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Les enquêtes sociales de l’éducateur spécialisé : la méthode sociologique

République du Sénégal Ministère de la Justice


Centre de Formation Judiciaire (CFJ) Cours de sociologie générale
Sous-section Éducateurs Spécialisés, 1ème année, 2022/2023 M. SÈNE

Les enquêtes sociales de l’éducateur spécialisé : la méthode sociologique

Les enquêtes sociales des éducateurs spécialisés, en contexte sénégalais, sont celles qu’ils
effectuent, à la demande du juge d’instance, dans le but de recueillir des informations fiables
sur la situation sociale des enfants en conflit avec la loi, sur le parent le plus à même d’assurer
la garde de l’enfant dont les parents sont en état de divorce ou sur les personnes vulnérables,
ayant des difficultés d’adaptation, d’intégration sociale ou professionnelle de manière générale.
Ces enquêtes sociales sont identiques à celles que les sociologues utilisent dans le cadre de leurs
travaux d’études et de recherche.
En sociologie, il y a deux principales méthodes d’enquête : la méthode quantitative, qui est
priorisée par la discipline, et la méthode qualitative, qui lui est souvent associée. L’usage de
l’une ou de l’autre dépend de l’objectif que s’assigne le chercheur de recueillir des données
quantitatives ou qualitatives. Cet objectif, lui-même, est déterminé par la nature de son sujet
d’étude. Les sujets de recherche portant sur des aspects qu’il est possible de quantifier, comme
la performance d’une entreprise, préconiseront naturellement la méthode quantitative, mais en
y associant toujours, dans une moindre proportion, la qualitative.
Inversement, les sujets de recherche portant plus particulièrement sur des paramètres plutôt
qualitatifs, comme les perceptions d’une communauté particulière d’individus par rapport à un
fait donné, prôneront la méthode qualitative, mais en y adjoignant également, si possible, la
quantitative. En sociologie, il est fortement recommandé d’utiliser cumulativement les deux
méthodes dans le cadre d’un sujet de recherche, quel que soit la nature de ce dernier. Les
sociologues appellent triangulation des méthodes le fait de combiner les deux dans une
recherche nécessitant une enquête de terrain.
Les éducateurs spécialisés, pour ce qui les concerne, auront davantage besoin d’utiliser la
méthode qualitative, qui serait plus à même de leur fournir les informations qu’ils auront à
collecter à l’occasion de leurs enquêtes sociales. Ce complet du cours de Sociologie générale
consacré aux méthodes d’enquêtes sociologiques constitue un guide pour les éducateurs
spécialisés du Centre de Formation Judiciaire (CFJ) du Sénégal par rapport aux enquêtes
sociales qu’ils auront à effectuer auprès de leurs cibles après leur formation.
I. La méthode quantitative
Au-delà de la sociologie, la méthode quantitative est celle qu’utilise essentiellement la science.
Elle permet au sociologue de recueillir des informations statistiques. Ces dernières présentent
l’avantage de lui permettre d’avoir une mesure précise de la réalité qu’il étudie. C’est de par sa
scientificité comme capacité à mesurer objectivement, de manière précise, l’objet étudié qu’elle
est préconisée en sociologie. La méthode quantitative a été notamment recommandée par
d’illustres sociologues dont le fondateur de la sociologie lui-même, Auguste Comte, mais aussi
son discipline, Émile Durkheim, les sociologues américains de l’École de Columbia, Robert
King Merton, Paul Lazarsfeld, etc.
Les sociologues français Henry Mendras et Marco Oberti soulignent l’importance prééminente
de la méthode quantitative en sociologie : « les statistiques sont le matériau le plus
fréquemment utilisé par les sociologues. (…) Le recours aux statistiques est essentiel pour le

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sociologue soucieux de repérer de grandes tendances d’évolution des sociétés. Les données
quantitatives recueillies à différents moments permettent de mieux apprécier les évolutions
dans le temps des pratiques et des représentations1 ». La méthode quantitative, en recherche
sociologique, repose sur trois principales techniques d’enquête : le questionnaire, le sondage,
aussi dénommé le sondage d’opinion et l’échantillonnage.
I. 1. Le questionnaire
Le questionnaire est une liste de questions prédéfinies (choisies à l’avance), portant sur un sujet
donné que le chercheur pose à beaucoup de personnes qu’il a choisi d’enquêter. Le
questionnaire doit répondre à trois principaux critères scientifiques : la validité, la fidélité et
l’opérationnalité. Un questionnaire est dit valide lorsqu’il permet de recueillir des réponses qui
traduisent exactement la réalité que le chercheur veut étudier. Il est fidèle quand, appliqué aux
mêmes individus par des enquêteurs différents, il recueille les mêmes réponses, pourvu que le
déroulement de l’enquête ait lieu à des intervalles de temps assez réduits pour s’assurer que les
personnes interrogées n’ont pas changé d’opinion entre temps. L’opérationnalité du
questionnaire est fonction de sa capacité à faciliter son usage ainsi que l’analyse des réponses
qu’il a permis de recueillir. Le questionnaire doit être construit de manière à motiver l’enquêté,
à l’amener à prendre goût aux questions, et donc à répondre volontiers à toutes les questions
qui y sont consignées.
En sociologie, les questions que comporte le questionnaire sont de trois types : les questions
fermées, les questions ouvertes et les questions préformées. Ces dernières sont également
appelées questions à choix multiples, questions à éventail ou questions à évaluation.
I. 1. 1. Les questions fermées
Les questions fermées sont celles dont la réponse est oui ou non. Ce sont celles qui doivent
constituer l’essentiel du questionnaire, du fait de leur simplicité, de la facilité à traiter les
réponses qui en découlent et surtout en ce qu’elles permettent au chercheur d’avoir des réponses
immédiatement quantifiables, qu’il est possible de présenter dans un tableau, avec des
pourcentages.
Exemple de question fermée : D’après vous, Macky Sall se présentera-t-il à l’élection présidentielle de
2024 au Sénégal ?
1. Oui 
2. Non 
Les réponses positives comme celles négatives à cette question peuvent être dénombrées et
donner lieu à des pourcentages. Ces derniers permettent de mesurer avec précision la réalité
étudiée par le chercheur : le fait que le président sortant, Macky Sall, se présentera ou non à la
présidentielle sénégalaise de 2024. Le principal inconvénient des questions fermées est que
l’enquêté est confiné dans l’alternative du oui ou du non et ne peut donc pas développer, à sa
guise, sa réponse ni même la nuancer.
I. 1. 2. Les questions ouvertes
Les questions ouvertes du questionnaire sont celles qui permettent à l’enquêté de développer
en détail sa réponse. Avec les questions ouvertes, l’enquêté peut donner une information
complète, approfondie, plus enrichissante. Il lui est loisible de livrer toute son opinion sur la
question qui lui est posée, participant par là à en instruire davantage l’enquêteur. C’est
précisément pour cette raison que le chercheur doit concevoir dans son questionnaire d’enquête
quelques questions ouvertes, car il a aura besoin de collecter des informations assez détaillées
1
. Henry Mendras, Marco Oberti, Le sociologue et son terrain. Trente recherches exemplaires, Paris, Armand
Colin/Her, 2000, p 161.

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par rapport à tel ou tel autre aspect de son sujet. Cependant, il doit veiller à limiter les questions
ouvertes dans son questionnaire en ce qu’elles ne lui permettent pas d’avoir des informations
quantifiables. Par ailleurs, les ouvertes sont plus difficiles à traiter à cause du caractère qualitatif
des informations qu’elles permettent de recueillir. C’est dans les entretiens que les questions
ouvertes sont plus préconisées par le chercheur.
Exemple de question ouverte : Pensez-vous que la justice sénégalaise est totalement indépendante dans
les procès mettant en cause les leaders de l’opposition ?
…………………………………………………………………………………………………..............................................................................
..................................................................................................................................................................................................................................
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

I.1.3. Les questions préformées


Les questions préformées sont celles qui sont suivies d’une liste restreinte de réponses possibles
parmi lesquelles l’enquêteur demande à l’enquêté de choisir une. Ce dernier a donc plusieurs
choix de réponses qui s’offrent à lui. Mais il ne peut choisir qu’une seule des réponses possibles,
car chaque réponse choisie invalide de facto la possibilité d’en choisir d’autres. Les réponses
aux questions préformées sont le plus souvent alternatives, mais ce n’est pas toujours le cas.
Exemple de question préformée : Selon vous, quelle est le plus important courant de pensée de la sociologie
classique ou moderne ?

1 Le holisme d’Émile Durkheim 


2 L’individualisme de Max Weber 
3 L’interactionnisme symbolique américain 
4 Le structuralisme de Pierre Bourdieu 
5 L’analyse stratégique de Michel Crozier 
6 Autre (à préciser) :

Comme dans les questions fermées, les réponses aux questions préformées peuvent être
quantifiées et présentées dans un tableau, avec les pourcentages de chaque modalité de réponse.
Dans les questions préformées ou fermées du questionnaire, chacune des modalités (les
possibilités) de réponse à une question est dénommée un item. La finalité de l’item est d’élargir
le champ des réponses possibles de l’enquêté qui sont, du reste, limitées. Si les items sont trop
nombreux, le répondant pourrait ainsi oublier une, voire plus d’une des modalités de réponse
indiquées au niveau des questions préformées. Par ailleurs, à l’instar des questions fermées, les
questions préformées rendent aisées le traitement et l’analyse des données recueillies.
I. 2. L’échantillonnage
L’enquête par questionnaire requiert de la part du chercheur qu’il choisisse au préalable un
échantillon. On appelle échantillon le nombre réduit de personnes que le chercheur a choisi
d’enquêter au niveau de la population totale. Cette dernière est celle qui est concernée par toute
l’enquête. En sociologie, la population totale est aussi appelée population mère ou encore
population parente. Une enquête portant sur la population totale est appelée un recensement.
C’est le cas des enquêtes qui sont périodiquement réalisées au Sénégal par l’Agence Nationale
de la Statistique et de la Démographie (ANSD) pour estimer le nombre d’habitants que compte
le pays. La notion d’échantillonnage renvoie à la technique permettant au chercheur de choisir
son échantillon dans le cadre de l’enquête quantitative.
En sociologie, il y a deux principales techniques d’échantillonnage : les échantillonnages
empiriques et les échantillonnages aléatoires. Les échantillonnages empiriques sont ceux qui
consistent pour l’enquêteur à tirer son échantillon à enquêter en prenant en compte les
caractéristiques de la population mère telles que le sexe, l’âge, le niveau d’étude, la situation

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matrimoniale, professionnelle, confessionnelle, etc. des individus qui composent cette


population mère. À titre d’exemple, si les femmes sont plus représentées que les hommes dans
la population totale à enquêter, elles doivent pareillement être plus représentées qu’eux dans
l’échantillon. Au niveau des échantillonnages empiriques, la technique d’échantillonnage la
plus utilisée en sociologie est la technique des quotas, aussi dénommée l’échantillonnage par
quotas ou échantillonnage à choix raisonné, que la sociologue française Nicole Berthier,
spécialiste attesté des méthodes d’enquêtes sociologiques, appelle « l’échantillonnage
proportionnel 2».
L’échantillonnage par quotas se fonde sur deux principaux principes indissociables dont le
premier est la connaissance parfaite du chercheur de la distribution des principales variables
sociologiques de la population mère telles que le sexe, l’âge, la situation matrimoniale, le niveau
d’étude, etc. Le deuxième est qu’il doit reproduire cette distribution au niveau de l’échantillon
tiré de sorte que celui-ci puisse constituer, avec un haut degré de fiabilité, un « modèle réduit »
de la population mère3.
Les échantillonnages aléatoires consistent pour l’enquêteur à choisir au hasard, de manière
aléatoire son échantillon au niveau de la population parente, sans tenir compte de ses
caractéristiques principales, c’est-à-dire la représentativité de l’échantillon. De ce fait, si dans
la population parente, les femmes sont plus représentées que les hommes, les célibataires plus
que les mariés, les villageois plus que les citadins, les cadres moyens plus que les cadres
supérieurs, etc., cette distribution peut ne peut pas se retrouver dans l’échantillon à cause du
tirage au sort (aléatoire) des individus à enquêter qui constituent ce dernier.
Les échantillonnages aléatoires sont généralement utilisés en recherche sociologique lorsque la
taille de la population totale est trop grande au point que les contraintes de temps et de faisabilité
ne permettent pas au chercheur de prendre en compte la représentativité de l’échantillon par
rapport à cette population totale. La solution la moins malaisée qui s’impose à lui est de tirer au
sort les individus qui composeront son échantillon. Les échantillonnages aléatoires sont
manifestement plus faciles à utiliser par le sociologue que les échantillonnages empiriques. Il
reste que ces derniers sont plus recommandés en recherche sociologique en ce qu’ils satisfont
à la vertu de la représentativité de l’échantillon tiré pour être enquêté par rapport à la population
totale concernée par l’enquête. En ce sens, ils satisfont davantage encore que les
échantillonnages aléatoires à l’impératif de scientificité de la méthode d’enquête utilisée dans
la recherche.
I. 3. Le sondage ou sondage d’opinion
Le sondage ou sondage d’opinion est une technique d’enquête quantitative portant sur un
nombre limité de questions, pouvant être réduites en une seule. Il permet de mesurer l’opinion
d’un groupe élargi ou restreint d’individus sur un sujet précis, souvent lié à l’actualité. Cette
technique d’enquête est rarement utilisée par les sociologues, qui lui préfèrent le questionnaire,
à cause notamment du caractère très limité des informations qu’elle permet de recueillir,
contrairement à ce dernier. Ce sont plutôt les spécialistes des sciences politiques et des sciences

2
. Nicole Berthier, Les techniques d’enquête, Méthode et exercices corrigés, Armand colin, 2000.
3
. Jean-Claude Combessie, expliquant en détail les principes sur lesquels repose l’échantillonnage par quotas,
écrit : « C’est la méthode d’enquête la plus utilisée par les grands organismes français d’études et de sondage
(exception de l’INSEE). Elle suppose une information fiable, précise et riche sur la population mère. Dans un
secteur géographique donné, on décide d’une structure d’échantillon qui soit, selon plusieurs critères, aussi
proche que possible de celle de la population de référence (sexe, âge, profession, quartier de résidence, …). C’est
ensuite l’enquêteur qui, chargé d’interroger un nombre déterminé de personnes dans le secteur désigné, doit les
choisir de telle sorte que son échantillon présente les caractéristiques structurelles définies au préalable : un
nombre défini d’hommes et de femmes, de représentants de chaque classe d’âge et chaque groupe
socioprofessionnel, etc. ».

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de la communication comme les journalistes qui utilisent plus habituellement le sondage dans
leurs travaux d’enquête. À titre illustratif, un institut sénégalais ou étranger de sondage soucieux
réaliser une enquête sur les intentions de vote des électeurs sénégalais en faveur des potentiels
candidats à la présidentielle de février 2024 pourrait utiliser cette technique d’enquête (le
sondage). Le cas échéant, le sondage pourrait porter sur cette question :
Pour quel candidat comptez-vous voter pendant l’élection présidentielle sénégalaise de 2024 ?
1. Macky Sall 
2. Ousmane Sonko 
3. Khalifa Sall 
4. Idrissa Seck 
5. Karim Wade 
6. Autre (à préciser) ………………………………………
I. 4. Les limites de la méthode quantitative
La méthode quantitative ne fait cependant pas l’unanimité en sciences sociales, y compris en
sociologie. C’est ainsi que le sociologue Pitirin Sorokin a vigoureusement condamné ce qu’il
appelle la « quantophrénie » qui s’était emparée de la sociologie américaine, que prônait
notamment l’École de Columbia. Il dénonce de manière virulente le mouvement quantitativiste
porté par Paul Félix Lazarsfeld et Robert King Merton, qu’il qualifie de dérive quantophrénique
: « cette manie de la quantification a, au cours des dernières décennies, et au détriment des
sciences psychosociales, pris un développement considérable. Elle menace d’embourber
nombre d’enquêtes non quantitatives, ou même d’enquêtes quantitatives digne de ce nom. Le
courant dans ce sens est si fort qu’on pourrait d’écrire l’état présent comme l’époque de la
quantophrénie et de la numérologie 4».
Lui emboîtant le pas, le sociologue français Pierre Bourdieu considère qu’« il ne sert à rien de
quantifier à tour de bras. Encore faut-il pouvoir isoler des variables pertinentes, procéder à de
bonnes observations en neutralisant le sens et les points de vue subjectivistes, échafauder
(élaborer) un corps d’hypothèses, être conscient des modèles sous-jacents et savoir que la
quantification ne dispense pas du recours à la théorie 5».
II. La méthode qualitative
Moins préconisée en sociologie que la quantitative, la méthode qualitative est cependant tout
aussi importante. Comme l’indique son nom, elle permet de recueillir en particulier des
informations qualitatives (théoriques) comme les opinions des enquêtés, leurs comportements
et activités, qu’il est possible d’observer et de décrire, etc. Les techniques d’enquête utilisées
en recherche qualitative sont l’observation, l’entretien et ses variantes que sont les récits de vie,
aussi appelés histoires de vie ou la méthode biographique ou méthode historique, le focus group
(entretien de groupe) et la recherche documentaire.
II. 1. L’Observation
L’observation est une technique d’enquête qualitative qui invite le chercheur à se rendre sur
son site d’investigation pour voir, par lui-même, ce qui s’y trouve, en y recueillant beaucoup
d’informations que l’enquête par questionnaire ou par entretien ne lui aurait pas permis de
saisir. C’est une technique d’enquête plus objective et plus sûre pour le chercheur en ce qu’il
n’est pas obligé, pour connaitre, d’interroger directement ses enquêtés à travers des questions
dont les réponses peuvent ne pas correspondre avec la réalité. Elle requiert une longue
familiarité avec le terrain, la prise de note, l’attention portée à l’imprévu mais aussi la

4
. Pitirin Sorokin, Tendances et déboires de la sociologie américaine, Paris, Aubier, rééd. 1959.
5
. Pierre Bourdieu, Choses dites, Paris, Collection le sens commun, 1987, p. 62-63.

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constitution d’une grille d’observation afin de classer les données. On distingue divers types
d’observations selon le degré d’implication de l’observateur : l’observation non participante ou
observation désengagée au cours de laquelle on garde une neutralité bienveillante mais sans
participer aux actions observées (sinon en tant qu’observateur) et l’observation participante ou
observation engagée, qui permet au chercheur ou exige de lui d’occuper une position au sein
du groupe étudié, de participer à sa vie quotidienne ou à ses activités courantes ou
exceptionnelles (travaux champêtres, fêtes, cérémonies, etc.)6. Cette forme d’observation est en
particulier propre à l’anthropologie sociale et culturelle. L’anthropologue britannique
Bronislaw Malinowski est le pionnier de l’observation participante.
D’autres formes d’observations requièrent un degré d’intimité supplémentaire. C’est le cas
lorsqu’on pratique l’observation dans son propre milieu. Dans ce cas, le chercheur bénéficie de
l’avantage de la familiarité et du réseau de relations, de recommandations et de reconnaissance
qui permet d’obtenir des renseignements et des documents confidentiels. Mais, il encoure le
risque de tomber sous le charme de l’objet. En reproduisant fidèlement les modes de vie, on
tend aussi à prendre comme théorie les représentations véhiculées par ces modes de vie. La
technique d’enquête de l’observation trouve sa légitimité dans cette idée de Madeleine Grawitz
selon laquelle « la présence continue d’un étranger dans les activités d’un groupe est
certainement bien moins tolérée que ses entretiens d’une heure. Il est plus facile de mentir à un
enquêteur que de dissimuler ce que l’on est à un observateur 7».
II. 2. L’entretien
L’entretien permet d’obtenir des informations plus approfondies et plus détaillées sur le sujet
de recherche, puisque l’enquêté a ici toute la latitude de développer ses idées et de leur donner
une signification propre que le questionnaire ne permet pas. Sous leurs différentes formes, les
techniques d'entretien consistent en une mise en œuvre de processus spécifiques de
communications et d'interactions humaines qui offrent au chercheur des informations et des
éléments de réflexion très riches et nuancés. La technique de l’entretien permet de recueillir des
données théoriques, qualitatives, non immédiatement quantifiables.
Au lieu de se condamner, comme avec le questionnaire, à se confiner dans des quantifications
à outrance, qui ne recueillent que des données statistiques incapables de donner un sens aux
préoccupations des enquêtés, l’entretien a cela de bénéfique qu’il permet de saisir, dans un
rapport plus individualisé et plus intime avec l’enquêté, le raisonnement de ce dernier, tout en
le conviant à s’étendre autant que possible sur ses idées, éclairant ainsi, de manière optimale,
le chercheur.
Lors de l’enquête par entretien ou par questionnaire, l’enquêteur doit veiller à mettre à l’aise
l’enquêté en faisant de sorte que l’enquête se déroule dans un cadre propice. Pour cela, il doit
installer une atmosphère de confiance, de convivialité, de sympathie pouvant même se mêler
d’un peu d’humour, de plaisanterie avec l’enquêté pour le relaxer. Cela pourrait en effet
favoriser sa franche collaboration et donc sa volonté d’aider son interlocuteur à recueillir de lui
les informations fiables et sincères dont il a besoin. C’est en partie pour cela qu’en sociologie,
il n’est pas recommandé à l’enquêteur de trop occuper ses enquêtés, de les accabler avec des

6
. Le sociologue français Claude Javeau met en exergue la préciosité de l’observation participante engagée : «
Observer, évidemment, ne veut pas dire contemplation muette. Observer, c’est aussi, le cas échéant, interroger
des acteurs, partager partiellement ou complètement leur existence, se mêler à leurs entreprises communes.
Comme tout ensemble, la vie sociale est susceptible d’être vue : l’observation est la condition préalable à toute
forme d’investigation en même temps qu’elle est une investigation elle-même. Il convient de respirer le phénomène
avant de s’engager dans son investigation systématique. », Claude Javeau, Leçons de sociologie, Librairie
Méridiens Klinkcsieck et Cie, 1986, p. 120.
7
. Madeleine Grawitz, in Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 10ème édition, 1996, p. 703.

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entretiens qui durent longtemps. La durée d’un entretien ne doit pas excéder une heure
d’horloge. En, moyenne, elle doit être comprise entre 20, 30 minutes à une heure au plus.
En fonction du contexte dans lequel se déroule l’entretien, de la nature des informations que
l’enquêteur cherche à recueillir, du degré de connaissance de l’enquêté sur le sujet, etc., il sera
possible d’utiliser différents types d’entretiens.
1). Selon le degré de liberté donnée à l’enquêté : l’entretien peut être libre, directif ou semi-
direct :
a). L’entretien libre ou non-directif, très rare en sociologie, mais fréquent en psychologie et en
psychologie sociale : l’enquêteur lance un thème puis tous ses efforts consistent à faire explorer
ce thème par l’enquêté ;
b) L’entretien directif ressemble fort à une enquête par questionnaire avec des questions
ouvertes, c’est-à-dire sans réponses préétablies : l’enquêteur interroge l’enquêté au moyen
d’une liste de questions établies dans un certain ordre. C’est un type d’entretien fréquemment
utilisé en sociologie. Il consiste à faire produire par l’enquêté un discours plus ou moins linéaire
avec le minimum d’interventions de la part de l’enquêteur.
2). Selon la place de l’entretien dans la démarche de recherche, on distinguera :
a). les entretiens exploratoires destinés à défricher le terrain, acquérir le maximum
d’informations afin de poser les bonnes questions ;
b). à l’inverse, les entretiens de contrôle ont pour but de contrôler la véracité d’un savoir obtenu
par un autre type de recherche ;
c). entre les deux se situent les entretiens destinés à vérifier des hypothèses ou à approfondir
des connaissances.
L'entretien est une méthode réactive : l’enquêteur provoque les données qu'on reçoit, met ses
interlocuteurs dans une situation où il les fait répondre à des questions. Contrairement au
questionnaire, qui se compose essentiellement de questions fermées et préformées permettant
de collecter des réponses quantifiables, l’entretien se constitue principalement de questions
ouvertes dont les réponses sont qualitatives, non quantifiables. Le sociologue Ali Aït
Abdelmalek considère que « plus encore que le questionnaire, l’entretien fait appel au point de
vue de l’acteur et donne à son expérience vécue, à sa logique, sa rationalité, une place de
premier plan. Ainsi, cet instrument d’investigation spécifique fait de la parole le vecteur
principal, et permet de recueillir des faits concernant les systèmes de représentations (pensées
construites) et les pratiques sociales (faits et comportements) 8».
II. 2. 1. Les récits ou histoires de vie
Aussi appelés la méthode historique, la méthode biographique, les récits ou histoires de vie,
constituent une variante de l’entretien. Ils consistent en un entretien du chercheur avec l’enquêté
sur son sujet de recherche à travers lequel il demande à ce dernier de lui faire un récit de sa vie,
depuis son enfance jusqu’à maintenant. Le chercheur demande en quelque sorte à son enquêté
de lui retracer son histoire, son vécu, ses expériences, son itinéraire, etc. Il peut également lui
demander de lui faire un récit, non pas de toute sa vie, mais d’un moment particulier de cette
dernière, qui l’intéresse en priorité. L’objectif recherché par l’enquêteur est de déceler dans les
propos de l’enquêté des informations sur lui pouvant lui permettre de mieux comprendre ses
comportements, ses actes, sa personnalité, son caractère. La situation présente de l’individu

8
. Ali Aït Abdelmalek et Jean-Louis Gérard, Sciences Humaines et Soins. Manuel à l’usage des professionnels de
la santé, Paris, Masson, 2ème édition, 1995, p.105-106.

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étant souvent liée à son vécu, son histoire, les récits ou histoires de vie représentent une
précieuse technique d’enquête pour le chercheur, surtout dans le cas de certains sujets
concernant des individus ayant une trajectoire singulière.
Dans le cadre du métier d’éducateur spécialisé, les récits ou histoires de vie peuvent être utilisés
lors de l’entretien avec les parents divorcés d’un mineur déviant, pour mieux connaître le parent
qui est le plus à même d’en assurer la garde.
II. 2. 1. Le focus group ou entretien de groupe
À l’instar des récits ou histoires de vie, le focus group ou l’entretien de groupe est une autre
modalité de la technique d’enquête de l’entretien. C’est une technique particulière d’entretien
qui est utilisée en sociologie lorsque le chercheur est soucieux de recueillir de ses enquêtés des
informations dissemblables, hétérogènes, voire contradictoires. Au lieu de se contenter
d’interroger individuellement chacun de ses enquêtés, sans la présence des autres, le chercheur
choisi de les réunir dans des groupes homogènes et restreints (en moyenne 5 à 20 personnes par
groupe) pour les soumettre à un entretien collectif. Sur chaque question posée, chacun des
membres du groupe pourra y apporter une réponse, qu’un autre pourra clarifier davantage,
compléter, mais aussi, si nécessaire, contredire. Ce sont justement les réponses contradictoires
des enquêtés sur les mêmes questions qui intéressent le chercheur.
Le grand avantage que présente la technique du focus group ou de l’entretien de groupe est
qu’elle permet au chercheur de contourner le biais des réponses sensées plaire à l’enquêteur,
mais pouvant même être fausses, que certains enquêtés se sentant « complexés » devant
l’enquêté ont tendance à lui livrer. Elle permet également à l’enquêteur d’éviter le biais des
réponses incomplètes, peu détaillées et de celles qui sont carrément erronées fournies par
certains enquêtés, imputables à leur méconnaissance de certains sujets ou leur oubli
d’informations importantes, que d’autres enquêtés, présents et plus informés, pouvaient aider à
corriger. Dans le cadre des focus group ou entretiens de groupe, les personnes choisies par le
chercheur pour être interrogées ensemble doivent bien évidemment avoir des similarités par
rapport à leurs activités, leur appartenance à une même association, leurs convictions politiques,
religieuses, leur préoccupation pour la même cause ou encore leur âge, qui doit être à peu près
homogène.
L’éducateur spécialisé pourrait être amené à utiliser avec succès la technique du focus group
ou entretien de groupe dans le cadre de ses enquêtes sociales auprès de l’entourage familial des
parents des enfants déviants, en conflit avec la loi. Cette technique d’enquête pourrait lui
permettre de recueillir des informations susceptibles de ne pas être concordantes notamment
sur les parents par rapport à la convenance ou pas de confier la garde de l’enfant à l’un ou à
l’autre d’entre eux.
De même, pour mieux orienter ses offres d’éducation et de stabilisation destinées à provoquer
un changement de comportement de ses cibles en milieu ouvert (AEMO), en internat (dans les
Centres de Premier Accueil, les Centres Polyvalents et les Centres d’Adaptation Sociale) ou en
semi-internant (les Centres de Sauvegarde), l’éducateur spécialisé pourra mettre à profit cette
technique d’enquête au niveau de ses structures.
II. 3. La recherche documentaire
La recherche documentaire, aussi appelée en sociologie la technique documentaire,
l’observation documentaire ou l’enquête documentaire, est une technique de collecte de
données à travers laquelle le chercheur consulte des documents traitant de son sujet de
recherche afin d’en tirer des informations importantes. Au même titre que le questionnaire,
l’entretien ou l’observation, la recherche documentaire ou technique documentaire est

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l’occasion pour le chercheur de collecter un grand nombre de données théoriques et même


empiriques portant sur son milieu d’investigation9.
Dans la phase de recherche documentaire, il est recommandé au chercheur de consulter, en
priorité, les ouvrages écrits par les auteurs qui font autorité dans le domaine considéré, c’est-à-
dire, les spécialistes du domaine, les grands auteurs savants et célèbres pour avoir beaucoup
écrit sur le sujet de son travail de recherche. La fréquentation des bibliothèques ou autres centres
de documentation, de même que l’internet pourront l’aider à trouver les documents et les
données dont il a besoin pour traiter son sujet. Demander conseil à des personnes indiquées,
comme par exemple, son directeur de mémoire ou les autres enseignants spécialistes du
domaine dans lequel il cherche à recueillir des informations lui serait également profitable.
II. 4. Les limites de la méthode qualitative
En dépit de sa haute vertu heuristique à mettre à l’actif de sa capacité à donner un sens aux
informations recueillies à travers l’enquête, la méthode qualitative, comme toute autre méthode,
souffre de quelques limites. Ces dernières sont imputables à son incapacité de permettre au
chercheur d’avoir une mesure précise de la réalité qu’il cherche à saisir. Les techniques de
recherche et d’enquête qualitatives que sont l’observation, engagée ou désengagée, l’entretien
individuel ou de groupe, directif, semi-direct ou libre, n’offrent guère de garantie au chercheur
quand il s’agit de recueillir des informations entièrement fiables. Les personnes observées par
le chercheur, aussi bien en observation engagée que désengagée ont toujours la possibilité de
lui masquer, par des stratégies dont elles seules ont la recette, la vraie réalité de leurs
comportements, leurs pratiques a priori observables, etc.
Espérer collecter des informations purgées de tout biais des personnes interrogées par entretiens
peut tout aussi s’avérer illusionniste pour le chercheur, tant celles-ci ont la capacité de lui
camoufler les bonnes informations et de ne lui livrer que les fausses, sans qu’il ne s’en
aperçoive. Les données recueillies de la recherche documentaire n’offrent pas plus d’assurance
de crédibilité, car les auteurs de ces documents peuvent eux aussi ne pas se faire bien informés
par ceux qu’ils ont eu à lire avant d’écrire ou par les réalités qu’ils croient avoir bien observées.
Leurs propres idées, base de leurs écrits, qu’ils cherchent à partager avec leurs lecteurs, ne
garantissent forcément pas d’une cohérence et d’une véracité impeccables. C’est pourquoi,
l’usage de la méthode qualitative ne dispense pas le sociologue chercheur de celle quantitative,
qui pourrait l’aider à combler les insuffisances de la première.
III. Complémentarité entre méthode quantitative et méthode qualitative
Comme nous l’avons esquissé supra, loin d’être alternatives, à tout point de vue, la méthode
quantitative et celle qualitative sont plutôt complémentaire. La combinaison des techniques
d’enquête quantitatives (questionnaire, échantillonnage, sondage) et qualitatives (observation,
entretien, recherche documentaire) est fortement préconisée aux chercheurs en sciences
sociales, en particulier en sociologie. Le sociologue peut, dans certains cas particuliers, utiliser
exclusivement une seule de ces deux techniques d’enquête, mais cette option est très rare et est
même strictement déconseillée. Il est toujours préférable en sociologie, pour des considérations
d’ordre scientifique, de cumuler les deux méthodes dans les enquêtes de terrain, de les
trianguler.

9
. La préciosité de l’observation documentaire en tant que technique de recueil de données théoriques et empiriques
est ici mise en évidence par Jean-Claude Combessie : « La collecte d’archives documentaires peut être tenue pour
un point essentiel de beaucoup de recherches sociologiques et une méthode à mettre en œuvre dès le début avant
même le séjour sur le terrain. Les recommandations que Marcel Maget (1953) destine à l’anthropologue
concernent a fortiori le sociologue : « Hormis les cas d’extrême urgence, l’enquête n’est jamais entreprise sans
un dépouillement de la documentation accessible sur le sujet choisi. Sur le terrain, il est recommandé de consulter
les archives. » Jean-Claude Combessie, La méthode en sociologie, Paris, La Découverte, 3ème édition, 2001, p 13.

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Les enquêtes sociales de l’éducateur spécialisé : la méthode sociologique

Le plus illustre sociologue américain, Robert King Merton, quoique connu pour être un
quantitativiste convaincu, comme le furent avec lui ses collègues de l’École classique de
Columbia, nous convie à reconnaître la complémentarité entre ces deux méthodes de recherche
et d’enquête. Dans son ouvrage de référence, intitulé Éléments de théorie et de méthode
sociologique, Merton montre que « l’histoire a le don de démoder les lieux communs. L’histoire
de la sociologie nous offre un bel exemple. Le stéréotype du théoricien planant dans l’empyrée
des idées pures à l’abri de la souillure des faits terrestres, se démode aussi rapidement que
celui du chercheur armé d’un questionnaire et d’un crayon à la poursuite de statistiques isolées
et dépourvues de signification 10». Comme pour donner raison à l’option de la triangulation des
méthodes en sciences sociales, et à plus forte raison, en sociologie, Madeleine Grawitz fait
observer que « vouloir opposer méthodes qualitatives et quantitatives, alors qu’elles se
complètent, c’est renoncer à trouver la solution efficace des problèmes et risquer de freiner le
développement des sciences sociales11 ».
Quantitatives ou qualitatives, le recours à des méthodes d’enquête valides est le seul moyen de
garantir au chercheur la scientificité des résultats obtenus. Cette scientificité des méthodes et
des résultats qui en relèvent est la seule caution de leur légitimation. Le sociologue français
Benjamin Matalon fait observer à ce propos que « la science est devenue (…) la principale
source d’autorité et de légitimation. Il est maintenant difficile de s’opposer à ce qu’on affirme
être « scientifiquement prouvé. » L’assurance des scientifiques est fondée sur des méthodes,
des observations qui sont estimées permettant de fonder des convictions solides 12».
Cet impératif de légitimation scientifique des résultats de sa recherche doit guider, en toutes
circonstances, le chercheur en sciences humaines et sociales. Le sociologue plus
singulièrement, plus que quiconque d’autre, doit faire s’imposer, de manière incoercible, cet
impératif, du fait de l’exigence de scientificité à laquelle lui contraint sa discipline. Cette
exigence de scientificité, est d’abord et fondamentalement, une exigence de méthode appropriée
et efficace, capable de porter, avec un haut degré de crédibilité l’objectivité consubstantielle à
toute discipline. Les autres spécialistes des sciences humaines et sociales, et plus encore des
sciences expérimentales, ne sont pas moins redevables de leur devoir de scientificité à la science
en laquelle ils se reconnaissent tous, quelle que soit la nature de la méthode qu’ils utilisent pour
étudier leur objet. Que cette méthode soit quantitative, qualitative ou un mixte des deux, peu
importe. L’important est que la méthode utilisée par le chercheur soit en parfaite adéquation
avec les exigences, invariables, de scientificité.

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sociologue, Paris, Mouton-Bordas, 1968, 360 p.
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1997 (1ère éd. 1949).
11
. Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 11ème édition, 2001, 339.
12
. Benjamin Matalon, La Construction de la science. De l’épistémologie à la connaissance scientifique, Paris,
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Les enquêtes sociales de l’éducateur spécialisé : la méthode sociologique

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