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Analyse des déterminants de la rentabilité des banques


commerciales saoudiennes

Samir Abderrazek Srairi 1

Résumé
Cet article se propose d’étudier le lien entre la rentabilité mesurée par trois ratios
financiers (ROE, ROA, MIN) et certains déterminants internes et externes au système
bancaire. A cet effet, nous avons adopté le modèle à effet individuel fixe pour un
échantillon formé d’un panel de dix banques commerciales Saoudiennes observées sur
la période de 1999 à 2007. Les résultats obtenus indiquent l’existence d’une relation
positive entre la rentabilité et les facteurs internes suivants : adéquation du capital,
allocation des dépôts, et taille de la banque. L’étude révèle aussi l’effet négatif du
coefficient net d’exploitation et de la liquidité sur la performance des banques. Nous
avons également trouvé que les facteurs externes qui agissent positivement sur les
indicateurs de rentabilité (ROE, ROA) sont : le taux de croissance du PIB et l’évolution
du secteur bancaire. Quant aux variables relatives au risque de crédit, à la croissance
du taux d’inflation et du taux interbancaire, les conclusions des estimations
économétriques montrent que leur effet est faible et non significatif sur la rentabilité des
banques.

Mots clés : Rentabilité, Banque, Modèle à Effet Fixe, Arabie


Saoudite. Classification JEL: C33, G21.

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Maître de conférence à l’université de King Saud, Riyadh Community College, Arabie
Saoudite

Revue Marocaine de Gestion et d’Economie ; N°2, Janvier-Mai 2010


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1. Introduction
De nos jours, le milieu financier évolue rapidement. Les innovations
technologiques dans les domaines de l’informatique et des
télécommunications ainsi que l’intensification de la concurrence
internationale modifient la structure du secteur bancaire dans la plupart
des pays. Dans cet environnement de plus en plus complexe, eu égard à
la diversité des produits et à l’élargissement des marchés, le secteur
bancaire des pays du Golfe Arabe a bénéficié d’une forte croissance
grâce à une situation économique favorable, au lancement de
programmes de privatisation et à des restructurations de leur marché
financier. En Arabie Saoudite, les banques sont bien notées : leur ratio de
solvabilité s’avère très satisfaisant, leur profitabilité est élevée et leur
management est de qualité sans oublier la performance de leur système
de contrôle. Cela est notamment dû à une conjoncture économique
favorable, un soutien actif des autorités de tutelle et un marché encore
protégé. Cependant, leur situation future est fragilisée par les
circonstances politiques de la région et par des défis internes et externes.

Dans le contexte de globalisation financière (3D: dérégulation,


désintermédiation, décloisonnement) et avec l’ouverture du marché
bancaire saoudien, les banques de la place, qui accueillent un nombre
important de joint-venture (1/3 des banques), doivent répondre à un
certain nombre de défis, en particulier :

- La concurrence des banques internationales et islamiques qui


commencent à s’implanter dans la région.

- l’émergence de nouveaux acteurs non bancaires sur le marché


saoudien (assurances, sociétés de crédit immobilier, sociétés de gestion
de portefeuille, sociétés de facturage, etc.).

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- L’application des nouvelles normes prudentielles (Bâle 2) et
comptables (IFRS), la maîtrise des risques pour les activités nouvelles, et
le renforcement du contrôle interne.

- Le déplacement de l’épargne des ménages, ces derniers ayant


tendance à s'orienter vers le marché financier ou le secteur immobilier
plutôt qu'à constituer des dépôts bancaires, modifiant ainsi la structure et
surtout le coût des ressources bancaires.

- L’arbitrage entre l’intégration et la sous-traitance de certaines


activités ou fonctions.

- L’investissement dans les nouvelles technologies et la


valorisation du capital humain.

Dans ce nouvel environnement, la forte rentabilité que connaît


actuellement les banques Saoudiennes est susceptible d’être à terme
menacée et remise en cause surtout avec le double effet de la pression des
clients et l’intensification de la concurrence nationale, régionale et
internationale.

Sur le plan théorique, de nombreuses études (Bourke, 1989 ;


Moulineux & Thornton, 1992 ; Berger, 1995 ; Demirguc-Kunt &
Huizinga, 1997 ; Genay, 1999, Halkos & Salamouris, 2004; Pasiouras &
Kosmidou, 2007) se sont penchées sur la problématique de la rentabilité
des banques appartenant aux pays occidentaux. Peu de travaux (Bashir,
2000 ; Maghyrech & Shammout, 2004 ; Alkour & Al-Fayoumi, 2007) se
sont intéressés aux facteurs qui influencent la performance des banques
dans les pays Arabes et surtout les pays du Golfe. Ces pays devraient
pourtant faire l’objet d’une attention particulière, étant donné leurs
situations politique et économique, leurs besoins important en
financement pour les années à venir, et les opportunités qui s’offrent au
développement de leur secteur bancaire.

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Motivé par le manque d’études empiriques portant sur ce sujet,
l’objectif principal de cet article est de montrer comment les
caractéristiques des banques et celles du secteur bancaire et de
l’environnement macro-économique affectent leur rentabilité. Il s’agira
en particulier d’analyser et de détecter parmi les facteurs internes et
externes ceux qui apparaissent les plus pertinents pour expliquer la
rentabilité des banques Saoudiennes.

Pour ce faire, nous nous proposons dans la section prochaine de ce


travail de recherche d’étudier l’évolution du secteur bancaire Saoudien
pendant la période 2002-2007. Ensuite, nous tenterons à travers une
revue de la littérature d’analyser les différents facteurs internes et
externes susceptibles d’influencer la rentabilité des banques, et de
présenter les résultats des récents travaux empiriques sur ce sujet. Dans
la quatrième section, nous présentons les indicateurs de la rentabilité et
les variables relatives à l’environnement macro-économique et au secteur
bancaire, les modèles économétriques adoptés, et les sources de données
ayant servies à l’étude. La cinquième section sera consacrée à la
description statistique des variables, au choix du modèle, et finalement
aux résultats empiriques des estimations économétriques. Enfin, à la
dernière section, nous présentons les conclusions et les
recommandations.

2. Evolution du Secteur Bancaire Saoudien


Les banques jouent un rôle fondamental dans le système financier et
dans le développement économique de l’Arabie Saoudite. En décembre
2007, le secteur bancaire comprenait 12 banques domestiques, 8 filiales
de banques étrangères et 5 institutions spécialisées dans le crédit.
Ensemble, les banques commerciales géraient des actifs de 287 milliards
de dollars, et exploitaient un réseau de plus de 1353 agences et près de
7531 distributeurs automatiques répartis dans toutes les régions de
l’Arabie Saoudite.

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Tableau n°1: Evolution Financière du Secteur Bancaire Saoudien
Années 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Total Actifs 135530 145389 174769 202420 229623 286721
Crédits 56175 65858 88570 120667 132551 158613
Portefeuille titres
1902 1963 2914 4026 3711 5466
(privés)
Portefeuille titres
36973 40193 39108 34082 32867 38426
(publics)
Total dépôts 90159 96539 116257 130503 157669 191333
Bénéfices cumulés 2815 3242 4420 6830 9244 8163
Capital +Reserves 12613 12539 13930 17762 21209 28267
Coefficient de
19,52% 21,72% 23,89% 29,70% 31,91% 28.32%
rentabilité (ROE)
Coefficient de
2,02% 2,24% 2,58% 3,89% 5,03% 4.06%
rendement (ROA)
Marge d'intérêt nette
4,09% 3,84% 3,77% 3,78% 4,40% 3.54%
(MIN)
* Les valeurs sont en millions de dollars

Les banques Saoudiennes ont bénéficié du dynamisme de l’économie


(croissance du PIB de l’ordre de 5%) et ont profité de la poursuite de la
hausse du prix de pétrole. Ainsi, elles affichent des résultats en hausse
pour tous les indicateurs financiers (tableau 1) : leur actif en 2007 a
doublé par rapport à 2002 ; les dépôts se sont élevés à 191.4 milliards de
dollars en 2007 contre 90.2 milliards en 2002, soit une augmentation de
75 % ; les crédits octroyés au secteur privé et public ont triplé en 2007 ;
les titres de placements privés ont augmenté de 187 % durant cette
période contrairement aux titres financiers publics qui ont resté presque
constant ; les bénéfices cumulés se sont multipliés par trois ; enfin, les
capitaux et les réserves des banques se sont élevés à 28.3 milliards de
dollars en 2007 contre 12.6 milliards en 2002, soit une augmentation
moyenne annuelle de l'ordre de 20 %.

Les ratios de rentabilité ont également enregistré des évolutions


remarquables : le taux moyen de rentabilité des fonds propres pour
l’ensemble des banques a atteint 28 % en 2007 contre 19.5 % en 2002 ; le
taux de rentabilité des actifs est passé de 2 % en 2002 à 4 % en 2007 ; la
marge d’intérêt nette s’est stabilisée entre 4 % et 4.5 % ; quant au ratio de

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solvabilité, il a pratiquement atteint 22 % en 2007, soit presque 3 fois
le minimum exigé par les réglementations prudentielles de Bâle1.

En plus de ces évolutions, les banques Saoudiennes commencent


depuis les années 2000 à participer activement à la croissance des
opérations de marché. Elles sont aujourd’hui les principaux apporteurs
d’ordre et gérants de fonds à placer. Elles ont également une fonction
d’ingénierie financière pour le compte de grandes entreprises. Par
ailleurs, dans le contexte de globalisation des marchés, certaines banques
(Samba, Rajhi, El Ahli, El Ryadh) sont présentes dans les grandes places
financières étrangères et cherchent des opportunités de placement sur ces
places en coopération avec les banques étrangères (Albatel, 2003). De
plus, les banques Saoudiennes se sont développées beaucoup ces
dernières années dans les opérations et les nouveaux produits financiers
dits ‘islamique’ tels que : Murabaha, Tawarak, ventes à terme, obligation
islamique. Actuellement, la majorité des banques Saoudiennes présentent
une panoplie très diversifiée de produits et services conformément aux
règles islamiques.

3. Revue Empirique de la Littérature

3-1. Les Déterminants de la Rentabilité


La rentabilité d’une banque représente son aptitude à dégager de son
exploitation des gains suffisants, après déduction des coûts nécessaires à
cette exploitation, pour poursuivre durablement son activité. Elle est
issue du processus de transformation au sens large (telles que sur les
contreparties, les taux d’intérêts, les devises ou les échéances) mis en
œuvre par les établissements de crédit dans le cadre de leur fonction
d’intermédiation. En outre, les banques ont développé des activités qui
dépassent la simple fonction d’intermédiation (ingénierie financière,
opération de marché, gestion des moyens de paiement) mais qui sont

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désormais génératrices d’une part substantielle des résultats bancaires
(Mikdashi, 2002).

La Littérature économique et financière divise les facteurs qui


influencent la rentabilité en deux groupes de facteurs. Les déterminants
internes représentent les caractéristiques et les spécificités financière des
banques, et sont généralement des facteurs liés à la gestion. Quant aux
déterminants externes qui ne sont pas sous le contrôle direct des banques,
ils relèvent surtout des facteurs macro-économiques et du marché.
Plusieurs variables relatives à l’environnement, aux données, et aux
objectifs des études empiriques sur ce sujet, ont été suggérées par ces
travaux. Nous présenterons dans ce qui suit certains de ces déterminants :

3-1-1 Les Déterminants Internes

Les principales variables relatives aux caractéristiques des banques et


utilisées dans les études empiriques sont:

* La taille : La taille peut avoir un effet sur la rentabilité de la banque


à travers les économies d’échelle. En effet, les banques de grande taille
peuvent facilement accéder aux marchés de capitaux et procéder à une
plus grande diversification de leur portefeuille. Ainsi elles sont
confrontées à des niveaux de risques moins élevés que les petites
banques. Les travaux sur ce sujet ont abouti à des résultats
contradictoires. L’étude de Genay (1999) sur les banques Japonaises a
montré que les grandes banques sont plus performantes que les petites.
Halkos et Salamouris (2004) ont également trouvé des résultats similaires
sur un échantillon de 18 banques Grecques sur la période de 1997 à
1999. Cependant, certaines études montrent que les grandes banques ne
suivent pas le concept d’économie d’échelle. En effet Short (1979) a testé
l’implication de la variable taille dans la rentabilité de la banque.
Cependant, il ne trouve pas de résultats significatifs. Kolb & Demong
(1988) arrivent aux mêmes conclusions. Par ailleurs, d’autres recherches

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(Demirguc-Kunt & Huizinga, 2000 ; Goddard et al., 2004) ont lié la
relation entre la taille et la rentabilité à l’influence du capital et à d’autres
facteurs financiers, réglementaires et autres (exemple : la corruption) sur
la performance de la banque.

* Risque de crédit :

Du point de vue de la banque, le risque de crédit se définit comme le


risque que la contrepartie d’un engagement ne puisse ou ne veuille plus à
un moment donné, remplir ses obligations financières stipulées dans le
contrat initial. Toutefois, le risque de crédit ne se limite pas seulement au
risque de défaillance. Il existe d’autres risques qui peuvent compromettre
plus au moins la rentabilité de la banque. Les plus importants sont : le
risque de portefeuille, le risque de concentration, et le risque pays.

Concernant la relation entre le risque de défaillance et la rentabilité,


les résultats de plusieurs travaux (Athanasoglou, et al, 2006 ; Miller &
Noulas, 1997) ont mis clairement en évidence l’effet négatif de ce risque
sur la performance de la banque. Ceci s’explique par le fait que plus ces
risques sont énormes, plus la valeur des crédits non payés augmente, et
par conséquent plus le rendement des actifs diminue. Pour se prémunir
contre ce risque, les banques font appel de plus en plus aux techniques
nouvelles de transfert du risque de crédit telles que les CDS (credit
default swaps). Bien que ces instruments facilitent la gestion dynamique
de ce risque, ils suscitent aussi des interrogations sur les détenteurs
finaux, ainsi que la capacité de ces derniers à identifier, gérer et supporter
ces risques.

* Liquidité

Les banques qui disposent d’un niveau de liquidité satisfaisant, et qui


peuvent facilement mobiliser les fonds nécessaires pour satisfaire les
retraits de dépôts ou des demandes de nouveaux crédits, peuvent être plus
rentables et nécessitent moins de capitaux propres que les autres banques.

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Toutefois, la surliquidité peut avoir un effet négatif sur la performance
de la banque, dans le cas où elle n’a pas été exploitée d’une manière
rentable. Les conclusions des différents travaux sur cette variable sont
divergentes. En effet, les résultats obtenus par Molyneux & Thornton
(1992) et Pasiouras & Kosmidou (2007) pour les banques domestiques
montrent que la liquidité agit négativement sur la rentabilité, par contre
Kosmidou et al. (2006) ainsi que Bourke (1989) trouvent un effet positif
significatif. Selon (Maghyrech & Shammout, 2004), cette contradiction,
peut s’expliquer par l’élasticité de la demande de crédit dans
l’environnement économique où ont été effectuées ces études.

* Adéquation du capital

La banque qui dispose de fonds propres suffisants est capable


d’absorber facilement les pertes éventuelles causées par divers types
d’aléas. Par conséquent, un rapport élevé d’adéquation en capital est
considéré comme un indicateur de la solidité financière de la banque. En
effet l’accord de BALE 2 a établi de nouvelles exigences relatives aux
fonds propres des banques pour une protection suffisante contre le risque
de crédit, le risque opérationnel, et le risque de marché. Ainsi, un régime
de fonds propres différencié en fonction du risque, devrait conduire à
renforcer la sécurité, la solidité et l’efficience du système bancaire.
Les travaux empiriques qui ont incorporé à leurs modèles le ratio
d’adéquation du capital (Kosmidou & Pasiouras, 2007 ; Maghyrech &
Shammout, 2004 ; Berger, 1995b) ont mis en évidence l’effet positif de
cette variable sur la rentabilité de la banque.

* Efficacité opérationnelle

En plus des risques de crédit, de liquidité, du capital, les banques sont


soumises au risque opérationnel lequel correspond aux pertes qui
pourraient résulter des processus internes défaillants ou inadaptés liés aux
personnes, aux systèmes ou à des événements externes. En effet, les

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études effectuées par Bourke (1989) et Molyneux & Thornton (1992)
ont trouvé une relation positive et statistiquement significative entre la
rentabilité et la gestion efficace de la banque. De même, les travaux
(Maghyrech & Shammout, 2004 ; Athanasoglou, et al, 2006…) qui ont
introduit dans leur modèle des variables explicatives suivantes :
frais d’exploitation/total actif ou dépenses d’exploitation/résultat avant
impôt, ont abouti à une relation inverse entre la rentabilité et ces
variables.

* Allocation des Ressources

Cette variable qui peut influencer la liquidité et la rentabilité de la


banque, met en relation d’une part les actifs productifs et d’autre part les
dépôts et les capitaux propres. Généralement trois ratios sont utilisés dans
les études empiriques : R1=Crédits/Dépôts (taux d’intermédiation), R2=
Actifs productifs/Dépôts, R3= Actifs productifs/ (Dépôts + Capitaux
propres). Dahmane (2002) a montré pour un échantillon de 10 banques
Tunisiennes, que le taux d’intermédiation agit négativement sur
l’efficience technique des banques. Autrement dit qu’un niveau important
de crédits pourrait entraîner une augmentation du recours à des
ressources financières plus coûteuses. De même, sur la base d'une étude
relative aux banques Soudanaises, Naimi (2002) a trouvé une relation
positive entre les ratios (R2 et R3) et le risque stratégique (mesuré par
l’écart type de ROE ou ROA). Cependant, la banque qui dispose d’un
certain taux d’intermédiation a la possibilité de bénéficier d’économies
d’échelle, et de réduire ainsi ses coûts.

3-1-2 Les Déterminants Externes

Les facteurs externes qui peuvent influencer la rentabilité des banques


sont généralement regroupés en deux catégories de variables : les
variables relatives aux caractéristiques du marché (concentration du

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marché, taille du secteur, type de propriété, etc.), et les variables
macro-économique (inflation, PIB, taux d’intérêt, demande de monnaie,
etc.).
* Les variables liées au marché1
Deux concepts ont été utilisés par certaines recherches pour analyser les
effets structurels sur la rentabilité des banques : il s’agit du paradigme
structure-comportement-performance (force du marché) et du paradigme
structure efficiente (efficience-x). Le premier concept stipule que selon
l’hypothèse de la force relative du marché, les entreprises qui dominent
un secteur par leurs produits peuvent exercer leur influence sur le marché
et réaliser ainsi des gains non concurrentiels. En ce qui concerne le
concept d’efficience-X, il est fondé sur le principe que les organisations
n’exploitent pas leurs ressources de façon optimale. Donc, et selon
Leibenstein (1966), il existe un input X distinct des facteurs traditionnels
(capital et travail) et qui reflète la qualité de l’organisation. En se basant
sur le premier paradigme, et selon l’hypothèse de la force relative du
marché, Smirlock (1985) et Berger (1995a) ont montré que
l’augmentation des parts de marché précisément pour les banques de
tailles moyenne peut avoir une influence positive sur la rentabilité.
Certains chercheurs (Berger, 1995a ; Athanasoglou, et al, 2006) voient
que la relation entre concentration et rentabilité dépend de facteurs tels
que l’efficacité de l’organisation et la gestion des ressources. En effet, sur
la base du principe de la structure efficiente et à partir d’un échantillon de
15 banques Jordaniennes, Alkour & Al-Fayoumi (2007) ont mis en
évidence la relation positive entre la rentabilité et certaines variables
relatives à l’efficience.

* Les variables macro-économiques

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Faute de données précises, ces variables n’ont pas été analysées empiriquement dans cette
recherche.

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Acteurs économiques de premier plan, les banques jouent un rôle
prédominant dans le développement de l’activité économique, leurs
performances étant elles-mêmes influencées par le dynamisme de
l’économie. Nous présentons dans ce qui suit trois variables qui peuvent
avoir un effet sur la rentabilité des banques : la croissance du PIB, la
croissance de l’inflation et la croissance du taux d’intérêt.

- La littérature économique est presque unanime quant à la relation


étroite qui existe entre croissance économique et performance du secteur
financier. Les différentes études empiriques (Islam, 1995 ; Allen &
Nadikumana, 1998) révèlent le rôle déterminant joué par la conjoncture
économique, c'est-à-dire l’évolution de l’activité (mesurée par le PIB) sur
des périodes courtes, sur la rentabilité des banques.

- Revell (1979) a étudié la relation entre l’inflation et la rentabilité. Il a


conclu que l’effet de l’inflation sur la rentabilité dépend de
l’accroissement de certaines variables liées aux dépenses d’exploitation
d’une manière plus élevé que le taux d’inflation. Le problème revient
alors à l’anticipation de l’évolution de l’inflation. S’il est difficile
d’anticiper l’accroissement de l’inflation, celle-ci aura un effet négatif
sur la rentabilité. Suivant la même logique, Perry (1992) a montré que la
banque peut profiter de l’inflation en agissant sur les taux d’intérêt pour
augmenter ses rendements d’une manière plus rapide que l’augmentation
de ses charges. Les résultats des études de Kosmidou & Pasiouras (2007)
concernant les banques domestiques, de Molyneux & Thornton (1992),
et de Bourke (1989) ont montré qu’il existe une relation positive et
significative entre l’inflation et la rentabilité seulement dans le cas où
l’inflation a été prévue. Dans une situation de désinflation, qui comporte
des effets bénéfiques pour l’économie, les résultats des banques se
détériorent. Ceci peut s’expliquer, d’une part par une baisse rapide des
taux créditeurs par rapport aux taux débiteurs, d’où une diminution des

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marges, d’autre part, les taux d’intérêt réels positifs favorisent les
placements financiers des agents au détriment des dépôts bancaires.

- Le taux d’intérêt à court ou à long terme peut avoir un effet positif ou


négatif sur la rentabilité. L’augmentation du taux d’intérêt à court terme,
stimule l’épargne, diminue la demande en crédit, et par conséquent, a une
influence négative sur la rentabilité. Par ailleurs, la banque, dont les prêts
à long terme à taux fixe sont financés en partie par des ressources à court
terme (ou des ressources à taux variable), risque de se trouver dans une
situation où le taux de ses ressources dépasse le taux de ses prêts en cas
de hausse des taux du marché monétaire. Ce qui pourra avoir un effet
néfaste sur la rentabilité. L’inverse, quoique plus rarement présent dans
la pratique, est tout autant risqué. Si les ressources sont à taux fixes et les
emplois à taux variable, une baisse de ces taux nuit à la rentabilité. Pour
se prémunir contre ce risque, les établissements bancaires font appel à
des dérivés financiers, notamment des swaps de taux d'intérêt. La plupart
des études (Bourke, 1989 ; Molyneux & Thornton 1992 ; Athanasoglou,
et al, 2006) ont utilisé le taux d’intérêt à long terme calculés
généralement sur la base d’obligations d’Etat à long terme ou de titres
comparable. Les résultats obtenus montrent une relation positive entre le
taux d’intérêt à long terme et la rentabilité des banques.
3-2. Les Résultats des Recherches Empiriques
La littérature économique et financière relative à ce sujet est très riche
et abondante. Plusieurs études se sont penchées sur les déterminants de la
rentabilité des banques. Certains travaux ont mis l’accent sur les facteurs
internes ; d’autres ont analysé en plus des facteurs internes, les facteurs
macro-économiques et de marché. La majorité de ces études s’est
intéressée à des pays industrialisés ; peu de travaux ont analysé la
performance des banques dans les pays émergents, en particuliers dans
les pays Arabes. Plusieurs techniques et modèles ont été utilisés dans ces
recherches (modèles à effet fixe ou variable, approches paramétriques :

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SFA, DFA, TFA, approches non paramétriques : DEA, FDH, etc.). Les
résultats obtenus sont similaires pour certains facteurs, et contradictoires
pour d’autres variables. Ceci s’explique d’après Dermirguc-Kunt,
Huizinga (1997) par la divergence et la différence de plusieurs éléments
tels que : les données, l’environnement économique, et réglementaire,
marchés financiers, les statuts des banques, etc.

Nous présentons dans ce qui suit les résultats de certaines études


effectuées ces dernières années dans les pays occidentaux et Arabes :

- Les chercheurs Ianotta, Nocera, et Sironi (2007), ont effectué une


étude sur un échantillon de 181 banques appartenant à 15 pays de
l’Union Européenne pour la période allant de 1999 à 2004. L’objectif de
cette recherche est d’évaluer l’impact de la structure de propriété des
banques sur la rentabilité et le risque. Les auteurs ont abouti aux
conclusions suivantes : les banques publiques sont moins performantes
que les banques privées et ce à cause de la qualité des actifs (risque de
crédit, etc.) et du risque de liquidité ; les banques appartenant à des fonds
de pension sont moins confrontées aux risques relatifs à l’actif que les
banques privées et publiques ; il n’existe pas de relation entre la
rentabilité et la concentration de la propriété. En ce qui concerne les
banques Européennes, précisément pour les banques domestiques, les
travaux de Kosmidou & Pasiouras (2007) ont montré l’existence d’une
relation positive entre la rentabilité de la banque mesurée par le ROAA
(résultat net/actif moyen) et les facteurs internes et externes suivants :
adéquation du capital, liquidité, croissance du PIB, inflation,
capitalisation boursière/total actif des banques et le ratio capitalisation
boursière/ PIB. Cette étude indique aussi une corrélation négative entre la
rentabilité et les variables suivantes : taille de la banque, dépenses
d'exploitation/ résultat, concentration du secteur bancaire, total actif des
banques/PIB.

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- Sur la base d’une étude relative aux déterminants internes et
externes de la rentabilité portant sur 3 banques en Grèce observées sur la
période 1985-2001, Athanasoglou, et al, (2006) ont trouvé les résultats
suivants :

- Une relation positive entre la rentabilité (ROE, ROA) et


les ratios de capital (capitaux propres/total actifs) et de productivité
(PNB/nombre d’effectifs).

- Un effet inverse entre la rentabilité et le risque de crédit


(provision/crédits) et le ratio dépenses d’exploitation/total actif.

- Les variables relatives à la taille de la banque, à la


structure de la propriété et à la concentration du secteur n’ont pas un effet
sur la rentabilité.

- Maghyrech & Shammout (2004) qui se sont intéressés à


l’analyse de la performance de 13 banques Jordaniennes pour la période
de 1990 à 2000 ont dégagé les résultats suivants :

- Les facteurs internes qui ont un effet positif sur la


rentabilité (ROE) se résument à trois variables : adéquation du capital
(capital/actifs productifs), taille de la banque (total actif), liquidité (actifs
liquides/total actif). L’efficacité opérationnelle mesurée par le ratio
dépenses générales et administratives/total actif a agi négativement sur la
rentabilité.

- Les variables macro-économiques (inflation, PIB) n’ont


aucun effet sur la rentabilité, sauf pour le taux d’intérêt dont son
influence est négative.

4. Méthodologie et Variables
4-1. Présentation des Variables :
4-1-1. Les Variables Expliquées (rentabilité) : Elles sont mesurées
par trois ratios :

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* Coefficient de rentabilité (ROE) : il exprime le rendement du
point de vue de l’actionnaire, puisqu’il leur permet de suivre le
rendement de leur investissement , et donc de préparer leurs décisions
stratégiques. Ce ratio peut quelquefois présenter un niveau bas, non pas
en raison de faibles profits, mais à cause de capitaux propres importants.
Il se calcule de la manière suivante :
Résultat net
Capitaux Propres

* Coefficient de rendement (ROA) : Appelé aussi ratio de marge nette


globale, ce coefficient indique le taux de résultats dégagé en moyenne sur
l’ensemble des actifs de la banque. Il est égal au rapport entre le résultat
net et le total des actifs.
Résultat net
Total Actif

* Ratio de marge d’intérêt nette (MIN) : Ce ratio mesure les


revenus nets dégagés par les actifs productifs (crédits + titres). Il se
calcule comme suit :
Revenus Nets d' intérêts
Actifs Productifs

4-1-2. Les Variables Explicatives : Notre objectif est de mettre en


évidence le lien entre la rentabilité et différentes variables sous contrôle
bancaire et externes :

a. Les Variables Internes : Parmi les variables susceptibles d’expliquer


la rentabilité des banques, nous avons retenu :

* Adéquation du capital :

Plusieurs ratios sont utilisés dans les études empiriques (capital/total


dépôts ; capitaux propres/actifs risqués ; (capitaux propres– valeurs
immobilisées) /total actif, etc.). Dans cette recherche, nous avons choisi

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37
le ratio qui mesure, la part des capitaux propres dans le financement
des opérations de crédits et d’investissement d’une part, et la capacité de
la banque à amortir ses pertes éventuelles tout en protégeant les dépôts de
sa clientèle d'autre part.
Capitaux Propres
signe prévu (+)
Actifs Productifs

* Liquidité : Elle est mesurée par le ratio suivant :


Actifs liquides
signe prévu (+/-)
Total Actif

* Allocation des fonds (dépôts) : Cette variable indique le taux de


transformation des dépôts en crédits et en investissement (titres), elle est
représentée par le ratio suivant :
Actifs Productifs
signe prévu (+/-)
Total Dépôts

* Coefficient net d’exploitation : Ce ratio rapporte les frais d’exploitation


au produit net bancaire
Frais d' exploitation
signe prévu (-)
Produit Net Bancaire

* Taille de la banque : Elle est mesurée par le total des actifs.


Nous avons utilisé la fonction log pour tenir compte d’une éventuelle
relation non linéaire entre la rentabilité et la taille.
Log Total actif signe prévu (+)

* Risque de crédit : Généralement, ce risque peut être mesuré par deux


ratios : provision / total crédits et (total crédits + provisions)/total actifs.
En fonctions des données disponibles, la variable qui permet d’analyser
la qualité de l’actif de la banque, est appréhendée comme suit :
Crédits nets
signe prévu (+)
Total Actif

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38
b. Les Variables Externes : Elles représentent les variables macro-
économique et celles relatives au secteur bancaire :

* Taux de croissance de l’inflation : Nous estimons cette variable par


l’indice des prix à la consommation.
INFt - INFt -1
signe prévu (+)
INFt -1

* Taux de croissance du produit intérieur brut à prix constant : Cet


indice est calculé de la manière suivante :
PIBt - PIBt -1
signe prévu (+)
PIBt -1

* Evolution du secteur bancaire : Cette variable indique la proportion


des crédits octroyés par les banques au secteur privé par rapport au PIB.
Crédits octroyés au secteur privé
signe prévu (+)
Produit Intérieur Brut

* Taux de croissance du taux interbancaire1 : Le taux interbancaire


correspond au taux d’intérêt appliqué aux opérations à court terme que
les banques se font entre elles. Ce taux est généralement tributaire des
taux des banques centrales, ainsi que des anticipations futures. Cette
variable est calculée de la manière suivante :
IBO t - IBO t -1
signe prévu (-)
IBO t -1

4-2. Modèle Econométrique :


Pour déterminer les variables internes et externes qui influencent la
rentabilité des banques, nous avons adopté la formulation linéaire de
Bourke (1989) :

PROFi,t = α + βk Xi,t + βc Xt + εi,t (1)

1
Vu l’impossibilité d’avoir des données sur les taux d’intérêt à long terme, nous avons utilisé
dans notre modèle le taux interbancaire à 12 mois.

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39
Avec :

- PROFi,t : Rentabilité de la banque i à l’instant t. Elle est mesurée par 3


ratios :

- ROEi,t : Coefficient de rentabilité de la banque i à l’instant t.

- ROAi,t : Coefficient de rendement de la banque i à l’instant t.

- MINi,t : Marge d’intérêt nette de la banque i à l’instant t.

- Xi,t : Les caractéristiques internes de la banque i à l’instant t qui sont :

- ADCi,t : Adéquation du capital de la banque i à l’instant t.

- LQDi,t : Liquidité de la banque i à l’instant t.

- ALDi ;t : Allocation des dépôts de la banque i à l’instant t.

- CNEi,t : Coefficient net d’exploitationde la banque i à l’instant t

- TAi ,t : Taille de la banque i à l’instant t mesurée par log total actif.

- RCRi,t : Risque de crédit de la banque i à l’instant t.

- Xt : Les variables externes :

- INFt : Taux de croissance de l’inflation de l’année t par rapport à


l’année t-1.
- PIBt : Taux de croissance du PIB de l’année t par rapport à l’année t-1.

- ESBt : Evolution du secteur bancaire à l’année t.

- IBOt : Taux de croissance du taux interbancaires de l’année t par


rapport à l’année t-1.

4-3. Estimation du Modèle :

Une fois que les variables dépendantes et indépendantes sont


calculées sur une période de 9 ans, nous avons estimé les paramètres de
l'équation 1 en faisant appel aux modèles suivants :

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40
4-3-1 : Régression Classique : MCO

Bien qu’il s’agit d’un modèle parcimonieux, l’estimation par les


MCO néglige toutes sortes d’hétérogénéité et suppose l’uniformité des
comportements et l’homogénéité des observations. De plus, les données
de cette recherche sont présentées sous la forme de panel cylindré 1 lequel
présente les avantages suivants : la prise en compte des caractéristiques
non observables, le risque de multi colinéarité réduit, et la réduction du
biais d’estimation des coefficient. Pour ces raisons, nous avons eu
recours à d’autres méthodes qui sont destinées aux données de panel, et
qui tiennent compte des effets individuels :

4-3-2 : Modèle à Effets Fixes (modèle de la covariance)

Ce modèle parcimonieux prend en compte de manière simple


l’hétérogénéité. Il permet de tester l’uniformité du comportement. Cette
méthode suppose (Baltagi, 2001) que le terme d’erreur εi,t d’un, modèle
de panel se décompose en deux principales composantes :

εi,t = vi,t + ui avec : ui : désigne les effets individuels qui


représentent l’ensemble des spécificités structurelles de la variable
endogène, qui diffèrent selon les individus. Et vi,t : représente un terme
d’erreur de moyenne nulle et de variance égal à  v2 (vi,t ~ IID (0, σ2v ) )
Dans ce modèle, les effets individuels ui sont supposés fixes et sont
ajoutés à la constante α. Ainsi, l’équation 1 devient :
PROFi,t = (α + ui ) + βk Xi,t + vi,t (2)

Selon Hurlin (2006) et Croissant (2005), les paramètres de ce modèle,


peuvent être estimés soit à partir d’un estimateur within ou LSDV (Least
Squares Dummy Variables Model), ou à partir d’un modèle transformé

1
Vu l’impossibilité d’avoir des données sur les taux d’intérêt à long terme, nous avons utilisé
dans notre modèle le taux interbancaire à 12 mois.

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41
où les variables explicatives et expliquées sont centrées sur leurs
moyennes individuelles respectives. Ainsi, l’équation 2 devient :
PROFi,t - PROF i. = βk( Xi,t- X i. ) + vi,t - v it (3)

Sous cette forme (modèle sans constante), les modèles 1 et 2 peuvent


être estimés par les MCO.
4-3-3 : Modèle à Effets Aléatoires (modèle à erreurs composées)
Dans ce cas, l’effet individuel ui n’est plus un paramètre fixe à
estimer, mais une variable aléatoire non observable. L’équation 1
devient :
PROFi,t = α + βk Xi,t + ui + vi,t (4)
ui et vi,t sont supposés i.i.d de moyennes nulles et de variances égales à
 u2 et  v2
( (vi,t ~ IID (0, σ2v ) ، (ui ~ IID (0, σ2u )). L’équation 4 peut être estimée
par les moindres carrés généralisés (MCG) ou la méthode des quasi
moindres carrés généralisés. Selon la dernière méthode la plus utilisée (
Baltagi, Young-Jae, 1994), l’équation 4 se transforme de la manière
suivante :
PROFi,t - θ PROF i. = (1- θ) α + βk( Xi,t- θ X i. ) + εi,t (5)

En se basant sur l’estimateur du modèle de Within et de Between, on


peut calculer un estimateur convergent θ:
 v2 SSEWithin
θ=1 - , σ2 v = , σ2vBetween =
T Between
2
v nT  n  k

SSEBetween
nK

avec n :nombre des banques ; k : nombre de variables explicatives ; T


= n*k ;

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42
K = k+1 ; SSE : Somme des carrés des résidus.

Sous la forme de l’équation 5 ; les modèles 1 et 2 de cette recherche


sont estimés à partir des MCO.

4-3-4 : Tests Statistiques

Pour le choix entre les modèles cités plus haut, nous avons effectué
les tests statistiques suivants :

- Test de Fisher (F) : Il s’agit de tester l’égalité des constantes


individuelles αi, si l’on rejette l’hypothèse nulle d’homogénéité des
constante α, donc il existe des effets individuels et on choisit alors le
modèle à effet fixe par rapport au modèle classique MCO.

- Test du Multiplicateur de Lagrange (LM) : ce test d’absence


d’effet aléatoire, revient à tester la nullité de la variance des effets
individuelles (σ2u =0), donc à une présence d’hétéroscédasticité. Si cette
hypothèse n’est pas rejetée, alors MCO est le plus approprié.

- Test de Hausman (H) : l’hypothèse testée concerne la corrélation


des effets individuels et des variables explicatives. Sous Ho, le modèle
peut être spécifié avec des effets individuels aléatoires. Si cette hypothèse
est rejetée, le modèle est alors spécifié avec des effets individuels fixes et
on retient alors l’estimateur Within non biaisé.
4-4. Les Données :

Les données relatives aux caractéristiques internes des établissements


bancaires sont issues des rapports annuels des banques commerciales
Saoudiennes au cours de la période 1999-2007. En ce qui concerne
les variables macro-économiques et du secteur bancaire, nous avons eu
recours aux rapports de la Banque Centrale Saoudienne (SAMA). A part
les filiales des banques étrangères, nous avons retenu toutes les banques
commerciales de la place (sauf 2 établissements créés ces dernières
années : Biled Bank en 2004 et Inma Bank en 2007). Nous disposons

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43
ainsi d’un échantillon de 10 banques pour lesquelles nous disposons de
toutes les informations financières et comptables nécessaires à la
conduite de l’analyse empirique.

5. Analyse et Interprétation des Résultats.

Nous présentons dans ce qui suit les statistiques descriptives des


variables dépendantes et indépendantes de l’étude, les tests de
spécification pour le choix du modèle à appliquer dans les régressions, et
enfin les résultats des estimations économétriques.

5-1. Description des Variables


Tableau n°2: Statistique Descriptive des Variables Expliquées et
Explicatives
Moyenne Médiane Ecart Max Min
Variables
type
Coefficient de rentabilité (ROE) 25.3% 25.8% .0.0 47.1% 7.9%
Coefficient de rendement (ROA)
Marge d'intérêt nette (MIN) 3.1% 2.7% 0.01 12.6% 1%
Adéquation du capital (ADC) 3.9% 3.7% 0.01 7.6% 2.5%
Ratio de Liquidité (LQD) 14.8% 13.4% 0.06 55.9% 9.6%
Allocation des dépôts (ALD)
Coefficient net d'exploitation 14.6% 12% 0.08 47.1% 5.7%
(CNE) 110.5% 110.8% 0.13 137.6% 68.7%
Total Actif (TA)* 32.7% 32.9% 0.09 63.5% 14.5%
Risque de crédit (RCR)
Taux de croissance de l'inflation 17116 17069 9516 45322 1526
(INF) 49.9% 49.8% 0.07 64.2% 35.5%
Croissance du PIB 92.8% 133.3% 1.14 214.2% -50%
Evolution du secteur bancaire
(ESB) 4.7% 5.3% 0.02 7.7% 0.1%
Crois. de l'intérêt interbancaire 31.7% 32.3% 0.03 35.6% 27.5%
(IBO) 17.3% 6% 0.5 116% -43%
* En millions de dollars

Le tableau n°2 présente les valeurs des variables de l’étude, il s’agit


des statistiques suivantes : les moyennes simples, les médianes, les écarts
types, les maximums et les minimums. L’analyse de ces données nous a
permis de mettre en évidence les constats suivants :
- Les trois ratios de rentabilité des banques Saoudiennes ont
atteint des valeurs élevées durant la période d’étude. Le ratio ROE a varié

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44
de 17.9 % à 47.1 % avec une moyenne de 25.3 %. Il en est de même
du ROA et du NIM, ces deux ratios ayant des moyennes élevées, soit
respectivement de 3.1 % et 3.9 %.

- Les ratios relatifs à l’adéquation du capital, à la liquidité, à


l’allocation des dépôts et à la proportion des crédits par rapport au total
de l’actif, ont pour l’ensemble des banques, eu tendance ces dernières
années à augmenter. Quant à la moyenne du coefficient d’exploitation,
elle a eu tendance à diminuer durant la période d’étude.

- Concernant les variables macro-économiques, certaines d’entre


elles comme l’inflation et le taux interbancaire ont beaucoup évolué,
surtout pendant les 3 dernières années. En effet, le taux d’inflation a
augmenté de 200 % entre l’année 2004 à 2005. Il en est de même du taux
interbancaire qui a progressé au cours de la même période de 116 %.
Pour ce qui est du PIB, sa croissance s’est maintenue approximativement
à 5%. Quant à l’évolution du secteur bancaire, ce ratio a augmenté de 6
points ; il est passé de 27 % en 2002 à 32 % en 2007.

Par ailleurs, le tableau n° 2 indique que l’écart entre les moyennes de


ces variables et leurs médianes est faible ; ce qui montre que la
distribution de ces ratios se rapproche de la normalité. Ces statistiques
révèlent aussi que les valeurs des écarts types pour la plupart des
indicateurs financiers et économiques (70 % des ratios) sont faibles et au
dessous de 0.09. Les valeurs des variables de cette étude ne sont donc pas
trop dispersées et se rapprochent d’une distribution normale. Par
conséquent, nous nous attendions à des résultats satisfaisants lors de
l’application des modèles de régression.

5-2. Choix du Modèle: Tests de Spécification


La lecture des valeurs de Fisher (F) dans le tableau n°3, conduit à
rejeter l'hypothèse de l’égalité des constantes individuelles αi. pour le
modèle de cette recherche Il semble donc qu'il existe des effets

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45
individuels propres à chaque banque et qui expliquent son taux de
rentabilité. Par conséquent, le modèle à effet fixe est plus approprié que
la méthode des MCO.

Dans une deuxième étape, nous avons effectué le test du


multiplicateur lagrangien de Breusch-Pagan (LM), les valeurs de la
statistique (LM) dans le tableau n°3 montre aussi l'existence d'effets
spécifiques certains. Donc le modèle à effet aléatoire est préférable au
modèle classique. Outre ces tests de l'existence des effets individuels, se
pose la question de l'exogénéité des variables explicatives par rapport
aux effets spécifiques aléatoires ou fixes.

Le test de spécification de Hausman permet de répondre à cette


question. Au regard des résultats présentés dans le tableau n°3, les
valeurs élevées de la statistique (H) réfutent l'exogénéité des variables
explicatives par rapport aux effets spécifiques. Dans ce cas le modèle à
effet fixe est préconisé. Ainsi, la combinaison des résultats de ces trois
tests permet de conclure à l'application de la méthode à effets fixes avec
des estimateurs Within.
Tableau n°3: Résultats des Tests de Spécification
pour le choix du Modèle Approprié
Test Test Test Modèle
Variables )LM( )F( (Hausman) choisi
dépendantes
70071 10.3 25.43
ROE ).0....( ).0..70( )0.004( Fixed
Modèle choisi Random Fixed Fixed Effect
Effect Effect Effect
3.032 1011 29.65
ROA ).0...( ).0..31( )0.000( Fixed
Modèle choisi Random Fixed Fixed Effect
Effect Effect Effect
77.01 711 3101.
MIN ).0.17( ).0....( ).0..00( Fixed
Modèle choisi Random Fixed Fixed Effect
Effect Effect Effect
(Prob Value)

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46
5-3. Résultats des Estimations Econométriques
Les résultats de la régression avec le modèle à effet fixe sont
présentés dans le tableau n°4. Le test de Fisher indique que le modèle,
pour les 3 cas de variables expliquées (ROA, ROE, MIN), est
globalement significatif jusqu’au seuil de 1%. La qualité de l’ajustement
2
est relativement acceptable ( R se situe entre 0.513 et 0.754). Il ressort
aussi du tableau n°4 que les variables qui ont un effet significatif sur la
rentabilité sont :

- La variable adéquation du capital est positive et significative au


seuil de 1% pour les 3 cas. Ce résultat est attendu, et est identique à celui
trouvé par Kosmidou & Pasiouras, (2007) et Maghyrech & shammout,
(2004). Il est ainsi possible de penser que les capitaux détenus par les
banques constituent une source supplémentaire de financement, et que les
banques les mieux capitalisées et qui sont les moins risquées, ont
facilement accès au fond de financement sur les marchés.

- Le signe du ratio allocation des dépôts est positif et significatif


au seuil de 1% pour ROA et 5% pour ROE. Cela implique que les
banques Saoudiennes financent une grande partie de leur actif productif
par des dépôts sans recourir à des ressources externes coûteuses. Par
conséquent, elles peuvent ainsi réduire leurs coûts et bénéficier
d’économies d’échelle.

- Le coefficient net d’exploitation indique une relation inverse et


significative au seuil de 1% avec ROA et ROE. Nous nous attendions à
ce signe négatif du coefficient, qui avait déjà été trouvé par Maghyrech
& shammout, (2004) et Athanasoglou, et al, (2006). Ceci montre bien
l’effet du risque opérationnel sur la rentabilité des banques.
- Quant à la taille de la banque, nous trouvons une relation
positive et significative au seuil de 5 % avec ROA et 1% avec MIN. Ce
résultat peut s’expliquer par le fait que les banques Saoudiennes n’ont

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pas encore atteint la taille critique qui peut avoir un effet négatif sur la
rentabilité. En effet, certaines études comme celle de Vennet (1998) ont
montré que les petites banques bénéficient d’économies d’échelle
seulement dans le cas où leurs actifs dépassent un niveau bien déterminé
(10 billions E) ; et que les grandes banques subissent des déseconomies
d’échelle lorsque leur taille excède un certain seuil (100 billions E).
Tableau n°4: Résultats des Estimations de l'Equation de Rentabilité
(PROFi,t = α + βk Xi,t+ βc Xt + εi,t)
Variables Explicatives ROE ROA MIN
ADC 0.504 0.257 0.087
(2.813*) (10.010*) (6.492*)
LQD -0.065 -0.038 -0.067
(-0.275) (-1.013) (-4.857*)
ALD 0.460 0.043 0.003
(2.533**) (2.854*) (0.386)
CNE -0.499 -0.059 -0.006
(-4.208*) (-3.189*) (-0.593)
TA 0.085 0.033 0.492
(1.472) (2.682**) (3.056*)
RCR 0.047 0.008 -0.008
(0.321) (0.337) (-0.592)
INF 0.003 0.001 0.001
(0.485) (1.295) (1.496)
PIB 0.473 0.041 0.010
(2.687**) (2.739*) (0.456)
ESB 0.426 0.031 0.030
(2.498**) (2.539**) (0.442)
IBO -0.030 -0.001 -0.002
(-1.312) (-0.343) (-0.777)
R2 ajusté 0.680 0.754 0.513
Valeur de F 14.70* 21.26* 7.28*

* significatif au seuil de 1% ** significatif au seuil de 5% ; t de Student entre


parenthèse

- Nous décelons aussi une relation inverse et significative au seuil


de 1% entre le ratio de liquidité et la rentabilité exprimée par MIN. En

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effet, ce résultat est la conséquence d’une liquidité abondante, et qui
a engendré un coût supplémentaire pour les banques. Ce qui montre bien
que les banques les plus liquides détiennent des niveaux de capital et de
risque plus élevés. Ce résultat est similaire avec l’analyse de Molyneux
& Thornton (1992) et Pasiouras & Kosmidou (2007). Mais en désaccord
avec les études de Kosmidou, et al (2006) et Bourke (1989) qui détectent
une corrélation positive entre la liquidité et la rentabilité.

En ce qui concerne, le risque de crédit, bien que son signe soit positif
et conforme à ce qui était attendu, il n’est pas significatif. Ainsi, ce risque
a un effet faible sur la rentabilité des banques Saoudiennes. Ceci peut
s’expliquer par le niveau bas des crédits impayés, et par la bonne
situation financière de ses banques qui peut absorber les pertes
éventuelles.

Pour ce qui est des déterminants externes de la rentabilité, le tableau


n°4 révèle qu’à l’exception du taux de croissance de l’inflation et du taux
d’intérêt interbancaire, les autres facteurs macro-économiques (PIB,
ESB) exercent une influence positive et significative sur le coefficient de
rentabilité et de rendement. Il se trouve en effet, que la rentabilité des
banques Saoudiennes est étroitement corrélée avec le dynamisme de
l’activité économique. Ces dernières années, et avec la hausse du prix de
pétrole, les bénéfices des banques ont augmenté considérablement. Une
croissance impressionnante de 54% (entre 2004 et 2005) et de 35% (entre
2005 et 2006) qui résulte d’une conjoncture économique favorable (6%
du PIB entre 2004 et 2005) et porteuse. Le résultat obtenu est en accord
avec plusieurs recherches comme celles de Pasiouras & Kosmidou
(2007) et Hassan & Bashir (2003) surtout dans le cas des banques
domestiques. Quant à la variable de l’évolution du secteur bancaire
(ESB), les résultats montrent qu’elle a un effet positif et significatif au
seuil de 5 % sur les ratios ROE et ROA. Ce résultat peut s’expliquer par
le fait que plus les banques prennent le risque d’accorder des crédits au

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49
secteur privé, plus elles sont rentables. Par conséquent, les banques
Saoudiennes devraient octroyer davantage de crédits aux entreprises pour
résoudre le problème de surliquidité qui les caractérisent depuis un
certain nombre d’années. Ces résultats quoique identiques aux
conclusions auxquelles ont abouti les études de Ndeffo & Ningaye
(2007) et Bashir (2000), effectuées dans les pays en voie de
développement, sont en désaccord avec ceux de Demirguc-Kunt &
Huizinga, (1999) et Pasiouras & Kosmidou (2007) qui trouvaient que
lorsque le total actif des banques occupe une portion importante dans le
PIB, les marges diminuent et par conséquent la rentabilité baisse.

Par ailleurs, il apparaît qu’au seuil de 5 %, les variables INF et IBO


n’ont pas de coefficient significatif, tel que prouvé par le test de Student0
Toutefois, une faible relation positive existe entre le taux de croissance
de l’inflation et la rentabilité des banques. Nous estimons ainsi que les
banques Saoudiennes ont pu anticiper l’évolution de cette variable et
maîtriser ainsi leurs dépenses d’exploitation. En effet, la moyenne du
coefficient net d’exploitation a diminué de 15 point pendant 5 ans. Elle
est passée de 41 % en 2002 à 26 % en 2007. Concernant le taux
interbancaire, bien que son signe soit négatif, son effet est négligeable sur
la rentabilité. Ceci peut s’expliquer par le fait que même en cas
d’augmentation des taux interbancaires, les intérêts créditeurs relatifs aux
dépôts sont très faibles, et n’incite pas les ménages à épargner. De plus il
y a une réticence envers les opérations d’épargne avec intérêts. Par
conséquent les banques profitent beaucoup de ces opérations vu qu’elles
ne sont pas très coûteuses.

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50
6-Conclusion
Le secteur bancaire Saoudien est relativement performant grâce à une
conjoncture économique favorable, un soutien actif des autorités de
tutelle et un marché protégé. Cependant, avec l’ouverture progressive du
marché Saoudien, et dans un environnement internationalisé et très
concurrentiel, la rentabilité des banques est fortement menacée surtout
avec l’entrée de nouveaux intermédiaires financiers non bancaires. Ces
derniers commencent à occuper une place prioritaire devant les banques
dans la collecte de l’épargne des ménages.

L’objet de cet article est d’analyser le lien entre la rentabilité et


certains déterminants externes et internes au système bancaire. Les
résultats obtenus sur des données de panel et avec l’utilisation du modèle
avec effets individuels fixes nous ont permis d’apporter des
éclaircissements quant à l’effet de ces déterminants sur la performance
du secteur bancaire.

Les banques Saoudiennes répondent positivement aux variables


relatives à l’allocation des dépôts, à l’adéquation du capital et à la taille.
Ces deux derniers déterminants internes permettent à la banque de
diversifier encore ses prestations. En se basant sur le concept de la
banque universelle, qui bénéficie d’économie d’échelle et de gamme, les
banques Saoudiennes sont amenées d’une part à rechercher de nouvelles
sources de revenus, et d’autre part à mieux répondre aux exigences de sa
clientèle par une gamme très large de services financiers allant des
activités d’intermédiation classique aux opérations de marché y compris
les placements de titres et les prises de participation dans le capital des
entreprises. Ainsi, les clients des banques ne seront plus obligés de
recourir à d’autres établissements non bancaires pour avoir accès à des
produits financiers différents ou à transférer leurs dépôts au marché des
titres. La diversification des activités des banques joue aussi un rôle
d’amortisseur à la hausse ou à la baisse des fluctuations économiques.

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51
La rentabilité est aussi influencée négativement par le coefficient
net d’exploitation, ainsi que par l’augmentation des frais de structure
engendrant une diminution de la performance des banques. Des efforts de
productivité sont nécessaires pour la maîtrise des coûts de
fonctionnement. De plus, les banques Saoudiennes doivent développer un
système de contrôle interne rigoureux et se doter de structure
performante en matière d’enregistrement, de suivi et de contrôle des
risques (risque opérationnel, risque de marché, risque de crédit, etc.).

La surliquidité des banques Saoudiennes, du fait notamment des


dépôts à vue et des revenus de l’état liés à l’augmentation du cours de
pétrole, est une source de charge et a tendance à diminuer les profits. Le
développement des activités comme le capital à risque et le leasing peut
être une solution efficace pour absorber cette surliquidité et procurer à la
banque des revenus supplémentaires.

Quant aux facteurs externes qui peuvent influencer la rentabilité des


banques, les résultats de l’étude confirment certaines relations déjà citées
dans la littérature. En effet, il existe bien un lien significatif entre le taux
de croissance de l’économie mesuré par le PIB et le niveau de rentabilité
des banques. Pour ce qui est de l’indicateur de l’évolution du secteur
bancaire, les résultats empiriques montrent qu’il a un effet positif sur la
performance des banques. Par conséquent, les banques Saoudiennes sont
amenées à participer efficacement au financement à long terme des
infrastructures et de l’industrie surtout que de mega-projets sont prévus à
moyen terme en Arabie Saoudite. Ces projets nécessitent la mise en place
de nouvelles formes de financement et de coopération entre le secteur
privé et public. Concernant les autres déterminant externes à savoir les
croissances du taux d’inflation et du taux interbancaire, l’étude a montré
que leur effet est faible et non significatif sur la rentabilité des banques.
Toutefois, avec l’augmentation du taux d’inflation, les banques peuvent

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se couvrir contre le risque de taux d’intérêt par des dérivés financiers,
notamment des swaps de taux d’intérêts.

Par ailleurs, pour répondre à l’accentuation de la concurrence, les


banques Saoudiennes en plus de leur développement à l’international,
sont amenées à adapter leur organisation en créant de nouveaux types de
filiales d’assurances et de sociétés de conseil en placement et de gestion
de portefeuille.

Finalement, cette étude nous a permis de mettre en évidence les


déterminants les plus importants de la rentabilité des banques
saoudiennes. Cependant, il reste à confirmer de tels résultats dans
d’autres pays du Golfe afin de tirer des conclusions sur le secteur
bancaire de la région ; ce dernier ayant connu une croissance plus rapide
que celle des économies régionales. Enfin, il serait aussi intéressant de
compléter la présente étude en ajoutant à l’équation de la rentabilité des
variables liées au marché, et tester les hypothèses de la force de marché
et celle de la structure efficiente.

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