de l’égalité devant les charges publiques
pour assurer la réparation du préjudice né de conventions conclus par la France avec d’autres Etats
et incorporés régulièrement dans l’ordre interne, à la condition que ni cette convention, ni la loi qui
en ait éventuellement autorisé la ratification, n’ai entendu exclure toute indemnisation ».
CE, 2011, Madame Saleh : L’Etat français devait être condamné à verser à l’Etat Koweitien de
l’argent.
CE, 1923, Couiteas : refus d’apporter son concours à M. Quieteas pour apporter son
concours pour l’exécution de jugement.
CE, 1938, Soc La cartonnerie et imprimerie St Charles : grève d’occuper le lieu. Le
propriétaire de l’usine avait obtenu une décision de justice afin que les grévistes soient expulsés de
l’usine. Le CE admet que la R sans faute de l’Etat peut être engagée au motif qu’il existe des motifs
d’intérêt général qui justifient les raisons qu’il refuse d’apporter son concours.
CE, 1963, Commune de Gavarnie : accidents ont lieu sur des chemins de montagnes du
cirque de Gavarnie. Il avait fermé certains chemins afin d’en privilégier d’autres. Un commerçant
exploitait un magasin sur un chemin qui a été fermé. Il estime être victime d’un préjudice
commercial. Il engage la R de la ville, même si elle n’a commis de faute. Le CE considère que le
commerçant a droit à une indemnisation sur le terrain de la R sans faute.
Dans toutes ces hypothèses, il y a une condition commune à tous ces cas pour la R sans faute
de l’administration soit engagée. Il faut que le D subi présente un caractère anormal et spécial. Il
arrive que la R sans faute de l’administration soit écartée même si le dommage est anormal et
spécial lorsque la décision à l’origine du D poursuit un intérêt général prééminent. Dans ce cas, le CE
considère, il n’y a pas droit à indemnisation.
CE, 1997, Boudin : le CE considère que les mesures émanant du ministre de la Santé mettant
en garde le public contre des produits dont la consommation présente un risque grave pour la santé
ne peut ouvrir droit à indemnisation sur le terrain de la R sans faute. En effet, ces mesures
poursuivent un objectif de protection de la santé public. Il s’agit d’un objectif d’intérêt général
prééminent qui justifient ces mesures, et ne peuvent pas donner droit à indemnisation de la R sans
faute. Le juge contrôle si les mesures adoptées poursuivent cet objectif.
Il arrive que l’administration expose ses collaborateurs à des risques. Elle peut être tenue de
réparer les préjudices qu’ils vont subir. Cette JP du CE a servi d’aiguillon au législateur :
CE, 1995, Cames : elle correspond à une R fondée sur l’obligation de garantir les
collaborateurs du SP contre les risques que leur fait courir leur participation à l’exécution du SP. Le
droit écrit a pris le relai du droit jurisprudentiel. La JP s’est d’abord saisi du problème et a été relayé
par le législateur. Elle correspond au cas où toute personne travaillant pour l’administration subie un
D anonyme (D non imputable à l’imprudence de la victime ou une faute de l’administration), a droit
à réparation sur le fondement du risque. On a une idée juridico-économique : quand la collectivité
profite de l’activité d’une personne, elle doit aussi, en compensation, prendre en charge les risques.
CE, 1946, Commune de Saint Priest la plaine : un feu d’artifice est organisé dans une
commune. Des habitants décident de tirer eux même le feu, un des engins explose pendant le feu.
« La charge du D subis, alors qu’ils assuraient l’exécution du SP dans l’intérêt local
et conformément à la mission qui leur avait été confié par le maire incombe à la
commune »
CAA Paris, 2005, Commune de Jouy le Moutier : la CAA reconnait que la commune doit
indemniser une mère accompagnatrice d’une sortie scolaire qui était une collaboratrice
occasionnelle du SP.
CE, 1970, Commune de Batz sur Mer : Il y a des cas où le juge doit indemniser la famille d’un
collaborateur occasionnel du SP qui était intervenue spontanément et non pas à la demande de la
collectivité. Un individu avait péri en portant secours à des personnes en danger de noyade en mer.
Le CE considère qu’il pouvait y avoir indemnisation de la famille et que celle-ci pouvait être
indemnisée sur le terrain de la R pour risque.
CE, 2017, Fiéved c/ Etat : un indicateur du service des douanes doit être considéré comme
un collaborateur occasionnel du SP. Ainsi, s’il venait à subir un D, il pourrait être indemnisé sur le
terrain de la R pour faute.
Les dommages couverts sont tous ceux qui sont corporels ainsi que les dommages moraux.
Lorsqu’un collaborateur occasionnel exerce ses fonctions à l’étranger et qu’il est victime de D
affectant ses biens, il a le droit à une indemnisation du préjudice matériel qu’il a subis :
CE, 1962, Perruche : lors de la guerre de Corée, une personne avait vu tous ses B détruits et
a pu obtenir réparation de ces derniers.
CE, 1919, Regnault Desroziers : pendant la guerre, l’armée a entreposé dans un fort des
grenades et du matériel militaire. Une explosion se produit faisant des morts, des blessés et détruit
tous les immeubles alentour. Les victimes cherchent à engager la R de la puissance publique, sur le
terrain de la faute. Ils estiment que l’autorité militaire avait commis des fautes dans l’organisation
du service. Le CE ne va pas indemniser les victimes sur le terrain de la faute, mais admet pour la
première fois que les victimes peuvent obtenir réparation sur le terrain de la R sans faute en raison
du voisinage de choses dangereuses. Le CE estime que les risques étaient de nature, en cas
d’accident à engager la R de l’Etat indépendamment de toute faute.
CE, Ass, 1949, Lecomte : il s’agit d’une utilisation par les services de police d’armes
comportant des risques exceptionnels pour les personnes et les biens. Sur le terrain du risque à
l’utilisation de ces choses dangereuses, le CE reconnait l’existence d’une R sans faute au bénéfice
des tiers victimes de dommage causés par les choses dangereuses.
CE, Ass, 1973, Dalleau : un homme a été blessé par un éboulement de pierre sur la voie
publique. Le CE considère que l’ouvrage qu’est la voie publique présente un caractère
exceptionnellement dangereux et qu’un régime de R sans faute s’applique en l’espèce.
Pour obtenir réparation, il faut que les D subis excèdent par leur gravité les charges qui
doivent normalement être supportées par les particuliers en contrepartie des avantages résultant de
l’existence des SP. Le juge limite par ce biais les hypothèses dans lesquelles la R sans faute peut
jouer.
La JP a développé ses méthodes concernant les mineurs délinquants placés dans des
établissements d’éducation surveillés. L’administration a développé une rééducation dans des
milieux semi-ouverts.
CE, 1956, Thouzellier : des mineurs dans un centre d’éducation surveillée étaient en sortie
avec un éducateur. Un certain nombre de mineurs prennent la fuite et cambriolent une villa.
Monsieur Thouzellier cherche à obtenir la R de l’Etat et cherche à obtenir réparation des préjudices
subis. Le juge considère que « lesdites méthodes créent un risque spécial pour les tiers résidant dans
le voisinage ». il est possible pour Monsieur Thouzellier d’obtenir réparation du préjudice subi.
Il existe des cas où la victime à subit des risques supérieurs à celui normalement inhérent à
celui de l’activité qui est la sienne. Dès lors, l’Etat peut voir sa R engagée.
L’enfant à naitre a-t-il des droits pour obtenir réparation du préjudice subi alors qu’il était
dans le ventre de sa mère ?
CE, Ass, 1955, Union des industries métallurgiques et minières : « l’enfant simplement conçu
doit être regardé comme étant déjà né en tant que son intérêt l’exige »
CE, 1968, Dlle Saulze : elle était enseignante et une épidémie de rubéole s’est produit. Elle
est contaminée par cette maladie alors qu’elle était enceinte. Son enfant est atteint de graves
lésions. Elle cherche à engager la R de la puissance publique pour son fils. En l’espèce, bien que la
personnalité physique de l’enfant à naitre ne soit pas distincte de sa femme, ce dernier acquiert
néanmoins une personnalité juridique indépendante qui lui permettrait d’obtenir réparation des
préjudices qu’il subirait. En l’espèce, l’enfant est tiers du SP de l’enseignement. Le CE estime que
c’est sur le terrain de la R sans faute, pour risque, que la R de l’Etat puisse être engagée.
Il existe un texte dans le Code général des CT qui prévoit que l’Etat est civilement
responsable des dégâts et dommages résultant des crimes et délits commis à force ouverte ou par
violence par des attroupements ou rassemblements armés ou non armés, soit contre les personnes,
soit contre les biens. Il s’agit d’une R sans faute de l’Etat. Les victimes ont droit à une indemnisation
sur le terrain de la R sans faute. On considère qu’il s’agit d’une situation dangereuse.
CE, 2000, AGF : suite au décès accidentel d’un jeune homme poursuivi par la police, des
jeunes gens s’étaient regroupés. Diverses destructions et dégradations de bâtiments s’étaient
produits. Le CE constate que les D ont résulté de D à force ouverte contre des B. Les conditions
posées par le Code général des CT étaient réunies. Il y a droit à indemnisation des préjudices sur le
terrain de la R sans faute de la puissance publique.
CE, 1992, Epoux V : une faute simple permet d’engager la R des établissements publics
hospitaliers.
Le CE a rendu un arrêt qui concerne les victimes d’accident liés à des actes médicaux, et plus
précisément aux personnes qui, à l’occasion d’un diagnostic médical, subissent un préjudice.
CE, Ass, 1993, Bianchi : lorsque le traitement du malade présente un risque dont l’existence
est connue, mais dont la réalisation est exceptionnelle, la R du SP hospitalier est engagée. Au cours
d’un acte médical très courant, Monsieur Bianchi va subir de graves dommages. Le CE considère que
la victime peut obtenir réparation des dommages causés sur le terrain de la R sans faute.
La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades a instauré un régime spécial
d’indemnisation des conséquences des accidents médicaux et aléas thérapeutiques fondés sur la
solidarité nationale. On peut désormais obtenir réparation des D en se fondant dessus.
L’idée de garde de la chose est présente dans la JP des dommages causés aux usagers par la
défaillance des appareils utilisés par les établissements de santé .
CE, 2003, Marzouk : monsieur Marzouk entre à l’hôpital et succombe à un arrêt cardiaque
par suite du dysfonctionnement de son respirateur artificiel. Sa famille souhaite obtenir réparation
de son D. Le CE estime que « sans préjudices d’éventuels recours en garantie, le service public
hospitalier est R même en l’absence de fautes de sa part des conséquences dommageables pour les
usagers de la défaillance des produits et appareils de santé qu’il utilise ». Cet arrêt est une faute
dans le fonctionnement du service hospitalier.
CDC, 1991, Blieck : principe d’une R de plein droit sur le fondement de la garde d’autrui.
Il existe des hypothèses de R sans faute du fait des personnes que l’on a sous sa garde en
droit administratif. il s’agit des mineurs en dangers placés au titre de l’assistance éducative.
CE, 2005, GIE Axa Courtage : Le CE a considéré que l’Etat pouvait voir sa R engagée sans
faute du fait de la garde pour les D causés par des mineurs faisant l’objet d’une mesure d’assistance
éducative. Le CE emprunte au droit privé la notion de garde d’autrui et ne se réfère plus à la notion
de méthode dangereuse.
CE, 2006, Garde des Sceaux c/ Maif : le CE admet que la R peut être engagée sur le terrain de
la garde devant le JA.
Le DA, même s’il est autonome, n’exclue pas pour autant qu’il puisse s’inspirer du DP.
A l’évidence, le rôle du juge s’amenuise puisque les grands principes du droit ont déjà été
aménagés. Le rôle qu’il jouera demain sera alors différent. Corrélativement fleurissent les Codes.
Aujourd’hui, le législateur reprend à son compte beaucoup des règles dégagés par le juge dans sa JP.