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Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai

En cinq ans, Arthur Rimbaud renouvelle la poésie française. Les Cahiers de Douai rassemblent
ses premiers poèmes qui portent déjà en eux les germes de l’œuvre à venir.

I Premiers repères
1 L’auteur et le contexte

■ Rimbaud naît à Charleville, en 1854. Son père (militaire) et sa mère se séparent en 1860. Malgré
l’excellence de ses résultats scolaires, Rimbaud accepte mal l’autorité du collège et l’éducation
très stricte de sa mère. Il fait de nombreuses fugues.

■ Il commence à écrire des poèmes à quinze ans. Il en adresse certains à Théodore de Banville
en 1870. En août 1871, il envoie une lettre accompagnée de poèmes à Verlaine qui l’invite à le
rejoindre à Paris. Il côtoie le cercle des poètes français et noue une relation homosexuelle avec
Verlaine.

POUR ALLER + LOIN

Théodore de Banville (1823-1891) est un poète précurseur du Parnasse, mouvement poétique


qui s’oppose au romantisme et au réalisme en prônant l’art pour l’art.

■ Rimbaud cesse toute activité littéraire à vingt ans et choisit une vie d’aventurier. Il parcourt
l’Europe, l’Inde, l’Afrique. Il meurt à Marseille d’un cancer des os, en 1891.

2 La naissance et la composition des Cahiers de Douai

■ En 1870, au cours d’une fugue, recueilli à Douai par son professeur de rhétorique Georges
Izambard, Rimbaud corrige et recopie dans deux cahiers vingt-deux poèmes qu’il confie ensuite
au poète et éditeur Paul Demeny, ami d’Izambard.

■ Le premier cahier comprend quinze poèmes ; le second en comprend sept, écrits lors d’une
nouvelle fugue. L’ordre des poèmes semble chronologique : dix-sept poèmes sont datés, cinq
ne le sont pas. Rimbaud ne donne pas de titre aux cahiers.

■ En 1871, Rimbaud écrit à Demeny pour lui demander de « brûle[r] tous les vers que je fus assez
sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai ». Demeny se garde de lui obéir et conserve les
poèmes.
II Des clés pour l’analyse
1 Le modèle antique

■ Dans « Soleil et chair », on reconnaît l’influence des écrivains latins étudiés en classe. Ce long
poème est un « hymne d’amour » à la nature et aux forces de vie : tout y palpite et Vénus y est
vénérée comme une « Divine mère ».

POUR ALLER + LOIN

Les Parnassiens s’inspirent de la mythologie grecque et glorifient la figure idéalisée de


Vénus. Rimbaud, qui voudrait être publié dans Le Parnasse contemporain, fait aussi
allégeance à ce mouvement dans « Soleil et chair ».

■ Rimbaud déploie les figures de la mythologie gréco-latine dans un lyrisme enthousiaste. Et


même si « l’Homme triste et laid » a détruit « l’antique jeunesse du monde » : « Les Dieux
écoutent l’Homme et le Monde infini ! »

2 Le lien avec l’actualité

■ Mais Rimbaud est surtout un poète de son temps : nombreuses sont les références à la guerre
franco-prussienne menée par Napoléon III (« Rages de Césars », « L’Éclatante Victoire de
Sarrebrück »), ou à la misère – celle des enfants, par exemple (« Les Effarés »).

■ Deux poèmes sur la guerre, « Le Dormeur du val » et « Le Mal », dépassent le cadre de


l’événement historique pour dire l’atrocité de toute guerre. Le premier s’attache à la mort d’un
jeune soldat, le second fait état d’un meurtre collectif.

3 Un lyrisme personnel

■ Rimbaud est aussi un jeune homme qui dit le plaisir des rencontres amoureuses. Ces poèmes
prennent souvent la forme du dialogue (« Rêvé pour l’hiver », « Les Reparties de Nina »,
« Première soirée ») et adoptent un ton léger et moqueur.

■ D’autres poèmes chantent le bonheur de la fugue, du vagabondage, des nuits à la belle étoile,
en communion avec une nature protectrice.

■ Le plus emblématique de ces poèmes est « Ma Bohême » dans lequel Rimbaud se présente
sous la figure d’un « Petit-Poucet rêveur » égrenant ses rimes, au contact de la nature dans une
liberté absolue.

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