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S_05 (21 Février 2024)

PARTIE II : METHODES DE DIAGNOSTIC ET SOLUTIONS

Chapitre n°2 : APPROCHES DE REPARATION ET DE REMEDIATION DES PATHOLOGIES


IDENTIFIEES

I- REPARATION DU BETON ARME DEGRADE PAR LA CORROSION :

1- Reconstitution de l’enrobage :
Plusieurs méthodes sont disponibles pour réparer durablement un parement en béton,
arrêter la progression des dégradations et éviter de nouveaux désordres. La reconstitution
du parement a pour objectif de restaurer l’apparence du béton, tout en arrêtant le processus
de corrosion et en rendant à la structure son intégrité.

• Elimination des zones dégradées :


Avant de réparer les zones dégradées (armatures apparentes, éclatements de béton, traces
de rouille, …), les revêtements en place doivent être retirés, sur toute la surface, par un
moyen mécanique ou chimique.
Pour traiter les armatures corrodées, il convient de les dégager par burinage, bouchardage,
jet d’eau1... Le dégarnissage doit être effectué jusqu’à ce qu’un acier sain apparaisse et la
longueur de cet acier doit être dégagée sur toute sa périphérie (minimum 2 cm derrière
l’armature).

Perforateur avec burin Bouchardeuse Hydrodémolition par jet d’eau


Les surfaces de bétons sont ensuite nettoyées, afin de faire disparaître toute poussière ou
toute souillure, subsistant après l’élimination des bétons dégradés. Ce nettoyage peut être
réalisé par voie humide ou sèche (brossage et soufflage), mais dans le cas du lavage à l’eau,
celle-ci doit être éliminée par soufflage ou par aspiration.

• Remplacement des armatures fortement corrodées :


A cette étape des travaux, un contrôle du diamètre résiduel des armatures les plus fortement
attaquées est effectué (à l'aide d'un pied à coulisse par exemple). Les armatures
supplémentaires de même nature seront mises en place, par scellement ou soudure, afin de
restituer la section initiale.

• Protection des armatures :


La protection des armatures consiste à appliquer sur toute la surface de celles qui sont
dégagées (périphérie complète), un produit assurant une protection vis à vis de la corrosion.

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L’hydrodémolition permet la destruction, la découpe, le perçage ou le forage des bétons par projection d'un jet
d'eau à très forte ou ultra haute pression. L’hydro-démolition est l’activation et l’élargissement de microfissures
préexistantes au sein du béton par un jet d'eau ultra haute pression.

1
Cette application doit suivre immédiatement le décapage, car l’oxydation des armatures
risque de s’amorcer et de compromettre la bonne tenue de la réparation

• Réfection des bétons :


La réfection des bétons consiste à rétablir l’enrobage des armatures par la mise en œuvre
de mortier. Ce dernier doit respecter les critères :
- De tenue verticale sans coffrage
- De résistance mécanique supérieure au béton support
- D’adhérence supérieure ou égale à la cohésion du support
- D’imperméabilité à l’eau et aux agents agressifs,
- De coefficient de dilatation thermique et de module d’élasticité dynamique
équivalent au béton support
- De bonne protection des aciers.

2- Inhibiteurs de corrosion :
Un inhibiteur de corrosion est un composé chimique qui, ajouté en faible concentration au
milieu corrosif, ralentit ou arrête le processus de corrosion d'un métal placé dans ce milieu.
Les fonctions essentielles des inhibiteurs de corrosion sont les suivantes :
• de pénétrer une couche de béton très hétérogène par nature
• d’abaisser la vitesse de corrosion du métal, sans en affecter ses propriétés, ni celles
du milieu environnant
• d’être stable dans le milieu considéré et compatible avec celui-ci, à la température
d'utilisation
• de ne pas être toxique.

Avant d’appliquer un inhibiteur, la surface du béton doit être préparée. Il s’agit d’éliminer la
peinture ou autre revêtement par sablage ou hydrosablage.

Application de l’inhibiteur de corrosion

3- Revêtement de surface :
La mise en peinture des ouvrages en béton armé a pour
principaux objectifs :
• d’améliorer l’esthétique de l’ouvrage, par la
mise en couleur ou la création de motifs décoratifs, en
vue de lui donner un aspect particulier
• de contribuer à la protection du béton : la mise
en place d’un système de peinture en couche mince,
dans la mesure où il apporte une amélioration de
l’imperméabilité du support peut permettre de ralentir Application d’un revêtement de
la pénétration de l’humidité extérieure et d’améliorer surface
ainsi la durabilité du béton.
Les ouvrages concernés sont essentiellement les tunnels, les murs de soutènement, les
écrans antibruit et dans certains cas les ponts.

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II- REPARATIONS DES PATHOLOGIES DES FONDATIONS SUPERFICIELLES :

Les ouvrages de fondation constituent l’interface entre les superstructures et le sol d’assise.
Les fondations superficielles sont employées lorsque le « bon sol », sol compact et
homogène, se trouve à une faible profondeur par rapport au plancher le plus bas.
On distingue trois types de fondations superficielles :

- Semelle isolée (ou semelle ponctuelle) : cette


dénomination vient du fait que ces fondations ne
sont pas continues sous la structure mais
sont localisées à des endroits bien précis
(généralement sous des poteaux). De plus, on
considère que les charges qui lui sont appliquées
sont ponctuelles (centrées ou non par rapport à
l’axe de ce poteau). Le dimensionnement se fait
en général par rapport à une base carré ou
rectangulaire.

- Semelle filante : On entend par semelle filante une


semelle qui est continue. On cite deux utilisations
pour ce type de semelle : supporter plusieurs
colonnes ou bien un mur porteur. Un des
principaux avantages de ce type de semelle est
qu’elle est mieux adaptée à des sols moins
homogènes, car la surface de contact est
plus importante ce qui limite le risque de
tassement différentiel.

- Radier général : La fondation est ici répartie


sur toute la surface du bâti ce qui implique une
certaine homogénéité du sol. Comme la charge
est répartie sur une plus grande surface, cela
permet de diminuer la contrainte que l’on
applique sur le sol. C’est donc une technique
relativement appréciée quand le sol n’est pas de
très bonne qualité.

1- Les causes des pathologies des fondations superficielles :

a- Nature du sol et reconnaissance insuffisante ou mal adaptée :

Quand les fondations sont réalisées sur des sites alluvionnaires (alternance de sol compact
et de sol mou), des cas d’instabilité peuvent se présenter provoquant des désordres au
niveau des fondations, tels que :

- Le désordre dans les fondations dus à une instabilité


superficielle du sol
- Le désordre dans les fondations provoqué par une
instabilité en profondeur du sol dans le cas où la
construction est réalisée aux alentours de carrières
minières ou sur des terrains gypseux.

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L’implantation d’un bâtiment sur un sol hétérogène ou directement sur la terre végétale de
surface, ainsi que la présence de l’argile gonflante dans le soubassement géologique
provoquent également des désordres au niveau des fondations superficielles.

b- Défauts liés à la conception de l’ouvrage :


Les erreurs de conception peuvent survenir au niveau des documents graphiques, lors des
calculs des charges (sous dimensionnement), …
Les erreurs affectant les fondations superficielles sont liées aux mauvais choix du type de
fondation ou à une profondeur insuffisante de l’assise.

c- Défauts liés à la mise en œuvre :


Les erreurs liées à l’exécution des travaux sont dues à la malfaçon ou à un manque de
compétence et de contrôle. Une mauvaise mise en œuvre du béton (absence ou manque de
vibration, mauvais dosage de l’eau de gâchage ou un coffrage non étanche, un mauvais
positionnement des armatures…) mène forcément à l’apparition de plusieurs désordres au
niveau des fondations superficielles ainsi qu’au niveau de différentes parties du bâtiment.

d- Présence de l’eau :
Si un ouvrage a été construit en méconnaissance du niveau des
plus hautes eaux, celles-ci peuvent envahir les sous-sols, en
démolissant les dallages trop imperméables comme elles
imprègnent le sol de fondation, détériorant parfois sa force
portante et provoquent ainsi des tassements anarchiques.
Parmi les autres méfaits des eaux de ruissellement, on cite les
glissements de terrain et le déversement des murs de
soutènement. Les fuites d’eau des réseaux d’alimentation en
eau potable et d’assainissement peuvent être des causes
d’affouillement et d’imprégnation du sol provoquant la perte de la force portante et
tassements.

e- Présence d’agents agressifs en sous-sol :


Les fondations sont en contact avec des milieux pouvant être agressif à leur égard. Le plus
répandu des agents responsables d’agression est le sulfate de calcium (Ca SO4). Il provient
généralement de la dissolution de gypse naturel et véhiculé vers la fondation par les eaux
de ruissellement. Le sulfate de calcium se combine avec la célite (C3A) présente dans le
ciment pour former le sel de Candlot. La formation de ce composé s’accompagne d’un fort
taux de gonflement qui fait éclater le béton.

f- Implantation en crête de talus ou sur pente


instable :
Les ouvrages situés en crête de talus peuvent être soumis
aux phénomènes d’érosion naturelle ce qui présente un
danger sérieux pour la stabilité de ces ouvrages.

g- Problèmes sismiques :
Les séismes sont à l’origine, pour tous les types de
fondations, de pathologies extrêmement graves. Le
comportement des fondations sous sollicitation sismique
est abordé sous l'aspect de déformations de différentes
natures.

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2- Les pathologies des fondations superficielles :

Lorsqu’un bâtiment est concerné par des mouvements affectant le sol d’assise de son
système de fondations, il est généralement affecté de désordres de différentes natures. Ils
sont fonction de l’ampleur des déformations mais également de sa structure, plus ou moins
sensible à ces dernières.

a- Fissuration des murs :


Soumise à des contraintes, la structure d’un ouvrage au comportement «fragile», est affectée
de fissures qui peuvent être de deux types :

- Les fissures de cisaillement résultent le plus souvent de la déformation de la


structure suite à un tassement différentiel. Elles se présentent généralement selon
un schéma typique, en diagonale, en suivant éventuellement les joints de maçonnerie
(briques, blocs de pierre…). Elles peuvent se poursuivre par des fissures horizontales
ou verticales au droit des changements de matériaux.

- Les fissures de traction apparaissent lorsque la structure, ou l’un de ses éléments,


se rompt ; sa résistance étant insuffisante pour s’opposer à des forces tendant à
l’étirer. C’est le cas en partie haute des murs, en l’absence de chaînage horizontal,
lorsque l’ensemble de l’ouvrage est soumis à une déformation.

Ces fissures affectent généralement l’intégralité de l’épaisseur des maçonneries et sont de


nature traversante ou évolutive. Elles peuvent être la cause d’infiltrations et rendre un
ouvrage impropre à sa destination.

b- Ouverture de joints de rupture :

La réalisation d’un joint de rupture est indispensable. Le


joint est prévu à la jonction entre deux parties d’un
bâtiment qui présentent une différence de niveau de
fondation ou une grande hétérogénéité de charge (par
exemple dans le cas d’un nombre d’étages différents).
Il convient de signaler que lorsqu’un joint n’a pas été
initialement projeté, il peut se créer à son emplacement
une fissuration importante.

c- Basculement de l’ouvrage :

Si le bâtiment est suffisamment rigide et le mouvement de sol


est de grande ampleur, l’ouvrage peut être l’objet d’un
basculement général perceptible par les occupants.

d- Mouvements affectant les dallages :

Ces mouvements sont généralement liés à des phénomènes de tassement du sol d’assise
(compressible, sensible à des venues d’eaux parasites…) ou à une mauvaise réalisation de la
forme (matériaux impropres, insuffisance de compactage).

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3- Réparation et réhabilitation des ouvrages de fondation superficielle :

Toute opération de réparation ou de renforcement des fondations superficielles doit être


considérée comme un cas particulier. Elle comporte trois étapes essentielles :
- La reconstitution de la vie de l’ouvrage jusqu’à l’apparition des désordres
- L’élaboration d’un diagnostic et le choix des moyens
- La réparation proprement dite

La première étape nécessite beaucoup de minutie pour reconstituer l’histoire de la


construction et de l’exploitation de l’ouvrage jusqu’à l’origine des désordres, analyser les
mesures et observations qui auraient été effectuées avant et après l’apparition des
désordres et comprendre le fonctionnement réel de l’ouvrage.
Lors de l’élaboration de la méthode et du choix des moyens à adopter pour effectuer les
travaux, il convient d’analyser les risques que peuvent faire courir à la construction les
moyens de renforcement possibles, le remède pouvant quelquefois accentuer les désordres.
Il faut de même définir les appareils de mesure à mettre en place pour suivre le
comportement de l’ouvrage pendant les travaux et contrôler le résultat de ces derniers
après leur exécution.
Parmi les techniques de réparation des désordres liés aux fondations superficielles, on
distingue :

a- Le drainage :

Les dommages engendrés par l’eau peuvent résulter de sa seule présence qui peut entrainer
des pertes d’exploitation. L’eau, par son action mécanique sur le sol, peut conduire à des
mouvements du terrain mettant en cause la solidité des ouvrages qu’il supporte (glissement
de pentes, érosion interne ou externe, ...). Le but du drainage est de supprimer la présence
de l’eau pour assurer la stabilité de l’ouvrage.
Les drains peuvent être situés le long des parties enterrées ou à une certaine distance de
celles-ci. La tranchée drainante est remplie de diverses couches de graviers de
granulométrie décroissante du haut vers le bas ; un filtre est interposé entre le matériau
drainant et le sol en place pour éviter le colmatage du drain. Mais des nappes en géotextile
peuvent remplacer le matériau drainant en assurant plusieurs fonctions ; filtrage, drainage,
étanchéité. Les tuyaux de drainage sont constitués de tubes perforés ou de tubes en
matériaux poreux. Il y a lieu de prévoir des regards visitables au raccordement des drains,
afin de permettre un entretien.

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b- L’injection de résine expansive :
Cette technique consiste à l’incorporation d’un liant dans la partie
souterraine. En terrain meuble, le liant injecté se propage dans les
vides et les pores communicants du massif et les remplit. Dans le
rocher, ce sont les vides, les fissures et joints de discontinuité qui
sont remplis.
L’opération commence par la réalisation de forages de faibles
diamètres (50 à 80 mm) jusqu’à une profondeur définie par le
géotechnicien. La distribution des forages et des points d’injection
dépend du volume du traitement, global avec un maillage assez
lâche ou localisé avec un maillage très serré. Les conditions
géométriques de l’ouvrage et de son environnement, le rayon
d’action du coulis et le type de sol sont autant de paramètres qui
déterminent le maillage.
Après le forage, on procède à l’injection de coulis sous forme de
solution ou de suspension granulaire. Le matériau d’injection
adéquat est déterminé par la nature du sol et principalement par
sa porosité.

c- Reprises-en sous-œuvre :

La réparation et/ou le renforcement d’ouvrages de fondation par la reprise en sous-œuvre


concernent, soit les ouvrages anciens, soit des ouvrages plus récents dont l’infrastructure se
révèle déficiente ou inadaptée ou dont la destination change, apportant des charges
nouvelles à l’ouvrage. Les fondations existantes sont complétées par des structures de
même nature à des niveaux qui peuvent être différents de ceux de la fondation initiale.
Le principe de base consiste, soit à reporter le niveau de fondation à un niveau inférieur, où
le terrain est de meilleure qualité, soit à augmenter la surface de la fondation où elle a été
initialement réalisée. Plusieurs configurations sont possibles :

1er cas : Augmentation de la surface de la semelle 2ème cas : Augmentation de la surface de la semelle
sans surépaisseur pour réduire la contrainte sur avec surépaisseur. Objectif : augmenter la surface pour
le sol et renforcer le ferraillage de la semelle réduire la contrainte sur le sol, augmenter la rigidité et
renforcer le ferraillage de la semelle.

3ème cas : Pas d’augmentation de la surface de la 4ème cas : Renforcement de fondation à un niveau
semelle. Objectif : Augmentation de la rigidité de la inférieur au niveau d’origine. Objectif : trouver la
semelle et de la section du poteau (la surface au sol est portance nécessaire par reprise en sous-œuvre.
suffisante vis-à-vis de la contrainte). 7
d- Pieux et micro pieux :

Les fondations des structures existantes, quelle que soit leur nature, peuvent s’avérer
insuffisantes, soit par suite d’une modification prévisible ou non des caractéristiques du sol
d’assise, soit par suite d’une modification des conditions d’exploitation entraînant une
augmentation des charges à porter.
Dans le cas d’une fondation superficielle, si le niveau de fondation est suffisamment proche
du niveau initial, la technique de la reprise en sous-œuvre est applicable. Celle-ci n’est
possible que dans la mesure où il n’y a pas de difficultés techniques majeures, telles que la
présence d’une nappe très abondante qu’il serait risqué de rabattre. L’adjonction de pieux
ou micropieux solidarisés aux structures existantes peut donc être envisagée.
Le principe des pieux ou micropieux est de reprendre les charges pour les transmettre à des
couches compactes et profondes susceptibles de les supporter dans des conditions
satisfaisantes de stabilité et de tassement.
Les travaux préparatoires consistent en la recherche de la position exacte des fondations de
l’ouvrage existant et de leur configuration. Il faut également définir les efforts globaux à
reprendre, l’état de l’ouvrage, l’état et de la position des mitoyens éventuels, la situation des
couches porteuses, …
Il est rare que les nouveaux éléments porteurs se raccordent facilement à la structure
existante laquelle se présente sous forme d’une semelle, longrine ... Dans de nombreux cas,
il y a lieu de détruire partiellement et ensuite de renforcer et élargir la partie de l’ouvrage
(semelle) se raccordant à la tête des pieux ou micropieux. Il arrive fréquemment qu’il ne soit
pas possible d’élargir aux dimensions souhaitées les semelles prévues sous les murs
porteurs existants, du fait de la mitoyenneté ou d’obstacles.

1ère phase : Forage 2ème phase : Mise en 3ème phase : Injection gravitaire
place du tube-armature du coulis de scellement

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