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ACADEMIE DE …………………………………
Domaine n°3 : Géographie I__I Domaine n°7 : Enseignement moral et civique I__I
Votre dossier ne doit comporter que les seuls éléments prévus par l’arrêté du 19 avril 2013
fixant les modalités d'organisation du concours externe, du concours externe spécial, du
second concours interne, du second concours interne spécial et du troisième concours de
recrutement de professeurs des écoles.
Sommaire
Introduction .............................................................................................................................1
I. Fondements scientifiques...................................................................................................1
A. Origine des stéréotypes de genre.............................................................................1
B. Effets des stéréotypes de genre et leur nécessaire déconstruction .........................2
Médiagraphie ............................................................................................................................4
La société dans laquelle nous vivons tendrait à nous faire penser que l’égalité entre filles et
garçons, entre hommes et femmes, est acquise tant le cadre législatif s’applique à traiter ce
thème en produisant des normes dans ce sens.
Pourtant, telle n’est pas la réalité lorsque l’on regarde de près les différentes études
sociologiques, anthropologiques ou psychologiques menées ces dernières décennies.
Promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons s’inscrit dans une démarche citoyenne et
doit s’attacher à comprendre ce qui entretient certaines inégalités afin de pouvoir construire
au sein de la société et plus particulièrement au sein de la communauté éducative des outils
permettant de lutter contre cet état de fait.
Nous verrons dans un premier temps que les stéréotypes de genre sont en grande partie
responsables de ces inégalités et quel rôle l’École doit jouer pour les déconstruire.
Puis, nous observerons de quelle manière une séquence pédagogique peut être mise en
place dès l’école primaire pour inscrire les élèves eux-mêmes dans cette démarche citoyenne.
I. Fondements scientifiques
En 1972, Ann Oakley, publie son « étude de genre » dans laquelle elle définit le sexe par les
différences biologiques entre mâles et femelles et le genre comme référence à la culture, à la
classification sociale en masculin et féminin.
Le « genre » désigne ainsi les différences non biologiques entre les hommes et les femmes :
différences sociales, psychologiques, économiques, politiques, etc.
Cette « socialisation » se définit selon Muriel Darmon comme « l’ensemble de processus par
lesquels l’individu est construit, on dira aussi formé, modelé, façonné, fabriqué, conditionné,
par la société globale et locale dans laquelle il vit, processus au cours desquels l’individu
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acquiert, apprend, intériorise, incorpore, intègre, des façons de faire, de penser et d’être qui
sont situées socialement »1.
Ce processus, omniprésent, conditionne les choix et les goûts des individus selon leur sexe
par des représentations stéréotypées profondément ancrées dans tous les domaines de la
société. Un exemple très répandu est de penser sans véritable fondement que les garçons
et les filles doivent être soumis à un code couleur : le rose pour les filles et le bleu pour les
garçons. Ce code couleur permettra de mettre en place un « marketing genré » guidant les pas
des enfants comme ceux des parents dans les rayons des magasins de jouets.
Il est donc indispensable d’engager un véritable travail pédagogique, et ce, dès le plus jeune
âge pour ne plus être enfermé dans ces constructions stéréotypées, d’autant que l’école n’est
pas épargnée quant à la (re)production d’inégalités et de discriminations de genre car elle est
perméable elle aussi aux normes dominantes.
Si les filles ont eu accès à l’école plus tard que les garçons et à un contenu d’enseignement
longtemps différent, il leur a fallu également attendre les années 1960 pour qu’elles soient
accueillies dans les mêmes écoles qu’eux et 1976 pour que la loi dite « Haby » rende obligatoire
cette mixité.
Malgré des efforts législatifs successifs depuis le début du XXème siècle, l’égalité tant
recherchée entre les filles et les garçons n’est pas encore acquise.
Aujourd’hui encore, on constate une catégorisation très marquée entre les filles et les garçons
à l’école.
Une étude menée en 2007 sur les manuels scolaires de lecture utilisés en CP a mis en
évidence les stéréotypes de genre qui s’y trouvaient, révélant ainsi « l’invisibilité » des femmes,
montrant que « les enfants de CP, à travers ces manuels, ont des modèles d’identification
conformes aux stéréotypes de sexe, notamment par rapport à la présentation des héros et
des héroïnes, de leurs activités et tâches mais aussi celles des personnages secondaires »3.
On y constate souvent l’absence du père, peu concerné par les tâches ménagères, et la vie
professionnelle de la mère y est peu évoquée. Ces mêmes constats se retrouvent également
dans la littérature de jeunesse.
En conséquence, filles et garçons paient le lourd tribut de ce modèle de masculinité : les
premières, contraintes de se projeter le plus souvent dans des héros masculins, les seconds,
empêchés d’envisager d’autres façons d’être, sous peine d’être accusés de transgresser les
codes en vigueur associés à leur sexe.
La cour de récréation révèle également des inégalités : les garçons occupent une grande
partie de l’espace pour jouer au football notamment, tandis que les filles occupent un espace
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beaucoup plus petit ou restent sur les bancs4.
Il apparait donc comme essentiel que l’École, lieu d’éducation à la citoyenneté et aux valeurs de
la République, tienne un rôle majeur dans la promotion de l’égalité filles-garçons. L’ensemble
des acteurs doit en prendre conscience afin de contribuer davantage à lutter contre les
stéréotypes filles-garçons par leurs pratiques quotidiennes.
Dès 1989, la loi d’orientation sur l’éducation précisait déjà que les services publics de l’éducation
devaient contribuer à favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes.
La loi de Refondation de l’École de 2013 rappelle quant à elle que la transmission de la valeur
d’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, se fait dès l’école primaire.
« L’apprentissage de l’égalité entre filles et garçons est une condition nécessaire pour que,
progressivement, les stéréotypes s’estompent et d’autres modèles de comportements se
construisent. Basée sur le respect de l’autre sexe, cette politique éducative en faveur de
l’égalité implique aussi la prévention des comportements et violences sexistes. Elle a pour
finalité la constitution d’une culture de l’égalité et du respect mutuel »5.
Dans le prolongement des « ABCD de l’égalité » mises en place en 2013 par Vincent Peillon,
alors ministre de l’Éducation nationale, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des
femmes à l’époque, la « Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons,
les femmes et les hommes dans le système éducatif 2013-2018 », vise à « développer dès
le plus jeune âge une culture de l’égalité entre les sexes »5 ; elle engage ses signataires
à renforcer leur action en faveur de la promotion de l’égalité entre les sexes et fixe des
objectifs : « acquérir et transmettre une culture de l’égalité entre les sexes ; renforcer l’éducation
au respect mutuel et à l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes et
s’engager pour une plus grande mixité des filières de formation et à tous les niveaux d’étude ».
Par ailleurs, ce que l’on nomme désormais le « Plan d’action pour l’égalité entre les filles et les
garçons à l’école »5 fixe comme objectif « d’intervenir dès l’école primaire pour lutter contre la
formation des inégalités dès le plus jeune âge, en agissant sur les représentations des élèves
et les pratiques des acteurs de l’éducation »5.
Pour atteindre ces objectifs, de plus en plus d’outils pédagogiques sont à la disposition
des enseignants.
Dans le respect de cette politique éducative, j’ai choisi de mettre en œuvre une séquence
pédagogique portant sur l’égalité entre les filles et les garçons et plus particulièrement sur les
stéréotypes de genre, porteurs d’inégalités entre les élèves.
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Médiagraphie
• « Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et
les hommes dans le système éducatif 2013 – 2018 », consulté sur www.education.gouv.fr
• Emission de radio, France Culture, « L’Ecole, les filles, les garçons et la construction des
stéréotypes », 17.11.2012
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II. Séquence pédagogique : l’égalité entre les filles et les garçons
J’ai mené cette séquence dans une classe de CM1, composée de 13 filles et de 12 garçons,
de niveau hétérogène ; deux élèves bénéficient d’un projet personnalisé de réussite éducative
(PPRE) et une d’un projet personnel de scolarisation (PPS) avec troubles de dyscalculie et de
dysorthographie (avec AVS, 9h/semaine). En Enseignement moral et civique, les élèves ont
déjà travaillé sur les thèmes de l’exclusion et de la différence (respect des autres, racisme,
diversité).
Progression de l’apprentissage
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Amorcer la réflexion à partir
Séance 1 55 minutes
de différents documents
Objectifs :
- Lancer le sujet de travail au sein de la classe et impulser une première réflexion collective.
- Prendre conscience de l’existence des stéréotypes.
Compétences :
Respecter les règles de la discussion collective (prise de parole, écoute de l’autre).
« Avez-vous déjà travaillé sur le thème de l’égalité ou de la différence ? Nous allons travailler
sur le thème de l’égalité entre les filles et les garçons. Je viendrai quatre fois dans la classe.
Aujourd’hui, vous aurez à réfléchir sur deux documents (texte, vidéo), à partir desquels
nous aurons une discussion collective. Rappelez-moi les règles de la discussion collective »
Projection de la vidéo
« Qu’avez-vous retenu la vidéo ? »
« Pourquoi Vinz pense que Lou ne peut pas être astronaute ? Êtes-vous d’accord ? »
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Annexe 1 :
L’égalité filles/garçons
« Moi, le football c’est ma passion. J’en suis folle. D’ailleurs, dans mon ancienne école,
on m’appelait la « foot-folle ». (Je tiens à préciser que mon véritable nom est Sonia.) Là-bas, il
ne risquait pas d’y avoir un but de football au milieu de la cour. La directrice, madame Bandu,
avait le foot en horreur. Elle disait que ce n’était pas un sport de filles. Quelle vieille toupie,
cette mémé ! Son école, c’était pas une école de filles, c’était une école de nouilles. Pour elle,
les sports de filles se bornaient à : courture, chant et arts ménagers. Combien de fois ça m’a
démangé de lui mettre un but, schblang ! bien centré dans le chignon. »
Annexe 2 :
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Séance 4 Dépasser les stéréotypes 45 minutes
Objectifs :
Comprendre que les stéréotypes ne correspondent pas à la réalité.
Compétences :
- Savoir analyser une image.
- Comprendre une œuvre d’art.
Matériel :
- Photographie de l’œuvre de Chloé Ruchon, Barbie Foot.
- Images extraites du livret d’Élise Gravel, Tu peux.
Déroulement :
Distribution du document : image de l’œuvre de Chloé Ruchon, Barbie Foot (cf. Annexe 4) :
baby-foot rose fabriqué avec des poupées Barbie.
Description orale rapide de l’image et lecture du petit texte.
Explication du mot « baby-foot ».
Conclusion orale : on n’est pas obligé d’obéir aux stéréotypes, que l’on soit une fille ou un
garçon, on peut avoir les mêmes goûts, jouer aux mêmes jeux, pratiquer les mêmes sports,
avoir envie de faire les mêmes métiers, etc.
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Annexe 3 :
Annexe 4 :
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Analyse critique
Le temps :
J’ai élaboré ma séquence en fonction du temps qui m’avait été imparti dans la classe. Les
deux premières séances se sont déroulées comme prévu sur ce point. Mais j’ai dû réajuster le
travail fait sur les séances 3 et 4. J’avais prévu trop de choses pour la 3ème séance dans ma
fiche de préparation, notamment l’étude des images du livret « Tu peux », ce que j’ai reporté
en séance 4. Par ailleurs, je me suis aperçu que changer la disposition des tables avait pris
plus de temps que je ne l’avais prévu.
Discussion/échanges :
Les élèves ont tout de suite été très intéressés par le thème abordé. Dès la première séance,
certains ont parlé de leur expérience personnelle : l’un pour dire que sa maman était pompière,
l’autre pour dire que sa sœur jouait au foot, etc.
Organisation spatiale :
Les élèves étaient enthousiastes à l’idée de disposer les tables autrement. Je leur ai demandé
pourquoi selon eux on disposait les tables en U. Ils en ont bien compris l’intérêt : « tous se voir
pour parler ».
Ma gestion/mon ressenti :
Lors de la première séance, j’étais un peu mal à l’aise, j’avais du mal à trouver mes
mots ; l’enseignante de la classe m’a aidée à plusieurs reprises pour faire avancer la
séance, notamment pour faire les transitions entre les étapes, ou abréger certains temps de
discussion collective.
Sur ce dernier point, je pense effectivement que j’ai peut-être globalement trop privilégié l’oral,
mais les échanges étaient constructifs.
Objectifs :
Au vu des productions écrites des élèves et de leurs interventions orales, je pense avoir réussi
à leur faire prendre conscience de ce que sont les stéréotypes et j’espère que cela les aidera
à les dépasser.
Évaluation :
L’évaluation a pris différentes formes au cours de la séquence.
La première séance m’a permis de faire une évaluation diagnostique : le texte et la vidéo ont
permis d’entendre les élèves sur ce qu’ils pensaient des stéréotypes : « la maitresse a tort, les
filles peuvent jouer au foot » ou « c’est pas vrai, les filles peuvent être astronautes ».
L’écrit produit en groupes a permis de poser une évaluation formative et de voir si les élèves
avaient bien compris ce qui leur était demandé, et même pour certains de réutiliser de façon
pertinente le mot « stéréotypes ». En dernière séance, l’étude de l’œuvre de Chloé Ruchon a
servi d’évaluation plus sommative, car je n’ai pas guidé les élèves dans leurs réponses écrites.
Prolongements :
Au-delà de cette séquence, il peut être envisagé de donner à lire aux élèves des albums de
littérature de jeunesse ayant pour thème la lutte contre les stéréotypes de genre.
La présente séquence pourra également être suivie, conformément au programme
d’Enseignement moral et civique, d’une séquence sur l’égalité entre les hommes et les femmes.
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