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COURS DE CHIMIE ANALYTIQUE DEUXIEME ANNEE PHARMACIE. Dr. KAARAR.M.N.

LES REACTIONS DE COMPLEXATION

PLAN :

✓ Introduction

✓ Définition et structure des complexes

✓ Etude analytique des réactions de complexation

✓ Applications analytiques et pharmaceutiques

✓ Conclusion

Introduction :

La chimie des complexes est particulièrement intéressante. Elle peut en effet, être considérée sous différents points de vue

présentant un intérêt indéniable:

❑ Il s’agit d’une chimie très riche par son nombre de dérivés (grand nombre de complexes)

Cette chimie se situe à la croisée des chemins qu’empruntent les chimies inorganiques et organiques.

❑ Un arsenal d’enzymes et de transporteurs in vivo indispensables pour la survie des cellules et des tissus:
hémoglobines, chlorophylle…….

I. Définition et structure des complexes

Définition d’un complexe selon l’UIPAC : Un complexe (composé de coordination ) est un édifice
polyatomique constitué d'un cation métallique coordinateur
« Un ion ou molécule de coordination contient un atome (moins fréquemment d'un atome métallique) central entouré
central ou noyau, le plus souvent de transition, attaché à d'ions ou de molécules: ligands ou coordonats associés à
d’autres atomes ou ions (coordinats ou ligands), dont le l'atome central par des liaisons généralement semipolaires :
nombre (nombre de coordination) dépasse celui liaisons de coordinence
correspondant à la valence classique de l’atome central
(noyau) dans ses composés usuels » Certains complexes sont constitués de plusieurs centres
métalliques : on les appelle complexes polynucléaires

➢ Un complexe est l'entité obtenue lors de la réaction - - Les ligands peuvent être des ions constitués d'un seul atome
entre un acide de Lewis (possédant des orbitales ( Cl-, Br-,I-), des molécules neutres ( H2O, NH3) ou des ions
vacantes) et une base de Lewis (ayant un ou des moléculaires (organiques : CH3COO- ou minéraux : PO43-).
doublets électroniques non liants)
- Le nombre de liaisons que peut contracter l’ion coordinateur
est fixe, il est appelé nombre de coordination ou indice de
coordinence.
Différents types de complexes : 2. Chélates ou complexes internes

1. Complexes simples : Plusieurs atomes d’une molécule (ionisée ou pas)


sont liés à l’atome central, dans ce cas le chélateur
Chaque coordinat n’est lié à l’ion central que par une seul est polydenté
liaison de coordinance : ligand monodenté, unidenté.

Le complexe ainsi formé peut être:

- Un ion positif ([Cu(H2O)4]2+)

- Un ion négatif ([Ag(CN)2]-)

- Non chargé (auto complexe): HgCl2, Hg(CN)2

II. Etude analytique des réactions de complexation

1. Constante de stabilité et de dissociation :

1.1. Formation des complexes :

Substitution par étape :

1.2. Constante de stabilité et de dissociation :

Soit l’équilibre général suivant :

Sens (1) : La constante de dissociation totale Kd:

Sens (2) : La constante de stabilité globale Ks:


2. Aspect thermodynamique de la formation des 2.2. Complexes imparfaits (instables)
complexes
■ L’équilibre (1) est presque totalement déplacé vers la
2.1. Complexes parfaits (stables) gauche Ks petit

M+nL MLn (1) ■ La variation d'enthalpie libre ΔG0, de la formation du


complexe est positive.
■ L’équilibre (1) est presque totalement déplacé vers la
droite Ks grand

■ La variation d'enthalpie libre ΔG0, de la formation du


complexe est négative.

3. Aspect cinétique de la formation des complexes:

La vitesse à laquelle un complexe donné échange ses ligands avec


d’autres présents dans la solution est appelée inertie ou « Lability ».

▪ Complexe Labile = réaction de formation rapide :


[Cu(NH3)4(H2O)2]2+ est labile

▪ Complexe Inerte = réaction de formation lente :

[Co(NH3)6]+3 + 6H+ + 6H2O [Co(H2O)6]+3 + 6NH4+

4. Prévision des réactions de complexation et déplacement mutuel des complexes

5. Facteurs influençant la stabilité des complexes :

➢ Facteurs internes:

▪ les métaux de la classe A (acides durs): sont des acides de ▪ les métaux de la classe B : présentent
Lewis qui présentent une affinité pour les halogénures une affinité pour les halogénures
suivant la séquence suivante : suivant la séquence suivante:

F- >> Cl- > Br- > I- I- >> Br- > Cl- > F-

Et donnent des complexes stables avec le premier membre de Et donnent des complexes stables avec les
chaque groupe d’atomes donneurs de la classification périodique (N, atomes donneurs les plus lourds d’un groupe
O, F) de classification périodique (P, S, I)
L e concept d’acides et de bases durs et mous

HSAB (Hard and Soft Acids and Bases)

▪ Les paires homogènes : Acide-Base durs


Les complexes les plus stables
Acide-Base mous

▪ Les paires hétérogènes : Acide dur–Base molle


Les complexes les moins stables
Acide mous-Base dure

❑ Effet Chélates:

La stabilité dépend de la structure et en particulier:

1) Du nombre de cycles pentagonaux dans lesquels l’ion métallique se trouve engagé : la stabilité croit avec ce nombre,
effet macrocyclique, les cycles à 4 sommets sont moins stables que ceux à 5, etc.

2) De la nature des atomes donneurs d’électrons: les chélateurs conduisant aux complexes les plus stables sont ceux dans
lesquels les atomes donneurs sont à la fois l’oxygène et l’azote

3) Rapport nombre de molécules de chélateur/nombre d’ions coordinateurs au sein du chélate: [Ni(en) 3]2+ rapport=3

➢ Facteurs externes

❖ Influence d’un excès de réactifs complexant :

En considérant l’équation donnant la constante de dissociation :

[L]augmente [M] diminue [MLn] augmente stabilité augmente

❖ Influence du pH:

Le rapport sera d’autant plus petit, donc la stabilité


meilleure, que la concentration en H+ diminue donc
que le pH s’élève. Toute addition d’acide fort
entraîne un affaiblissement de la complexation

❖ Influence de la dilution : On constate que la dilution diminue la stabilité des complexes


❖ Influence de Ka :

On a vue que le pKa représente le pH aux dessous duquel le


complexe devient instable. En conséquence, la stabilité est d’autant
plus grande, à pH donné, que le complexant correspond à une base
plus faible

❖ Précipitation et complexation

La solubilité d'un précipité où est engagé un ion métallique


augmente par complexation de ce dernier. A la limite, on peut
même aboutir à la dissolution du précipité

6. Constante conditionnelle de stabilité:

III. Applications analytiques et pharmaceutiques

A. Analyse qualitative :

1- formation de complexes colorées:

❑ le fer (III): complexes avec les ions thiocyanique:

❑ Le fer(II): (biochimie) à l’état de chélate avec l’orthophénanthrolines

❑ Cu2+: diphénycarbazide (rouge violacée)

2- La dissimulation d’ions gênants :

Ainsi le cuivre est complexé par l’EDTA afin de caractériser le cadmium, et les ions des quatrièmes et cinquième groupes de
la méthode de Villiers sont chélatés par l’EDTA afin de caractériser plus aisément les alcalinoterreux

B. Analyse quantitative :

1. Méthodes colorimétriques :

A la pharmacopée, la recherche de traces de cuivre dans l’eau distillée utilise la formation de complexes
diéthyldithiocarbamique et celle de l’étain, dans les matières plastiques, le toluène dithiol-3,4.

De nombreux métaux donnent également des complexes très colorés avec l’-nitroso -naphtol ou la salycylaldoxime.

. 2. Méthodes protométriques :
3. Méthodes compléxométriques :

❖ COMPLEXONOMETRIE :

➢ Les solutions titrées: ➢ Indicateurs pour métaux :

-Solution de complexon III:0,1M à 0,01M.

-Solutions métalliques : Solution d’ion calcium et


Solution d’ion zinc

A- colorants à anions colorés:


2-Les dérivés non azoïques :
1-Les dérivés azoïques :
❑ Murexide :Complémentaire au noir d'érichrome T
❑ Noir ériochrome T : Ca2+(complexe rouge),Cu2+(complexe orange),Ni2+et
Les complexes de Mg2+, Ca2+, Sc3+, Mn2+, Zn2+, Cd2+, Co 2+(complexes jaunes)
Hg2+, Pb2+, Al3+, Co2+, Ni2+, Cu2+, sont ROUGES. ❑ Dérivées des phtaléines :
❑ Le calcon ou calcone : spécifique pour le Exemple :calcéine indicateur relativement spécifique du
calcium calcium, dérivée de la fluoroscéine
❑ Indicateur de patton et reeder : calcon + B-Indicateurs à anions peu ou pas colorés:
groupement carboxylique en 3’
Réagissent avec le cation métallique pour donner des
❑ Le PAN (pyridyl-2’-azo-1-naphtol-2):Forme composés colorés dans lesquels le cation est souvent le
des complexes rouges avec Cu 2+, Zn2+ et chromophore, par exemple les ions thiocyanates,
Cd2+.Peut être utilisé à un pH≤6 sulfosalicylate, Tiron (pyrocatécholdisulfonate) réagissent
❑ Naphtarson: contient un reste d’arsénite, utilisé avec le fer III. Dans ce cas, il faut de fortes doses
pour l’indication du Ba, utilisé surtout pour le d’indicateur.
dosage des sulfates par précipitation.

C. Techniques de dosage : 2. Titrage en retour:

1. Titrage direct: Cette méthode est adaptée pour les cations qui
forment des complexes stables avec l'EDTA mais pour
Méthode la plus simple.Il existe 40 éléments qui lesquels il n'existe pas d'indicateur approprié, ou que la
peuvent être titrés directement en présence d'un réaction de compléxation est trop lente ou que le système
indicateur approprié. n'est pas soluble car le cation(Pb,Mn,Hg) précipite au pH
Tampons utilisés : alcalin.

Pour Ni2+, Cu2+, Cd2+, Zn2+ on utilise NH4+/NH3. Méthode:

1) Un excès connu d'une solution d'EDTA est ajouté à


Pour Mn2+, Pb2+, In3+ on utilise le tartrate ou le citrate.
l'analyte.
Ne s'applique pas à tous les éléments:
2) Lorsque la réaction est terminée, l'excès d'EDTA est titré
1) il n'existe pas de bon indicateur. en retour avec une solution de Mg 2+ ou de Zn2+ en utilisant
le NET comme indicateur.
2) la réaction d'échange de ligands est trop lente.
3. Titrage par remplacement: 4. Titrage potentiométrique:

Utilisé lorsque l’indicateur donne avec le cation un Deux possibilités:


complexe peu stable et un virage peu net alors on ajoute un
complexonate d’un autre cation qui donne un complexe 1) Titrer les protons libérés par la formation du
plus stable avec l’indicateur mais moins stable que le complexe.
complexe du cation avec le complexon.

Méthode:

On ajoute un excès de [Mg(EDTA)]2- à un analyte 2) 2) Electrode spécifique pour un métal qui permet de
contenant Mn+(Ca2+). Le Mg2+ libéré est ensuite titré avec déterminer le point de fin de titrage.
une solution étalon d'EDTA avec le NET comme
indicateur.

❖ MERCURIMETRIE

Méthode de VOTOCEK:

Elle est utilisée pour le dosage des Cl- et Br-. L’échantillon est
titré par une solution Hg(NO3)2 ou sulfate mercurique en
présence de nitroprussiate de sodium (Na2[Fe(CN)5NO]) en
milieu acide pour éviter la formation de HgO qui précipite en
milieu basique. La fin de titrage est obtenue par formation de
nitroprussiate mercurique (précipité blanc)

Modification de DUBSKY:

-Remplacement du nitroprussiate par le diphenyl carbazide qui


est oxydé par le Hg2+ en diphenyl carbazone(le vrai réactif
proposé par SCHALES)

-Le virage se fait de l’incolore violet

-pH≈2 ( acide nitrique)sinon le virage est retardé ou avancé


dans le cas contraire.

❑ Solutions titrées:

On utilise le nitrate et le sulfate mercurique. On les prépare :

— A partir du mercure métallique ;

— A partir de l'oxyde jaune de mercure HgO par dissolution


dans des solutions acides concentrées, nitrique ou sulfurique.
❑ APPLICATIONS PHARMACEUTIQUES

➢ Essai limites pour matières premières ➢ Identification selon la pharmacopée


pharmaceutiques européenne

➢ Titrages dans la pharmacopée ➢ La dureté

La dureté d'une eau est fonction de sa teneur en


Ca2+ et Mg2+. Elle se détermine par le dosage de
ces ions. Leur teneur globale conduit a la dureté
totale. Les dosages séparés permettent
d'apprécier la dureté calcique et la dureté
magnésienne

➢ La coagulation du sang : ➢ Chimiothérapie :

La coagulation du sang nécessite Ca2+(aq). On peut donc Le cis-dichlorodiaminoplatine (II), appelé "cis-platine"
éviter la coagulation du sang par complexation du Ca2+(aq), par les médecins, est un médicament efficace contre le
par exemple en ajoutant au sang du Na2H2edta ou du cancer, surtout le cancer des testicules. On suppose que
Na2Hcitrate. Remarquons que Ca2+(aq) étant un cation plutôt les deux chlorures sont substitués par des atomes
dur, il forme des complexes stables avec l'oxygène comme ligands des acides nucléiques (soufre ou azote) et par
atome donneur ceci le "cis-platine" intervient dans la multiplication des
cellules
➢ Détoxification :
➢ Interactions médicamenteuses
Pour l'élimination des métaux lourds, par exemple du
plomb, lors d'une intoxication, on administre du CaH2edta. Certains médicaments (tétracyclines, aminosides,
furosémides, d-pénicillamine) forment des complexes
avec les cations bivalents: Ca2+,Mg2+, ce qui entraine
une désactivation partielle de l’activité du médicament

Conclusion

La complexométrie est une des méthodes volumétriques les plus utilisées, en particulier pour le dosage des matières
premières pharmaceutiques. Elle est décrite dans la PE et l’USP pour le dosage des métaux bivalents ou trivalents ce qui
la rend importantes pour le contrôle des matières premières, surtout qu’elle évite les dilutions (prises d’essai importantes:
100-500mg) que préconisent les autres méthodes de contrôle (SAA, Chromatographie ionique).

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