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Génétique formelle et des

populations

AHU Manel GUIRAT


Service de Génétique
CHU Hédi Chaker, Sfax

13-10-2022
Plan
I. Définition et objectifs de la génétique des populations

II. La loi de Hardy-Weinberg.


II.1 Equilibre de Hardy-Weinberg
II.2 Application de la loi de Hardy-Weinberg
II.3 Critères d’une population idéale

III. Consanguinité
III.1 Définition
III.2 Conséquences de la consanguinité
III.2.1 à l’échelle de l’individu
III.2.2 à l’échelle d’une population
Notion d'allèles

Les allèles sont les différentes formes que peut prendre un même gène,
à un locus donné.

Guanine Cytosine
Notion de génotype

Génotype: désigne la configuration des allèles à un locus donné.


Prenons l’exemple d’un locus qui peut être occupé par deux allèles A et a,
alors le génotype d'un individu pour ce locus peut être
soit homozygote (A/A ou a/a), soit hétérozygote (A/a)
Notion de phénotype

Le phénotype : désigne les caractères


observés.

Dans le cas d’une maladie AR, récessif


Si A allèle normal et a allèle muté
(récessif),

donc les phénotypes sont:


*phénotype atteint pour le génotype (a/a)
*phénotype sain pour les génotypes (A/A)ou
(A/a)
[Phénotype sein] [atteint]
I. Définition et objectifs de la génétique des populations
La génétique des populations est une application des principes de
Définition
base de la génétique mendélienne à l’échelle des populations.

Gregor Mendel
1822-1884

génétique des populations


génétique mendelienne

♀ ♂ ♀ ♂
Génération Aa
X AA
i aa
Aa Aa Aa AA X AA Aa aa
aa AA Aa
AA aa Aa
A AA Aa a aa
Génération
A A/A [S] A/a [S]=1/4 i+1 AA Aa aa
=1/4 =1/2
a A/a [S] a/a [m] =? =? =?
Objectifs de la génétique des populations

La génétique des populations a pour objectifs l’étude


• de la fréquence allélique et génotypique,
• et des facteurs susceptibles de modifier ces fréquences au cours des
générations successives.
II. Loi de Hardy-Weinberg
Loi de Hardy-Weinberg

Loi de Hardy-Weinberg (1908):


Les fréquences alléliques et les
fréquences génotypiques d’une
population théorique idéale restent
stables de génération en génération.
Loi de Hardy-Weinberg

Pour un locus autosomal à deux allèles A et a, de fréquence allélique


p+q =1 (0 ≤ p ≤ 1 ; 0 ≤ q ≤ 1 )
• p=f(A)

• et q =f(a); (q désigne en général l’allèle muté) (p+q)² =P²+2pq+q²=1

Les fréquences des génotypes sont égales à:


Gamètes male
• f(AA)=p2 Homozygotes A(p) a(q)
Gamètes A(p) AA(p2 ) Aa(pq)
• f(aa)=q2 Homozygotes femelles

• f(Aa)=2pq Hétérozygotes a(q) Aa(pq) aa(q2)

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II.1 Equilibre de Hardy-Weinberg

Population aa AaAA
aa AaAA aa
AAaa Aa Aa
AAaa Aa aa AaAa aa
AaAa aa Aa AA aa AA
aa Aa aa Aa AA
Aa aa Aa AA AA
AA aa AAAa
aa AAAa

génération i génération i+1

F(A)i= p F(A)i+1= p La population est à


F(a)i= q F(a)i+1= q l'équilibre de Hardy-
= Weinberg
F(AA)i= p² F(AA)i+1= p²
F(aa)i= q² F(aa)i+1= q² (ou en équilibre
panmictique)
F(Aa)i= 2pq F(Aa)i+1= 2pq
II.2 APPLICATION DE LA LOI DE HARDY-WEINBERG

Exemple 1

Soit une maladie héréditaire autosomique récessive dont le gène responsable possède deux allèles :

un allèle sauvage "S" et un allèle muté "m" de fréquences respectives "p" et "q".

Si la fréquence de l’allèle muté est 1/50, sous l'hypothèse de l'équilibre de Hardy-Weinberg, calculer

les fréquences génotypiques. q

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S : allèle sauvage , fréquence de l’allèle S=p

m: allèle muté, fréquence de l’allèle m=q=1/50 => p=1-q=49/50 => p ≈ 1

Fréquence des homozygotes malades= q2= (1/50)²= 1/2500

Fréquence des homozygotes sains= p²= (49/50)² ≈ 1

Fréquence des hétérozygotes = 2 pq = 2 x 1 x 1/50 = 1/25

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Pour une maladie héréditaire autosomique récessive dont le gène responsable possède deux
allèles : un allèle sauvage "S" et un allèle muté "m" de fréquences respectives "p" et "q".
Probabilité qu’il soit atteint = q2.
Phénotypes Sains Atteints
Probabilité qu’il soit porteur sain= 2pq.
Génotypes SS Sm mm

Fréquences p2 2pq q 2

Exemple 2
la phénylcétonurie est une maladie récessive autosomique qui atteint un enfant sur 10 000.
1-Quelle est la proportion de porteurs sains dans cette population ?
1

q= = 1/100 2pq?
10 000

p = 1 – 1/100= 99/100 ≈1
2pq = 2 x 1 x ( 1/100) = 1/50
2- Quel risque a le couple A et B d’avoir un enfant atteint de phénylcétonurie?
(1) (1)

(1/50) (2/3)
m/m
1/2 1/2

m S
•Risque que Mr B soit hétérozygote= 2/3 m m/m S/m
•Risque que Mr B transmet l’allèle muté s’il est hétérozygote=1/2 S S/m S/S

•Risque que Mme A soit hétérozygote=1/50 (de la population générale)


•Risque que Mme A transmet l’allèle muté s’il est hétérozygote=1/2

=> Risque d’avoir un enfant atteint: 2/3x 1/2 x 1/50 x1/2=1/300


Pour une maladie héréditaire autosomique dominante [M] dont le gène responsable possède
deux allèles : un allèle sauvage « s » et un allèle muté « M » de fréquences respectives "p" et
"q".
Probabilité qu’il soit atteint = q2+2pq Phénotypes Sains Atteints
Probabilité qu’il soit sain= p² Génotypes ss sM MM

p²+2pq+q²=1 Fréquences p2 2pq q 2

Exemple 3
En France, la maladie de Huntington (maladie autosomique dominante) touche
1 NN sur 10000. q²+2pq
Quelle est la fréquence de la mutation morbide dans cette population ?
q?
1/10 000= q²+2pq
P²+2pq+q²=1 => p²=1-(q²+2pq)
P²=1 – (1/10000) => p= √(1-(1/10000)) => q= 1- √(1-(1/10000))
III.3 Qu’est-ce qu’une population idéale ?

1. Générations non chevauchantes (aucun croisement entre individus de


générations différentes).
Modèle à générations non chevauchantes
population
aa AaAA aa AaAA
aa AaAA aa
AAaa Aa Aa AAaa Aa aa
AAaa Aa aa AaAa aa
AaAa aa Aa AA aa AA AaAa aa Aa AA
aa Aa aa Aa AA aa
Aa aa Aa AA AA Aa aa Aa AA
AA aa AAAa aa AAAa
AA
cycle de aa AAAa
reproduction
naissance naissance naissance
maturité maturité maturité
reproduction reproduction reproduction
mort mort mort
génération i-1 génération i génération i+1
III.3 Qu’est-ce qu’une population idéale ?

1. Générations non chevauchantes (aucun croisement entre individus de


générations différentes).
2. Population panmictique (unions aléatoires)
III.3 Qu’est-ce qu’une population idéale ?

1. Générations non chevauchantes (aucun croisement entre individus de


générations différentes).
2. Population panmictique (unions aléatoires)
3. Effectif infini (pour minimiser les variations d'échantillonnage)
4. Absence de mutation
5. Absence de migration (pas de perte/gain d'allèle)
6. Absence de sélection (tous les génotypes sont également viables et
féconds)
III.3 Qu’est-ce qu’une population idéale ?

1. Générations non chevauchantes (aucun croisement entre individus de


générations différentes).
2. Population panmictique (unions aléatoires)
3. Effectif infini (pour minimiser les variations d'échantillonnage)
4. Absence de mutation

mutation
b

p q ? ?
III.3 Qu’est-ce qu’une population idéale ?

1. Générations non chevauchantes (aucun croisement entre individus de


générations différentes).
2. Population panmictique (unions aléatoires)
3. Effectif infini (pour minimiser les variations d'échantillonnage)
4. Absence de mutation
5. Absence de migration (pas de perte/gain d'allèle)
III.3 Qu’est-ce qu’une population idéale ?

1. Générations non chevauchantes (aucun croisement entre individus de


générations différentes).
2. Population panmictique (unions aléatoires)
3. Effectif infini (pour minimiser les variations d'échantillonnage)
4. Absence de mutation
5. Absence de migration (pas de perte/gain d'allèle)
6. Absence de sélection (tous les génotypes sont également viables et
féconds)
Exemple de sélection
Exemple de sélection
III.3 Qu’est-ce qu’une population idéale ?

1. Générations non chevauchantes (aucun croisement entre individus de


générations différentes).
2. Population panmictique (unions aléatoires)
3. Effectif infini (pour minimiser les variations d'échantillonnage)
4. Absence de mutation
5. Absence de migration (pas de perte/gain d'allèle)
6. Absence de sélection (tous les génotypes sont également viables et
féconds)
Les écarts à la panmixie
Chez l’Homme, il existe 2 types d’écarts à la panmixie :

➢ Choix du conjoint en fonction de la ressemblance (homogamie) ou


dissemblance (hétérogamie) génotypique ou phénotypique
• Ex : Taille, poids, couleur de la peau, …

➢ Choix du conjoint en fonction de la relation de parenté


(consanguinité)
III. Consanguinité
III.1 La notion de consanguinité

➢ Deux sujets sont apparentés s’ils partagent au moins un ancêtre


commun.
III.1 La notion de consanguinité

➢ Deux sujets sont apparentés s’ils partagent au


moins un ancêtre commun.

➢ Un individu est consanguin s’il est issu de


l’union de sujets apparentés.

Les unions entre apparentés sont ainsi


improprement appelées
« mariages consanguins » : ce sont en fait les
enfants nés de cette union qui sont consanguins
et non les parents.
III.2 Conséquences de la consanguinité
III.2.1 à l’échelle de l’individu
Un individu consanguin peut avoir reçu à un locus deux
allèles provenant d’un ancêtre commun : ces allèles sont
dits « identiques par descendance »
=> on dit alors que l’individu est autozygote.

2 copies d’un même


allèle ancestral
III.2 Conséquences de la consanguinité/ à l’échelle de l’individu

Homozygotie / Autozygotie

➢ Un individu est homozygote à un locus s’il


possède deux allèles identiques.

➢ Si ces deux allèles sont identiques par


descendance, on dit alors que l’individu est
autozygote.
III.2 Conséquences de la consanguinité/ à l’échelle de l’individu

Le coefficient de consanguinité

Le coefficient de consanguinité fI d’un individu I:

=la probabilité que les deux allèles d’un locus quelconque soient
identiques par descendance

=la probabilité que l’individu I soit autozygote

Il varie de 0 à 1.
III.2 Conséquences de la consanguinité/ à l’échelle de l’individu

Le coefficient de consanguinité f

fI = Σ (1/2)i+j+1
C

i j
générations générations ▪Σ = somme (on calcule (1/2)i+j+1 pour chaque ancêtre)
▪i= nombre de générations qui relient la mère a l’ ancêtre commun
▪j= nombre de générations qui relient le père a l’ ancêtre commun
A B

I
Demi cousins germains/1seul ancêtre commun

1 ancêtre
1- Combien d’ancêtres communs ? 1
2-Combien de générations séparant la mère et le
père de chaque ancêtre commun?
i= et j=2
j i fI = Σ (1/2)i+j+1

f = (1/2)i+j+1
= (1/2)5
= 1/32
Demi Germains

Demi Cousins germains


Cousins germains/ 2 ancêtres communs

1er ancêtre 2ème ancêtre 1-Combien d’ancêtres communs ? 2


2-Combien de générations séparant la mère
et le père de chaque ancêtre commun?
1er ancêtre i=2 et j=2
2ème ancêtre i=2 et j=2

f = (1/2)i+j+1 + (1/2)i+j+1
= (1/2)5 + (1/2)5
= 1/16

Germains

Cousins germains
Double cousins germains

1-Combien d’ancêtres communs ? 4


1er AC 2ème AC 3 ème AC 4ème AC 2-Combien de générations séparant la mère et le père de
chaque ancêtre commun?
1er ancêtre i=2 et j=2
2ème ancêtre i=2 et j=2
3ème ancêtre i=2 et j=2
4ème ancêtre i=2 et j=2

f = Σ(1/2)i+j+1
=(1/2)5 +(1/2)5 +(1/2)5 + (1/2)5
=4 x (1/2)5
Germains I Germains II
=1/8
Double cousins germains
Cousins issus de cousins germains

f = (1/2)i+j+1 + (1/2)i+j+1
= (1/2)3+3+1 + (1/2)3+3+1
= 1/64
Le coefficient de consanguinité

Type de mariage Coefficients de consanguinité


des enfants
Cousins germains 1/16

Double Cousins germains 1/8

Cousins issus de cousins germains 1/64


III.2 Conséquences de la consanguinité
III.2.2 à l’échelle d’une population
Soit un locus autosomal à deux allèles A et a de
fréquences respectives p et q.

Fréquences génotypiques attendues en présence de


consanguinité (F) :
Freq(AA) = p2 + F pq
Freq(Aa) = 2pq – 2Fpq
Freq(aa) = q2 + F pq

La consanguinité a pour conséquence d’augmenter la


fréquence des homozygotes et de diminuer celle des
hétérozygotes.
Exemple 4
Soit une maladie héréditaire autosomique récessive [m] dont le gène responsable possède deux allèles : un allèle

sauvage "S" et un allèle muté "m" de fréquences respectives "p" et "q".

Si la fréquence de l’allèle muté est 1/50,

quel serait le risque que l’individu I soit atteint ?

quel serait le risque que l’individu E soit atteint ?

Que déduire?
Exemple 4

1 1

1/2 1/2

Risque que l’individu I soit atteint= 1 x ½ x 1 x ½ =1/4


Exemple 4

1/25 2/3

1/4

2 1
q=1/50 => f(hétérozygotes dans la population générale)=2pq≈ 2𝑞 ≈ ≈
50 25

1
=> f (madame C soit hétérozygote)=
25

1
=> Risque que l’individu E soit atteint = 2/3 x 1/2 x 1/25 x1/2 =
150
Exemple 4

1
1 4
150

(1/4) / (1/150)= 37,5


=> Consanguinité augmente le risque(37,5fois) d’être atteint d’une
maladie autosomique récessive
Merci pour votre
attention

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